Reconnaissance Acte II a vécu sous le signe de l’œcuménisme ce lundi premier mai au Grand-théâtre de Dakar. Pour l’occasion, Armand Koffi a réussi un coup de maître. Avec son staff, il a fédéré autour de sa vision, l’ensemble des chantres et hommes de Dieu du Sénégal ainsi que plusieurs autres chantres tout droit de la Côte d’Ivoire, son pays d’origine. Cette grand-messe de l’unité chrétienne matérialisée sous sa houlette ne pouvait qu’être de Dieu, nous explique -t-il dans cette entrevue accordée à AfricaGlobe Tv.
Le 30 avril 2022, Reconnai’Sens Acte I avait été célébré au théâtre national Daniel Sorano. Pour mémoire, Armand Koffi avait fait salle comble. Ce 1er mai 2023, Rebelote. Au prestigieux et splendide Grand Théâtre, à nouveau, avec un public déchaînée, le peuple de Dieu médusé et réceptif à ce qui est en train de se jouer sous ses yeux, il a fait le le plein.
Ça a été un spectacle et une adoration haut en couleur, très emballant, voire très entrainant. Chacun a, selon toute vraisemblance, eu pour son compte, en termes de rythmes, de sons et de style. Mais surtout en termes de louanges et d’adoration. Le répertoire est diversifié à l'instar de ce public forcément hétéroclite aux goûts forcément diverses.
Tous les chantres invités du Sénégal comme de la Côte d’Ivoire n’ont pas fait dans la demi-mesure. Ils en ont bien mis plein la vue au peuple de Dieu tout comme pour dire, vous êtes venu, vous allez en recevoir.
Entre l’éclectisme musical d’Armand Koffi, la douceur de Denise, en passant par la générosité de Constance Aman et la rage du Groupe Eden qui chante avec ses tripes, c’est un pari réussi. Et tout le monde part satisfait
Pari auquel on ajoutera l’amplitude des puissantes voix de Marius Le Psalmiste et Philippe Coly, ou encore de Fulgence Gackou. Quid du chœur The Glorious qui a enflammé le Grand-théâtre puisque c’est bien lui qui a ouvert la boîte de pandore et a répandu le « mal » sur le public présent.
Grand moment de louanges, d’adoration et de communion. L’innovation de l’acte II de Reconnai'Sens n’aura pas échappé au duo du Groupe Eden qui a vécu l’acte I en 2022 au théâtre national .
À la fois, concept et vision décliné aussi en album, Reconnai’Sens sonne également, somme toute, comme une dramaturgie, une pièce de théâtre faite d’actes et d’acteurs, de scènes et de séquences. Pour cet acte II célébré avec faste dans cet énorme et flamboyant édifice, Armand demeure le même metteur en scène de la pièce et ses différents invités y ont fait office d’acteurs. Et pour ça, il fallait se lever de bonne heure. «En matière d’organisation, on a commencé plus tôt depuis de longs mois», nous a confié Abel Sanou, membre du staff d’Armand Koffi.
L’acte I et II ayant été mené à bien avec maestria au Sénégal, pays de résidence d’Armand Koffi, la Côte d'Ivoire, son pays de naissance attend, lui aussi, son premier acte. Et il ne serait pas trop
demander que de voir cela se concrétiser dès le 4è acte. En tout cas, c’est le vœu secret d’Emmanuel Dja, membre du staff de la chantre Constance Aman, venus spécialement de la Côte d’Ivoire.
RECONNAI'SENS ACTE II, LE FASTE, LA FERVEUR, LES GRÂCES AU GRAND THÉÂTRE DE DAKAR
IL FAUT S'OUVRIR
L’écrivaine Ken Bugul explique que c’est grâce à l’écriture qu’elle a pu déconstruire la fatalité. ‘’Je n’ai pas été conditionnée à devenir quelqu’un avec la vie sauvage que j’avais déjà à cinq ans"
L’écrivaine sénégalaise Ken Bugul a salué, mercredi, l’initiative de l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de s’ouvrir aux savoirs endogènes, à travers la série de conférences qu’elle a initiées dans le cadre des dialogues des savoirs.
Elle estime que dans un monde de plus en plus mondialisé, ‘’le savoir et la connaissance doivent s’ouvrir à d’autres cultures, pour qu’ils puissent se concrétiser dans le quotidien de la vie’’.
Ken Bugul animait une conférence sur le thème ‘’Déconstruire la fatalité : une vie, une œuvre’’, organisée par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en présence du recteur Amadou Aly Mbaye.
‘’Cette initiative est une excellente chose (…) s’ouvrir à d’autres horizons apporte un plus dans l’université. De plus en plus avoir des diplômes, l’agrégation, c’est bien, mais le monde d’aujourd’hui et de demain (…) si l’on ne s’ouvre pas à d’autres savoirs endogènes, cela risque de faire de l’université un grenier rempli, mais inutile’’, a prévenu l’auteure du célèbre roman ‘’Le baobab fou’’.
Ken Bugul qui a toujours ‘’désiré’’ venir à l’UCAD, évoquant une ‘’absence’’ dont elle s’était toujours plainte. ‘’Je suis très honorée et très heureuse de venir pour la première fois à l’UCAD et je remercie le recteur, le vice-recteur, les professeurs, les amis, les étudiants parce que c’est mon public préféré’’, a-t-elle lancé au début de sa conférence.
L’écrivaine est largement revenue sur son parcours, sa vie, de sa naissance en novembre 1947 pendant la grève des cheminots à Malem Hodar, un département de la région de Kaffrine, à sa vie d’écrivaine.
Elle a souligné que l’écriture est très liée à sa vie et que cette dernière a été un prétexte dans la publication du ‘’Baobab fou’’, son premier roman paru en 1982, et de ‘’Cacophonie’’, sorti en 2014, ainsi que de son prochain ouvrage dont le sujet portera sur le regard.
Elle a expliqué que c’est grâce à l’écriture qu’elle a pu déconstruire la fatalité. ‘’Celle qui a erré dans les rues de Dakar, du Plateau précisément, notamment à la place de l’Indépendance, au café du rond-point, et dans les environs, celle déclarée folle et mise hors de la maison, celle cachée à 33 ans dans une petite chambre à Guinguinéo par sa mère, a su déconstruire la fatalité.’’ Cette écriture lui a permis, a-t-elle dit, de déconstruire la fatalité.
‘’C’est avec ces trois expériences de ma vie, quête identitaire par rapport aux origines, à la condition de femme et par rapport à l’individu que j’étais qui m’ont permis de déconstruire la fatalité avec la possibilité, la capacité et avec le bagage intellectuel que j’avais’’, explique l’auteur de ‘’La folie ou la mort’’ (2000), un livre édité par Présence Africaine.
‘’J’étais peut-être destinée à être folle, perdue, morte, mais j’ai pu déconstruire cette fatalité’’, a insisté Ken Bugul, qui a invité les étudiants à se cultiver, à être curieux et à s’ouvrir à tout ce qui se passe autour d’eux et au-delà.
‘’Je n’ai pas été conditionnée à devenir quelqu’un avec la vie sauvage que j’avais déjà à l’âge de cinq voire six ans. Mais l’école a été quelque chose de déterminent. C’est la volonté, la curiosité qui fait avancer les choses (…). Le développement humain n’est pas une question de filiation ni de diplôme, il est une dynamique permanente’’, a-t-elle affirmé devant les étudiants, estimant que même si les acquis sont bons, il faut s’ouvrir.
CATHERINE DENEUVE LANCE OFFICIELLEMENT LE 76E FESTIVAL DE CANNES
La 76e édition du Festival de Cannes a été officiellement déclarée, ouverte, hier, soir, par Catherine Deneuve, lors d’une cérémonie présentée par sa fille, l’actrice Chiara Mastroianni.
La 76e édition du Festival de Cannes a été officiellement déclarée, ouverte, hier, soir, par Catherine Deneuve, lors d’une cérémonie présentée par sa fille, l’actrice Chiara Mastroianni.
« Je déclare ouvert le 76e Festival de Cannes », a déclaré celle qui compte parmi les légendes du cinéma français, aux côtés de l’acteur américain Michael Douglas, qui a prononcé la même phrase en anglais, quelques minutes après avoir reçu une Palme d’or d’honneur. Catherine Deneuve, dont le portrait sert d’affiche au Festival cette année, avait précédemment dit qu’elle « pense beaucoup à l’Ukraine » et récité un poème de la poétesse ukrainienne Lessia Oukraïnka. L’an passé, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait, à la surprise générale, pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture du Festival, quelques semaines après le début de l’invasion russe de son pays. « Jeanne du Barry » de la réalisatrice française Maïwenn, avec Johnny Depp incarnant le roi Louis XV, devait ensuite être projeté en tant que film d’ouverture. La compétition démarre mercredi avec deux longs-métrages, « Monster » du Japonais Hirokazu Kore-Eda et « Le Retour » de la Française Catherine Corsini.
Au total, 21 cinéastes sont en lice pour la Palme d’or, dont 7 femmes, un niveau record pour le plus grand festival de cinéma au monde. Ils seront départagés par un jury de neuf membres présidé par Ruben Östlund, lauréat de sa deuxième Palme en 2022 pour « Sans filtre ». AFP
UNE STATUE D'OUSMANE SOW DÉGRADÉE EN FRANCE
Exposée dans un parc de Besançon, l'oeuvre baptisée "L'Homme et l'Enfant" a été recouverte de peinture rouge. Le ou les auteurs ont dessiné sur cette sculpture en bronze un "A" cerclé, symbolisant l'anarchie
Une statue de l'artiste sénégalais Ousmane Sow exposée dans une ville de l'est de la France a été dégradée, a annoncé la mairie mercredi, précisant qu'une plainte avait été déposée.
Exposée dans un parc de Besançon, l'oeuvre baptisée "L'Homme et l'Enfant" a été recouverte de peinture rouge. Le ou les auteurs ont dessiné sur cette sculpture en bronze un "A" cerclé, symbolisant l'anarchie. Des passants qui se promenaient dans le parc mercredi matin ont prévenu la mairie, dont un responsable est venu constater les dégâts. Les services techniques de la ville ont rapidement procédé à la remise en état de l'oeuvre, pour la seconde fois.
"La statue l'Homme et l'Enfant d'Ousmane Sow a fait l'objet de nouvelles dégradations. Ces actes sont inadmissibles. Nous avons porté plainte ce matin et continuerons de le faire systématiquement", a réagi la maire écologiste de Besançon, Anne Vignot, sur les réseaux sociaux. Située dans un parc public face à la gare de Besançon, la création de l'artiste avait déjà été dégradée il y a quelques mois. Le ou les auteurs des faits n'avaient pas pu être identifiés.
Une autre statue d'Ousmane Sow, représentant Victor Hugo, avait également été dégradée à Besançon fin novembre 2022. Deux étudiants en Histoire avaient recouvert de peinture blanche le visage de la statue, avant d'y apposer une pancarte portant la mention "White Power" ("pouvoir blanc") et une croix celtique. Agés de 20 et 22 ans, ils ont été condamnés en février à 140 heures de travaux d'intérêt général. En outre, ces deux anciens membres du parti d'extrême droite Rassemblement national, dont l'un avait tenté d'être candidat à la députation, avaient été condamnés à deux ans d'inéligibilité.
IL Y A UN MÉPRIS ENVERS LE CINÉMA AFRICAIN
Une "censure" et du "mépris" empêchent la diffusion des films africains dans le monde, estime auprès de l'AFP le réalisateur malien Souleymane Cissé, 83 ans, l'un des pères du 7e art sur ce continent, qui n'a raflé à ce jour qu'une seule Palme d'or
QUESTION: En mai 1987, vous receviez le Prix du jury pour votre film "Yeelen".Trente-six ans plus tard, vous êtes à nouveau primé à Cannes avec le Carrosse d'Or, décerné mercredi à la Quinzaine des cinéastes. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
REPONSE : "Je remercie les confrères de m'avoir choisi. Ce prix m'incite à faire de nouveaux films, à me réinventer et changer de vision. Si le cinéma social reste mon ADN, j'ai envie d'explorer d'autres genres comme le fantastique. J'ai toujours eu envie de faire des films fantastiques mais l'occasion ne s'est jamais présentée à moi.
J'espère aussi que, grâce à ce prix, des projets chers à mon cœur, qui dorment dans des armoires, vont se réveiller, parmi lesquels plusieurs documentaires."
QUESTION: On vous décrit souvent comme le grand-père du cinéma africain, un des pionniers. Quel regard portez-vous sur celui-ci ?
REPONSE: "Grand-père ? Je ne sais pas trop. J'ai l'impression que ceux qui disent cela n'ont pas compris mes œuvres.Tous les films que j'ai réalisés sont encore d'actualité. Mon premier long-métrage "La jeune fille", qui va être diffusé mercredi à la Quinzaine, parle de viol et je pense que c'est un film très sensible, qui ne meurt pas dans le temps.
Sur la nouvelle génération, j'ai toujours été et je resterai optimiste.Ce que nous n'avons pas pu réaliser, eux le feront.Le fait qu'il y ait deux films africains en compétition cette année est un bon signe. Nous avons des problèmes au Mali et au Niger parce que malheureusement, depuis 50 ans, nos dirigeants ne veulent pas comprendre l'importance du cinéma.
Dans les autres pays, le cinéma se développe bien.Au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Ghana et au Nigeria, il y a une grande vitalité.Ce qui est un peu dommage pour moi, c'est que nos films sont privés de la chance d'être vus par les spectateurs européens et américains."
QUESTION: Quel est le problème ?
REPONSE : Pour moi, c'est d'abord un problème de distributeur.Tant qu'ils ne porteront pas d'intérêt pour nos films, rien ne changera.On a beau produire, faire tout ce qu'on veut, tant que le public européen, américain ou chinois, n'aura pas accès à nos films, on n'avancera pas.
Et je suis sûr que cette censure au niveau de la distribution va finir par se briser.Quand je dis censure, c'est qu'on empêche la sortie des films africains dans les grandes salles, ces salles populaires.Je prends le cas de la France par exemple.Très peu de films africains sont distribués correctement dans les salles de cinéma du pays, alors même que le public a toujours été au rendez-vous du cinéma.
C'est beaucoup de mépris.On ne veut tout simplement pas mettre à la même hauteur des cinéastes d'Afrique et ceux de l'Occident. Or, le cinéma, c'est justement aller à la rencontre de l'autre. Ça fait 50 ans qu'on essaye de faire des films de qualité mais on le voit sur les écrans.Moi, j'ai eu la chance de voir mes films distribués correctement. Mais les autres ? Priver le public de tels films, c'est nourrir une forme d'incompréhension sur l'Afrique. Et quand l'incompréhension s'installe, les rapports entre les pays deviennent compliqués.C'est un combo perdant-perdant."
UNE NOUVELLE INÉDITE DE MOHAMED MBOUGAR SARR AU SEUIL
Le lauréat du Goncourt 2021 signe un texte inédit au sein du recueil Tout doit disparaître : lettres d’un monde qui s’efface, coordonné par Annabelle Perrin et François de Monès (Le Seuil, 12 mai)
C’est un texte fort et sensible que signe Mohamed Mbougar Sarr dans Tout doit disparaître : lettres d’un monde qui s’efface (Le Seuil, 12 mai). Ce recueil, coordonné par Annabelle Perrin et François de Monès, fondateurs l’année dernière du média épistolaire La Disparition, regroupe les lettres de dix journalistes, auteurs et autrices pour décrire les mutations du monde et tenter d’imaginer de meilleurs lendemains.
Parmi ces missives, La disparition d’un passeport est signée de l'auteur de La plus secrète mémoire des hommes (Philippe Rey), lauréat du prix Goncourt 2021. Mohamed Mbougar Sarr y raconte, "depuis les marges du monde", comment il a été retenu fin 2022 dans une zone d’attente pour personnes en instance (Zapi) au Mexique où il était invité pour "des raisons professionnelles, liées à [son] métier d’écrivain".
Fraîchement débarqué de l’avion, l’auteur a été retenu pendant près de treize heures par les autorités après que son passeport sénégalais a fait tiquer un officier de l’immigration. Treize heures pendant lesquelles il croise d’autres personnes, des hommes, des femmes, des familles avec enfants elles aussi retenues "aux portes du Mexique".
Coumba Gawlo Seck a effectué, samedi, un retour triomphal sur la scène musicale après une longue période d’absence à cause d’une maladie qui l’avait éloignée des podiums et studios. La chanteuse a donné un spectacle de qualité au Musée des civilisations.
Coumba Gawlo Seck a effectué, samedi, un retour triomphal sur la scène musicale après une longue période d’absence à cause d’une maladie qui l’avait éloignée des podiums et studios. La chanteuse a donné un spectacle de qualité au Musée des civilisations noires.
Le retour de Coumba Gawlo Seck sur la scène musicale séné- galaise était très attendu par les mélomanes et ses fans qui avaient hâte de la revoir sur la scène musicale sénégalaise. Un retour riche en son et lumière, avec un concert au Musée des civilisations noires qui a refusé du monde, samedi.
La Diva a fait aussi le tour de son riche répertoire que les nostalgiques avaient envie de réécouter et surtout de revivre. Et c’était avec l’artiste Baba Maal comme invité de marque. Ils ont offert un duo de choc par le morceau « Gawlo » avec une grande complicité. Mais il y avait auparavant aussi cette belle chorégraphie et une entrée originale. Cette robe aux ailes, tel un oiseau prêt à voler à nouveau. Elle est accompagnée par ces touches enivrantes du piano qui dégageaient mélancolie, tristesse, douceur.
« Svp le son piano... », répétait-elle, décidée à propager ses envolées lyriques qui émeuvent le public envouté. Hypnotisé. Un « taajaboon » de Ismaïla Lo à couper le souffle. « J’envisage de reprendre mon métier que je considère n’avoir jamais abandonné parce que même étant malade, je faisais en sorte de rester en connexion avec mes fans, ma famille, mes proches. Je continuerai parce que je ne sais faire que chanter. Je suis née chanteuse, j’ai ça dans le sang, dans l’âme. Tout en moi est chant, musique. Naturellement je continuerai mes activités et mes traitements puisque je suis en convalescence », avait promis Coumba Gawlo quelques jours avant ce fameux retour sur la scène musicale.
Ainsi, avec cette prestation XXL, elle a montré une fois de plus qu’elle s’est remise de sa longue maladie qui l’avait fait éloignée des podiums et que le public peut compter sur elle encore longtemps pour leur donner une belle mélodie comme elle sait le faire. Elle a retrouvé la voix. Elle a repris sa voie. Et au Musée, le public s’est amusé.
MULTIPLE PHOTOS
PENC ET VILLAGES TRADITIONNELS DE DAKAR, UN PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET CULTUREL A SAUVEGARDER
La célébration de la Journée du patrimoine africain, la semaine passée, au Monument de la Renaissance africaine, a été une occasion de plancher sur la place et l’avenir des « penc » (places publiques) et villages traditionnels de Dakar.
La célébration de la Journée du patrimoine africain, la semaine passée, au Monument de la Renaissance africaine, a été une occasion de plancher sur la place et l’avenir des « penc » (places publiques) et villages traditionnels de Dakar. Dans une ville où la modernité bouscule la tradition, ce patrimoine architectural et culturel peine à exister du fait d’une urbanisation difficilement contrôlable due à un boom démographique exponentiel. Aujourd’hui, il urge de « réhabiliter ces vestiges, en les habillant de neuf tout en respectant leur authenticité ».
Mbot, Thieudème, Santhiaba, Mbakeundeu, Beugnoul, Tioundeu, Ndieuw, Tefessou biir, Khounteuma, Ndingala, Nguediaga… A un néophyte, l’évocation de ces sites ne dira peut-être rien. Mais pour la communauté léboue, ils représentent toute une histoire, un patrimoine. Ces « penc » (places publiques) et villages traditionnels, éparpillés pour la plupart au cœur de la capitale sénégalaise, sont symboles de pérennité et de stabilité de cette communauté installée depuis 1700 sur la presqu’île du Cap-Vert. Ces espaces leur permettaient de discuter, de juger, de prendre des décisions …
La journée du patrimoine africain, organisée par la Direction du patrimoine culturel (Dpc) et le Monument de la Renaissance africaine, en partenariat avec l’Entente des mouvements et associations de développement (Emad) et le Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff), a été une occasion pour Abdou Khadre Gaye, président de l’Emad, de revisiter l’histoire de ces « penc » et quartiers traditionnels. Selon lui, c’est avec l’arrivée, à Dakar, des Français qui voulaient coûte que coûte occuper le haut du Plateau que la structuration des « penc » a commencé à connaître des bouleversements. « En 1790, Ndakarou s’est libéré du Cayor et pendant 40 années a traité d’égal à égal avec les Français installés à Gorée. En 1857, le capitaine de vaisseau Protet planta le pavillon tricolore à Bayé, actuelle place de l’Indépendance, où il aménagea un fort. Les « penc » se retrouvaient à l’époque à la pointe de Dakar. Sur tout le reste du territoire, jusqu’à Ouakam, Ngor et Yoff s’étendaient les champs, la forêt », a-t-il expliqué.
DEGUERPISSEMENT FORCE, 1061 HABITATIONS BRULEES
Avec l’édification sur la Grande Terre d’un fort suffisamment équipé en hommes et en armement, a ajouté M. Gaye, Protet entama le processus d’occupation du sol. « C’est ainsi qu’en 1858, pour cause d’alignements ayant entraîné le morcellement de leur village, les populations de Kaay furent déplacées plus loin, vers les fontaines situées à proximité du site de l’actuel Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Dès lors, les « penc » furent progressivement déguerpis du bord de la mer pour les dunes au-delà de l’actuelle rue Vincens, formant ainsi une ligne de démarcation entre les populations françaises et les autochtones », a-t-il renseigné.
Comme cela ne suffisait pas, une épidémie de fièvre jaune frappa la cité en 1900, de mai à octobre. « Elle fut une aubaine pour les Français qui purent, arguant les mesures sanitaires, refouler, toujours un peu plus loin, une bonne partie des populations autochtones de cette zone stratégique du Plateau. Ainsi, 1061 habitations furent brûlées, dont 280 cases en paille, 738 baraques et 43 maisons en briques », a relevé le président de l’Emad.
Cinq années après ce désastre, la publication de la convention dite Guy, négociée et ratifiée par le Gouverneur Camille Guy, souleva des vagues de contestations. Elle fut, selon Abdou Khadre Gaye, l’occasion pour les Français de s’emparer de deux vastes terrains situés à Beugnoul (cap Manuel), et Tound (centre-ville : entre les avenues Georges Pompidou et Faidherbe, Lamine Guèye et Roume). Ils étaient tous deux propriétés communes de la collectivité léboue. Les populations autochtones furent à nouveau appelées à se déplacer au mois de mars 1914, suite à une épidémie de peste (assez douteuse, selon certaines sources). Elles avaient été casées hors du Plateau, dans la brousse à chacal de Tilène, où les Français avaient fait construire un village de ségrégation, selon M. Gaye. « Des cases et des baraques furent encore brûlées et, après déguerpissement de six des douze « penc », une révolte éclata qui mit un terme au projet et sonna comme le coup d’envoi des hostilités en Europe jusqu’en 1918. Ce fut la Première Guerre mondiale », a-t-il indiqué.
Avec l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, les villages de Tankk (Ngor, Ouakam,Yoff) furent également touchés par les réquisitions pour la construction d’un aérodrome qui deviendra l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que des camps militaires. « Le processus se poursuivra, de façon moins violente, mais mûrement réfléchie, jusqu’aux indépendances en 1960. Avec la loi sur le domaine national de 1964, le nouvel Etat s’appropriera ce qui restait des terres léboues », a fait savoir le président de l’Emad.
Les « penc » et villages recèlent de secrets non encore révélés, une beauté rare capable de fasciner le monde, a estimé Abdou Khadre Gaye, ont beaucoup de choses à nous apprendre. Mais le constat, a-t-il relevé, est que ces « penc » et villages traditionnels, abandonnés à leur triste sort, se meurent. « Ils s’effritent et se noient dans le grand marché qu’est devenue la capitale sénégalaise. Les villages de Tankk sont devenus le noyau pauvre d’une périphérie étouffante. Le Cap Vert est devenu un cap béton, pour parler comme le « Ndeye dji reew » (dignitaire lébou) Alioune Diagne Mbor. Un promontoire où le béton et le fer n’épargnent même pas le littoral, profanent et rendent inaccessibles beaucoup de sites sacrés lébous », a-t-il déploré.
UNE PRISE EN CHARGE DES PENC ATTENDUE
A en croire Abdou Khadre Gaye, les « penc » et villages dakarois sont les seules parties du pays où les dernières générations n’ont plus la possibilité d’acquérir un terrain. L’épuisement des réserves foncières et le coût très élevé des parcelles disponibles sont passés par là. « Beaucoup de chefs de « penc » et de dignitaires résident hors de leur zone d’élection. La mer autour de la presqu’île aussi se vide de ses ressources entraînant le désarroi des pêcheurs artisanaux, mais aussi des conflits, parfois sanglants, comme ceux de Kayar et Mboro, tout récemment », a déploré le président de l’Emad. De l’avis de M. Gaye, les « penc » et villages traditionnels, avec les génies généreux qui les habitent et leur population reconnaissante, recèlent de secrets non encore révélés, une beauté rare capable de fasciner le monde. Il a plaidé pour la réhabilitation de ces vestiges, en « les habillant de neuf tout en respectant leur authenticité ».
Aujourd’hui, a-t-il laissé entendre, « on parle depuis plusieurs années déjà d’un treizième ‘’penc’’ où d’un quatrième pied de Tankk qui serait un authentique village lébou dans la ville, d’un écomusée et d’un centre d’incubation où prendrait son départ et sa fin le circuit touristique de Dakar, d’un circuit touristique allant du patrimoine traditionnel au patrimoine colonial, des ‘’penc’’ et villages lébou aux bâtiments français, sans oublier le patrimoine naturel ». Un rêve dont les membres de la communauté léboue attendent la concrétisation. Avec des ponts, échangeurs, autoroutes, théâtres, musées, Ter et un Brt, Dakar connaît une urbanisation incontrôlée, entre tradition et modernité.
Cependant, a noté M. Gaye, « les douze ‘’penc’’ et les villages lébous de Tankk et autres, un patrimoine d’une valeur inestimable, attendent toujours leur prise en charge ». Ce patrimoine, a-t-il indiqué, doit être « valorisé pour notre nourriture spirituelle ». Car, « il peut aussi contribuer à notre enrichissement économique ».
GESTION DU FONCIER
L’organisation des assises du collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff) préconisée
Pour Oumar Diagne, fervent défenseur de la communauté léboue, le Sénégal, au regard de son urbanisation, est menacé par un transfert inconnu et généralisé dans tous ses organes, occasionnant ainsi un désordre social, cultuel, physiologique, culturel, etc. Mais aussi un désordre du patrimoine matériel et immatériel. Cela dénote, selon lui, une macrocéphalie qui nécessite, dans l’urgence, une chirurgie sociale de pointe. La place des villages lébous et les 12 « penc » dans la capitale, a-t-il indiqué, est devenue une question de survie au niveau du Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff). Le diagnostic ayant révélé, à son avis, un dysfonctionnement anatomique endogène. Selon Oumar Diagne, la seule ressource naturelle de Tankk est foncière et est soumise à une « prédation endémique ». Il a invité le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique à être le relais de la communauté léboue auprès du Président Macky Sall « sur la revendication coutumière légitimement portée par le collectif de Tankk, Ngor, Ouakam et Yoff sur les terres de l’ex-aéroport Léopold Sédar Senghor pour leur extension et la modernisation des ‘’Penc’’ de Dakar ». Cette communauté, a-t-il indiqué, souhaite aujourd’hui, « des solutions durables sur la résolution des problèmes fonciers du parking de Ngor et Ouakam ». De même, il a souligné l’urgence d’organiser les assises de Tankk sur son foncier, parce que « le bradage du foncier de l’aéroport pose une problématique d’intégration et c’est un danger pour une nation ». Le dialogue des cultures, a-t-il fait savoir, est orphelin à Tankk. Et il demeure convaincu que « le ciment d’une nation découle de l’unification, de la symbiose de son tissu social et non de son effritement ».
«NOTRE CHALLENGE, REPOSITIONNER SORANO»
Palabres avec…. Ousmane Barro Dione, directeur général théâtre Sorano
Propos recueillis par Moustapha BOYE |
Publication 12/05/2023
Ousmane Barro Dione n’est pas un produit du théâtre sénégalais. Mais aujourd’hui, il a la mission de redorer le théâtre sénégalais à travers l’historique théâtre Daniel Sorano fondé par feu le président poète Léopold Sédar Senghor. La mission ne semble pas colossale pour un homme qui avait déjà eu la chance d’avoir le pied à l’étrier puisqu’il a été pendant près de 7 ans, le secrétaire général de Daniel Sorano. Un homme de la maison qui recevra du président Macky Sall, les clés pour, comme il le dit, « repositionner le Théâtre Sorano ». La pluridisciplinarité de son parcours (titulaire d’un troisième cycle en économie avec une spécialisation en Monnaie, Banque et Finances de l’Université de Dakar, un troisième cycle à l’Université de Lille en management portuaire et maritime, un troisième cycle en Centre d’études diplomatiques du Sénégal (CEDS), une casquette de diplomate, énarque à travers l’Ecole d’administration du Maroc) et des formations éparses en leadership et développement personnel) constitue un atout qui permettra à un homme jeune et sympathique de redorer le blason de Sorano. Entretien
A votre nomination en octobre 2022 comme directeur général de la Compagnie du Théâtre Daniel Sorano, vous y occupiez déjà le poste de secrétaire général. N’est-ce pas un avantage qui vous permet de démarrer sur les chapeaux de roue ?
Je pense que c’est un avantage. Parce que comme vous l’avez dit, cela fait six ans que je suis à la tête du Secrétariat général qui me permet de connaître de façon transversale la maison à travers les différents services, les différentes troupes et également les services techniques. Cela permet d’avoir une vue globale et de pouvoir connaître les difficultés, les défis, les enjeux. Et cela m’a facilité, dès les premiers jours, de prendre les mesures appropriées déjà pour régler toutes les questions liées au front social, les questions qui pouvaient stabiliser l’inquiétude des artistes, des agents de façon générale. Un avantage qui me permet de décliner la vision permettant aujourd’hui de pouvoir réaliser les différents projets que nous sommes en train de mettre en place.
Justement, Sorano était présenté comme une structure en déclin. Un déclin précipité par l’avènement du Grand Théâtre. On parlait de sa vétusté, une technique de sonorisation défaillante. Comment on est arrivé à une telle situation décriée ?
Le Sorano a un contenu artistique qu’on ne trouve pas ailleurs. Ce que nous avons à Sorano, ça n’existe nulle part. Mais ça, il faudrait le mettre en ébullition. C’est-à-dire, il faudrait impulser une dynamique. Parce qu’aujourd’hui, les troupes artistiques, que cela soit l’ensemble lyrique, le ballet « La Linguère », la troupe dramatique, on ne les trouve pas ailleurs. Parce que nous sommes dépositaires du patrimoine culturel immatériel du Sénégal. Notre mission, c’est de promouvoir ce que nous avons comme identité à savoir la valorisation de la diversité culturelle. Mais tout cela, nous ne pouvons pas l’avoir, avoir les espaces, les installations techniques, toute la technicité qui accompagne le savoir-faire artistique, et puis rester là à ne rien faire. Alors, c’est un peu ça qu’on a essayé de mettre en symbiose pour véritablement relancer tout cela. Aujourd’hui tout ce que nous sommes en train de faire existait déjà à Sorano. Il manquait peut-être une petite ébullition, peut être mettre en cohérence les activités, régler certains préalables liés au front social, liés à la vision et à la politique qu’on a un peu implantée depuis notre arrivé pour aujourd’hui réaliser les résultats que vous avez constatés.
Cette présence à côté du Grand Théâtre et cette concurrence, cela ne vous gêne pas ?
Non, ce n’est pas les mêmes missions. Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, le Grand théâtre a des missions propres. Une grande salle qui doit accueillir des grands événements culturels d’envergure même continentale en termes de capacité lorsqu’il s’agissait de le construire. Mais nous, c’est tout autre. Nous, c’est la culture sénégalaise qu’on doit promouvoir. Ce qui n’est pas le cas pour le Grand Théâtre. On peut même aller vers une mutualisation. D’ailleurs, j’ai un projet dans le cadre de mes activités de réaliser un grand spectacle de théâtre au Grand Théâtre. Je pense que ça sera avec «Les bouts de bois de Dieu» en hommage à Ousmane Sembène pour ses cent ans. Je compte le présenter au Grand Théâtre. Donc c’est ça en fait, on doit pouvoir mutualiser nos efforts. Parce qu’autant nous avons une mission de promotion et de valorisation de la culture sénégalaise, le Grand Théâtre a des espaces et la salle pour pouvoir abriter et accueillir ces événements-là. Donc, on peut, dans le cadre de l collaboration, l’impliquer. Et nous sommes en train de le faire intelligemment avec la direction du Grand Théâtre. D’aller vers cette mutualisation de nos activités. Mais encore une fois, le Grand Théâtre ne nous gêne pas. C’est qu’on a donné l’impression, à un moment donné, qu’on avait juste une salle à louer alors que ce n’est pas notre vocation. La salle, on doit la mettre à la disposition des clients quand nous, on n’organise pas. Aujourd’hui qu’on a un programme très chargé comme vous l’avez constaté avec « Sorano chez-vous », « Sorano à l’école », « Sorano à l’international ». On n’a plus même le temps de rester sur place.
Il y a un nouveau contenu que vous avez pu mettre en place pour revaloriser Sorano ? C’est ça ! Est-ce une volonté de repositionner sur l’échiquier national et international ?
Notre challenge, c’est de repositionner Sorano. Vous avez constaté effectivement que le Sorano est laissé en berne depuis un certain moment. Mais aujourd’hui, on essaie de le repositionner. Et les outils de ce repositionnement nous les avons déjà !
Ces outils sont d’abord techniques, est-ce qu’aujourd’hui, la vétusté de la salle, l’aspect sonorisation, technique, vous avez pris en compte ces problèmes…
Bien sûr ! Je pense même, lorsque vous entrez maintenant au niveau du théâtre, vous vous rendrez compte des changements. On a déjà attaqué l’environnement avec les espaces verts. Sorano est transformé en espaces verts. Seulement notre chance, c’est que la vétusté de Sorano a été constatée directement par le président de la République lors d’une visite. Ce dernier, alors à la suite de procédures mises en place, a dégagé une enveloppe de 3 milliards étalée sur trois ans pour permettre à la réhabilitation totale du Sorano. Les premiers décaissements ont permis de refaire la peinture. La réhabilitation du bâtiment en question est en cours. Aujourd’hui (ndrl ce mercredi 10 mai) les travaux concernant les nouveaux projets que j’ai lancés, notamment une seconde salle de répétition avec des extensions de bureaux avec une salle de sport pour les artistes, avec vraiment le grand totem qu’on veut mettre en place qui matérialise les instruments traditionnels que nous voulons installer au niveau du boulevard de la République, vont changer complètement le visage de Sorano pour le rendre plus attrayant. Et ça nous le devons au chef de l’État. Aujourd’hui avec l’impulsion du ministre actuel de la Culture et du Patrimoine, Pr Aliou Sow, qui a donné un coup de pouce, nous avons appuyé sur l’accélérateur pour rendre beaucoup plus palpables les changements tant au point de vue technique qu’artistique.
Et sur le front social, les artistes de Sorano ont continuellement dénoncé leur situation. Qu’est-ce qui a été fait dans cette dimension humaine ?
La première question qu’il fallait régler, c’est la stabilité de la maison. C’est de s’attaquer à la revendication d’ordre social qui était des revendications légitimes. Le premier mois de ma prise de fonction, je l’ai consacré à ces questions. Concernant la régularisation des agents, on a embauché 12 agents qui ont fait plus de dix ans. La question du régime complémentaire cadre pour les agents cadre, c’est réglé. On a cotisé pour tout le monde. La couverture médicale est élargie, la prise en charge des frais pharmaceutiques, nous sommes en train de la mettre en place. C’est des questions qui ont duré, qui sont restées longtemps sans satisfaction. Lorsque les agents ont constaté effectivement qu’il y a une volonté de la direction générale qui a déjà réglé toutes ces questions, ils se sont mobilisés pour s’engager dans le nouveau projet à travers la nouvelle vision qu’on a déclinée, qui permet de faciliter le travail de réalisation que nous sommes en train de faire, qui permet de booster la création. Il y a beaucoup plus de productivité et de pouvoir permettre de faire le tour du Sénégal. On a fait pratiquement le tour de 6 villes etc. La création artistique, on est pratiquement à 6 créations, comparé en 2021 où il n’y avait que 2 créations seulement sur 12 mois. Tout cela, en tout cas, nous conforte dans notre position que l’être humain est capable de pouvoir réaliser des prouesses lorsqu’il est mis dans de meilleures conditions. C’est le premier problème du capital humain qu’on a réglé qui nous permet de se projeter pour ce qui concerne la création, la production et tout le reste.
Justement vous avez trois grandes composantes : l’ensemble lyrique, la troupe théâtrale et le ballet la Linguère. La question du renouvellement des ressources humaines ne constitue-t-elle pas un handicap ?
Tout à fait , il y a un plan de gestion de carrière que nous avons mis en place qui permet de pouvoir surveiller les départs en tout ce qui concerne le personnel artistique et administratif bien attendu. Il permet également de pouvoir renouveler. Vous avez chez les artistes pour chaque année, il y a des auditions de contrôle, pour évaluer la performance des artistes. Et il y a aussi des auditions d’entrée pour renouveler le personnel artistique. Donc on les tient en début de saison. La saison artistique chez nous, c’est du 1erseptembre au 31 juillet. En fin de saison, on fait des contrôles. En début de saison au mois de septembre, on fait les auditions d’entrée. Ça permet de renouveler le personnel artistique. Ça permet également d’évaluer la performance des uns et des autres. L’autre élément non moins important est que nos trois entités, on essaie de les mettre en symbiose. Toutes les créations que nous sommes en train de présenter dans le cadre de la décentralisation, c’est des spectacles de fusion où tu retrouves la musique avec l’ensemble, la danse avec le ballet, le théâtre avec la troupe dramatique. On pouvait les présenter séparément, mais bon, on est une compagnie. Une compagnie, c’est la symbiose, c’est la fusion de ces différentes entités pour qu’elles puissent véritablement donner un spectacle d’envergure. Par exemple à Keur Pathé, on a présenté une bataille de Pathé Badiane, plus de 100 artistes ont été déplacés pour un spectacle d’envergure. C’est ça aussi qu’il faut impulser pour véritablement donner le vrai visage de Sorano.
Aujourd’hui au-delà de Sorano vous êtes dans l’espace culturelle. Est-ce que vous êtes conscient que vous devez être une tête de pont dans la création artistique culturelle pour permettre un dialogue entre la jeunesse et son territoire en fait sa culture. Quelle est votre vision sur la dérive sociale des réseaux sociaux ? Et l’apport du théâtre ?
La culture est un levier puissant d’abord de diplomatie. Mais aussi un facteur de cohésion sociale, de stabilité sociale. Parce que à travers la culture, on peut éduquer, on peut enseigner. On peut aussi véhiculer des valeurs. Vous l’avez bien dit, la déperdition des valeurs découle d’un manque d’éducation. Venons au citoyen carrément, et aussi le fait de rendre les gens heureux, l’épanouissement des citoyens, on a un rôle particulier par rapport à cela. Aujourd’hui, le fait que les gens soient tendus, énervés, le manque de repère, tout cela doit passer par le véhicule de la culture. À travers le théâtre pour l’éducation et la transmission des valeurs, à travers la musique et la danse pour non seulement faire ressourcer les gens à leur identité, mais aussi à les divertir. Aujourd’hui partout où nous nous sommes passés, les gens étaient heureux et contents de voir l’ensemble lyrique, le ballet. C’est ça notre mission. C’est-à-dire aujourd’hui, on peut décrisper le climat social tendu à travers des prestations artistiques, culturelles de grande envergure. Ça, nous ne devons pas épargner les Sénégalais qui sont à Fongolémi et dans d’autres contrées du pays. Nous devons en faire pour tous les citoyens sénégalais où qu’ils puissent être dans le territoire national.
C’est le vocable de sortir le Sorano pour aller faire le théâtre dehors ?
Exactement !
Dans ce segment est-ce que vous pensez aux écoles et universités ?
On a trois projets fondamentalement qui nous permettent de régler ces trois dimensions que j’ai évoquées tantôt. C’est « Sorano chez vous » dans le cadre de la décentralisation des activités, c’est « Sorano à l’école. On va faire une tournée dans les lycées pour donner des prestations théâtrales. Là, on va calibrer ça par rapport aux programmes des écoles. Et en fin « Sorano diaspora ». Dans le cadre « Sorano à l’école » c’est effectivement essayer de relancer le théâtre à l’école. C’est vrai qu’on a une mission particulière qui peut contribuer, paraît qu’il y a d’autres entités qui peuvent aider beaucoup plus. Mais nous sommes déjà dans cette dynamique. D’ailleurs, le 17 mai prochain, nous allons accueillir des écoles choisies et à qui nous avons donné le statut d’invité d’honneur. Ce sont les écoles : Cours Sainte Marie de Hann, Notre Dame, les cours Sacré Cœur. On va présenter la « Malédiction de Raabi» du Colonel Momar Gueye. C’est une façon de faire aimer à cette jeune génération qui n’a pas pu profiter de ce que les anciens ont légué en termes d’héritage. Après on va vraiment se lancer à l’intérieur du pays. Nous sommes en train d’établir un calendrier pour faire le tour des lycées et présenter des spectacles de théâtre digne de ce nom.
LE CRI DE CŒUR DES ACTEURS DU LIVRE
Il serait très important de saisir l’occasion de la tenue de l’Atelier sur le cadre juridique du droit de reproduction par reprographie les 11 et 12 mai 2023 à Dakar pour rappeler tout le dispositif mis en place pour l’effectivité du droit de reproduction
Il serait très important de saisir l’occasion de la tenue de l’Atelier sur le cadre juridique du droit de reproduction par reprographie, les 11 et 12 mai 2023 à Dakar, pour rappeler tout le dispositif mis en place pour l’effectivité du droit de reproduction par reprographie au Sénégal.
Malgré l’entrée en vigueur de la loi 2008 -09 du 25 janvier 2008 portant sur le droit d’auteur et les droits voisins, les écrivains sénégalais perdent chaque année au moins un milliard sur leurs droits d’auteur du fait que les redevables tardent encore à honorer une partie importante de celui-ci au titre de la rémunération par reprographie consacré dans la loi en son Article 35 (…).
La reproduction par reprographie est donc définie comme la reproduction partielle par tout procédé sous forme de copie sur papier ou support assimilé par une technique photographique ou d’effet équivalent, la photocopie, l’impression, la numérisation, le stockage dans des bases de données ou des systèmes d’information d'œuvres écrites ou d'arts graphiques et plastiques ou de leurs versions numériques publiées au Sénégal et de celles mises à disposition au Sénégal en vertu des accords de réciprocité conclus par la société de gestion collective agrémentée.
Ce droit n’a depuis lors, jamais été perçu par les auteurs sénégalais.
Outre les dispositions de la loi 12008-09, le ministre de la culture a pris l’arrêté N° 027704 du 20 août 2021 pour inviter les acteurs sénégalais à respecter ce droit fondamental et légal que les redevables doivent aux écrivains. Cet arrêté fixe les modalités de perception de la rémunération pour reprographie. En effet, il a été constaté que les œuvres imprimées, graphiques et plastiques occupent une place importante dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement, tout comme au sein des entreprises, institutions et autres organismes publics et privés.
Malgré la pandémie de la Covid-19, la SODAV a pu franchir une étape importante dans l’atteinte de ses objectifs parmi lesquels celui de la mise en œuvre de ce nouveau droit du 20 août 2021, avec la signature par le ministre de la culture et de la communication de l’Arrêté n° 027704 qui fixe les modalités de perception de la rémunération pour reprographie.
A rappeler que cette loi s’inscrit dans le cadre de reconnaissance de l’effort de création des auteurs et éditeurs, journalistes. L’objectif aussi c’est d’accroître l’utilisation légale du texte de l’image dans le but d’éliminer les copies non autorisées en faisant assainir la distribution de livres. Il s’agit également de donner la primauté à la gestion collective pour une meilleure prise en compte des droits au Sénégal et dans la sous-région.
Les modalités de la perception
Il faudra noter que la reproduction d’extraits d’œuvres protégées est soumise à autorisation préalable du titulaire de droit et rémunération. Le montant de la rémunération pour reprographie est déterminé en fonction du nombre d’utilisateurs (étudiants, enseignants, chercheurs, employés, etc.). Cette perception est assurée par les agents de la SODAV. Elle devra être perçue annuellement pour le compte des ayants droit.
A ce propos, 65% iront aux auteurs et 35% aux éditeurs. Pour les ayants droits étrangers, la rémunération est répartie selon les modalités convenues à travers les accords de réciprocité.
Redevables et bénéficiaires du droit de reprographie
Les redevables
- Ecoles, collèges, lycées, universités….
- Administration à différents échelons
- Bibliothèques
- Entreprises
- Copie service
- Sphère privée
- les sites Internet spécialisés dans la vente ou la distribution des œuvres
Les bénéficiaires
- Auteurs à savoir les Écrivains (de fiction, de théâtre et poèmes), Auteurs de non-fiction, y compris les auteurs de matériel pédagogique,
-Auteurs de partitions musicales (compositeurs et auteurs-compositeurs),
-Journalistes, Traducteurs ;
-Artistes visuels : peintres, sculpteurs, graphistes et illustrateurs, Photographes…
- Editeurs de livres, revues périodiques, magazines et journaux…
Des pays pionniers comme l’Algérie, le Burkina Faso, Ghana, Malawi, Argentine, Colombie, Jamaïque, Philippines, Roumanie, France, Belgique et la Suisse l’applique au grand bonheur de leurs créateurs.
Les montants collectés au niveau de ces pays laissent entrevoir à quel point cette rémunération pourrait si elle est mise en œuvre, enrichir les bénéficiaires désignés par la loi et en conséquence améliorer et accroître la qualité de la production littéraire et bibliographique nationale.
Chers redevables, accueillez avec compréhension nos prochaines factures !
Payez le droit de reprographie n’est pas une option !
Dans une société où manquent la plupart des chainons liés à l’exploitation des œuvres écrites, il est important que tous les termes de la loi sur les droits d’auteur soient respectés. Or, c’est la loi 2008-09 qui institue le droit à la reprographie et qui prévoit une redevance pour les auteurs dont les œuvres sont ainsi exploitées. Mais depuis les éditeurs comme les auteurs souffrent de ce réel manque à gagner. Ce qui est paradoxal puisque le Sénégal a toujours été pionnier dans la protection des arts et de la culture ; et la bataille pour le statut de l’artiste passe nécessairement par le paiement de la Copie Privée et du Droit à la Reprographie.
Le Président de la République, Premier protecteur des Arts et Lettres est vivement sollicité pour ce manque à gagner qui porte un énorme préjudice aux acteurs du livre, des arts graphiques et de la partition musicale. La volonté du législateur s’est déjà manifestée à l’endroit des auteurs par le vote de la loi sur le Droit d’auteur et les droits voisins et la création de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV), celle des autorités compétentes par la signature de l’arrêté sur la reprographie. Reste maintenant, pour la Sodav, l’effectivité du prélèvement de cette redevance.
Et ainsi, les auteurs d’œuvres écrites et graphiques pourront-ils enfin être bénéficiaires des véritables retombées de leur art qui feront d’eux des hommes heureux d’avoir été choisis par le Créateur pour être à la fois des témoins de leur société et des passeurs de valeurs profondes. Alors pour que jamais ne meurt la plume, le graphique et le chant, il urge de payer les droits à la reprographie.