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24 novembre 2024
Culture
L'ÉCRITURE-FEMME, UN GENRE QUI S'AFFIRME
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée fracassante des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique. On peut dire que la littérature féminine au Sénégal a définitivement trouvé sa place.
Le genre a-t-il sa place dans la littérature ? Écriture féminine ou écriture masculine, où se situe la différence ? Pour l’artiste et réalisatrice Laure Malécot, « qualifier une écriture de féminine revient à dire que les femmes écrivaines mettent l’accent sur des problèmes qui touchent leur genre. » L’écriture est donc féminine parce que les écrivaines traitent de sujets qui ont trait à leur corps, leur statut de femme dans la société ou encore leur rôle de mère. Rahmatou Seck Samb, auteure du livre « Fergo, tu traceras ta route » publié aux Editions Abis, disait à ce propos, dans un court article paru dans le site Dakar-Echo.com : « Notre littérature de femme porte toujours la part de notre sensibilité. Le destin de nos œuvres portera les stigmates de notre condition ». Cette pensée fait écho à Mamadou Samb, l’auteur du roman « L’écharpe des jumelles », publié par Teham Editions. Cet ancien conseiller technique au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance perçoit « l’écriture féminine comme une écriture de l’intérieur ». Il justifie son opinion en expliquant que cette écriture se saisit des thèmes en rapport direct avec la vie des femmes au quotidien, notamment sa vie de couple, sa relation avec sa belle-famille, l’éducation de ses enfants, sa conception de la famille, des violences conjugales subies. « Ceci s’explique par le fait que les femmes ont longtemps été confinées dans une vie d’épouse et de femmes au foyer. Pendant ce temps, les hommes affrontaient le monde extérieur », complète Mamadou Samb.
Toutefois, la réalisatrice Laure Malécot veut éviter d’enfermer la littérature dans un genre. « Le propre d’un écrivain est de savoir se mettre à la place d’autrui, quel que soit son genre », soutient-elle. Elle croit que le plus important dans la littérature, c’est que la personne qui écrit arrive à refléter une part de sa société à travers les émotions qui la traversent. Malgré tout, Laure Malécot reconnaît qu’une sensibilité particulière se dégage à la lecture d’un roman écrit par une femme. Cela étant, la plume féminine est pleine d’empathie et d’émotions. Prenons l’exemple de l’œuvre de Aminata Sow Fall, « La grève des bàttu », publiée aux éditions Présence Africaine. Dans ce célèbre roman, Aminata Sow Fall raconte la dimension sociale et religieuse de l’aumône et la place des mendiants au Sénégal. Ces mendiants souvent méprisés et ignorés sont utiles à une partie de la population sénégalaise puisqu’ils leur donnent la possibilité d’accomplir leur devoir social et religieux.
SENSIBILITÉ FÉMININE
Aminata Sow Fall montre la place de ces « petits », de ces « invisibles » quand il s’agit d’éloigner un éventuel malheur à travers l’aumône. Sous la plume de cette romancière, une empathie s’exprime. Cette sensibilité féminine se retrouve également chez Mariama Bâ, l’auteure de « Une si longue lettre » publié aux Neas (Nouvelles éditions africaines du Sénégal). Ce roman aborde avec lucidité le statut des femmes au Sénégal. À travers un échange épistolaire entre Ramatoulaye et Aïssatou, deux amies de longue date, défile tout un pan de la société sénégalaise : le poids des traditions, la vie de couple, la polygamie, le divorce, le veuvage, l’autonomie de la femme. « Une si longue lettre » est un roman dur et émouvant à la fois où se mêlent chagrin et espoir. L’espoir d’une société sénégalaise où la femme sera plus libre, plus autonome et capable de prendre son destin en main. C’est le sentiment d’Amina Seck, l’écrivaine du roman « Mauvaise pente » : « Il n’y a qu’une femme pour écrire un livre aussi poignant sur la condition de la femme. Mariama Bâ a été précurseur. Elle a ouvert la voie à une nouvelle génération d’écrivaines à laquelle j’appartiens. » Dans tous les cas, ces écrivaines ont une sensibilité sociale plus affirmée. Quant à Laure Malécot, elle ne croit pas à une écriture féminine, mais penche plutôt pour une écriture féministe et féminisante. C’est-à-dire une écriture qui milite pour les droits des femmes et pour l’amélioration de leurs conditions dans la société. Car, selon elle, tout le monde peut s’y retrouver : « Il y a beaucoup d’hommes qui écrivent en faveur des femmes. » Les hommes et les femmes sont similaires. Ce sont les clichés qui les séparent. Elle ajoute : « Parfois, le regard du genre opposé est important pour se construire. L’avis des hommes sur les femmes est tout aussi utile que l’avis d’une femme sur un homme ou d’un homme sur une femme. »
Dans le même ordre d’idées, Ghaël Samb Sall, éditrice à la maison d’édition « Vives voix », croit qu’il n’y a pas lieu de parler d’écriture féminine ou masculine. « Il n’y a que des auteurs et des styles. C’est cela le plus important », observe-t-elle. Fatou Warkha Sambe, écrivaine et réalisatrice, pense l’écriture comme une particularité individuelle : « Une écrivaine est différente d’un écrivain du fait qu’elle écrit depuis une position sociale bien donnée, depuis un vécu ». Aboubacar Demba Cissokho, journaliste culturel à l’Agence de presse sénégalaise (Aps) croit qu’il y a « une différence de sensibilité selon qu’on soit homme ou femme. »
De l’utilité d’une écriture féminine
Andrée Marie Diagne-Bonané, auteure de « La fileuse d’amour » édité par L’Harmattan Sénégal, va plus loin dans le concept. L’écriture féminine est, pour elle, « un moyen pacifique de dénoncer les violences sexuelles et sexistes ou de parler des traumatismes des femmes comme l’excision ». « Une femme qui écrit sort du silence. Car elle parle en son nom et au nom de celles qui ne peuvent pas écrire », poursuit-elle.
La littérature sénégalaise fut longtemps masculine. Il faut attendre les années 70 pour assister à une irruption de femmes écrivaines sénégalaises dans le milieu littéraire. Mariama Bâ et Aminata Sow Fall ont été les modèles. Mariama Bâ, à travers son roman épistolaire « Une si longue lettre » et Aminata Sow Fall avec « Le revenant », tous deux publiés par les Neas. Ces deux femmes de lettres ont non seulement fait souffler un vent nouveau sur les lettres sénégalaises, mais elles ont également ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffrée une nouvelle génération de romancières. On peut citer Nafissatou Diallo, Ken Bugul, Sokhna Benga, Fatou Diome, Nafissatou Dia Diouf. La particularité de cette génération, c’est d’avoir apporté un regard nouveau sur la littérature sénégalaise. De l’autobiographie à la fiction, chacune d’elles a marqué de son empreinte un style nouveau, une subtilité nouvelle, en un mot une empreinte féminine. Grâce à leurs œuvres, la littérature féminine a définitivement trouvé sa place dans le paysage littéraire sénégalais.
JOURNÉE D’HOMMAGE AU DRAMATURGE ET ÉCRIVAIN CHEIK ALIOU NDAO
Un hommage va être rendu au dramaturge et écrivain Cheik Aliou Ndao à la veille de ses 90 ans. L’évènement aura lieu le 18 janvier prochain à la Maison de la Culture Douta Seck
Un hommage va être rendu au dramaturge et écrivain Cheik Aliou Ndao à la veille de ses 90 ans. L’évènement aura lieu le 18 janvier prochain à la Maison de la Culture Douta Seck.
Après l’hommage rendu à l’autrice Feue Mame Younouss Dieng, l’Association « Fonk Sunuy Làmmiñ, va mettre en lumière Cheik Aliou Ndao, autre grande figure de la culture. Personnalité marquante de l’Éducation et de la Culture, pédagogue et écrivain, défenseur et militant des langues et cultures africaines, Cheik Aliou Ndao a sa place au « Panthéon » des grands hommes. Le collectif entend lui « rendre hommage et le remercier pour toute son action. »
Au programme de cette journée d’hommage, Il est prévu plusieurs activités. Une table-ronde sur la production de l’homme, comprenant les différents genres littéraires que sont : romans, nouvelles, poésie, théâtre, essais, contes et livres pour enfants. Une exposition d’ouvrages en langues nationales, dont les publications de Cheik Aliou Ndao, la diffusion d’une vidéo/ portrait documentaire. Le livret consacré à l’homme et l’œuvre, dont la Direction du Livre et de la Lecture (DLL) a déjà pris en charge la réalisation, sera présenté.
« Cheik Aliou Ndao a su allier une riche carrière professionnelle et une impressionnante production littéraire » magnifient les organisateurs de l’hommage.
Après des années d’expérience dans l’enseignement, notamment comme professeur d’anglais, Cheik Aliou Ndao né à Bignona en 1933, a intégré la haute administration au ministère des Affaires culturelles avant d’être nommé au poste de conseiller technique à la Primature d’abord et à la Présidence de la République ensuite. Ndao a la particularité d’avoir proposé une littérature d’une égale consistance en français et en wolof. Dans chacune de ces deux langues, il s’est illustré par une production touchant à tous les genres, notamment la poésie, le roman, la nouvelle, le théâtre et l’essai. C’est à ce titre qu’il a reçu en 2012 le Grand Prix du Président de la République du Sénégal pour les Lettres. Cette distinction généralement destinée à récompenser une publication couronnait cette fois-ci et exceptionnellement l’ensemble d’une œuvre.
Le collectif Fonk Sunuy Làmmiñ qui regroupe des associations et des institutions, des femmes et des hommes (écrivains, enseignants, chercheurs, journalistes et autres militants des langues nationales) résolument engagés dans la promotion des langues nationales, entend rendre hommage a toutes celles et a tous qui ont, par leurs productions et par leurs actions, œuvré pour la valorisation de nos langues et cultures
« Les langues véhiculent nos riches patrimoines culturels, mais aussi comme langues d’enseignement, d’éducation et de formation, de développement économique et social » rappelle le collectif.
Au delà des cérémonies en hommage aux personnalités de la culture, l’action du collectif passe par diverses manifestations telles que des séances gratuites d’alphabétisation, la correction des transcriptions fautives notées dans l’écriture notamment du wolof sur les panneaux publicitaires, à la télévision, dans la presse écrite, dans les partis politiques et l’organisation de rencontres de vulgarisation de la production littéraire en langues nationales.
COMMENT DIT-ON « GÉNOCIDE » EN WOLOF ?
Boubacar Boris Diop a prononcé le discours d’ouverture suivant devant un public nombreux à l’Université de l’Oklahoma lors du Neustadt Lit Fest 2022 (24-26 octobre 2022)
Boubacar Boris Diop a prononcé le discours d’ouverture suivant devant un public nombreux à l’Université de l’Oklahoma lors du Neustadt Lit Fest 2022 (24-26 octobre 2022), qui a également été diffusé en direct aux participants de plus de quarante pays, de l’Albanie à l’Ouzbékistan.
Dans cette histoire-là, l'orpheline à peine sortie de l'adolescence s'appelle Youmané. J'aime tant ce nom que je me demande aujourd'hui encore si je ne l'ai pas inventé moi-même. Je n'écoutais en effet pas passivement la conteuse, mes vives réactions faisaient partie intégrante du déroulement de son récit. Youmané, donc. Sa mère lui a interdit d'aller aux séances de tam-tam nocturnes mais l'appel du rythme la rend quasi folle et elle s'y rend en secret chaque soir, "quand la terre est froide" comme disait joliment la conteuse. Youmané ne se rend juste pas compte qu'elle est le seul être humain normal dans une assemblée d'êtres surnaturels, les "Djinns". Elle y noue une idylle avec un jeune homme, bien évidemment beau en diable. Et ce qui ne devait pas arriver arriva : elle tomba enceinte. Mais comment fait-on pour raconter leur torride relation charnelle à des enfants de huit ou neuf ans ? Je me souviens encore avec un petit sourire amusé de la petite merveille narrative de la conteuse : chaque nuit, disait-elle, un vent violent soulevait la robe de Youmané sur le chemin du retour chez elle. Rien de plus. Mais au bout de quelques coups de vent qui étaient en réalité de sauvages coups de reins, elle tombait enceinte !
Que se passait-il ensuite ? Si Youmané a été punie par sa mère ou si son enfant a plus tard conquis des royaumes, je n'en sais à vrai dire rien. Et pour être franc, c'est parce que cela ne m'intéressait pas du tout. J'ai seulement en mémoire les battements de mon cœur lorsque j'imaginais Youmané seule au mileu de ces Djinns aux faces tordues ou, pis encore, triangulaires, prêts à boire son sang à chaque instant. Le fait est que des innombrables fables que j'ai entendues dans ma prime enfance, il ne me reste que de vagues impressions au sens littéral du terme, le souvenir fragile de couleurs bleu-de-nuit ou grises comme sur un tableau et, dans cet abîme de formes enchevêtrées, des êtres vulnérables face aux éléments déchaînés. Et soit dit au passage, ces êtres apeurés étaient souvent des jeunes femmes, comme dans le conte du "Bracelet de soleil" que je crois bien avoir repris sous une forme ou une autre dans la plupart de mes romans. Ce que j'ai appris très tôt avec ces histoires, c'est à quel point ce qui se passe dans un récit, son contenu en somme, est accessoire, que l'on peut bien arrêter de lire un roman avant d'arriver à sa dernière page, après une bonne provision de fulgurances narratives, que ceux qui demandent qu'on leur résume Anna Karénine - ou n'importe quelle autre grande fiction - ne savent peut-être pas au fond ce qu'écrire veut dire.
Pour une raison ou une autre - serait-ce du reste là une règle universelle ? - le conte ne pouvait êrre dit que la nuit. Cela rendait plus vrai et inquiétant cet univers fantastique auquel je me suis familiarisé bien avant la lecture de Kourouma ou d'Amos Tutuola et plus tard des auteurs latino-américains de Rulfo à Cortazar, Marquez ou Sabato, ce dernier étant un de mes auteurs préférés. Cela veut dire que le "réalisme magique" ne m'a pas vraiment impressionné : à Macondo, j'étais en terrain connu.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces contes ont été pour moi, avant même l'école qui m'avait initié aux mystères de l'alphabet, le meilleur atelier d'écriture romanesque. L'aura de ces histoires fantastiques tenait en grande partie à une certaine impénétrabilité. Le sens en était tout entier dans une sorte d'orgie sonore et dans une puissance d'évocation qui leur donnait de la profondeur. Je crois bien que si je ne m'étais pas si souvent égaré dans le dédale des paroles de la conteuse, je n'aurais pas eu plus tard tant de plaisir à relire encore et encore des ouvrages totalement hermétiques. Je ne me suis jamais senti vexé de n'avoir pas pu accéder au " message" - mot horrible entre tous... - d'un auteur. En vérité, beaucoup de textes ne m'étaient et ne me sont toujours un délice que par leurs vibrations et parce qu'ils virevoltaient, si j'ose dire, dans tous les sens. Il n'est pas étonnant que j'aie choisi de faire de Khadija, l'héroïne de mon troisième roman, Le Cavalier et son ombre, une conteuse hors pair.
Quelques années avant ces fables entendues dans la ville de Thiès, la Médina où j'étais né avait été mon école de la vie. Ou de la rue, car l'on y vivait dehors par la force des choses. Seul le recul me permet de me rendre compte aujourd'hui que c'était un bidonville d'une pauvreté crasse comme le sont de nos jours certaines zones périphériques de la ville. Adolescent, je ne ressentais nullement la misère de ce lieu d'une glorieuse modernité, à l'origine de toutes les modes. Dans Doomi Golo, la Médina s'appelle Niarela. S'y côtoyaient les plus brillants esprits, médecins et avocats, artistes et surtout sportifs, en particulier certains de ceux qui restent aujourd'hui encore les figures de légende du football et du basket-ball au Sénégal. Elle était mitoyenne du quartier européen du Plateau et n'hésitait pas à le toiser, bien qu'on fût à l'époque coloniale. Entre les deux, avait été construite Rebeuss, la plus grande prison du pays - qui s'y trouve encore - et où faisaient de fréquents séjours certains de nos aînés si prompts à défier la loi, surtout la loi des Toubabs. L'un d'eux était Yadikone, le "Bandit d'Honneur" immortalisé hors-caméra par le grand réalisateur Djibril Diop Mambety. La Medina était aussi, bien entendu, le théâtre d'affrontements épiques entre les "Rouges" de la SFIO de Lamine Guèye et les "Verts" de Senghor, poète bien plus progressiste - ou moins réactionnaire - que son rival "socialiste" d'alors, mon grand-oncle maternel, soit dit au passage. Senghor a du reste fini par devenir le Père de l'Indépendance du Sénégal et son premier président. Le pays aurait peut-être pu trouver mieux mais ça, c'est une autre histoire...
C'est là qu'est né le "Culture et Loisirs Club". J'en étais un des fondateurs avec les frères Bèye, les jumeaux Assane et Ousseynou, Ben Diogaye Bèye devenu cinéaste de renom, feu Assane Preira et enfin Babacar Mbow le Maître de Ndem, alias "Chacun" et aujourd'hui une grande figure de la spiritualité mouride. Nous avions près de la Corniche un ciné-club où nous disséquions des heures durant les tout premiers films africains, tous des court-métrages, à l'exception de La Noire de... de Sembène Ousmane, père du cinéma africain dont le film Borom Saret a été plusieurs fois au centre de nos débats, tout comme Afrique-sur-Seine de Paulin Soumanou Vieyra, Sarzan de Momar Thiam et un de nos favoris Et la neige n'était plus... de Ababacar Samb Makharam.
Cependant nos activités les plus importantes tournaient autour des livres. Si j'y ai découvert La plaiede Malick Fall, Les bouts-de-bois-de-Dieu de Sembène, L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane ou Kocoumbo, l'étudiant noir d'Aké Loba, notre événtail de lecture allait au-delà de l'Afrique. Nous avons lu en des séances collectives parfois houleuses L'étranger de Camus ou tel autre classique français ; le nom du Grégoire Samsa de La métamorphose de Kafka revenait souvent dans nos blagues. Je me souviens aussi que l'un d'entre nous, Ousseynou Bèye, à ce jour un de mes meilleurs amis, aimait répéter le fameux "Heureusement, on peut agir..." du Chen de La condition humaine d'André Malraux. Nous organisions aussi des discussions sur l'économie et la politique. J'apprendrai plus tard que notre goût précoce pour les échanges sur les affaires de la cité avait attiré l'attention d'une formation communiste clandestine qui nous envoyait régulièrement l'un ou l'autre de ses recruteurs. Pour couronner le tout, nous avions créé un journal - ronéotypé, il va de soi - appelé "Le bourgeon". J'en avais moi-même trouvé le titre dans un article du poète David Mandessi Diop disparu dans un crash aérien au large de Dakar à l'âge de 33 ans, texte où il écrivait ceci : "La littérature est l'expression d'une réalité en mouvement, elle part de la réalité, la capte, saisit ce qui n'est que bourgeon et l'aide à mûrir..."
En y repensant, je suis ahuri que nous ayons pu faire tant de choses à un si jeune âge...
Il n'est en revanche pas étonnant que j'aie écrit mon premier roman, La cloison, autour de la seizième année. À la main, bien évidemment, avec l'application de l'adolescent timide et affreusement bègue que j'étais. J'y racontais l'amitié entre le collégien sénégalais Kader Cissé et son condisciple français Lucien Gercet. Tous deux, de condition très modeste, fréquentaient le même lycée Van Vollenhoven, majoritairement Blanc, où j'avais moi-même subi des discriminations de la part des profs et surtout d'un certain monsieur... Luc Nègre. La cloison dénonçait donc vaillament le racisme et sa fin était d'une consternante naïveté : la "cloison", symbole de la division entre deux races, prenait feu de manière spectaculaire et les deux jeunes gens étaient réconciliés à tout jamais par cette tragédie qui les mettait l'un en face de l'autre. Je n'avais pas écrit plus de deux cents pages juste comme ça, sans savoir où j'allais : je prétendais être publié comme tous les grands auteurs que j'avais eu tant de plaisir à lire et relire. Envoyé par la poste, le plus sérieusement du monde, à "Présence africaine", en ce temps-là l'éditeur parisien de référence pour tout le monde, le manuscrit m'avait valu une lettre-standard de refus signée par un certain Jacques Howlett. D'ailleurs le nom de ce dernier est la seule chose dont je me souvienne vraiment à propos de cette mise à feu ratée.
Très vite après est arrivé le temps où, à la Fac de Lettres, il fallait se taper les classiques du marxisme et se décider clairement entre Mao, Tito, Staline, Trotsky voire un peu plus tard Enver Hodja. Cela n'empêchait heureusement pas de lire Cheikh Anta Diop, Frantz Fanon, Mongo Beti, Amilcar Cabral et Aimé Césaire. Bien au contraire, tous ces auteurs allaient bien ensemble.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette période, y compris à propos du Club Frantz Fanon fondé dans un autre quartier dakarois où avait déménagé ma mère. Le plus important dans ces années ardentes, ça a été mes lectures en solitaire. Le centre culturel américain m'a permis à l'époque de lire tout Steinbeck mais aussi des romanciers comme Erskine Caldwell, Lumière d'août de Faulkner et Native Son de Richard Wright. Au centre culturel français, j'ai découvert et lu tout Sartre à l'exclusion de ses massifs et arides traités philosophiques. J'en étais d'ailleurs arrivé à me déclarer "existentialiste" quand mes camarades en pinçaient grave pour le marxisme et à choisir comme nom de plume celui du Boris Serguine de la trilogie sartrienne Les chemins de la liberté.
Je m'étais entiché comme presque tout le monde de la littérature latino-américaine au point d'écrire dans mon premier roman Le temps de Tamango, que "Cent ans de solitude est le chef-d'œuvre absolu de la littérature universelle." Enthousiasme juvénile mais qui disait bien le choc émotionnel que m'avait causé le livre de Garcia-Marquez. Je serais bien plus mesuré aujourd'hui !
Toutes ces lectures et toutes ces activités, souvent extrêmement précoces, s'intégraient au parcours classique d'un auteur "francophone".
Il y a eu cependant un coup d'arrêt à partir de 1998. C'est l'année où je me suis rendu pour la première fois au Rwanda avec un groupe d'auteurs de différents pays africains pour y constater l'ampleur des dégâts causés par le génocide contre les Tutsi et, si tel était notre désir, en témoigner dans une œuvre de fiction. Cette singulière intitiative d'écrivains allant opérer sur le terrain d'une massive tragédie contemporaine avait été baptisée : "Rwanda : écrire par devoir de mémoire". L'expérience m'a peu à peu amené à faire du génocide des Tutsi au Rwanda le centre de ma réflexion et à privilégier ma langue maternelle dans la création littéraire. En somme : à trouver les mots pour dire en wolof un génocide qui avait complètement bouleversé mon champ mental.
De fait, Le Cavalier et son ombre, évoqué un peu plus haut, est le premier livre où je parle du génocide au Rwanda. Il avait eu lieu quatre ans plus tôt et, n'ayant jamais daigné m'y intéresser, j'y voyais, avec la désinvolture typique des auteurs de ma génération, un désastre africain "de plus". J'étais si ignorant des faits réels survenus entre avril et juillet 1994 au Pays des Mille Collines que mon récit confondait allègrement bourreaux et victimes. Les chefs des camps de l'ex-Zaïre que j'y dépeignais en héros étaient en fait les génocidaires qui venaient de s'enfuir du Rwanda après y avoir commis les pires atrocités. L'épisode occupe certes une infime place dans le roman mais c'était tout de même bien embarrassant, au vu de l'importance historique de l'événement. Le génocide de 1994, c'était au moins dix mille morts par jour pendant cent jours et sans un seul jour de répit pour les Tutsi machetés, brûlés vifs, jetés vivants dans des fosses d'aisance ou délibérément infectés par le virus du sida. Un malheur gigantesque s'était abattu sur un petit pays d'Afrique et quatre ans plus tard je continuais à le lire à l'envers. En creusant un peu, je me suis aperçu que si les tragédies africaines se répétaient avec une sinistre régularité, c'est parce que nous ne savions ni les prévoir ni même simplement accepter de les voir pendant qu'elles mettaient des villes entières à feu et à sang.
Comment ne pas se remettre en question après un tel constat ? Je ne voulais plus me laisser piéger par les vieux stéréotypes faisant de l'Afrique une terre assoifée de sang et où l'on se massacre, presque sans raison, depuis la nuit des temps. Voilà pourquoi Murambi, le livre des ossements est de loin mon livre le plus documenté. Pour l'écrire, j'ai lu ou visionné tout ce que je pouvais trouver sur l'histoire du Rwanda. J'ai discuté avec les survivants et avec les tueurs dans leurs prisons. Il en a résulté une moisson de faits que j'ai tenu à exploiter avec beaucoup de prudence. Jai par exemple évité que la description fidèle de certains actes de barbarie n'incite le lecteur à voir dans tout mon récit de la pure invention. La lancinante question de savoir si on peut écrire de la fiction sur un génocide est ici reposée : quel lecteur pourrait bien, en effet, croire des horreurs proprement incroyables ? C'est du reste pour cette raison que tout roman sur le génocide n'a de cesse de nier d'être un roman. J'ai écrit Murambi, le livre des ossement en veillant à rester un ton en dessous et ce n'est pas donc pas un hasard s'il est plus accessible que tous mes autres livres, des Tambours de la mémoire aux Traces de la meute. Écrire dans l'odeur de la mort fait vite passer l'envie des élégants jeux de piste et de miroir. Ces "signatures" d'une esthétique romanesque d'avant-garde à laquelle j'étais si attaché avant le Rwanda, m'ont soudain semblé bien dérisoires face à tant de souffrances humaines. Si j'avais fait l'éloge des assassins réfugiés au Congo, c'était à cause de telles pirouettes d'écriture : on ne m'y reprendrait plus.
Pareille expérience peut faire perdre à n'importe qui son innocence : au-delà de la littérature - je sais que je n'écris plus de la même manière depuis la parution de Murambi - j'ai voulu comprendre ce qui était arrivé.
J'ai en particulier découvert que c'est pour défendre le rayonnement de sa langue que l'Etat français s'est impliqué dans ce génocide de façon résolue et active aux côtés des assassins de vieillards et de nouveaux-nés. Longtemps niée avec indignation par les intellectuels parisiens, cette complicité est désormais largement documentée et même reconnue par tout le monde, y compris dans la société française.
Quant à moi, jusqu'à ce séjour au Rwanda, j'avais fustigé "l'impérialisme" et "le néo-colonialisme" car des ouvrages théoriques, ceux des classiques marxistes, de Fanon, Nkrumah ou Cheikh Anta m'avaient appris à les avoir en horreur. Cela restait toutefois purement abstrait. Les morts du Rwanda ont apporté à cette réflexion leur insupportable poids de sang. En fait, j'ai surtout été amené à analyser la domination dont restent victimes les anciennes colonies françaises soixante ans après leur prétendue indépendance et que résume bien le singulier néologisme - "Françafrique" - forgé par François-Xavier Verschave. Au-delà de l'ouvrage Négrophobie que j'ai co-écrit en 2005 avec le même Verschave et Odile Tobner, je n'ai cessé de dénoncer ce système de pillage économique mafieux et anachronique.
Tout cela m'a permis de mieux comprendre pourquoi la France investissait sur le continent africain autant d'argent et d'énergie pour la défense de sa langue. Or, celle-ci restait l'instrument privilégié de ma fiction romanesque. J'ai alors davantage pris conscience d'être partie prenante d'une littérature africaine extravertie, écrite dans les langues coloniales et ''historiquement condamnée", pour reprendre le mot de David Mandessi Diop. Au-delà de Ngugi et Cheikh Anta Diop, The Novel in Africa de John Coetzee m'a sérieusement interpellé. Elisabeth Costello y dit en effet ceci à l'écrivain nigerian Emmanuel Edugu : « Le roman anglais est avant tout écrit par les Anglais pour les Anglais. C’est son essence même, c’est ce qui fait que l’on parle du roman anglais. Le roman russe est de même écrit par des auteurs russes pour leurs compatriotes. Mais le roman africain, lui, écrit par les Africains, ne s’adresse pas aux Africains. Certes, les romanciers africains parlent de l’Afrique, décrivent des expériences africaines, mais j’ai l’impression qu’ils sentent tout le temps par-dessus leur épaule le regard des étrangers en train de lire leur texte. Que cela leur plaise au non, ils se sont résignés au rôle d’interprètes, ils expliquent l’Afrique. Or, comment un romancier peut-il explorer un univers humain dans toute sa profondeur s’il lui faut mobiliser autant d’énergie pour l’expliquer à des étrangers ?» J'ai rarement lu quelque chose d'aussi puissant et définif sur ce que Ayi Kwei Armah appelle sobrement "notre problème linguistique".
L'envie d'écrire en wolof avait toujours été là, diffuse, non maîtrisée mais c'est ce cycle de réflexion, déclenché par le désir de mieux comprendre le génocide des Tutsi au Rwanda, qui a favorisé le passage à l'acte.
Et nous voici revenus à la conteuse : n'ayant jamais mis les pieds dans une école, c'est en wolof qu'elle me décrivait les noces de Youmané et de la tempête. Sans le savoir, elle me préparait à la création dans ma langue maternelle...
Le passage d'une langue à l'autre mériterait que l'on s'y arrête longuement. Le temps imparti ne me le permet pas. Qu'il me suffise de dire que je dois à mes trois romans, Doomi Golo, Bàmmeelu Kocc Barma et Malaanum Lëndëm - tout comme à la traduction de la pièce de Césaire, Une saison au Congo - une joie jamais ressentie lorsque j'écrivais en français.
Ce processus de retour à soi, éminemment politique, ne saurait se limiter à la sphère de la création littéraire. Nous avons ainsi créé, des amis et moi-même, la maison d'édition en langues africaines EJO qui porte - ce n'est évidemment pas un hasard - un nom rwandais "... Ce groupe éditorial dispense du mieux qu'il peut des cours de wolof et nous sommes également à l'origine de defuwaxu.com, premier et à ce jour unique journal sénégalais en ligne et en wolof.
D'être né à Dakar et d'y être revenu après quelques années passées à Thiès - tout à la fois la ville de la conteuse et de la bibliothèque paternelle dont j'ai souvent parlé - a eu un impact certain dans ma formation intellectuelle. J'ai pu presque sans effort me débarrasser de mes oripeaux d'écrivain francographe pour dire au plus près, dans leur langue, les rêves et douleurs des miens mais aussi de toute l'humanité.
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
‘’En racontant certains épisodes de ma vie avec des anecdotes, on me disait tout le temps qu’il fallait que j’écrive. C’est une manière de laisser un message à la jeunesse’’, a souligné l’auteure, samedi, lors de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage au musée de la femme, Henriette Bathily.
Partant de son ‘’expérience’’, son ‘’vécu’’ et sa ‘’trajectoire, Dior Fall Sow affirme avoir ‘’écrit en deux ans pour montrer l’exemple à toutes ces femmes qui ne savent pas qu'elles ont leurs capacités, leurs possibilités d’accéder à certains degrés de responsabilités’’.
Dior Fall Sow, magistrate et première procureure de la République du Sénégal, ardente défenseure de la cause des femmes et des enfants, des droits humains, a débuté sa carrière à Saint-Louis en 1971.
Dans la préface intitulée "J'ai vu Dior à l'œuvre", Adama Dieng, ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide écrit que ‘’si toutes les vies méritent d'être racontées, au regard des singularités dont Dieu a doté chacune de ses créatures, il est de ces vies dont le récit impose le partage’’.
L'autobiographie de Dior Fall, a encore noté M. Dieng, président de séance lors de cette cérémonie de dédicace, ‘’est une offrande à la jeunesse, particulièrement à ces jeunes sénégalaises et africaines en quête de repère ; un cadeau précieux dans un monde incertain qui semble hoqueter à chaque tournant de sa trajectoire incertaine dans la consécration des droits des femmes’’.
Présentant l’ouvrage, la Sociologue Maréma Touré a indiqué que ‘’le livre blanc appartient à la littérature grise en général destinée à une institution mais en parcourant l’ouvrage on se rend compte qu’elle est une institution’’.
‘’C’est un esprit libre, en partant de ses propres expériences, elle pose des questions et apporte des réponses afin de permettre au lecteur de se faire sa propre opinion’’, a expliqué la sociologue.
En plus d’être procureure, Juge d’instruction, Directrice des ressources humaines de la Sonatel et avocate générale au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, Dior Fall Sow, selon, Mme Touré, ‘’est une combattante de l’équité et de l’égalité de genre’’.
‘’Elle termine ce livre avec un appel à la solidarité entre les Africains. Elle n’a pas manqué d’évoquer les valeurs qui fondent notre continent et auxquelles les jeunes doivent se référer’’, a lancé la sociologue.
Dans cette autobiographie, Dior Fall Sow ‘’retrace les chemins de son cursus scolaire et universitaire, nous narre sa carrière qua pas manqué de piment’’, selon le préfacier.
‘’Un témoignage qui relate avec quelque nostalgie une lointaine époque, bien différente de celle que nous vivons. Son parcours force le respect. Un modèle qui devrait inspirer les générations actuelles et futures’’, ajoute t-il.
Cet ouvrage de 456 pages se veut aussi ‘’’un plaidoyer en faveur des valeurs humanistes’’
«CONSTRUIRE LE SENEGAL DU FUTUR»
«Construire le Sénégal du Futur » paru aux éditions L’Harmattan (2022) est le titre de l’ouvrage de Boubacar Camara, ancien directeur des Douanes et secrétaire général de ministère au Sénégal.
«Construire le Sénégal du Futur » paru aux éditions L’Harmattan (2022) est le titre de l’ouvrage de Boubacar Camara, ancien directeur des Douanes et secrétaire général de ministère au Sénégal. L’homme qui a longtemps servi le Sénégal avant de s’ouvrir aux autres pays, puisqu'il est actuellement directeur général adjoint des Douanes du Bénin, revient dans cet ouvrage pour présenter l’argumentaire de son programme de développement du Sénégal.
Selon l’auteur, pour sortir de la pauvreté et garantir la prospérité du Sénégal en particulier et de l’Afrique en général, un changement de cap est nécessaire. Et ce changement induit une transformation structurelle de l’économie. Boubacar Camara tente ainsi de démontrer que malgré l’ampleur des pertes d’opportunités et la persistance du retard économique et social, la construction du Sénégal du futur est à portée. Elle passe par l’aménagement d’un nouveau socle pour la nation et la citoyenneté, inspiré de principes directeurs et de valeurs cardinales consensuels et par le renforcement du capital humain. Et cet argumentaire est étalé dans un ouvrage de 298 pages, composé de 9 chapitres consacrés respectivement à la valorisation des atouts du pays, la réinvention d’un socle pour la nation, l’Être citoyen, la révolution de l’éducation et de la recherche. Il est aussi question de « Soigner la santé, Produire ou périr, Administrer et gérer autrement mieux, Mettre de l’ordre, Mieux s’ouvrir à l’Afrique ».
Dès le premier chapitre du livre, l’écrivain vante les mérites du Sénégal d’être connu en Afrique de l’Ouest comme l’un des pays les plus stables politiquement malgré quelques perturbations connues sous le règne du président Léopold Sédar Senghor et des tensions sous le président Abdoulaye Wade où la société civile a fait face au pouvoir. Le Sénégal demeure aussi un pays très riche dans tous les secteurs de la vie. Face à toutes ces richesses, l’auteur appelle à la préservation de ces atouts qui peuvent se résumer en trois points dont la stabilité politique, la chance de disposer de ressources naturelles en quantité significative et de bonne qualité, et le bonheur de pouvoir compter sur un précieux capital humain dans un écosystème technologique favorable.
L’ouvrage donne aussi des pistes de solutions avec des changements qui appellent la transformation structurelle de l’économie, du capital humain. Le développement du pays doit consister « à bâtir un Sénégal prospère par un capital humain épanoui à partir de l’exploitation judicieuse des ressources naturelles pour un développement durable ».
Pour l’ancien directeur général des Douanes, même si les atouts sont présents dans le Sénégal, il est du ressort de nos dirigeants et de la population de produire ou périr. En respectant les valeurs cardinales que sont le travail, l’éthique et le respect du bien commun, le Sénégal peut arriver à se hisser sur la voie du développement.
Aussi, Boubacar Camara met il l’accent sur la production industrielle et la transformation des produits de l’agriculture, la pêche l’élevage entre autres sans oublier le soutien de l’artisanat, la culture et le tourisme. «C’est à ce prix que l’autosuffisance alimentaire sera atteinte», donne-t-il comme solution. Et de prôner également un nouveau schéma de financement du développement libératoire de l’endettement public avec un recours à la digitalisation des institutions de la justice, du travail et de la commande publique. Tout en préconisant de mettre de l’ordre dans plusieurs secteurs dont l’aménagement du territoire et de réorganiser plus efficacement la lutte contre la corruption.
Qui plus est, le développement du Sénégal ne doit pas seulement reposer pour lui dans l’éthique et la morale, il doit aussi passer par une bonne politique de l’éducation et de la recherche sans oublier la santé. « Un nouveau modèle d’éducation conçu comme un investissement réfléchi pour une productivité durable et une valorisation des métiers, de nouvelles priorités en faveur des études scientifiques au service de la formation d’ingénieurs, de médecins et de chercheurs, un nouveau schéma de financement bâti sur l’affectation d’une partie des ressources naturelles à l’éducation, à travers un fonds souverain d’éducation» s’imposent dans le secteur de l’éducation, relève M. Camara. Et dans la santé, la solution préconisée repose sur la prévention générale dont l’hygiène, la nutrition, l’activité physique et le volet médical qui prend en charge le dépistage précoce des maladies, la vaccination, les programmes d’éradication des maladies et la gestion des épidémies et pandémies.
En s’appliquant en outre « de mettre de l’ordre» dans plusieurs secteurs dont l’aménagement du territoire et de réorganiser plus efficacement la lutte contre la corruption, le Sénégal pourra se hisser au sommet des pays en développement. Tout ce schéma dégagé par Boubacar Camara est toutefois articulé à une meilleure ouverture à l’Afrique.
Pour rappel, Boubacar Camara est docteur en droit, et avocat au barreau de Paris, en omission volontaire. Engagé en politique, il fonde en 2018, le mouvement politique Jengu, Ngir Jerin Sénégal, devenu Parti de la construction et de la solidarité Jengu tabax dont il est le président fondateur honoraire.
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LE VAUDOU, UNE RELIGION MAIS AUSSI UNE CULTURE
De son expérience personnelle d'initié, Philippe Charlier, anthropologue et directeur de la recherche au musée du Quai Branly a tiré un livre qui ouvre sur un monde fascinant - ENTRETIEN
Le Point Afrique |
Sylvie Rantrua |
Publication 11/01/2023
Bénin, le 10 janvier, c'est la fête nationale du vaudou. Un jour férié, pour célébrer le culte des divinités de la nature et les ancêtres. Accompagnés de tambours, Hèviosso, dieu du tonnerre, Sakapta, dieu de la terre, Mami Wata, déesse de la mer, les impressionnants Zangbeto, les gardiens de la nuit, et bien d'autres seront de sortie. Ce festival accueille bien sûr les pratiquants du culte, les initiés, mais aussi nombre de visiteurs venus d'Afrique, d'Europe mais aussi des Caraïbes et des Amériques, venus découvrir le vaudou dans son pays d'origine.
Pour mieux comprendre le vaudou, et en particulier le vaudou-béninois, nous avons rencontré Philippe Charlier, directeur du département de la recherche et de l'enseignement au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, mais aussi médecin légiste, anthropologue et archéologue. Scientifique, il interroge le visible et l'invisible. Le vaudou le passionne. À force de poser des questions à chacun de ses voyages en terres béninoises, des responsables du culte lui ont proposé d'être initié. Une expérience qu'il raconte dans un livre, Vaudou : l'homme, la nature et les dieux (collection Terre Humaine, Plon, 2020)*, sans toutefois en relever des secrets interdits, mais en expliquant sans vulgarisation excessive mais avec force et clarté la religion vaudoue basée sur une continuité entre les vivants, la nature et les morts. Il s'est confié au Point Afrique.
Le Point Afrique : Le Bénin est présenté comme la terre d'origine du vaudou. Quelles sont les racines de cette religion et comment a-t-elle évolué au fil du temps ?
Le vaudou est historiquement connu depuis le XVIIe siècle, mais il est vraisemblable qu'il soit apparu antérieurement, peut-être vers le XIVe ou XVe siècle. C'est justement tout l'intérêt de l'archéologie sur un territoire comme celui d'Abomey, avec des fouilles dans les palais des rois Glélé, Ghézo et Béhanzin, pour tenter de remonter aux racines du vaudou et à ses origines.
C'est une religion qui a évolué avec des courants migratoires, des conquêtes militaires et des mouvements liés aux communautés marchandes. On sait que le vaudou est probablement issu d'une tradition du Nigeria, qui est passée au Togo, qui est revenue au Bénin dans un mouvement de spirale. Il faut comprendre que le vaudou est une culture doublée d'une religion, et cette religion est protéiforme, polymorphe. Chaque fois qu'un roi d'Abomey, d'Allada, de Porto Novo ou d'une autre cité faisait la conquête d'une nouvelle cité ou d'un peuple, il récupérait son vodoun, c'est-à-dire sa divinité, et l'incorporait à son propre panthéon. Ceci explique le fait que l'on n'ait pas exactement les mêmes divinités vaudoues selon les lieux. Il y a toujours des petites divinités secondaires qui sont soit des divinités locales « absorbées », soit des divinités conquises, parfois apportées par des mariages : quand un roi d'Abomey épouse une princesse extérieure (par exemple originaire d'Ifé, au Nigeria), celle-ci vient avec ses secrets et ses fétiches (les vodouns sont alors incorporés au panthéon local et augmentent le pouvoir spirituel du royaume).
Le vaudou est basé sur des concepts généraux et une métaphysique propre, avec une organisation du monde par des rituels, des lignes de force. À l'origine, il y a une divinité unique qui a créé le monde, puis s'est retirée loin de tout. L'énergie s'est ensuite cristallisée dans des lieux sacrés, ou des divinités auprès desquelles il est possible de demander intercession. Mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes dieux ni les mêmes morphologies, symboles ou rituels qui vont être utilisés à tel ou tel endroit. Le vaudou, que l'on appelle « vaudou béninois », a évolué au cours du temps, avec les conquêtes du XVIIe au XIXe siècle. Il est également dynamique dans son organisation, et présente un caractère évolutif dans le temps et l'espace.
Quelle fonction occupe le vaudou dans la société béninoise ?
Le vaudou est véritablement le ciment de la société béninoise, togolaise et de la zone de la frontière Bénin-Nigeria, zone de culture yoruba, plus traditionnelle et moins islamisée. C'est le ciment dans le sens où le vaudou organise deux équilibres, deux harmonies : une première entre les humains et la nature, sachant que la nature est divinisée et respectée. C'est l'émanation de divinités, voire des divinités elles-mêmes : une source sacrée, une montagne, une forêt sacrée, une esplanade consacrée au culte des ancêtres... Tout cet espace est ritualisé. Cet équilibre entre l'homme et la nature explique certains phénomènes comme la foudre, les débordements de fleuve, des sources qui ne tarissent pas... Chaque site sacré, chaque élément de la nature, chaque lieu autour d'un temple vaudou est une zone sacrée. La nature n'est pas vue comme un territoire inerte mais plutôt vivant où réside une force surnaturelle. C'est une valeur fondamentale. La nature est divine. On ne pollue pas. On utilise beaucoup plus de matériaux périssables qui se dégradent. Il existe une sorte d'écologie naturelle dans le vaudou.
Le second équilibre, c'est l'harmonie entre les hommes et les ancêtres, et l'équilibre entre les différentes strates de la société, les nantis comme les plus humbles, mais également entre les anciens et les plus jeunes. Le vaudou permet d'organiser la société, de faire le lien entre les différents individus qui la composent, comme les différents grains du fruit d'une grenade. Cela donne du sens au positionnement de chaque individu dans la nature et de chaque individu dans la société. On considère ainsi le vaudou autant comme une religion que comme une culture. On peut très bien être de religion catholique, mais appartenir encore à la culture vaudoue, qui est une sorte de façon de vivre, de penser et d'organiser la vie qui n'est pas forcément antinomique des religions du livre (islam, christianisme, judaïsme). Pour cette raison, le vaudou est extrêmement important dans la culture béninoise, mais aussi togolaise et de la frontière nigériane.
Observe-t-on une sorte de concurrence entre le vaudou et les religions du livre ?
Oui, bien sûr, cette concurrence existe, notamment avec les églises évangéliques, les nouvelles églises de Dieu néo-protestantes d'inspiration locale ou américaine, mais aussi les musulmans fondamentalistes qui mènent une vraie guerre de religion. Le vaudou se répartit principalement dans les 250 à 300 kilomètres au sud du Bénin où l'on relève ponctuellement des exactions contre les sanctuaires ou la communauté vaudoue.
En Haïti, en revanche, se déroule une vraie guerre de religion contre les vaudouisants, non pas du fait des catholiques romains, mais plutôt par des néo-protestants américains. Des temples sont incendiés, une véritable cabale est menée contre le vaudou, étiqueté de sorcellerie, même si ce n'est pas le cas.
Au Bénin, heureusement, il n'y a pas de guerre de religion, mais ponctuellement, quelques attaques sont menées contre des temples vaudous et des critiques acerbes sont émises dans les journaux, vis à vis de hauts notables du vaudou, accusés de tel ou tel maux, généralement fallacieux. Ce n'est pas encore organisé et généralisé comme cela est le cas en Haïti.
Cette concurrence ne devrait pas exister. La bireligiosité est assez fréquente, finalement (on le voit ici à travers certains objets du musée du quai Branly-Jacques Chirac), et l'on peut très bien appartenir à deux religions sans que cela ne pose le moindre problème. Deux dieux valent mieux qu'un. On est toujours mieux protégé ! Deux religions permettent de trouver plus de réponses aux questions que l'on peut se poser dans la vie quotidienne et notamment sur le plan métaphysique...
Le 10 janvier, le Bénin organise la Fête nationale du vaudou. Cet événement existe-t-il depuis longtemps ? Quelle est sa portée, son intérêt ? Le gouvernement béninois met-il cette fête en avant pour des raisons culturelles et touristiques ?
De mémoire, cela fait près de trente ans que la fête du vaudou – et des religions traditionnelles, l'épithète a été rajoutée récemment – existe. Associer les autres religions traditionnelles, non étiquetées « vaudou », pratiquées au Bénin, mais aussi dans des pays limitrophes ou plus lointains, permet d'élargir et de rallier plus de personnes autour de cette fête. Ainsi, on retrouve des Bamiléké du Cameroun qui viennent présenter les particularités de leur religion traditionnelle, qui n'a rien à voir avec le vaudou, mais également des vaudouisants d'outre-Atlantique. Un vaudou syncrétique, qui a été modifié avec le christianisme, en l'occurrence le catholicisme romain inculqué de force aux esclaves pendant le trajet dans les cales des bateaux négriers et qui a donné le vaudou haïtien, le candomblé au Brésil, la santeria à Cuba, le quimbois dans les Grandes Antilles, etc. Cette fête permet de relier les communautés, de part et d'autre des voies de l'esclavage (« l'Atlantique noir »), de mettre en évidence les fondamentaux qui existent entre ces religions.
Le sentiment qui ressort de cette fête est une grande fierté de porter encore ces valeurs traditionnelles. Elles ont toutes leurs sens dans le monde contemporain du XXIe siècle, car toutes les questions ne sont pas répondues par les religions du livre, le bouddhisme, l'hindouisme, etc. De plus, ces religions sont en danger, attaquées. Il est important de les protéger.
L'argument touristique et culturel de cette fête est également évident. Le président du Bénin, Patrice Talon, ne s'en cache pas, au contraire ; il en a fait un des chevaux de bataille de sa deuxième présidence : utiliser (dans le bon sens du terme) la culture vaudoue comme un faire-valoir touristique du pays avec la création de musées, dont le Musée des rois d'Abomey et de l'Épopée des Amazones, le Musée commémoratif et mémoriel de l'esclavage, et le Musée du vaudou qui présentera toutes les caractéristiques de cette religion à destination des touristes et de la population locale, comme une sorte de conservatoire de ce savoir. C'est important de parler de la culture vaudoue et pas seulement de la religion vaudoue.
Vous avez été initié il y a une quinzaine d'années. Comment avez-vous vécu cette expérience, quels sont les liens qui vous relient encore à cette expérience ?
Je n'ai pas été initié sur un coup de tête. Il existe des initiations touristiques qui durent une heure, ce sont des ersatz d'initiation, une expérience touristique plus qu'autre chose. Mon expérience a été beaucoup plus longue, doublée d'épreuves comme nombre initiations, avec une mort symbolique et une renaissance.
Cela m'a changé pour plusieurs raisons. Évidemment, je suis resté totalement cartésien, mais cela a changé ma vision du monde. Devant vous, dans ce bureau, vous avez beaucoup d'objets, des statues, des masques, des livres, des pipes (en cours d'étude) qui viennent d'un palais béninois. Rien de tout cela n'est inerte. Les cartes de vœux que vous avez devant vous, quand je les aurais signées, j'aurais mis un peu de moi dedans. Cela n'est pas une tournure d'esprit. Quand vous partirez à la fin de ce rendez-vous, c'est un peu de vous que vous aurez laissé, votre parfum, le sachet de sucre, la chaleur sur votre siège. On laisse toujours une trace de soi. On peut avoir une vision médico-légale, comme Edmont Locard qui parlait de la théorie « des transferts » (tout corps au contact d'un autre corps transfère une partie de lui-même, et vice-versa). Cette vision médico-légale peut se doubler d'une vision métaphysique : la nature entière est animée.
Cela m'a beaucoup aidé dans la compréhension d'objets du musée du quai Branly-Jacques Chirac, et dans la compréhension de faits archéologiques. Lorsque nous fouillons un site sacré avec mon collègue Didier N'Dah, de l'université d'Abomey Calavy, dans les palais des rois à Abomey, cela m'aide à comprendre tel ou tel rituel au passage d'une porte, la consécration d'un tombeau ou d'un temple du souvenir, là où des offrandes ont été faites. Le fait d'avoir été initié me permet de mieux les percevoir, et les décrypter.
Sans révéler des secrets d'initiation, dans la compréhension du quotidien, cela m'aide beaucoup. Je ne vois plus le monde d'une façon inerte et froide, comme auparavant. Pour moi, le monde est rempli d'une énergie circulante, de courants et de forces qui naviguent, et quelques autres qui sont cristallisés. Dans ce bureau, cela peut être focalisé dans ce vêtement d'une ethnie Miao provenant du Vietnam, dans ce bouclier de Bornéo, ou dans ce vêtement de sortie de la forêt sacrée d'un roi Bamiléké du Cameroun... Chacun de ces objets est porteur d'une force, complètement amoindrie car les rituels n'ont pas été entretenus. Mais ce ne sont pas des objets inertes.
Le vaudou véhicule souvent des images négatives et une mauvaise réputation liée à la sorcellerie. Certaines personnes n'hésitent pas à utiliser des fétiches vaudous pour contraindre des personnes à agir contre leur gré comme c'est le cas en Suisse dans un procès relatif à des cas de prostitution forcée, sous la menace de fétiches vaudous.
Lorsqu'on parle de la sorcellerie vaudoue en France, la première image qui vient ce sont les poupées vaudoues, qui n'existent pas dans le vaudou béninois mais à Haïti, où il s'agit d'ailleurs d'une pratique magique de sorcellerie qui est marginale par rapport au vaudou. Dans toutes les religions (catholique, luthérienne, islam, judaïsme et même le bouddhisme), une partie marginale dérive sur de la sorcellerie en utilisant les codes de la religion. Des poupées vaudoues, vous en retrouvez dans la sorcellerie haïtienne mais aussi française : allez au cimetière du Père-Lachaise ou dans le Berry, vous verrez des poupées vaudoues, non pas fabriquées par des vaudouisants, mais par de pseudo-sorcièr(e)s qui utilisent des codes catholiques. Avec une collègue bengali, nous sommes en train d'écrire un article sur le sujet : il existe aussi la même sorte de poupée d'exécration au Rajasthan… et les mêmes existaient en Grèce et à Rome dans l'Antiquité ! C'est finalement assez commun sauf que, pour le coup, il n'y en a pas au Bénin. En revanche, la sorcellerie vaudoue existe, mais cela ne fait pas partie de la religion. Aucune religion ne recommande la pratique de la sorcellerie. Malgré tout, c'est ce qui fait que l'on connaît – négativement – le vaudou.
D'autres personnes critiquent le vaudou à cause des sacrifices d'animaux et notamment des poulets. C'est vrai, la vie d'un poulet en Afrique subsaharienne n'est pas forcément une belle vie, en tout cas cela ne se termine souvent pas bien. Le sacrifice fait partie du principe même de la vitalité des fétiches, la vitalité de l'animal étant transférée par ce sang vif et déposée sur l'autel. L'animal sacrifié est mangé, il n'y a pas de sacrifice « gratuit » de l'animal et sa vie n'est jamais « gâchée ».
Le sacrifice sanglant fait partie du rituel. Parfois, ce n'est pas un coq ni un poulet, mais un bœuf, une chèvre, ou d'autres animaux. Il n'y a pas de sacrifices humains. Cela a pu exister dans les périodes anciennes, aux XVIIe et XVIIIe siècles. On sait qu'il y a eu des sacrifices humains au XIXe siècle sous les rois Glélé et Ghézo, qui présentaient déjà un caractère exceptionnel : lors des grandes coutumes, des prisonniers ou des adversaires capturés étaient décapités, et leur sang était utilisé pour construire des monuments. Évidemment avec un caractère magico-religieux.
Les opposants et les contradicteurs religieux diront que l'on sacrifie des enfants, que les femmes enceintes sont mises à mort, etc. On dit la même chose pour les francs-maçons en France ou ailleurs. Cela fait partie des poncifs utilisés pour critiquer. Cela n'est pourtant pas le cas, ni au Bénin ni à Haïti.
Maintenant, il y a une dernière chose : le pouvoir et la crainte suscités par certains fétiches. Nous sommes du côté de la sorcellerie et non de la religion elle-même. Certains utilisent le pouvoir des vodouns pour faire le mal : forcer certaines personnes à voler, à commettre des crimes et/ou à se prostituer. Aucune religion ne vise à la prostitution de ces membres. Si ce type d'abus peut se dérouler sur place comme à l'étranger, une population dite « déplacée » devient plus vulnérable, avec l'idée de garder ses racines. C'est à nouveau un mésusage – criminel – de la religion.
DEUIL NATIONAL, CHANEL REPORTE LE LANCEMENT DE LA GALERIE 19M DAKAR
La marque française ‘’Chanel’’ a annoncé, lundi, le report à une date ultérieure des évènements officiels liés au lancement de la ‘’galerie 19M Dakar’’ initialement prévu, mardi, à cause de l'accident de circulation qui a endeuillé le pays
Dakar, 9 jan (APS) – La marque française ‘’Chanel’’ a annoncé, lundi, le report à une date ultérieure des évènements officiels liés au lancement de la ‘’galerie 19M Dakar’’ initialement prévu, mardi, à cause de l'accident de circulation qui a endeuillé le pays, a appris l’APS des organisateurs.
Un deuil national de trois jours a été décrété à partir de ce lundi par le chef de l'Etat à la suite de ce drame qui a causé la mort de 39 personnes et engendré une centaine de blessés.
La maison ‘’Chanel’’ a exprimé dans un communiqué de presse sa compassion aux personnes touchées par cet accident de bus survenu dans la région de Kaffrine ayant entraîné la mort de 39 personnes et une centaine de blessés et a tenu à adresser ses sincères condoléances aux familles.
‘’Nous sommes tous bouleversés par cette tragédie. Dans ce contexte, nous avons pris la décision de reporter à une date ultérieure les évènements officiels liés au lancement de la galerie du 19M Dakar au musée Théodore Monod d’art africain de l’Institut fondamental d’Afrique noire’’, a déclaré Bruno Pavlovsky, président de la Fédération de la haute couture et de la mode de la maison Chanel.
Il souligne dans des propos rapportés par le communiqué que l’exposition intitulée ‘’sur le fil : broderie et tissage’’ sera ouverte au public le jeudi 12 janvier prochain au musée Théodore Monod de l’IFAN.
M. Pavlovsky a tenu aussi à remercier tous les artistes, artisans et participants de ce programme exceptionnel à Dakar.
La maison de haute couture française a dévoilé dans la capitale sénégalaise le mardi 6 décembre dernier sa nouvelle collection dénommée métiers d’art 2022/23, à travers un défilé riche en couleurs et motifs organisé à l'ancien Palais de justice du Cap manuel.
L’inauguration de la galerie du 19M Dakar fait suite à cette première sortie au Sénégal, une première en Afrique pour la marque française.
CHEIK ALIOU NDAO HONORE MERCREDI
Le collectif "Fonk Sunuy Làmmiñ" annonce qu'il rendra un hommage à l'écrivain et militant des langues et cultures africaines Cheik Aliou Ndao, mercredi 18 janvier prochain, à la Maison de la culture Douta-Seck, à Dakar.
Dakar, 9 jan (APS) - Le collectif "Fonk Sunuy Làmmiñ" annonce qu'il rendra un hommage à l'écrivain et militant des langues et cultures africaines Cheik Aliou Ndao, mercredi 18 janvier prochain, à la Maison de la culture Douta-Seck, à Dakar.
"(…) C'est la grande personnalité de l'éducation et de la culture, le pédagogue et l'écrivain, le défenseur et le militant des langues et cultures africaines qu'est Cheik Aliou Ndao, que le collectif veut célébrer pour lui rendre hommage et le remercier pour toute son action", explique ce collectif dans une note transmise à l'APS.
Le collectif "Fonk Sunuy Làmmiñ" souligne que Cheik Aliou Ndao a su allier "une riche carrière professionnelle et une impressionnante production littéraire".
"Après des années d'expériences dans l'enseignement, il a intégré la haute administration en ayant servi au ministère des Affaires culturelles avant d'être nommé au poste de conseiller technique à la Primature d'abord, et à la présidence de la République ensuite", indique-t-il dans cette note signée de Ndèye Codou Fall, directrice de "Ejo", une maison d'édition en langues nationales.
M. Ndao, a rappelé Ndèye Codou Fall, a "la particularité d'avoir proposé une littérature d'une égale consistance en français et en wolof". Dans chacune de ces deux langues, dit-elle, il s'est illustré par une production touchant à tous les genres : poésie, roman, nouvelle, théâtre, essai.
"Une personnalité de cette envergure mérite l'hommage de ses disciples, de ses pairs, de ses lecteurs, tout simplement de ses compatriotes en cette année de son 90e anniversaire", explique la directrice de la maison d'édition "EJO".
Le jour même de cet hommage, les initiateurs prévoient d'organiser une table-ronde sur la production de l'auteur du livre "L'exil d'Alboury", à partir de 9 heures.
Ils annoncent aussi une exposition d'ouvrages en langues nationales, dont les publications de Cheik Aliou Ndao, et la diffusion d'un documentaire-portrait de l'auteur.
La direction du livre et de la lecture, de son côté, procédera au lancement d'un livret qu'elle a consacré à Cheik Aliou Ndao et à son œuvre.
Cheik Aliou Ndao, de son vrai nom Sidi Ahmed Alioune, est né en 1933 à Bignona, dans la région de Ziguinchor.
Il a été professeur d'anglais et a publié de nombreux ouvrages en français, dont "L'Exil d'Alboury" (1985), "Buur Tilleen, Roi de la Médina" (1972), "Excellence, vos épouses !" (1993), "Mbaam Hakimoo" (1997) et "Un bouquet d'épines pour Elle".
Lauréat du Grand-Prix du président de la République pour les lettres, en 2012, Cheik Aliou Ndao a aussi notamment publié "Singali" (2013), un roman écrit en wolof.
Le collectif "Fonk Sunuy Làmmiñ" avait rendu hommage à l'auteur sénégalais Mame Younouss Dieng, le 17 novembre 2021.
"Fonk Sunuy Làmmiñ" est un groupe engagé dans la promotion des langues nationales. Il regroupe des associations et des institutions dont sont membres des écrivains, enseignants et des journalistes.
LA DESCENTE AUX ENFERS CONTINUE DU KING DU FOLK
A quoi tient la vie ? Artiste connu, Daby, victime d’un Avc il y a 3 ans, essaie de surmonter cette terrible épreuve.
A quoi tient la vie ? Artiste connu, Daby, victime d’un Avc il y a 3 ans, essaie de surmonter cette terrible épreuve. Après avoir espéré une audience avec le chef de l’Etat lors du Conseil présidentiel à Tamba, il espère le rencontrer pour l’aider à poursuivre ses soins médicaux.
Le séjour du président de la République dans la région de Tambacounda a fait des frustrés. Au rang desquels se trouve l’artiste-musicien, natif de Kolda, Moutarou Baldé alias Daby. Victime d’un Accident vasculaire cérébrale (Avc) depuis 3 ans, qui le cloue sur une chaise roulante, il avait sollicité et obtenu l’assurance d’autorités politiques et administratives de la région de Kolda que le Président Macky Sall allait accéder à sa demande d’audience. Assis sur sa chaise roulante, Moutarou Baldé a fait le pied de grue pendant 3 jours dans la Gouvernance de Tam¬bacounda aux fins de rencontrer son «ami de 14 ans croisé à Mbodiène alors qu’il était juste maire de Fatick».
Une rencontre de laquelle est née une amitié, en laquelle le «King du folk music du Fouladou» croit encore et toujours. «Je sais que le Gou¬verneur de Tambacounda et les responsables politiques de la région de Kolda n’ont pas daigné adresser ma demande d’audience au Président Sall. Il ne peut pas refuser de me recevoir. Il est fidèle en amitié», dit-il avec certitude lors d’un point de presse tenu dans un réceptif hôtelier de Vélingara au retour de Tamba, la semaine passée.
Pour cet artiste qui était en soins médicaux à Bordeaux en France, il y a juste 2 mois, «c’est une manifestation de l’ingratitude des hommes politiques. Qu’est-ce que je n’ai pas fait pour égayer leurs soirées et rassemblements politiques ?». Il est amer. Il cite des noms de responsables politiques des départements de Kolda et Vélingara. Il note, avec regret, que «c’est dans les épreuves que l’on reconnait ses amis, les vrais».
Avec une vue réduite et une voix chancelante, Daby continue de demander une audience à son «ami» de président de la République pour trouver les moyens financiers de retourner à Bordeaux, en France, y poursuivre ses soins médicaux.
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1ÈRE SAINT-SYLVESTRE SANS MASQUES DEPUIS 2 ANS
Depuis que le coronavirus semble en nette régression, les chrétiens retrouve peu à peu la normalité dans les offices. EXTRAIT de l'eucharistie de la Saint-Sylvestre sans masque ni contrainte de distanciation-
Depuis trois ans, la pandémie de COVID-19 avait imposé son tempo dans les églises du monde : masques, distanciation sociale. Pour être en phase avec les consignes édictées par les autorités, dans les églises le port de masques a été longtemps systématique, sur les sièges, les fidèles n’avaient aucun contact entre eux. Mais depuis quelques mois, un semblant de normalité s’est installé à tel enseigne que ce 31 décembre 2022, jour de la Saint-Sylvestre, l’eucharistie a été célébrée sans masques ni obligation de distanciation.
Ce 31 décembre, l’église était archi pleine. Les fidèles sont assis les uns près des autres sans aucun besoin d'espacement. En revanche, après l’Agnus dei, l’échange de poignée de main qu’échangent les fidèles en signe de paix du Christ en se serrant la main, n’a pas repris.
En lieu et place, les fidèles se joignent les deux mains et font juste face à leur voisin avant de s’incliner légèrement vers lui en signe de révérence et en disant Paix du christ réciproquement. Suivre le reportage dans la prochaine vidéo.