SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 avril 2025
Culture
par Cheikh Kasse
NOS LANGUES, À CONDITION QU’ELLES PARLENT FORTEMENT NOS IMAGINAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a un rapport idéologique à reconstruire avec sa propre langue : celle de sortir de la vision d’un Universel qui aplatit et détruit les divers cultuels, sociologiques, anthropologiques
Ces deux écrivains, dans leurs prescriptions, posent la centralité d’une langue dans la continuation anthropologique d’une communauté pour la sauvegarde de son imaginaire. C’est par la langue que l’essence d’une communauté se prolonge. Pourquoi il n’y a pas de mots wolofs pour désigner millions, milliards ? La réponse est dans l’absence de propension exagérée d’accaparement et de richesses au-delà des besoins de survie. Pourquoi le mot « mbok » signifie de nos jours « parents » alors qu’il est de la même famille que « bokk » qui veut dire : « se partager, ou ce qui est à tous » ?
Dans la réalité du carnage foncier sous le régime de Macky Sall, ce qui est agité contre son illégalité est une expression, ce qui est à tous, « li ñepp bokk ». La communauté dépose dans les mots le sens fort d’un en- commun. Dans les autres langues africaines, longtemps résilientes aux valeurs capitalo-libéralistes, il y a des traces - mémoires d’un en-commun tenace. Donc, l’enseignement et la pratique de nos langues prolonge leur lente et forte volonté de porter l’identité, les cultures, les imaginaires propres à nos sociétés africaines.
Donc, aujourd’hui, parler, écrire nos langues sont, certes, un palier important dans la reconquête de nos cultures, de notre souveraineté. Mais sont-ils suffisants pour ne pas parler la culture dominante de l’autre ?
Nous vivons dans ce que Patrick Chamoiseau nomme un monde-relié où règne, de nos jours, une domination furtive. Dans la domination brutale, l’injonction était de remplacer sa langue, sa culture par celles des dominateurs. Aujourd’hui, la domination furtive se fait par la cybernétique, les réseaux « sociaux ». Les centres dominateurs ont anesthésié les communautés. Patrick Chamoiseau décrit l’époque dans laquelle nous vivons en ces termes : /…/ La domination furtive ne s’oppose à rien. Ses forces uniformisantes naissent de puissances dématérialisées qui se moquent des vieilles armes. Je pouvais parler ma langue. Hisser mon drapeau. Clamer mon Dieu./…/ Je demeurais la proie de pouvoirs commerciaux : images, médias, finances, médicaments, consommation… Leurs points d’impulsion ne sont plus seulement des États-Territoires, mais, au cœur du cyberspace, des nodules d’interactions qui propagent des standards auxquels tu devrais adhérer.
Si nous sommes dans ce monde de domination furtive du capitalo-libéralisme, parler et écrire sa propre langue ne suffisent plus. Les valeurs standards (l’individu, l’atomisation même en étant en groupe, l’argent, la marchandise, le marché, etc.) passent aussi dans et par nos langues.
Il y a, à mon avis, un rapport idéologique à reconstruire avec sa propre langue. Et Chamoiseau dit qu’il y a lieu de dire contre et à l’endroit de la langue dominante : « Cette langue, c’est ma patrie. Cette langue m’a choisi ou j’habite cette langue. » Cette bifurcation te met en garde de la parler en l’infusant d’énormément de mots d’emprunt d’autres langues comme le français, le wolof, etc. Le présentateur de télévision, de radio, le discoureur dans sa propre langue refuse sciemment le processus de créolisation de leur-s langue-s par des langues dominantes (français, wolof, etc. Ce rapport idéologico- affectif est tout aussi une conscience de se défaire des normes standardisées propagées par la domination furtive qui sont les filets de notre déshumanisation. Alors que nos langues nous parlent autre pour nous rappeler la tradition de notre en-commun : « Nit nitëy garabam », ((traduit difficilement par l’homme est le remède de l’homme), la préservation de notre patrimoine identitaire : ku wacc sa ànd ànd bo dem fekko mu toj » (celui qui abandonne sa culture est sans culture ». Et beaucoup, beaucoup d’autres choses.
L’autre bifurcation fondamentale est le recentrage dans nos langues de nos imaginaires, de nos cosmogonies qui pourtant se démerdent encore par des grouillements païens, traditionnels parce qu’il y a le contrôle d’autres langues, d’autres croyances religieuses. C’est dans ce sens que la prescription de Boubacar Boris Diop et de Ngugi wa Thiong’ o de mettre aux programmes de nos classes les thèses de Cheikh Anta Diop, de traduire nos monuments littéraires en langues nationales pour que les traces-mémoires de nos traditions qui s’y trouvent participent de la re-fondation de notre identité. Césaire nous parle de ne pas nous en faire des clichés de racisme, populisme : « Ce n’est pas par haine des autres races que je m’exige bêcheur (arrogant) de cette unique race (les noirs). »
Dans ce monde-en-relation, des langues disparaissent sous l’œil joyeux des langues dominantes. Des cultures, des cosmogonies aussi par le processus de l’unité universalisante, donc par la négation ou l’uniformisation de ces divers. La bataille idéologique est de sortir de la vision d’un Universel qui aplatit et détruit les divers cultuels, sociologiques, anthropologiques. À ce niveau, la bifurcation se fait par une conscience d’être comme dit Édouard Glissant (écrivain nègre) l’oiseau de son propre divers qui vole vers d’autres lieux qui cherchent pourtant à imposer leurs divers derrière le masque de l’Universel.
C’est quoi le divers que chacune de nos langues doit porter ? Hélas, je cite encore Chamoiseau (oiseau de Cham, l’ancêtre des noirs brûlés par Dieu selon l’imaginaire européen mais principalement méditerranéen, Chamoiseau est un fils de descendants d’esclaves noirs de Martinique). Il écrit : « le divers est ce qui me densifie et me disperse, m’éloigne et me ramène, me nomme et me dilue, m’a précédé et me prolongera. » Le seul véhicule des divers d’une communauté qui entre en relation avec d’autres est sa langue. Et pour continuer ce que nous fûmes, « les fils aînés du monde », sans se faire absorber et sans le faire à d’autres, Édouard Glissant nous parle : « Maintenir notre lieu dans le monde pour signifier le monde entier. »
Dr Cheikh Kasse est Enseignant-chercheur en littérature orale.
LIRE POUR LUTTER CONTRE LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE
Pour sa 4e édition, le festival 72h de poésie et slam de Kédougou met la lutte contre les violences faites aux femmes à l'honneur. Organisé par l'association Food For Children, cet événement rassemblera à nouveau poètes et slameurs du 17 au 19 mai 2024
La 4e édition du festival des «72h de poésie et slam» de Kédougou aura lieu du 17 au 19 mai 2024 à Salémata. Organisé par Food For Children (Ffc) de Kédougou, ce festival, selon le président de l’association, Moussa Seydou Diallo, veut promouvoir la richesse culturelle de la région par la force de l’oralité
La 4e édition du festival des «72h de poésie et slam» de Kédougou se déroulera du 17 au 19 mai 2024 à Salémata. Pour cette édition, le festival s’inscrit dans une démarche engagée et résolument tournée vers la promotion de la lecture et la lutte contre les violences basées sur le genre. Dans un communiqué de presse, le président de l’association Food For Children (Ffc) de Kédougou, Moussa Seydou Diallo, informe que ce festival veut promouvoir la richesse culturelle de la région par la force de l’oralité. «A cet effet, elle a jugé opportun, voire nécessaire, d’organiser une telle activité qui promeut le livre et la lecture tout en participant au développement du patrimoine culturel immatériel dont regorge la région de Kédougou. La culture étant un puissant vecteur de communication pouvant déboucher sur un changement de comportement des populations, nous pensons que le festival est un moment fort et/ou offre un cadre de communication, pour le renforcement de l’inclusion et la cohésion sociale par un changement de paradigme et l’adoption de nouvelles pratiques et/ou comportements soucieux des droits humains et sensible à l’environnement», indique le président de l’association. D’après Moussa Seydou Diallo, en reconnectant l’enfant à la lecture par la promotion et le développement du livre par des moyens à la fois ludiques et pédagogiques comme la poésie (slam) et le conte, il s’agit de mieux faire prendre conscience à ce dernier de l’importance de la lecture comme «nourriture» de l’esprit d’une part, et d’autre part, comme outil de construction des connaissances, du savoir, savoir-faire et savoirêtre. «C’est conscient que le livre est un outil indispensable pour l’éducation, l’information, l’expression créatrice, le progrès social, le plaisir personnel et le dialogue des cultures que l’enfant est placé au cœur avec des ateliers d’écriture, de prise de parole, de dire poétique pour lui permettre de s’exprimer et d’exploiter le génie créateur qui sommeille en lui», dit-il.
Sous le thème : «Lire pour lutter contre les violences basées sur le genre», le festival, annonce Moussa Seydou Diallo, rassemblera artistes, poètes et slameurs comme Meïssa Mara, Dieuwrine-j, Double Servo et El Hadj Leeboon, aux côtés des jeunes slameurs de Kédougou déjà formés par le festival lors des précédentes éditions, pour célébrer la richesse de l’oralité et sensibiliser le public à cette cause fondamentale.
Cependant, le choix du thème de cette édition, encore dira-til, n’est pas fortuit. En effet, précise-t-il, selon des études alarmantes, un nombre significatif de femmes au Sénégal subit des violences physiques et verbales, souvent dans le silence et l’invisibilité. « Après les 3 précédentes éditions, l’association Food For Children dont les objectifs sont, entre autres, de promouvoir la scolarisation des enfants et prévenir le décrochage précoce par l’amélioration de l’environnement scolaire de l’enfant, promouvoir le livre et la lecture par la valorisation des expressions culturelles, lutter contre le paludisme et l’insécurité alimentaire par la valorisation des produits locaux et le développement d’initiatives citoyennes locales, veut offrir les mêmes opportunités aux enfants du département de Salémata et encourager les collectivités territoriales à intégrer l’activité dans leur agenda culturel», a fait savoir M. Diallo dans le document.
par Alymana Bathily de SenePlus
OMAR BLONDIN DIOP, IN MEMORIAM, ENCORE
EXCLUSIF SENEPLUS - Témoignage de l'engagement et des intuitions géniales de ce compagnon trop tôt disparu. Une figure majeure mais trop peu connue de la lutte anticoloniale
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 12/05/2024
Samedi 11 mai 2024, 51e anniversaire de son assassinat. Je n’arrive pas à parler de mort tout simplement, même si on n’en a toujours pas établi les circonstances.
Les éditions Jimsaan de Felwine Sarr ont saisi la date. Pour se joindre à la cérémonie d’hommage et de prières que la famille et les amis d’Omar organisent chaque année, en ce jour. Pour aussi présenter au public la biographie écrite par un jeune historien franco-canadien de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Florian Bobin, sous le titre « Cette si longue quête ».
J’ai été invité par Felwine Sarr pour parler de notre héros avec l’auteur, en compagnie de Dr Dialo Diop, frère cadet d’Omar et pour répondre aux questions du public.
J’ai souligné qu’Omar Blondin Diop avait été un intellectuel de haut vol, ce dont on ne parle pas assez. Ce qui n’est pourtant pas étonnant puisqu’il avait été formé dans les établissements d’élite français : lycée Montaigne, lycée Louis Legrand puis École Normale Supérieure de Saint Cloud.
J’ai rappelé qu’il projetait de soutenir une thèse sur Spinoza dans le sillage de son professeur Louis Althusser qui avait ouvert la voie à la recherche sur la relation entre le jeune Marx et Spinoza. Ce qui fera école plus tard en France et partout en Europe. Mais à l’époque, quand Omar s’y intéressait, le sujet ne faisait pas encore l’objet de recherches.
J’ai fait référence aussi à deux intuitions intellectuelles fulgurantes d’Omar : celle relative à son « projet de théâtre urbain » et celle sur la musique et sa consommation. A propos de son projet de théâtre, il écrivait : « Notre théâtre sera celui de la vie … ». « Rétablir le contact avec le peuple à partir de son expérience quotidienne, de son histoire et de son langage… », était un autre mot d’ordre de son manifeste.
J’ai suggéré que cette intuition d’Omar semblait avoir résonné comme en écho auprès de Ngugi Wa Thiogo qui allait expérimenter quelques années plus tard, au début des années 1970, avec ses collègues de l’Université de Nairobi, le Théâtre Itinérant Libre.
« Le vrai langage du théâtre africain ne se trouve qu’auprès du peuple, surtout de la paysannerie, dans sa vie, son histoire et ses combats », écrira l’écrivain kenyan.
L’autre intuition intellectuelle étonnante d’Omar est esquissée dans ce texte intitulé « Esthétique de la destruction outre atlantique. Du développement de la nouvelle musique populaire » qui date de juillet-décembre 1968. Il l’introduit ainsi : « de la musique, on peut dire ce qu’Arthaud disait de la drogue, certains s’en servent pour guérir, d’autres pour en jouir… ».
Il y a encore ceci : « la musique pop est donc une entité hybride : elle est à la fois une industrie (mass-medium) et un lien culturel où on rencontre des individus qui se caractérisent par la communauté d’âge… ». Suivent des pages lumineuses sur « la mise en condition du public par les mass media », la filiation de la musique pop avec le rock n’ roll et le rythm and blues, la création du « public » et de « l’audience ».
On croirait entendre Stuart Hall et les théoriciens des media studies de l’Université de Birmingham qui pourtant, ne feront école qu’à partir des années 1980. L’un des mérites du livre de Florian Bobin, c’est d’avoir révélé toutes ces fulgurances intellectuelles d’Omar. D’autant que l’introduction de Boubacar Boris Diop a très bien mis l’homme en perspective.
Au sortir du panel, j’ai pourtant ressenti une certaine frustration avec l’impression de n’avoir pas dit l’essentiel sur mon compagnon. Comme toujours quand je parle de lui. Je me suis dit que j’aurais dû dire seulement qu’Omar Blondin Diop était en fait comme nous tous de cette génération qui a eu autour de vingt ans à la fin des années 1960. Nous ressentions tous cette humiliation de laissés pour compte de l’histoire que le lycée et l’université nous rappelait insidieusement. La révolution était pour beaucoup d’entre nous le seul horizon, le seul espoir.
Omar était seulement plus renseigné sur la réalité du monde, plus structuré, plus intelligent donc plus conscient de la domination et du racisme de la France et de l’Occident, et plus meurtri. Plus sensible et plus courageux certainement. C’est cela qui explique son destin d’étoile filante.
LA QUÊTE INACHEVÉE D'OMAR BLONDIN DIOP
Cinquante et un ans après sa mort dramatique dans les geôles du régime autoritaire de Léopold Sédar Senghor, une nouvelle biographie retrace le parcours épique du militant révolutionnaire sénégalais, sous la plume du chercheur Florian Bobin
(SenePlus) - Cinquante et un ans après sa mort dramatique dans les geôles du régime autoritaire de Léopold Sédar Senghor, une nouvelle biographie retrace le parcours épique du militant révolutionnaire sénégalais Omar Blondin Diop. Publiée le 11 mai 2022 chez Jimsaan, à l'occasion de l'anniversaire de sa disparition, "Cette si longue quête - Vie et mort d’Omar Blondin Diop" du chercheur Florian Bobin relève, à en croire le compte rendu du journal Le Monde, le défi de reconstituer avec minutie le destin hors du commun de cette icône de la lutte anti-impérialiste en Afrique.
Comme le souligne le préfacier Boubacar Boris Diop dans son hommage émouvant, Blondin Diop incarnait cette jeunesse africaine avide de changement social. Fils de médecins formés dans les prestigieuses Écoles normales coloniales, le brillant étudiant devient en 1965 le premier Sénégalais diplômé de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, en France. C'est là qu'il noue des amitiés avec des intellectuels de renom comme Jean-Paul Sartre et fait la rencontre de Jean-Luc Godard qui le fait tourner dans son film "La Chinoise". Mais loin de la rendre conformiste, cette ascension sociale ne fait que conforter ses convictions marxistes-léninistes, comme le rapporte un ami inquiet de le voir s'opposer ouvertement au président Senghor.
En effet, Blondin Diop révèle au grand jour son militantisme radical lors des événements de Mai 68, pendant lesquels il se livre corps et âme aux côtés d'étudiants parisiens et dakarois réclamant plus de libertés politiques. Au Sénégal, la révolte étudiante est violemment matée par la police de Senghor. Dès lors, l'intellectuel ne cessera de dénoncer le caractère néo-colonial du régime, osant même affirmer à l'ULB que "l'indépendance de l'Afrique n'a jamais existé". Très documenté, le livre de Bobin restitue avec force détails les discours passionnés de Blondin Diop auxquels aucun auditoire ne résistait.
Mais l'engagement total du jeune homme ne s'arrête pas à la tribune. Comme le rapporte l'auteur après des années d'enquête, Blondin Diop part se former au combat armé auprès du Fatah et des Black Panthers, dans l'espoir de libérer des camarades emprisonnés. Une décision fatale, puisque le Mali l'extrade vers Dakar en 1971. Malgré un procès expéditif, il demeure droit et digne dans sa cellule, refusant de renier ses idées. Mais sa santé décline et il trouve tragiquement la mort à 26 ans seulement, sur l'île de Gorée.
Si le régime de Senghor prétend alors qu'il s'est suicidé, c'est bien le portrait du martyr révolutionnaire qui s’impose dans les mémoires. Ainsi, cette biographie rend hommage à la détermination d'Omar Blondin Diop, qui restera à jamais une figure emblématique de la lutte anti-impérialiste en Afrique. Cinquante ans plus tard, son héritage intellectuel et politique continue d'inspirer les nouvelles générations.
LA RESURRECTION DE NEEW BI
Le rappeur Abdourahmane Sèye à l’état civil, plus connu sous le pseudo de «Neew bi» signe son retour avec un nouvel album de 9 titres. Ce, après une absence de 6 ans suite à une longue maladie. L’artiste signe sa résurrection avec l’opus «Vigilance»
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 11/05/2024
Le rappeur Abdourahmane Sèye à l’état civil, plus connu sous le pseudo de «Neew bi» signe son retour avec un nouvel album de 9 titres. Ce, après une absence de 6 ans suite à une longue maladie. L’artiste, qui revient de loin, signe sa résurrection avec l’opus «Vigilance».
«Vigilance». C’est le titre de l’album du rappeur Neew bi (La dépouille). C’est une production nouvelle qui marque le retour sur scène de Abdourahmane Sèye à l’état civil. C’est une résurrection après une longue absence de 6 ans. Dans un entretien avec Seneweb, l’un des artistes les plus écoutés durant une décennie raconte sa mésaventure. Une longue maladie l’a contraint à un retrait de l’univers musical. Il a failli tomber dans l’anonymat. N’ayant plus les moyens, d’après Seneweb, il a jugé nécessaire de faire une pause, le temps de chercher un boulot. Il est passé partout pour essayer de s’en sortir puisqu’il a travaillé d’abord comme vigile pour faire des économies et préparer son album, «Vigilance» qui est composé de neuf titres. L’artiste parle de sa vie avec des messages pointus adressés à la société. Ayant traversé une vie difficile avec beaucoup d’obstacles, le rappeur a bénéficié d’une cagnotte qui lui a permis de surmonter des contraintes et de refaire sa vie d’artiste. Dans cet album, il parle de la souffrance et de la méchanceté.
Neew bi n’est pas mort. Il a réussi une belle production artistique de qualité avec l’aide de label Mpossible Groupe qui a rendu publique l’œuvre ce week-end. «Pour trouver du travail, une entreprise m’a engagé en tant que vigile. J’ai vécu beaucoup de choses et j’ai appris la vie et ses réalités. Je prenais les cars ‘’Ndiaga Ndiaye’’, parfois je marchais pour rejoindre mon domicile. C’était un moment très difficile de ma vie avec une maladie qui m’a rendu vulnérable. J’ai décidé de partager mon expérience de vie avec le grand public. C’est pourquoi j’ai produit cet album», a-t-il raconté à Seneweb. Avec cette nouvelle production, l’artiste prend un nouveau départ pour la reconquête de sa place dans le paysage musical.
L'ECONOMIE DU LIVRE EST DIFFICILE
Felwine Sarr, écrivain sénégalais non moins économiste s’exprime sur la question de l’impact que crée la crise économique sur l’édition, c'était lors de la première rentrée littéraire de la maison d’édition «Jimsaa»
La maison d’édition «Jimsaa» organise depuis le mercredi 8 mai plus précisément, sa première rentrée littéraire. A cette occasion, Felwine Sarr, écrivain sénégalais non moins économiste s’est exprimé sur la question de l’impact que crée la crise économique sur l’édition. Interrogé par Sud Quotidien, il confie que « L'économie du livre est difficile»
Pouvez-vous revenir sur la quintessence de la rentrée littéraire de la maison d’édition «Jimsaan»?
L'idée de cet évènement, c'est après 10 ans d'existence de venir présenter un certain nombre d'auteurs que Jimsaan a publié et de créer une chaîne littéraire vers un lieu de débat autour de romans, en invitant les auteurs et en faisant en sorte qu'on puisse les interroger en entrant en profondeur dans leurs œuvres, dans leurs esthétiques et dans leurs propos. On a présenté quatre auteurs hier (jeudindlr), et aujourd'hui on en présente deux et demain un. On veut contribuer à l'animation de la vie intellectuelle et culturelle du pays, en proposant justement des discussions autour de la littérature et des essais issus du travail que l'on fait depuis un certain nombre d'années.
D’où est venue l’idée de mettre sur pied cette maison d’édition « Jimsaan » ?
Avec Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia, il y a plus de 10 ans, on était trois auteurs Sénégalais qui publiaient à l'étranger et on estimait qu'on pouvait créer une maison d'édition exigeante et de qualité sur le continent, au Sénégal, pour que nous soyons pas tous obligés, si on veut une publication de grande qualité, de nous faire éditer à l'étranger. C'est ça le début de l'idée. Et puis, on a vu aussi des textes importants qui ne circulaient plus comme Malick Fall, « La plaie », « Comment philosopher en islam ? » de Souleymane Bachir Diagne. Il y avait tout un travail de réédition à faire pour faire ré-exister les textes. Aussi, un travail de repérage pour découvrir de jeunes auteurs comme Mouhamed Mbougar qui est devenu aujourd'hui incontournable mais c'était aussi de poser un regard sur la scène, sur les auteurs qui émergent et de les accompagner.
Quelles sont les attentes ?
De découvrir beaucoup d'auteurs du continent qui ont du talent qui ne demandent juste qu'à entrer dans une structure qui les encadre, de porter aussi un regard sur le monde à partir d'ici et aussi d'accueillir des voix du monde qui ne sont pas des voix africaines, qui veulent entrer en dialogue avec nos préoccupations et nos questions.
Quid de l’impact de crise économique sur l’édition en général ?
C'est extrêmement difficile, parce que l'économie du livre est difficile. Les livres sont chers pour les bourses et les pouvoirs d'achat. Il faut minimiser les coûts, les faire circuler, les distribuer mais en même temps en minimisant les coûts à l'extrême on risque d'avoir des produits de toute mauvaise qualité. On essaie de trouver un équilibre entre la qualité, l'exigence et le prix. On s'est fixé une règle, c'est de vendre tous nos livres en dessous de 10 000F. Il se vend à 6500F, 7000F, 8000 mais les livres de 380 pages, on essaie de les vendre en dessous du seuil de 10 000 F CFA
JIMSAAN FAIT SA PREMIÈRE
La Maison d’édition a organisé, mercredi, sa première rentrée littéraire dans ses locaux à Dakar, un évènement de quatre jours (du 8 au 11 mai) qui veut contribuer à l’écosystème du livre, a dit l’écrivain Felwine Sarr, l’un de ses fondateurs.
La Maison d’édition « Jimsaan » a organisé, mercredi, sa première rentrée littéraire dans ses locaux à Dakar, un évènement de quatre jours (du 8 au 11 mai) qui veut contribuer à l’écosystème du livre, a dit l’écrivain Felwine Sarr, l’un de ses fondateurs. Six nouveaux ouvrages édités par «Jimsaan» seront présentés au cours de cette rentrée littéraire.
Jimsaan » ambitionne ainsi de s’ancrer dans son territoire et de contribuer à l’écosystème du livre avec cette rentrée littéraire où six nouveaux ouvrages d’horizons différents (Sénégal, Colombie, France/Algérie) édités par la maison d’édition seront présentés avec des conversations entre auteurs, des tables rondes autour du livre et des dédicaces, selon Felwine Sarr. « Nous voulons mettre la lumière sur le livre, la littérature, la transmission, la culture. Nous voulons participer à notre manière à cet écosystème du livre, car tous les livres ont été fabriqués au Sénégal. Nous avons travaillé avec les imprimeurs et libraires locaux. Nous avons vraiment l’envi d’être un élément de l’écosystème et d’y contribuer pour qu’il soit de grande qualité en faisant un travail d’édition rigoureux », a-t-il dit.
Il a estimé que le travail sur la culture est important car ‘’c’est un travail de sens, de signification et de lien social’ ». Pour Felwine Sarr, « ce travail a un contenu politique, car le Sénégal a vécu des moments difficiles et c’est un travail en profondeur. La culture a donné des ressources aux gens pour résister à la crise (…) face à l’autoritarisme, la pensée a pris le dessus ».
La maison d’édition ‘’Jimsaan’’ a été créée, il y a dix ans, par trois écrivains sénégalais, Boubacar Boris Diop, Nafissatou Dia Diouf et Felwine Sarr. L’objectif pour ces trois auteurs qui publiaient à l’époque à l’étranger était « de produire des textes originaux, singuliers, de qualité qui s’inspiraient de nos imaginaires, nos vécus, notre existence et qui s’inscrivaient dans nos espaces et nos récits et les imaginaires du monde », a dit Sarr.
par Ngugi wa Thiong'o et Boubacar Boris Diop
LETTRE OUVERTE À BASSIROU DIOMAYE FAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les langues sénégalaises doivent être au coeur du nouveau Sénégal. Cela doit commencer par l'abandon du préalable de la maîtrise du français par les candidats à la présidence
Ngugi wa Thiong'o et Boubacar Boris Diop |
Publication 09/05/2024
Excellence, Monsieur le président de la République,
Permettez-nous de nous présenter avant d'en venir au cœur de notre propos. Nous sommes Ngugi Wa Thiong'o du Kenya et Boubacar Boris Diop du Sénégal. Tous deux romanciers et essayistes, nos œuvres les plus connues sont respectivement Decolonizing the Mind : The Politics of Language in African Literature (1986) et Murambi, le livre des ossements (2000), consacré au génocide perpétré en 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Ce qu'il importe toutefois de souligner au regard de la motivation principale de cette lettre ouverte, c'est qu'en plus de notre production littéraire en anglais et en français - les langues des anciens colonisateurs - nous avons publié des ouvrages dans nos langues maternelles, le Kikuyu et le Wolof parmi lesquels Matigari (1986) et Bàmmeelu Kocc Barma (2017).
Nous vous félicitons sincèrement pour votre investiture en tant que nouveau président de la République du Sénégal. Nos félicitations vont également à votre Premier ministre et compagnon de lutte, M. Ousmane Sonko. Par cette brillante élection qui n'a été contestée par aucun de vos rivaux, le peuple sénégalais ne vous a pas choisi comme son maître mais comme l'esclave de ses rêves. Il ne fait aucun doute à nos yeux que vous saurez vous hisser à la hauteur de ses espérances.
Nous ne nous sommes certes jamais rencontrés en personne mais toute l'Afrique, en vérité le monde entier, vous connaît et nous savons que votre jeunesse même a fait souffler un vent d'optimisme sur le continent africain. C'est du reste pour cette raison que nous avons pris la liberté de nous adresser aujourd'hui à vous en tant que vos aînés, à l'africaine en quelque sorte, mais aussi en tant que deux de vos admirateurs.
Si l'Afrique va aujourd'hui encore si mal, c'est la faute de ses leaders politiques qui, à quelques exceptions près, comme Kwame Nkrumah, ont trahi les populations africaines. De mauvais dirigeants ont tout simplement normalisé les anomalies du colonialisme et du néo-colonialisme, qui n'est rien d'autre que l'africanisation du système colonial. Voilà pourquoi nos ressources naturelles continuent depuis si longtemps à enrichir l'Europe et l'Occident. Au moment où les regards de ces complexés restent obsessionnellement tournés vers l'Occident, on ne peut manquer de s'interroger : où sont donc nos inventeurs ? Nos ingénieurs ? Nos explorateurs spatiaux ? L'Afrique aspire à un leadership capable d'enflammer l'imagination de sa jeunesse. Mais cela ne pourra jamais se faire avec des présidents qui ne savent qu'imiter l'Occident, des présidents qui ne croient ni en eux-mêmes ni en leurs peuples. Vous, Excellence, vous avez la possibilité d'ouvrir pour votre peuple des sentiers nouveaux, vous pouvez lui redonner une telle confiance en lui-même qu'il traitera, tout naturellement, d'égal à égal avec toutes les autres nations de la terre. Gardez cependant à l'esprit que si vous choisissez cette voie, vous vous ferez bien des ennemis en Occident. Ce que l'Europe et l'Occident attendent de l'Afrique, c'est qu'elle n'arrête jamais de mettre ses matières premières à leur disposition sans rien recevoir en contrepartie. N'acceptez pas une telle iniquité. Et s'ils vous diabolisent pour cela, et ils ne manqueront pas de le faire, ne vous en souciez pas, car seul doit compter pour vous le jugement du peuple sénégalais.
Nous aimerions à présent partager avec vous quelques brèves réflexions sur la question linguistique qui nous est très familière en tant qu'écrivains. Nous avons choisi de nous concentrer sur ce problème particulier parce que, à notre humble avis, sa résolution est un préalable à toute révolution économique, politique, sociale et culturelle, et donc au bien-être de vos compatriotes.
Voici quelques points que nous tenons à souligner :
Votre pouvoir tire sa force des citoyens sénégalais. Vous les défendez, ils vous défendent. Vous leur parlez, ils vous parlent. Mais vous ne pouvez pas le faire en utilisant une langue qu'ils ne comprennent pas. N'est-ce pas là une évidence, M. le président ?
Les langues sénégalaises doivent être la pierre angulaire du nouveau Sénégal. Chaque Sénégalais a le droit d'exiger le respect de sa langue maternelle. Évitez toute hiérarchisation des langues. Priorité donc à la langue maternelle, qu'elle soit le pulaar, le seereer, le soninke, le wolof, le mandinka, le joolaa ou toute autre langue parlée au Sénégal. Mais si une langue sénégalaise, par exemple le wolof, devient celle qui permet la communication entre tous les Sénégalais, cela ne doit poser aucun problème. Voici notre conception de la politique linguistique : la langue maternelle d'abord. Ensuite, disons, le wolof. Ensuite, disons le swahili, le français, etc. Si vous connaissez toutes les langues du monde sans connaître votre langue maternelle, vous êtes en état d'esclavage mental. En revanche si après avoir maîtrisé votre langue maternelle vous y ajoutez toutes les autres langues du monde, vous n'en serez que plus riche et plus fort.
Encouragez les traductions entre les langues sénégalaises. C'est à nos yeux un point fondamental. Nous proposons à cet effet la mise en place d'un centre national d'interprétation et de traduction qui permettrait une symbiose et une fertilisation croisée entre les langues de votre pays et entre celles-ci et les langues de l'Afrique et du monde. Votre Excellence, de nombreux Africains ont apprécié le fait que lors de votre première visite officielle en Gambie, vous et le président Barrow avez échangé directement en wolof. Nous savons également que, contrairement à vos prédécesseurs, vous prononcez la plupart de vos discours à la fois en français et en wolof et nous pensons que c'est exactement ce qu'il faut faire. Faites votre discours dans une langue sénégalaise, puis mettez-le à disposition dans toutes les autres langues sénégalaises avant de le faire traduire en français. Aux Nations Unies, parlez dans une langue sénégalaise et votre propos pourra faire l'objet d'une traduction simultanée dans les langues de travail de cette organisation internationale. En d'autres termes, faites comme tous les autres présidents du monde, prononcez vos discours dans votre langue. En visite en France par exemple, faites-vous accompagner d'un interprète et adressez-vous dans une langue sénégalaise à votre homologue de l'Élysée. En bref, veillez à faire respecter partout les langues sénégalaises. Et cela doit commencer par l'abrogation dès que possible de l'étrange et embarrassant article 28 de la Constitution sénégalaise, qui exige de tout candidat à la présidence qu'il sache lire, écrire et parler couramment le français.
Organisez les paysans et les ouvriers sénégalais. Stimulez leur créativité. Ils seront vos plus ardents défenseurs. Ne vous préoccupez pas des soi-disant élites intellectuelles qui, parce qu'elles auraient tant à perdre dans le développement des langues de votre pays, multiplient les manœuvres et les arguments fallacieux pour faire dérailler le train de l'Histoire.
Les œuvres de Sembène Ousmane, notamment Les Bouts-de-bois-de-Dieu, et celles d'autres grands noms de la littérature comme Cheikh Hamidou Kane, devraient être disponibles dans toutes les langues sénégalaises. Quant à Cheikh Anta Diop, il est temps que ses livres soient au programme de toutes les écoles de votre pays.
Nous souhaitons aussi que les littératures progressistes d'Afrique et du reste du monde soient disponibles dans les langues sénégalaises et enseignées dans vos écoles et dans vos universités.
Nous savons bien que le Sénégal sera votre priorité. Mais il faudra ensuite vous tourner vers l'Afrique puis vers l'Asie et l'Amérique latine avant de penser à l'Europe. Et cette option devrait se refléter dans le système éducatif.
Faites du Sénégal une nation de penseurs, d'inventeurs, d'artisans, d'explorateurs, une nation de créateurs, ouverte à tous les vents du monde et capable de faire respecter ses intérêts vitaux.
En espérant que ces idées et suggestions de deux compatriotes africains de bonne volonté retiendront votre attention, nous vous prions de croire, Excellence, à notre profond respect.
Your Excellency President Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Allow us to introduce ourselves to you before getting to the heart of what we have to say. We are Ngugi Wa Thiong'o from Kenya and Boubacar Boris Diop from Senegal. Both novelists and essayists, our best-known books are respectively Decolonizing the Mind: The Politics of Language in African Literature. (1986) and Murambi, le livre des ossements (2000), about the genocide perpetrated in 1994 against the Tutsis in Rwanda. But the most important thing to emphasize with regard to the motivations behind this open letter is that we have not exclusively published works in English and French - the languages of the former colonizers - but also novels - including Matigari (1986) and Bàmmeelu Kocc Barma (2017) - in our mother tongues, Kikuyu and Wolof.
Congratulations on your assumption of power as the new President of the Republic of Senegal. Our congratulations also go to your Prime Minister and brother in arms, Mr. Ousmane Sonko. With this brilliant election, which not one of your rivals contested, the Senegalese people have not chosen you as its master but as its servant. We have no doubt whatsoever that you will live up to this expectation. We have never met in person but all Africa, indeed the world, has met you and we know that your youth gives Africa hope. That's why we are writing to you as both your African elders and admirers.
Up to now, except for a few leaders like Kwame Nkrumah, the African leadership has betrayed African people. They have simply normalized the abnormalities of Colonialism and neo-colonialism which is simply the Africanization of the colonial system. Our resources have continued to develop Europe and the West. As we only look up to the West, one wonders where our inventors are? Our engineers? Our space explorers? Africa longs for a leadership that can fire the imagination of the continent’s youth. But we cannot do that when our leadership simply mimics, always imitating the West, with no belief in ourselves, in our people. You are in a position to steer Senegal onto a new and different path towards a collective self-confidence, relating to the world on the basis of equal give and take. But if you choose that path, you will create enemies in the West. The West wants an Africa that always gives to Europe and the West. Don't accept an inequity which will be at the expense of your people. And if they demonize you for that, just don't care, don't accept any other judge than the Senegalese people.
Let us now share a few thoughts. We 've chosen to focus on the language problem, because as writers we're familiar with it, but also because, in our humble opinion, the resolution of the language problem is a prerequisite for any economic, political, social, and cultural revolution, and therefore for the well-being of your compatriots.
These are some points we want to stress:
1.Your Power is the Senegalese people. You defend them, they defend you. You speak to them they speak to you. But you cannot do that using a language they can't understand. It is as simple and self-evident as that.
2. Senegalese languages must be the bedrock of the new Senegal. Every Senegalese has a right to their mother tongue. Avoid hierarchy of languages. So, mother tongue first, be it Pulaar, Seereer, Soninke, Wolof Mandinka or Joolaa or any other language spoken in Senegal. But if one Senegalese language, say Wolof, becomes the language that enables conversation among all the other Senegalese languages, that is good. The language policy: Mother tongue first. Then say, Wolof. Then say Swahili, French etc. If you know all the languages of the world, and you don’t know your mother tongue, that is mental enslavement. But if you know your mother tongue, and add all the languages of the world to it, that is empowerment.
3. Encourage translations among Senegalese languages. This is a particularly important point for us. To that end, set up a national interpreting and translation center that would enable a symbiosis and a cross-fertilization between the languages of your country, and between them and the languages of Africa and the world. His Excellency, many Africans appreciated the fact that during your first official visit to the Gambia, you and President Barrow spoke directly to each other in Wolof. We also know that, unlike your predecessors, you make most of your speeches in both French and Wolof, and we think that's exactly the right thing to do. Make your speech in a Senegalese language and then make it available in all the other Senegalese languages. And then in French etc. At the United Nations, speak in a Senegalese language. You can have it translated and or interpreted into French or English, as necessary. In other words, do what all other Presidents in the world do; they make their speeches in their languages. In France, with a French President, speak to him in a Senegalese language. You have an interpreter with you etc.
In short, please invest in the Senegalese languages. And this must start with the repeal at the earliest opportunity of the strange article 28 of the Senegalese Constitution, which requires all presidential candidates to be able not only to speak but also to read and write French.
4. Organize the Senegalese farmers and workers. Fire their imagination. They are your defenders. Don't worry about all the self-proclaimed elites who have so much to lose in the development of your country's languages, and who are multiplying maneuvers and specious arguments to derail the train of History.
5. The works of Sembène Ousmane, especially God’s Bits of Wood, and those of other literary giants like Cheikh Hamidou Kane should be available in all Senegalese languages. As for Cheikh Anta Diop, his books should be taught in all Senegalese schools
6. Progressive literatures from Africa and the rest of the world should be made available in Senegalese languages and also taught in Senegalese schools and universities
7. Senegal first. Then Africa. Then Asia and Latin America. Then Europe etc. This should be reflected in the country’s educational system.
8. Senegal must become a nation of thinkers, inventors, manufacturers, explorers, a nation of makers of things, relating to the world on the basis of equal give and take.
These are, His Excellency, just a few thoughts from two African compatriots and well-wishers from Kenya and your beloved Senegal.
Respectfully yours,
SUR LES TRACES DU MARIAGE FORCÉ
Le film du réalisateur sénégalais, « Goufdé » a été diffusé à la clôture du festival Saint Louis Docs. Ce documentaire de 56 minutes donne la parole à des femmes victimes de cette pratique portant ainsi un regard critique sur cette tradition détourné...
Le film du réalisateur sénégalais, Oumar Bâ « Goufdé » soulève le voile d’un combat des femmes Peulhs. Ses grandes royales des temps modernes sont vent debout pour éradiquer une coutume séculaire, le « Goufdé », qui est un kidnapping de jeunes filles promise afin de la marier sans dote ni dépense.
Tradition est-elle toujours sagesse ?
Le film du réalisateur sénégalais, « Goufdé » a été diffusé à la clôture du festival Saint Louis Docs. Ce documentaire de 56 minutes donne la parole à des femmes victimes de cette pratique portant ainsi un regard critique sur cette tradition détourné de son objectif de base, sous le soleil de la modernité.
Oumar Ba pose, subtilement, le viseur de sa caméra dans un décor de fouta célébrant un mariage, une réception et la jeunes mariée montrant fièrement ses mains teint au henné.
Un autre plan obscur d’un coucher du soleil annonce une réalité clairE obscure, la question de l’enlèvement des jeunes filles par « un fiancé » afin que le mariage soit prononcé sans payer la dote et/ou faire des dépenses de fête.
Seulement, toutes les adolescentes rêve de célébrer, l’un des jours les plus importants de leur vie, le mariage.
Pis, toutes les victimes du « Goufdé » sont intransigeantes sur la question. Elles sont contre la pratique du « Goufdé ».
Des jeunes filles entre 14 et 15 ans, pour la plus part, posent devant l’objectif de la caméra, certaines pudique, moins confiante que leurs mers plus expérimenter.
Le « Goufdé », c’est, disent-elles, « un mariages de forcés ». C’est un mariage précipité explique, un enseignent, dans une classe d’alphabétisation… dans un élan de sensibilisation.
Quelles est la ligne de démarcation entre us et coutumes et violence ?
Une victime narre que c’est à ses 14 ans que des amis d’un « fiancé », l’ont obligé, suite à son rapt « Goufdé » à être docile, sous la menace… Ce, sous le caché de la coutume de la communauté peulh de rapt de jeunes filles, « Goufdé ».
Les plans fixes mettent en scène une vielle pratique, à mi-chemin entre mariages forcés et tradition, qui perd de plus en plus de crédibilité au fil des âges.
Mais certains hommes essayent de justifier la pratique invoquant la question économique. C’est même un « business pour certains charretiers Goufeurs », qui poussent le bouchon avec une préparation mystique avant de faire l’opération. Pour ces derniers, essentiellement masculin, « le Goufdé, c’est une réalité ». Le protagoniste soutient la pratique, sous un arrière-plan d’un marché de bétail.
Des femmes vent début pour combattre cette pratique d’une autre époque.
La leaders du groupement utilise son téléphone, symbole de modernité, pour convier la réunion enfin de faire front commune et lutter contre la pratique du « Goufdé ».
La pratique, selon les femmes cause des « souffrances dans les ménages… ».
Au marché de légumes, elles s’activent pour assurer une certaine autonomie.
L’éducation des filles kidnappés, au nom du « Goufdé », est interrompu et des rêves brisés dans la foulée.
Les mères impuissantes clament que le « Goufdé, c’est mauvais… », remettant ainsi en cause une pratique d’une société, patriarcale, conservatrice.
La pratique est réfutée, « c’est un mariage forcé ». Des flash-back mettent en lumière la cérémonie de mariage et toute sa beauté…
Le combat des femmes lui est lancé pour que la pratique disparaisse.
La sensibilisation est mise en branle dans une communauté ou presque toutes les femmes sont touchés, de près ou de loin, par le phénomène.
A côté des plaintes des mères, de jeunes filles se prononcent également sur les risques d’accidents blessures graves… lors d’opération de rapt.
Dans cette communauté musulmane (prière en groupe), un goufeur dit avoir kidnapper neuf fois, à son avis, c’est une réalité. Les femmes, elles, tirent la sonnette d’alarme sur le fait qu’à « 14 15 ans, c’est trop tôt pour une fille de se marié et tenir un foyer ».
Le goufeur, (dans le film) lui a marié sa femme dans les règles de l’art en payant la dote et organisant une fête et sa fille est contre la pratique ainsi que sa femme mais l’homme est pour la perpétuation de la pratique.
Le réalisateur film ainsi la parole. La force de ce film réside dans la capacité de glisser dans le comique pour discuter de question sensible.
Les femmes pensent que cette coutume doit être tout simplement banni, « sa cause du tort, trop d’atrocités », la tristesse se lit dans le regard des femmes victimes.
Le chant de yéla de femmes et des hommes donnant des billets de banque apaise les esprits. Le débat est posé sur la place publique à travers une émission télé sur la question de la perpétuation ou l’éradication du « Goufdé ».
Les positions sont tranchés pour les femmes la pratique « peut être dangereuse ».
Les filles sont ambitieuses et la pratique donne un pieds de nez à leurs instructions
Pour elles c’est des pratiques des hommes… Elles prônent le respect des règles du mariage.
Les hommes eux invoquent la question économique pour justifier la pratique. Ils estiment que le Goufdé peut être adapter.
Comment ?
Les femmes sont formelles, « c’est une forme de violence ». Elles sont donc, contre les mariages forcés. Pour elles, le combat c’est pour améliorer les conditions des femmes. Tradition n’est pas toujours sagesse.
MULTIPLE PHOTOS
GUAL BI TER, UNE ŒUVRE POIGNANTE QUI QUESTIONNE L'IMMIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Une pirogue coupée en deux exposée à Ouakam. Derrière cette œuvre choc se cache une réflexion sur l'immigration clandestine et ses conséquences. L'artiste Moussa Ndiaye questionne aussi les difficultés des communautés côtières à travers ce symbole fort
L'artiste sénégalais Moussa Ndiaye frappe fort avec sa dernière création, "Gual bi Ter". Cette installation monumentale sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles attire l'attention sur les réalités complexes de l'immigration et les défis auxquels sont confrontées les communautés côtières au Sénégal.
"Gual bi Ter" met en scène une pirogue coupée en deux, symbole puissant des tragédies humaines liées à l'immigration clandestine. L'œuvre invite à une réflexion profonde sur les motivations des migrants, les dangers qu'ils encourent et les conséquences de ces migrations sur la jeunesse.
"Gual bi Ter" est une composition artistique soigneusement élaborée, mettant en scène une pirogue chargée d'histoire. Ayant chaviré sur la plage de Ouakam, cette embarcation venue d’ailleurs a été le théâtre d'une tragédie humaine, transportant des migrants clandestins cherchant un avenir meilleur en Europe. L'œuvre explore visuellement cette histoire en positionnant les deux moitiés de la pirogue à la verticale, se faisant face et créant un espace entre elles qui offre une vue suggestive sur la mer. L'installation évoque une pirogue inclinée vers le ciel, remettant en question l'image traditionnelle dans la culture lébou d'une embarcation pointant vers l'océan.
Ndiaye explore également d'autres thématiques cruciales, telles que la pêche infructueuse, les pertes foncières et le manque de perspectives d'avenir pour la jeunesse. Son message est clair : il est urgent de trouver des solutions durables aux problèmes qui touchent les communautés côtières sénégalaises mais aussi à ces voyages périlleux qui impactent toute une génération en désespoir sur tout le continent africain.
Un geste de résistance artistique face à la prédation foncière
Le choix d'installer "Gual bi Ter" sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles n'est pas anodin. Cette plage, lieu symbolique et cher aux Lebou de Ouakam, était menacée par une prédation foncière. En choisissant d'y installer son œuvre monumentale, Moussa Ndiaye a posé un geste de résistance artistique, attirant l'attention sur cette problématique et empêchant la destruction de ce site patrimonial.
La dimension monumentale de l'œuvre a imposé le respect et a contribué à clore le débat sur l'avenir de cette plage. "Gual bi Ter" est devenu un symbole de la lutte contre la prédation foncière et un rappel de l'importance de préserver le patrimoine culturel et naturel du Sénégal.
"Gual bi Ter" est une œuvre d'art puissante et émouvante qui ne manquera pas de susciter des débats et réflexions. C'est une invitation à repenser nos perceptions de l'immigration et du développement et à agir pour un monde plus juste et équitable.
Un dialogue ouvert et constructif
L'objectif de Moussa Ndiaye n'est pas de donner des leçons ou de proposer des solutions toutes faites. Il s'agit plutôt d'ouvrir un dialogue, de susciter la réflexion et d'encourager une prise de conscience collective. Son art agit comme un catalyseur de discussions et d'actions, permettant de faire avancer la cause des communautés marginalisées et de construire un avenir meilleur.
"A travers cette œuvre je cherche à donner une voix visuelle aux réalités difficiles de l'immigration et à stimuler une prise de conscience sur les défis complexes auxquels font face les communautés côtières au Sénégal mais aussi la jeunesse africaine les poussant vers ces périlleux voyages. Je souhaite inspirer un dialogue ouvert et constructif sur ces enjeux."