La ville capitale du Sénégal racontée par des acteurs culturels à travers le livre "Dakar, nid d'artistes" sorti par Aisha Deme. Elle est interrogée sur 2stv dans l'émission hebdomadaire de Sada Kane.
COUMBA GAWLO, CHRONIQUE D'UN RETOUR SUR SCÈNE
Terrassée par une extinction de voix, la chanteuse sénégalaise a été contrainte de mettre en veilleuse sa carrière. Trois ans plus tard, la diva à la voix d’or annonce la bonne nouvelle. Elle se porte mieux et fera bientôt son retour sur la scène musicale
Émotion, pleurs, larmes étaient au rendez-vous lors du face-à-face de la chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo avec la presse à l’auditorium du Musée des civilisations noires, à Dakar. L’attente a été longue. Plus d’une heure. Puis la diva est apparue, tout sourire, entourée de fans et collaborateurs. Kiné Lam, l’autre grande diva, était là pour l’accueillir avec une de ses envolées dont elle seule a le secret. Elle avait requinqué la chanteuse, sa nièce et fille de son amie Fatou Kiné Mbaye, en chantant ses louanges. Des artistes en herbe, disséminés un peu partout dans la salle, ont pris le relais, se livrant à un concours d’a capella. Une façon bien à elles de souhaiter un bon retour à la fille de Laye Bamba Seck. Le décor était bien planté.
D’une voix presque étouffée, inaudible, Coumba Gawlo qui a vécu la hantise de tous les artistes -celle de perdre sa voix- se porte mieux. Et face à des fans surexcités, elle a brisé le long silence pour annoncer qu’elle était à nouveau en pleine possession de ses moyens vocaux. L’exercice est difficile, mais Coumba Gawlo tient le coup. Elle décoche parfois des blagues pour amuser l’assistance.
« Je vais beaucoup mieux qu’avant. Ça n’a pas été facile. Pour quelqu’un qui était habitué à chanter, le fait de ne plus pouvoir parler devient difficile », avoue l’artiste avec des trémolos dans la voix. Son combat a été difficile et elle a rendu hommage à sa mère pour sa présence constante à ses côtés, salué l’engagement et la loyauté de ses collaborateurs et remercié ses fans pour leur présence.
La chanson dans l'âme
Le comble pour un chanteur, c’est de perdre la voix. Certains artistes ont dû faire face à cette épreuve. Et pour Coumba Gawlo, le plus important, c’est de réussir à revenir dans son pays, le Sénégal. La grande diva n’envisage pas de laisser tomber la musique. « J’envisage de reprendre mon métier que je considère n’avoir jamais abandonné parce que même étant malade, je faisais en sorte de rester en connexion avec mes fans, ma famille, mes proches. Je continuerai parce que je ne sais faire que chanter. Je suis née chanteuse, j’ai ça dans le sang, dans l’âme. Tout en moi est chant, musique, naturellement je continuerai mes activités et je continuerai mes traitements puisque je suis en convalescence », fait savoir Coumba Gawlo. De sa maladie, la chanteuse en parle sans détour. Une façon pour elle d’être « honnête professionnellement », de partager avec d’autres qui se trouvent dans sa situation, de leur donner du courage et de leur permettre de se dire qu’ils peuvent aussi y arriver. Sa maladie, précise-t-elle, n’a rien de mystique. Elle relève de la volonté divine, fait-elle savoir. Loin de dévoiler son bilan médical, elle revient avec douleur. « À la différence de beaucoup d’artistes qui sont opérés de polypes, j’ai eu une blessure aux cordes vocales. J’ai été agressée accidentellement lors d’une maladie. Cela a créé une autre maladie, d’où ma lésion sur ma corde vocale gauche. J’avais une plaie dans la gorge qu’il fallait enlever, guérir. Cette plaie m’a empêché de parler par moments, en cas de fatigue extrême, de me reposer, de chanter », renseigne la chanteuse qui a bon espoir que les choses vont s’améliorer de jour en jour.
Phénomène courant aujourd’hui, les extinctions de voix sont un fléau qui sévit beaucoup chez les artistes. Au début de son infection, Coumba Gawlo était complètement désorientée. Normal, elle ne s’attendait pas à perdre sa voix, qui est son identité. « Quand le diagnostic est tombé en France et qu’il fallait que je subisse une intervention chirurgicale à la gorge, je me suis dit qu’il n’en était pas question. Parce que dans ma tête, je me demandais comment ils parviendraient à ouvrir ma gorge, à toucher à ma corde vocale », explique la chanteuse. Pendant presque un mois, elle a vécu un dilemme. Ce qui d’ailleurs se justifie, quand on n’a fait que chanter toute sa vie et que du jour au lendemain, on n’y parvient plus. « C’est très difficile. Cela vous arrache les tripes, vous énerve d’avoir des choses à dire et de ne pouvoir le dire », argue-t-elle. Ses nerfs ont lâché quand elle est allée voir le chirurgien ; elle a tout simplement commencé à pleurer quand la blouse blanche lui a demandé si tout allait bien. « Il m’a dit qu’il allait s’arranger pour que je retrouve ma voix. Parce que dans ma tête, il n’était pas question que mes cordes vocales soient touchées. Je me demandais si ma voix serait comme avant, si j’arriverai à chanter comme avant si on touchait à mes cordes vocales ». Il lui a fallu de la patience. Beaucoup de patience même.
Rapprochement avec Dieu
Sa convalescence n’avait rien d’une partie de plaisir. Sa vie se résumait à dormir, beaucoup dormir. « C’était difficile de vivre loin de ma famille, dans la solitude. Mais il faut savoir endurer, être patient dans la vie. Pendant des mois, tout ce que je disais, je le disais en écrivant. Une ardoise était mon meilleur compagnon, avec un stylo et un effaceur. Je faisais mes réunions avec mon staff par Sms », affirme-t-elle. Et durant cette longue période, elle n’avait que la prière, le rapprochement avec Dieu comme substance pour lui donner de la force. C’était son quotidien. « C’était très difficile, mais quelle que soit la difficulté que j’ai vécue dans cette épreuve, j’ai eu en moi cette sorte de lumière divine qui m’accompagnait, qui me disait de prier », confesse Coumba Gawlo. « J’ai été proche de ma religion ; ce qui m’amenait à me lever tous les jours à 3 heures du matin pour prier jusqu’à 7 heures. Plus je le faisais, plus je me sentais forte, et plus je sentais ces démons qui me parlaient dans ma tête partir », explique la chanteuse. Sa convalescence lui a été bénéfique. Elle en a profité pour renforcer sa foi, être encore plus proche de son Créateur.
Coumba Gawlo s’est même rendue aux lieux saints de l’Islam. Elle a effectué le pèlerinage. Un rêve qu’elle a pu réaliser grâce à sa maladie. « Mon pèlerinage à La Mecque a été ma plus belle expérience. C’est la meilleure décision dans ma vie. Je suis arrivée à un moment où j’avais besoin d’être plus proche d’Allah. J’ai essayé de mon côté de remplir comme j’ai pu mes obligations musulmanes. C’était une occasion pour moi de prier sur la tombe du Prophète (psl) », indique-t-elle.
Coumba Gawlo a également mis à profit sa maladie pour apprendre l’anglais. Parce que la diva projette de chanter dans la langue de Shakespeare dans ses prochaines compositions. « La musique est universelle. On ne peut pas, à l’heure actuelle, ne pas comprendre certaines langues. C’est pour cela que je suis sortie de mon trou pour perfectionner mon anglais à Londres ». Coumba Gawlo est convaincue que chanter en anglais donne toujours des ouvertures. « C’est très important de chanter dans cette langue, même si je dois la mixer avec ma langue, mais aussi la chanter avec le bon accent », admet-elle. Elle a aussi joué du piano. Cet instrument lui a permis de tenir le coup, d’éviter de passer son temps à pleurer. « Le piano, c’est mon rêve. J’ai dessiné mon retour et pour me mettre la pression, guérir et revenir sur scène, j’avais dessiné ce piano blanc sur une feuille que j’avais collée sur mon frigo. Chaque matin que j’étais déprimée, je regardais mon dessin. C’est ça mon come-back et au lieu de m’adonner à autre chose, je m’adonnais à trois voire quatre heures de piano par jour et je me disais qu’il fallait pleurer en jouant à fond du piano parce que ça vient du cœur. Au moins, j’aurai utilisé mon temps de répit à quelque chose », confesse l’artiste.
Après trois années d’absence sur la scène musicale, Coumba Gawlo Seck se dit aujourd’hui soulagée que tout risque sérieux ait été écarté. C’est ce qui, dit-elle, a d’ailleurs motivé sa décision de rejoindre son pays après les conseils avisés de ses médecins. Une bonne nouvelle pour les fans de la diva qui ont vécu ce sombre épisode de sa vie comme un traumatisme. Et qui espèrent la revoir sur scène, en souhaitant qu’elle garde toujours sa voix d’or.
UNE VICTOIRE POUR ACCÉDER À LA COUR DES GRANDS
Les lutteurs Sa Thiès et Reug Reug s'affrontent, ce dimanche, à l'Arène nationale de lutte, une confrontation qui pourrait ouvrir à chacun des protagonistes la porte de la cour des grands en cas de victoire
Les lutteurs Sa Thiès et Reug Reug s'affrontent, ce dimanche, à l'Arène nationale de lutte, une confrontation qui pourrait ouvrir à chacun des protagonistes la porte de la cour des grands en cas de victoire, estime le journaliste spécialiste de la lutte, Abdoulaye Dembélé.
‘’Le vainqueur de ce combat va intégrer la cour des VIP. Celle occupée par les Balla Gaye, Modou Lo, Ama Baldé et Boy Niang2. C’est un combat entre deux adversaires qui sont dans l'antichambre de la cour des grands’’, a-t-il soutenu.
Selon Dembélé, les deux adversaires vont s’affronter pour la première fois dans un combat décisif pour la suite de leur carrière. ‘’S’il est vrai que chacun des deux est à la recherche de la 15e victoire de sa carrière, l’enjeu est surtout de se faire une place chez les grands’’, a-t-il dit.
Fils d’un monument de la lutte du Sénégal, Double Less et petit frère de Balla Gaye 2, ancien roi de l’arène, Sa Thiès a connu un début de carrière tonitruant. Il a, à son actif, 16 combats, 14 victoires et deux défaites, en 14 ans de carrière.
Dès ses débuts en février 2009, Salif Sakho, de son vrai nom, a très tôt montré qu’il avait la lutte dans le sang, enchaînant une série de neuf victoires en autant de combats.
Faisant mieux que Balla Gaye 2 (6 combats), Eumeu Sène (1) et Bombardier (5), il fut l’unanimité de ses pairs qui apprécient sa technique et sa fougue.
Son physique impressionnant et sa capacité à lire la tactique de l’adversaire pour en finir avec un combat en un rien temps justifient son surnom : le ‘’volcan de Guédiawaye’’
Régnant pendant près de quatre années dans sa catégorie, il connaitra au grand désespoir de ses supporters, son premier revers en 2013, au bout de son 10e combat contre Malick Niang.
Cette défaite ne va pas casser sa dynamique. Il reviendra sur l’aire sablée, plus motivé que jamais. Avec 13 victoires, les portes de la cour des grands s’ouvraient, déjà, devant lui, à cette époque.
Une quinzième victoire pour accéder à la cour des VIP
Mais ses aspirations seront éteintes, en mars 2018, par Boy Niang 2. Il restera trois saisons sans combattre, avant de revenir, dans l’arène, avec un succès contre Moussa Ndoye.
Deux ans après cette quatorzième réussite, il va affronter, ce dimanche, Reug Reug, un jeune loup aux dents longues.
Surnommé le ‘’foudre de Thiaroye’’, Oumar Kane ‘’Reug Reug’’ n’a jamais connu de défaite dans l’arène en 11 ans de carrière. Tout comme son adversaire, il est sur un palmarès de 14 victoires et deux combat sans verdict.
Ancien membre de l’équipe nationale de lutte, il a été champion du Sénégal de lutte libre et remporté le Tournoi de lutte africaine de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (TOLAC) en individuel et en équipe.
Ses titres de meilleur lutteur décernés par l’Association nationale de la presse sportive (ANPS) en 2016 et 2017 prouvent à suffisance ses capacités techniques et son talent naturel.
Combattant des Arts martiaux mixtes (MMA en anglais), le pensionnaire de l’écurie Thiaroye- sur-Mer est sur quatre victoires pour un revers dans ce sport de combat.
LE SENEGAL EN QUÊTE D’UN AUTRE SACRE AU FESPACO
La 28ème édition du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui s’est ouvert le 25 février dernier, baisse ses rideaux ce samedi 4 mars.
La 28ème édition du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui s’est ouvert le 25 février dernier, baisse ses rideaux ce samedi 4 mars. Pour ce plus grand festival du cinéma d'Afrique, le Sénégal est encore bien représenté dans les catégories des longs métrages et courts métrages.
L e Sénégal va-t-il remporter l’Etalon d’or du Yennenga pour la 28ème édition du FESPACO placée sous le thème « Cinéma d’Afrique et culture de la paix » et qui prend fin ce samedi 4 mars, avec le film « Xalé » du réalisateur Moussa Sène Absa, seul film sénégalais en lice pour la plus haute distinction de ce plus grand festival du cinéma d’Afrique dans la catégorie long métrage fiction sur les 15 ? La réponse ne va pas tarder.
En effet, l’Etalon d’or du Yennenga est la plus haute distinction du FESPACO. Le réalisateur sénégalais Alain Gomis l’avait remporté en 2017 à travers son film « Félicité ». Il avait déjà remporté l'Etalon d'or de Yennenga lors de l'édition 2013 du FESPACO, avec le long métrage « Tey » (Aujourd'hui). Il faut dire que le Sénégal a marqué ses empreintes à la 28ème édition du FESPACO avec une sélection de huit films dans les catégories courts métrages fictions et documentaires. Ce, sur 170 films en compétition venant de 35 pays sur les 1142 inscrits.
Pour la catégorie long métrage documentaire, les films « Doxandem, les chasseurs de rêves » de Saliou Sarr alias « Alibéta » et « L’argent, la liberté, une histoire de FCFA » de Katy Léna Ndiaye, ont été retenus. Deux films sénégalais fictions figurent aussi dans la compétition « Perspective ». Il s’agit du film « Le mouton » de Saada de Pape Bounama Lopy et « Dent pour dent » de Ottis Ba. Il en est de même pour la compétition shorts où les films « Astel » de Ramata Toulaye Sy et « Xaar Yalla » de Mamadou Khouma Guèye seront en lice. La série « Yaye.0 » du Serigne Ababacar Ba est retenue sur la catégorie des séries de télévisions.
En effet, le Sénégal a toujours joué sa partition au FESPACO. En 2021, le film « Baamum Nafi » de Mamadou Dia qui parle de l’extrémisme religieux, du terrorisme, était en lice au FESPACO, dans la catégorie long-métrage fiction pour l’Etalon d’or du Yennenga qui a finalement été remporté par le réalisateur somalien, Ahmed Khadar à travers son film «La femme du fossoyeur».
Toutefois, le Sénégal est rentré avec plusieurs distinctions. Notre pays qui avait 15 films en compétition officielle, est rentré avec 11 prix. Il s’agissait, entre autres, du prix de la meilleure interprétation masculine qui est revenu à Alassane Sy pour son personnage Tierno dans le film « Baamum Nafi », du poulain d’or remporté par le film «Sër Bi : les Tissus Blancs» de Moly Kane qui a reçu une double récompense. En 2019 également, les réalisatrices Khadidiatou Sow et Angèle Diabang avaient été récompensées lors du FESPACO.
FESPACO 2023, LE SENEGAL SACRIFIE A SA TRADITION
Le Sénégal a apporté un soutien financier et matériel à l’organisation de la 28ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui prend fin samedi
Ouagadougou (Burkina Faso), 3 mars (APS) – Le Sénégal a apporté un soutien financier et matériel à l’organisation de la 28ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui prend fin samedi, a déclaré, vendredi, l’ambassadeur du Sénégal au Burkina Faso, Mbaba Coura Ndiaye.
‘’Bien que le Sénégal ne soit pas invité d’honneur cette année, son Excellence Monsieur Macky Sall, président de la République, a tenu à contribuer financièrement à la tenue de ce festival’, a indiqué le diplomate dans un entretien accordé à l’APS, à l’ambassade du Sénégal à Ouagadougou, sise au quartier de Ouaga 2000.
Tout en se gardant de dévoiler le montant de cette participation financière, le diplomate a souligné qu’il s’est agi d’accompagner un ‘’pays frère, le Burkina Faso’’. ‘’Je ne peux pas vous dire un chiffre. [D’habitude], c’est le pays invité d’honneur seulement qui participe. Cette année, c’est le Mali, l'invité d'honneur’’, a-t-il déclaré.
Mais, en dépit du fait que le Sénégal n’est pas l’invité d’honneur de la présente édition, dit-il, le chef de l'Etat, Macky Sall, a demandé au ministre de la Culture de participer financièrement et de prendre part à Ouagadougou aux activités du FESPACO, notamment à la cérémonie de clôture’’, a ajouté l’ambassadeur Mbaba Coura Ndiaye. Aliou Sow est arrivé jeudi dans la capitale burkinabè. Le diplomate souligne que le Sénégal a tenu depuis plusieurs éditions à participer financièrement à l’organisation du Fespaco.
Il était d’ailleurs l’invité d’honneur du Fespaco 2021. Le chef de l’Etat, Macky Sall, avait assisté à la clôture de cette édition au Palais des sports, au côté de son homologue Rock Marc Christian Kaboré.
A l’ouverture de cette édition 2023, la capitale burkinabè, Ouagadougou, a rendu hommage au cinéaste sénégalais Sembene Ousmane, dont le centenaire de la naissance est célébré cette année. L’ambassadeur du Sénégal a participé à la cérémonie d’installation du buste en bronze à l'effigie de Sembène Ousmane, dimanche, après une procession de la Place des cinéastes au siège du Fespaco.
Mbaba Coura Ndiaye avait salué la générosité de Sembène Ousmane. Ce dernier a participé à toutes les éditions du Fespaco depuis la naissance de la semaine du cinéma africain en 1969. Mais, il n’a jamais voulu participer à la compétition, préférant laisser la place à d’autres cinéastes.
‘’Depuis mon arrivée à Ouagadougou, j’ai vu l’une des plus belles avenues qui porte le nom de Ousmane Sembène. Le Burkina Faso et le Fespaco lui ont toujours rendu hommage’’, s’est-il réjoui. Il a par ailleurs magnifié l’amitié qui lie le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et toute l’Afrique.
par Vieux Savané
LES BONS RESSENTIMENTS, ESSAI SUR LE MALAISE POST-COLONIAL
La décolonialité indexe « l’autoscopie comme acte de trahison ». Par son positionnement, elle exonère de tout et s’invite sur le « champ finalement commode, où personne n’est responsable, sinon la colonisation » et l’esclavage
Parce que l’air du temps consiste à expliquer que tout ce qui advient au continent est le fait du traumatisme colonial, écrire sur l’Afrique en des termes peu amènes, aux antipodes de la pensée dominante, est devenu problématique, voire une faute. C’est pourquoi, El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, l’auteur de ,« Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial », invite à une inquiétude éloignée des préjugés tenaces. Il est donc question de faire l’éloge d’une réflexion qui ose s’aventurer hors des sillons tracés par le communautarisme, et de la « quête d’authenticité » qui travaille un champ décolonial sommant de rentrer dans le moule, sous la surveillance des adeptes de « la nostalgie de l’innocence perdue ».
Aussi l’auteur va-t-il s’employer à « disséquer l’écosystème global de l’aliénation et de sa forme la plus orageuse et la plus blessante, le ressentiment ». Et de remarquer que si la nouvelle vulgate consiste en « l’hostilité à la France » par exemple, force est de constater que cela « n’est plus un frein » à la promotion aux dénonciateurs. La dépréciation de l’Afrique n’étant plus de mode, place par conséquent au discours décolonial. Comble de l’ironie, avec les médias français devenus des « façonneurs de réputation », notamment les plus prestigieux d’entre eux, « on ne peut plus dire que les voix contestatrices d’un ordre colonial soient marginalisées ». Elgas met ainsi en lumière la violence symbolique repérable dans le fait que la dynamique de reconnaissance du talent, voire de la notoriété des artistes, écrivains et autres intellectuels africains, est initialement célébrée en occident. Une façon de pointer du doigt la difficulté qu’il y a à mettre en œuvre une unité continentale et à sortir du discours déclamatoire.
Il s’y ajoute que, pour avoir compris la puissance manipulatrice que charrie « la flatterie du peuple et de ses instincts », des chefs d’Etat en mal de notoriété , empêtrés dans des problèmes de mal gouvernance et de corruption, se feront les chantres de la décolonisation. Et les voilà exonérés de tout, du moment que l’occident , nommément houspillé, est désigné comme étant à l’origine de tous les maux dont souffre l’Afrique.
Peu importe alors le bilan de l’accession à la souveraineté nationale et internationales, les richesses pillées et planquées dans les banques occidentales par les élites au pouvoir !
En tout de cause, il s’avère pour l’essentiel, que les indépendances n’ont pas apporté les ruptures attendues mais ont plutôt comprimé les espérances, obligeant beaucoup d’enfants d’Afrique à rêver d’un ailleurs plus clément. Partir, pour nombre d’entre eux est désormais une inéluctabilité, faisant ainsi de l’occident une bouée de sauvetage, une échappée possible, un eldorado à atteindre, quitte à braver le désert, les mers et les océans. Le faisant, ils exhibent une désespérance qui met à nu leurs désillusions et l’incurie des élites dirigeantes . Le dire n’est pas la manifestation d’une haine de soi mais plutôt l’expression d’une lucidité conquérante. Car nul doute que « si le continent avait vaincu ses problèmes fondamentaux », il serait non seulement devenu attractif pour ses enfants mais plus encore, ces derniers auraient autrement soldé leurs comptes avec la colonisation, en se réappropriant leur propre destin. En lieu et place, la décolonialité indexe « l’autoscopie comme acte de trahison ». Par son positionnement, elle exonère de tout et s’invite sur le « champ finalement commode , où personne n’est responsable, sinon la colonisation » et l’esclavage.
Le fief de l'incolonisable des peuples
Elgas développe une perspective autre, car pour lui , demeure « une part incolonisable, bastion imprenable de la résistance ». Colonisation et incolonisation se posent donc dans l’unité et la conflictualité des contraires. Aussi, « l’incolonisation » diffère-t-elle de la décolonisation, car ne signifiant « pas le geste de se dévêtir au bout du cycle, mais celui de ne pas porter un refus d’origine ». En cela, il se différencie du paradigme décolonial contre lequel il proteste puisque ce dernier est dans l’abdication de l’initiative. Elgas de noter, qu’à « regarder le temps long de l’histoire des peuples et des sociétés africaines, leurs patrimoines, leurs mémoires, leurs empires, leurs systèmes politiques, il y a une barrière, une frontière de la pénétrance des idées exogènes ». C’est précisément à ce niveau de la résistance inexpugnable que gît « le fief de l’incolonisable des peuples ». Réifier la colonisation pose ensuite un autre problème, car en lui faisant la part belle, on s’exclue du même coup de l’à-venir, comme suggéré dans la dualité tradition/modernité. Une grande arnaque en effet que de considérer la modernité pour l’occident et la tradition pour les sociétés africaines. Convoquons alors la différenciation entre « Faire l’histoire » et « faire de l’histoire ». Si « faire de l’histoire » est affaire d’ experts s’échinant à présentifier l’absence (le fait historique), « faire l’histoire » est par contre une réalité incontournable dont toute société est comptable, parce que obligée dans son tête-à-tête avec la nature, de trouver de quoi se nourrir, se vêtir, se loger, etc. Une façon de dire que « les sociétés africaines ne sont pas des actrices passives de l’histoire ». Elles l’ont écrite et continuent de le faire, et en le faisant, elles se posent en créatrices d’inédits. Aussi, importe-t-il plus que tout , de « réussir à avoir…des aires de discussion, des espaces de dialogue apaisés qui n’en réfèrent pas toujours à l’extérieur pour cultiver une conversation sans illusion et sans fétichisation d’un âge d’or ».
Loin de la « passion triste » nourrie par la rancœur et l’amertume, Elgas appelle à une énergie positive, parce que créatrice de ruptures paradigmatiques, dans le sens où elle se remet en question, bouscule le statu quo. Une pensée de l’initiative donc, qui refuse de s’épuiser dans la seule réaction, au risque de créer « les conditions d’une nécrose des idées ».
A travers cet essai rythmée par une écriture vive, tripale, Elgas s’inscrit assurément dans le sillage des ouvrages qui bousculent , avec fraîcheur et bonheur, les lettres sénégalaises et africaines. Avec Mbougar Sarr, ils sont de cette génération de jeunes et talentueux écrivains, défaits de tout complexe d’infériorité et/ou de supériorité, pour assumer les exigences d’une pensée décorsetée, libérée des a-priori et des atavismes.
Ne s’interdisant rien, en rupture avec la victimisation et la défausse, Elgas explore les mille et une nuances de la liberté de création. Ni momification, ni déification, ni gourou, ni maître, il s’autorise toutes les audaces. Avec lui, la vie reprend ses droits, portée par une insouciance joyeuse.
par Elgas
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FRANÇAFRIQUE, IL FAUT SORTIR DU RESSENTIMENT
Alors que la France fait aujourd'hui l'objet d'un violent rejet sur le continent, il est important de comprendre comment la surenchère identitaire a avalisé une nécrose des idées au profit des forces les plus régressives et populistes
C'est l'histoire d'une douloureuse captivité. Les intellectuels, artistes et écrivains africains francophones ont tous à un stade de leur carrière été accusés d'être à la solde de la France. Dociles. Aliénés. Qu'il s'agisse de Léopold Sédar Senghor, académicien, poète et premier président du Sénégal postindépendance, Yambo Ouologuem, Prix Renaudot 1968, ou encore Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021, tous ont dû subir ce procès en disqualification.
Parce que reconnus, primés, lus en France. Ils sont des exemples parmi tant d'autres d'une querelle ancienne et fratricide, d'un long malaise intellectuel et identitaire. Tout avait pourtant bien commencé. La rupture tant prônée avec la France est au départ porteuse d'espoir, énergie libératrice qui a lancé la dynamique des indépendances. Dans les années 1970, il y a là un élan postcolonial théorisé entre autres par Edward Saïd penseur palestino-américain, qui critique le dévoiement des Lumières françaises dans l'entreprise coloniale, sans jamais renier l'opportunité que la philosophie des Lumières représente, et ce qu'elles fondent de droits humains universels. Toutefois, interprétée hâtivement, surtout en France, la pensée décoloniale est dans une logique de rupture. Le courant de pensée originel est au fil du temps dévoyé au profit d'une logique qui s'acharne plus à traquer les ennemis qu'à rechercher des alternatives.
Cette dérive a condamné tout un continent à se renfermer dans une traque des « aliénés » qui ne pouvait déboucher que sur un ressentiment chronique contre la France. La logique des tenants de cette décolonisation nouvelle mouture est celle d'une impuissance qui mue en vanité, plaquant le schéma du bouc émissaire pour dissimuler sa faillite intellectuelle. Alors que la France fait aujourd'hui l'objet d'un violent rejet sur le continent, il est important de comprendre comment la surenchère identitaire a avalisé une nécrose des idées au profit des forces les plus régressives et populistes. Vrai du Burkina comme du Mali, ce front antifrançais cache pourtant des liens plus insondables et inavouables avec l'ex-colonisateur : la France demeure au cœur de tout, et bien souvent, elle finance le récit contre elle-même. Pointons ainsi la nature profonde de la blessure : l'état de captivité des penseurs décoloniaux dans des situations inconfortables. Et pour cause, une majorité des intellectuels africains francophones est elle-même captive du mentorat, voire du mécénat de son ex-tuteur colonial.
Après une longue absence sur la scène musicale pour cause d'une lésion sur la corde vocale gauche, Coumba Gawlo Seck est en convalescence. Elle prépare son come-back. ''Vous me verrez chanter bientôt'', a-t-elle annoncé, hier.
Après une longue absence sur la scène musicale pour cause d'une lésion sur la corde vocale gauche, Coumba Gawlo Seck est en convalescence. Elle prépare son come-back. ''Vous me verrez chanter bientôt'', a-t-elle annoncé, hier. Parlant de la manière dont elle a vécu sa maladie, la diva renseigne qu'elle a, tout en suivant ses traitements, renforcé et diversifié ses capacités par des cours de piano et de langue anglaise, d'où son séjour à Londres, en Angleterre.
Forte et résiliente, elle a su surmonter ce moment douloureux en se mettant également à écrire de nouvelles chansons, de nouveaux projets et à faire le suivi à distance du fonctionnement de son entreprise, de ses activités humanitaires et sociales de l'association Lumière pour l'enfance, etc. A cet effet, son retour sera marqué par la parution d'un album d'une nouvelle couleur. ''Je remercie Dieu de m'avoir couvert de sa bénédiction. Je tiens à saluer la mémoire de mon père, feu Laye Bamba Seck, pour m'avoir mise sur la voie de l'endurance, la rigueur et le culte du travail.
Je tiens à rendre hommage à ma mère Adja Fatou Kiné Mbaye… Ils ont, en effet, éveillé et cultivé en moi cet amour pour la chanson dès mon enfance'', dit la musicienne sénégalaise qui a eu à remporter les titres de Meilleure chanteuse moderne, Meilleur album moderne dans la catégorie des femmes avec ''Dewenaty'', Meilleure plage moderne, Meilleur clip féminin avec ''Yomalé''.
LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION MALIENNE RELÈGUE LE FRANÇAIS
Le projet de nouvelle Constitution au Mali renforce les pouvoirs du président, lui permet d'ordonner la mobilisation générale dans ce pays déstabilisé par la violence, et relègue le français au rang de "langue de travail"
Le chef de la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020, le colonel Assimi Goïta, a reçu le projet lundi. Cette Constitution est un élément clé du vaste chantier de réformes invoqué par les militaires pour justifier leur maintien au pouvoir. Son adoption serait une étape importante dans le calendrier menant à des élections en février 2024 et à un retour des civils au pouvoir.
Dans le calendrier élaboré par la junte, cette Constitution était censée être soumise à un référendum le 19 mars. Mais le doute est grand sur le respect de cette échéance, et le colonel Goïta n'a rien dit sur le sujet. Le projet remis au colonel, qui s'est fait investir président en 2021 après un second putsch en moins d'un an, amende un avant-projet divulgué en octobre 2022.
Le nouveau projet n'avait pas été publié officiellement mardi matin. Mais l'AFP a pu consulter le document, qui renforce les pouvoirs présidentiels, comme l'avant-projet de 2022, par rapport à la Constitution de 1992.
Dans la nouvelle Constitution, ce serait le président qui "détermine la politique de la Nation", et non plus le gouvernement ; le président nommerait le Premier ministre et les ministres et mettrait fin à leurs fonctions. "Le gouvernement est responsable devant le président", et non plus devant l'Assemblée nationale. L'initiative des lois appartiendrait au président et aux parlementaires, et non plus au gouvernement et à l'Assemblée nationale. Par rapport à l'avant-projet de 2022, le nouveau projet rétablit le pouvoir du président de dissoudre l'Assemblée nationale. Le président serait élu pour cinq ans, et ne pourrait effectuer plus de deux mandats. Le nouveau projet introduit la possibilité pour le président d'ordonner la mobilisation générale, applicable à partir de 18 ans.
Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste et aux violences de toutes sortes. La junte a poussé vers la sortie les soldats français en 2022 dans un climat de grande acrimonie et s'est tournée militairement et politiquement vers la Russie. Dans l'avant-projet de 2022 comme en 1992, le français était "la langue d'expression officielle", et les langues locales avaient vocation à devenir "langues officielles". Dans le nouveau projet, "les langues nationales sont les langues officielles du Mali" et "le français est la langue de travail".
Le projet affirme que le Mali est une "République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale", alors que certaines voix avaient voulu remettre en cause le principe de laïcité.
RECIT D’UNE RELATION CONFLICTUELLE PERE-FILS
Le Film ‘’Le mouton de Sada’’ de Pape Bounama Lopy évoque une relation conflictuelle entre un père et son fils Sada, laquelle découle d’une complicité entre ce dernier, âgé de neuf ans, et Dou, un mouton destiné à être sacrifié le jour de la Tabaski
Ouagadougou– Le film ‘’Le mouton de Sada’’ du réalisateur sénégalais Pape Bounama Lopy évoque une relation conflictuelle entre un père et son fils Sada, laquelle découle d’une complicité entre ce dernier, âgé de neuf ans, et Dou, un mouton destiné à être sacrifié le jour de la Tabaski.
“C’est un film sur l’amour, la famille, le questionnement de qui est membre de la famille, ou pas’’, a déclaré le réalisateur à la fin de la projection, dimanche, dans le cadre de la 28ème édition du Fespaco, qui se poursuit jusqu’au 4 mars prochain, à Ouagadougou. Il explique que ce film a été un long parcours d’écriture et de réflexion sur la société dans laquelle il vit. Pape Bounama Lopy, qui a une sensibilité envers les animaux, met en scène un mouton qui partage le premier rôle avec son ami Sada. ‘’Ce film est une réflexion sur moi-même, mon sentiment, ma sensibilité par rapport à ma société, comment elle évolue et fait les choses…’’, explique-t-il.
Cette fiction qui retrace aussi l’histoire de l’enfance du réalisateur a été tournée entre Dakar et Thiès, précisément à Pikine Dagoudane, au quartier Gazelle. C’est à cet endroit-là que la plupart des plans ont été tournés, ainsi qu’au Technopole, à la Zone A, à travers les darals (foirails), à Touba Toul, et à Ngoundiane. D’une durée de 75 minutes, le film raconte l’histoire de Badou Diop, 40 ans, qui vit avec son fils Sada, sa femme, Coumba, et un mouton qu’ils élèvent dans leur maison. L’enfant finit par tisser une très forte relation d’amitié avec le mouton, car étant toujours seul avec lui face à l’absence de ses parents, une famille modeste, occupés par la recherche de l’argent. Babou se trouve dès lors face à un dilemme, car son fils s’oppose au sacrifice du mouton à quelques jours de la Tabaski, la plus grande fête musulmane.
L’histoire, en plus de peindre cette atmosphère familiale, ce manque de communication entre un père et son fils met l’accent sur cette violence sociale qui entoure cette pratique. Pour le réalisateur, la Tabaski est un prétexte tout trouvé pour aborder tous les problèmes de société qui découlent de ce rite religieux.
L’enseignant en cinéma, Sellou Diallo, estime que ce film est ‘’bouleversant et fait peur en nous’’. ‘’Le film est dans cette relation de violence étouffante de père et fils, alors qu’ils se ressemblent et qu’ils sont sensibles tous les deux, mais ils ne communiquent pas. Il est frappé de cet autisme qui envahi notre société. On a des mots d’injonction et d’ordre entre père et fils’’, souligne-t-il.