SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
11 avril 2025
Culture
FATOU KINÉ DIAKHATÉ, UNE PASSION CATHARTIQUE POUR LA PEINTURE
Malgré son éloignement du pays natal, l’artiste peintre designer continue de s’exprimer avec le même engagement dont elle a toujours fait preuve dans la réalisation de ses œuvres inspirées de la sensualité féminine et des couleurs chaudes.
Paris, 28 août (APS) – Malgré son éloignement du pays natal à cause des soins qu’elle continue de suivre en France, l’artiste peintre designer Fatou Kiné Diakhaté continue de s’exprimer avec le même engagement dont elle a toujours fait preuve dans la réalisation de ses œuvres inspirées de la sensualité féminine et des couleurs chaudes.
Après avoir longtemps illuminé le Sénégal de son talent, c’est dans le pays de Mariane qu’elle a désormais l’occasion de donner la pleine mesure de son savoir-faire artistique.
Son œuvre est inspirée par la sensualité féminine et les couleurs chaudes, source de lumière, de tendresse et de chaleur, qui font la particularité du continent africain dont le devenir la préoccupe.
“Fat”, comme l’appellent les intimes, s’exprime avec les formes, les couleurs et la matière, qui “flirtent, créent des liens de solidarité et témoignent de la valeur du partage et de l’harmonie des peuples”.
La convergence qui en résulte “valorise davantage la condition de la femme dans notre combat quotidien qui nous lie à la vie”, affirme-t-elle.
Dans son travail, elle articule, d’un rythme vif, les couleurs et les formes qui sommeillent en elle pour mieux toucher la peinture, la matière, le design, grâce à ses créations artistiques
”Je suis originaire de la région du Sine-Saloum au centre du Sénégal, bercée par le fleuve et le delta du Saloum qui ont un passé historique, précisément de Kaolack, ville carrefour connue pour ses étés chauds et ses femmes de valeur”, confie-t-elle.
Fatou Kiné Diakhaté dit avoir passé son enfance auprès de sa grand-mère maternelle, qu’elle appelle affectueusement “sama Maam Boye” (ma grand-mère chérie), Maam Bineta Diouf (…)”.
Elle déclare que celle-ci l’a “éduquée avec des valeurs traditionnelles” du peuple sérère, telles le “jom”, le “fulla”, le “fayda”, le “gëm sa bopp”, “liggëy”, “yar”, “bëgue lou bax”, “set ak rafet”, autant de références au savoir-être et au savoir-vivre sénégalais.
Des termes wolof qui évoquent le sens de l’honneur, la dignité, le travail bien fait avec amour, la discipline, l’hygiène, le respect et le sens de la mesure.
“Très tôt, Maam Bineta m’a fait comprendre que j’ai des valeurs”, raconte Fatou Kiné Diakhaté, très fière d’avoir eu comme mentor Pierre Goudiaby Atépa pour qui elle ne tarit pas d’éloges.
”J’ai travaillé au cabinet de Pierre Goudiaby Atépa, qui est mon mentor et est le parrain de mon atelier FDéco. Il m’a inspiré le travail bien fait, à aller toujours vers l’excellence. Gëm sa bopp [croire en soi]”, insiste-t-elle.
Grâce à son atelier FDéco et son collectif d’artistes, elle a apporté sa touche personnelle à beaucoup de chantiers et de réalisations du président Abdoulaye Wade, qui a dirigé le Sénégal entre 2000 et 2012.
Ses fresques murales ornent par exemple certains endroits de la corniche de Dakar, dont la place du Souvenir africain, certaines de ses oeuvres peuvent s’admirer près de la “mosquée de la Divinité”, sans oublier ses décorations de toutes les cases des tout- petits du Sénégal. Autant dire que ses empreintes sont présentes partout au Sénégal, surtout dans la capitale sénégalaise.
A travers ses œuvres, Fatou Diakhaté dit entretenir une éternelle envie de cultiver le patriotisme.
Se définissant comme une artiste engagée depuis plus 30 ans, elle dit considérer l’art et la culture comme de véritables leviers de développement. Ils peuvent participer avec efficacité au développement culturel du pays, ainsi qu’à la formation et la sensibilisation des filles et des jeunes au Sénégal, fait-elle valoir.
”Mon atelier FDéco, avec son collectif d’artistes, a formé des jeunes artistes autodidactes et beaucoup d’étudiants de l’Ecole nationale des beaux-arts. Beaucoup ont fait leur stage à FDéco. Je peins des thèmes qui me tiennent à cœur : les violences faites aux femmes, le maintien des filles à l’école, l’égalité des chances, l’éducation, la protection de l’environnement”, détaille celle qui continue d’émerveiller Paris.
Elle considère le Sénégal comme “un pays spécial”, avec une “démocratie, des hommes politiques, des femmes de valeur et une belle jeunesse consciente”.
Elle dit travailler pour une bonne cohésion sociale, la sécurité, le développement afin d’avoir un pays plus rayonnant, plus prospère, où la santé, la paix, l’éducation, la formation, le travail et le pouvoir d’achat deviennent une réalité.
”Plus jamais de pirogues suicidaires !”, décrète Fatou Kiné Diakhaté depuis sa chambre médicalisée de Paris, devenue son univers artistique, car transformée en un atelier où se côtoient des chevalets pleins de tableaux et d’objets d’art.
”La peinture, c’est ma thérapie, elle est vitale pour moi”, affirme-t-elle.
L’APPEL À CANDIDATURES DE MISS LITTÉRATURE SÉNÉGAL LANCÉ
Cette initiative, qui s'inscrit dans un projet panafricain, vise à révéler et promouvoir les talents littéraires féminins du pays. La gagnante aura l'honneur de porter les couleurs du Sénégal lors d'une finale continentale
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 27/08/2024
Amoureuses de la littérature, à vos plumes ! L’appel à candidatures du concours «Miss littérature Sénégal», qui s’adresse aux jeunes filles âgées de 18 à 24 ans, a été lancé à Dakar.
Lancé depuis 2016 par l’Association Peace pour l’enfance et la jeunesse (Apej), en partenariat avec les éditions Vénus d’Ebène, le concours «Miss littérature Sénégal» souhaite à la fois initier les jeunes filles à la littérature, leur donner un espace d’expression littéraire, et susciter des vocations dans le domaine afin de former une relève littéraire féminine de qualité en Afrique. Le concours «Miss littérature Sénégal» cible les jeunes filles, âgées de 18 à 24 ans et a lieu dans douze pays pour cette biennale : au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Guinée, au Mali, au Niger, au Tchad, au Togo et au Sénégal, renseigne un communiqué. Le document poursuit que dans chacun des pays, une miss et ses deux dauphines sont élues. Dans chacun des pays où se déroule le concours, un responsable pays est désigné. Celui-ci a pour charge, sous la responsabilité du comité international, d’organiser, pour le compte de «Miss littérature», les phases nationales de son pays. Au Sénégal, la journaliste culturelle Salamata Ousmane Diallo est chargée de piloter le concours en collaboration avec un comité d’organisation.
Première participation du Sénégal
Le Sénégal, dont c’est la première participation, lance l’appel à candidatures par le biais du Comité d’organisation de «Miss littérature Sénégal». Les inscriptions sont ouvertes du 15 août au 15 septembre 2024. Les candidates sont évaluées en deux étapes : présélection prévue au Centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar le 12 novembre et la finale nationale le 18 décembre 2024. Les candidates traiteront, à l’écrit, un sujet proposé par le jury lors de la phase présélection et les 10 premières seront retenues pour la finale nationale. Elles seront invitées à présenter, à l’oral, une note de lecture de l’œuvre retenue pour l’occasion, et répondront à d’autres questions du jury qui porteront sur la littérature africaine, notamment sénégalaise. Deux Dauphines et la Miss seront couronnées en présence des autorités étatiques et des personnalités de la littérature sénégalaise.
En route pour Miss littérature Afrique»
La Miss défendra devant 11 autres pays africains, le drapeau du Sénégal, lors de la grande finale «Miss littérature Afrique» prévu au Bénin le 25 juillet 2025. Le jury «Miss littérature Sénégal» est composé de cinq éminentes personnalités du monde littéraire, reflétant la diversité et l’expertise requise pour évaluer les candidates sur leurs connaissances en littérature sénégalaise et africaine, a été désigné par le Comité d’organisation Miss littérature Sénégal qui assure son secrétariat. «Le nombre de places étant limité, le Comité arrêtera les sélections dès que les candidatures requises seront suffisantes», précisent les organisateurs.
LES CREATEURS DE CONTENUS A L’HONNEUR
L’agence Pulse compte récompenser les influenceurs qui offrent les meilleurs contenus à leurs followers à travers les «Pulse influencer Awards» qui se tiendront en octobre prochain.
L’agence Pulse compte récompenser les influenceurs qui offrent les meilleurs contenus à leurs followers à travers les «Pulse influencer Awards» qui se tiendront en octobre prochain.
L’agence Pulse organise la 4e édition des Pulse influencer Awards, le 12 octobre prochain à Dakar. L’objectif est de primer les meilleurs contenus sur les réseaux sociaux. «Il y a des choses positives qui se font sur internet et dans tous les secteurs, tout comme des choses négatives. L’objectif, c’est de motiver ceux qui font des choses positives sur internet, les inciter à mieux faire, à continuer sur cette lancéelà. En toute humilité, nous participons à ce développement du secteur de l’internet, de la création de contenus au Sénégal», explique Caroline Mbodji, Directrice générale de Pulse Sénégal et directrice de Pulse Afrique de l’Ouest francophone, au cours d’une conférence de presse avec son équipe à la mairie des Parcelles Assainies. Au moins 130 influenceurs ont été sélectionnés pour cette édition. Chaque année, il y a une catégorie, qui est celle panafricaine, où est désigné un représentant de chaque pays. Cette année, le Sénégal sera représenté par Dj Kheucha. «Il va représenter la culture de par sa portée, la portée de son contenu», souligne Mme Mbodji, qui rappelle la belle performance du porte-drapeau sénégalais, Cheikh Freestyle, arrivé troisième derrière le Nigeria et le Ghana, qui ont plus de poids en termes de démographie que le Sénégal, lors de la précédente édition. Une performance appréciée à sa juste valeur par Caroline Mbodji dont l’ambition est de pousser le représentant sénégalais à faire mieux en invitant sa communauté à voter pour lui. Sous le thème : «Mode futuriste, glamour et Ia», les Pulse influencer Awards se déroulent simultanément au Sénégal, au Nigeria, au Ghana, au Kenya, en Ouganda et en Côte d’Ivoire. Ils ont pour but de célébrer la créativité numérique, l’innovation et les efforts de construction communautaires des créateurs de contenus et influenceurs au Sénégal et dans toute l’Afrique, selon une note
«Si on peut le dire de manière beaucoup plus simple, nous rencontrons ou bien nous sommes abonnés à beaucoup de personnes qui sont des créateurs de contenus sur internet que nous suivons, dont nous aimons les contenus, que nous apprécions, qui sont sur différentes plateformes, Twitter, Instagram, TikTok, et qui créent des contenus pour eux-mêmes ou pour d’autres marques. L’objectif, c’est de primer ces créateurs de contenus là, pour reconnaitre leur travail, la qualité de ce qu’ils font. Et cela se fait à travers ces Pulse influencer Awards», poursuit Caroline Mbodji. Cette dernière estime que l’agence qu’elle dirige n’a pas la prétention de dire qui est influenceur ou qui ne l’est pas, mais se bat pour développer ce métier afin de mieux le faire connaître du grand public. Ce public pourra voter pour son influenceur préféré dès le mois de septembre.
Au programme de cette 4e édition des Pulse influencer Awards, il est prévu un match de solidarité entre les followers et les célébrités, une remise de don aux populations. Il y aura aussi la mise en place de l’Afterwork de la créativité pour regrouper ces influenceurs autour de thématiques sur lesquelles ces acteurs pourraient discuter, sur la création de contenus, les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien et comment mieux les accompagner et les regrouper autour d’un cadre.
L'IDENTITÉ LIBÉRÉE
Patrick Chamoiseau, héritier de Glissant et Césaire, invite à repenser le rapport au monde. Fini les cases et les frontières, place à la fluidité et à l'interconnexion. Et si l'identité était comme le vent, insaisissable et libre ?
(SenePlus) - Dans le paysage littéraire et philosophique antillais, une voix s'élève pour célébrer la complexité de l'identité et la richesse de la diversité culturelle. Patrick Chamoiseau, héritier spirituel d'Édouard Glissant et d'Aimé Césaire, nous invite à repenser notre rapport à l'identité, à la culture et au monde.
"Nul ne saurait être enfermé dans un monolithe identitaire, une culture, une langue, un territoire ou une nation...", déclare Chamoiseau, faisant écho à la pensée de Glissant sur la "Relation". Cette vision rejette l'idée d'une identité figée, unique et immuable. Au contraire, elle embrasse la multiplicité et la fluidité de nos racines et de nos appartenances.
Chamoiseau poursuit en utilisant une métaphore évocatrice : "Notre arbre relationnel individuel est un rhizome, une liane, un feuillage et un souffle du vent." Cette image illustre puissamment la nature interconnectée et dynamique de notre identité, toujours en mouvement, toujours en croissance.
Cette perspective fait écho à la pensée d'Édouard Glissant qui prônait "l'indépendance dans l'interdépendance". Glissant affirmait : "Je défends l'idée de l'indépendance de la pensée et de l'action dans une interdépendance qui est nécessaire." Cette approche nuancée reconnaît l'importance de l'autonomie tout en soulignant notre interconnexion inévitable dans le monde moderne.
La poésie d'Aimé Césaire vient compléter ce tableau, apportant une dimension viscérale et cosmique à cette réflexion. Ses vers évoquent "le sang ému par le cœur mâle du soleil" et "ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe", rappelant notre lien profond avec la nature et l'univers.
Chamoiseau conclut en citant Césaire : "La chose à espérer, c'est le vent." Cette métaphore capture parfaitement l'essence de cette philosophie : une identité en perpétuel mouvement, insaisissable, libre, capable de traverser les frontières et de mêler les cultures.
L'ÂME GÉNÉREUSE DU MAGAL
Des bénévoles s'activent autour de marmites géantes, préparant des repas copieux pour les pèlerins. Le "Berndé", cette tradition, enracinée dans les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, transforme la ville sainte en un vaste espace de communion
Le Magal, commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, est un grand moment de ferveur religieuse avec les prières et recueillements, mais également un moment de solidarité et de partage, illustré par le ‘’berndé’’, la préparation de repas copieux pour les nombreux pèlerins qui prennent d’assaut la ville de Touba à cette occasion.
Ce geste de générosité incarne l’esprit de partage au cœur de cet événement religieux commémorant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927).
Le grand Magal de Touba célébré ce vendredi est une fête durant laquelle on doit rendre grâce à Dieu en lisant le Coran et les “Khassaïde” (les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba) mais surtout préparer des repas copieux pour les pèlerins, selon le responsable moral du Hizbut Tarqiyyah.
Serigne Youssou Diop rappele que ‘’c’est une recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba”.
Le jour du Magal, dès les premières heures de la matinée, des centaines de bénévoles s’affairent autour de grandes marmites fumantes pour la préparation des repas succulents et en quantité offerts aux pèlerins, un aspect non négligeable de l’évènement.
Le même décor est visible dans toutes les grandes familles des dignitaires mourides jouxtant la grande mosquée de Touba. Comme à la résidence du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, située à Darou Miname.
Les gestes des bénévoles chargés de préparer les ‘’berndé’’ sont précis, fruit de plusieurs années d’expérience et un profond dévouement à la tâche.
‘’Nous commençons les préparatifs bien avant le Magal’’, explique Yaye Dieynaba Diagne, coordinatrice de l’une des grandes cuisines installées dans le quartier de Darou Miname.
‘’Chaque année, nous accueillons de plus en plus de pèlerins, et notre mission est de veiller à ce que personne ne reparte sans avoir mangé’’, fait-elle savoir.
Les cuisines géantes de Touba, souvent montées spécialement pour l’événement, rivalisent en taille et en efficacité.
Des milliers de sacs de riz, accompagnés de viande de bœufs immolés pour l’occasion, sont cuisinés pendant la période du Magal et sont offerts aux milliers de fidèles qui rallient la ville sainte pour commémorer cet événement religieux.
Les repas sont préparés dans de grandes marmites placées sur des foyers alimentés par du bois de chauffe, dégageant une odeur qui se répand dans les rues environnantes.
Des bénévoles dévoués à la tâche
Les bénévoles, pour la plupart des jeunes, hommes et femmes de la communauté mouride, travaillent en équipes. Pendant que certains s’occupent de la préparation des ingrédients, d’autres s’affairent à la cuisson, à la distribution des repas.
‘’Ce n’est pas seulement un travail, c’est une bénédiction de pouvoir servir les pèlerins en cette période de Magal’’, confie Ndèye Fatou Mbodj, étudiante de 21 ans qui participe à la préparation des repas.
Logée non loin de la résidence du Khalife général, elle souligne que ‘’cela fait partie de notre devoir en tant que mouride’’.
Chaque jour, des centaines de repas sont servis par les différents dahiras (regroupements religieux) et les foyers de Touba.
Les plats comme le thiébou dieune (riz au poisson) et le lakh (bouillie de mil), sont préparés en grande quantité, confie l’étudiante.
La distribution des repas est rapide et efficace ; les pèlerins, dont la plupart sont des jeunes, sont servis par groupe ou par rang.
Khadim Gueye, un autre bénévole parle d’une ‘’récompense en soi’’ en lisant la joie sur le visage des pèlerins après avoir distribué des repas, des fruits et des canettes de boisson.
Une logistique impressionnante
La coordination de la distribution des repas lors du Magal repose sur une logistique bien huilée.
Des camions chargés de provisions arrivent en grand nombre à la grande mosquée de Touba pour offrir des repas aux pèlerins.
Les responsables de chaque dahira planifient soigneusement les quantités nécessaires en fonction du nombre de pèlerins qu’ils accueillent à bras ouvert.
Des entreprises locales, des commerçants et des membres de la diaspora sénégalaise font aussi des dons pour contribuer la préparation des repas.
‘’La recommandation de Serigne Touba n’est pas seulement d’offrir des repas copieux aux pèlerins, c’est un acte de foi et de solidarité’’, a déclaré Mbagnick Diop, cofondateur d’une entreprise de distribution alimentaire qui offre chaque année des tonnes de riz et de sucre pour appuyer le comité d’organisation du grand Magal.
Un acte de foi et de partage
Pour de nombreux pèlerins, le ‘’berndé’’ est bien plus qu’une simple distribution de repas. Il incarne l’esprit de partage et de fraternité recommandé par Cheikh Ahmadou Bamba.
Assis sous un arbre après avoir fini de prendre son déjeuner, Ibrahima Sy, la trentaine révolue, venu de Sédhiou, exprime sa gratitude.
‘’Ici, à Touba, personne n’est laissé en rade. Tout le monde reçoit, tout le monde partage. C’est ce qui rend cet événement si spécial‘’, se réjouit ce pèlerin.
Pour Papa Alioune Thiam, étudiant en quatrième année d’Histoire, en cette journée de Magal, Touba offre au monde une leçon sur l’importance de la solidarité et du don de soi.
‘’Le berndé, en tant que symbole de cette générosité, continue de rappeler à chacun l’essence même de la foi mouride, notamment servir et partager‘’, soutient Thiam.
LE MAGAL, UNE AFFAIRE DE STYLE
Ceintures, bracelets, chaussettes : chaque objet raconte l'histoire du mouridisme. Pour les millions de pèlerins, ces articles sont bien plus que de simples décorations. Ils sont le symbole d'un lien tangible avec les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba
Les accessoires constitués principalement de ceintures, bracelets, chaussettes, sacoches, chapelets et colliers à l’effigie des guides de la confrérie sont les objets les plus prisés des milliers de fidèles mourides qui prennent part au grand Magal de Touba.
Un tour chez des vendeurs installés aux abords de la grande mosquée de Touba suffit pour s’en convaincre.
Installés dans leurs stands ou à même le sol, les vendeurs d’accessoires exposent à l’intention des milliers de pèlerins venus célébrer la 130e édition du grand Magal de Touba, évènement religieux commémorant le départ en exil du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, dit Serigne Touba.
Debout derrière le comptoir, en pleine discussion avec des clients, Moussa Niane, la soixantaine, est un commerçant spécialisé depuis plusieurs décennies dans la vente de ces accessoires.
Son magasin, situé à quelques mètres de la grande mosquée de Touba, inaugurée le 7 juin 1963 par Mouhammadou Fallilou Mbacké, le deuxième khalife général des mourides, ne désemplit pas. Il propose aux fidèles tous les articles qui permettent visuellement d’identifier le mouride, de par son accoutrement et les accessoires qui vont avec.
”Cela fait 22 ans que je pratique ce métier qui a fait ma réputation et qui m’a tout donné’’, déclare Moussa, sourire aux lèvres, tout en se caressant la tête à la dense chevelure poivre et sel.
Il propose à sa clientèle, entre autres, des chaussettes, bracelets, colliers, sacoches et ceintures en cuir, entièrement fabriqués au Sénégal, ainsi que des chapelets en bois d’ébène, provenant principalement du Burkina Faso. Des accessoires ‘’typiquement mourides’’, selon lui.
Trouvé sur place, Malick Ba, un jeune pèlerin en provenance de Saint-Louis, vient d’acquérir, à 7 000 francs CFA, une sacoche en cuir en forme de collier communément appelé ‘’Makhtoumé.’’
‘’Si je l’ai achetée c’est pour d’une part garder mon argent, mais également pour montrer mon appartenance à la famille mouride”, confie le fidèle, portant une grosse ceinture, à la taille, de même qu’un collier à l’effigie de Serigne Modou Kara Mbacké.
‘’Cet accoutrement, c’est pour me rappeler qui je suis à chaque fois que je serais tenté de commettre le mal ou quelque chose qui irait à l’encontre des recommandations de Dieu, de son prophète, Mouhamed (PSL) ainsi que celles formulés par Serigne Touba’’, soutient Cheikh Gningue, un autre pèlerin.
Venue de la Gambie, Fatou Dieng a jeté son dévolu sur les chaussettes pour, dit-elle, ”mieux circuler avec aisance dans les lieux de cultes et de recueillement’’ où le port de chaussures est strictement interdit.
‘’Ces accessoires étaient à l’origine portés par les Baye Fall, des disciples mourides ayant prêté allégeance à Cheikh Ibra Fall, lui-même disciple de Cheikh Ahmadou Bamba’’, a fait savoir Makhtar Diop Baye Fall, un autre vendeur installé devant la mosquée.
Vêtu d’un ”njaxas”, c’est-à-dire ces tissus en patchwork, porté par les Baye Fall, il explique que si ces objets résistent aujourd’hui au temps et traversent ainsi les générations, c’est parce qu’ils sont ”indémodables et peuvent s’adapter à tout type d’accoutrement”.
LE GRAND RASSEMBLEMENT DE LA FOI
Ce vendredi 23 août, des millions de fidèles vont converger vers la cité sainte pour commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Plus qu'une simple célébration religieuse, le Magal incarne un moment de reconnaissance, de dévotion et de partage
La cité religieuse de Touba sera le point de convergence des fidèles musulmans et particulièrement de la communauté mouride à l’occasion du Grand Magal célébré demain vendredi 23 août, correspondant au 18 Safar du calendrier musulman. Ce rendez-vous religieux commémore le départ en exil de cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Le fondateur de la voie mouride (1853-1927) avait initié l’événement en 1921 en appelant ses coreligionnaires et disciples à une journée de dévotion, de gratitude et de reconnaissance dédiés exclusivement à la gloire de Dieu. Le Magal de Touba trouvera ses racines dans cette recommandation prononcée par le Saint homme lui-même : « Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre».
Institué par «Khadimou Rassoul» et ses différents khalifes, cet appel est perpétué par des millions de fidèles qui affluent chaque année vers la cité religieuse fondée en 1888 et aujourd’hui deuxième ville du Sénégal. Pour cette édition 2024, les organisateurs ont retenue comme thème «l’éducation des populations face à la mondialisation et à ses péripéties».
Touba, la religieuse sera en cette matinée du vendredi 23 août le pôle de convergence de la communauté musulmane pour la célébration du Grand Magal de Touba. Cette date qui correspond à 18 Safar du mois lunaire commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Surle plan exotérique, il marquera l’avènement d’une élévation spirituelle et la fin des épreuves subies parle guide religieux avant sa déportation vers le Gabon. Un exil forcé qui allait se prolonger en Mauritanie de 1903 à 1907 puis par des résidences surveillées à Thieyène dans le Djolof, de 1907 à 1912 et enfin à Diourbel de 1912 à 1927. Des épreuves qui se sont poursuivies encore les années à Diourbel. Cheikh Ahmadou Bamba endurait des épreuves à chaque fois que revenait le jour anniversaire de cette date du 18 Safar.
Reconnaissance des bienfaits accordés par l’éternel
C’est lors de ce dernier séjour à Diourbel, alors qu’il attendait les mêmes épreuves, que Dieu lui fit savoir que les épreuves sont désormais terminées. En guise de le remercier des grâces dont Il lui a gratifié l’Eternel lors de son départ à l’exil, le fondateur du Mouridisme avait donné le sens de cette célébration. « La peine est levée, toute la mission, qui t’as été confié, a été remplie. Tu as obtenu ce à quoi tu aspirais. Il m’a, en ce jour, exaucé au point que j’y ai obtenu la totalité des avantages que je sollicitais auprès de Lui.
Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait de s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve surterre », lançait le fondateur du mouridisme. Cette recommandation prononcée en 1921 est l’acte fondateur du Magal. Le fondateur de la cité religieuse de Touba en 1888, va à partir de cette date donner forme à cette célébration. L’éminent guide spirituel transforma cette épreuve en un acte de dévotion profonde à Allah. «Serigne Touba» avait enjoint aux bienfaits du Magal un acte aussi festif que dévotionnel qu’on appelle communément le « Berndé ». Il s’agit de la préparation de mets et de copieux repas destinés aux hôtes et aux plus démunis. En qualité et en quantité, les aliments et collations devraient permettre à chacun de sentir que le Magal est également un moment de fête. Dans presque toutes les familles ainsi qu’au sein des regroupement de disciples , des « Dahiras » où des moutons, des bœufs, des chameaux sont immolés pour l’occasion. Une quantité industrielle de boissons, de viennoiserie, de fruits et toutes sortes de mets n’est de trop pour les besoins de la célébration. C’est aussi une manière de promouvoirles valeurs de partage, de la paix, de la solidarité et l’entre-aide.
Réjouissance et dévotion au cœur d’une célébration
Cette dimension festive qui se manifeste par le «Berndé» est toutefois adossée à divers actes de dévotion. Il s’agit notamment des visites pieuses effectuées auprès des différents fiefs des grands Cheikhs et dignitaires mourides mais aussi des sanctuaires, mausolées des différentes Khalifes et guides religieux qui reposent dans la cité religieuse. Des occasions pourles disciples mourides de renouveler leur engagement spirituel à travers des récitations du Coran, du Zikr, la lecture de ses «poèmes» (Khassaïdes), de causeries surle Prophète (PSL), sur les hommes pieux, entre autres. Le tout en parfaite adéquation de la « Sunna » (Tradition) du Prophète (PSL) et vœux de « Khadimou Rassoul ». Célébré dans un cadre restreint par son fondateur, cette commémoration était loin d’avoir une l’ampleur collective que l’on constate aujourd’hui. Les talibés se regroupaient en effet dans différents lieux et dans le cadre de la famille à Diourbel.
Après le rappel à Dieu du fondateur du Mouridisme en 1927, le premier Khalife Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, imitant, en cela, son père, a tenu le flambeau en célébrant la date du 18 Safar déplaçant à Touba. La décision de Magal à Touba à l’unisson sous sa forme actuelle a été prise à la fin des années 40 (1948) par le deuxième khalife Serigne Fallou Mbacké.
Cent deux ans après le premier Grand Magal, l’événement religieux, sans doute l’un des plus grands rassemblements, est aujourd’hui perpétué dans la cité religieuse. Depuis le début du mois de Safar, un flot continu de pèlerins venu des quatre coins du monde continue d’affluer dans la cité de Cheikh Ahmadou Bamba. L’édition 2024 aura, on le rappelle, comme thème : « L’éducation des populations face à la mondialisation et à ses péripéties ».
Comme chaque année, le comité d’organisation a mis en place un programme diversifier pour cette 130e édition. Panels et communications consacrés au thème tout comme des exposés et des conférences sur les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba marqueront les festivités. Ce, dans le but d’approfondirla compréhension et la diffusion de idées du Mouridisme dans le contexte de la mondialisation actuelle. Il faut rappeler qu’en prélude du Magal, une vaste opération d’investissement humain a été mobilisé pour assurer le bon déroulement des activités et la sécurité des milliers de pèlerins attendus.
VIDEO
UN ÎLOT DE PAIX INTERCONFESSIONNELLE
Joal-Fadiouth, avec ses 8000 habitants, est un laboratoire de tolérance et de respect mutuel. Dans ce lieu, les différences de foi ne sont pas des barrières, mais des ponts. Chrétiens et musulmans célèbrent ensemble la vie et partagent leur dernier repos
Au large des côtes sénégalaises, l'île de Joal-Fadiouth brille comme un phare d'espoir. Ce petit paradis de 8000 âmes incarne une vision rare du vivre-ensemble, où musulmans et chrétiens tissent une tapisserie sociale harmonieuse.
Le symbole le plus marquant de cette union ? Un cimetière mixte, où les défunts de toutes confessions reposent côte à côte, témoignant d'une fraternité qui transcende la mort. Dans les rues parsemées de coquillages, les fêtes religieuses sont célébrées collectivement, effaçant les frontières entre les communautés.
Pourtant, ce havre de paix n'est pas à l'abri des remous politiques. Les débats récents sur le port du voile à l'école ont fait trembler les fondements de cette entente cordiale. Les habitants, conscients de la fragilité de leur trésor, s'efforcent de préserver leur modèle de coexistence.
Fadiout incarne ainsi un défi audacieux : celui de maintenir vivace un idéal de tolérance dans un pays laïc mais majoritairement musulman.
par Ndiaga Loum et Ibrahima Sarr
MOMAR-COUMBA DIOP, LE MISSIONNAIRE LAÏC
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre souhait ardent est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair
Ndiaga Loum et Ibrahima Sarr |
Publication 21/08/2024
« Vivant, je veux bien être modeste, mais mort, il me paraît naturel qu’on reconnaisse mon génie... » - Michel Audiard
Quarante jours déjà que Momar-Coumba Diop a été mis en terre. Sa disparition a été un choc brutal pour sa famille biologique et sa « famille très étendue », selon les termes de son ami Jean Copans dans la préface de l’ouvrage Sénégal 2000-2012. Les institutions et politiques publiques à l’épreuve d’une gouvernance libérale (Karthala, 2013, 836 p.). Le vendredi 19 avril dernier, comme à son habitude, Momar nous envoya une photo prise par son ami Charles Becker, à l’issue d’un déjeuner dans un restaurant parisien, vers Port Royal-Bertholet, et sur laquelle il était en compagnie de Robert Ageneau, le fondateur des éditions Karthala, devenu son ami depuis leur première rencontre en 1989. Sur l’image, Momar nous semblait en pleine forme. Et nous étions loin d’imaginer que l’irréparable allait se produire quelques semaines plus tard. Lorsqu’à partir du 28 mai dernier nous n’avions plus de ses nouvelles, nous avions pensé qu’il lui était arrivé quelque chose car Momar ne restait pas une journée sans faire signe.
Nous discutions quotidiennement avec lui de la situation politique nationale, surtout avec la crise qui a opposé depuis mars 2021 le pouvoir central et l’opposition dite « radicale ». L’avenir du Sénégal le préoccupait au plus haut point. La décision du président Macky Sall de reporter la présidentielle de février-mars 2024, à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, menaçait sérieusement la stabilité du pays. Dans ce contexte préélectoral, le pays est resté debout à l’issue de cette rude épreuve, surtout grâce au Sénégal laïc et citoyen célébré par Pathé Diagne dans Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le sopi à l’épreuve du pouvoir (Paris, Karthala, 2013, 840 p.), ouvrage publié sous la direction de Momar. Ce Sénégal laïc et citoyen, qui avait fait échec à la tentative du président Wade d’exercer un troisième mandat, a cette fois-ci fait face à la pression de grande envergure exercée par le président Macky Sall. L’alternance du 24 mars 2024 traduisait un rejet de ce dernier et de ses hommes, mais aussi de l’opposition classique. Elle marquait également ce que Pathé Diagne a appelé « la fin du cycle senghorien ». Cette alternance enthousiasma Momar. C’est parce qu’il souhaitait surtout une transformation qualitative des conditions de vie des Sénégalais. Et le rêve lui semblait permis.
Nous avons connu Momar à la fin de nos études doctorales grâce à notre ami, l’archéologue Ibrahima Thiaw de l’IFAN. Nous connaissions bien les travaux de Momar. Notre ami Thiaw estimait qu’il nous fallait collaborer avec Momar et bénéficier de ses conseils avisés. Ce que ce dernier accepta de bon cœur. Ainsi, nous avons vécu avec Momar près d’une vingtaine d’années de compagnonnage. Nos relations avaient fini par déborder le cadre de la recherche pour devenir amicales voire fraternelles.
Nous appartenons aux sciences de l’information et de la communication considérées comme une « inter-discipline » car situées au carrefour des sciences humaines et sociales auxquelles elles empruntent leurs concepts et leurs méthodes. Nos objets sont ceux des médias et de la culture. Nous privilégions une démarche pluridisciplinaire pour les analyser. L’interrogation d’une part de leurs conditions de production et d’émergence, et d’autre part des conditions de leur réception nous autorise à faire appel à la sociologie, à l’histoire, au droit, à la sémiotique, et à l’anthropologie, notamment celle des mondes contemporains chère à Marc Augé. Nous procédons donc à une traversée des disciplines que nous retrouvons non seulement dans les travaux de Momar, mais aussi dans les ouvrages collectifs qu’il a dirigés.
Le début d’une aventure
Après son recrutement à l’Université de Dakar, en 1981, Momar porta sur les fonts baptismaux un groupe de recherches, avec ses amis de la Faculté des Lettres et Sciences humaines comme les historiens Mohamed Mbodj, Mamadou Diouf et Babacar Diop dit « Buuba », les philosophes Souleymane Bachir Diagne et Aminata Diaw, les géographes Latsoucabé Mbow et Paul Ndiaye, le juriste Tafsir Malick Ndiaye et l’économiste François Boye. Leur aspiration, comme Momar l’a rappelé souvent dans ses écrits, était de forger une autonomie intellectuelle, d’être à même d’influencer les orientations, l’écriture et le déroulement des travaux menés sur le Sénégal. Ils avaient surtout bénéficié de l’appui de leurs aînés Boubacar Barry et Abdoulaye Bathily du Département d’Histoire. Leur rencontre avec (le défunt) Thandika Mkandawire, à l’époque directeur exécutif du Codesria, a été une étape importante dans le cheminement intellectuel et professionnel de Momar et de ses amis. En leur ouvrant les portes de son institution, Thandika Mkandawire leur a permis d’accéder à des travaux novateurs, de découvrir d’autres traditions de recherches et d’engager des confrontations scientifiques avec des chercheurs de l’Afrique francophone et de l’Afrique anglophone. Momar a toujours insisté sur le fait que si certains membres de ce groupe n’avaient pu terminer leurs thèses d’État ou avaient renoncé à les rédiger – une étape pourtant importante pour gravir de nouveaux échelons dans la hiérarchie universitaire - c’est parce qu’ils étaient engagés corps et âme dans leur agenda de recherches.
Ce groupe a publié en 1992, sous la direction de Momar, Sénégal. Trajectoires d’un État (Dakar, Codesria, 501 p.), un ouvrage axé sur une histoire économique et sociale du Sénégal, traduit en anglais sous le titre Senegal. Essays in statecraft (Dakar, Codesria, 1993, 491 p.). Mais Momar s’était déjà révélé en 1990 à travers la publication, avec son ami Mamadou Diouf, de Le Sénégal sous Abdou Diouf (Paris, Karthala, 1990, 439 p.) consacré au Sénégal post-senghorien. Momar remit ça en 1994 avec deux ouvrages collectifs : Le Sénégal et ses voisins (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 326 p.) et La crise de l’agriculture africaine (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 149 p.). Suit en 1999 Les figures du politique en Afrique. Des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus ((Paris-Dakar, Codesria/Karthala, 444 p), co-édité avec Mamadou Diouf, et qui constitue une somme de travaux sur les systèmes de transfert du pouvoir en Afrique.
Après l’exil aux États-Unis d’Amérique de ses amis Mohamed Mbodj, François Boye, Mamadou Diouf et Souleymane Bachir Diagne, Momar sentit la nécessité de renouveler son groupe de recherches en faisant appel à de jeunes chercheurs. Au début des années 2000, il élabora un projet intitulé « Sénégal 2000 » dont l’objectif était de montrer, à partir de divers territoires de recherche, les changements et ruptures que le Sénégal a connus aux plans politique, socio-culturel et économique entre 1960 et 2000.
Momar se distingua par ce que Jean Copans a qualifié d’« activisme éditorial ». Nous ne pouvons énumérer ici la longue liste d’ouvrages collectifs publiés sous sa direction. Nous pouvons néanmoins en citer quelques-uns. En 2002, Momar a co-édité La construction de l’État au Sénégal (Paris, Karthala, 2002, 231 p.) avec Donal Cruise O’Brien et Mamadou Diouf. En outre, les résultats du projet de recherche « Sénégal 2000 » sont publiés en trois volumes par les éditions Karthala : Le Sénégal contemporain (Paris, 2002, 656 p.), La société sénégalaise entre le local et le global (Paris, 2002, 723 p.) et Gouverner le Sénégal (Paris, 2004, 301 p.).
Un passeur de connaissances exceptionnel
En 2004, Momar fonda avec un groupe d’amis - constitué entre autres de Charles Becker, Ousseynou Faye, Ibrahima Thioub, Ibou Diallo, Alfred Inis Ndiaye et Ndiouga Adrien Benga - le Centre de recherche sur les politiques sociales (Crepos). Un centre qu’il dirigea de manière bénévole jusqu’en 2009. Le Crepos lui a rendu hommage à travers l’ouvrage Comprendre le Sénégal et l’Afrique d’aujourd’hui. Mélanges offerts à Momar-Coumba Diop (I. Thioub et al., Paris, Karthala, 2023, 720 p.).
Les relations de Momar avec ses jeunes collègues et amis étaient surtout empreintes de respect et d’estime. Il jouissait d’une forte personnalité et faisait montre d’une grande intransigeance sur les questions d’éthique ou de morale. Il tenait aussi à sa liberté comme à la prunelle de ses yeux. Son agenda de recherches n’était pas inspiré ou dicté par une institution publique ou privée sénégalaise ou par une fondation étrangère. En outre, comment parler de Momar sans évoquer sa pudeur, sa discrétion légendaire, et sa grande modestie. Lorsque nous le félicitâmes, après la parution des « Mélanges », il nous remercia pour nos contributions respectives, en ajoutant : « J’essaie tout simplement de rester fidèle à ma fonction de missionnaire laïc ». Tel était Momar, loin du culte du moi, préférant les arias légers aux symphonies bruyantes, et toujours au service des autres.
Momar était un passeur de connaissances exceptionnel. Il tenait absolument à assurer la relève et consolider l’héritage scientifique africain et sénégalais. Il savait créer les contacts avec les grands éditeurs pour le compte des plus jeunes chercheurs et assurait personnellement le suivi éditorial. Sa rigueur scientifique était telle qu’aucun détail de forme ou de fond n’échappait à sa vigilance. Cette générosité intellectuelle spontanée, vraie, sincère est une source d’inspiration, mieux, une école de vie pour nous, ses jeunes frères. Nous ne pourrons rien faire sur ce plan qui pourrait égaler son investissement, son engagement, mais nous avons le devoir moral d’essayer de suivre son exemple pour honorer sa mémoire.
Comme le souligne avec raison notre collègue Abdourahmane Seck, dans un témoignage intitulé « Une lettre à ma nièce... », publié dans les « Mélanges » offerts à Momar, nous devons à ce dernier « une dette impossible à rembourser ». Momar nous a fait l’honneur de nous intégrer dans sa « famille très étendue ». Il nous coopta également dans l’équipe devant participer à la réédition de l’ouvrage Le Sénégal et ses voisins, projet qu’il n’a pu hélas boucler.
Cet intellectuel magnifique était notre ami. Nous tenons à lui rendre un hommage mérité. Ne soutenait-il pas, avec Mamadou Diouf, à travers une contribution intitulée « Amady-Aly Dieng. La trajectoire d’un dissident africain » [publiée en avril 2007 dans la presse quotidienne dakaroise, pour exalter le « Doyen », après que ce dernier a offert sa bibliothèque à l’Université Cheikh Anta Diop] que « la communauté universitaire doit honorer ses membres les plus éminents car l’hommage aux créateurs est une manière de constituer une communauté solide de chercheurs ». Dieu fasse que Momar puisse continuer à nous inspirer. Notre souhait ardent, à travers ce témoignage, est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair qui a su faire briller l’UCAD, l’IFAN et donc le Sénégal, partout où la science sans frontière a pu se rendre.
Ndiaga Loum, UQO (Canada)
Ibrahima Sarr, CESTI-UCAD (Sénégal)
SIDY DIOP PLACÉ SOUS MANDAT DE DÉPÔT
Il avait été interpellé lundi 19 août lors d’un contrôle de routine alors qu’il conduisait sa nouvelle voiture. Le gendarme lui a demandé les documents afférents à la conduite du véhicule. Mais il n’a pu présenter aucun papier.
iGFM - (Dakar) Le chanteur Sidy Diop, arrêté pour conduite sans permis, a été placé sous mandat de dépôt.
Il avait été interpellé lundi 19 août lors d’un contrôle de routine alors qu’il conduisait sa nouvelle voiture. Le gendarme lui a demandé les documents afférents à la conduite du véhicule, notamment son permis de conduire et l’assurance.
Cependant, selon l'Observateur, Sidy Diop n’a pu présenter aucun des deux documents. L’agent a alors estimé nécessaire de le conduire à la Brigade, car ces deux manquements constituent des infractions à la loi pénale.
Le procès est prévu lundi prochain devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.