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24 novembre 2024
Culture
CHAMOISEAU, PRIX MARGUERITE YOURCENAR 2023
« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l'œuvre nous échappent. » Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger.
« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l'œuvre nous échappent. » Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger.
C’est donc pour mieux approcher un écrivain, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite Yourcenar de la Scam met en lumière un auteur ou une autrice pour l’ensemble de son œuvre.
Doté de 8000 €, le prix 2023 sera remis à Patrick Chamoiseau dimanche 26 juin dans le cadre du Festival Le Marathon des Mots à Toulouse.
Beaucoup se souviennent de « l’oiseau de Cham », alias le « rapporteur de paroles » qui orchestrait la spirale polyphonique constituant Texaco. Ce grand roman de la créolité en marche a valu à Patrick Chamoiseau un prix Goncourt retentissant en 1992, six ans à peine après la parution de son premier livre, Chronique des sept misères.
En inventant son chemin sur les traces magiques des conteurs créoles surgis de la catastrophe esclavagiste, son dernier roman, Le vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022), forme un lumineux diptyque avec l’essai publié, La nuit, le conteur et le panier pour explorer les sources de la création artistique d’une manière inédite, et témoigner ainsi d’une forme d’accomplissement.
Né à Fort-de-France en 1953, nourri de la pensée du Tout-monde élaborée par Edouard Glissant (1928-2011), Patrick Chamoiseau est désormais l’auteur d’une œuvre considérable et hautement singulière, que le jury* du Prix Marguerite Yourcenar est heureux et fier de célébrer alors qu’elle atteint une nouvelle apogée.
Patrick Chamoiseau
Ecrivain majeur de la Caraïbe, il est l’auteur de romans, de contes, d’essais et théoricien de la créolité. Il a également écrit pour le théâtre et le cinéma. Parmi ses œuvres les plus marquantes : Chronique des sept misères (Gallimard, 1986) ; Éloge de la créolité (avec Raphaël Confiant et Jean Bernabé, Gallimard 1989) ; Solibo Magnifique (Gallimard, 1991) ; Lettres créoles (avec Raphaël Confiant, Hatier, 1991) ; Une enfance créole (Gallimard, 1996) ; Biblique des derniers gestes (Gallimard, 2001) ; Écrire en pays dominé (Gallimard, 2002) ; La Matière de l’absence (Le Seuil, 2016) ; Le Conteur, la nuit et le panier (Le Seuil, 2021) ; Le Vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022).
* présidé par Isabelle Jarry, le jury est composé de Laura Alcoba, Arno Bertina, Catherine Clément, Colette Fellous, Simonetta Greggio, Nedim Gürsel, Ivan Jablonka, Bertrand Leclair et Pascal Ory, de l’Académie française.
L’écrivain-poète sénégalais Cheikh Tidiane Gaye occupe depuis presque dix ans le devant de la scène de poésie en Italie et une partie de l’Europe. Écrivain, poète et ambassadeur de la culture, il a ouvert, au cœur d’Italie, une académie baptisée au nom de l’ancien président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Il s’agit d’un espace de promotion de l’identité culturelle sénégalaise à l’étranger. L’écrivain a tenu à partager les fondements et missions de l’Académie Léopold Sédar Senghor mise en place en Italie. Il explique son choix d’investir dans la poésie, un genre littéraire auquel il a fini par se consacrer après avoir eu un amour juvénile pour l’écriture et le théâtre. Sur un autre plan, Cheikh Tidiane Gaye estime que le Président Sall est en train de construire le Sénégal et de changer son visage à travers des infrastructures modernes.
Le dynamisme et la créativité culturelle des Sénégalais traversent les frontières du pays. Un peu partout à travers le monde, des compatriotes ne cessent de s’illustrer dans leurs domaines d’activités. Cheikh Tidiane Gaye, établi depuis belle lurette en Italie, est un de ces dignes ambassadeurs de notre pays. Ce poète et écrivain est connu à travers toute la Péninsule à traversses critiques acerbes contre les politiques discriminatoires du pays de Dante. Des critiques, un militantisme et une liberté de ton qui l’ont d’ailleurs propulsé au-devant de la scène littéraire italienne. Membre du Pen Club International de Lugano, en Suisse, il est l’auteur de plusieurs ouvrages publiés en français et italien. L’homme, très apprécié dans son pays d’adoption, alterne prose et poésie. Et ses œuvres font aussi l’objet de thèses universitaires. Un de ses romans, préfacé par le maire de Milan, a été primé au concours «Il Golfo 2014». La 8e édition, celle de 2023, de ce concours a été l’occasion de fêter la naissance de l’Académie Léopold Sédar Senghor. Auparavant, c’est l’association Africa Solidariet qui organisait ce Prix. Et à partir de cette année, c’est l’Académie Léopold Sédar Senghor qui prend le relais. Justement, la cérémonie officielle de remise des prix de ce concours a été l’occasion d’exposer les objectifs et la mission de l’Académie. Cheikh Tidiane Gaye en a profité pour inviter les acteurs culturels européens en général, en italiens en particulier, à repenser le continent africain pour impulser le développement durable. Lequel, à l’en croire, doit nécessairement passer par la culture.
Choix d’investir dans la poésie
Le fondateur de l’Académie Léopold Sédar Senghor a expliqué son choix d’investir dans la poésie par son amour juvénile pour l’écriture en général et plus particulièrement le théâtre et la poésie. A l’en croire, la poésie représente la forme la plus belle et la plus sublime pour satisfaire la raison. Certes, reconnaît-il, la poésie est un genre très difficile mais elle permet de bien manier la parole, d’en faire un bon usage. D’après lui, la poésie est le genre qui contient et regroupe la peinture et la musique. Le poète, renseigne-t-il, est le peintre des mots. A travers le rythme, il devient musicien et le sens profond du verbe fait de lui un sage avec un rôle important à jouer dans la société.
Etabli depuis plusieurs années en Italie, le poète Cheikh Tidiane Gaye est auteur de plusieurs ouvrages dont une dizaine en italien et en français. De la poésie à l’essai, du roman au récit, il s’illustre dans la publication de genres différents. Il est le co-fondateur de la maison d’édition Kanaga Edizioni, présente dans le secteur « littérature de la migration », et qui édite les étrangers résidant en Italie qui écrivent en langue italienne. Il fait partie de ce lot. A ce titre, il rappelle avoir reçu plusieurs prix littéraires tandis que quelques-uns de ses ouvrages font l’objet d’études universitaires. Et, même, des mémoires universitaires ont été soutenus à travers ses écrits.
Les ouvrages de Cheikh Tidiane Gaye, originaire de Thiès, au Sénégal, ont été traduits en albanais, roumain, anglais et allemand. Au vu des extensions linguistiques de ses livres, il a créé une structure qui défend les valeurs de l’écriture pour valoriser la pensée africaine. Et c’est pour donner un plus grand retentissement à ce projet qu’il a pris la décision de faire donner le nom du président poète Léopold Sédar Senghor à son académie. Pour cause, Senghor est un homme de lettres et un grammairien à qui les semeurs des paroles et les poètes doivent beaucoup. C’est, selon lui, le poète africain qui a le plus marqué son époque.
Renaissance de Senghor en Italie
Membre de diverses académies, Cheikh Tidiane Gaye a pensé devoir rassembler des académiciens de nationalités diverses pour valoriser le parcours exceptionnel de l’ex président de la République, Léopold Sédar Senghor. « Parler de Senghor en Italie, c’est à-dire au pays des illustres poètes comme Dante et Leopardi, est important. Senghor aimait bien l’Italie et il a été couronné Chevalier Grand-Croix de la République italienne. Il fut membre de la Commission épiscopale auprès du Vatican et un grand connaisseur de Rome. À travers mon implication, et j’en suis fier, une place publique dans une ville près de Milan a été baptisée Place L. S. Senghor. J’ai publié une anthologie dans laquelle j’ai traduit ses poèmes en italien. Senghor renaît en Italie à travers cette académie qui rassemble de grands poètes et académiciens », se félicite Cheikh Tidiane Gaye.
L’écrivain-poète projette de publier des essais, des anthologies et surtout des recherches scientifiques sur la littérature en général et celle africaine en particulier. Selon lui, la poésie rime avec la paix et la liberté. Et qui dit poésie sous-entend engagement. Notre compatriote prie afin que ce Prix Léopold Sédar Senghor continue de rayonner. « J’invite le gouvernement du Sénégal à nous soutenir. Je rappelle que le Prix a reçu, durant les éditions précédentes, le patronage du Parlement Européen, de la Commission Épiscopale, du Vatican, de la Chambre des Députés de la République italienne, de l’OIM (Organisation Internationale des Migrations), du Cercle Richelieu-Senghor de Paris, de la Municipalité de Milan, de l’Institut Français de Milan, du plus grand syndicat italien, la Cgil-spi », confie Cheikh Tidiane Gaye. L’écrivain-poète est épaulé dans le cadre des activités de l’académie par des travailleurs acharnés et dévoués à la tâche, dont son vice-président, Demba Thiary Ndiaye, son trésorier, Bassirou Samb et le président du jury, Pape Khouma, ce dernier étant un écrivain très connu en Italie où il a publié des romans à succès. Des hommes valeureux, très rigoureux amoureux du travail bien fait et impeccable.
Investissement culturel et infrastructurel du Président Sall récompensé
Cheikh Tidiane Gaye, au cours de cette 8ème édition de « Il Golfo 2014 » a décerné un prix au chef de l’Etat, Macky Sall. Interrogé sur les raisons d’une telle distinction, il évoque les performances du « Plan Sénégal Émergent ». Emerveillé par le changement de physionomie du pays, il estime que le Président Sall est en train de construire le Sénégal à travers des infrastructures modernes. Surtout, Cheikh Tidiane Gaye lui sait gré d’avoir beaucoup investi dans le domaine culturel. « Je suis d’avis que la vraie croissance passe par la culture », martèle-t-il. Et de rendre hommage au fait que le président Macky Sall oeuvre pour doter le Sénégal d’un projet culturel riche, pouvant accompagner son projet d’investissement économique.
Rappelant avoir sollicité le Haut Patronage du président Macky Sall, Cheikh Tidiane Gaye informe avoir demandé personnellement à l’Université de Bucarest de lui remettre la distinction de Docteur Honoris Causa vu ses performances en matière de bonne gouvernance. « Son Plan Sénégal Émergent est une philosophie qui devrait inspirer les chefs d’État africains pour la reconstruction de notre continent. Nous lui avions remis l’année passée un prix spécial pour sa politique de bonne gouvernance, un prix remis à son ministre-conseiller Prof. El Hadji Hamidou Kassé qui avait effectué le déplacement jusqu’en Italie pour représenter le Chef de l’État », rappelle notre interlocuteur.
Toujours au chapitre des remerciements, Cheikh Tidiane Gaye indique que Pape Faye, parrain de l’édition 2022, élu ambassadeur du Prix l’année dernière, a reçu cette année à Milan sa nomination comme membre de l’Académie pour le travail remarquable abattu au Sénégal dans le domaine de la dramaturgie et de l’écriture. « Je lance un appel au président de la République afin que Pape Faye, la voix que tous les Sénégalais ont toujours aimé entendre, soit honoré et élevé au rang de Chevalier dans l’ordre national du Lion », formule-t-il. Il informe avoir invité à la manifestation le président de l’Académie Internationale de la Poésie Mihai Eminescu, basée en Roumanie, dont il est membre d’honneur.
Le Consul général invite à valoriser a destination Sénégal
Le consul général du Sénégal, présent pour la seconde fois à cette rencontre célébrant l’ancien Président Léopold Sédar Senghor, demande plus de présence des autorités étatiques de notre pays à ce genres d’évènements. La cérémonie officielle de remise des prix de l’Académie Léopold Sédar Senghor aurait eu une autre dimension s’il y avait eu la présence du ministre de la Culture, Aliou Sow, des représentations diplomatiques, des universités pour marquer le caractère solennel et solidaire de la 8e édition. Dans la salle, souligne-t-il, toutes les couches étaient représentées. Même si Senghor est connu au niveau mondial, il exhorte à vulgariser ce brassage multiculturel. « Professeur Gaye, bien intégré, s’est allé jusqu’à obtenir la création d’une place Léopold Sédar Senghor dans sa localité. De telles initiatives doivent être valorisées pour vendre la destination Sénégal », estime le consul général. Senghor parlait d’enracinement et d’ouverture, et cette ouverture doit être matérialisée ajoute-t-il.
Venus nombreux à la 8e édition, les poètes ont reconnu la nécessité d’établir des réflexions et des échanges sur les textes. Ainsi l’académie Léopold Sédar Senghor, qui se fixe entre autres l’objectif d’établir des rencontres entre chercheurs, poètes, journalistes, a reçu pour les besoins du concours de cette année des poèmes en provenance du monde entier. Cheikh Tidiane Gaye demande à faire de la poésie, un instrument de la paix, de la liberté et du respect de la diversité culturelle.
JE VEUX MARQUER MON RETOUR PAR CE CONCERT…
Obligée de rester près de trois années éloignée de la scène musicale pour des raisons de santé, la chanteuse Coumba Gawlo retrouve le public dakarois ce samedi 13 mai au Musée des civilisations noires.
Obligée de rester près de trois années éloignée de la scène musicale pour des raisons de santé, la chanteuse Coumba Gawlo retrouve le public dakarois ce samedi 13 mai au Musée des civilisations noires. La diva y convie ses amis, mélomanes, pour de grands moments de communion. La chanteuse promet également de dévoiler bientôt de nouveaux projets sur lesquels elle a eu le temps de réfléchir durant sa longue absence.
Rester plus d’une année sans exercer son métier, chanter, qu’est-ce que cela vous a fait ?
Je voudrais, avant de répondre à cette question, exprimer mon plaisir à échanger avec vous et les lecteurs du quotidien national Le Soleil, qui a toujours porté un intérêt à mes activités, du début de ma carrière à aujourd’hui. Vous imaginez bien à quel point l’obligation de rester tout ce temps sans chanter est contraignante, pour dire le moins. Je chante depuis l’âge de 7 ans, en accompagnant ma mère, Adja Fatou Kiné Mbaye. À 14 ans, je remporte un concours national de Chant, « Voix d’Or 86 ». Chanter, c’est pour moi une vocation, une passion et un métier. Je l’ai dans le sang. Comme je l’ai dit dans une de mes chansons, Woy reka ma warr (chanter est mon devoir). L’obligation de rester éloignée de la scène musicale pour raison de santé, sans exercer mon métier, ne fut évidemment pas facile à gérer, mais on ne peut qu’accepter la Volonté divine, et s’adapter par la foi, le courage et la détermination.
Avez-vous retrouvé la plénitude de votre voix, celle de la Gawlo qui touchait la sensibilité des mélomanes ?
Je l’espère et le souhaite. Je suis certes en convalescence, mais j’ai la ferme volonté, le désir ardent, de répondre à la demande du public, des fans et des mélomanes.
Comment votre staff, les membres de votre orchestre (musiciens et techniciens), vos collaborateurs et employés, ont-ils fonctionné durant votre absence du pays ?
Nous sommes à l’ère du numérique et de la digitalisation, et certaines circonstances obligent à s’adapter, notamment par le recours à certains outils comme le télétravail. Comme vous le savez, je suis chef d’entreprise, précisément Présidente directrice générale de Gawlo Office Media (Go Media) qui intervient dans l’évènementiel, la communication et l’information à travers la radio Fem Fm et par ailleurs Présidente fondatrice de l’association Lumière pour l’enfance-Coumba Gawlo (Lpe-CG) qui mène des programmes dans l’humanitaire et le social. J’ai essayé, avec mon staff et les employés, de maintenir le cap à travers des séances de travail en visioconférence durant cette période. Le contact a été maintenu avec les musiciens qui m’ont d’ailleurs dédié une chanson et dont je salue aussi l’affection et la loyauté. Je saisis à nouveau cette occasion pour les remercier tous pour leur engagement et leur loyauté.
Vous annoncez un concert le samedi 13 mai au Musée des civilisations noires, à Dakar, pour marquer votre retour sur la scène. Comment cela se passera-t-il ?
Pour répondre à la demande du public, des fans et des mélomanes, j’ai effectivement décidé de marquer mon retour sur scène par un concert placé sous le signe des retrouvailles et de la communion, samedi 13 mai, sur l’esplanade du Musée des civilisations noires de Dakar, à partir de 21 heures, et auquel j’ai invité des artistes de renom et de jeunes talents. Nous voulons donner à cet évènement un cachet particulier de par la qualité du spectacle, en son et lumière, pour satisfaire au mieux les attentes. Je voudrais saluer l’élan de solidarité autour de cette initiative que je ressens à travers des témoignages émouvants, réconfortants et motivants d’artistes du Sénégal et d’autres pays.
Vous comptez sans doute reprendre vos engagements et projets nationaux, sous-régionaux…
Les activités ont certes été impactées par le contexte de la Covid-19 et mon état de santé qui a nécessité un retrait momentané de la scène musicale, mais le groupe Go Media, la radio Fem Fm notamment et l’association Lumière pour l’enfance-Coumba Gawlo (Lpe-CG) ont continué de fonctionner. Nous avons, par exemple, assuré le leadership et la coordination de projets dont la production de single de sensibilisation et de plaidoyer sur la santé, l’éducation des jeunes filles (Stronger Together, Futures Leaders, etc.) pour ne citer que ces exemples. Nous avons récemment lancé, au cours d’une cérémonie au Cem Martin Luther King de Dakar, où j’ai effectué une partie de mes études, la campagne de promotion du bien-être de la jeune fille par un don de serviettes hygiéniques, qui devra s’étendre à d’autres établissements scolaires, les quartiers et les villages, à Dakar, comme dans d’autres régions du Sénégal. Nous sommes par ailleurs en train de poursuivre la préparation du Festival le Chant des Linguère, au Sénégal mais aussi dans d’autres pays. Cet évènement porte sur le thème « Paix, sécurité et cohésion sociale » avec des sous-thèmes comme le dividende démographique, l’autonomisation de la femme, la scolarisation de la jeune fille et son maintien à l’école, l’employabilité des jeunes, etc. Il se déroule en plusieurs séquences dont un forum avec des décideurs, des experts, des communicateurs traditionnels, des femmes et des jeunes, un dîner de gala dont une partie des recettes servira à accompagner des projets pour l’autonomisation de la femme, un espace exposition et un concert populaire.
Pendant la période de retrait de la scène musicale, avez-vous réfléchi à de nouveaux projets ? Un nouvel album de Coumba Gawlo en perspective ?
Effectivement, tout en suivant mon traitement, j’ai compris qu’il fallait s’adapter, en mettant en valeur ma foi en Dieu, mon courage et ma détermination, avec comme leitmotiv : transformer les difficultés en opportunités. J’ai ainsi effectué le pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, renforcé mes capacités artistiques par l’apprentissage du piano et la maîtrise de la langue anglaise. J’ai aussi sorti de nouveaux clips, Borom Ndam, Tek Gui et récemment Khasseniya, des chansons tirées de mon dernier album, Terrou Waar, classé par Itunes, peu après sa sortie, dans le Top 10 des meilleurs albums au monde. Nous avons évidemment mis à profit cette période pour réfléchir sur de nouveaux projets sur lesquels nous reviendrons en temps opportun. Inch Allah !
En attendant, je donne rendez-vous à tout le monde le samedi 13 mai à l’esplanade du Musée des civilisations noires de Dakar.
GRAND PRIX DE LA POÉSIE AFRICAINE, LE SÉNÉGAL HONORÉ AU MAROC
En remportant le Grand Prix de la poésie africaine, le poète Amadou Lamine Sall a encore honoré le Sénégal. Le senghorien a reçu son trophée vendredi soir des mains des autorités marocaines à l’occasion de la cérémonie de remise au Maroc
En remportant le Grand Prix de la poésie africaine, le poète Amadou Lamine Sall a encore honoré le Sénégal. Le senghorien a reçu son trophée vendredi soir des mains des autorités marocaines à l’occasion de la cérémonie de remise de cette distinction au royaume de Mohamed VI.
La première édition du Festival de la poésie africaine, organisée sous le patronage du Roi Mohammed VI, par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et la Maison de la poésie (Bayt Achiir) au Maroc, s’est tenue vendredi dernier. C’était dans le cadre de la célébration de Rabat, capitale de la culture africaine. La cérémonie d’ouverture a été marquée par la remise du Grand Prix de la poésie africaine qui porte cette année le nom du poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, au poète sénégalais Amadou Lamine Sall, « en reconnaissance de sa poésie qui est restée fidèle à la personnalité sénégalaise et à l’esprit africain soucieux de défendre la terre africaine, ses eaux, la liberté de ses enfants et leur dignité ».
Selon le site Finances news, un hommage a été rendu à quatre personnalités bien connues sur la scène de la poésie africaine, en l’occurrence la poétesse marocaine Malika El Assimi, Patricia Kakou Marceau de la Côte d’Ivoire, Fatoumata Keita du Mali et Bina Djangarg du Tchad. En outre, la première journée de ce festival a donné lieu à une soirée de poésie avec la participation d’éminents poètes africains, notamment Amadou Lamine Sall, Mohamed Achaari du Maroc et Paul Dakeyo du Cameroun.
L’assistance a été gratifiée à cette occasion d’une spectrale de musique Gnaoua livrée par Mâalem Abdelkader Amlil, poursuit la source. Le programme de cette première édition du festival de la poésie africaine, organisée sous le thème « Notre continent africain, notre horizon poétique », comprend une série d’événements poétiques, musicaux et de conférences intellectuelles, ainsi que des ateliers d’écriture et de déclamation poétique pour les élèves des établissements d’enseignement, dans plusieurs espaces culturels et artistiques de la ville de Rabat.
« Réfléchir à la place de la poésie marocaine et africaine »
Dans une déclaration à la presse parcourue par le site à cette occasion, le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a souligné que le Festival de la poésie africaine est une occasion de célébrer la poésie marocaine et africaine en général, à l’image des autres célébrations qui ont eu lieu à Rabat depuis juin 2022, dans le cadre du programme « Rabat, capitale de la culture africaine », dans différents domaines de la créativité et des arts. Il a également souligné que le Festival de la poésie africaine, en plus de rendre hommage aux poètes ayant publié des recueils de poésie et qui se sont illustrés au niveau national et continental, est également une occasion de réfléchir à l’avenir et à la place de la poésie marocaine et africaine, afin d’accompagner les expériences internationales et d’assurer sa présence dans les forums internationaux.
De son côté, le président de la Maison de la poésie au Maroc, Mourad Kadiri, a estimé que cet événement vise à rapprocher les expériences poétiques africaines et à favoriser le contact entre les poètes et les acteurs du secteur entre l’Afrique et le Maroc. Pour lui, le Festival de la poésie africaine aspire à devenir un événement culturel annuel qui confirme la profondeur africaine du Maroc, lequel est imprégné de l’identité et de la culture africaine, soulignant que « la Fondation Beyt Chiir au Maroc ambitionne de faire de la poésie une passerelle au service du dialogue et de l’interaction ».
LE FICAK, UN ESPACE POUR RACONTER LES HISTOIRES AFRICAINES
Le Festival international du cinéma africain de Khouribga (FICAK) qui se tient depuis 1977 dans le sud du Maroc, offre un espace où »les histoires africaines peuvent être racontées, entendues et appréciées »
Le Festival international du cinéma africain de Khouribga (FICAK) qui se tient depuis 1977 dans le sud du Maroc, offre un espace où »les histoires africaines peuvent être racontées, entendues et appréciées », a dit son directeur à l’envoyée spéciale de l’APS.
»Depuis bien des décennies, notre Festival a été un lieu de rencontre des cinéastes africains et des cinéphiles du monde et nous sommes fiers d’avoir créé un espace où les histoires africaines peuvent être racontées, entendues et appréciées par un public international », a relevé son initiateur lz-Eddine Gourirran à quelques heures de son ouverture officielle (6-13 mai).
Il souligne que l’option du FICAK depuis 46 ans se justifie par le souci de donner »une place de choix au 7e art du continent ».
»Je suis le créateur de ce festival en 1977. Notre objectif est de voir des films africains. On voyait des films américains, indiens, soviétiques et français, mais ce n’était pas logique. Il fallait donner une place aux films africains », a-t-il rappelé.
lz-Eddine Gourirran note que le FICAK qui célèbre cette année sa 23ème édition a choisi de se tourner vers l’Afrique pour lui offrir »l’opportunité de faire entendre sa voix et de montrer les potentialités artistiques dont elle dispose sans nul complexe vis-à-vis de l’Occident ».
Cette année encore, annonce son créateur, le Festival mettra en lumière le »talent et la créativité des cinéastes africains » avec 12 films longs métrages venant de dix pays du continent et 15 courts métrages de treize pays d’Afrique pour la compétition officielle.
Le court métrage »Kipou » du réalisateur Abdoulaye Sow est le seul film sénégalais en compétition.
Le FICAK met à l’honneur le cinéma camerounais cette année avec une rétrospective proposée aux cinéphiles de Khouribga, une ville du royaume chérifien réputée pour ses phosphates.
La 23ème édition du Festival international du cinéma africain de Khouribga compte également s’intéresser à la question de »la mémoire et de la préservation du patrimoine cinématographique africain », à travers notamment un colloque dont l’historien et universitaire sénégalais Ibrahima Thioub figure parmi les intervenants.
LA NUMERISATION DES ARCHIVES DE SENGHOR PRECONISEE
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Institut des textes et manuscrits modernes (Item) de Paris envisagent de numériser le patrimoine archivistique du poète-président, Léopold Sédar Senghor, pour le rendre accessible au public.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Institut des textes et manuscrits modernes (Item) de Paris envisagent de numériser le patrimoine archivistique du poète-président, Léopold Sédar Senghor, pour le rendre accessible au public. Cette idée a été émise, mardi 2 mai, lors d’une journée d’études sur le thème « Relire Senghor à l’aune des archives ».
Le Groupe international de recherche sur le Poète-Président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, a décidé de rendre plus accessibles ses archives en les numérisant et en les disposant sur une plateforme. Cette idée a été formulée, le mardi 2 mai, lors d’une journée d’études organisée par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Institut des textes et manuscrits modernes (Item de Paris).
Au cours de cette journée, il s’agissait pour les archivistes, les historiens et autres chercheurs du Sénégal et de la France de revisiter le patrimoine archivistique senghorien. Il se trouve éparpillé en différents lieux : Dakar (à la Fondation Senghor, au Musée Senghor, à la Bibliothèque de l’Ucad ou encore à la Direction de la Maison du Parti socialiste), Djilor, Joal. On retrouve également les archives du défunt poète-président en France, en Allemagne, en Russie ou encore aux Etats-Unis. Lors de cette journée, les archivistes de la Maison du Parti socialiste, Songo Dione, et de la Manufacture des arts décoratifs de Thiès (Msad), Philippe Faye, ont exposé les fonds Senghor qui se trouvent dans ces lieux précités.
La France n’était pas également en reste. Edoardo Cagnan de l’Université Sorbonne de Paris et Claire Riffard de l’Institut des textes et manuscrits modernes (Item) de Paris ont aussi présenté le fonds Senghor de la Bibliothèque nationale de France.
Accessibilité au grand public
Selon Claire Riffard, membre de l’Item, les fonds Senghor se révèlent très riches aussi bien en France aux archives de Verson qu’à la Bibliothèque de France notamment, les archives de Nantes qui concernent le pont colonial, et anté-indépendance de la vie du président qu’au Sénégal. Mais, elle souligne qu’un problème d’accessibilité de ces archives se pose pour la diffusion publique. Elle estime qu’il serait nécessaire de numériser toutes les archives de Léopold Sédar Senghor et de mettre en ligne certaines d’entre elles sous réserve d’un accord des ayants droit pour un accès gratuit pour la recherche et le grand public. Ceci, dit-elle, permettra de renouveler les études senghoriennes à la lumière des archives.
Pour réussir cette numérisation, il va falloir faire la cartographie de toutes les archives de Senghor, a rappelé Mme Riffard. Un travail déjà entamé, d’après l’enseignant-chercheur au département d’histoire de l’Ucad, Dr Mouhamadou Moustapha Sow, par ailleurs membre initiateur du Groupe de recherche international sur Léopold Sédar Senghor.
À son avis, le premier état de recherche sur la documentation et la recherche a permis de situer 28 fonds d’archives principalement situés entre le Sénégal et l’Europe. Il a précisé qu’il en reste énormément puisque depuis la mise en place de ce Groupe international de recherche sur le poète-président, beaucoup d’acteurs du monde culturel ou des gens qui étaient en relation avec Senghor se sont manifestés. À cela s’ajoutent des archives importantes qui sont également conservées dans des fonds privés et parfois difficiles à identifier. Dr Sow invite tous ces privés à se manifester pour écrire une grande histoire de Senghor de par ses archives richissimes dans le monde.
DAKAR, CAPITALE DES SERIES JUSQU’AU 6 MAI PROCHAIN
La première édition du Festival panafricain des séries a démarré mardi soir à Dakar, avec l’ambition de « construire, d’accompagner les accélérations qui sont en cours » dans ce secteur de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel.
Dakar, 3 mai (APS) – La première édition du Festival panafricain des séries a démarré mardi soir à Dakar, avec l’ambition de « construire, d’accompagner les accélérations qui sont en cours » dans ce secteur de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel.
Pour cette première édition (3-6 mai), 27 films sont en lice dont trois seront projetés hors compétition.
« Le festival ne va pas être que des séries et des projections, il est aussi important de mettre en lumière les émergences et d’accompagner, de pousser [ce secteur]. Il y a un dispositif d’ateliers professionnalisant sur l’actorat, la coproduction et le financement, des tables rondes et des master class », a déclaré la directrice générale du Festival Dakar Séries, Séraphine Angoula.
La manifestation a l’ambition de « valoriser et de montrer tout ce qui se fait au quotidien », l’idée étant « d’aller un peu plus loin, de se mettre ensemble et de réfléchir sur comment encore donner plus d’ambition à nos projets audiovisuels », a-t-elle dit.
« La série forme et structure nos industries », a soutenu Séraphine Angoula, ajoutant qu’on trouve « beaucoup plus de séries que de films sur le continent [africain] aujourd’hui ».
« Les professionnels passent à la série court et long métrage qui circule un peu partout, donc il était important de lui donner un rendez-vous dédié », a poursuivi Séraphine Angoula, qui espère que Dakar Séries sera « le carrefour de toutes les séries ».
L’actrice sénégalaise Rokhaya Niang, marraine d’honneur du festival, a souhaité la bienvenue en terre sénégalaise « à tous les acteurs des séries africaines » lors de sa prise de parole.
Ce festival « est le nôtre parce qu’on tourne beaucoup de séries au Sénégal, c’est bien d’avoir choisi ce pays, merci. (…) Je vois tous ces acteurs : Kadi Jolie, Mona Ndiaye du Burkina Faso et tous les autres que je reconnais à travers le petit écran », a-t-elle ajouté, en l’absence de la marraine du festival Aïcha Maïga.
La saison 2 de la célèbre série « Wara » (fauve en bambara) produite par le Sénégal, le Niger et la France a été projetée en avant-première lors de cette soirée, avec deux nouveaux épisodes.
Ce thriller socio-politique tourné au Sénégal, entre Dakar et Saint-Louis, raconte l’histoire de Moutarie Wara, un exilé politique et professeur de droit qui brigue la mairie de la ville de Tanasanga. La série, entre guerre de positionnement et assassinat, traite de plusieurs maux de la société, notamment la corruption, la grogne des étudiants, la lutte féministe.
Le Sénégal est bien représenté dans la compétition avec les séries “Terranga », « Salma », « Emprises », « Déchéances », « Wara » saison 2, « Vautours » et « Black Santiago Club », une coproduction Sénégal/Bénin.
Sont également en lice des films du Cameroun, du Togo, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de l’Algérie, du Nigéria, du Maroc, du Burkina Faso, de la Centrafrique et de l’Afrique du Sud.
Le jury de cette première édition de Dakar Séries sera présidé par le producteur et réalisateur sénégalais Omar Sall. L’actrice, chanteuse et danseuse Nathalie Vairac (France) va siéger à ses côtés, de même que le professeur de littérature et de civilisations africaines Ibrahima Wane (Sénégal).
Il y a aussi l’actrice et productrice Aminata Diallo-Glez alias « Kadi Jolie » (Burkina Faso), ainsi que le producteur de cinéma et audiovisuel Neigeme Glasgow-Maeda (Luxembourg). Ils étaient tous présents à l’ouverture du festival.
LE CINEMA SENEGALAIS PRIME AU CANADA
Le moyen métrage documentaire de la journaliste et réalisatrice Mame Woury Thioubou, « REBEUSS, CHAMBRE 11 » a remporté, dimanche 30 avril 2023, le Prix du court et moyen métrage documentaire Sélection internationale du Festival « Vues d’Afrique »
«REBEUSS, CHAMBRE 11 » de la réalisatrice sénégalaise Mame Woury Thioubou a remporté, ce week-end, à Montréal, le Prix du moyen et court métrage sélection internationale documentaire décerné par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.
Le moyen métrage documentaire de la journaliste et réalisatrice Mame Woury Thioubou, « REBEUSS, CHAMBRE 11 » a remporté, dimanche 30 avril 2023, le Prix du court et moyen métrage documentaire Sélection internationale du Festival « Vues d’Afrique » de Montréal, au Canada. Le film a également obtenu la mention spéciale du Jury du Prix Droit de la Personne. Une distinction qui renforce la notoriété internationale du cinéma sénégalais et africain. « Ces distinctions sont un signe de reconnaissance auquel je suis très sensible », a déclaré la lauréate, journaliste au Quotidien depuis plus de dix ans. « C’est un film qui me tient à cœur et j’espère qu’il permettra d’avoir un débat posé sur les conditions de vie de nos concitoyens qui sont en prison », a ajouté Madame Thioubou qui adresse ses remerciements à Wido qui produit et diffuse le film ainsi qu’à l’ensemble des personnes avec qui elle a travaillé. « Je suis particulièrement reconnaissante à toutes ces personnes qui ont accepté de participer au film », a-t-elle également souligné.
Avant cette distinction, le documentaire de notre consœur a été projeté, le 25 avril, à l’ouverture du Festival Koudougou Doc au Burkina Faso. Ce film, une plongée dans l’univers carcéral, raconte la mort des détenus Cheikh Ndiaye, âgé de 18 ans, et Babacar Mané, âgé de 19 ans dans la nuit du mardi 27 août 2019 dans la prison centrale de Rebeuss à Dakar. « Ce film interroge le système carcéral sénégalais. Cheikh et Babacar sont morts, mais des milliers de leurs concitoyens continuent à purger leur peine dans des conditions indignes. Rebeuss, Chambre 11 mêle documentaire et animation pour poser le débat », renseigne la note.
Notre consœur Mame Woury Thioubou est diplômée du Master II de réalisation de documentaire de création de l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Elle est riche de plusieurs productions dont «Face à face», Ebène du meilleur film au Festival du film de quartier 2009 (FIFQ, Dakar.) Le Témoin adresse ses félicitations à notre consœur et lui souhaite d’autres belles et prestigieuses distinctions.
PAR FARID BATHILY
POLÉMIQUE EN ÉGYPTE : SUR NETFLIX, CLÉOPÂTRE EST NOIRE
Netflix a provoqué l’ire des autorités égyptiennes pour avoir dépeint, dans une fiction à paraître le 10 mai 2023 sur sa plateforme, la dernière pharaonne à travers un personnage à la peau foncée
Cléopâtre était-elle noire ? La question enflamme l’opinion depuis le 12 avril 2023 et le dévoilement par Netflix de la bande-annonce d’une série documentaire évoquant ce personnage central de l’Égypte antique.
L’œuvre baptisée "Queen Cleopatra" (La reine Cléopâtre en français) et produite par Jada Pinkett Smith est accusée de falsification historique, notamment en Égypte. Les autorités du pays maghrébin sont en effet scandalisées de voir une de ses figures emblématiques illustrée à l’écran par un personnage à la peau noire, en l’occurrence l’actrice britannique Adele James.
Affaire d’État
Le débat a viré à l'affaire d’État, engendrant des prises de position catégoriques de la part de plusieurs personnalités égyptiennes. Le ministère des Antiquités a déclaré le 27 avril 2023, dans un communiqué avec force détails sur les origines de la dernière pharaonne, que cette dernière avait la peau blanche.
"Les bas-reliefs et les statues de la reine Cléopâtre en sont la meilleure preuve", tranche le texte. Même tonalité de part de l’égyptologue et archéologue Zahi Hawass qui s’est également fendu d’un long exposé sur Facebook.
"Cléopâtre était grecque et semblable aux reines et aux princesses de Macédoine. Je ne suis pas du tout anti-Noir, mais c’est de mon devoir d’énoncer les faits", a-t-il indiqué sur le réseau social.
Un débat sans fin ?
Une pétition appelant à la suppression du documentaire a même recueilli des dizaines de milliers de signatures avant d’être retirée de la toile. La députée Saboura al-Sayyed en a profité pour demander, une nouvelle fois, l’interdiction de Netflix dans le pays. Il faut dire que le géant du streaming n’y a pas bonne presse.
La polémique témoigne de la difficulté à évoquer l’apparence physique de la dernière reine d’Égypte sans risquer de heurter les susceptibilités. Cette femme de la dynastie lagide a ainsi été dépeinte sous différents traits au fil des années, au cinéma ou sur des pièces de monnaie. Avec, en toile de fond, ce qui parait aux yeux de certains comme une tentative d’appropriation de la part des auteurs desdites représentations.
La réalisatrice de Queen Cleopatra, Tina Gharavi, déclare à cet effet dans les colonnes du magazine Variety que l’incarnation de Cléopâtre par une actrice noire relevait d’un "acte politique". "Cléopâtre est-elle noire ? Nous ne savons pas vraiment. Mais nous devons discuter de notre rapport à la couleur de peau", a-t-elle affirmé, invitant à explorer "nos figures historiques sans craindre de les représenter avec complexité".
Les controverses sur la couleur de la peau et la fidélité historique ne se limitent pas aux Noirs et aux Blancs. Selon le Washington Post, "Mémoires d'une Geisha", un film de 2005 censé se dérouler dans le Japon d'antan, a suscité la controverse en Asie. La raison? Deux actrices chinoises ont été choisies pour incarner des personnages japonais. Côté japonais, les critiques étaient offusqués par le fait que des actrices japonaises n'aient pas été choisies pour ces rôles, tandis que du côté chinois, une partie du public s'est indigné de voir des femmes chinoises incarner le rôle de geishas.
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PLURALITÉ IDENTITAIRE
La désertion du discours intellectuel a laissé le terrain à des activistes. Le désaccord avec Boubacar Boris Diop. Les limites des thèses de Cheikh Anta Diop. L'immigration a aussi le goût de la fuite - ENTRETIEN AVEC ELGAS
L'émission littéraire Belles Lignes recevait le 27 avril dernier, le sociologue, journaliste et écrivain Elhadj Souleymane Gassama alias Elgas. L'invité de Pape Alioune Sarr a évoqué son dernier livre "Les bons ressentiments, Essai sur le malaise post-colonial".