iGFM – (Dakar) Après le report de l'élection présidentielle, l’indignation fuse aussi chez les artistes, musiciens et autres célébrités.
«Faada Freddy» du groupe «Daara-j Family» ne s’est pas tu, face au tollé suscité par le report de la présidentielle : «Eh Ouai ! Le pouvoir et l’argent rendent fou !», a-t-il plaqué sur sa page Facebook.
«Ombré zion» aussi s’est joint au flot de désapprobations. «On ne veut pas de report des élections, vous les politiciens vous ne maitrisez pas le prototype sénégalais d’aujourd’hui. Notez bien que même s’il est dans son folklore quotidien, il sait faire preuve de discernement. Le sénégalais connaît bien ses priorités. ‘‘Dano beg sunu Sénégal si loxo you serr’’. La force restera toujours au peuple», a-t-il posté.
Checky Blaze s’est projeté dans l’après-report. Pour lui, Macky Sall va écarter Diomaye et tous ceux qui le dérangent. «Tout le monde sait que c'est de ça qu'il s'agit. On l'a laissé dérouler depuis 2 ans, c'est écœurant. On a laissé tomber les milliers de personnes emprisonnées injustement», crache-t-il.
Pour «One lyrical», l'«annulation» des élections par le président Macky Sall «est une atteinte à la démocratie». «La coupure d'internet restreint la liberté d'expression et l'accès à l'information. Les citoyens méritent des élections libres et équitables», a-t-il craché.
Halima Gadji a, lui, préféré pousser son cri de cœur en Wolof : «Aduna mo gúdu tank en 2011 Walf diokh la temps d'antenne ‘‘guay wakh loula nekh 2024’’ tu lui retire sa Licence. Le tyran n'a plus de limite.»
MAMADOU SHAEM DIOP INTERPELLE LES ARTISTES SÉNÉGALAIS
"S’il vous arrive de penser qu’à vos propres intérêts, je vous rappelle que durant toute l’année 2023 vous n’avez pratiquement pas eu beaucoup de rentrées d’argent."
L’entrepreneur culturel Mamadou Shaem Diop s’est adressé à ses frères artistes dans ce contexte marqué par un report de la présidentielle.
Votre silence nous coûtera cher !
S’il vous arrive de penser qu’à vos propres intérêts, je vous rappelle que durant toute l’année 2023 vous n’avez pratiquement pas eu beaucoup de rentrées d’argent.
Est-il nécessaire de vous rappeler que cela a été causé par les annulations de tous les événements phares suite aux émeutes contre l’injustice?
Nous avons tous programmé de grands événements après les élections du 25 Février. Le schéma est simple : pas d’élections, pays sous tension, pas de possibilité d’organisation donc, des centaines de projets culturels mort-nés.
LE TISSERAND DU TEMPS
Ousmane William Mbaye a toujours filmé à Dakar. Il prend ici le parti de déplacer sa caméra tout en restant dans sa logique de gardien de la mémoire, partisan de la réécriture en zigzague de l’histoire africaine à hauteur d’Homme.
Dans les années 1970 - 80, la génération de Ousmane William Mbaye avait entrepris de déconstruire le récit filmique, de l’éclater et d’en faire un récit discontinu en forme de puzzle. Ndar, Saga Waalo le documentaire sur la ville de Saint Louis du Sénégal, 5ième documentaire de Ousmane William Mbaye reflète bien cet esprit. Diverses thématiques traversent le film, s’entrechoquent, s’entrelacent, se décroisent, s’accouplent, se contredisent pour finalement tisser une toile dont les fils de chaine sont : le fleuve, le métissage, le cheval, le pont Faidherbe et les fils de trame : la grande et la petite histoire, l’esclavagisme, le commerce de la gomme arabique, les signares, l’acte de bravoure des femmes de Nder.
Au tout début de sa carrière, Ousmane William Mbaye nourrissait le désir de faire sa grande entrée en cinéma avec son projet de film Talatay Nder, dédié aux résistantes du Waalo et voici que la banque dans laquelle était logée une partie de l’argent de la production ferme boutique entravant ainsi le projet. Ce fut la grande déception. Ces dernières années, un autre projet le taraudait, celui d’un documentaire sur le boxeur sénégalais Battling Siki, champion du monde poids mi-lourds (1922-1923). Mais à la vue du documentaire Siki du réalisateur hollandais Niek Koppen et dont il dit qu’il est un admirable film, cela l’a refréné. Qu’à cela ne tienne ! Avec ses fragments de déception William Mbaye en fera bien quelque chose. Ndar Saga Walo porte les marques de ces déceptions recyclées puisque dans le film sont convoqués et les femmes de Nder avec Natté Yalla comme figure de proue de la résistance et Batting Siki en peinture murale.
Le film de Ousmane William Mbaye replace l’histoire de la ville de Saint-Louis du Sénégal dans ce que l’historien Mamadou Diouf appelle le Temps du Monde à savoir penser l’histoire autrement. L’histoire de cette ville tricentenaire n’est pas à exclure de la grande histoire de l’humanité. C’est ce que dit entre autres le film dont l’épine dorsale est le fleuve aux eaux limoneuses, tantôt tumultueuses, tantôt indolentes voire lascives. Pour calmer le courroux de Mame Coumba Bang, génie des eaux, il faut du sucre et du lait caillé. Mais le film insiste sur le métissage assumé et revendiqué des Saint-Louisiennes et Saint-Louisiens. Le métissage comme terrain commun entre le colonisateur et les natifs. Des métis qui mettent plus l’accent sur leur appartenance africaine qu’européenne. Mais cette appartenance à deux cultures bien qu’avantageuse renferme des contradictions et des incohérences qu’explore la caméra, qui souffle sur l’épaisse couche d’omerta qui ensevelissait le passé esclavagiste de la ville dont les pratiquants n’étaient pas seulement des français mais également des Saint-Louisiens bon teint bon genre. Ndar ville religieuse avec sa mosquée nantie d’une grosse cloche comme à la cathédrale. La ville est semblable à un bateau immobile avec sur son flan, accroché le Bou El Mogdad, bateaux de croisière jumeau de celui du Fizcarraldo de Werner Herzog.
Ousmane William Mbaye tisse à sa manière le temps de l’histoire. Ndar Saga Waalo place le passé de la ville dans le présent, entortille les préoccupations anciennes autour de celles actuelles et futures sous la voix de la jazzwomen Aminta Fall et celle de Baaba Maal. Documentaire d’archives aux images contemplatives, le film recourt à la photographie, au dessin animé, aux archives filmiques, à l’iconographie, au coloriage, aux rushs de son film Mère-bi. Le montage joue avec le transparent qui fait naitre des images fantômes par dédoublement.
, Les personnes qui interviennent sont fascinés par cette ville, qu’ils refaçonnent de manière contradictoire. Ils sont historienne, historien, conservatrice de musée, propriétaire d’hôtel, enseignant, citoyen. Le réalisateur oblitère leur profession en ne mettant sur écriteau que leur nom. Il les ravale au rang de gens ordinaires qui conversent entre eux.
Ousmane William Mbaye a toujours filmé à Dakar. Il prend ici le parti de déplacer sa caméra tout en restant dans sa logique de gardien de la mémoire, partisan de la réécriture en zigzague de l’histoire africaine à hauteur d’Homme. Disons !
FRANC CFA, UNE PATATE CHAUDE
L’argent, la liberté, une histoire du franc CFA de Katy Lena Ndiaye - Sept ans de labeur. Sept ans de recherche documentaire, d’iconographie, d’archives filmiques, de personnages-témoins et de financement.
Sept ans de labeur. Sept ans de recherche documentaire, d’iconographie, d’archives filmiques, de personnages-témoins et de financement. Sept ans à tirer les fils et à démêler l’écheveau du franc CFA. Si, cette monnaie commune n’est pas Tout, elle est dans Tout. La complexité du sujet l’exigeait pour qui avait à cœur de faire l’archéologie du CFA , une monnaie d’essence coloniale qui encastre l’économie des pays francophones. Une monnaie à parité fixe sous la double tutelle de la France et de l’Union Européenne parce qu’arrimée à l’euro. Le film documentaire : « L’argent, la liberté, Une histoire du franc CFA » de la réalisatrice Katy Léna Ndiaye est un enchevêtrement de trois histoires dont la première est personnalisée par l’emploi du je tout aussi inclusif. Cette petite histoire, c’est celle qui a trait à son royaume d’enfance à Saint Louis du Sénégal, ancienne capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF), ancienne capitale du Sénégal, ville fondée en 1659. La paume tendue d’une enfant de trois ou quatre et au creux de laquelle, sa grandmère dépose une pièce de franc, Cfa vaut bien la Madeleine de Proust. Ce geste anodin symbolise dans le film, la transmission, l’héritage. Il traduit la relation forte de cette monnaie avec les utilisateurs qui savent que c’est avec de l’argent que l’on gagne sa vie et qu’il est lié à l’économie.
La grande histoire retrace les mues du franc Cfa depuis sa création en 1939, officialisée en 1945 suite à la ratification par la France des accords de Bretton Woods. Le voyage du Cfa à travers les âges a l’air d’une fable : « Liboon, lepone, il était une fois. La métaphore du poème de Jean de la Fontaine : « Le laboureur et ses enfants » se glisse dans les arcanes de ce système monétaire si fortement lié à la colonisation jusqu’à nos jours. C’est dans les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) que Katy Lena Ndiaye est tombée d’une manière fortuite sur l’image de jeunes africains récitant le poème de Jean de la Fontaine. Une image qui a fait tilte dans son cerveau jusqu’à la contraindre à recourir à la fable qui a le bonheur d’adoucir le langage des experts.
La troisième histoire, qui compose la bandelette que tisse la réalisatrice, est le cinéma qu’elle introduit dans le cinéma avec la mise en image du geste du clapman, le rembobinage des archives, le drap blanc installé sur un terrain vague. Ce qui devait être hors champ rentre dans le champ. L’histoire du tournage est par allusion contée. Une audace dans le dispositif de narration qui, loin de dérouter le spectateur, entre dans le film comme un phénomène de mouvement naturel.
Katy Lena Ndiaye est conteuse et cinéaste. Elle sait que toute bonne conteuse aménage dans son récit des temps de silence, des pirouettes, des retours en arrière pour faire languir le public. Le montage du film en prend de la graine, la lumière tantôt intense, tantôt discrète aussi. Pour une réalisatrice qui n’a pas une once d’économiste, le pari était plus que risqué d’emboucher le jargon des experts et spécialiste de la politique monétaire. Le débat sur le franc cfa étant hors de portée du grand public.
L’idée du film est partie d’une banale conversation au détours d’un entretien qu’elle a eu avec un économiste camerounais, ce dernier lâcha ces quelques mots : « Le franc cfa est une patate chaude qu’on se passe de génération à génération sans y regarder de près. » Une phrase qu’elle considérait énigmatique, car jusqu’à cette rencontre le franc Cfa était lié à ce paradis perdu de l’enfance. Dès lors, l’idée lui vint de creuser. Les couches successives lui révélèrent que cette petite pièce de monnaie, offerte par sa grand-mère, relevait de l’économie mais davantage de la philosophie, de l’héritage, de la politique ; qu’elle renfermait une valeur sociale, une trajectoire. La lecture de L’aventure ambigu de Cheikh Hamidou et celle de Crépuscule de l’indépendance de Arnaud Kalika l’ont mise sur le chemin d’une narration singulière.
Le film de Katy Lena Ndiaye n’est pas celle d’une historienne mais d’une archéologue. Archéologie d’une histoire personnelle, archéologie du franc cfa, archéologie de l’histoire coloniale, archéologie d’un film en tournage. Un travail d’archéologue qui part des années 70 pour remonter le temps jusqu’au 18ième siècle ensuite revenir à aujourd’hui et finalement se projeter vers le futur. Récit à rebonds, loin du didactisme, le film semble être fait pour « les nuls » en économie. Le propos est limpide et renseigne sur les tenants et aboutissants du franc Cfa. Il soulève l’épais voile qui en faisait sa dorure. Katy Lena Ndiaye fait chausser au spectateur de nouvelles lunettes pour visiter le Cfa dont la porte de sortie est : Souveraineté.
LES MUSÉES BRITANNIQUES VONT RESTITUER LES TRÉSORS ROYAUX PILLÉS AU GHANA
Le British Museum et le Victoria and Albert Museum vont restituer au Ghana des objets en or et en argent de la cour royale ashanti dérobés à l'époque coloniale. Ces objets ont été accaparés après la troisième guerre anglo-ashanti en 1874.
Le British Museum et le Victoria and Albert Museum vont restituer au Ghana des objets en or et en argent de la cour royale ashanti dérobés à l'époque coloniale, ont annoncé jeudi les musées et le palais royal.
L'accord conclu avec le Ghana pour un prêt à long terme de ces objets s'inscrit dans un contexte de pression croissante sur les musées et les institutions internationales pour rendre les objets d'art africains pillés par les anciennes puissances coloniales. Parmi les objets restitués figurent une épée Mponponso vieille de 300 ans, utilisée lors des cérémonies de prestation de serment des monarques ashanti, les Asantehene, et un calumet de la paix en or.
Ces objets ont été accaparés après la troisième guerre anglo-ashanti en 1874, et comprennent un total de 32 pièces. Au Ghana, ils seront exposés au musée du Palais Manhyia à Kumasi, siège du royaume ashanti, pendant une période pouvant aller jusqu'à six ans, a indiqué le palais.
"Des objets en or et en argent associés à la cour royale des Ashanti seront exposés à Kumasi au cours de l'année dans le cadre d'un prêt à long terme consenti par le British Museum et le Victoria et Albert Museum", ont indiqué les deux musées londoniens dans un communiqué commun. "Nombre de ces objets seront exposés au Ghana pour la première fois depuis 150 ans", ont-ils précisé.
Cette décision intervient après un demi-siècle de discussions entre le Palais Manhyia et le British Museum. Le rapatriement coïncide avec trois événements marquants pour le royaume traditionnel des Ashanti, un des principaux groupes ethniques du Ghana: le 150ème anniversaire de la guerre de 1874, la célébration du centenaire du retour d'exil du roi Asantehene Agyeman Prempeh I, après avoir été banni, et le jubilé d'argent de l'actuel souverain, Asantehene Osei Tutu II, intronisé en 1999.
L'historien ghanéen Ivor Agyeman-Duah et l'historien écossais et ancien directeur-adjoint de l'université de Glasgow Malcolm McLeod ont été sollicités par Asantehene Osei Tutu II pour faciliter le retour des objets.
Le Nigeria négocie également la restitution de milliers de plaques métalliques, de sculptures et d'objets datant du XVIe au XVIIIe siècle, pillés dans l'ancien royaume du Bénin et actuellement conservés dans des musées et chez des collectionneurs d'art aux États-Unis et en Europe.
Il y a deux ans, la République du Bénin voisine a reçu des dizaines d'objets d'art volés en 1892 par les forces coloniales françaises dans la capitale de l'ancien royaume du Dahomey.
RAPPEL À DIEU DE L’ÉCRIVAIN ABASSE NDIONE
L’écrivain Abasse Ndione. est décédé jeudi 25 janvier. Il est l’auteur d’une œuvre teintée de critique sociale et au réalisme saisissant.
L’écrivain Abasse Ndione. est décédé jeudi 25 janvier, a-t-on appris. Il est l’auteur d’une oeuvre teintée de critique sociale et au réalisme saisissant.
Parmi ses ouvrages les plus marquants : “La vie en spirale” (1984 et 1988 aux NEAS et en 1998 chez Gallimard), “Ramata” (Gallimard, 2000 – adapté au cinéma par le Congolais Léandre-Alain Baker), “Mbëkë mi” (Gallimard, 2008 – adapté au cinéma sous le titre “La pirogue” par Moussa Touré).
Son inhumation est prévue ce vendredi à 14h, à Bargny, sa ville natale.
«ON NE PEUT PAS DIRE QU’ON EST INTERESSE PAR LES PIECES DU 19E SIECLE SANS ACHETER LES PIECES D’AUJOURD’HUI»
Yacouba Konaté, Conseiller culturel du président du Comité d’organisation de la Can (Cocan), s’inscrit dans une perspective historique en racontant le football ivoirien.
Par Mame Woury THIOUBOU (Envoyée spéciale à Abidjan) |
Publication 26/01/2024
Le Pr Yacouba Konaté, Conseiller culturel du président du Comité d’organisation de la Can (Cocan), s’inscrit dans une perspective historique en racontant le football ivoirien. Initiateur du «Abidjan Art Week», le critique d’art et professeur de philosophie réfléchit depuis de nombreuses années sur les courants qui traversent l’art contemporain ivoirien et les questions que pose la restitution d’œuvres d’art à l’Afrique.
Vous avez souhaité ajouter une dimension culturelle à cette fête du football à travers cette exposition qui raconte l’histoire du football ivoirien. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
La première fois que j’ai eu le déclic, c’était en 2006. La Côte d’Ivoire venait de perdre un match pour la Coupe du monde. J’ai vu le match, et en bon supporter, je me suis dit, nos joueurs auraient pu gagner s’ils avaient eu la force morale. Mais j’avais l’impression qu’ils n’y croyaient pas. Quelques jours après, dans l’avion, j’ai eu la chance de rencontrer les joueurs qui revenaient de cette expédition. Il y avait un des encadreurs, Kaba Koné. Je le taquine en disant : «Mais tes enfants, ils sont vraiment des gamins. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas cru en leurs forces, sinon, ils auraient pu gagner contre les Hollandais.» Il m’a expliqué que c’était quasiment impossible. Il y a des conditions objectives qui font que battre la Hollande, qui a de milliers de touristes qui sont venus en Allemagne pour la Coupe du monde, c’est compliqué pour l’économie-même de la coupe. Et l’autre chose qu’il m’a dite et qui m’a réveillé, c’est que les joueurs, quand ils étaient dans les vestiaires, ont été visités par les légendes du foot hollandais. Cruyff, Marco Van Basten, Ruud Gullit, etc. Ensuite, ils sont passés saluer les Ivoiriens qui étaient en face. Et ces joueurs ivoiriens sont tous sortis pour faire des photos avec les gloires du football hollandais, juste avant le match. Donc, le coup psychologique était que les joueurs ivoiriens ne se battaient plus seulement contre les Hollandais de leur génération, mais ils étaient confrontés à toute une histoire de figures de légende. D’un point de vue théorique, ça m’a paru intéressant. Donc, l’idée, c’était pour moi de faire en sorte que chacun de nous, quand il fait son métier, il sente que derrière lui, il y a de grands devanciers qui le poussent dans le dos, qui lui donnent la rage de gagner, et qu’il n’ait pas de doute sur ses capacités à relever le défi. C’est une question que je me suis posée ce jour-là et je me suis dit, ce qui pouvait aider le football ivoirien, c’est qu’ils apprennent à connaître tous les aînés, qui étaient de grands champions, et que toute la Côte d’Ivoire apprenne à les aimer. Cette réflexion, je la prolonge à toutes les disciplines. C’est la question des légendes. Quel est notre rapport aux légendes ? Comment pouvons-nous avoir une culture de nos légendes ? Comment nous pouvons construire des récits qui montrent qu’on a fait du chemin et que ceux qui jouent aujourd’hui ne sont pas juste des accidents ? Après, j’ai commencé à mettre cette idée en forme de projet en 2010, lorsque l’Afrique a organisé pour la première fois la Coupe du monde en Afrique du Sud. Je venais d’arriver à la Rotonde, mais je n’ai pas eu les moyens de monter l’exposition. Lorsque la Côte d’Ivoire a eu le ok pour organiser, le président du Cocan m’a demandé de travailler avec lui.
Faire le lien entre l’art et le football, c’était aussi une façon de valoriser cette histoire-là ?
Au Cocan, ce lien s’impose parce que les footballeurs sont, à leur niveau aussi, de vrais artistes. Leur manière de dribbler, de surgir, il y en a qui ont un rapport qui n’est pas juste technique, mais vraiment très créatif. Mais ce qui m’a intéressé, c’est de traduire mon intérêt pour le football en termes d’exposition et donc, la première réflexion, c’est comment l’art de mon pays a-t-il déjà présenté le football ? Est-ce qu’il y a déjà eu des tableaux qui ont parlé du football ? J’ai cherché au niveau de l’art moderne et contemporain. J’ai trouvé quelques tableaux de 1995 et 2010. Celui-ci (un portrait de Laurent Pokou) est un tableau de Jems Koko Bi qui est sculpteur. En 2010, c’était le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire et cet artiste, qui vit en Allemagne, a décidé de faire 50 figures ivoiriennes qui symbolisent le pays. Et parmi ces figures, il y avait une dizaine de footballeurs. Il y a aussi Issa Kouyaté, qui est décédé en 2002. Après, je me suis dit quand on dit art, il y a aussi l’art traditionnel. C’est là que j’ai eu ma plus grande surprise. Je me suis rendu compte que ces sculptures colon traitent la question du football depuis longtemps. L’art dit traditionnel, avant même les artistes contemporains, a négocié sa modernité en investissant le thème du sport. Maintenant, j’ai découvert aussi que les peintres populaires ont régulièrement peint sur les portières des «Gbaka», les transports publics, des stars du football mondial. J’ai donc deux panneaux qui montrent que la peinture populaire s’est approprié ce thème depuis longtemps. Ensuite, quelques artistes modernes et contemporains complètent le tableau : Landry Komenan, un artiste qui vit à Marseille, le Burkinabè Ki Siriki. C’est une recherche que j’ai amorcée et qui va continuer. Mais mon problème, c’était de donner l’évidence qu’il y a des gloires du football africain qui peuvent pousser chacun de nos champions. Au départ, je voulais faire une galerie de sculptures de sorte que quand les gens viennent jouer contre la Côte d’Ivoire, au Stade Ebimpé, ils traversent une sorte de galerie de grands champions ivoiriens, de manière à avoir cet ascendant psycho¬logique que les Hollandais ont donné à leurs joueurs. C’est ce que je voulais faire, mais c’était très compliqué parce que l’organisation de la Can, ce n’est pas seulement la Cocan. Il y a la Caf, qui est propriétaire de la manifestation.
Vous avez utilisé différents supports également…
J’ai utilisé les arts de transition qui racontent notre rapport au foot, la peinture contemporaine, mais surtout les archives de la presse nationale et des archives audiovisuelles aussi. Des interviews d’anciens joueurs, dirigeants, etc. J’ai fait aussi une collaboration avec des télévisions, la presse nationale qui a donné des documents audiovisuels en plus du document que j’ai fait faire.
Abidjan Art week, c’est la première édition. 12 galeries et espaces…
Absolument. Il y aura ce vendredi (19 janvier) la Nuit des galeries, qui consiste à organiser un circuit pour que des personnes fassent les 9 galeries. On veut faire une cure le temps de la visite. Chaque galerie a fait un peu ce qu’elle voulait. Moi, j’aime le foot.
Abidjan est devenue une place appréciable de l’art contemporain. Plusieurs galeries se sont installées. Comment se porte l’art contemporain en Côte d’Ivoire ?
Plutôt bien je dirais. Ça pourrait être mieux. Mais c’est bien parce qu’on a de grands collectionneurs, des jeunes qui s’intéressent aux expositions. Et comme il y a une variété d’offres, ça contribue à multiplier la demande. Aujourd’hui, nous avons quelques artistes qui vivent de leurs productions. Pas tous bien sûr, parce que c’est un secteur très compétitif et qui fonctionne sous l’égide des stars système. Mais à la base, il y a une sorte de cohérence qui fait que, de plus en plus, les espaces ont leur répertoire, et en faisant l’effort d’inclure de jeunes artistes, il y a une ouverture sur l’international. Un des secrets d’Abidjan, c’est cette ouverture sur l’international qui est constante et qui fait que chacun des espaces a des correspondants dans presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Quels sont les courants qui traversent l’art contemporain ivoirien ?
Aujourd’hui, il y a un nouveau courant qui est en train de se mettre en place autour de la figure de Aboudia. Il a explosé à partir de 2010-2011, mais il travaillait régulièrement depuis trois ou quatre ans, et il a créé une sorte de réalisme lyrique avec une attention très forte sur la question de l’espace urbain, le personnage urbain. Sur cette veine, il y a aussi Armand Boua, etc. Ce n’est pas un courant unifié. Ils se connaissent, mais ils n’ont pas décidé d’aller dans ce sens. A partir du moment où le marché a marqué son intérêt pour cette forme d’écriture, plusieurs jeunes se sont engouffrés dedans ou se sont inscrits dans cette tendance. Pour moi, c’est cette forme d’écriture qui, à terme, va être une sorte de tendance. Mais heureusement, tout le monde n’est pas inscrit dans cette veine. Par exemple, il y a un artiste qui travaille dans un courant qui relève encore de l’esthétique de la récupération, comme les Moustapha Dimé, Ndary Lô. Il récupère des Cd et fait des élaborations qui sont souvent des scènes sociales.
Est-ce que ces courants portent une revendication sociale, politique ?
Je crois qu’il y a plutôt une sorte d’attention aux amis et au quartier, une sorte de proximité avec l’environnement, une sorte de recherche au niveau du style, de l’écriture qui est un peu flashy. Et là, il y a l’influence de Basquiat, qui se ressent très fort. On sent qu’ils sont informés de cette forme d’écriture. Il y a Yeanzi qui travaille avec une sorte de pâte de goudron. Il a une manière de construire sa toile qui est originale. Et c’est quelqu’un qui est multimédia. Au départ, je l’ai vu faire la photo, en même temps qu’il faisait la peinture et la sculpture. Maintenant, il a trouvé sa voie avec cette technique qui est assez spéciale. Il travaille à la fois avec du plastique et du feu. Ça donne un relief qui nous renvoie à la question du matériau. Je crois qu’en général, ils ont compris que pour avancer, il faut faire un peu de choses classiques mais il faut toujours aller vers de nouveaux matériaux. Ça permet de donner plus d’accélération à ses intuitions et aussi de développer une maîtrise technique qui signale vite votre originalité.
Pour parler de la question de la restitution des œuvres d’art, la Côte d’Ivoire est concernée. Est-ce qu’on a réfléchi à ce qui doit être fait ? Comment on perçoit cette restitution ?
La Côte d’Ivoire est concernée. Moi-même, il y a 3 ou 4 ans, j’ai fait un séminaire sur la restitution après la sortie du rapport Sarr/Savoy. Je suis membre de l’Académie des arts, et à la demande de l’académie, j’ai fait un séminaire auquel Malick Ndiaye (directeur du Musée de l’Ifan) du Sénégal et Alain Godonou (directeur du programme Musées à l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme au Bénin) ont participé. La Côte d’Ivoire, à la différence du Bénin, n’attend pas 19 pièces. On attend le grand tambour qui est d’ailleurs intervenu dans la cérémonie d’ouverture de la Can. C’est ce grand tambour qui a résonné au début de la cérémonie. Je sais qu’il y a des réflexions qui ont cours au niveau du ministère de la Culture. Je crois même savoir qu’une salle est en train d’être créée au Musée des civilisations d’Abidjan pour accueillir le tambour. Il y a aussi des publications en cours sur la base d’initiatives d’éditeurs. Je ne suis pas proche du dossier ivoirien, mais je mène une réflexion générale sur cette question. Pour moi, c’est un moment qu’il faut saisir et faire de ce moment une sorte de communication qui, au-delà de la question du patrimoine, nous ramène à l’évidence de… Je le répète souvent, l’art contemporain, c’est le patrimoine de demain. On ne peut pas dire qu’on est intéressé par les pièces du 19e siècle sans acheter les pièces d’aujourd’hui. Il faut qu’on constitue des collections. L’autre chose, c’est réfléchir sur des stratégies qui vont être mises en place pour montrer ces œuvres. De manière à ce que ça soit une occasion de faire venir plus de gens au musée. Si on les met dans des lieux qui sont fades, pas attractifs, si on n’arrive pas à créer un engouement suffisant autour de ces objets, mon hypothèse, c’est que les objets qui vont revenir vont mourir d’une mort encore plus atroce que celle qui les menaçait en Occident.
Justement, quand ils partaient, c’étaient des entités chargées. Main¬tenant ce sont des objets de musée. Qu’est-ce qu’on va recevoir finalement quand ils vont revenir ?
C’est la réflexion. On va recevoir des objets qui, comme j’ai l’habitude de l’écrire, ont vécu trois vies. Avant de partir, c’étaient des objets. Quand ils étaient là-bas, ils ont vécu une vie. Maintenant, ils vont vivre une nouvelle vie. Donc, il faut avoir conscience de ces trois vies-là et voir qu’est-ce qu’on peut faire dans une telle typologie, de façon à construire des stratégies d’expositions là-dessus.
DE L’ART POUR ACCOMPAGNER LE FOOTBALL
Avec le Pr Yacouba Konaté à la baguette, la première édition d’«Abidjan Art Week» a ajouté une touche culturelle à la grand-messe du football africain.
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 26/01/2024
Au moment où les premières passes étaient échangées sur les terrains de football de la Côte d’Ivoire, au cœur du Plateau d’Abidjan, étaient disposés un à un, les différents éléments de cette trame historique du football ivoirien. Avec le Pr Yacouba Konaté à la baguette, la première édition d’«Abidjan Art Week» a ajouté une touche culturelle à la grand-messe du football africain.
Sur l’esplanade de la Rotonde des arts, au cœur du Plateau d’Abidjan, une équipe de football est capturée en plein mouvement. Sur un espace de la taille d’un grand tapis, des joueurs en métal s’adonnent au sport roi. Ce sont des sculptures en fer réalisées par le Burkinabè Siriki Ki. Particu¬larité de cette œuvre, elle ne représente que 11 joueurs et un arbitre sur le terrain. Elle est une des attractions de cette exposition qui donne le coup d’envoi de la première édition d’Abidjan Art Week.
A la Rotonde des arts, l’exposition a pour thème : «Y’a match! Mémoires d’éléphants, histoire de la Can.» L’évènement réunit une douzaine de galeries dans différents endroits de la ville. Cette initiative du Pr Yacouba Konaté, directeur de la Rotonde des arts, donne une tonalité culturelle à cette Coupe d’Afrique des nations. «Ce qui m’a intéressé, c’est de traduire mon intérêt pour le football en termes d’exposition et donc, la première réflexion, c’est comment l’art de mon pays a-t-il déjà présenté le football ? Est-ce qu’il y a déjà eu des tableaux qui ont parlé du football ?», explique le Pr Konaté. A côté de son installation, Siriki Ki a écrit sur une pancarte, «fair play». «J’interpelle les gens. Quand ils vont au stade, ils disent qu’ils supportent le 11 national, mais ce sont les 11 nationaux. Parce que sur un terrain de foot, on a toujours deux onze nationaux. Alors s’il y a un onze national qui perd, souvent on s’en prend aux ressortissants du pays qui a gagné et ça crée des drames. C’est pour ça que j’ai fait cette installation pour dire que si vous voulez gagner, forcément il faut jouer seul.»
La leçon est fort à propos dans cette exposition pensée pour raconter l’histoire du football ivoirien. Et dans cette histoire, cet épisode tragique en 1993 entre supporters de l’Asec Mimosas et ceux de l’Ashanti Kotoko de Kumasi. Pour l’initiateur de cette exposition, il s’agit avant tout de mettre en avant le football comme catalyseur d’émotions, illustrant des mémoires joyeuses et tragiques, évoquant des incidents mortels et retraçant l’arrivée du football en Côte d’Ivoire. Ainsi, des coupures de journaux, des sculptures, des toiles, beaucoup de supports sont utilisés pour raconter cette histoire.
Des expressions diverses
Dans la Rotonde des arts, dès l’entrée, ce sont des sculptures de l’artiste Landry Komenan qui nous accueillent. Elles représentent des sculptures de grandes vedettes du foot ivoirien. Incrustées dans des toiles, ces silhouettes de joueurs grandeur nature semblent jaillir des tableaux. A côté, la légende du foot ivoirien, Laurent Pokou. C’est l’une des dizaines de portraits réalisés par l’artiste Jems Koko Bi. «En 2010, c’était le cinquantenaire de la Côte d’ivoire, et cet artiste, qui vit en Allemagne, a décidé de faire 50 figures ivoiriennes qui, pour lui, symbolisent le pays. Et parmi ces figures, il y avait une dizaine de footballeurs», indique le Pr Kouyaté.
Un jeune garçon réussit un contrôle sur son genou. Chaussures en plastique aux pieds, les personnages de l’artiste Pacôme, avec leurs couleurs vives, constituent une image particulièrement dynamique. Dans la même veine, Baka Thierry propose des toiles autour de la thématique du football. Ses traits de pinceaux arrivent à transmettre cet enthousiasme et cet espoir qui habitent les jeunes des rues. Sur la toile, cinq jeunes garçons se disputent un ballon. C’est ici, dans ces rues, que beaucoup de destins de champions se sont forgés. Et la joie pure de jongler le ballon rond est palpable.
Dans la cour qui prolonge la rotonde, l’exposition s’appesantit surtout sur l’histoire du football ivoirien, de ses premiers jours à maintenant. Grace à des coupures de presse de Fraternité matin, un quotidien ivoirien, l’histoire reprend vie et se conte au gré des différentes performances réalisées par les clubs.
Parfois au prix de forts antagonismes, allant jusqu’aux violences extrêmes. Mais globalement, cette histoire du football se veut positive et inclusive. Ainsi, les peintres populaires y occupent une belle place. Quelques panneaux donnent ainsi une vision sur la place qu’occupent les stars du football mondial dans la culture populaire. Ces «Gbaka», voitures de transport en commun, servent de vitrine pour exposer des joueurs tels que Messi, Ronaldo ou encore l’entraîneur de Liverpool ou un Drogba au plus fort de sa popularité, dans une Côte d’Ivoire qui célèbre le football.
L’ECRIVAIN IBRAHIMA HANE, LAUREAT 2023 DU PRIX SPECIAL ORANGE DU LIVRE EN AFRIQUE N’EST PLUS
L’écrivain sénégalais Ibrahima Hane, lauréat du prix spécial du jury Orange du livre en Afrique 2023, est décédé, mardi, à Dakar où il a été inhumé le même jour
Dakar, 23 jan (APS) – L’écrivain sénégalais Ibrahima Hane, lauréat du prix spécial du jury Orange du livre en Afrique 2023, est décédé, mardi, à Dakar où il a été inhumé le même jour, a appris l’APS.
Sur le réseau social facebook, son éditeur, le docteur Abdoulaye Diallo, directeur de L’Harmattan Sénégal, a rendu hommage à un »immense écrivain dont l’œuvre littéraire traversera les âges’’.
L’écrivain Sidi Mohamed Khalifa Touré a salué ‘’la singularité’’ de l’écriture de Ibrahima Hane, un »passionné des livres ».
‘’Ibrahima Hane est un auteur remarquable. Voici qu’on va devoir parler de lui au passé. Mais ce sera toujours pour dire son immense talent et son œuvre immortelle’’, a dit le professeur et critique littéraire, Abdoulaye Racine Senghor. Il était vieux, mais ‘’son œuvre garde la jouvence des œuvres impérissables’’, a t-il ajouté.
Ibrahima Hane a remporté le prix spécial du jury de la cinquième édition du ‘’Prix Orange du livre en Afrique 2023’’ avec son roman historique ‘’Les dieux de la brousse ne sont pas invulnérables’’ sorti en 2022.
Cette fiction romanesque de plus de 400 pages se passe au temps où l’empire français dominait une partie du monde.
Le livre raconte l’histoire de la richissime comtesse, Viviane de Villeneuve, qui en 1914 accompagnée de sa cour et de son amie, la femme du gouverneur général de l’Afrique occidentale française (AOF), débarque à Dakar.
Sa présence met à nu la face cachée de l’administration coloniale : ses excès et ses cruautés planifiées, lit-on sur la quatrième de couverture.
Il avait publié auparavant les romans ‘’Errance’’ (2022) et ‘’L’écume du temps’’ (2020) nominés dans plusieurs concours littéraires.
Banquier à la retraite, Ibrahima Hane, s’est adonné essentiellement à l’écriture. En 1992, il est nominé au concours annuel de la meilleure nouvelle de langue française organisé par Radio France Internationale (RFI), ACCT et le journal ‘’Le Monde’’.
Une Proposition nommée Désir, PAR Fatoumata Sissi Ngom
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MBORO, D'UNE TERRE PILLÉE À UNE CITÉ DURABLE
Découverte puis dépossédée de ses terres au nom du progrès, l'histoire de Mboro est celle de bien des territoires africains. Pourtant, de cette douloureuse épopée pourrait enfin naître une nouvelle ère de justice sociale et environnementale
Ce film réalisé par Fatoumata Sissi Ngom, dans le cadre du projet Une Proposition nommée Désir, est une plongée dans l’histoire de la ville Mboro, ville découverte en 1862 par l’administration coloniale française pour ses énormes potentialités agricoles.
D’un autre secret bien gardé pendant la Première Guerre mondiale à une excavation et exploitation de gisements de phosphates après la Deuxième Guerre mondiale, l’histoire de Mboro est aussi intimement liée à celle de la création des Industries Chimiques du Sénégal, du temps des colonisateurs français.
L'histoire de Mboro reflète l'histoire mondiale, où la terre mère est exploitée par les hommes pour des raisons économiques et industrielles. C'est une chronique de la colonisation, apportant progrès économique et une sorte de vision, mais aussi des distorsions, des schémas destructeurs, des inégalités sociales et de l'injustice environnementale.
C'est également une histoire de la masculinité toxique, marquée par la prise de pouvoir, qui altère l'intégrité d'un territoire et met en place des hiérarchies saillantes.
Une Proposition nommée Désir met l’accent sur la guérison des villes et zones urbaines, anciennement colonisées, qui sont des lieux d’innovation et de co-création. Le projet met l’accent sur le développement durable, la protection environnementale, la protection sociale et le bien-être. L'objectif est de réactiver les mémoires de pouvoir aux niveaux individuel et collectif, en partageant des connaissances concrètes, y compris spirituelles : celles qui guérissent les blessures et l’âme.
Sous-titres disponibles en français, anglais, espagnol, allemand, chinois.