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24 novembre 2024
Culture
PAS LE DROIT À L'ERREUR
La victoire est impérative pour chacun des protagonistes du combat de lutte avec frappe de ce dimanche à l'Arène nationale de lutte, à Dakar, entre Bombardier et Tapha Tine, s’ils veulent soulever le trophée du roi des arènes
La victoire est impérative pour chacun des protagonistes du combat de lutte avec frappe de ce dimanche à l'Arène nationale de lutte, à Dakar, entre Bombardier et Tapha Tine, s’ils veulent soulever le trophée du roi des arènes, analyse le spécialiste de la lutte Babacar Simon Faye.
Après une premier combat qui s’est soldé par la victoire de Tapha Tine en 2012, les deux poids lourds se rencontrent de nouveau, à l’initiative du promoteur de lutte Gaston Mbengue.
‘’La victoire est impérative pour chacun des deux lutteurs qui vise le titre de roi des arènes détenu par Modou Lo’’, a dit Babacar Simon Faye, invité par l’APS à analyser cette affiche.
‘’Bombardier ne fait pas mystère de son ambition de décrocher le titre, qu'il a déjà remporté deux fois, face à Tyson en 2002 et devant Balla Gaye 2 en 2014’’, rappelle Faye.
Mais ‘’le Baol (le fief de Tapha Tine) piaffe d'impatience de goûter aux délices que confère ledit titre’’, s’empresse-t-il d’ajouter.
Quelles perspectives peut-on envisager pour celui qui sera battu ce dimanche ? ‘’Le vaincu devrait se préparer à écrire le tome 3 de sa carrière : croiser le fer avec la jeune génération dirigée par Boy Niang, Reug Reug, Sa Thiès…’’ répond Babacar Simon Faye.
‘’Tapha Tine est réputé puncheur hors pair. Il en a donné la preuve avec Elton et Bombardier, son adversaire de ce dimanche. Ces deux lutteurs ont dû leur salut à l'intervention du docteur Ardo (le médecin du Comité national de gestion de la lutte), le seul habilité à arrêter un combat de lutte pour sauvegarder l'intégrité physique du lutteur’’, dit-il en répondant à la question de savoir quels sont les atouts du lutteur de l’écurie Baol Mbollo.
‘’Résultat : le lutteur mal en point perd le combat par décision médicale’’, rappelle-t-il en souvenir de la manière dont Tine a défait le lutteur Elton et son adversaire d’aujourd’hui.
Faye tient à souligner que ‘’le colosse du Baol est également fort en plaquage’’. ‘’Il y va avec puissance et précision. Difficile de sortir indemne de cette charge fatale’’, ajoute-t-il en signalant que Tapha Tine, en revanche, ‘’est faible des pieds’’.
‘’Lac de Guiers 2 et Balla Gaye 2 l'ont compris. Ils ont simulé une fausse bagarre pour percer sa garde et conclure par une entrée en jambes pour le battre’’, se souvient le spécialiste.
Il estime que ‘’l'atout majeur de Bombardier, c'est sa puissance et sa masse athlétique’’.
‘’Son endurance également. Un lutteur de son gabarit éprouverait beaucoup de difficultés à s'exprimer correctement, sur le plan technique’’, analyse Faye.
Mais le lutteur de Mbour ‘’compense cela par son endurance. Il est difficile de parler des faiblesses du B52 (Bombardier). On peut noter sa difficulté à rendre sa garde hermétique et un certain relâchement, face à Eumeu Sène, par exemple’’, explique-t-il.
L’ADMINISTRATION, UN MONSTRE A REFORMER
La réforme de l’Administration sénégalaise est une urgence. Elle devient une question fondamentale sur le chemin de l’émergence. L’Administration publique sénégalaise, le plus gros employeur du pays avec près de 127.130 agents, est malade à tous les nivea
La réforme de l’Administration sénégalaise est une urgence. Elle devient une question fondamentale sur le chemin de l’émergence. L’Administration publique sénégalaise, le plus gros employeur du pays avec près de 127.130 agents, est malade à tous les niveaux. Elle ne parvient plus à allier atteinte de résultats et satisfaction du client qu’est l’usager de l’Administration. Le livre-diagnostic du DR Mor Seck intitulé « Repenser les politiques publiques et réinventer l’Etat » qui vient d’être publié pose le débat d’une problématique à réformer l’Etat en mettant l’accent sur l’éthique et la déontologie de l’agent de l’Etat, mais aussi sur la modernisation des « corps de l’Etat » comme l’ENA, l’Inspection générale d’Etat, la Cour des Comptes… Dr Mor Seck, secrétaire permanent de la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics (CESPPP) de la présidence de la République dirigée parle ministre El Hadj Ibrahima Sall, est d’avis que la réforme de l’Etat passera parla mise en place d’un Tableau de Bord Prospectif (TBP) ou équilibré (TBE) afin de déboucher sur un Système national résilient d’évaluation ou un Système national d’évaluation (SNE).
« Le Sénégal, plus de soixante années après son indépendance, donc avec une Administration publique de plus de soixante ans, après avoir expérimenté des réformes avec des résultats très mitigés, et dans un contexte où les populations sont de plus en plus exigeantes sur la qualité des services publics qui leur sont fournies, doit inévitablement, procéder à une réforme profonde de l’État et à une transformation de l’action publique, seul gage de la préservation de l’intérêt général et du bien-être des populations pour l’atteinte de l’émergence économique, sociale et politique de notre pays » souligne Dr Mor Seck.
Ce dernier titulaire d’un PhD en Management public et de plusieurs masters et diplômes en management, politique et administration publics note que l’Administration sénégalaise souffre aujourd’hui d’un sérieux problème de réactivité. «Nous avons l’impression qu’elle ne réagit presque plus aux correspondances envoyées par les usagers mais aussi et surtout même plus à celles provenant d’autres structures de l’Administration.
Cette attitude pourrait éventuellement entraîner un problème de transparence dans les affaires publiques mais poser aussi la question du respect du principe d’équité et d’égalité devant les citoyens, principe que leur accorde notre Constitution » dénonce vivement l’auteur de l’ouvrage « Repenser les politiques publiques et réinventer l’Etat.
Cette mauvaise attitude, qui trouve aussi une de ses explications dans les aspects liés à la question de la formation et des compétences de ses ressources humaines, favorise l’instauration d’un traitement basé sur le favoritisme, le lobbying et la corruption. La confiance constitue en effet le nerf de la relation qui lie l’Administration et le citoyen. L’autorité de l’État y dépend d’ailleurs. C’est pourquoi un des principaux objets de la réforme suggérée est la restauration de cette confiance entre les citoyens et les agents de l’État.
L’amélioration, de cette relation de confiance qui doit prévaloir entre l’Administration et les usagers, passe aussi par des instruments relativement nouveaux tels que Internet avec la systématisation de portails pour toutes les Administrations explique l’ancien Président de l’Association africaine des centres d’enseignement à distance (AACED) basée à Dar es Salaam, en Tanzanie.
Les agents de l’Etat : principal levier de la réforme de l’Etat
La 1ère étape de la réforme se situe au niveau des Agents de l’État, sur la question de leur déontologie et leur éthique. « Nous avons besoin d’un code de déontologie, de même qu’un code d’éthique et de conduite pour arriver à des Fonctions publiques respectées et efficaces. Concrètement, cela veut dire une déontologie qui précise les droits, les obligations, les garanties et la discipline de l’Agent de l’État ». A ce niveau, l’Etat avait déjà préparé, en 2021, un « code de déontologie des fonctionnaires » qu’il envisageait « de faire adopter sous peu de temps ». Seulement ce code souffre d’imperfections soulevées par Dr Mor Seck. Elles se situent à trois niveaux notamment. Les obligations des fonctionnaires énumérées dans ce projet de code restent très vagues et incomplètes au regard des défis déontologiques actuels de la Fonction publique. Et alors par conséquent, ce projet de code de déontologie des fonctionnaires devra être complété par des codes de déontologie pour les différentes professions qui ont des obligations déontologiques particulières (médecins, agents des forces de sécurité, agents des régies financières (douane, impôts et domaines, trésor, etc.), agents des corps de contrôle et de régulation, agents des services de renseignements, conseillers spéciaux etc…).
Dr Mor Seck de signaler que « le texte qui était programmé par le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, et qui était en voie d’adoption pose un problème majeur dans la mesure où il comprend en « titre 1 les devoirs » des fonctionnaires et en « titre 2 les droits » des fonctionnaires. Je me permets donc d’attirer l’attention du Ministre de la Fonction publique et de la Transformation du Secteur public sur le fait que :(i)Un code ou une charte de déontologie ne peut comprendre QUE DES DEVOIRS ; (ii) S’il inclut - à tort - des « droits » en reprenant des éléments de statut des fonctionnaires, ces derniers pourraient vous opposer certains de leurs « droits non satisfaits » pour justifier leurs manquements aux devoirs que leur impose le code de déontologie ».
L’influence du système politique sur l’Administration, un phénomène noté depuis 2000
Une autre plaie de l’Administration a été l’ingérence de la sphère politique devant la mesure de promotion de l’agent du service public. « Comme toutes les structures, on constate que l’Administration publique sénégalaise est fortement influencée par l’environnement dans lequel elle baigne.
Le système politique a, en effet, un impact très négatif sur l’Administration sénégalaise. Cet impact est matérialisé par une cohabitation avec des rapports très déséquilibrés, dominés par le Politique. Par exemple, dans la répartition des postes de responsabilité au sein de l’Administration, le Politique jouit d’une certaine prééminence vue comme un phénomène normal et universellement accepté, au nom du principe : « qui gagne gouverne ». Mais, il faut noter qu’un tel principe ne pourrait être valable pour toutes les catégories de postes ou fonctions. Il ne peut donc se justifier, à la rigueur, que pour les fonctions à caractère politique, telles que celles de ministres et des membres de leurs cabinets, et non pour celles à caractère technique ou technocratique telles que les Directions de Sociétés publiques, les Directions nationales dans les différents départements ministériels et leurs services rattachés comme les Agences nationales d’Exécution et autres services assimilés. Ne serait-ce que pour un souci de conformité par rapport au but de l’Administration publique, et, qui le différentie essentiellement de l’Administration privée, l’Administration privée étant assimilée aussi au secteur privé, l’hégémonie d’un ou plusieurs partis politiques ne devrait, en aucun cas, être utilisée pour détourner l’Administration de sa mission de servir l’intérêt général, au profit d’intérêts strictement privés » note le Secrétaire permanent de la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics (CESPPP). Une telle dérive souligne-t-il, constitue un grand danger dans la gestion de l’Administration. Elle viole en plus deux règles constitutionnelles majeures qui fondent notre nation, à savoir l’égalité des citoyens devant le service public et la défense de l’intérêt général.
Cette allégeance marquée des autorités publiques aux politiques a engendré des perturbations dans la conduite des affaires de l’Administration et a fini de convaincre de la partialité et du manque de neutralité de cette dernière aux yeux d’une bonne frange de l’opinion aussi bien nationale qu’internationale. Cette situation d’allégeance a naturellement des conséquences extrêmement néfastes dans la vie de la nation, parmi lesquelles, nous pouvons citer particulièrement : Une divulgation systématique d’informations à caractère confidentiel et/ou secret sur la voie publique. Le constat est, qu’en réalité, politique et Administration cohabitent très mal au Sénégal, surtout depuis 2000. D’ailleurs, la situation est devenue, aujourd’hui, extrêmement grave et même dangereuse pour l’Etat qui voit son mythe s’effondrer.
En effet, l’Administration qui représente le bras armé de l’Etat et la fragiliser revient à fragiliser l’Etat se politise de plus en plus. Dr Mor Seck fait le constat que « certains secteurs de l’Administration, particulièrement des régies financières, restés pendant longtemps en dehors de cette mouvance, ont fini, au fil de ces vingt-deux dernières années, à s’ériger en Administration les plus politisées de notre Etat aujourd’hui. C’est le cas, particulièrement de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID). L’exemple le plus frappant que je peux citer, encore une fois, concerne le cas de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) qui constitue, aujourd’hui, non seulement l’une des structures les plus politisée de notre Administration, mais aussi qui subit en son sein des pressions venant du syndicat des agents des Impôts et des Domaines, une des rares organisations syndicales créés et gérées par des Agents de l‘État, l’essentiel des Corps de l’État étant organisés en Amicales. La raison fondamentale est, malheureusement pour ces Administrations, d’avoir à leur tête, à un moment crucial de leur histoire, des dirigeants opportunistes, sans aucun sens républicain ou esprit patriotique. Ces Hauts fonctionnaires ont choisi de mettre en péril l’image de l’Administration et, au-delà, l’image de l’Etat et de la République pour mener des combats personnels, bassement politiciens et matériels, qui sont en train de conduire notre pays vers des dérives extrêmement dangereuses et graves, vers le chaos. Tous ces mauvais comportements de fonctionnaires nous ramènent à des questions d’éthique, de déontologie et de professionnalisme dans le secteur public mais aussi à un manque de culture administrative de leur part. Il ne s’agit pas d’être Agent de l’Etat pour connaitre l’Administration ou pour avoir la culture de l’Administration. Il ne s’agit pas non plus, malheureusement, de sortir d’une école de formation de fonctionnaires, civils ou militaires, pour avoir une conscience administrative ou maitriser les règles de fonctionnement de l’Administration. C’est juste une condition nécessaire, peut-être, mais pas suffisante pour être un bon Agent de l’Etat ».
Réformer les « corps de l’Etat », l’ENA, l’IGE, la Cour des Comptes…
La réforme de l’Administration passera aussi par celle des « corps de l’État » notamment l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), l’Inspection générale d’Etat et la Cour des Comptes. Dr Mor Seck à ce niveau convoque la jurisprudence Emmanuel Macron. Dans un essai en novembre 2016, le président français disait que « les hauts fonctionnaires se sont constitués en castes » et « qu’il faut en finir avec leur protection hors du temps ». Il initiera alors une réforme visant à supprimer les grands corps de l’État au profit d’un corps unique d’« Administrateurs de l’État ». Il ajoutera ensuite « pour faire la réforme que j’évoquais, il faut supprimer entre autres l’ENA ». Cette annonce et cette décision formelle ont été faites en avril 2019 par le Président Macron, lui-même produit de l’ENA. Alors, une réforme profonde de l’ENA s’en est suivie et a abouti à sa suppression. Il est établi en France, suite à de nombreuses critiques, la question de la suppression de l’ENA se posait régulièrement depuis les années 1970. Telle qu’elle existe et fonctionne aujourd’hui, aussi bien dans son management, son mode de recrutement que dans ses programmes de formation. « J’avoue que l’ENA pose aussi, dans nos pays anciennes colonies françaises, un sérieux problème, et, est devenue un instrument obsolète, inapproprié, ne pouvant mettre entre les mains de l’Administration publique que des produits pas finis, inadaptés et pas prêts à l’emploi. Au Sénégal, comme dans d’autres pays africains francophones, je pense que l’ENA peut être considérée aujourd’hui comme l’un des principaux facteurs responsables de la dégradation de la qualité des services publics fournis aux citoyens et usagers de l’Administration publique. D’ailleurs, à la différence des pays anglo-saxons où il n’existe ni « corps d’État » ni « ENA », et, où seules les compétences prévalent dans la majeure partie des cas pour occuper une fonction publique, la performance des Administrations publiques et la qualité des services publics fournis sont largement meilleures. La question troublante de la rémunération des agents de l’État en général et des hauts fonctionnaires en particulier pourrait trouver une solution plus juste et plus équitable avec une telle réforme au niveau des corps de l’État » écrit Dr Mor Seck.
… Et la gouvernance de contrôle… le Tableau de Bord Prospectif (TBP) et Un Système national résilient d’évaluation
En outre, une réforme sérieuse de l’État mettra aussi l’accent sur une réforme de la gouvernance de contrôle. Ceci pose encore sur la table la pertinente question du besoin de réforme de l’Inspection générale d’État (IGE) et de la Cour des Comptes au Sénégal, aussi bien du point de vue de leurs modes de recrutement et de nomination que du point de vue de leurs modes d’organisation, de fonctionnement, ainsi que leurs attributions et leurs missions. La réforme de l’État est consciente qu’à côté des femmes et des hommes dévoués pour le service public, il existe des agents publics mus par des intérêts privés. Ceci permet de poser la question des conflits d’intérêts chez les hauts fonctionnaires de l’État de même que toutes les liaisons dangereuses dans les passerelles public-privé dans ce domaine. Aujourd’hui, la réforme de l’Administration publique, pour s’adapter aux pressions et nouvelles donnes d’un monde plus que jamais changeant, est devenue un phénomène global, et peut-être un des principaux défis de notre époque. Dans ce nouveau contexte de modernisation de l’État, où une nouvelle stratégie est mise en place, le manager public doit faire appel à des outils spécifiques de gestion pour piloter sa propre performance et les performances de ses collaborateurs. L’un des principaux outils pouvant le lui permettre est la mise en place d’un Tableau de Bord Prospectif (TBP) ou équilibré (TBE) plus connu sous son appellation anglo-saxonne de Balanced Score Card (BSC). Le BSC est en effet un plan stratégique intégré et un système de management de la performance. C’est un outil de management stratégique, complémentaire des tableaux de bord opérationnels, orienté vers la décision et l’action. C’est une démarche résolument orientée vers la performance, l’efficience, le sens, la cohésion, les résultats et la transversalité. C’est un tableau de bord de pilotage opérationnel.
Un système national d’évaluation (SNE) constitue un ensemble d’acteurs, de règles, de mécanismes, de processus et d’outils, nécessaires pour que l’évaluation devienne systématique et que ses résultats soient utilisés dans la prise de décisions. Les systèmes nationaux d’évaluation, qui prennent leur source des stratégies nationales de développement, permettent de mesurer le progrès et d’améliorer la prise de décisions. Mettre en place un système national résilient d’évaluation peut être assimilé à une question de réinvention du futur pour nos Etats.
Dans les États où les dirigeants et décideurs politiques refusent ou tremblent devant l’idée de réformer l’État, nous pouvons qualifier, systématiquement et sans risque de nous tromper, ces États et leurs dirigeants d’antidémocratiques. En effet, la démocratie meurt si on ne réforme pas l’État. Elle engendre et facilite le réveil citoyen indispensable à l’émergence. En effet, le réveil citoyen est naturellement accompagné de la réforme de l’État pour une satisfaction des besoins des citoyens à travers la fourniture de services publics de qualité. En démocratie, rien n’est figé et tout se discute. La démocratie en soi, comme la réforme de l’État, est un phénomène dynamique d’où la nécessité d’une perpétuelle remise en question pour se corriger, pour avancer, pour se bonifier et pour émerger.
Les Sénégalais veulent transformer leur pays, 5 pistes pour la réforme de l’Etat
« Les Sénégalais veulent transformer leur pays. Ils veulent le voir changé radicalement. La réforme de l’État libèrera notre potentiel de croissance, réduira les inégalités et protègera la République. L’avenir de nos services publics, la réduction des inégalités sociales et même la légitimité de l’action publique dépendront, essentiellement, de la réussite de cette réforme que nous préconisons. Les transformations profondes que les Sénégalais attendent de leur pays passeront nécessairement par l’État. Seul l’État peut porter de telles transformations et l’État doit les porter » souligne Dr Mor Seck. Ce dernier émet cinq principales pistes qui pourraient conduire à la modernisation de la gestion du secteur public et au renforcement de la gouvernance. Il s’agit de e la restauration, la préservation et le maintien de la confiance du peuple dans l’État. Ensuite, la participation, le partenariat, le renforcement de pouvoir, l’appropriation, les droits de l’homme, la liberté d’expression, la liberté d’association et la démocratie nécessitent une coopération active de tous. Ceci permettra surtout d’éviter l’instrumentalisation de certaines composantes de l’État comme la justice et éviter donc de tuer la démocratie. La nécessité de dépolitiser l’Administration publique et d’avoir une éthique nationale. Le besoin de procéder à une « analyse d’opportunités » plutôt qu’à une « analyse de besoins » pour promouvoir la bonne gouvernance. Et enfin, la promotion du leadership par l’exemplarité pour promouvoir le changement. C’est le seul moyen d’éviter le chaos dans nos pays et d’asseoir la stabilité.
VERS LA DIGITALISATION DE L'INDUSTRIE MUSICALE
La quatrième édition de Dakar music expo (DMX) est prévue, du 9 au 11 février. Des professionnels venus d'horizons divers vont échanger autour du thème de la digitalisation de l'industrie musicale.
Dakar Music expo (DMX) célèbre la création africaine autour de débats, show cases et rencontres, afin de créer un réseau et des opportunités professionnelles pour les jeunes talents et professionnels du pays et du continent. Après trois années consécutives, ce salon international annuel de la musique revient, ce 9 février, pour trois jours, en réunissant professionnels, décideurs, organisateurs d'événements, associations professionnelles, entreprises de l'industrie musicale etc.
Chaque édition, l'organisateur et son équipe essaient de faire quelque chose qui impacte, à travers notamment les thématiques abordés, sur l'écosystème musical. Cette année, les discussions vont tourner autour de la digitalisation de l'industrie musicale. ''On voit que dans le monde entier l'industrie musicale repose sur des outils digitaux. Nous allons discuter entre professionnels sénégalais et africains et d'autres spécialistes venus d'ailleurs. Nous parlerons de l'écosystème mondial, des particularités en Afrique, et des solutions que nous pouvons apporter'', déclare l'initiateur de l’événement Doudou Sarr.
L’objectif est de trouver des pistes de développement pour avoir un secteur beaucoup plus performant. Monsieur Sarr note que le défis à relever, c'est le paiement de la consommation d'un produit musical. ''Maintenant, c'est les plateformes d'écoute, parce qu'on ne vend presque plus de CD. On écoute de la musique sur les téléphones. Mais, est-ce qu'on l’achète ?'', se demande-t-il. Il regrette le fait qu'on télécharge de la musique gratuitement.
Ainsi, d'après lui, le digital pourrait aider à générer des revenus et des richesses, en achetant. 17 millions d'habitants n'est pas une mince affaire, à ses yeux. ''Il faut voir comment, en se servant de l'outil digital, on peut s'assurer que l'artiste génère des revenus. Dans cette dynamique d'encourager la consommation locale où l'on parle de l'agriculture et autres, il faut rajouter la consommation des produits musicaux'', indique Doudou Sarr.
A noter qu’il y a cinq artistes Sénégalais dans la programmation : Yoro Ndiaye, Index, Tafa Diarabi, Chadia, Niino MD.
UN SINGLE EN L’HONNEUR DE SADIO MANÉ
La chanteuse Mariétou Cissokho, porte-étendard de la musique mandingue, vient de ravir les mélomanes avec une composition musicale qui pénètre les abysses de l’âme. Elle a sorti un nouveau titre pour rendre un vibrant hommage à Sadio Mané
Sadio Mané est une fierté pour le peuple sénégalais, pour tout un continent. Plusieurs artistes d’ici et d’ailleurs lui ont consacré une chanson pour lui rendre hommage. C’est dans ce sillage que s’est inscrite la chanteuse Mariétou Cissokho, qui vient de mettre sur le marché un nouveau single dédié à l’enfant de Bambaly.
La chanteuse Mariétou Cissokho, porte-étendard de la musique mandingue, vient de ravir les mélomanes avec une composition musicale qui pénètre les abysses de l’âme. Elle a sorti un nouveau titre pour rendre un vibrant hommage au footballeur sénégalais Sadio Mané. Dans un morceau aux rythmes traditionnels du terroir du sociétaire du Bayern, elle a voulu retracer le fabuleux parcours de l’enfant de Bambaly. Pour ce faire, elle s’est largement inspirée du fameux titre « Ceddo » déjà popularisé par feu Lalo Kéba Dramé et repris par de nombreux chanteurs comme Ismaïla Lô, les Frères Touré Kunda, Amadou, Ismaïla et Sixu Tidiane, l’artiste sénégambien, le défunt Moussa Ngom, entre autres.
Pour rappel, le groupe sénégalais Touré Kunda réalisera dans l’album « Santhiaba » (2008) une version afro-reggae intitulée « Ñanthio » de l’air traditionnel gabunké « Ceddo » magnifié en son temps par Lalo Kéba. Cet hymne en l’honneur de celui que l’on surnomme affectueusement le « Ñanthio » vient à son heure. Dans un communiqué, le staff de Mariétou Cissokho précise que l’artiste avait prévu de sortir ce titre avant la Coupe du monde. Elle voulait magnifier le rôle prépondérant joué par ce digne héritier de Jules François Bocandé dans notre premier sacre continental et l’encourager. Malheureusement la blessure du Ballon d’or africain l’a obligée à différer la sortie de ce morceau dont le clip est déjà disponible.
« Cette présentation vient à son heure car, notre valeureux guerrier a repris les entrainements cette semaine », se félicite-t-elle. Mariétou Cissokho qui continue de marcher sur les traces de sa grand-mère Fatou Sakho qui faisait partie des grandes divas du Théâtre national Daniel Sorano ajoute : « Sadio est une fierté pour tout le monde, donc il est de notre devoir aussi, en tant qu’artiste, d’apporter une petite pierre à l’édifice. C’est une manière de lui prouver encore que tout le monde est derrière lui ».
L’INGENIEUR AGRONOME YOUNOUSSA MBALLO A L’HONNEUR
Connu pour son engagement littéraire, l’écrivain Idrissa Sow dit «Gorkoodio» a repris sa plume pour faire connaitre l’itinéraire atypique de Younoussa Mballo, l’ingénieur agronome et chevalier de l’ordre national du lion.
Connu pour son engagement littéraire, l’écrivain Idrissa Sow dit «Gorkoodio» a repris sa plume pour faire connaitre l’itinéraire atypique de Younoussa Mballo, l’ingénieur agronome et chevalier de l’ordre national du lion. Tenue ce weekend aux éditions Harmattan, la cérémonie de dédicace de l’ouvrage biographique, intitulé « l’homme de développement et de culture », a été l’occasion pour rendre hommage au natif de Kolda, très impliqué dans la marche de sa contrée.
C’est dans une ambiance solennelle, une salle archicomble, l’assistance bercée par les sonorités au rythme traditionnelle peulh, que l’écrivain «Gorkoodio » s’est installé au milieu d’intellectuels du Fouladou.
Venu présenter son livre, «Younoussa Mballo, l’homme de développement et de culture», l’auteur prolifique n’a pas eu à recourir à son récit pour retracer le parcours élogieux de son personnage. Assis à sa droite, l’universitaire, agrégé de Langues, Mamadou Ndiaye, chargé de présenter l’ouvrage, s’appuie du para texte. «Si nous nous intéressons au parcours de Younoussa Mballo, c’est bien parce que celui-ci est notable. A la fois semblable et différent de notre parcours. Depuis plus de 30 ans, je ne cesse d’admirer cet homme que je respecte beaucoup pour ce qu’il est. C’est-à-dire un homme entier d’une extrême humilité », a témoigné d’emblée le doyen de la faculté des Lettres et sciences humaines de l’Ucad. Philosophe, arborant le manteau de critique littéraire, Alpha Diamanka, a pointé son regard entre les lignes tracées par le narrateur. Mettant ainsi en exergue, au chapitre 1, traitant de l’enfance de l’ingénieur agronome, «la présence permanente de l’éducation, de la fidélité, de l’assimilation des principes socio-existentiels pour ne pas dire de valeurs cardinales du personnage principal».
Les valeurs transmises par les parents ou la culture et l’efficience en soi pour les autres, décrypte le philosophe, font corps dans tout le texte. «Justement, c’est cette imbrication entre développement et culture chez Younoussa qui amène à formuler les questions suivantes : le développement est- il le produit de la culture ou bien devrions nous dire que la culture est le produit du développement ? Ces deux paradigmes mettent de loin les considérations autour du personnage de Younoussa », explique Alpha Diamanka à propos de l’ouvrage.
Revenant sur les péripéties de la naissance de l’ouvrage, «Gorkoodio » révèle que l’idée lui est venue d’un songe. «C’est une injonction. Je n’avais jamais rencontré Younoussa auparavant. Comme ce fut le cas de Cheikh Oumar Foutiyou Tall à qui j’ai donné le nom à un de mes enfants, Younoussa m’est apparu en rêve à plusieursreprises. Puis, je m’en suis ouvert à ma mère. Et lorsque j’ai pu rencontrer Younoussa en personne, j’ai décidé décrire sur lui. Ensuite, il m’a donné son accord. Ainsi a commencé les investigations autour de son parcours », a relaté Idrissa Sow Gorkoodio.
POURQUOI JE NE PEUX PAS ÊTRE ÉTERNELLEMENT DANS L’OMBRE DE YOUSSOU NDOUR
Birame Dieng Salla, une voix de rossignol, choriste de Youssou Ndour depuis 2004, vient de sortir son premier album « Guis-guis ». L’enfant de Thiès revient sur son parcours, sa relation avec sa sœur Amy Collé, la polygamie, la paix sociale. ENTRETIEN
Il sort des ascenseurs sis au 4e étage du Groupe Emedia pour une émission avec Dj Padros. Avant même d’entrer sur le plateau de « Sama Sénégal », il demande une natte de prière pour sacrifier à la prière de 17h. Pourtant, malgré ses études très poussées à l’enseignement coranique, il ne pouvait pas échapper au micro. Birame Dieng Salla, une voix de rossignol, choriste de Youssou Ndour depuis 2004, vient de sortir son premier album « Guis-guis ». L’enfant de Thiès revient sur son parcours, sa relation avec sa sœur Amy Collé, la polygamie, la paix sociale, etc.
De quoi parle votre premier album, Guis-guis » ?
« Guis-Guis » est un album de 7 titres avec des thématiques diverses et variées. J’ai chanté la confiance, l’amour, les marabouts, etc. Mais le morceau « Kan laay wolu » est le préféré des Sénégalais puisqu’il aborde un sujet d’actualité. Les réseaux sociaux sont devenus une source de problème entre les individus qui ne se font plus confiance.
Est-ce une chose que vous avez vécue ?
(Brin de sourire), je l’ai vécue, un proche aussi. Nous sommes des artistes, ce que nous chantons peut être un vécu ou tiré d’une réalité. C’est pourquoi j’exhorte les gens à être plus méfiants car, les gens sont différents et agissent différemment. D’où le titre de l’album « Guis-Guis ». Chacun à sa manière de voir les choses.
Pourquoi avez-vous attendu 8 ans après le démarrage de votre carrière pour sortir votre premier album ?
Tout est une question de destin chez Birame. Dieu a fait que je ne suis pas quelqu’un de pressé. Je suis très patient (il le répète). Pendant tout ce temps, j’étais en train de travailler, et Dieu a fait qu’en 2022, j’ai rencontré un producteur résidant aux Etats-Unis, en l’occurrence Samba Dioum de « Solution Music ». Il a porté son choix sur moi et a investi beaucoup d’argent pour produire mon premier album. Je rends grâce à Dieu. Je ferai tout pour la promotion de cet opus à travers des soirées, des concerts, dans les plateaux de télévision car les albums ne se vendent plus. La nouvelle trouvaille des artistes, c’est de faire des singles. J’ai opté pour un album pour montrer ce que je vaux et pour prouver que j’ai ma place dans la musique.
Pourquoi le label « Prince art » ne vous a pas produit d’autant plus que vous travaillez pour Youssou Ndour ?
J’aurais bien aimé qu’il me produise mais, ça n’a pas pu se réaliser. Dieu a décidé que ce soit « Solution Music » qui va produire mon premier album. Cependant, je travaille de manière professionnelle avec Youssou Ndour depuis 2004.
Que dites-vous à ceux qui soutiennent que c’est à cause de Youssou Ndour que vous avez tardé à sortir votre premier album ?
Ce sont de fausses allégations. Youssou Ndour est très généreux et il est loin d’avoir cette idée. Il a un esprit très ouvert. Tout ce qui l’importe, c’est le travail bien fait. Cet album est venu à son heure et avec le producteur, nous l’avons bien fait.
Avez-vous des ambitions de faire une carrière solo ?
Absolument. Je ne peux pas être éternellement dans l’ombre de Youssou Ndour. Le rêve de tout musicien, c’est de faire sa carrière solo un jour.
Est-ce que vous osez le faire ?
(Éclat de rire). Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Chaque chose en son temps. Je ne suis pas du tout pressé. Mais, pour le moment, je travaille avec Youssou Ndour. Il me voue un respect énorme et je gagne bien ma vie à ses côtés. Je travaille et je gère ma carrière. Le reste est entre les mains de Dieu.
Vous faites partie des choristes vedettes de Youssou Ndour. Comment vous l’avez rencontré ?
C’est grâce au travail et à la bénédiction de mes défunts parents. C’est une lapalissade de dire que Youssou Ndour est une icône de la musique sénégalaise. Donc, personne ne peut l’influencer. S’il m’a choisi pour assurer ses chœurs, c’est parce qu’il apprécie ma voix et ce que je fais. Cela fait 18 ans que je suis avec lui. Ce qui veut dire qu’il croit en moi, en mes potentialités. Il reconnaît également mon sérieux dans le travail. Je suis natif de Thiès. J’ai débuté mon art au quartier Sam Pathé. J’ai commencé à chanter dans la lutte et lors des séances de faux lions. Je suis aussi percussionniste. Je chantonnais et on me disait que j’avais une belle voix. J’ai fait des études poussées à l’école coranique. Mais, je ne pouvais pas échapper au micro. C’était déjà écrit. Avec la bénédiction de mon père, j’ai mis en suspens mes études pour me consacrer entièrement à ma passion. Je suis issu d’une famille de griots. J’étais obligé de suivre le sillon familial pour chanter les louanges du Prophète Mohamed (Psl). Mais, à force d’imiter des chanteurs comme Youssou Ndour qui a toujours été mon idole, j’ai fini par tracer ma voie. Je chantais dans les cérémonies familiales de mon quartier. Plus tard, je suis venu à Dakar pour explorer mon art et ma passion. Au début, c’était difficile. Je ne m’en sortais pas. Je vendais même des miroirs pour avoir des profits. J’ai été repéré plus tard par Fatou Laobé à Yeumbeul. J’ai d’ailleurs participé à son premier album. C’est par la suite que j’ai fait la connaissance de Ndiaga Ndour. Il m’a mis en rapport avec Mbaye Dièye Faye et j’ai participé à son album dans les titres « Rass », « Blocage », « Mbaye Laye », etc. Ça a été un succès. Séduit par la puissance de ma voix, il m’intègre dans l’orchestre de Youssou Ndour en 2004.
Comment alliez-vous le travail entre l’orchestre « Super Etoile » et le Groupe Africa Band ?
(Pouf de rire) Comment vous avez su ? Non, c’est juste un groupe qui a été créé par notre grand Pape Cissé. Le but, c’est de rendre hommage aux pionniers de la musique sénégalaise, voire africaine, à savoir Baba Maal, Youssou Ndour, Ismaila Lo, Père Ouza Diallo, Thione Ballago Seck, Salif Keita, etc. C’est un groupe de variétés, mais ça n’entrave en rien notre travail chez Youssou Ndour.
Vous êtes catalogué comme quelqu’un de réservé ?
Je suis de nature calme. Quand on ne m’invite pas quelque part, je n’y vais pas, je suis comme ça. Ce n’est pas de la méchanceté ou de l’arrogance, mais c’est de la prudence.
Votre grande sœur, Amy Collé, se fait rare dans la scène musicale. Pouvez-vous nous donner de ses nouvelles ?
Pourtant, elle est toujours là. Mais vous savez, dans ce milieu, il ne suffit pas d’être bon chanteur pour percer. Le mal de la musique est plus profond.
Soyez plus explicite…
Le milieu est toujours comme ça. Tout le monde n’est pas mauvais, mais également tout le monde n’est pas gentil. Mais il faut tout laisser entre les mains de Dieu.
La nouvelle tendance chez les artistes, c’est de prendre une seconde épouse…
(Éclat de rire). C’est une tendance chez les musulmans, pas seulement chez les artistes. Tout homme musulman a le droit d’avoir jusqu’à quatre femmes.
Birame est-il monogame ou polygame ?
Monogame ? Que Dieu m’en garde !
Donc, vous êtes en discussion pour prendre une seconde épouse ?
C’est entre les mains de Dieu.
La situation politique est très tendue. En tant qu’artiste, quel commentaire en faites-vous ?
Nous n’avons que le Sénégal, donc nous ne souhaitons que la paix, rien que la paix. Nous exhortons les politiciens à promouvoir la paix et la concorde. Mon parti, c’est le Sénégal et celui qui travaille pour le développement du pays.
LE MYTHE DU KANKOURANG À MBOUR
Les non-initiés connaissent peu de chose de ce personnage. A Mbour, même les responsables de la communauté Mandingue en charge de la conservation de ce rite culturel n’en savent pas davantage
Le mythe du Kankourang, un personnage qui désigne, à la fois, un masque et un rituel célébrant la circoncision parmi les Mandingues, continue à être jalousement préservé à Mbour, un des départements de la région de Thiès (ouest).
Les non-initiés connaissent peu de chose de ce personnage. A Mbour, même les responsables de la communauté Mandingue en charge de la conservation de ce rite culturel n’en savent pas davantage.
Seuls des membres d’un comité de sages regroupant des vieux âgés de plus 70 ans sont au contact de ce personnage qui apparaît habituellement en septembre, la période de la circoncision chez la communauté Mandingue de Mbour. Un mystère.
D’ailleurs, dire peu de chose à son père et ne rien révéler à sa mère, après la sortie de la case des circoncis, demeure le principal procédé ayant contribué à la préservation du mythe autour du Kankourang, introduit à Mbour au début du 20e siècle, précisément en 1904.
D’ordinaire interdit d’accès aux femmes pendant les périodes de circoncision, le local abritant les secrets du Kankourang dans le quartier Médine extension à Mbour a été exceptionnellement ouvert à une équie de journalistes de l’Agence de presse sénégalaise dans le cadre des préparatifs du Conseil des ministres que doit abriter jeudi Thiès, la capitale régionale.
L’isolement de l’endroit et son bosquet touffu que le visiteur est invité à découvrir ainsi que l’espacement de ses bâtiments sont à l’image du mystère qui entoure le Kankourang.
Démarche nonchalante, de loin identifiable par son bonnet rouge assorti de cauris, des gris-gris sur le corps et la corne entre les mains qu’il présente comme un de ses moyens de communication avec les anciens, Cheikhou Koté est le maitre des lieux. Il est le doyen d’âge de la communauté mandingue à Mbour.
Président du conseil des sages, organe délibératif de tout ce qui concerne le Kankourang, le vieux Koté s’exprime en langage codé, pour ne pas dire inaccessible aux non-initiés.
‘’Les anciens vous ont remis un tapis sur lequel ils étaient assis, tachez de le remettre intact aux générations futures’’, lance le vieux en langue mandingue, invitant avec autorité un de ses neveux présents sur les lieux à faire la traduction.
Durant les cases de circoncision, ‘’l’enfant est inculqué de valeurs qui vont le suivre durant toute sa vie’’, indique-t-il.
A sa sortie de cette retraite culturelle, l’enfant est invité ‘’à dire peu de chose à son père et à ne rien révéler à sa mère’’, ajoute le gardien du temple, devant les acquiescements de Fatou Faty. Comme pour confirmer les dires de son grand-père ou dénoncer ce procédé discriminant.
Né en 1936, Cheikhou Koté soutient que le Kankourang est arrivé au Sénégal en 1904 par l’entremise de notables mandingues établis à Mbour dont son père Mady Koté. Son introduction au Sénégal ferait suite à des fléaux marqués notamment par des morts d’enfants et de femmes en couches, rappelle Mamadou Aidara Diop.
Le secrétaire général de la Collectivité mandingue à Mbour ajoute que ses ancêtres, désemparés devant ces fléaux, avaient dépêché une délégation composée de mandingues pour retourner puiser dans les savoirs endogènes en vue de trouver un remède contre ces catastrophes naturelles.
La délégation partie à Gabu est revenue avec le kankourang, a-t-il poursuivi.
C’est depuis 1904 que le Kankourang est célébré à Mbour à des fins ‘’thérapeutiques’’ et ‘’protectrices’’, indique M. Diop.
Le secrétaire général de la collectivité note toutefois que sa structuration actuelle à travers le septembre mandingue remonte en 1990.
La convergence culturelle comme outil de diplomatie dans la sous-région
Le Kankourang est admis depuis 2005 au patrimoine immatériel de l’UNESO, l’organisme des Nations unies en charge de la protection des cultures, renseigne l’ancien cadre de la Sonatel.
Mamadou Aidara Diop note que l’activité se faisait traditionnellement après les récoltes. Mais avec le temps, le mois de septembre a été choisi pour la célébrer en période de vacances et pouvoir enrôler les élèves pendant un mois sans entrave sur le calendrier scolaire
Visiblement préoccupé par la sauvegarde de sa culture, Mamadou Aidara Diop n’a pas manqué de déplorer la ‘’profanation’’ du Kankourang dans certaines activités commerciales.
Cette pratique, déplore-t-il, n’est en aucune manière liée à une ‘’manifestation culturelle’’, mais constituerait une ‘’banalisation’’ de cet objet mystique chez les mandingues.
Parlant d’un modèle d’éducation qui devrait permettre de retourner à l’orthodoxie, le secrétaire général de la collectivité mandingue invite les Etats africains à davantage utiliser ‘’les ressources culturelles’’ dans les processus de résolution des conflits sur le continent.
Il faisait notamment allusion à la présence de la communauté Mandingue dans beaucoup de pays africains, à l’instar du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée Bissau, de la Côte d’ivoire, entre autres.
CHEIKH ANTA DIOP, L'HOMME QUI A RENDU LES PHARAONS À L'AFRIQUE
Le 7 février 1986 s’éteignait l’historien sénégalais, dont on célèbrera les 100 ans de la naissance le 29 décembre 2023. Que reste-t-il de sa pensée ? Quel est son héritage ?
Jeune Afrique |
Laurent de Saint Perier |
Publication 07/02/2023
« L’Égypte pharaonique est une civilisation africaine, élaborée en Afrique par des Africains » : ce qui semble aujourd’hui évident – sauf, peut-être, pour Nicolas Sarkozy et ses nègres – a longtemps été passé sous silence, voire ouvertement nié par l’égyptologie développée dans les laboratoires européens. Nous devons au scientifique, historien, anthropologue et homme politique Cheikh Anta Diop d’avoir rendu à l’Afrique ce qui appartient à l’Afrique.
Scandale à l’université
Né il y a un siècle, le 29 décembre 1923, à Thieytou, au Sénégal, et venu faire ses études à Paris, le chercheur provoque le scandale dans les milieux universitaires en publiant, en 1954, Nations nègres et culture, la thèse de doctorat pour laquelle il n’avait pu réunir un jury à la Sorbonne trois ans auparavant, par manque d’intérêt des professeurs.
Son chapitre « Origine des anciens Égyptiens », qui ouvrait le tome II de l’Histoire générale de l’Afrique (éditée en 1984 par l’Unesco et Jeune Afrique deux ans avant sa mort, à Dakar, le 7 février 1986), résumait ses dernières conclusions.
« Traits négroïdes »
S’appuyant sur des sources européennes antiques et contemporaines, sur l’iconographie pharaonique, sur la linguistique, invoquant aussi la craniométrie, l’étude des groupes sanguins et de la pigmentation épidermique, Anta Diop affirme que « le fonds de la population égyptienne était nègre à l’époque prédynastique » et qu’il en était de même à la période dynastique (celle des pharaons), où, « partout où le type racial autochtone est rendu avec un tant soit peu de netteté, il apparaît négroïde ».
« Les traits typiquement négroïdes des pharaons Narmer, Ière dynastie, le fondateur même de la lignée des pharaons, Djéser, IIIe dynastie (avec lui tous les éléments technologiques de la civilisation égyptienne étaient déjà en place), Khéops, le constructeur même de la grande pyramide (de type camerounais) […], montrent que toutes les classes de la société égyptienne appartenaient à la même race noire », souligne-t-il.
L’Égypte, matrice des cultures africaines
Pour le scientifique, formé en physique et en chimie, la vallée du Nil fut non seulement le creuset d’où un peuple noir tira la civilisation qui brilla sur le monde pendant trois millénaires, mais aussi la matrice des structures sociales, dynastiques et rituelles des cultures africaines postérieures. En témoignent, selon Diop, de nombreuses parentés linguistiques et coutumières.
« Quand on a découvert que l’Égypte avait une préhistoire, les égyptologues sont allés chercher ses sources dans les grandes civilisations mésopotamiennes, encore convaincus que la Lumière ne pouvait venir que de l’Orient. Cette théorie a prévalu jusque dans les années 1960 », reconnaît Béatrix Midant-Reynes, spécialiste de la préhistoire égyptienne et directrice de recherche émérite au CNRS.
Redécouverte scientifiquement et militairement par l’Europe avec l’expédition du général Napoléon Bonaparte, en 1798, l’Égypte n’est-elle pas aussi le berceau de l’orientalisme ? L’orientalisme comme mouvement artistique en vogue dans une Europe possédée par les fantasmes d’un « Orient sensuel et mystérieux », mais aussi comme discours de la domination politique et culturelle européenne puis occidentale, dénoncé en 1978 par l’universitaire palestinien Edward Said dans L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident.
À la création de l’Orient a répondu une création de l’Afrique, terre hors de l’Histoire à laquelle l’Europe avait le devoir d’apporter la civilisation. L’Égypte, « mère des sciences, des arts et de l’histoire » célébrée par Athènes et Rome avant Paris et Londres, étudiée par des savants issus du sérail académique orientaliste, ne pouvait y être rattachée, malgré son évidente appartenance géographique. Détachée de son continent, érigée en monde autonome, fille du seul Nil fécondée par l’Orient, l’Égypte a été placée à contresens sur la carte des cultures blanches, censées avoir amené la civilisation et la puissance à l’Europe depuis l’Asie, en passant par Athènes et Rome.
Ignorance et mépris
En 1908, alors que l’expansion coloniale s’accélère, le manuel Hachette des classes de 6e enseigne ainsi : « On discute beaucoup de l’origine des Égyptiens. Les égyptologues les plus compétents, M. Maspéro en particulier, les tiennent pour un peuple de sang mêlé mais où domine le sang sémitique, c’est-à-dire le sang des descendants de Sem, fils de Noé. Les Égyptiens seraient donc venus d’Asie alors que les Grecs les croyaient venus d’Afrique, des pays du Sud et de l’Éthiopie ».
L’artisanat, l’une des activités économiques phares de la commune de Ngaye Méckhé (ouest), rapporte chaque année quelque 10 milliards de francs CFA, a-t-on appris du maire de cette collectivité territoriale, Magatte Wade.
Ngaye Mékhé, 6 fév (APS) - L’artisanat, l’une des activités économiques phares de la commune de Ngaye Méckhé (ouest), rapporte chaque année quelque 10 milliards de francs CFA, a-t-on appris du maire de cette collectivité territoriale, Magatte Wade.
‘’Le chiffre d’affaires s’élève à quelque 10 milliards de francs CFA. Nous pensons même qu’il est même sous-évalué’’, a-t-il affirmé dans une interview avec l’APS en prélude au Conseil des ministres prévu cette semaine à Thiès.
‘’C’est un chiffre que les artisans contestent. Mais si vous prenez les prix des chaussures qui vont de 1.500 à 60.000 francs CFA, vous les multipliez par 280, le nombre d’ateliers de la commune, vous avez déjà 9 milliards’’, a expliqué M. Wade.
Les artisans de Ngaye Méckhé sont confrontés au difficile accès au financement de leurs activités, selon le maire.
‘’Les banques décentralisées appliquent des taux de remboursement de plus de 25 %, alors que les bénéfices attendus des investissements tournent autour de 15 %’’, a-t-il signalé.
Magatte Wade est d’avis que les produits de l’artisanat, dont les célèbres ‘’Dallou Ngaye’’, les chaussures fabriquées par les cordonniers de cette commune, doivent davantage être ‘’labellisées’’ pour pouvoir être vendues ‘’partout dans le monde’’.
Des jeunes artisans ont été envoyés à Milan pour une formation, dans le cadre d’un partenariat entretenu par la mairie, a-t-on appris de l’élu local.
‘’Mais nous sommes conscients qu’il nous reste encore beaucoup à faire dans la conception’’, a reconnu M. Wade.
LE JOURNALISTE ABOUBACAR DEMBA CISSOKHO PARMI LES MEMBRES DU JURY DE LA SECTION BURKINA FILMS DU FESPACO
Le journaliste et critique de cinéma Aboubacar Demba Cissokho, de l'Agence de presse sénégalaise, a été désigné membre du jury officiel de la section Burkina Films de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou
Dakar, 2 fév (APS) – Le journaliste et critique de cinéma Aboubacar Demba Cissokho, de l'Agence de presse sénégalaise, a été désigné membre du jury officiel de la section Burkina Films de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), a-t-on appris jeudi de la délégation générale chargée de l'organisation de cet événement.
L'édition 2023 du FESPACO se tiendra du 25 février au 4 mars prochains, sur le thème : "Cinémas d'Afrique et culture de la paix".
"C'est une fierté pour moi d'être admis dans ce jury pour la presse sénégalaise dans son ensemble, pour l'APS aussi, où je travaille depuis plus de vingt ans", a réagi Cissokho.
Le journaliste et critique de cinéma couvre le FESPACO pour l'APS depuis 2003.
"C'est un défi à relever, un défi qui m'appelle à être plus performant pour répondre aux attentes du plus grand festival de cinéma consacré au films africains", a-t-il dit.
Pour la 28e édition, la délégation générale du FESPACO a constitué huit jurys internationaux chargés d'évaluer 170 films qui viendront de 35 pays, dont le Sénégal.
Dix films sénégalais ont été sélectionnés pour la prochaine édition du festival de cinéma. Huit d'entre eux l'ont été pour la compétition officielle.
Le Togo est l'invité d'honneur de la 28e édition du FESPACO, qui est considéré par la délégation générale chargée de son organisation comme une "vitrine des cinémas d'Afrique et de la diaspora".