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24 novembre 2024
Culture
LE RENDEZ-VOUS DE LA CUISINE SÉRÈRE
Le public qui effectuera le déplacement au Théâtre national Daniel Sorano le 10 juin va savourer le bon goût de l’art culinaire sérère. Ce sera à l’occasion d’une soirée gastronomique initiée par Iyane Familily, pour promouvoir une alimentation saine.
Le public qui effectuera le déplacement au Théâtre national Daniel Sorano le 10 juin va savourer le bon goût de l’art culinaire sérère. Ce sera à l’occasion d’une soirée gastronomique initiée par Iyane Familily, une manière de promouvoir une alimentation saine.
La cuisine sénégalaise et plus particulièrement celle Sérère sera à l’honneur lors d’une soirée gastronomique pour promouvoir une alimentation saine, renseigne un communiqué. L’évènement est prévu le 10 juin prochain au Théâtre national Daniel Sorano à l’initiative de Iyane Family. C’est une manière pour l’initiateur de célébrer la richesse culinaire des Sérères et sensibiliser le public à l’importance d’une alimentation saine. La source informe que la soirée sera animée par des Sénégalaises qui proposeront un menu exclusif mettant en valeur les plats les plus emblématiques en terre sérère. « Les convives pourront savourer des plats traditionnels tels que le thiéré bassé, le thiéré Mboum, le Niéleng bassé, le Ngourbane, le laakhe et d’autres délices sénégalais, le tout réalisé avec des ingrédients frais et locaux », détaille le document. Une manière de mettre de l’eau à la bouche à leurs parents peuls.
Il est annoncé également, en plus de la gastronomie, que la soirée sera agrémentée de prestations musicales de Oussou Ndiol Faye et de Bara Diouf de Diofior pour créer une ambiance festive et conviviale. L’objectif de la soirée est de promouvoir la cuisine locale et de sensibiliser le public à l’importance d’une alimentation saine en utilisant des ingrédients frais et locaux. Iyane Family est engagé dans la lutte contre la mauvaise alimentation. Avec cette soirée gastronomique, il souhaite encourager les Sénégalais à se reconnecter avec leur culture culinaire à et s’inscrire dans une démarche de réconciliation avec une alimentation de qualité. « Iyane Family est fier d’accueillir cette soirée gastronomique pour célébrer la cuisine sérère et sensibiliser le public à une alimentation saine et équilibrée », insiste le document.
Cette soirée sera aussi l’occasion pour promouvoir la destination Ndiaganiao avec une projection de film qui va permettre d’aller à la découverte de sites assez représentatifs du pays sérère dans le Ndiaganiao comme : Sambardi,Mbinène Ounakhe, Né Guityr, Mboudaye Nggarame et Mboudaye Ngokole.
COUMBA GAWLO SECK SUR SCÈNE AU MUSÉE DES CIVILISATIONS LE 13 MAI
Après de longs mois d’absence, Coumba Gawlo Seck fait son come-back. Sa cellule de communication annonce son « grand » retour avec « faste », comme elle l’avait promis à ses fans.
Après de longs mois d’absence, Coumba Gawlo Seck fait son come-back. Sa cellule de communication annonce son « grand » retour avec « faste », comme elle l’avait promis à ses fans. La chanteuse compte animer une soirée au Musée des civilisations noires, le 13 mai prochain. Un retour tant attendu et souhaité par les inconditionnels de la diva, mais également des mélomanes qui ont hâte d’écouter encore les envolées et les mélopées de la Gawlo. Bien qu’étant toujours en convalescence, la diva à la voix d’or réserve de bonnes surprises au public au cours de ce concert qui sera un moment de retrouvailles et de communion.
L’auteure de « Siiyo », à travers un post sur sa page Facebook, a réitéré ses « sincères remerciements pour l’affection » que ses fans ne cessent de lui porter. « Puisse Dieu vous le rendre au centuple ! C’est aussi grâce à vos prières et autres témoignages d’affection, la foi et la détermination renforcées, que j’ai pu traverser cette épreuve qui m’a contrainte à un retrait provisoire de la scène musicale », a-t- elle écrit.
« Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui et j’en rends grâce à Dieu, a ajouté la chanteuse. Bien qu’étant présentement en convalescence, je vous convie au concert marquant mon retour sur scène, le samedi 13 mai prochain, à partir de 21h, au Musée des civilisations noires de Dakar ».
Selon des indiscrétions, l’artiste se donne à fond pour satisfaire le public qui va certainement se déplacer en masse le jour-J. Mieux, en prélude à ce « grand concert », Coumba Gawlo Seck vient de sortir une toute nouvelle vidéo de la chanson « Khasseniya » de son dernier album « Terrou war ».
OUSTAZ ALIOUNE SALL, UN PÉDAGOGUE DE L'ISLAM
Ses interprétations du livre saint, alliant l’utile à l’agréable, ont conforté son audience radiophonique. Par le choix des mots adaptés à la sociologie du pays, ses enseignements passent et plaisent
Drapé dans un boubou bleu, Oustaz Alioune Sall arpente les marches du grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Le visage souriant, autour d’une barbe blanche, il lève constamment la main pour des salutations appuyées à un groupe d’hommes assis à droite du portail. Un, deux, trois pas, une vingtaine de femmes l’escortent vers l’une des salles de conférence. « Oustaz Bienvenue et merci d’avoir répondu à notre appel », entonnent en chœur les membres de l’Amicale des femmes de Kédougou, toutes habillées de robes bleues et blanches. Des détails qui n’ont pas échappé au prêcheur. Il observe un temps d’arrêt, sourit puis complimente les belles dames. « Je suis vêtu d’un basin bleu. Vos tenues bleues et blanches sont très belles. C’est de bon augure », apprécie-t-il d’un ton plaisantin, provoquant bonheur et fierté chez les organisatrices de sa conférence. Ainsi, rejoint-il le présidium sous une salve d’applaudissements pour un exercice qu’il pratique depuis plus de 20 ans : développer des thèmes sociaux à la lumière du Coran. Tel un professeur dans un amphithéâtre, il déroule dans le silence le plus total, en arborant deux chapitres que sont le comportement de l’enfant à l’égard de ses parents et la cohabitation entre voisins. Des arguments qui tirent leur solidité de son passage au « daara » (école coranique). « Je n’ai fait que trois jours à l’école française. Après, Serigne Moustapha Fall, père de l’ancien directeur de Sud Fm, Oumar Diouf Fall, a convaincu mon père de nous retirer de l’école pour nous envoyer à l’école coranique. C’est ainsi que j’ai été conduit à Mbar, puis à Coupe-Coupe, une autre contrée du département de Gossas, située entre Mbar et Colobane. C’est auprès du maître coranique El Hadj Maguette Dièye que j’appris les bases de l’enseignement coranique », se souvient-il.
Une carrière dans l’enseignement
À l’âge de l’adolescence, Alioune Sall cherchait sa voie. Comme son père, il se voyait au volant d’un véhicule de transport en commun. Ce dernier, Baye Mbaye Sall s’y oppose et lui suggère une formation en mécanique. Cette idée n’enchante guère l’enfant, pour une simple raison. « Je lui ai dit que les mécaniciens ne portaient pas d’habits propres. Il a essayé de me convaincre en me faisant comprendre qu’il s’agissait de tenue de travail. Mais, je ne voulais pas être mécanicien », se rappelle Oustaz Alioune Sall. Tel un destin tout tracé, le jeune homme retourne s’abreuver aux sources de la science coranique. C’est ainsi qu’il intègre une école dédiée à l’enseignement arabe à Thialé. Au bout de cinq années, il y décroche son Certificat de fin d’études élémentaires en arabe. Un diplôme qui lui ouvrit les portes de l’enseignement. Il servit à Diawdé Couta, à Ndiaw Séyaan, à Louga, à Keur Mbarick, à Nième Cissé, avant de revenir à Louga, à l’école An Khanaafi de Serigne Abass Sall, puis à Manar Al Houda et à Ndiaré Touba Ndiaye, sur la route de Dahra Jolof. Sa soif de connaissances le pousse ensuite à continuer les études tout en enseignant. C’est ainsi qu’il réussit au Bfem et ensuite au Bac arabe. Entre l’obtention de ces deux diplômes, il a eu aussi à faire des études à Mbacké chez Oustaz Ahmet Ousseynou Bousso.
Prêcheur par la force du destin
Le hasard fait bien les choses, Oustaz Alioune Sall n’en doute point. Son histoire avec les conférences et prêches relève d’un concours de circonstances. Ne pouvant pas assurer le transport entre Louga et Tamba, il décide de solliciter l’appui du gouverneur de Louga, Ibrahima Malamine Tandiang afin qu’il l’amène à Tamba lors de ses déplacements. « Il avait prévu de passer deux ou trois semaines à Dakar avant de continuer sur Tamba », se rappelle Oustaz Alioune Sall. Son séjour forcé à Dakar finit par se transformer en une belle opportunité puisqu’en l’absence de la personne devant assurer la traduction du Coran à la mosquée située en face du commissariat de Dieuppeul pour les besoins de la Umrah, il a été coopté, sur recommandation de son ami, Imam Ahmad Dame Ndiaye. « Les responsables de la mosquée se sont mis à la recherche d’un interprète. Ils se sont rendus chez El Hadj Cheikh Touré. Malheureusement, ce dernier était souffrant. Et c’est ainsi que j’ai été recommandé par Oustaz Ahmad Dame Ndiaye », se remémore-t-il. Ainsi une proposition de 2.000 FCfa sur les offrandes des fidèles lui a-t-il été faite. « C’était la condition qu’ils m’ont présentée et j’ai accepté. La première fois, je n’avais pas de livre de traduction, j’utilisais mon Coran. C’est par la suite que j’ai commencé à acheter des livres pour la traduction. Donc, j’ai travaillé pour eux pendant tout le mois de ramadan », raconte le prêcheur.
25 ans de radio
Ses prêches appréciés dans les tentes et mosquées le propulsent dans les médias. Une carrière radiophonique qu’il a entamée à Dunya Fm en 1996. « J’ai été repéré par Ben Bass Diagne, ancien président-directeur général de la radio Dunya Fm. Il m’a dit qu’il n’allait pas me demander mes diplômes. Ce dont il avait besoin, c’était juste que je passe la nuit du vendredi à la radio, en répondant aux questions des auditeurs. La condition était que si les auditeurs me critiquent, je quitte et s’ils apprécient, je reste. J’ai accepté en remettant tout entre les mains de Dieu », informe-t-il. Après deux années de services, en 1998, il tape dans l’œil des responsables de la première radio privée du Sénégal, Sud Fm. Il y démarre une nouvelle collaboration, le 22 juillet 1999. Jusqu’à présent, il y anime des émissions tous les matins, les jeudis et les vendredis. Il y côtoie Oustaz Mbacké Sylla depuis 2009. Avec le temps, il est devenu l’un de ses plus proches collaborateurs. Ce dernier peint son compagnon comme un grand professionnel civilisé et ponctuel. « Il vient tous les jours à la radio pour préparer ses émissions. C’est un très grand professionnel. En plus, il ne verse jamais dans la polémique même s’il est attaqué », reconnaît Oustaz Mbacké Sylla.
L’utile à l’agréable
« Nogaye, une femme vilaine et démodée », telle est la représentation que Oustaz Alioune Sall fait de sa cousine. Par extension, il lance un message à toutes les femmes sur les bons comportements. Un style qui plaît et capte l’auditeur. En robe bleu, Aïssa Ba ne cesse de rigoler sur son siège dans l’une des salles de conférences du Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. L’histoire racontée par le prêcheur sur le plat appelé Soupou Kandia l’a séduite. « Un ami m’a invité un jour à déjeuner. Je croyais que j’allais me gaver d’un bon riz au poisson. À ma grande surprise, il avait réuni les plus grandes expertes de la cuisine du « Soupou Kandia ». Un plat que je n’avais jamais mangé auparavant. La mort dans l’âme, j’ai mangé pour ne pas vexer mon bienfaiteur. Le lendemain, quand j’ai dit à ma mère que j’avais mangé ce plat, elle n’en revenait pas », rigole Oustaz Alioune Sall.
Aïssa Ba adore cette pédagogie en alliant l’utile à l’agréable. « Avec lui, on écoute, on rigole et on retient la leçon », témoigne-t-elle. Ce style adopté est nécessaire pour acquérir une audience selon Oustaz Alioune Sall. « Le style d’enseignement est un don. C’est ce qui fait souvent la différence. Il faut un style adapté à la sociologie du pays pour faire passer ses messages », pense-t-il.
Un soldat des « daaras »
Oustaz Alioune Sall est un défenseur affirmé de l’enseignement coranique. C’est son dada depuis plusieurs décennies. Sa première école « Ali Imran » a été créée en 1996, avant d’être délocalisée à Darou Thioub, en 2006. À côté de cet établissement, d’autres projets sont en cours, selon Oustaz Alioune Sall. « Nous sommes en train de construire un « daara » à Séwékhaye. Un projet similaire est en cours à Dahra Djolof. Nous avons récemment procédé à la pose de la première pierre pour celui de Taïba Ndiaye. Nous devons prochainement ouvrir le « daara » de Thialé », récapitule Oustaz Alioune Sall. En dehors de cette préoccupation, il mène d’autres activités génératrices de revenus à travers une boulangerie, un poulailler, une boutique, un car de transport public. Pour lui, le « daara », est compatible avec la politique. « Je suis membre du Conseil économique, social et environnemental. Mais mes ambitions sont antérieures à ce poste. Pour la présidentielle, mon blocage est la langue française. Il me faut donc aller étudier et revenir », rit-il.
Après plusieurs décennies vécues, le prêcheur reste marqué par la disparition de sa mère dont il était très proche. « J’étais terrifié. J’ai dû rejoindre Mbacké vaille que vaille. Arrivé à la morgue, la salubrité restait à désirer pour quelqu’un qui tenait tant à la propreté de tout ce qui l’entourait. J’ai dû passer la nuit à nettoyer la morgue », dit-il d’une petite voix. Toujours en tenue traditionnelle, Oustaz Alioune Sall adore les couleurs vertes, bleues et blanches. S’il faut en choisir une seule, le bleu l’emporte. C’est son penchant.
QUAND LA MORT APPREND A VIVRE MIEUX !
L’ouvrage intitulé « Autour de la mort » est une coproduction de deux jeunes philosophes de Sédhiou Ibrahima Diakhaté Makama et Ibou Dramé Sylla. On peut donc mourir et rester ! Les co-auteurs, nous invitent à y croire
L’ouvrage intitulé « Autour de la mort » est une coproduction de deux jeunes philosophes de Sédhiou présentée au grand public au centre culturel régional de Sédhiou. Le livre part de la mort comme fin obstinée de tout être vivant mais qui inspire dans le même temps l’homme à valoriser son séjour terrestre et à même d’« échapper » à cette mort de par son œuvre qui s’inscrit dans la postérité. On peut donc mourir et rester ! Ibrahima Diakhaté Makama et Ibou Dramé Sylla, les co-auteurs, nous invitent à y croire. L'ouvrage est publié par les Éditions ELMA que dirige El Hadji Omar Massaly, homme de Lettres, auteur de plusieurs œuvres littéraires et originaire de Sédhiou.
Ibrahima Diakhaté Makama écrivain, scénariste, et Dr Ibou Dramé Sylla enseignant dans les lycées et à l’université Cheick Anta Diop de Dakar, sont deux jeunes de Sédhiou professeurs de philosophie au parcours stoïque et brillant. Ils ont levé le voile sur leur ouvrage intitulé « Autour de la mort » en présence d’un parterre d’acteurs. L’idée est née, selon eux, d’un constat de vide que laissent les vivants à l’appel du trépas. « L’élément déclencheur c’est la mort de Rayan Aourram, un garçon marocain de cinq ans qui est tombé dans un puits sec de 32 mètres dans le village d’Ighran, dans la commune de Tamorot, dans la province de Chefchaouen, au Maroc. Les tentatives de sauvetage ont été retardées par le puits étroit et le sol fragile. Il y’a eu également des facteurs lointains notamment la mort de Moctar Diallo un ami et si cher à tous, de notre doyen Malamine Kamara, de Abdou Kader Tall, de Amadou Tidiane Bâ pour ne citer que ceux-là. Parlant de la mort, nous avons sans doute parlé également de la vie et de ses exigences », ont-ils fait observer.
«LES QUESTIONS PLUS ESSENTIELLES QUE LES REPONSES»
La quintessence de la réflexion philosophique réside surtout dans le questionnement autour de la mort, notamment chez les humains, seuls conscients de ce voyage sans retour, a dit Makama Diakhaté « il n’y a pas quelque chose de plus démocratique que la mort. Nous avons réfléchi autour de la mort, c’est un essai philosophique, un message épistolaire entre Ibou Dramé Sylla et moi. Et la question où allons-nous, si elle est bien posée, conduit directement vers la mort »
Et son binôme Ibou Dramé Sylla de rappeler qu’en philosophie, chaque réponse devient une nouvelle question : « en philosophie et en réalité, les questions sont plus essentielles que les réponses. Nous avons au moins tenté de susciter le débat autour de la question de la mort. Si chacun, en quittant chez lui a, à l’esprit qu’il peut ne plus revenir à la maison par le biais de la mort, on aura une autre attitude et même vis-à-vis de soi » , souligne-t-il avec force.
Et pourtant, l’homme peut sans doute continuer à vivre bien longtemps après sa mort, le relai étant assuré par ses œuvres, nous dit Ibou Dramé Sylla : « les philosophes ont beaucoup travaillé sur la question de l’immortalité de l’homme. Platon par exemple dit que la procréation peut passer par là, mais Aron nous dit aussi que l’acte héroïque sur le champ de bataille porte la même valeur, et Platon ajoute que par le biais de la production littéraire, on peut s’immortaliser ».
LE NUMERIQUE ETRIQUE LA LECTURE!
L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication notamment les réseaux sociaux ont éloigné les jeunes de la lecture : « aujourd’hui avec l’arrivée des nouveaux types de média comme les réseaux sociaux, on est plus tenté de manipuler un téléphone portable à longueur de journée que de lire. Une société qui lit est une société sauvée. Parce que la lecture permet de comprendre les enjeux du monde et de se projeter dans le futur », relève Ibou Dramé Sylla.
Et le directeur du centre culturel régional de Sédhiou Youssouph Diatta d’y apporter sa lecture sous l’angle de l’apprentissage comme si la mort nous apprend vraiment à mieux vivre : « parler de la mort nous permet de nous remettre en question dans la vie de tous les jours. Tout ce que l’on voit sur terre finit toujours par disparaître un jour » dixit l’homme de culture, à la fin de la présentation du livre.
Le père de feu Moctar Diallo, Mamadou Diallo entouré de ses fils Adama, Malick, de Mimi fille de son défunt fils. Dr Doudou Diallo, également son fils en service à Sokone, lui, a envoyé une missive pour saluer la mémoire de son défunt frère ainé Moctar. Autant donc croire avec le célèbre écrivain sénégalais Birago Diop que les morts ne sont pas morts et finalement ils sont autour de nous.
AU NOM D’UN PERE, CE LIVRE EST UNE ODE A LA VIE ET A LA MORT
« Au nom d’un père… ». Du père de l’écrivaine Ndèye Fatou Kane. Cette dernière a publié son sixième livre, chez L’Harmatan-Sénégal, en octobre 2022, pour honorer la mémoire d’un papa qui fut guide, protecteur et modèle d’Homme.
« Au nom d’un père… ». Du père de l’écrivaine Ndèye Fatou Kane. Cette dernière a publié son sixième livre, chez L’Harmatan-Sénégal, en octobre 2022, pour honorer la mémoire d’un papa qui fut guide, protecteur et modèle d’Homme. Le bouquin de 102 pages peut autant être considéré comme un bréviaire qu’une tribune de féminisme à diverses vues. Il sera présenté au public sénégalais le 29 avril, samedi prochain, au Musée des civilisations noires (Mcn).
« MTK, à jamais dans mon cœur. Il est de ces périodes que le Seigneur nous fait vivre pour nous endurcir. Et ces mois passés et à venir en font résolument partie. Car perdre mon frère et mon père à 6 mois d’intervalle, je ne l’aurai jamais pensé ». Cette complainte de l’écrivaine Ndèye Fatou Kane, publiée sur sa page Facebook au lendemain du décès de son père, Mamadou Tidiane Kane, n’avait pas révélé toute sa charge dramatique, malgré le chagrin notable. Un deuil des plus difficiles allait effectivement suivre, engendrant un lourd épisode dépressif. Le cœur et l’esprit de Ndèye Fatou vont voler en rase-mottes, méprisant jusqu’aux retrouvailles avec les nuages. Une période affligeante au cours de laquelle l’inspiration et l’écriture du livre apparaitront en lumières salvatrices. « Au nom d’un père – Hommage à Mamadou Tidiane Kane (16 février 1945 – 5 octobre 2021) » est la thérapie de son auteure.
« Quand ma psychothérapeute m’a demandé ce que je pouvais faire pour m’extraire de mon état apathique, je lui ai répondu « Écrire ». Je suis donc allée me poser dans mon bureau et j’ai écrit le livre en deux semaines. Ce livre est ma manière de sortir la tête sous l’eau, me réveiller et me dire que la vie continue. La littérature, la lecture, le livre sont ma vie. Je disais à mon père qu’il m’a rendu le meilleur des services en me mettant un livre entre les mains. C’est un peu une continuité, en fait. « Il m’a d’abord initiée à la lecture, ensuite indirectement à l’écriture. C’est en fin de compte normal que j’écrive sur lui », nous explique Ndèye Fatou Kane. Ce prolongement de l’héritage est aussi bien une déclaration personnelle qu’une lettre impersonnelle. En célébrant un père à qui elle dit devoir sa personnalité et son identité, elle présente également un homme avec de remarquables qualités humaines et humanistes, qui de plus a marqué son époque et ses proches. Les deux objectifs font sens.
« Rien de mieux qu’un livre pour fixer sa mémoire dans le temps afin qu’elle lui survive et me survive moi-même » apprécie « Nfk », qui avoue, sans s’en excuser, sa « subjectivité de fille » chérie et cajolée. Mamadou Tidiane Kane – Mtk était un technicien supérieur des transports qui a fait les beaux jours du Port autonome de Dakar. Ses expertises étaient requises au-delà de nos frontières. Son brio et sa considérable conscience socioprofessionnelle l’ont amené à se distinguer dans le giron portuaire au-delà de son service bureaucratique. Mtk est l’ancien président de l’Union culturelle et sportive des travailleurs du Port (Ucst Port) qui a donné à la section football toute son aura. Ancien vice-président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), « débatteur hors pair, acteur brillant et parfois bouillant », selon le journaliste Babacar Khalifa Ndiaye, Mtk est l’un des animateurs principaux des états généraux du football après la débâcle à la Can 1986.
Ouverture à l’universel
Homme racé, doté d’une singulière urbanité, mâtiné aux préceptes religieux et aux vertus traditionnelles, dévoreur de livres, bien élancé et pas du tout escogriffe, Mtk s’était forgé une ouverture à l’universel qui lui avait imposé une grande tolérance et une séduisante foi en l’humain. « La Rigueur », son sobriquet depuis les années estudiantines, avait en lui tout ce qui fait le propre et le paradoxe du communiste (il avait d’ailleurs été militant du Parti africain de l’indépendance – Pai, et syndicaliste).
Une personnalité inspirante.
L’intersectionnalité est une notion féministe en sociologie qui étudie comment la société traite des groupes de personnes qui subissent quelques formes d’oppression ou la hiérarchisation des pouvoirs. C’est l’un des dadas de Ndèye Fatou Kane, qui est chercheuse en sociologie du genre. Cette intersectionnalité est pour elle « un carré où plusieurs « moi » se rencontrent ». C’est encore un legs de Mtk qui, depuis l’enfance, n’a cessé de la forger à son image de dégourdi, d’intellectuel et de curieux insatiable. « Quel que soit le domaine où je m’active, l’ombre de mon père plane toujours. Même dans mon féminisme. Déjà, c’est en m’ayant éduquée d’une façon atypique en me faisant comprendre qu’être une fille ne saurait être une excuse ou une entrave en rien, que j’avais un cerveau comme mes frères. C’est toujours une continuité », observe l’auteure de « Vous avez dit féministe ? », qui a choisi conséquemment de choisir son père plutôt que le monde, et d’être autant la fille de son père que de son époque.
Identité féministe
À bien y voir, « Au nom d’un père … » donne un aperçu révélateur de l’identité féministe de Ndèye Fatou Kane. Avec un papa qui l’a façonnée à la dure, l’a soustraite de l’éducation « domestiquante », s’étant gardé d’être exubérant devant ses succès, Nfk ne pouvait qu’aboutir à cette femme obstinée, sûre d’elle, hardie et conquérante. Plus consciente, elle a vu en ce père un modèle de masculinité déconstruite qui n’hésitait aucunement à exprimer sa part féminine et sensible. Dans son innocence et dans la construction de son « moi » d’adolescente, l’image a fait tilt chez Ndèye Fatou Kane. « Autant la mère fait le mâle, autant le papa fait la fille », admet-elle, citant le texte « La Mère, à l’origine du mâle ». La posture féministe de Ndèye Fatou Kane se manifeste plus nettement dans le style et dans le ton.
Les puristes orthodoxes s’étrangleraient devant la liberté de Ndèye Fatou Kane à user des épicènes et de l’écriture inclusive. Ces néologismes sont plus que des mots pour Nfk. Ce sont des instruments de sa posture (d’écrivaine) féministe. Cette grammaire nouvelle ambitionne de cesser l’écriture exclusive, d’admettre les non-binaires ainsi que d’enlever la dominance du masculin sur le féminin. Les féministes parlent de masculinisation systématique de la neutralité en français. Sur l’autre partie où Ndèye Fatou Kane se raconte, c’est à travers un subtil ou bref « essai » sur la dépression, la psychothérapie. C’est curieux, tout ce que l’énergie du désespoir peut provoquer comme mue(s). « Ma vie a réellement connu une cessation de mouvement depuis le 5 octobre 2021, mais elle a paradoxalement commencé depuis cette fatidique », admet l’auteure dans le livre. Elle reviendra certainement en large sur ce dédoublement lors de la présentation sénégalaise du livre, qui aura lieu samedi prochain, au Musée des civilisations noires, à 15 heures.
Du 2 au 6 mai 2023 s’ouvre dans la capitale Sénégalaise, le festival panafricain des séries. Une toute première panafricaine, de promotion et de mise en valeur de la créativité africaine, vers la professionnalisation du secteur, potentiellement dynamique et porteur croissance.
La première édition du festival ‘’Dakar Séries’’ se tiendra du 3 au 6 mai prochains dans la capitale Sénégalaise, Dakar. Hier mercredi, face à la presse, les promoteurs dudit évènement ont dévoilé le programme alléchant de cette première édition des séries retenues. Au total, sur les 27 séries sélectionnées, seules 24 seront en compétition pour cette toute première du genre sur le continent africain. Lors de ce festival, beaucoup de séries Sénégalaises et Ivoiriennes seront diffusées. Et tant bien d’autres de la Centre Afrique, du Bénin, du Burkina Faso, du Maroc, d’Algérie, d’Afrique du Sud, du Nigéria… En ce qui concerne le Sénégal, des séries comme Selma, Emprise, Marodi (deux séries sénégalaises diffusées sur Amazon prime), Teranga, Black Santiago Club… seront, entre autres, parmi les 27 séries africaines sélectionnées et qui seront diffusées à l’attention des séries «addicts» (des sériephiles, passionnés de séries).
En Afrique, il est constatable, de plus en plus, des séries africaines produites et consommées. Mais, en retour, aucun rendez-vous de promotion de celles-ci n’est viable. D’où l’idée de valoriser ce que le continent «fait de mieux, faire découvrir des séries en exclusivité notamment des premières mondiales (celles qui n’ont jamais été diffusées), partager les expériences et les connaissances, accompagner les nouvelles générations, créer des ponts avec les générations confirmées et voir ensemble comment structurer le secteur pour arriver à en faire une véritable industrie de la série. Et ce, par des ateliers, par des masters class, par des tables rondes.
Bref, il sera question de faire l’état des lieux, comment aller plus loin notamment les porteurs de projets de pouvoir rencontrer et échanger avec des gens qui ont un potentiel à l’œuvre», a expliqué la promotrice. Beaucoup de lauréats pour les meilleures séries courts métrages (moins de 45 minutes), meilleures séries longs métrages (au-delà de 45 minutes), meilleur (e) acteur (trice), meilleur montage, meilleure musique, meilleure réalisation, meilleur décor seront primés. Bref, «ça va être un beau palmarès pour mettre en lumière les technicien des séries qui ne sont pas souvent valorisés», a soutenu la promotrice. Ledit festival panafricain des séries ‘’Dakar Séries’’ se veut un lieu «de promotion et de mise en valeur de la créativité africaine, de soutien de la professionnalisation du secteur et une plateforme unique pour les professionnels de l’audiovisuel», souligne Séraphine Angoula.
A noter que l’actrice et réalisatrice française d’origine sénégalaise et malienne, Aïssa Maïga, est la marraine de cette première édition du festival panafricain des séries ‘’Dakar Séries’’.
AMADOU LAMINE SALL LAUREAT DU GRAND PRIX DE LA POESIE AFRICAINE
Le poète sénégalais Amadou Lamine Sall recevra le 5 mai à Rabat le Grand prix de la poésie africaine 2023 lors de la première édition du festival de la poésie africaine, a appris, mardi, l’APS.
Le poète sénégalais Amadou Lamine Sall recevra le 5 mai à Rabat le Grand prix de la poésie africaine 2023 lors de la première édition du festival de la poésie africaine, a appris, mardi, l’APS.
M. Sall recevra cette distinction à l’ouverture officielle de ce festival qui se tiendra jusqu’au 7 mai.
‘’Je suis très ému parce que le Grand prix de la poésie africaine qui m’a été décerné porte le nom cette année de Léopold Sédar Senghor. Je suis très touché encore parce que le Sénégal est présent de par le monde à travers la culture’’, a confié Amadou Lamine Sall à l’APS.
Il a par ailleurs invité à accorder plus d’attention à la culture au moment où dit-il ‘’la politique compte plus dans le pays ». »La culture a déménagé de notre pays’’, a t-il déploré.
L’écrivain appelle à s’assoir et à réfléchir parce que ‘’le Sénégal reste un grand pays de culture reconnu et respecté’’.
‘’La culture est importante, on doit bien la gérer et la protéger. La culture, ce n’est pas le court terme, ni le moyen terme, elle est au début et au commencement de tout, elle n’est pas comme l’économie qui répond à ces classements, la culture échappe à cela’’, a souligné Amadou lamine Sall.
Le poète invite à organiser plusieurs festivals pour protéger et faire rayonner la culture sénégalaise. »Le Maroc vit à travers la culture qui protège la jeunesse, il faut que le Sénégal ait des milliers de festivals’’, a t-il plaidé.
Ce premier festival de la poésie africaine dont Amadou Lamine Sall est le premier lauréat du Grand prix baptisé Léopold Sédar Senghor est organisé par la maison de la poésie au Maroc et le ministère marocain de la Jeunesse, de la culture et de la communication.
Selon le site de la maison de la poésie visité par l’APS, le festival vise à ‘’célébrer la poésie africaine dans toute sa diversité et ses icônes, ses grands noms et ses voix qui s’expriment en différentes langues et ont diverses visions et sensibilités’’, indiquent les initiateurs.
Le festival est organisé dans le cadre de ‘’Rabat capitale de la culture africaine’’ lancé depuis 2022.
STEREO AFRICA FESTIVAL 2023, DAKAR HOTE DE LA MUSIQUE AFRICAINE
Après le succès de sa première édition, Stereo Africa Festival sera de retour, du 9 au 13 mai, à Dakar, au Clos Normand, mais aussi dans d’autres lieux de la capitale sénégalaise.
Après le succès de sa première édition, Stereo Africa Festival sera de retour, du 9 au 13 mai, à Dakar, au Clos Normand, mais aussi dans d’autres lieux de la capitale sénégalaise. Ce sera un espace incontournable de rencontres et d’échanges entre professionnels africains et internationaux.
La 2e édition du Stereo Africa Festival aura lieu du 9 au 13 mai, à Dakar. Le festival se veut, cette année, un lieu de rencontres entre professionnels de la musique et artistes locaux. D’après le communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, les musiciens et chanteurs qui se produiront au festival en mai prochain à Dakar sont maintenant connus. Parmi les invités, il y a Boubacar Traoré, le célèbre bluesman malien, qu’on ne présente plus. Il a dit-on, su marier la musique mandingue et celle du Mississippi. Il y aura aussi Daby Touré, né en Mauritanie, qui est le fils d’Hamidou, membre du célébrissime groupe sénégalais Touré Kunda. ‘’Avec une musique inspirée à la fois du blues américain, du folk, de la musique sahélienne et de la pop, il crée une recette unique qui évoque les berceuses chantées par les grands-mères soninkés, mais nous ramène irrésistiblement vers la Californie ou Paris’’, souligne la note.
Esinam, multi-instrumentiste belgo-ghanéenne, est aussi attendue. ‘’Elle a créé un univers musical personnel, rempli de rythmes, de grooves, de mélodies et de boucles, mêlant sa voix soul aux percussions africaines traditionnelles, à la flûte et à quelques influences électroniques’’, renseigne-t-on. Carlou D sera aussi de la partie. L’icône de la musique au Sénégal est un artiste complet, chanteur, musicien, danseur. ‘’Carlou D est un adepte de la diversité musicale, après être passé par le célèbre groupe sénégalais Positive Black Soul, aux côtés de Didier Awadi, artiste spirituel, dans ses textes qui prône la paix’’, le présente-t-on.
Ainsi, le festival sera l’occasion d’augmenter la visibilité des artistes à travers le public. Dans son ADN, il y a notamment la recherche de nouveaux talents. En février, le SAF a lancé un appel à candidatures pour des showcases, de petits concerts promotionnels où des artistes en devenir se produisent devant un jury de professionnels, journalistes et invités. Ces derniers ont ainsi sélectionné une quinzaine d’artistes et groupes, parmi une soixantaine, qui seront programmés dans le cadre du Off du festival.
Autre initiative, les Unplugged sessions. Il s’agit d’un ‘’concours musical qui s’est déroulé dans les gares de Thiaroye et Rufisque, en partenariat avec la Seter, à l’Ucad à la Maison des cultures urbaines de Ouakam. La finale aura lieu le 11 mai et, à la clé, des journées d'enregistrement dans un studio de musique professionnel’’.
Le SAF 2023, bien plus que des concerts !
Selon les organisateurs, ‘’il y en aura presque de tous les goûts encore cette année, avec également le groupe de reggae Timshel, Noumoucounda, One Pac, Rokia Bamba, Aïda Sock, Sym Sam, Saintrick, Kalsoum, Jupiter Diop, Ngendymen, Cortega… ! Tous ces artistes se produiront sur différentes scènes, au Clos Normand, à l’Institut français, aux Pieds tanqués chez Awa’’.
Mais le SAF 2023, ce sont aussi des tables rondes sur des thématiques liées à l’industrie créative de la musique, une résidence artistique orchestrée par Daby Touré avec plusieurs artistes sénégalais au sein du studio Stereo Africa 432 dont l’objectif est de réaliser un album du festival et, en fin de soirée, le dernier jour, un DJ set d’Electrafrique.
‘’Créé en 2022, Stereo Africa Festival est un évènement qui vise à promouvoir les musiques actuelles ouest-africaines et à soutenir l'émergence de nouveaux talents à travers une programmation éclectique. C'est également un lieu de rencontres des professionnels africains et internationaux, pour la promotion, la représentation, la diffusion et la structuration des musiques du continent’’, renseignent les organisateurs.
ON PEUT GUÉRIR DU TRAUMA COLONIAL EN CONTINUANT À ÉDIFIER NOS MONDES
Écrivain, poète, musicien, économiste, le penseur sénégalais Felwine Sarr est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui appelle à réfléchir les manières d’habiter le monde, à multiplier les perspectives et les échanges entre les cultures- ENTRETIEN
Felwine Sarr était de passage à Bruxelles le week-end dernier dans le cadre du festival "Passa Porta". Rencontre.
Écrivain, poète, musicien, économiste, le penseur sénégalais Felwine Sarr est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui appelle à réfléchir les manières d’habiter le monde, à multiplier les perspectives et les échanges entre les cultures. Il enseigne la philosophie africaine depuis plus de deux ans aux États-Unis, en Caroline du Nord, à la Duke University.
Vous êtes un grand voyageur et vous avez notamment publié "La saveur des derniers mètres" où vous notiez que les écrivains africains sont peu nombreux à raconter leurs voyages. Comment expliquez-vous cette situation? Il manque de récits africains sur le reste du monde?
L’Afrique a été un objet de discours pour le monde entier, mais les Africains ont rarement été les sujets de leurs propres discours, à la fois sur eux-mêmes et sur le monde. Quand on nous voit en voyage, on nous prend pour des migrants. J’écris des livres et je voyage à travers le monde tandis que mon cousin, par exemple, ne peut pas avoir de visa alors que nous avons la même histoire et que nous venons du même endroit. Il est important pour les Africains de regarder le monde avec leur imaginaire. Les Africains n’ont pas seulement des choses à dire sur le continent africain, ils peuvent poser un regard singulier sur d’autres parties du monde.
La période de la colonisation est évidemment associée à des douleurs, des souffrances, de la colère et de la violence. Que faire avec ce passé colonial? Ce passé, dites-vous dans l’un de vos ouvrages, n’est qu’une "trace", une trace qui persiste et que vous proposez d’arpenter. Que voulez-vous dire par là?
On ne peut pas être amnésique, mais on ne peut pas non plus rester coincé dans un trauma colonial. L’histoire a des effets qui perdurent. Les rapports actuels sont tissés par ces anciennes structures, ces inégalités, ces asymétries, mais il ne faut pas être prisonnier de la part ombrageuse de cette histoire. Je n’aime pas cette idée de retourner dans un âge idyllique, une Afrique rêvée qui n’existe plus. L’histoire se condense en nous et on peut guérir du trauma colonial en continuant à édifier nos mondes.
Que pensez-vous d’un courant comme celui de la "cancel culture"? Faut-il réécrire l’histoire?
Je n’aime pas l’idée d’effacer, mais il est vrai que l’histoire du continent africain ne peut pas être écrite uniquement par les vainqueurs. L’histoire ne peut pas se raconter d’une seule façon seulement, il faut une pluralité de points de vue. On ne peut pas continuer, par exemple, à glorifier des chefs militaires qui ont pillé et tué. On ne peut pas ériger certaines figures dans l’espace public. Le discours sur l’espace public est différent du discours sur l’histoire. Retirer une statue n’efface pas l’histoire, cela veut seulement dire qu’on articule un autre discours dans l’espace public, que l’on change d’imaginaire. Pourquoi ne pas, par exemple, arrêter de se focaliser sur la figure du héros, la figure individuelle? Les grandes victoires dans l’histoire de l’humanité sont des victoires collectives.
Vous évoquez aussi la période qui a suivi la colonisation et vous montrez toute la violence qui réside dans l’idée de "sous-développement" par exemple…
On nous a vendu des injonctions civilisationnelles avec le lexique du handicap, du déficit, du manque. C’est extrêmement violent: en substance, cela veut dire que ce continent n’a pas atteint sa plénitude. Dans cette perspective, même le bleu du ciel, le sourire ou la beauté du monde sont "sous-développés" en Afrique. Cela agit évidemment sur les consciences. Les Africains ont intégré au fond de leur psyché cette idée du "retard". Or, l’Afrique doit arrêter de vouloir rattraper l’Occident. Elle a des potentialités énormes qu’elle doit simplement actualiser. Il faut relever les défis contemporains, écologiques et économiques, en se fondant sur notre histoire, sur notre créativité.
FORUM INTERNATIONAL, DES DIRECTEURS DE MUSEE A DAKAR
Dakar accueille du 25 au 27 avril 2023 un forum international réunissant 60 directeurs de musées africains et européens issus de 38 pays.
Dakar accueille du 25 au 27 avril 2023 un forum international réunissant 60 directeurs de musées africains et européens issus de 38 pays.
L’objectif de cette première édition est de mettre en place un réseau mondial qui pourra mettre en œuvre un ambitieux programme de partenariat multilatéral mais surtout à long terme, de partenariats entre les musées d’Afrique et d’Europe, souligne un communiqué, parvenu à notre rédaction.
À l’occasion de la rencontre de Dakar, les directeurs de musées définiront ensemble les priorités d’un tel programme afin de se lancer à la recherche de décideurs et de bailleurs internationaux pouvant contribuer à sa pérennisation. Ils poseront les jalons pour créer un cadre d’échange et d’entraide, nouer des liens durables entre musées, et renforcer leur rôle dans la société, souligne la note.