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24 novembre 2024
Culture
OMAR SY DANS L'HORREUR DE LA GRANDE GUERRE
Un père et un fils arrachés à leur village peul et envoyés combattre en France durant la Première Guerre mondiale : dans "Tirailleurs", en salles mercredi, Mathieu Vadepied raconte, par l'intime, les destins broyés de tirailleurs sénégalais
Le film, qui sort au Sénégal deux jours après sa sortie en France, avait été présenté dans la Sélection officielle - mais hors compétition - du Festival de Cannes 2022.
Dix-sept ans plus tôt, au même endroit, un film sur des tirailleurs maghrébins durant la Seconde Guerre mondiale faisait sensation à Cannes : "Indigènes", de Rachid Bouchareb qui a valu au casting un prix d'interprétation collectif.
Cette fois, Mathieu Vadepied a centré son récit sur les seuls tirailleurs sénégalais avec, dans le rôle titre, la star Omar Sy.
"Cette histoire lie les deux pays, le Sénégal et la France.C'est complètement mon histoire.C'est complètement aussi mon identité", a-t-il déclaré fin décembre à Dakar lors d'une conférence de presse de présentation du film.
Tourné en partie au Sénégal mais aussi dans les Ardennes, le film suit le destin d’un père, Bakary (Omar Sy) et de son fils Thierno (Alassane Diong), qui sont arrachés à leur famille et se retrouvent dans les tranchées de la Grande Guerre, sous uniforme tricolore.
- "Pas là pour culpabiliser" -
Au-delà de l'horreur de la guerre, Vadepied met au centre de son film la relation difficile d'un père et son fils. Face à Bakary qui veut juste ramener son garçon vivant chez lui, Thierno, galvanisé par l'ambition militaire et la découverte de la France, menace de lui échapper.
Si "Tirailleurs" est d'abord le combat d'un père pour sauver son fils de la guerre, la portée politique de ce film est sans équivoque.
"L'idée, c'est de questionner.Questionner le rapport historique de la France à ses anciennes colonies, qu'est-ce qu'on dit de ça aujourd'hui, est-ce qu'on sait ce qu'on a fait?", avait déclaré à l'AFP son réalisateur lors du Festival de Cannes.
S'il se défend d'avoir fait un film "frontalement politique", il espère qu'il permettra de nettoyer les "caries" du récit national.Et surtout, précise-t-il, "on ne fait pas comme si ça n'existait pas, on ne bouge pas sans.Ces histoires, il faut les raconter, les transmettre.Faut que tout le monde les connaisse".
Créé par Napoléon III en 1857 au Sénégal, d'où son nom, le corps d'infanterie des tirailleurs s'est ensuite élargi dans son recrutement à des hommes d'autres régions d'Afrique occidentale et centrale conquises par la France à la fin du XIXe siècle.
La plus grande partie des tirailleurs venaient ainsi de territoires qui sont aujourd'hui le Mali et le Burkina Faso.
Les tirailleurs furent plus de 200.000 à se battre lors de la Première Guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, 60.000 en Indochine.C'est l'une des premières fois que leur histoire est portée à l'écran.
"On n'est pas là pour faire culpabiliser, mais pour reconnaître des histoires douloureuses et s'en libérer", assure Mathieu Vadepied.
Oubliés des politiques français pendant des décennies, les tirailleurs et leurs héritiers déplorent, encore aujourd'hui, un manque de reconnaissance, notamment du fait de retraites inférieures à celles de leurs frères d'armes français.
"Aujourd'hui, notre génération a besoin de ce récit pour notre construction, de prendre l'histoire, de savoir comment on se construit par rapport à ces deux pays", a poursuivi l'interprète de Lupin, co-producteur du film.
VIDEO
VJ, UNE STAR DE LA MUSIQUE SÉNÉGALAISE EST NÉE
Dakar a vibré cette fin d'année 2022 aux rythmes d’une révélation musicale sénégalaise : Mouhamed VJ ou VJ tout court. La nouvelle star a rempli l'esplanade du Grand Théâtre lors d’un spectacle, finalement interrompu, pour des raisons de sécurité
Dakar a vibré en cette fin de l’année 2022 aux rythmes d’une révélation de la musique sénégalaise : Mouhamed VJ ou VJ tout court. A peine dix-huit ans, la nouvelle star a rempli la mythique esplanade du Grand Théâtre lors d’un spectacle, finalement interrompu, pour des raisons de sécurité.
Ses fans, majoritairement des adolescents âgés de 15 à 20 ans, avaient découvert le phénomène depuis quelques mois, notamment sur les réseaux sociaux. Mais le grand public l’a connu après que son concert de ce jeudi 29 décembre a été finalement interrompu par les forces de l’ordre, parce que la foule était devenue incontrôlable. Mohamed VJ, 18 ans, est désormais entré dans la « cour des grands ».
Fils de deux talentueux et respectueux journalistes (Hourey Thiam et Ballé Preira), ce jeune prodige est en train de bouleverser tous les codes musicaux au Sénégal. Le petit Preira, qui a dû hériter de l’art oratoire de ses parents, des stars de la télé, a fait son entrée sur la scène musicale en 2021.
Mais il est parvenu à démontrer son talent grâce à l’interprétation en live de ses morceaux avec succès tels que « Dans tes bras », « Fusion » ou encore « Renouveau ».
En août dernier, il avait aussi rempli à guichet fermé le Canal Olympia et d’après ses nombreux fans présents, il a assuré.
Son dernier Single « Dans tes bras » est un mélange de romance et d’amertume. Un style bien particulier qui séduit les mélomanes au point de permettre à l’artiste d’avoir un million de vues sur YouTube. Depuis un certain temps, celle-ci ne cesse de séduire un public composé pour la plupart de jeunes férues de nouvelle tendance musicale pour en faire des challenges sur Tik Tok.
Connu également pour ses pas de danses, et son style freestyle, VJ est un artiste aux multiples casquettes. Chanteur, rappeur, beatmaker, il a été découvert grâce aux chansons remixées de Dadju. Puis il a commencé à, figurant sur plusieurs stories de musiciens du Sénégal comme Dip Doundou Guiss qui l’ont validé.
Le jeune musicien qui, jusque-là, partageait des scènes et fait les premières parties des artistes internationaux comme GIMS, Aya Nakamura, Dadju, a décidé de voler de ses propres ailes. Tout Dakar parle de lui, et le bruit s’entendra de loin.
Après avoir décroché le bac en juillet dernier au lycée Seydou Nourou Tall de Dakar, VJ est inscrit en première année à l’Institut africain de management (IAM). Prometteur donc !
NOTRE DÉFI EST QUE LA DANSE SOIT RESPECTÉE AU SÉNÉGAL
Dans le cadre de la célébration de ses 50 ans d’existence, la compagnie Bakalama du Sénégal célèbre à Dakar la 8e édition du Festival international de Thionck-Essyl du 27 au 30 décembre et du 4 au 8 janvier en Casamance. Malal Ndiaye explique ces origines
Dans le cadre de la célébration de ses 50 ans d’existence, la compagnie Bakalama du Sénégal célèbre à Dakar la 8e édition du Festival international de Thionck-Essyl du 27 au 30 décembre et du 4 au 8 janvier en Casamance. Dans cet entretien, Malal Ndiaye, directeur de ce Festival de Musique et danse revient sur les fondements et les perspectives.
Comment est née l’idée du Festival de Thionck-Essyl ?
Nous devrions être à notre 10ème édition, n’eût été le covid. Mais là nous sommes à notre 8e festival. Le festival est né d’une rencontre des fils de Thionck-Essyl, un certain Landing Mané et moi. On était partis en tournée en 2004, en France, et au retour, nous avions eu des partenaires qui nous ont offert des livres et d’autres présents. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas organiser un week-end culturel à Thionck-Essyl. Avec notre compagnie « Bakalama » composée de filles et de fils de ladite commune, nous avons amené les livres pour les offrir à l’école. J’étais déjà dans le milieu et lui était chorégraphe. On s’est dit pourquoi ne pas faire de ces journées culturelles un festival.
Parlez-nous un peu de votre compagnie Bakalama et sa signification.
La création du ballet « Bakalama » remonte à 1972, année de naissance de l’association des ressortissants du village de Thionck-Essyl à Dakar. Bakalama signifie calebasse car sa forme représente le symbole de l’unité et de l’enracinement dans la culture Diola. Bakalama est un nom chargé d’histoire qui fait référence aux habitants de Thionck-Essyl. Il s’agit d’une plateforme de retrouvailles de toute une communauté originaire de Thionck-Essyl. Le ballet forme ses propres artistes ainsi que d’autres apprenants venus du monde entier.
Après 50 ans d’existence, quels sont les défis et les perspectives ?
Notre défi est que la danse soit respectée et comprise au Sénégal parce que c’est un métier noble. Mais aussi que le ministère de la Culture puisse vraiment doter la danse d’un fonds de développement. Et nous avons travaillé sur ça à Saly, il y a quelques mois. Ainsi, nous pouvons faire nos créations pour que les artistes puissent bouger un peu partout. Ça sera une manière d’organiser la danse au Sénégal. Une compagnie comme « Bakalama » qui a 50 ans, c’est l’âge d’or, un demi-siècle. Nous avons raflé énormément de prix en Afrique, en Europe, en Asie, au Sénégal, etc. Je pense que ne serait-ce que pour cela, le président de la République ou le ministère de la Culture devait nous recevoir. Il doit connaître la compagnie « Bakalama » avec tous ses prix à travers le monde. Il saura que la danse est représentée au Sénégal et un peu partout en Afrique, en Europe... Je reviens fraîchement de Paris à l’Unesco pour la Conférence internationale de danse (Cid). Je représente le Sénégal à cette institution.
Pouvez-vous revenir sur l’impact économique du Festival ?
Car cela fait 3 semaines que j’ai quitté Thionck-Essyl pour me réunir avec le comité d’organisation. Les artisans, les auberges, les Jakartamen, les boutiques, entre autres, vont y retrouver leur compte. Même au-delà de ça, sur le plan touristique, c’est important. On est en train de vendre la destination sénégal parce qu’au moins 35 artistes vont quitter les Etats-Unis, la Suisse, l’Espagne pour l’événement. Même le ministère du Tourisme à qui, on a écrit, n’a pas répondu. Ce n’est pas sérieux ! Le ministère de la Culture et le Centre culturel Blaise Senghor ont essayé de nous aider. Nous avons discuté aussi avec la Direction du patrimoine mais pour le ministère du Tourisme, la Ville de Dakar, on attend.
Est-ce à dire que le budget du festival n’est pas encore bouclé ?
En toute sincérité, on n’a pas encore eu la moitié du budget et c’est désolant parce que le festival se déroule sur plusieurs jours, du 27 au 30 décembre à Dakar, et du 4 au 8 janvier en Casamance. Ne serait-ce qu’un bus de transport pour amener tous les artistes, cela va coûter au minimum un million de FCfa. Or, quand on va aux Usa, en Europe ou ailleurs, on est des hôtes. Nous aussi nous souhaitons, quand des artistes viennent d’ailleurs, qu’on puisse leur montrer la Téranga sénégalaise.
Quel est le programme du festival ?
Il y aura des stages de danses, des workshops, du spectacle également. Thionck-Essyl est très riche. C’est une commune composée de quartiers et chacun est en pleine préparation. Il y aura d’autres troupes et des jeunes musiciens qui vont venir de Bignona, Kafountine et Ziguinchor. On aura l’occasion avec des musiciens comme Moh DeDiouf, Sam Paco, Ben Boy, Maodo Malick, entre autres, pour faire des échanges culturels avec les Espagnols avec la compagnie Muntu. Nous sommes aussi en train de discuter avec Didier Awadi.
LE FESTIVAL XEEMAN JOONG FA FAAJUL A NOUVEAU RELANCE A JOAL FADIOUTH
La commune de Joal-Fadiouth a relancé vendredi les activités du festival "Xeeman jööng fa Faajul", après une pause de deux ans liée à la pandémie à Corona virus
Joal-Fadiouth, 30 déc (APS) - La commune de Joal-Fadiouth a relancé vendredi les activités du festival "Xeeman jööng fa Faajul", après une pause de deux ans liée à la pandémie à Corona virus, a constaté l'APS.
Ce festival qui en est à sa 3ème édition ‘’essaie de mettre en évidence toutes les valeurs du terroir sérère", a déclaré Babacar Diouf, président du comité d'organisation.
‘’A chaque fois que le festival est organisé, nous essayons, pendant deux ou trois jours, de voir les différentes branches de la culture sérère pour les mettre en évidence", a expliqué M. Diouf.
Ce festival, ajoute t-il, est organisé pour ‘’redorer le blason'' de Joal-Fadiouth dont le nom a été porté hors des frontières par le président Senghor.
Après un satisfecit noté dans plusieurs secteurs d'activités, "on a décidé d'organiser de nouveau ce festival pour porter Joal à la dimension où Senghor l'avait emmené", a indiqué le premier adjoint au maire de Joal-fadiouh, Omar Ba.
L'évènement a été marqué par un panel axé sur le thème : "Fadiouth, ile memoire, creuset et carrefour de peuples et de cultures", animé par l'enseignant à la retraite, Maurice Ngom.
Ce thème retrace l'origine des habitants de l'île de Fadiouth qui ont aidé la figure Mansa Waly dans sa longue traversée.
"Le peuplement de Fadiouth est né essentiellement de la migration des guéléwars dirigée par Mansa Waly qui a fait cette longue traversée jusqu'à Sakmath-Mbissel", a expliqué le panéliste.
Pour remercier ces ‘’grands artistes'', Mansa Waly leur a trouvé un endroit paisible, a t-il dit.
Selon l'adjoint du maire, il fallait revisiter "cette épopée et l'immigration de ceux qui sont venus du Gabou en traversant la Guinée Bissau, la Gambie avant l'arrivée à Mbissel".
Cette thématique réfléchit sur la manière de reconstituer les valeurs et la culture de Fadiouth, a t-il indiqué.
C'est dans ce sens que la commune envisage la construction d'un musée de la culture sérère, a annoncé l'autorité municipale.
En 2018, les panelistes avaient planché sur "la musique traditionnelle sérère de la petite côte".
La deuxième édition avait pour thème :"Joal-Fadiouth ville verte, sportive, créative et numérique".
CES MOMENTS MARQUANTS DE L'ANNEE CULTURELLE 2022
L’année 2022 a été marquée par des évènements culturels phares dont la 14ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar dénommé ‘’Dak’art’’, l'ouverture de salles de cinéma dans la capitale, la disparition de grandes figures de la scène culturelle.
Dakar, 30 déc (APS) – L’année 2022 a été marquée par des évènements culturels phares dont la 14ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar dénommé ‘’Dak’art’’, l'ouverture de salles de cinéma dans la capitale, la disparition de grandes figures de la scène culturelle.
Le Dak’art, la plus importante manifestation du genre sur le continent, reportée en 2020 à cause de la pandémie liée au Covid-19, a démarré le 19 mai au Grand théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose en présence du chef de l’Etat Macky Sall qui avait mis l'accent sur la formation des artistes.
‘’La formation devient impérative pour accompagner et stimuler l’essor de l’art contemporain africain (…). Le talent seul ne suffit pas, il faut créer un environnement stimulant qui intègre méthodiquement la formation pour soutenir la montée en puissance de l’art contemporain africain’’, avait-il dit en réitérant son vœu de construire une Ecole nationale des arts et métiers de la culture (ENAMC) dans la nouvelle ville de Diamniadio.
Cette 14e Dak’art dont le thème était ‘’Ĩ Ndaffa#’’ (ou Forger/Out of the fire) avait accueilli pour l’exposition ‘’IN’’ 59 artistes visuels, venus de 28 pays, dont 16 Africains et près de 430 sites d’expositions "OFF". Elle avait aussi connu ’’une forte affluence’’ avec 440 mille visiteurs, soit le double de l’édition de 2018, plus de 80 sponsors, selon les organisateurs.
D’autres régions du Sénégal, notamment la Petite côte, Saint-Louis, Tambacounda, Kédougou et les centres régionaux ont organisé un réseau biennal. Pour la première fois des expositions avaient été organisées dans la diaspora en Italie, en France, en Hollande, en Martinique, à Mayotte, en C ôte d’Ivoire et au Togo.
L’Etat du Sénégal, bailleur de l’évènement, y avait contribué à hauteur de 75 % du budget soit 1,5 milliards de francs Cfa.
Le président du comité d’orientation, Me Moustapha Ndiaye avait exhorté l’Etat à ‘’ne pas se désengager’’ du Dak’art qui avait généré en 2018 plus de 8 milliards de Francs CFA en transactions d’œuvres d’art.
Retour de Pablo Picasso à Dakar 50 ans après
L’année 2022 a été aussi marquée le 1er avril par le retour de ‘’Picasso à Dakar’’ cinquante ans après l’exposition organisée en 1972 au musée dynamique devenu aujourd’hui le siège de la Cour Suprême.
Le Musée des civilisations noires a accueilli pendant un mois les œuvres du grand peintre espagnol Pablo Picasso, une initiative du musée Picasso-Paris et du Quai-Branly ainsi que des musée des civilisations noires et Théodore-Monod.
Dix salles de cinéma ouvertes à Dakar
L’année 2022 a vu l’ouverture de dix salles de cinéma à Dakar. Sept ont démarré le 6 octobre dans le nouveau multiplexe ‘’Cinéma Pathé Dakar’’ appartenant au groupe français ‘’Pathé’’ situé dans le quartier de Mermoz.
Le groupe Teyliom, dirigé par l’opérateur économique sénégalais Yérim Sow, a aussi ouvert ‘’Seanema’’ un multiplexe de trois salles dans l’enceinte du centre commercial du Sea Plaza sur la corniche ouest de Dakar.
A ces dix salles viennent s’ajouter quatre autres déjà existantes, notamment la salle de ‘’Canal Olympia téranga’’ du groupe français ‘’Vivendi’’ inaugurée en 2017 et le complexe Sembène Ousmane du Majic Land ouvert un an après.
Elles marquent le retour des salles de cinéma dans le paysage cinématographique sénégalais, après l’alimentation du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel (FOPICA) par le chef de l’Etat en 2014 à hauteur de 1 puis aujourd’hui 2 milliards de FCFA.
Toujours dans le domaine du cinéma, le Sénégal a renouvelé avec la France les accords de co-production cinématographique le 30 mai au siège du ministère français de la Culture deux jours après la 75ème édition du festival de Cannes.
Lors de cette édition, le film ‘’Tirailleurs’’ produit par le Français d’origine sénégalaise Oumar Sy et financé en partie par le Sénégal a été projeté en ouverture dans la section ‘’Un certain regard’’.
Le ministre de la Culture et de la Communication d'alors Abdoulaye Diop avait paraphé avec son homologue française, Rima Abdul Malak le texte liant les deux pays après de longues négociations sur les barèmes passés de 90 % pour la partie française à 10 % du budget pour celle sénégalaise.
Ces accords de coproduction entre le Sénégal et la France dataient de 1992 avant leur renouvellement en 2022. Pour Abdoulaye Diop ‘’cela constitue un nouveau départ dans la redynamisation de la coopération cinématographique entre les deux pays’’, car désormais ‘’les langues nationales sénégalaises sont assimilées au français et donc les projets sont éligibles aux différents guichets de financement''.
Le 7e art a été distingué avec le Tanit de bronze remporté par le film ‘’Astel’’ de Rama Toulay Sy à la 33ème édition des Journées cinématographiques de Carthage en novembre. Le prix de l’interprétation féminine a été remporté par Guissaly Barry héroïne du film ‘’Xalé’’ de Moussa Sène Absa choisi pour représenter le Sénégal aux OSCARS.
La musique a été aussi marquée avec le prix d'Excellence de la CEDEAO remis au chanteur Oumar Pène qui célèbre ses 50 ans de carrière et la reprise du grand bal de Bercy à Paris du lead vocal de Youssou Ndour.
L’arrivée du nouveau ministre Aliou Sow
L'année 2022 a connu un changement à la tête du ministère de la Culture avec l’arrivée le samedi 17 septembre du professeur Aliou Sow nommé ministre de la Culture et Patrimoine Historique dans le gouvernement du Premier Ministre Amadou Ba en remplacement de Abdoulaye Diop.
La Culture, séparée de la Communication, devient un département plein.
Une année endeuillée
L’année 2022 a été endeuillé par la disparition de nombreux artistes dans plusieurs disciplines. On peut citer les comédiens Bass Diakhaté et Charles Foster, le musicien Pape Fall et l’artiste visuel Issa Khone Diop, le dramaturge sénégalais d'origine haitienne Gérard Chenet, le photographe et cinéaste Abdou Fary Faye.
Elle a aussi été marquée par la disparition en mars du journaliste culturel, El Hadji Ndatté Diop président de l’Association de la presse culturelle sénégalaise.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
FAD’JAL DE SAFI FAYE, UNE ETHNOGRAPHIE DU VIVRE EN COMMUN EN TERRE SEREER
EXCLUSIF SENEPLUS - Le film est un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort...
Série de revues sur l’oeuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays Sereer.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavant, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Fad’jal de Safi Faye, une ethnographie du vivre en commun en terre Sereer
Autrice : Rama Salla Dieng
Une cloche résonne alors que la bâtisse de l’église se dessine sous des chants chrétiens qui recouvrent les voix des écoliers dans une classe fermée.
Ces enfants récitent inlassablement la leçon du jour :
‘Louis 14 est le plus grand roi de France
On l’appelait Roi-soleil
Sous son règne fleurirent les lettres et les arts’
À leur sortie de l’école française, les jeunes écoliers, dans un contraste saisissant d’avec la retenue de leur tenue en classe, sont libres de redevenir eux-mêmes : des enfants, mais plus important encore, des enfants Sereer.
Les écoliers se dépêchent d’aller rejoindre les anciens sur la place du village sous deux arbres symboliques : le baobab et le kapok. Ils interrogent leur grand-père sur l’histoire (cosaan) de Fad’jal. C’est ainsi que commence Fad’jal, long métrage de 108 minutes réalisé par Safi Faye et paru en cinéma en 1979. Comme une célébration du syncrétisme culturel et cultuel, à moins d’être une critique du colonialisme, le reste du film s’évertue à déconstruire la leçon d’histoire qui se racontait en classe sous le regard bienveillant du maître d’école. Tout au long du film, l’église et la salle de classe seront les seuls espaces fermés, contrastant d’avec l’ouverture des autres lieux de vie et de communion à ciel ouvert (concessions et dans la nature). Le film chronique le quotidien des habitants du village en combinant savamment des séquences documentaires avec du matériel de fiction, symbole d’une technique ethnographique distinctive et alors nouvelle qui exerce encore une certaine influence.
Le titre français de ce film ‘Grand-père raconte’ nous renseigne alors mieux sur le sens de la citation d’Amadou Hampâté Bâ écrit en gros caractères au début du film : ‘En Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle’ qui fait écho au proverbe Wolof: ‘mag mat na bayi cim reew. De la citation de Amadou Hampâté Bâ, le philosophe Souleymane Bachir Diagne dira qu’il y a quelque chose de paradoxal dans l’affirmation qu’il faut vite transcrire et archiver l’oralité avant qu’elle ne meurt avec les vieillards. Pour lui, ‘on admet qu'elle est de toute façon déjà morte comme oralité et que la transcription se fait dans la tristesse des adieux et de la lecture des testaments : post mortem’. Le défunt Amady Aly Dieng est moins philosophe lorsqu’il rétorque à Amadou Hampâté Bâ : ‘Il faut voir de quelle catégorie de vieillards. Est-ce le bon vieillard ou le mauvais vieillard ?’ (L'entretien, 2Stv).
Quoiqu’il en soit de ce débat, la mise en scène reflète bien la volonté de Safi Faye de retracer et raconter l’histoire de son village natal Fad’jal tout en honorant la tradition orale et la parole des ancien.ne.s. Le film est en fait un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, sous l’arbre à palabres, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort, les rites, l’héritage, de même que la transmission selon que l’on suit la lignée maternelle ou paternelle. En terre Sereer, les lignages matrilinéaires prédominent malgré l'évolution du système de parenté : ‘C'est un bâton maternel qui a tracé le Sine’ ainsi que l’explique le Professeur Pathé Diagne.
L’on apprend que le village de Fad’jal a été fondé par une femme : Mbang Fad’jal. Par la voix du griot, l’on découvre que sa petite fille Moussou s’était mariée à Kessine Jogoye, un chasseur d’éléphants. À L’origine, le village était formé d’une constellation d’habitations avec sept places publiques (penc) dont Ngakaane constituait la plus grande place. Le village n’avait ni roi ni reine. Toute son économie prospère reposait alors sur la production et le troc du mil, du riz, et du bétail. La nature généreuse offrait ses ressources aux villageois.e.s : la mer pour pêcher et les forêts pour chasser.
L’histoire de Fad’jal est aussi inextricablement liée à celle du buur Sin (Roi du Sine), Latsouk Fagnam. Ce roi jaloux savait qu’il ne manquait rien à Fad’jal qui était un village autonome et cela lui déplaisait. Il prit donc la ferme décision de détruire Fad’jal sans coup de fusil. Il voyage à Fad’jal avec toute sa suite dans chacune des sept places du village pour se faire célébrer et entretenir. Ce faisant, il épuise les réserves de Fad’jal en se faisant accueillir en grandes pompes. Les habitant.e.s de Fad’jal contraint.e.s à migrer par vagues successives furent appauvri.e.s par les sécheresses et le changement climatique.
Quelques années plus tard, deux jumeaux Ngo décidèrent d’aider les villageois à retourner sur les terres de leurs ancêtres cependant ce fut une tâche ardue qui ne put se faire qu’après moults péripéties dont les jeunes se rappellent aujourd’hui avec humour.
L’on apprend aussi du grand-père que ‘Fad’jal’ veut littéralement dire ‘travail’ montrant toute l’éthique conférée à cet aspect de la vie sociale selon le proverbe Sereer :
'Qui travaille, rit et sera heureux, qui ne travaille pas, on rira de lui.’
Pour le professeur Madior Diouf, sept cadres éducatifs définissent la culture Sereer : la case, la maison, l’arbre à palabres ou place publique, le troupeau, l’enclos d’initiation, les jeux de lutte et l’association villageoise. Le colonel Mamadou Lamine Sarr y ajoute d’autres chantiers-écoles : la construction de grandes pirogues, la navigation sur l’océan avec la capacité de s’orienter de jour comme de nuit, dans son ouvrage sur L’éducation du jeune Sereer Ñominka.
Dans Fad’jal, Safi Faye choisit de s’appesantir sur trois aspects fondamentaux : un jeune Sereer doit savoir travailler, danser et lutter. Le travail est d’abord organisé autour d’une division sociale nette comme Safi Faye nous le montre dans Kaddu Beykat, paru quatre ans plus tôt. L’on montre les femmes chantant pendant qu’elles cultivent l’arachide. L’histoire racontée dans le chant est une recommandation à la femme enceinte de se faire aider d’une jeune femme jusqu’à ce que son bébé soit assez solide pour qu’elle retourne à son travail aux champs. La danse et la lutte, sport traditionnel important, occupent aussi une place de choix dans la vie sociale à Fad’jal. La lutte est un jeu d’adresse, d’habileté et d’intelligence plus qu’elle n’est un jeu de rivalité ou de force. Les rituels et invocations aux aïeux occupent aussi une place considérable dans ce sport. Sous le battement des tambours rythmé au gré des chants et des applaudissements des femmes et des jeunes filles, des personnes âgées nostalgiques de leur vigueur et de leur habileté d’antan initient les plus jeunes à la lutte à la fin des récoltes.
La question des acquisitions de terres est abordée. Le patriarche explique que jadis celles-ci se faisaient de manière consensuelle avec le Jaraaf jouant un rôle clé. Cependant, avec la loi sur le domaine national entrée en vigueur en 1964, l'État gère les terres au nom des populations. Les populations de Fad’jal semblent dubitatives : ‘Maintenant, on dit que toutes terres appartiennent à l’Etat depuis la loi sur le domaine national de 1964.’ D’aucuns témoignent : ‘Cette terre qui appartenait à ma famille depuis quatorze générations, j’en ai hérité de mon aïeul qui l’a reçu du roi en contrepartie d’un sabre en argent que ce dernier lui a offert.’ Les terres de Fad’jal sont alors menacées par un nouveau projet de développement touristique qui verrait les populations recevoir 6000 francs de compensation contre la construction d’une case. Cette situation crée une tension intergénérationnelle avec d’un côté les vieux qui refusent de céder et de l’autre, les jeunes qui leur répondent : ‘allez-vous-en ! Votre temps est révolu !’
Un vieux leur intime de se taire et répond cyniquement : ‘Si l’État dit que la terre lui appartient et que nous aussi nous disons la même chose, notre terre, personne ne le volera, personne ne s’en appropriera tant que nous l’occuperons ! Ce clin d'œil fait sûrement référence au concept flou ‘mise en valeur’ de la terre pour éviter d’en être expulsé sans que pour autant les contours du concept ne soient juridiquement clarifiés par le législateur.
Lapidaire et ironique alors que l’interjection d’un villageois : ‘Mais que faisait cette loi quand nos aïeuls cherchaient à sécuriser leurs terres ? Cette loi n’a-t-elle pas de proches de qui hériter ?’
Dès le lendemain, un après-midi d’octobre 1977, des lotisseurs viennent mais font face à la résistance paysanne.
Ethnologue de formation, Safi Faye s’applique à documenter tous les aspects de la vie sociale de Fad’jal y compris et surtout des histoires de vie personnelles. Ce qui se passe à l’intérieur des cases, autre espace d’éducation et de vie, est montré : des scènes de vie ordinaires, la naissance, le décès. Ainsi donc, la caméra de Safi Faye lève le voile sur un autre aspect peu souvent montré dans les films africains : l’accouchement.
Dans une case donc, une femme : Coumba, se fait aider de deux matrones. L’attente de cette naissance imminente est longue et douloureuse pour celle qui va donner la vie et qui reste d’un calme étonnant. Coumba va et vient, s’accroche au toit de la case. Le silence troublé par ses gémissements lors des contractions et ses lamentations. Elle est maintenant assise, ses deux aides ajustant le pagne qui enserre savamment son ventre pour aider la descente du bébé.
D’un coup, la délivrance, lorsque le moment venu les deux matrones tirent sur les jambes du bébé qui hurle. Elles la font s’asseoir sur ce qui ressemble à du mil pour l’aider à faire descendre le reste de sang et lui remettent son bébé dans le bras.
Cette délivrance heureuse sonne le coup d’envoi des préparatifs pour la fête ! Une chèvre est égorgée pour l’occasion, les griottes chantent Coumba, la nouvelle maman tandis que les griots congratulent Ndick le nouveau père en louant sa lignée. Rien n’est occulté des rituels qui suivent la naissance : du premier port du bébé à sa première sortie et au plantage d’arbuste en l’honneur du bébé.
Fad’jal montre aussi les rituels d’enterrement et de deuil. Parallèlement, c’est aussi dans une case qu’une veuve en noir se retire après la perte de son époux, le vieux Waly. Tout comme la nouvelle maman, elle n’est jamais seule, mais est accompagnée d’autres femmes. Même dans le silence du deuil, les femmes sont en communauté.
Sous un baobab, un homme d’âge mûr rend hommage à son ami décédé. Détenteur du bâton symbolique du pouvoir dans la culture Sereer, il fait aussi un témoignage sur la qualité du travail de ce dernier, son amour pour les champs, pour les animaux et enfin pour sa famille tout en martelant le sol du bâton pour appuyer son propos. Enfin, il prononce des prières à l’endroit du défunt alors qu’au loin les cris des pleureuses se font entendre. Les chants résonnent :
‘Un bout de bois ne souffre pas, souffrir reste propre à l’homme’
Une pause puis ils reprennent de plus belle :
‘Chef de famille, tu es mort, à qui as-tu confié tes enfants ?
Chef de famille, oh toi qui as quitté les tiens, à qui as-tu confié tes orphelins ?’
L’on sacrifie un bœuf devant les proches qui témoignent sous les regards perdus et attristés des autres proches. Une autre ‘vache de dette’ est remise à la famille du défunt Waly en reconnaissance du geste que ce dernier avait fait pour cette famille. Le partage de la viande et du mil se fait sous le regard et les délibérations de tous et de toutes. Mais à Fad’jal, comme dans d’autres cultures ouest-africaines (comme au Ghana), la mort n’est pas un épisode triste, mais une occasion de célébrer la personne défunte. L’on danse, rit, boit de l’alcool en psalmodiant des prières et en partageant des souvenirs de la personne disparue. Les femmes de la classe d’âge du défunt Waly surtout, chantent et dansent en son honneur : ‘la saveur du mil que tu cultivais nous manquera.’
Dans les dernières scènes, des enfants sont les porteurs des paroles de sagesse Sereer, symbole d’une écoute attentive de leur grand-père et d’une transmission fructueuse et réussie.
La scène finale montre le détenteur du bâton invoquant la pluie pour une bonne récolte auprès des Pangool sous le kapok, symbole du syncrétisme spirituel dans le Sine-Saloum et mieux encore, au Sénégal.
Une trentaine d’années plus tard, comme en écho à Safi Faye, une autre écrivaine, d’origine Sereer et citoyenne du monde dira : ‘Je viens d 'une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération’ (Kétala, 2006). Elle s’appelle Fatou Diome.
L’ENJEU, C’EST DES BATAILLES POUR QUE LE RÊVE UNIVERSEL NE SOIT PLUS UNE UTOPIE
Le Musée des civilisations noires a abrité ce mercredi 28 décembre 2022 une journée de partage autour de l’œuvre du Professeur Joseph Ki-Zerbo. Une initiative de la communauté africaine de culture, section Sénégal (Cacsen)
Le Musée des civilisations noires a abrité ce mercredi 28 décembre 2022 une journée de partage autour de l’œuvre du Professeur Joseph Ki-Zerbo. Une initiative de la communauté africaine de culture, section Sénégal (Cacsen), sur le thème : ‘’La problématique de l’Éducation en rapport avec les importantes contributions du Professeur Joseph Ki-Zerbo en la matière’’.
« Nous l’avons tenu dans le cadre d’un effort à fournir dans l’imaginaire africain. Nous avons toujours dit que les nations en gestation ont besoin d’imaginaire, a expliqué le président de la Cacsen, Alpha Amadou SY, interpellé à ce propos. L’imaginaire passe par la reconnaissance des femmes et des hommes de valeur qui ont travaillé pour le continent africain. Dans ce lot, nous comptons un grand monsieur en la personne de Joseph Ki-Zerbo, qui a travaillé au moins sur deux axes essentiels : réécrire l’histoire africaine et insister sur l’éducation. »
« Éduquer ou périr »
L’écrivain-philosophe en veut pour preuve l’ouvrage du Pr Ki-Zerbo intitulé ‘’Éduquer ou périr’’. Lequel, a-t-il rappelé, « montre aujourd’hui que l’enjeu sur l’Afrique, c’est l’éducation, revoir l’école, nos systèmes éducatifs et assurer l’articulation entre les savoirs et nos réalités, nos vécus en tant que hommes du 21e siècle. »
Pr Alpha Amadou SY de poursuivre : « Il (Pr Joseph Ki-Zerbo) dit que dès le départ, nous sommes porteurs d’une carence originelle. C’est-à-dire le colon quand il est venu, il nous a coupés de nos racines africaines, imposer un système dans lequel nous ne nous retrouvons pas. » Par exemple : « L’Africain, il est obligé de compter en anglais, espagnol et français. Il ignore le bambara ou le wolof. Donc, il dit que si on doit être nous-mêmes, si on doit se retrouver, le pas à franchir, c’est d’abord des systèmes en adéquation avec notre vécu. »
Or, a-t-il déploré, « la cassure s’est opérée au moment où le colon a mis un terme à des systèmes endogènes qui étaient de vigueur » étant entendu que « toute société a un système éducatif. »
Maintenant, « la question qui se pose, ce n’est pas de se dire que ‘’notre passé est merveilleux, on va s’y confiner’’. Ce n’est pas non plus de se dire ‘’on s’envole vers ce que font les toubabs’’. Mais, « ce qu’on entend par dialectique : C’est-à-dire cette articulation en ce qu’il y a de meilleur chez nous et chez ‘’les toubab’’. C’est ça, qui va faire que l’Africain aura une identité. Et cette identité, c’est la condition sans laquelle le rêve universel reste une utopie. »
« Éviter de faire du mimétisme »
Pour Pr LY, « l’enjeu, c’est des batailles pour que l’école serve les populations, les peuples. Malheureusement, on est loin de là. Puisqu’on est loin de là, c’est ça qui fait la fraîcheur de sa (Pr Ki-Zerbo) réflexion. C’est-à-dire ce qu’il avait dit, nous en avons besoin, dans la mesure où mêmes les réformes adoptées n’ont jamais été pratiquées. » Par conséquent, « il faut continuer à voir dans quelles mesures on peut se frayer le chemin pour que les idées pertinentes puissent faire l’objet d’appropriation par les politiques », a-t-il recommandé.
L’historien burkinabé, né en 1922 à Toma, aurait eu 100 ans le 21 juin 2022. La rencontre, placée sous la présidence effective de Me Françoise Ki-Zerbo, représentante de la famille qui a fait le déplacement de Ouagadougou à Dakar, visait à célébrer le centenaire du Pr Joseph Ki-Zerbo, né le 21 juin 1922 et mort le 4 décembre 2006 à Ouagadougou.
DE LA LITTERATURE AUX RESEAUX SOCIAUX, LE TRAIT D'UNION
La journaliste Jacqueline Fatima Bocoum a procédé, mercredi, à Dakar, à la présentation de son ‘’Recueil de tweets'', qui, selon elle, vise à réconcilier la littérature et les réseaux sociaux.
Dakar, 28 déc (APS) - La journaliste Jacqueline Fatima Bocoum a procédé, mercredi, à Dakar, à la présentation de son ‘’Recueil de tweets'', qui, selon elle, vise à réconcilier la littérature et les réseaux sociaux.
‘’Mon objectif à travers cette compilation de tweets est de réconcilier la littérature et les réseaux sociaux, et de partager mon amour et mon humanisme avec mes lecteurs’’, a-t-elle-déclaré lors de cette séance de présentation et de dédicace à laquelle des amis ainsi que des membres de sa famille, entre autres, ont pris part.
Dans ce recueil de 1200 tweets répartis sur 140 pages, l'auteur fait ‘’une immersion dans l’âme'' de ses abonnés pour leur exprimer son ‘’amour'' et son ‘’art de vivre'', son ‘’art d’être'' ainsi que son ‘’savoir-être’’.
Pour Jacqueline Fatima Bocoum, directrice de la communication de l'APIX, ‘’l’humanité est une belle histoire qu’on partage tous''.
‘’Les gens ont les mêmes histoires d’amour, des fois les mêmes chagrins, des fois les mêmes galères de vie et des fois les mêmes préoccupations’’, a dit l'ancienne journaliste de la RTS, de Sud Fm et du Groupe 7 Com.
Selon elle, ‘’il faut juste une résonnance de partout pour qu’on s’écoute, qu’on se fasse confiance et qu’on s’entraide et revenir vers un monde où il n’existera pas de haine entre les hommes''.
A travers ce nouveau genre, une innovation dans le paysage littéraire sénégalais, l'auteur espère susciter chez le lecteur le sens du vivre ensemble.
‘’On devrait apprendre à vivre ensemble. J’essaie tous les jours, à travers quelques mots, de réconcilier mes semblables et leur dire qu’on a tellement de chance de vivre dans un pays de paix", a-t-elle déclaré.
Pour Jacqueline Fatima Bocoum, les 280 caractères qu’elle publie, chaque jour, sur son compte twitter, ‘’ont une valeur thérapeutique’’.
‘’On est conscient que l’écriture est thérapeutique. L’écriture nous permet de montrer à l’autre qu’on le sent dans notre vie et qu’on a envie de partager avec lui un peu de bonheur au quotidien'', a dit celle qui compte plus de 156 000 abonnés.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
LE JEU DE LA MER : KHADY SYLLA, FAIS TOURNER LA MACHINE À REVER
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de l'autrice, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention
Série de revues sur l’œuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd ! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays sérère.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavent, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Le jeu de la mer : Khady Sylla, fais tourner la machine à rêver
Autrice : Rama Salla Dieng
Le jeu de la mer de Khady Sylla est un roman paru dans la collection ‘Encres noires’ de L’Harmattan Paris en 1992. De Khady Sylla, autrice multi-talenteuse, vous vous rappelez aujourd’hui davantage les films que les écrits.
Lorsqu’enfin vous tenez le livre entre vos mains, c’est d’abord cette image en noir et blanc de Khady, regard captivant et mystérieux, rouge à lèvres discret, tête rasée et grosses boucles d’oreille créoles, qui retient votre attention. Vous vous imaginez cette photo en couleur car l’écriture de Khady est pétillante, sublime, inespérée. Quels mots habitent alors cette jeune femme de vingt-neuf ans lorsque son roman paraît ? Au-dessus de la photo, la description promet une histoire, une énigme en réalité, qu’habitent trois noms : autant de personnages : Rama, Aïssa et Assane.
Puis vous promenez votre regard sur la couverture. Vous admirez la sublime photo d’une barque vide face à la mer, prise par Stéphane Weber en Juillet 1990 à Nianing. Le titre poétique et prometteur comme une invite : le jeu de la mer écrit en gros caractères noirs, vous intrigue tout comme cette pirogue qui fait face à l’éternité.
Vous découvrez au fil des pages que Rama et Aïssa, les deux jeunes filles aux mots-mages, habitent une maison au bord de l’océan Atlantique. Leur cour carrée, entourée de filaos, d’eucalyptus et de bougainvilliers qui vivaient leurs oranges, roses et rouges les plus vivaces, est le théâtre de leurs jeux, chants et rires.
Et vous réalisez aussi que la polysémie du mot ‘jeu’ habite toutes les scènes de cette superbe histoire. En effet, le soir venu, face à la mer vive et vivante dont les remous lèchent les fondations de leur abri, Rama et Aïssa jouent au wure (Awalé), ce jeu de stratégie et de calcul s’accompagnant d’une joute oratoire, dans une barque d’ébène. C’est l’heure de vérité : ‘wure wa dem na këŋ, wax i ma dem na ndeeñ taale’. Le jeu peut commencer : ‘Jeu de la mer !’ Et la machine à rêver est mise en marche !
Les éléments de la nature conspirent à rendre le cadre propice au débridement de leur imagination hors normes. Ce jeu de création se fait au gré du jeu de la mer et du jeu du halo de lumière de la lampe qui ‘projetait une ombre démesurée sur la table’ p.9. La mer devient alors le lit où se projettent leurs fantasmes, fruits de leur imagination féconde : ‘La maison saisie d’irréalité, prit l’allure factice d’un décor éclairé par des projecteurs invisibles’ (p.7) ou encore : ‘les draps noirs de la nuit s’étalèrent sur la maison’ (p.9).
Dans la journée, Rama et Aïssa deviennent maîtresses de la parole et créent des contes. Installées sur le bout d’une falaise surplombant l'océan comme au bout de leur monde, elles se dévoilent démiurges par le pouvoir de leur moisson de perles du jeu du soir, à tour de rôle, et selon des règles bien définies. ‘Le lieu favorisait la floraison diurne de la parole. Les contes pouvaient émerger sur cette limite et le jour étendre ses rêves’ (p.24). Dans ce cadre enchanteur aux frontières de l’onirisme, la parole, lien et liant entre Rama et Aïssa, devient la passerelle entre la réalité et le fantastique : ‘La parole libre et pleine voyageait d’une gorge à l’autre, rassemblant d’un fil ténu, les fragments d’un univers pressenti’ (p.12).
De Rama et d’Aïssa, vous ne connaissez rien d’autre sinon leur fascination pour le jeu de la mer. Par ailleurs, leur ressemblance physique surprenante semble donner tout sens à l’expression ‘comme deux gouttes d’eau’. En effet, elles sortent toutes deux du même moule, fugitives statuettes noires. Seul le regard les distinguait'(p.24). Sont-elles jumelles ? Sœurs ? Vous n’en savez rien et n’en saurez pas plus, du moins, pas encore, pas tout de suite car Khady Sylla, poétesse et prophétesse aux allures de Rama et Aïssa, crée un monde où la parole crée des mondes et des êtres au monde. Non, la parole même est, elle est un monde et un personnage à part entière…engendrant d’autres menus personnages, de contes en mythes en farandoles !
Autant de mondes, à l’infini !
Une cosmogonie du roman !
Ah ! Toute une histoire !
Narrée admirablement au tempo de la parole.
Toujours se plaçant face à face, leur pouvoir de création unit leur destinée, elles qui jouent, rient, dansent et vagabondent au gré de leurs histoires. Leur monde tangue sur la crête des mots, contenu tout entier sur le fil ténu pourtant débordant de l’imagination aux rivages larges. Cependant, au-delà de la singularité gémellaire et de ce commun destin, un être au monde différent semblait les séparer et menaçait leur équilibre précaire. Rama respecte les mystères et les questions avec une égale douceur, aime se réfugier par moments dans le monde des souvenirs, suit les règles de la création à la lettre. Pour sa part, Aïssa ne chérit rien autant que de les enfreindre, dans sa quête de clarté et de réponses : le mystère l’exaspère.
Vous ne cessez donc de vous interroger sur Rama et Aïssa, personnages aussi fascinants qu’énigmatiques. Tout comme Assane, détective intrépide et ‘chef du service irréel’, à leurs trousses et n’ayant pourtant comme seul indice que leur beauté. Assane fait des rencontres surprenantes et recueille des témoignages aussi incongrus que déroutants.
Et pourtant, vous découvrez pantoise que les désordres calculés que les jumelles sèment sur leur passage sont un prodrome de confluences entre les protagonistes. Le mystère s’épaissit avant de se résoudre pour les trois êtres aux vies inéluctablement enchevêtrés.
Et de quelle manière !
Vous avez le souffle court et sifflant, les iris dilatés, le cœur qui bat la sarabande, à tout rompre. Puis le dénouement vous libère de manière aussi belle et captivante qu’inattendue.
Vous arrivez à la conclusion ultime que Khady Sylla avait un don : celui de double vision que confère la parole incréée. Mais enceints, Khady, tout comme Assane, ont aussi une emprise sur les mots. La parole libérée, qui les possèdent et dont elles font tout un monde, Rama et Aïssa en ont aussi le don et le pouvoir.
C’est qu’au tournant des mots, existent des mondes, créés par les mêmes mots.
Genèse et génération.
Des prophétesses vivantes et heureuses en ont l’intuition et la vision.
Khady Sylla, fille de l’eau, avait le don de la parole.
Une parole simple.
Voici ce que Khady a eu à dire du jeu de la mer :
‘Après la parution de mon roman Le jeu de la mer en 1992, une amie m’a conseillée de l’envoyer à Jean Rouch. Je l’ai fait et une semaine plus tard, Jean Rouch m’a appelée. J’ai alors entendu sa voix si particulière, cette voix légèrement chantante du grand rêveur. Jean me disait que mon livre l’avait enchanté parce que les deux personnages principaux, les deux jumelles Rama et Aissa étaient des filles de l’eau. J’avais déjà auparavant entendu parler des filles de l’eau. Ma grand-mère m’avait une fois dit que ma mère était une fille de l’eau et qu’on avait eu beaucoup de mal à la garder en vie.’[1]
Plus tard, vous regarderez le film ‘Une simple parole’ de Khady et Mariama Sylla. Vous réaliserez alors la fascination ultime de Khady, de sa sœur Mariama et de leur mère pour la mer. Vous savez donc que Khady se définissait comme une fille de l’eau : une personne pure et introvertie qui n’est pas attachée aux choses matérielles…mais pour Khady, tout comme pour Rama et Aïssa, cette définition est littérale.
Nul autre empire ne les intéresse que celui de la parole. Car elle est la clé du mythe de leur création ; en réalité de toute création.
Khady, ange tragique, restera une fille de l’eau que grandir a rendu malade.
Poète ultime, elle nous a fait le don de la littérature.
De sa simple parole.
Sa sincère parole.
Photos 1et 4 : Stephane Weber
Photos 2,3 et 5 : Rama Salla Dieng
[1] Témoignage recueilli auprès de Mariama Sylla, réalisatrice et sœur de Khady.
LE FDCUIC PORTÉ À UN MILLIARD DE FRANCS CFA
Macky Sall a décidé de porter le Fonds de Développement des Cultures Urbaines et des Industries Créatives (Fdcuic) à la somme d’un milliard Fcfa après sa rencontre avec les acteurs
Le 25 décembre dernier, Macky Sall a reçu en audience au palais de la République 25 acteurs du mouvement Hiphop qui participent à l'initiative «Tarru Rap Galsen» (Teg). Toutes les générations de rappeurs étaient représentées à cette rencontre au cours de laquelle, le président de la République a décidé de faire passer le Fonds de Développement des Cultures Urbaines et des Industries culturelles (Fdcuic) de 600 millions Fcfa à la somme d’un milliard Fcfa.
Le président de la République et les acteurs des cultures urbaines parmi lesquels Tapha de Senart Vision (promoteur de Tarru Rap Galsen), Duggy Tee, Xuman, Simon Kouka, Fata, Rifou, Ngaaka Blindé… se sont rencontrés dans l’optique d’industrialiser le secteur des industries créatives. A cet effet, Macky Sall a décidé de porter le Fonds de Développement des Cultures Urbaines et des Industries Créatives (Fdcuic) à la somme d’un milliard Fcfa.
Au cours de leur audience avec le chef de l’Etat, des leaders des cultures urbaines ont défendu avec «de solides arguments» leur secteur en formulant des doléances et des solutions pertinentes. En présence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique Aliou Sow, Macky Sall et ses hôtes se sont penchées sur des problématiques du Hip-hop. «Ainsi, un pont patriotique solide de vérité et de transparence est établi entre la République et le Rap dans le respect de la liberté et de la particularité artistiques dans la responsabilité», rapporte un communiqué en provenance de la Présidence de la République. A cet effet, le président de la République a pris plusieurs mesures. Il s’agit notamment de la transformation du Fonds de Développement des Cultures Urbaines (Fdcu) en Fonds de Développement des Cultures Urbaines et des Industries Créatives (Fdcuic), dont les deniers seront gérés, selon la tutelle, par une direction, une administration générale et un conseil d'administration. «Les acteurs des cultures urbaines y seront fortement représentés et dirigeront un des deux organes», renseigne le ministère de la Culture dans un communiqué. En plus de cela, il y a l'effectivité de l'augmentation du budget du Fonds dédié dont la dotation va passer de «600.000.000 Fcfa prévue en 2023 à un milliard de francs Cfa». Entre autres mesures : le bureau des cultures urbaines sera rattaché au ministère de la Culture, la mise à disposition d'un siège national des structures et associations des cultures urbaines. Le Président a promis d’installer une télévision des cultures urbaines : Hip-hop Tv. Le projet Trg a aussi bénéficié d’un accompagnement pour sa décentralisation dans toutes les régions du Sénégal et à l'étranger.
RECRUTEMENT DE 150 JEUNES
Selon le ministère de la Culture, «150 jeunes seront recrutés par le programme «Xëyu Ndaw yi» pour des structures du Trg». Dans le cadre de la poursuite de cette synergie, il est prévu une convention de partenariat entre les ministères de la Culture, de la Jeunesse et les cultures urbaines sur le contenu culturel des maisons de la jeunesse et de la citoyenneté (Mjc). Pour le financement des projets des acteurs, il sera mis à leur disposition des bourses de formation aux métiers de la culture et à l'entrepreneuriat par 3 Fpt, en plus de leur faciliter l'accès aux financements de la Der/Fj et le financement d'un voyage d'étude et de production pour 19 artistes ». En fin de compte, l’épineuse question de la libération du rappeur activiste Karim Guèye a été posée sur la table du président de la République. Invoquant la séparation des pouvoirs, le Président Macky Sall a promis une non-objection à la demande de liberté du rappeur Abdou Karim Guèye qu’auront à déposer ses avocats.