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28 novembre 2024
Culture
CONCOURS MISS SENEGAL, LE MINISTERE DE LA CULTURE VEUT PLUS S'IMPLIQUER DANS L'ORGANISATION
Le Ministère de la Culture et du Patrimoine historique compte appuyer davantage le Comité national de « Miss Sénégal ». Le Ministre Aliou Sow a rassuré les organisateurs de ce concours de beauté, lors d’une rencontre, mardi dernier.
Le Ministère de la Culture et du Patrimoine historique compte appuyer davantage le Comité national de « Miss Sénégal ». Le Ministre Aliou Sow a rassuré les organisateurs de ce concours de beauté, lors d’une rencontre, mardi dernier, avec la délégation des artistes sénégalais en perspective de la 9e édition des Jeux de la Francophonie.
Le Ministère de la Culture et du Patrimoine historique a décidé de s’impliquer davantage dans le processus d’organisation du Concours « Miss Sénégal », en l’accompagnant avec « beaucoup d’engagements ». Cela, estime Aliou Sow, pour mieux appuyer cette belle pratique qui consiste à valoriser celles qui incarnent « la beauté féminine sénégalaise et ambassadrices de la culture et du tourisme ».
Le Ministre de Culture et du Patrimoine historique dit avoir échangé avec son collègue du Tourisme et ils sont en parfaite harmonie pour mobiliser un maximum d’acteurs dans le public comme dans le secteur privé, pour désormais faire de cet évènement un moment important tant sur le plan culturel et touristique.
Selon Aliou Sow, une série de subventions sera mise à la disposition du Comité national de « Miss Sénégal » présidé par Amina Badiane en perspective du prochain concours de beauté prévu pour bientôt. Le Ministre a ajouté que les gagnantes nationales du concours, la Miss ainsi que ses deux dauphines, seront davantage accompagnées dans leurs études et leur formation professionnelle, à travers des bourses. Elles seront aussi impliquées dans les grands rendez-vous culturels auxquels le Sénégal est invité ou associé, en tant qu’ambassadrices de la culture, du tourisme et de la Téranga sénégalaise.
Déjà, les trois Miss en règne seront de la délégation d’artistes sénégalais devant participer à la 9e édition des Jeux de la Francophonie prévue du 28 juillet au 6 août 2023 à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
Le Ministre de la Culture, qui a reçu, mardi dernier, des artistes, des journalistes et le Comité national ‘’Miss Sénégal’’ « pour les orientations de l’État, la mise à disposition des appuis du Président de la République et des conseils », a rassuré que « toutes les dispositions nécessaires pour une bonne participation des acteurs culturels sénégalais ont été prises ». La délégation culturelle du Sénégal aux Jeux de la Francophonie sera composée de 33 membres dont 21 artistes. Ces derniers, a rappelé le Ministère de la Culture, ont été choisis sur la base d’un appel à candidatures. Un comité national avec des jurys autonomes a été présélectionné sur une liste de 242 candidats avant la sélection définitive par le Comité international de la Francophonie.
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UN PARCOURS ENTRE DEUX MONDES
Abdoulaye Cissé et Mohamed Mbougar Sarr évoquent avec Elgas ses œuvres, sa passion pour le foot et la littérature, l'immigration, le mouvement décolonial
Dans cette discussion avec Mohamed Mbougar Sarr et Abdoulaye Cissé, Elgas évoque son parcours personnel entre le Sénégal et la France, mettant en avant ses passions pour le football et la littérature. Il partage son attachement au Sénégal ainsi que les conflits familiaux liés à son départ précoce.
Malgré des fragilités et des illusions, il exprime son enthousiasme initial pour la découverte de la France et l'opportunité d'étudier. Il mentionne l'influence de sa mère dans son amour pour la littérature, tandis que son père était un professeur de lettres classiques.
Elgas aborde également la perception de l'immigration et le mirage de l'Eldorado en soulignant les réalités complexes et les fragilités tant en Occident qu'au Sénégal. Il insiste sur la nécessité de comprendre les récits de l'immigration dans toute leur dualité.
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MILAN KUNDERA DÉCÉDÉ
Le romancier tchèque naturalisé français s’est éteint ce 12 juillet 2023, à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier
Le romancier tchèque naturalisé français s’est éteint ce 12 juillet 2023, à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier.
Milan Kundera s’était réfugié en France en 1975 avec son épouse, Vera, fuyant la Tchécoslovaquie communiste.
LE THEATRE UN TRAIT D'UNION
Le théâtre doit être un produit de promotion du ‘’vivre ensemble’’, estime le président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS), Pape Faye, considérant que sans le ‘’vivre ensemble’’, le théâtre n’existe pas’’,
Kaolack, 8 juil (APS) – Le théâtre doit être un produit de promotion du ‘’vivre ensemble’’, estime le président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS), Pape Faye, considérant que sans le ‘’vivre ensemble’’, le théâtre n’existe pas’’,
‘’Le théâtre doit être un produit, un moyen de promouvoir le vivre ensemble, le vivre ensemble sans lequel on ne joue pas. Il faut qu’il y ait des partenaires de scène, même si c’est du +One man Show+, parce qu’on communique avec le public, donc dans le sens du vivre ensemble’’, a-t-il théorisé.
Pape Faye s’exprimait samedi lors d’un colloque sur le thème ‘’Eduquer à la paix et à la citoyenneté’’, organisé dans le cadre de la douzième édition du Festival international du théâtre et du rire, qui se tient les 7, 8 et 9 juillet dans la capitale du Saloum, à l’initiative de l’ARCOTS et sous l’égide du ministère de la Culture et du Patrimoine historique.
Le thème a été introduit par l’enseignant-chercheur en sociologie, Professeur Djiby Diakhaté.
Aujourd’hui, avec les troubles, les casses et autres cas de violence qui ont été enregistrés ces derniers temps au Sénégal, le climat socio-politique étant chaud, les artistes-comédiens ont estimé qu’il leur fallait aller vers l’apaisement de la tension sociale.
‘’C’est pourquoi nous avons demandé aux artistes de tenir des ateliers, de se documenter et d’aller auprès des acteurs pour mieux s’imprégner de la situation que nous vivons pour donner une leçon de vie, de démocratie et de vivre ensemble à toutes les populations, notamment les jeunes’’, a-t-il indiqué.
Ce festival, dont le thème générique est ‘’Paix et citoyenneté’’, après avoir connu une pause de cinq ans, a enregistré la participation d’artistes-comédiens membres des différentes structures de l’ARCOTS éparpillées à travers les quatorze régions du Sénégal et celle d’autres artistes-comédiens issus de différentes associations.
‘’A travers ce festival, nous avons voulu rassembler la famille théâtrale comme par le passé, parler le même langage, avoir le même objectif pour mieux développer notre art et pousser le ministère de la Culture et du Patrimoine historique à nous accompagner et accompagner notre plan stratégique de développement du théâtre’’, a expliqué Pape Faye.
Le président de l’ARCOTS relève que les artistes-comédiens constituent une cible ‘’très suivie’’ sur les médias, particulièrement les télévisions.
‘’Il n’y a pas une seule télévision du Sénégal qui ne diffuse pas des séries. Et nous sommes sûrs : le monde audiovisuel, du cinéma et autres, pour ne pas dire simplement du théâtre constitue ce qu’on pourrait appeler l’œil du continent. Le comédien du petit écran est le premier éducateur de la société, faisant violence sur lui-même, sans rien attendre en retour, donne des leçons et trace la voie à suivre. C’est ce que nous voulons faire’’, a fait valoir Faye.
Le colloque s’est tenu en présence de la directrice des arts, Khoudia Diagne, de la directrice du Centre culturel régional de Kaolack, Aby Faye, de l’ancien délégué général adjoint de la Francophonie, Professeur Pape Massène Sène, du directeur général de la Compagnie nationale du théâtre Daniel Sorano, Ousmane Barro Dione.
LE FILM BANEL ET ADAMA SORT EN FRANCE LE 4 OCTOBRE PROCHAIN
Le film de la Franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy sort en salle sur les écrans français le 4 octobre prochain, a appris l’APS du site cinéma et images de la francophonie, mercredi.
Dakar, 5 juil (APS) – Le film de la Franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy sort en salle sur les écrans français le 4 octobre prochain, a appris l’APS du site cinéma et images de la francophonie, mercredi.
Ce premier long métrage fiction de la réalisatrice tourné entièrement à Podor, au nord du Sénégal, était dans la sélection officielle du 76e Festival de Cannes (16 au 27 mai). ‘’Banel et Adama’’ raconte une histoire d’amour impossible dont l’action se déroule au Fouta, terroir traditionnel du nord du Sénégal.
‘’Le film raconte une histoire d’amour presque impossible dans le Fouta où les traditions et les valeurs traditionnelles mettent une pression à un jeune couple qui veut vivre son amour. C’est une histoire entre modernité et tradition chez les Peuls au Fouta’’, avait expliqué Souleymane Kébé, l’un des producteurs de ce film lors de sa sélection à Cannes.
Selon lui, la particularité de cette œuvre réside dans l’usage de la langue pulaar et la participation d’acteurs non professionnels.
La cinéaste Ramata-Toulaye Sy affirme que tourner au Fouta, terroir dont sont originaires ses parents et en pulaar, est un parti pris qu’elle considère comme ‘’un geste politique’’.
Huit autres films africains seront sur les écrans français de juillet à novembre et parfois aussi en Belgique, indique le site de Imagesfrancophone.
‘’(…) dans les salles françaises maintenant. 9 nouveaux films africains (dont 5 du Maroc, un de la Guinée, un de RDC, un du Sénégal et un de la Tunisie) sont attendus sur les écrans français d’ici le mois de novembre’’, signale-t-il.
Tous ces films ont été sélectionnés dans les différentes sessions du dernier festival de Cannes.
UN JAPONAIS AU SÉNÉGAL PAR PASSION POUR LA LUTTE
Un Japonais amoureux de lutte sénégalaise a décidé d’élire domicile à Thiès, au Sénégal. Après avoir maitrisé les différentes techniques de cette lutte locale, connue sous le nom de làmb, Shogo Uozumi est devenu propriétaire d’une académie
Un Japonais amoureux de lutte sénégalaise a décidé d’élire domicile à Thiès, au Sénégal. Après avoir maitrisé les différentes techniques de cette lutte locale, connue sous le nom de làmb, Shogo Uozumi est devenu propriétaire d’une académie.
PAR Farid Bathily
LES GRAMMYS TENTENT DE SE PRÉMUNIR CONTRE LA DÉFERLANTE DE L'IA
"Seules les créations authentiquement humaines peuvent prétendre à une nomination aux Grammy Awards. Une œuvre dépourvue d'intervention humaine ne peut prétendre à une place dans aucune catégorie"
L'Académie de la plus prestigieuse distinction dans l'univers de la musique américaine établit des limites à l'intégration de l'intelligence artificielle dans les œuvres concourant pour un Grammy.
Cette décision intervient à un moment où la technologie révolutionnaire suscite une inquiétude croissante parmi les créateurs.
"Seules les créations authentiquement humaines peuvent prétendre à une nomination aux Grammy Awards. Une œuvre dépourvue d'intervention humaine ne peut prétendre à une place dans aucune catégorie", affirme la Recording Academy en dévoilant une mise à jour majeure de ses critères d'éligibilité aux Grammys.
L'institution américaine responsable de l'attribution de ce prix tant convoité a tenté, via une mise à jour de ses règles révélée ce vendredi 16 juin 2023, de circonscrire le rôle de l'intelligence artificielle dans les œuvres qu'elle évalue.
"Les Grammys saluent l'excellence créative", souligne l'Académie, qui ne bannit pas pour autant l'intelligence artificielle. Elle maintient une certaine ouverture pour les œuvres intégrant l'IA, à condition que l'intervention humaine y soit prépondérante.
Croissance exponentielle
"La contribution humaine doit être prédominante en fonction de la catégorie dans laquelle l'œuvre est en lice. Par exemple, si l'œuvre concourt dans une catégorie dédiée à l'écriture de chansons, elle doit refléter une intervention humaine bien plus substantielle que celle de l'intelligence artificielle", précise la Recording Academy.
Cette déclaration survient dans un contexte de prolifération des systèmes d'IA. Ces outils, polyvalents et capables d'imiter la voix humaine, d'écrire des scénarios, et bien d'autres, ont connu un essor fulgurant depuis le lancement en novembre 2022 du robot conversationnel ChatGPT, le plus connu d'entre eux.
Appréhension de l’industrie
Bien que l'intelligence artificielle soit une innovation considérable pour la productivité, elle génère des inquiétudes, y compris parmi ses partisans. Les préoccupations sont nombreuses, et incluent les droits d'auteur des contenus générés, l'exploitation potentiellement abusive de ceux-ci et les menaces pesant sur l'emploi humain.
Ce dernier point est d'ailleurs une source majeure d'inquiétude pour l'industrie américaine du cinéma, paralysée depuis le 2 mai 2023 par une grève, une première à Hollywood en 15 ans.
Les scénaristes de la Writers Guild of America (WGA) et les acteurs aspirent à réduire l'usage de l'IA par les studios et les plateformes de streaming pour préserver leurs emplois.
Certaines entreprises concernées, dont Disney, qui a utilisé cette technologie pour rajeunir l'acteur Harrison Ford dans le prochain "Indiana Jones", voient en l'IA un moyen de minimiser les dépenses.
IL EST ESSENTIEL DE VALORISER NOS IDENTITES, NOS PATRIMOINES MUSICAUX
La capitale sénégalaise a accueilli du 9 au 11 février 2023, la 4e édition du Dakar music expo sous le thème «La digitalisation de l’industrie musicale». Dans cet entretien, le présentateur, Claudy Siar revient sur les enjeux du monde musical africain.
La capitale sénégalaise a accueilli, du 9 au 11 février 2023, la 4e édition du Dakar music expo (Dmx) sous le thème « La digitalisation de l’industrie musicale ». Dans cet entretien accordé au journal Le Soleil, le chanteur, producteur, présentateur d’émission sur Radio France internationale et France 24, Claudy Siar, revient sur les enjeux qui entourent le monde de la musique en Afrique.
L’actualité des musiques africaines, c’est la tenue de la 4e édition du Dakar music expo (Dmx). Quel sens donnez-vous à ce rendez-vous inscrit dans l’agenda culturel du continent ?
Il y a des femmes et des hommes qui sont rompus au monde de la culture et pour qui un festival est un festival. Le Dmx n’est pas un festival comme les autres. C’est un évènement bicéphale avec cette dimension où les artistes se produisent sur scène et ce volet rythmé par des rencontres professionnelles. Ce sont des gens qui sont dans l’encadrement des artistes qui n’ont pas forcément tous les rudiments de la commercialisation et de l’accompagnement des créateurs établis sur le continent. Ces artistes ont besoin de l’expérience de personnes venues d’ailleurs et qui sont plus aguerries à la digitalisation. La participation aux ateliers ne signifie pas qu’ils sont plus performants que les autres dans tel ou tel domaine. Le principal, c’est de dire voilà mon expérience, voilà ce que je peux vous apporter, comment conjuguer nos talents, créer des réseaux pour être plus performant. Il en va de l’avenir de nos musiques. Il n’y a pas de crise en termes de création musicale. En revanche, il y a un déficit de plus en plus criant dans le domaine de la commercialisation de nos musiques.
Comment est-ce qu’on fait pour aller beaucoup plus loin ?
Pour moi, la culture, c’est l’identité. Aujourd’hui, il est essentiel pour nous de valoriser nos identités. C’est redonner de la dignité à nos populations. Et on est dans l’estime de soi. Nous sommes des peuples qui avons subi l’oppression depuis des siècles. Dans la façon dont certains abordent nos cultures, la manière dont nous-mêmes nous nous présentons culturellement, nous ne mesurons pas l’importance de valoriser nos patrimoines musicaux. Et surtout de valoriser nos artistes en leur permettant d’être plus pertinents sur le marché international de la musique.
Des professionnels et personnalités de la musique ont fini de donner un cachet international au Dakar music expo (Dmx)…
Lorsque l’on sait qu’on est dans un cadre où il y a des rencontres professionnelles, des prestations musicales, on a une attention particulière quand on va voir un artiste programmé au Dmx. On n’attend pas du Dakar music expo qu’il nous offre l’artiste à la mode sur la scène. On a envie de voir des artistes vrais, sincères. C’est cela qui fait la force de ce festival.
Avec tout le chemin parcouru, avec autant de présence sur la scène mondiale, peut-on avancer que l’Afrique s’est alignée sur les standards mondiaux ?
Non seulement l’Afrique est désormais dans les standards internationaux, mais je voudrais qu’elle aille beaucoup plus loin. Je ne veux pas qu’elle soit juste dans une logique : on doit rattraper un temps perdu et être dans le peloton avec les autres. J’ai envie que le continent imagine autre chose, une autre course, un autre peloton. Parce que nous sommes des peuples différents, nos identités ont été lacérées, laminées depuis longtemps. Nous ne serons jamais ce que nous aurions pu être s’il n’y avait pas l’esclavage, la colonisation. L’idée, ce n’est pas d’essayer de revenir en arrière. On essaie d’inventer, d’imaginer autre chose avec d’autres avec leur maîtrise, leur savoir-faire. Aujourd’hui, la réalité est qu’il n’y a plus de grandes maisons de disque africaines. Les deux grands du secteur à l’international que sont Universal et Sony prennent le marché. Je n’ai rien contre. Mais si on permet qu’il n’y ait que ça, au fil du temps, ces maisons de disques vont formater nos musiques. Si elles les formatent, on en revient au même carcan néocolonial. Parce que ce sont des volontés venues d’ailleurs qui vont régir nos musiques et la façon dont elles seront commercialisées.
Cela aura forcément un impact sur la création…
On doit éviter cela. Politiquement, c’est préjudiciable à l’Afrique. Si le panafricanisme politique met du temps à se concrétiser, le panafricanisme culturel existe. On ne va pas le tuer celui-là. On va essayer de lui donner une chance de perdurer et d’être un exemple pour d’autres domaines de la vie des êtres humains.
Sur la même ligne, est-il permis de dire qu’il existe une industrie musicale sur le continent ? Qui dit industrie, dit marché…
On sait qui fait quoi. Le fait-il bien ? C’est pour cela que le Dmx est important. Si les choses étaient bien faites, le Dmx n’aurait pas sa raison d’être ou bien son orientation serait différente. Le marché existe mais il n’est pas structuré. J’ai pensé qu’avec les maisons de disque, il y avait une professionnalisation qui s’était faite parce qu’il existe des professionnels. Tout cela s’est délité avec la fin des maisons de disque. Forcément, il y a des intermédiaires, des interlocuteurs qui n’existent plus.
Et cela se déteint sur l’écosystème…
Totalement. Je ne crois pas que les artistes ne sont pas influencés lorsqu’ils savent qu’ils seront signés chez Sony ou Universal. Ce que l’on appelle l’afrobeat aujourd’hui, on ne sait plus qu’est-ce que c’est réellement. Est-ce que ce n’est pas quelque chose que l’on fabrique pour vendre ? On fabrique de la musique pour vendre de la musique. Forcément, le créateur se dit il faut que je fasse comme cela pour vendre. Est-ce que cette logique commerciale est bénéfique ou préjudiciable à plus ou moins long terme ?
Le thème de cette 4e édition du Dmx portait sur « La digitalisation de l’industrie musicale ». Comment les artistes africains peuvent profiter des plateformes de streaming ?
Je pense que l’Afrique peut tirer profit de cela. Parce que ces plateformes, nous permettent de sauter quelques étapes. Je crois que cela ne sera réellement bénéfique que si cette nouvelle technologie est contrôlée par les Africains. Qui peut imaginer que le marché musical d’Europe occidentale soit contrôlé par des structures chinoises ? Qui peut penser à un moment donné qu’il n’y ait pas une influence sur la création musicale ? C’est une évidence. L’enjeu de souveraineté est prégnant. L’indépendance commence par la culture.
Cette dimension a été longtemps évoquée par Cheikh Anta Diop…
Tout le combat de Cheikh Anta Diop, c’était pour réparer des identités piétinées par l’histoire. À juste titre, il disait « Armez-vous de connaissance et de science ». C’était aussi pour rétablir des vérités afin qu’elles soient partagées au plus grand nombre. À ces peuples qui ont été oppressés, dominés par l’Occident colonial, esclavagistes, il est essentiel d’apporter sa réflexion en se disant : qu’est-ce que je fais de ma culture aujourd’hui ? Je la livre aux autres pour qu’il la commercialise et que culturellement, je sois prisonnier ? Je ne suis pas contre ces grandes maisons de disque. Je ne suis pas dans le repli identitaire. Je suis pour une pluralité dans laquelle les artistes ont la possibilité de choisir. Cela permet à la production africaine de rivaliser avec les autres. Le but, c’est d’aller plus loin. Pour cela, avec les politiques publiques, il s’agira de réfléchir et d’agir autrement.
ON DEVRAIT POUVOIR S'ASSEOIR AUTOUR D'UNE TABLE ET TROUVER DES SOLUTIONS
À l’occasion de la sortie de son nouvel album, « Being », le roi du yella Baaba Maal, livre son regard sur la place de la musique en Afrique, le rôle des réseaux sociaux et la situation dans son pays
Jeune Afrique |
Anne Bocandé |
Publication 18/06/2023
Avec une carrière de plus de trente ans et des dizaines d’albums, Baaba Maal revient avec un sept-titres, Being. L’artiste peul, surnommé le roi du yella, aussi fondateur du festival Les blues du fleuve, et ambassadeur des Nations unies dans le cadre de la lutte contre la désertification, s’est adressé, sur la scène de la 15e édition du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) à Abidjan, à la jeunesse africaine. Il a interpellé les gouvernants sur la nécessité de leur offrir des opportunités sur le continent. Rencontre.
Jeune Afrique : Fondateur du festival Blues du fleuve, dans votre région d’origine, à Podor, vous avez participé cette année au Femua. Quelle est la place des festivals dans le paysage culturel africain ?
Baaba Maal : Le festival prend tout son sens sur le continent africain. Traditionnellement, nous organisions des fêtes où les gens venaient d’un peu partout, se rencontraient dans les villages des uns et des autres. Si aujourd’hui on appelle cela festival, tant mieux ! C’est aussi une façon de discuter et de trouver des solutions à nos problèmes quotidiens.
Lors de l’ouverture du Femua, A’Salfo a affirmé que la culture était le levier le plus sûr pour développer un pays. Comment s’articulent musique et retombées sociales selon vous ?
J’aime beaucoup la vision d’A’Salfo et la manière qu’il a de la consolider. On peut avoir une vision, mais ne pas trouver la démarche qu’il faut pour l’accomplir. Celle d’A’Salfo et du groupe Magic System est formidable. Quand on a une voix, que cette voix nous conduit dans tous les coins du monde, et qu’on a la possibilité de parler de nos continents, de nos pays, de nos communautés, de ce qui nous interpelle, il faut le faire. Et c’est ce qu’ils font. Cet appel doit aussi atteindre les oreilles de nos chefs – les gouvernants, les autorités religieuses ou coutumières, etc.
Il faut que toute la chaîne de décision soit mobilisée pour donner plus de sens à la culture, qui n’est d’ailleurs pas seulement là pour développer le plaisir et la joie de vivre. Elle sert aussi à accompagner des projets de développement, pour convaincre les jeunes de rester chez eux et les encourager à penser que tout est possible sur le continent. Le Femua nous permet de parler de l’Afrique, de nous unir et d’encourager tous les projets de développement.
Ce sont des thématiques que vous abordez aussi dans Being, votre nouvel album. Comment l’avez-vous construit ?
Nous avons repris avec mon ami Mansour Seck nos vieilles méthodes de travail : on s’assied dans une cour ou chez des amis, on note des idées, on écrit des chansons. C’est seulement après avoir élaboré six ou sept titres que l’on s’est dit que Being pourrait devenir un album. Nous étions d’abord dans le plaisir de reprendre nos instruments, de nous asseoir entre amis, de ne pas nous efforcer de vivre, mais de vivre naturellement. Les choses viennent à vous quand vous vous comportez ainsi. Quelqu’un m’a demandé comment cela se faisait que, même lorsqu’on ne comprend pas les langues, l’on ressente les mélodies, les frissons, etc. Tout simplement parce que cela vient du cœur et s’oriente vers d’autres gens qui ont les mêmes sensibilités.
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