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11 avril 2025
Culture
AU SÉNÉGAL, LA FIN D'UNE ÉDUCATION TRADITIONNELLE DU DÉSIR
Entre tradition et modernité, les jeunes générations vivent un tiraillement identitaire. L'initiation sexuelle villageoise tend à disparaître face aux influences occidentales, selon le chercheur Francis Sarr
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/01/2024
Dans un texte publié sur le site du quotidien Le Monde, le professeur de philosophie et chercheur sénégalais Francis Sarr s'interroge sur les crises actuelles de l'éducation, notamment celle de l'initiation qui encadrait la vie sexuelle dans la société sérère au Sénégal. Né dans une famille à la fois chrétienne et musulmane dans la région de Fatick, Francis Sarr a longtemps souhaité devenir séminariste avant de se tourner vers la philosophie à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. Passionné par la recherche malgré les mouvements de grève, il est aujourd'hui professeur de philosophie au lycée.
Dans ses recherches, Francis Sarr s'intéresse aux enjeux de l'initiation dans la société sérère. Cette période qui tend à disparaître avec la scolarisation bouleverse le rapport aux valeurs et au temps dans les villages. Selon la tradition, l'initiation des femmes est assurée par la doyenne des initiées qui préside aux rituels d'intégration, de formation morale et d'initiation sexuelle de la jeune mariée. "Ainsi, à travers plusieurs mécanismes, l'initiée apprend à gérer sa vie sexuelle future, la nuit de noces, le sens du mariage et la manière de faire vivre son foyer", explique le chercheur.
Pour les hommes, le sujet de la sexualité ne doit être discuté qu'entre initiés avec discrétion. Lors du mariage, l'homme part en cachette pour la cérémonie afin d'éviter un mauvais sort qui l'empêcherait d'avoir une érection la nuit de noces. Un pagne blanc avec une tache de sang est ensuite montré sur le lit. Toutefois, ces pratiques traditionnelles tendent à disparaître face à l'influence des valeurs occidentales qualifiées de "façon de vivre des Blancs".
Francis Sarr analyse ainsi le tiraillement entre tradition ("cosaan") et modernité ("dund Tubaab"). Si dans la vie traditionnelle "la beauté est dans le comportement vertueux", de "nouvelles pratiques sexuelles [...] apparaissent" avec l'individualisation des jeunes générations. Le chercheur souligne pourtant que les jeunes "peuvent regretter l'initiation qu'ils n'ont pas reçue" et se trouvent "coincés" entre normes anciennes et nouvelles. Le défi, selon lui, est de parvenir à une "dialectique entre tradition et modernité", ancrée dans les valeurs ancestrales tout en s'ouvrant à l'avenir.
SAINT-LOUIS, BABYLONE OUBLIÉE DE LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE
Avec sa saison 2023-2024, « Timeless. Rêveries d’Hier, songes du présent et promesses des lendemains », le MuPho entend rappeler le rôle central de Saint-Louis dans l’histoire de la photographie du continent
« Les Saint-Louisiens ont une fierté et une identité très forte. Ce sont les enfants de Ndar.» Entouré des oeuvres de Mous Lamrabat ou d’Alun Be qui tapissent les murs du Musée de la photographie de Saint-Louis (MuPho), son fondateur, le collectionneur Amadou Diaw, évoque avec tendresse les multiples charmes de sa ville. Natif de Saint-Louis (Ndar en wolof), il connaît mieux que quiconque le potentiel de cette ville côtière, ex-capitale de l’Afrique occidentale française, dont les maisons à balustrade rappellent le faste passé colonial. Une ville-carrefour, longtemps centre de multiples circulations, inextricablement liée à l’aventure de l’Aéropostale, et où résonnent encore les noms de ses légendaires pilotes, Jean Mermoz en tête.
Cette histoire, partagée entre mythes et réalité, émerge à nouveau aujourd’hui avec la lente renaissance de Saint-Louis amorcée depuis les années 2000 et son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Une renaissance à laquelle le MuPho entend apporter sa pierre avec, depuis son inauguration en 2017, une prolifération de lieux ouverts – aujourd’hui au nombre de neuf – qui quadrillent l’île historique. Ceux-ci, installés dans des bâtisses de style colonial entièrement rénovées, proposent, selon les espaces, un éclairage sur les pionniers de la photographie sénégalaise – Mama Casset et Meïssa Gaye, entre autres –, sur la nouvelle génération ou même sur la peinture sous-verre saint-louisienne, très réputée.
Une autre histoire
Face au passé colonial et aux légendes auxquelles est souvent réduite Saint-Louis, c’est un autre récit que défend Amadou Diaw à travers le MuPho. Une histoire plus intime, que cet homme d’affaires plutôt discret a lui-même redécouverte un jour en fouillant dans de vieilles malles de la maison familiale, emplies de photos de studio des années 1930. « J’ai toujours été fasciné par les archives », confie-t-il.
Il décèle alors toute la valeur historique mais aussi plastique de cette photographie saint-louisienne, comme celle si spécifique des Xoymet dans lesquelles de futures mariées, en une mise en abyme délicate, se faisaient photographier dans leurs intérieurs tapissés de portraits. On en trouve une allusion à Kër Lahlou, l’un des sites du MuPho autrefois habité par une famille marocaine, preuve du cosmopolitisme de Saint-Louis.
FATOUMATA COULIBALY, ACTRICE PRINCIPALE DE «MOOLAADE» : LE PERSONNAGE ET LE COMBAT
A soixante ans passés, Fatoumata Coulibaly garde cette capacité à se remettre dans la peau de Collé Ardo, personnage principal de Moolaadé, 20 ans après la sortie de ce film, le dernier du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé le 9 juin 2007 à Dakar
Actrice principale de «Moolaadé», Fatoumata Coulibaly s’est montrée capable de se mettre dans la peau de Collé Ardo, personnage principal de «Moolaadé», 20 ans après la sortie de ce film, le dernier du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé le 9 juin 2007 à Dakar.
A soixante ans passés, Fatoumata Coulibaly garde cette capacité à se remettre dans la peau de Collé Ardo, personnage principal de Moolaadé, 20 ans après la sortie de ce film, le dernier du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé le 9 juin 2007 à Dakar.
Le personnage de Collé Ardo, incarné par Fatoumata Coulibaly dans ce long métrage consacré à la problématique de l’excision, lui va comme moteur d’un conditionnement, jusqu’à symboliser le combat d’une vie.
Vêtue d’un boubou traditionnel de couleur beige, assorti d’un foulard noué autour de la tête, Fatoumata Coulibaly, de nationalité malienne, attire l’attention par ses boucles d’oreilles qui scintillent. Difficile de ne pas la remarquer, même au milieu de la foule qui se presse à l’entrée de la cinémathèque flambant neuve de Rabat, la capitale du Maroc, où se tenaient les premières Rencontres cinématographiques africaines «Roots Rabat 2023» (12 au 16 mars).
D’une démarche prudente, celle qui est surnommée FC monte les marches menant au hall et à la salle de la cinémathèque marocaine où on s’apprête à projeter quatre minutes du film Moolaadé, en phase de restauration dans cette structure de l’industrie cinématographique du Royaume chérifien.
Moolaadé, la consécration
Une fois dans la salle, la nostalgie et surtout l’émotion transparaissent sur son visage, lorsque les spectateurs, triés sur le volet, se sont mis à applaudir, pour saluer sa présence, autant que pour se féliciter de l’initiative marocaine de restauration de ce film culte du cinéaste sénégalais.
Sans doute que dans un coin de la mémoire de FC, défilaient en même temps les images du 57e Festival de Cannes de mai 2004. Elle ne pouvait surtout ne pas se souvenir de ce jour où elle avait arpenté, inconnue et presque inaperçue, le tapis rouge et les montées mythiques sur la Croisette, pour suivre la projection de Moolaadé, pour en ressortir subitement vedette et triomphante, sous le crépitement des flashs des photographes et les lueurs des caméras.
Le film dont elle est l’actrice principale venait d’être consacré à l’applaudimètre, alors que son réalisateur avait décidé de se mettre en retrait ce jour-là pour permettre à son actrice fétiche d’attirer toute la lumière, de recevoir toutes les attentions.
«Ce jour-là, les spectateurs parmi lesquels Viviane Wade, épouse de l’ancien Président Abdoulaye Wade, et leur fille Syndiély, se sont levés dans la salle pour applaudir pendant presque trois minutes. Et lorsque j’ai aperçu des larmes couler sur les joues de certains, je me suis alors dit que j’avais bien travaillé, et que j’avais réussi», raconte la journaliste, réalisatrice et comédienne malienne.
Une récompense bien méritée pour les sacrifices et les épreuves subies par FC sur les scènes de tournage du film auréolé à la fin du Festival de Cannes du prix «Un certain regard».
Elle dit souvent ressasser la séquence de la bastonnade incontournable dans le film, lorsque son mari a été obligé de la fouetter publiquement pour exorciser son refus de livrer quatre jeunes filles que la communauté voulait exciser.
«Lors du tournage, Sembène a donné le fouet à mon époux dans le film en me chuchotant à l’oreille : «Ça va faire mal, mais c’est le prix à payer si on veut faire un bon film.»», se remémore-t-elle, en signalant que Gimba, l’acteur incarnant le griot dans le film, avait supplié en vain le réalisateur d’être fouetté à sa place, quitte à faire les retouches nécessaires au moment du montage.
La seule concession que celui qu’elle appelait affectueusement papa Sembène était prêt à faire, était de «mettre du carton sous ma camisole pour atténuer ma souffrance, mais j’avais décliné car il fallait tout accepter pour réaliser un bon film».
Le combat contre l’excision, comme une mission paternelle
Une résilience à la douleur que FC croit avoir acquise après avoir été excisée dans sa tendre enfance, une chose et d’autres qui ont démultiplié son envie d’incarner le personnage de Collé Ardo.
«C’est un personnage et en même temps un combat puisque les deux sont liés. J’ai été excisée contre la volonté de mon père, un ancien combattant qui a été contraint de céder face à la pression de la famille au sens large», rappelle-t-elle, ajoutant s’être à l’époque refugiée dans l’innocence de l’enfance pour subir cette épreuve. Il lui reste malgré tout comme petit réconfort, ces paroles presque prémonitoires de son père : «Ma fille, lui dit-il impuissant, je n’y peux rien, c’est la tradition, mais tu verras, dans quelques années, cette pratique sera abandonnée.»
Comme si son géniteur lui avait confié, par ces mots, la mission de contribuer au combat contre l’excision.
«J’ai compris ce que mon papa voulait me faire comprendre, plus tard, lorsque que j’ai commencé à voir des petites filles mourir des suites d’hémorragie causée par l’excision», fait savoir FC qui, après avoir intégré la Radio nationale malienne, a commencé à faire des reportages pour conscientiser les communautés sur les dangers de l’excision, alors qu’il était encore tabou d’aborder si frontalement ce sujet à la radio comme à la télévision.
«J’ai commencé à faire des reportages. Je me souviens de celui au cours duquel j’ai recueilli les avis de marabouts et prêtres catholiques qui m’ont dit que la recommandation de cette pratique n’existait ni dans le Coran ni dans la Bible. Ce reportage n’a été diffusé qu’une fois à la télévision, avant d’être censuré», confie-t-elle.
AFRIQUE VOIES DE DEVELOPPEMENT
Le titre de l’ouvrage parle d’ailleurs de lui-même, puisqu’il est question d’indiquer les voies, le chemin du développement que l’Afrique doit emprunter pour assurer son développement.
En ces temps de mondialisation effrénée, il revient à l’institution centrale que représente l’Etat d’avoir le patriotisme économique chevillé au corps. Telle est la thèse qui structure l’ouvrage du Pr Makhtar Diouf : « Afrique, voies de développement ». Aussi présente-t-il la Corée du Sud et le Japon, pays qui en ont bénéficié comme des exemples susceptibles de servir de sources d’inspiration aux pays africains. Il leur est donc recommandé de s’inscrire dans une dynamique de « valorisation interne », seule démarche pouvant produire de la plus-value. Persuadé que « le développement économique d’un pays se fait dans les usines et ateliers, dans les champs de culture, dans les zones d’élevage et dans les zones de pêche », l’auteur se démarque ainsi de l’engouement constaté sur le numérique en Afrique. Une manière de dire que le continent ne peut sauter l’étape de la révolution industrielle car cette dernière n’est pas du tout « une antiquité révolue ». N’étant pas le « sésame ouvre-toi » du développement économique, le numéraire ne pourrait donc être générateur de richesse.
L’autre constat est que, rapporté à sa population, « l’Afrique au sud du Sahara est la région du monde qui compte le plus grand nombre d’Etats, avec comme conséquence le fait que les expériences d’intégration économique sous régionale n’ont pas répondu aux attentes. Aussi l’auteur d’appeler à une « intégration de la production réduite », c’est-à-dire : une intégration selon les spécialisations par produit, la coproduction entre un groupe de pays sur certains produits, des industries à vocation nationale pour le marché local. Autres conseils en direction des pays africains : se démarquer des politiques d’endettement qui sont en réalité des pièges qui leur sont tendus « pour les tenir en main, les domestiquer, comme cela finit toujours entre créancier et débiteur ». L’ auteur souligne par ailleurs qu’un « Etat endetté perd toute capacité de décider de son propre destin ». Toutefois, au-delà des facteurs externes, il met tout de même l’accent sur « les pesanteurs intérieures qui minent le développement des pays africains ». Il importe par conséquent de rompre avec le gaspillage en mettant l’accent sur les priorités qui s’appellent le patriotisme économique, une gestion efficiente des deniers publics, des institutions publiques pour tout dire, « la bonne gouvernance des ressources matérielles et humaines »
LES CHEMINS DU DEVELOPPEMENT
Le développement économique d’un pays ne peut se faire sans les industries du fer et de l’acier du fait de leur impact sur tous les secteurs de l’économie. Fort de ce constat l’auteur relève le rôle crucial du chemin de fer dans la révolution industrielle en faisant constater qu’ « il n’existe aucun pays où le chemin de fer n’est pas développé ». En atteste son rôle en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, en Allemagne, au Japon. Comment alors comprendre que le Sénégal qui bénéficiait d’un maillage ferroviaire assez conséquent, autour duquel s’était tissé ce qu’il était convenu d’appeler une économie du train, se soit délesté de tout cela avec toutes les conséquences négatives au plan de l’emploi, du transport des biens et des personnes. De toutes les façons, le pacte colonial de l’empire français était clair, totalement tourné vers le confinement des velléités d’émancipation économique des populations autochtones. Aussi la métropole se réservait elle « le monopole d’importation de matières premières de sa colonie » et celui de l’exportation de ses produits manufacturés vendus plus cher. Il ne fallait surtout pas favoriser l’émergence d’une bourgeoisie d’affaires locale au risque de la voir devenir une menace contre le pouvoir colonial.
Pour dénoncer ce que l’économiste égyptien, Samir Amin, désignait comme relevant des « termes de l’échange inégal », il est question pour l’auteur d’une véritable révolution agricole et d’un appel à bousculer la spécialisation coloniale qui a établi une distinction nette entre pays du Sahel à climat sec et pays à climat humide. Comme en Europe où l’on cultive du sorgho, du kiwi, du café, il est possible dit-il d’envisager que des plantes traditionnellement cultivées en Europe puissent être transposées en Europe. En tout état de cause « c’est dans la diversification des cultures que doit se faire la révolution agricole en Afrique ». Tout cela devant s’inscrire dans une agro-industrie capable de participer à une transformation des fruits locaux pour la fabrication en série de confitures et compotes venant concurrencer les produits importés. Et l’auteur de faire remarquer qu’en dehors de l’arachide, les pays africains renferment des produits oléagineux comme la noix de coco, la noix d’anacarde qui ne demandent qu’à être transformées en huile de cuisson. En fait il suggère que le développement induit une vision globale enroulée dans une idée de servir et non se servir, avec l’obsession de trouver des solutions.
Le titre de l’ouvrage parle d’ailleurs de lui-même, puisqu’il est question d’indiquer les voies, le chemin du développement que l’Afrique doit emprunter pour assurer son développement. Convaincu de l’importance de se référer à un modèle de réussite lorsqu’on entreprend un projet, l’auteur est d’avis que le niveau et le type d’industrialisation est le premier critère de différenciation entre pays développés et pays-non développés. Un ouvrage qui tombe à pic en cette veille d’élection présidentielle pour alimenter les débats économiques et sociétaux.
FATOUMATA COULIBALY ACTRICE PRINCIPALE DE MOOLAADE, LE PERSONNAGE ET LE COMBAT
A soixante ans passés, Fatoumata Coulibaly garde cette capacité à se remettre dans la peau de Collé Ardo, personnage principal de Moolaadé, 20 ans après la sortie de ce film, le dernier du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé le 9 juin 2007 à Dakar
Dakar, 17 jan (APS) – A soixante ans passés, Fatoumata Coulibaly garde cette capacité à se remettre dans la peau de Collé Ardo, personnage principal de Moolaadé, 20 ans après la sortie de ce film, le dernier du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé le 9 juin 2007 à Dakar.
Le personnage de »Collé Ardo », incarné par Fatoumata Coulibaly dans ce long métrage consacré à la problématique de l’excision, lui va comme moteur d’un conditionnement, jusqu’à symboliser le combat d’une vie.
Vêtue d’un boubou traditionnel de couleur beige, assorti d’un foulard noué autour de la tête, Fatoumata Coulibaly, de nationalité malienne, attire l’attention par ses boucles d’oreille qui scintillent. Difficile de ne pas la remarquer, même au milieu de la foule qui se presse à l’entrée de la cinémathèque flambant neuve de Rabat, la capitale du Maroc, où se tenaient les premières Rencontres cinématographiques africaines ‘’Roots Rabat 2023’’ (12 au 16 mars).
D’une démarche prudente, celle qui est surnommée FC, monte les marches menant au hall et à la salle de la cinémathèque marocaine où s’apprête à être projetées quatre minutes du film Moolaadé, en phase de restauration dans cette structure de l’industrie cinématographique du Royaume chérifien.
Moolaadé, la consécration
Une fois dans la salle, la nostalgie et surtout l’émotion transparaissent sur son visage, lorsque les spectateurs, triés sur le volet, se sont mis à applaudir, pour saluer sa présence, autant que pour se féliciter de l’initiative marocaine de restauration de ce film culte du cinéaste sénégalais.
Sans doute que dans un coin de la mémoire de FC, défilaient en même temps les images du 57e Festival de Cannes de mai 2004. Elle ne pouvait surtout ne pas se souvenir de ce jour où elle avait arpenté, inconnue et presque inaperçue, le tapis rouge et les montées mythiques sur la Croisette, pour suivre la projection de Moolaadé, pour en ressortir subitement vedette et triomphante, sous le crépitement des flashs des photographes et les lueurs des caméras.
Le film dont elle est l’actrice principale venait d’être consacré à l’applaudimètre, alors que son réalisateur avait décidé de se mettre en retrait ce jour-là pour permettre à son actrice fétiche d’attirer toute la lumière, de recevoir toutes les attentions.
»Ce jour-là, les spectateurs parmi lesquels Viviane Wade, épouse de l’ancien président Abdoulaye Wade, et leur fille Syndiély, se sont levés dans la salle pour applaudir pendant presque trois minutes. Et lorsque j’ai aperçu des larmes couler sur les joues de certains, je me suis alors dit que j’avais bien travaillé et réussi », raconte la journaliste, réalisatrice et comédienne malienne.
Une récompense bien méritée pour les sacrifices et les épreuves subies par FC sur les scènes de tournage du film auréolé à la fin du festival de Cannes du prix ‘’Un certain regard’’.
Elle dit souvent ressasser la séquence de la bastonnade incontournable dans le film, lorsque son mari a été obligé de la fouetter publiquement pour exorciser son refus de livrer quatre jeunes filles que la communauté voulait exciser.
»Lors du tournage, Sembène a donné le fouet à mon époux dans le film en me chuchotant à l’oreille +ça va faire mal, mais c’est le prix à payer si on veut faire un bon film+ », se remémore-t-elle, en signalant que Gimba, l’acteur incarnant le griot dans le film, avait supplié en vain le réalisateur d’être fouetté à sa place, quitte à faire les retouches nécessaires au moment du montage.
La seule concession que celui qu’elle appelait affectueusement papa Sembène était prêt à faire était de »mettre du carton sous ma camisole pour atténuer ma souffrance mais j’avais décliné car il fallait tout accepter pour réaliser un bon film ».
Le combat contre l’excision, comme une mission paternelle
Une résilience à la douleur que FC croit avoir acquis après avoir été excisée dans sa tendre enfance, une chose et d’autres qui ont démultiplié son envie d’incarner le personnage de Collé Ardo.
»C’est un personnage et en même temps un combat puisque les deux sont liés. J’ai été excisée contre la volonté de mon père, un ancien combattant qui a été contraint de céder face à la pression de la famille au sens large », rappelle-t-elle, ajoutant s’être à l’époque refugiée dans l’innocence de l’enfance pour subir cette épreuve. Il lui reste malgré tout comme petit réconfort ces paroles presque prémonitoires de son père : »Ma fille, lui dit-elle impuissant, je n’y peux rien, c’est la tradition, mais tu verras dans quelques années cette pratique sera abandonnée ».
Comme si son géniteur lui avait confié, par ces mots, la mission de contribuer au combat contre l’excision.
»J’ai compris ce que mon papa voulait me faire comprendre, plus tard, lorsque que j’ai commencé à voir des petites mourir des suites d’hémorragies causées par l’excision », fait savoir FC qui, après avoir intégré la Radio nationale malienne, a commencé à faire des reportages pour conscientiser les communautés sur les dangers de l’excision, alors qu’il était encore tabou d’aborder si frontalement ce sujet à la radio comme à la télévision.
»J’ai commencé à faire des reportages. Je me souviens de celui au cours duquel j’ai recueilli les avis de marabouts et prêtes catholiques qui m’ont dit que la recommandation de cette pratique n’existait ni dans le Coran ni dans la Bible. Ce reportage n’a été diffusé qu’une fois à la télévision avant d’être censuré », confie-t-elle.
Commence alors pour elle la réflexion sur la nécessité de trouver d’autres formes d’engagement pour faire bouger les choses. Aussi, le choix porté sur elle par Sembène pour incarner l’actrice principale d’un film traitant du thème des mutilations génitales était du »pain béni ».
»J’avais commencé depuis un bon moment à mener ce combat contre l’excision. Le fait que Sembène me choisisse comme actrice principale de son film ne pouvait que me ravir. Je sais dire non ! je suis une tête brulée. Lorsque je ne veux pas, je ne veux pas, et pour la cause de la nouvelle génération j’étais prête à me battre », déclare celle qui se défend d’être féministe, se présentant simplement comme une »militante de la famille ».
»Le personnage et le combat se sont conjugués et ont donné une force au film. Je suis rentrée dans mon personnage parce que je me suis mise à la place d’une mère qui ne veut pas que ses enfants soient excisées, et j’étais à cette place déjà parce que je luttais contre l’excision après avoir vu dans une famille voisine une fille mourir de ses conséquences », explique la comédienne, surnommée »la sorcière » par sa grand-mère, en raison de son engagement contre cette pratique.
Près de vingt ans après la sortie du film, il existe des femmes pour penser et surtout dire que Moolaadé a contribué à faire bouger les choses. FC donne l’exemple de la veuve d’un ancien responsable de la photographie à la Télévision malienne qui lui a fait cette réflexion.
Quelque chose de proprement gratifiant pour FC, d’autant qu’à Cannes, papa Sembène lui avait confié la promotion du film auprès des communautés, conscient, du reste, que ce long métrage risquait de ne pas passer à la télévision.
»Fille d’Ousmane Sembène »
»La cible, c’était davantage les communautés de base. On projetait en plein air et les gens posaient des questions. Il nous arrivait de travailler avec des ONG qui utilisaient le film dans le cadre de campagnes de sensibilisation », a rappelé l’ancienne employée de l’Office de la radiodiffusion télévision malienne (ORTM).
FC se souvient encore des insultes et autres réprimandes qu’elle recevait dans certains quartiers lors de campagnes itinérantes de projection, des situations difficiles contrebalancées par l’assurance que Moolaadé avait beaucoup contribué à la lutte contre l’excision.
»Il y a eu beaucoup d’évolutions au Mali et au Burkina où d’ailleurs a été adoptée après le film une loi pour légiférer. L’excision existe toujours mais a perdu en ampleur. Ces dernières années, de nombreux villages ont abandonné la pratique à travers des cérémonies de dépôt de couteaux », dit l’auteure de l’essai »Paroles de femmes », paru en 2019.
Que de chemin parcouru par la »fille d’Ousmane Sembène », restée fidèle à ses principes même après avoir été propulsée au-devant de la scène mondiale, à la faveur de la reconnaissance de la grande qualité de l’œuvre de »l’Aîné des anciens ».
Vingt ans après, les idées de la comédienne ont peut-être évolué mais n’ont pas beaucoup changé. Et lorsqu’on lui demande de faire le bilan de cet engagement, elle répond : »Je m’appelle Fatoumata Coulibaly, tout le monde m’appelle FC. Je suis journaliste, réalisatrice, comédienne, chargée de production à la Télévision nationale du Mali, et je suis la fille adoptive d’Ousmane Sembène ».
UNE LEGENDE NE MEURT JAMAIS
L’avant-première africaine du film «Essamaay : Bocandé la panthère» du réalisateur sénégalais Macky Madiba Sylla a eu lieu hier, mardi 16 janvier dans la salle de l’hôtel Président de Yamoussoukro.
L’avant-première africaine du film «Essamaay : Bocandé la panthère» du réalisateur sénégalais Macky Madiba Sylla a eu lieu hier, mardi 16 janvier dans la salle de l’hôtel Président de Yamoussoukro. Le film retrace le parcours d’une légende du football sénégalais, Jules François Bocandé décédé en 2012.
C’est le tir de l’attaquant Sadio Mané lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, Can-2022 au Cameroun que le Sénégal a remporté pour la première fois de son histoire, qui ouvre et ferme le film. Ce 06 février 2022, l’immense joie des Sénégalais replonge les esprits dans la qualification du Sénégal en Can-1986 en Egypte, grâce au but historique de Jules François Bocandé. Ce dernier a marqué l’histoire du football sénégalais, africain voire mondial. Un parcours exceptionnel que le réalisateur Macky Madiba Sylla retrace dans un film intitulé « Essamaay: Bocandé la panthère» qui a été projeté hier, mardi dans la salle de l’hôtel Président de Yamoussoukro. L’hôtel qui sert d’ailleurs de tanière aux Lions du Sénégal pour les besoins de la Can-2023.
De Ziguinchor à Tournai en Belgique en passant par Dakar jusqu’à Metz (France), le film ne laisse rien de la vie de l’ancien joueur et entraîneur de l’équipe nationale de football du Sénégal : son enfance, ses débuts dans le football, ses sélections, ses succès. « Essamaay: Bocandé la panthère » fait aussi revivre les spectateurs les moments forts de la carrière de Jules François Bocandé. Tout ceci est accompagné des témoignages d’anciens joueurs et entraîneurs de l’équipe du Sénégal ou du monde entier comme Claude Leroy, Roger Mendy, Omar Gueye Sène, Luc Sonor. Des journalistes sportifs ne sont pas non plus en reste à l’image du Doyen Abdoulaye Diaw. Mais également la famille du joueur. «Quand vous parlez de star sans forcer, le gars est une star », reconnaît Aliou Cissé dans le film.
Ziguinchor, c’est là où tout a commencé pour Jules François Bocandé. Dans le document, on le voit raconter ses débuts dans le football. « J’ai perdu mon père très jeune. J’étais élevé par une dame. Elle ne comprenait pas ce que c’est le football. C’était trop difficile », disait-il. Après avoir joué au Sénégal, le natif de Casamance dépose des valises à Tournai en Belgique avant de se retrouver dans des clubs français. « Jules était un garçon très agréable, dit son entraîneur. Il n’avait peur de personne. Il avait une bonne technique», raconte son entraîneur.
Cependant, même si la projection du film a été faite en marge de la Can, on note une absence des autorités dans la salle. Ce que le réalisateur n’a pas apprécié. Macky Madiba Sylla déplore aussi le fait de ne pas pouvoir faire parler Sadio Mané dans le film. «Le regret, c’est juste avant le penalty de Sadio Mané, de ne pas entendre sa voix, lui commenter. Il n’allait pas apparaitre à l’écran. Ça aurait donné surle plan cinématographique quelque chose de formidable. On ne voit pas son visage. On voit ses mains, un peu sa coiffure. On entend sa voix, il commente : il allait apparaitre de dos pas plus d’une minute », souligne le réalisateur.
Né en 1958, le fils prodige de Ziguinchor Jules François Bocandé est décédé en 2012 des suites d’un Avc. Il aura marqué des générations, sur tous les continents et restera une icône pour les amoureux du football.
MACKY MADIBA SYLLA, REALISATEUR DU FILM «ESSAMAAY: BOCANDE LA PANTHERE» : « Je voulais réhabiliter Bocandé »
J’ai d’abord écrit le film et quand j’ai commencé à tourner, je suis tombé sur le magnifique livre d’Abdou Latif Diop qui s’appelle Bocandé, l’éternelle légende. J’ai discuté avec lui pour acquérir les droits du livre et à partir de cela, ça m’a donné une mine d’informations. J’ai pu finalement réaliser le film avec son appui, ses archives et surtout le travail extraordinaire qu’il avait déjà entamé. Les difficultés dans la réalisation des films, c’est souvent d’ordre financier. En fait, ça vaut de l’argent. Ce sont des voyages. Il faut payer l’équipe technique, acquérir des archives qui coûtent cher. Il faut aussi payer ce qu’on appelle la post production. C’est-à-dire les montages, les droits d’utilisation de musique. En réalisant ce film, je voulais réhabiliter Bocandé qui était tombé dans l’oubli, que les gens se rappellent de lui mais pas que lui. Vous l’avez vu dans le film, des gens qui ont joué avec lui sont un petit peu tombés dans l’oubli. Roger Mendy, je ne le vois nulle part. Omar Gueye Sène, pareil. Je ne sais combien d’années, il n’a pas fait d’interview. Je voulais que les Sénégalais comprennent que la conquête de cette première étoile a été un long processus et Bocandé et la génération 86 ont joué un rôle extraordinaire dans cette conquête-là. Ça m’a pris 4 longues années pour réaliser ce film. Sadio Mané, j’ai tout fait pour l’avoir dans le film. Je me suis rapproché de son agent marketing mais je pense qu’il n’a peut-être pas compris ce qu’on voulait réellement faire. On a fait un film sur Bocandé, pas une seule autorité de la fédération sénégalaise de football du Sénégal n’a voulu m’accorder une interview. La Fédération n’est pas dans le film. Le président de tutelle aurait dû glisser quelques mots sur Bocandé. Il a été entraîneur de l’équipe nationale, joueur de l’équipe nationale. Ce qui est important, c’est que les générations comprennent qu’elles vont passer, une autre génération va venir. En France, ils ont gardé le lien entre les générations 98 et celle qui a remporté la Coupe du monde en 2018 avec Didier Deschamps. C’est ce que je voulais montrer. C’est pourquoi je remercie Aliou Cissé. Quand je lui ai envoyé la bande annonce, il a dit qu’il comprend maintenant ce que je veux faire. Il m’a accordé une interview au Portugal.
ABOUBACRY BA, JOURNALISTE SÉNÉGALAIS ET DIRECTEUR DE CIS MÉDIA (GUINÉE) : « C’est un document essentiel pour la mémoire collective »
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai pu regarder ce film. Je pense d’ailleurs que Bocandé méritait ça. Le public sénégalais mérite également de connaître qui est vraiment Bocandé. Parce que chaque Sénégalais a un petit bout de Bocandé. Ceux sont ces bouts de souvenirs, ces bouts d’attachement diffusent un peu dans la population qui ont été réuni dans ce même film de Macky Sylla. Et ça fait du coup un document essentiel pourla mémoire collective pour tout ce que Bocandé a offert au peuple sénégalais. Bocandé a été attaché à son pays. Il l’a prouvé à plusieurs reprises. L’équipe nationale, ce n’est pas quelque chose d’anodin pour Bocandé et il réconforte aujourd’hui les Sénégalais dans leur attachement viscéral, presque charnel avec cette équipe du Sénégal. Je pense que c’est l’un des plus grands mérites de ce documentaire. J’ai beaucoup admiré dans le documentaire le témoignage de Luc Sonor (ancien footballeur français) parce qu’il m’a toujours dit, « je pense que vous les Sénégalais, vous ne pouvez pas vous rendre compte combien Bocandé aimait le Sénégal» et en réalisant ce film, on est en train de donner une réponse à cette préoccupation de Luc Sonor.
NDEYE DOME DIOUF, JOURNALISTE À RADIO SÉNÉGAL INTERNATIONAL (RSI) : « Le film montre le chemin qui a été parcouru »
La première impression en regardant ce film, c’était l’émotion. Parce que, c’est un film qui retrace le parcours de Jules François Bocandé, mais au-delà de ça, c’est le parcours de l’équipe nationale. Cela montre le chemin qui a été parcouru car c’était une génération talentueuse mais qui manquait de professionnalisme aussi bien dans la gestion que dans l’environnement. C’est ça qui a plombé cette génération qui avait les moyens intrinsèques d’être des champions d’Afrique et cela montre quelque part tout ce qui a été fait et par l’Etat et par également les responsables du football pour permettre à notre équipe nationale d’être là où il y est. Donc, c’est important que tout le monde voit ce documentaire surtout les jeunes. Parce que l’histoire du football, ce n’est pas Sadio Mané et sa génération. C’est vrai qu’ils ont gagné cette première étoile, mais il y a eu beaucoup de travail qui a été fait avant par des générations précédentes. Il faut qu’on ait également le film de cette génération de El Hadji Diouf qui a marqué durablement le football sénégalais et aujourd’hui qu’on fixe par l’image ce qui est en train de faire cette génération de Sadio Mané. Cela va permettre d’avoir une continuité et une histoire
LE DAKAR MUSIC EXPO AURA LIEU DU 1ER AU 4 FEVRIER
La cinquième édition du festival Dakar Music Expo (DMX) aura lieu du 1er au 4 février à l’Institut français de Dakar, a t-on appris de son initiateur, Doudou Sarr.
Dakar, 16 jan (APS)- La cinquième édition du festival Dakar Music Expo (DMX) aura lieu du 1er au 4 février à l’Institut français de Dakar, a t-on appris de son initiateur, Doudou Sarr.
« Le Dakar Music Expo est un salon de la musique qui réunit des artistes émergents, des professionnels de l’industrie musicale, des producteurs, des labels et des passionnés de musique », indique t-il dans un communiqué transmis à l’APS.
Le thème de cette édition est ‘’L’artiste à l’ère du digital’’.
Dakar Music Expo (DMX) constitue une occasion de rencontres entre experts renommés et professionnels du secteur culturel local et international.
L’évènement offre, selon le communiqué, des « opportunités de collaboration et de partenariat » et permet »le renforcement de capacités des acteurs de la musique », mais également de « découvrir les dernières technologies et innovations dans le secteur de la musique »
En plus du »Grand Sabar Tabanerr » et le plateau »Dakar Sounds Systemz » prévus à la Maison de la culture Douta Seck, le samedi 3 février, des panels, conférences et ateliers seront au menu de cette cinquième édition avec « des discussions enrichissantes, des conseils d’experts et des opportunités de réseautage ».
PAR Mamadou Diallo
LE MÉMORIAL DE GORÉE
Ce haut lieu, demeura porteur d’espérance pour tous ceux qui cheminent sur les bas-côtés et veulent refonder un bonheur à partir de l’oubli et du manque.
Ecoutant la voix de tes héros aux silhouettes noires
La voix de ceux qui ont franchi le silence
Contre les humiliations séculaires de leurs peuples
Déshabillant au grand jour
La horde des coupables
Leurs dieux d’enfer
Tu ne te tairas plus
Pour retenir l’Histoire
Pour ne pas oublier la Mémoire
Puisque tes yeux exigent
Ne plus voir l’Humanité
Repêcher les cadavres
Les morceaux de guerre
Les lambeaux de mort
Dans l’océan des larmes
Je te dis une prière ardente aux oreilles du vent
Ainsi, pour ce jour annoncier
Jaillit sous le soleil de la justice
La fraîcheur de l’égalité
Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes au cœur d’un témoignage. Il ne s’agit pas d’avoir le sens de l’engagement. Il s’agit d’être tout simplement sensible à la dimension historique des êtres et des choses pour construire ensemble un monde de justice, d’égalité et de fraternité.
Le Mémorial de Gorée, ce haut lieu, demeura porteur d’espérance pour tous ceux qui cheminent sur les bas-côtés et veulent refonder un bonheur à partir de l’oubli et du manque.
Le Mémorial dressé comme une immense tour allouera à l’oubli un supplément de chance pour qu’il redevienne mémoire vive, creuset de toutes les promesses humaines qui sauvegarderont en nous, ces mots :« plus jamais ça. »
Ce lieu, réalité des faits, reçu en plein visage comme un coup de gong an-nonciateur de nos propres hypocrisies, nos monstruosités, nos égoismes, notre défection face à l’autre est le témoignage explicite et vivant d’une expérience douloureuse vécue par des milliers de noirs dispersés à travers le Monde.
C’est pourquoi, nous devons résister à l’assaut de la barbarie toujours à l’affût sous mille déguisements.
Nous devons aussi regarder notre Histoire non de manière passive mais en travaillant à la transformer, se revendiquant Africain et humain à la fois, solidaire des diasporas de la souffrance.
La pertinence de ce lieu que nous propose le Sénégal est irrémédiablement l’Homme. L’Homme dans sa continuité historique, face à une responsabilité grave dont notre pays a accepté de se saisir, même à son insu.
D’un autre côté, les critiques des détracteurs du projet nous regardent droit dans les yeux. Ils s’interrogent : pourquoi et pour qui le projet ?
« Tristes sont les Esprits qui rapetissent leur Histoire
Qui rapetissent leur Mémoire » dixit le poète.
On imagine qu’ils s’étaient alarmés, comme nous, lorsque de belles âmes dans leur moment d’égarement ont osé : « La place de l’Europe » à côté de la Maison des Esclaves, et à Gorée, la douloureuse.
Autre lieu de mémoire. Gorée, île de sang et de larmes. Symbole de la déportation. Dernier rempart pour le voyage de non-retour
« Revit Gorée toujours » dans ta devise impérissable.
Le Sénégal, lui, fait partie de ces pays qui prennent position. Car incapable de se dérober aux yeux du monde.
En érigeant le Mémorial de Gorée, lieu hautement symbolique, il entreprend le difficile combat de réconcilier : la fraternité et la justice.
Mamadou Diallo est avocat au Barreau de Paris, Docteur en droit, auteur des Eclats du Temps (Poésie) et Bal d’Afrique (Théâtre)
QUAND MACKY SALL REBAPTISE LE SÉNÉGAL
Si le président a annoncé son départ du pouvoir, il tient manifestement à ce que son nom reste dans les mémoires. Plutôt que de compter sur ses successeurs, ses partisans multiplient baptêmes et "rebaptêmes" dédiés
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 13/01/2024
Plusieurs sites au Sénégal ont récemment été rebaptisés du nom du président Macky Sall, qui quittera ses fonctions en avril prochain après deux mandats.
D'après une chronique de Damien Glez publiée dans l'hebdomadaire Jeune Afrique le vendredi 12 janvier 2024, "si le chef de l'État sénégalais a annoncé, le 3 juillet dernier, qu'il quittait le pouvoir, il semble tenir à ce qu'on ne l'oublie pas. Et plutôt que de compter sur ses successeurs pour graver son nom aux frontons sénégalais, ses aficionados déroulent baptêmes dédiés et « rebaptêmes » au pays de la Teranga."
En juillet, l'avenue Faidherbe à Dakar a été renommée "avenue Macky Sall" par le maire Alioune Ndoye, qualifiant le président de "leader et bâtisseur hors pair". En octobre, c'est au tour de l'avenue Charles-de-Gaulle à Saint-Louis de porter le patronyme du chef d'État.
Plus récemment, le 9 janvier, le ministre de la Culture a classé l'école élémentaire de Foundiougne où étudia Macky Sall comme "site historique". Lors d'un salon du livre à Fatick, le thème choisi était "la culture sous le magistère du président Macky Sall". L'hôpital régional de Fatick a également été baptisé du nom de la première dame.
Selon Glez, ces "baptêmes à tour de bras" en fin de mandat "relèvent de pulsions mégalomaniaques", comme le dénonçait le journal sénégalais Yoor-Yoor dans son édition du 11 janvier.
PAR Ndèye Codou Fall
COMMENT ÉCRIRE LE WOLOF SANS FAUTES ?
À travers à son nouvel ouvrage "Dawal ak bind làmmiñu wolof" avec EJO-Éditions, le docteur Mamour Dramé propose ce samedi, un outil pratique pour mieux maîtriser l'orthographe de la langue wolof, si souvent malmenée dans les écrits publics
Spécialisée dans les langues nationales, EJO-Éditions vient de publier, outre Géntug Saa-Afrig, recueil de nouvelles d’Alpha Youssoupha Guèye, un manuel didactique de Mamour Dramé intitulé Dawal ak bind làmmiñu wolof.
L’ouvrage se présente en deux volumes, à savoir le livre de l’enseignant et celui de l’apprenant. Ce découpage en facilite grandement l’utilisation pour ceux qui, maniant avec aisance la langue wolof, aimeraient pouvoir l’écrire sans les trop nombreuses fautes d’orthographe qui polluent littéralement l’espace public – messages et panneaux publicitaires, titres d’émissions télévisées, sigles d’associations ou de formations politiques entre autres.
Docteur en linguistique, chercheur à l’IFAN, Mamour Dramé est aussi depuis de nombreuses années un militant actif et résolu des langues nationales. Ils sont nombreux, ceux qui au Sénégal comme à l’étranger, ont pu mesurer la qualité de son enseignement du wolof, à distance ou en présentiel.
C’est ce pédagogue passionné qui répondra aux questions de ses lecteurs ce samedi 13 janvier 2024 à 10 heures à l’IFAN/UCAD. Il y sera en conversation avec deux de ses pairs, les linguistes Adjaratou Oumar Sall et Mame Thierno Cissé. Les trois universitaires, spécialistes de la langue wolof et par ailleurs membres de la structure « Fonk Sunuy Làmmiñ », débattront du mode d’emploi d’un ouvrage tel que Dawal ak bind làmmiñu wolof mais aussi, plus généralement, des enjeux de l’enseignement et de l’apprentissage de nos langues nationales.