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19 avril 2025
Développement
AU SÉNÉGAL, ÊTRE FEMME EST UN COMBAT
Voile, vêtements amples, précautions infinies : rien n'y fait. Comme des milliers de Sénégalaises, Lissa Diop subit le harcèlement au quotidien. Et quand les victimes osent parler, c'est souvent pour s'entendre dire qu'elles l'ont bien cherché
(SenePlus) - "Notre habillement, nos précautions, notre voile, cela ne suffit pas." Cette phrase, comme un cri du cœur, résume le désarroi des femmes sénégalaises face au harcèlement sexuel. Une enquête menée par La Maison Des Reporters révèle l'ampleur d'un phénomène systémique qui gangrène la société, des rues de Dakar aux transports en commun.
Le quotidien de la peur
Le 7 février 2022, alors que le Sénégal célébrait sa première victoire en Coupe d'Afrique, Lissa Diop vivait l'enfer. Cette responsable de communication se souvient avec précision de son agression : "Au début, je pensais que c'était juste un vol. Mais ils ont commencé à déchirer mes vêtements, certains à toucher mon corps." Pratiquante de boxe, elle a tenté de se défendre : "Je vais beaucoup taper, beaucoup mordre [...] mais cela devient violent, il y a des coups qui viennent de partout."
Dans les transports en commun, principaux moyens de déplacement au Sénégal, la situation est particulièrement alarmante. Qu'il s'agisse des bus "Tata", des cars rapides ou des "clandos", les témoignages se multiplient. Fanta Ndiaye, étudiante en médecine de 21 ans, raconte une expérience traumatisante : "J'étais étonnée et dégoûtée ; je suis restée une vingtaine de minutes à regarder ces gouttelettes de sperme sur mes chaussures en me demandant comment nettoyer ce ramassis de saleté."
La double peine des victimes
Le récit de Mame Sega Lo, étudiante en master d'anglais, illustre un autre aspect du problème : la culpabilisation des victimes. Après avoir été agressée dans un bus avec ses sœurs, elle raconte : "Une dame dans le bus a continué à nous insulter et à nous traiter de menteuses, faisant même des remarques sur nos habits, affirmant que si nous avions été agressées, c'était de notre faute."
Cette culpabilisation est profondément ancrée, comme en témoigne Dieynaba Tall, 22 ans, agressée dans un taxi : "J'avais l'impression que c'était ma faute, que j'avais fait quelque chose pour mériter ça." Pour échapper à son agresseur qui la harcelait, elle a dû sauter du véhicule en marche.
Un cadre juridique insuffisant
Le Code pénal sénégalais, dans son article 319 bis, prévoit des peines allant de six mois à trois ans d'emprisonnement pour harcèlement sexuel. Mais comme le souligne Me Ndeye Coumba Kane interrogée par La Maison Des Reporters, cette définition reste limitée : "Le Code pénal se concentre sur le harcèlement commis par une personne ayant autorité sur la victime dans un cadre professionnel."
Les chiffres sont éloquents : selon une étude de l'Ansd de novembre 2024, 17% des femmes âgées de 15 ans ou plus ont subi des violences sexuelles hors du cadre conjugal. Pourtant, à l'Association des Femmes Juristes du Sénégal (AFJS), les cas de harcèlement déclarés ne représentent que 1% des 1 132 dossiers traités entre 2021 et début 2024.
Une société à transformer
Madjiguène Sarr, juriste à l'AFJS, pointe du doigt les racines profondes du problème : "Les violences faites aux femmes traduisent des rapports inégaux entre hommes et femmes, qui tiennent leur origine du système social basé sur le patriarcat. Ce système crée et perpétue des préjugés et stéréotypes sociaux néfastes envers les femmes."
Les solutions existent pourtant. La juriste recommande plusieurs réflexes essentiels : "Chercher des témoins, prendre des photos ou vidéos, se faire établir un certificat médical, porter plainte." Mais au-delà des procédures, c'est un changement de mentalité qui s'impose : "La société doit avoir à l'esprit qu'une victime de violences a besoin d'être crue, écoutée avec bienveillance, d'être protégée et mise hors de danger."
En attendant ce changement sociétal, les femmes continuent de subir ce fléau quotidien. Comme le résume une victime : "Notre habillement, nos précautions, notre voile, cela ne suffit pas." Une phrase qui résonne comme un appel à l'action collective pour mettre fin à ce cauchemar silencieux.
Peut-on rester pur en politique ? C'est la question que pose Fary Ndao dans son premier roman "Le Dernier des arts". Il révèle une plume affûtée, nourrie par douze années de pratique du slam et une passion dévorante pour la chose politique
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à RFI, Fary Ndao dévoile les ressorts de son premier roman "Le Dernier des arts", une plongée dans les méandres du pouvoir en Afrique de l'Ouest. L'ouvrage suit la trajectoire d'un candidat à la présidentielle confronté à un dilemme moral majeur lors du second tour face à une présidente sortante.
"Est-ce que ce qu'on fait en politique en vaut le coup, mais aussi le coût ?", s'interroge l'auteur, qui place son protagoniste idéaliste face à un choix cornélien. Le candidat découvre qu'un acte moralement répréhensible commis dans son entourage pourrait lui assurer la victoire. Le titre même du roman révèle l'ambivalence de la politique, que l'auteur qualifie comme "à la fois le dernier en terme moral" et "l'art ultime", s'inspirant d'une citation de Voltaire qu'il détourne habilement.
Le roman est porté par des personnages mémorables, dont Demba Diassé, figure inspirée du militant communiste sénégalais Joe Diop. "Il représente pour moi une forme de radicalité et une forme de joie assumée dans le combat", confie l'auteur. Le personnage de Zeynab, épouse du protagoniste, incarne quant à elle une femme puissante qui dépasse le simple statut "d'épouse de". "J'ai fait attention à ne pas trop lier les aspirations de mes personnages féminins à leurs conjoints", précise Ndao.
Ingénieur géologue de formation, Fary Ndao révèle un parcours singulier vers la littérature. "J'ai eu une carrière d'artiste-slammeur pendant 11 années, 12 même", explique-t-il, soulignant l'influence de cette pratique sur son écriture. C'est au contact d'autres écrivains qu'il s'est finalement tourné vers la fiction, porté par une "obsession" pour la politique.
Le roman se conclut sur une fin délibérément ouverte, laissant aux lecteurs "la liberté de poursuivre la réflexion autour des choix moraux qui ont été faits par les protagonistes", selon l'auteur. Une œuvre qui marque l'émergence d'une nouvelle voix prometteuse dans la littérature africaine contemporaine.
"Le Dernier des arts", par Fary Ndao, est publié aux Editions Présence Africaine (350 pages, 17 euros).
TAXAWU DANS UNE SALL D'ATTENTE
Khalifa Sall que beaucoup voyaient en retraite politique après son score décevant à la présidentielle, multiplie les signes annonciateurs d'un comeback. Sa formation, fragilisée par la déchéance de Barthélémy Dias, cherche un nouveau souffle
Le chef de file de Taxawu Senegaal, Khalifa Sall, va-t-il revenir dans l’arène politique ? Ses deux dernières sorties médiatiques semblent répondre déjà à la question. Comment compte-t-il le faire ? Voilà la question qui mérite une attention particulière.
Son score à la dernière présidentielle a été interprété comme une invite à la retraite politique. Une situation que Khalifa Sall semblait accepter au regard du rôle qu’il avait joué aux dernières élections législatives. Son absence sur la liste de la coalition électorale «Samm sa kaddu» était, aux yeux de l’opinion, une approbation du changement générationnel prôné par certains acteurs politiques. Même si en politique l’opportunité fait la circonstance, Khalifa Sall semblait prendre sa retraite. Mais c’était sans compter avec l’affaire Barth’. En effet, un score honorable aux dernières élections législatives du maire révoqué de Dakar aurait signé la fin de la carrière politique de Khalifa Sall. Car, il ne pourrait prendre le risque de compromettre l’ascension de son poulain en s’introduisant dans l’arène politique. Seulement, il n’en est rien. Barth’ étant déchu de ses mandats, il a besoin de bras pour mener sa guerre politique contre le parti Pastef. En plus, Taxawu Senegaal ne peut se permettre de perdre la mairie de la Ville de Dakar et Khalifa Sall, en même temps. L’ancien maire de Dakar dont l’expérience est enviable le sait mieux que quiconque.
Khalifa Sall va-t-il revenir dans l’arène ? La question ne se pose plus, au regard de ses deux dernières sorties médiatiques. C’est plutôt comment compte-t-il revenir qu’il faut se demander. En effet, après la Présidentielle de 2024, les électeurs sénégalais ont envoyé un message clair à la classe politique. Khalifa Sall, qui souffrait d’un déficit d’image, l’a appris à ses dépens. Le remplacement qu’il a voulu opérer avec Barth’ a été sanctionné négativement par les électeurs. Ainsi, avant d’envisager un quelconque avenir politique, l’ancien maire de Dakar devrait gagner le défi du positionnement. Comment exister dans l’arène politique en appartenant à l’ancienne classe politique ? C’est la réponse que Khalifa Sall devra trouver. Par le passé, l’ancien maire de Dakar a su convaincre par sa capacité à renaître. Pour cette fois, il aura bien plus besoin de la «case prison» pour se relancer. En effet, il devra se départir de l’image de «traitre» que le parti Pastef lui a collée. En plus, il devra convaincre les électeurs, qui ont choisi l’alternance, de retourner dans le passé. Cette théorie n’est valable que si Khalifa Sall souhaite personnellement se relancer. Il peut aussi poursuivre le changement en choisissant parmi ses lieutenants une personne capable d’assumer ce leadership. Et à Taxawu Senegaal, ce profil-là ne manque pas. Mais ça ne sera visiblement pas Abba Mbaye. Qui a pris ses distances en critiquant ouvertement Khalifa Sall, accusant ce dernier d’avoir laissé Barth’ «saboter les listes».
A propos des profils, qui peuvent assumer ce rôle, le maire de Yoff a une belle carte à jouer. Proche de ses administrés, il fait son chemin et semble même fédérer au-delà de Taxawu Senegaal. En effet, en prenant l’option de vulgariser son travail sur les réseaux sociaux, Seydina Issa Laye Samb accroît sa cote de popularité au-delà de sa famille politique. Il suffit de faire un tour sur ses pages officielles pour s’en rendre compte. A la limite, il lui est reproché de continuer à militer à Taxawu Senegaal, tellement qu’il est apprécié.
Seulement, le Sénégal ne s’arrête pas qu’à Dakar et Seydina Issa Laye Samb n’a pas encore une carrure nationale comme Barth’ ou Abba Mbaye. Ce qu’il devra bâtir, s’il souhaite devenir le nouveau visage de Taxawu Senegaal.
par Jaly Badiane
LETTRE OUVERTE À BASSIROU DIOMAYE FAYE
Le viol suivi de grossesse d’Awa âgée juste de 9 ans et tout récemment l'agression suivie de meurtre de Diary (12 ans) témoignent d'une réalité tragique : notre pays est à genoux face à ces fléaux
C'est avec une profonde inquiétude et un sentiment d'urgence que nous, citoyens de ce pays, nous adressons à vous aujourd'hui. Les viols et les actes de pédophilie, qui gangrènent notre société, atteignent des proportions alarmantes. Ces crimes, qui brisent des vies et menacent l'avenir de nos enfants, nécessitent des actions immédiates et déterminantes de la part des autorités, au plus haut sommet de l'État.
Chaque jour, des femmes, des jeunes filles, et des enfants tombent victimes de violences sexuelles dans l'indifférence ou le silence. Ces actes ne sont pas seulement des agressions physiques : ils sont des violations fondamentales de la dignité humaine et des droits les plus élémentaires. Le viol suivi de grossesse d’Awa âgée juste de 9 ans et tout récemment l'agression suivie de meurtre de Diary (12 ans) témoignent d'une réalité tragique : notre pays est à genoux face à ces fléaux.
Monsieur le président, dans un pays qui aspire à la justice, au progrès et à la sécurité pour tous, il est inadmissible que tant de victimes continuent de souffrir dans l'ombre, souvent rejetées par leur entourage, parfois ignorées par les institutions censées les protéger. Il est temps de rompre le cycle de l'impunité. Nous vous interpellons, Monsieur le président, pour que votre gouvernement pose des actions fortes, immédiates et visibles. Voici nos propositions :
Réforme du cadre juridique : Adopter des lois plus sévères et adaptées pour criminaliser ces actes et garantir des peines dissuasives. Il est urgent de réformer le code de la famille qui comporte des dispositions discriminatoires à l'égard des filles et des femmes. Ayant ratifié le protocole de Maputo, il est temps que nos lois soient harmonisées afin d'autoriser l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste.
Ces mesures doivent prévoir un allongement des délais de prescription pour les infractions sexuelles, permettant aux victimes de porter plainte, y compris plusieurs années après les faits.
Mise en place de mécanismes de protection et d'accompagnement des victimes : Nous demandons la création de centres d'accueil spécialisés, offrant une prise en charge psychologique, juridique et médicale, ainsi que des plateformes d'alerte accessibles à tous.
Formation et sensibilisation : Les forces de l'ordre, le personnel judiciaire et les acteurs sociaux doivent être formés pour comprendre l'ampleur et la gravité de ces crimes, afin de garantir un traitement juste et respectueux des victimes.
Une campagne nationale contre les violences sexuelles : il est impératif d'éduquer nos citoyens sur ces questions, de briser les tabous et de mobiliser la société civile dans la lutte contre ces pratiques inhumaines.
Monsieur le président, l'Histoire retiendra vos actions et vos décisions dans ce combat pour l'innocence de nos enfants et la dignité de nos femmes. Votre mandat peut devenir celui d'une révolution sociale et morale, celui qui mettra fin à l'impunité et restaurera la confiance des citoyens envers l'État.
Les victimes, les familles et tous les citoyens attendent de vous non seulement des paroles, mais surtout des actes concrets, rapides et déterminants.
Le temps presse, Monsieur le président. Chaque jour d'inaction condamne davantage de vies. L'heure est venue de faire de cette lutte une priorité nationale. Nous croyons en votre capacité à entendre cet appel et à agir avec la fermeté et la compassion que cette situation exige.
Respectueusement,
Jaly Badiane est militante des droits humains.
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AES : FELWINE PLAIDE LE RETOUR DANS LA CEDEAO
Felwine appelle le Mali, le Burkina Faso et le Niger à réintégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qu’ils ont officiellement quittée il y a quelques semaines, afin d’engager un dialogue constructif pour résoudre les problèmes
Felwine Sarr a récemment appelé le Mali, le Burkina Faso et le Niger à revenir au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’ils ont officiellement quittée il y a quelques semaines. Selon lui, le départ de ces trois pays, qui ont fondé l’Alliance des États du Sahel (AES), représente un gâchis, d’autant plus que les problèmes ayant conduit à cette rupture auraient pu être résolus par le dialogue. Il souligne que cet ensemble régional, malgré ses imperfections, a mis du temps à se construire et repose sur des acquis importants. « Pas besoin de jeter le bébé avec l’eau du bain », a-t-il déclaré
De nombreuses critiques ont été adressées à la CEDEAO, accusée par ses détracteurs, notamment par l’AES, d’être sous influence française, voire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Cependant, pour Felwine Sarr, bien qu’il reconnaisse les nombreuses erreurs commises par la CEDEAO, l’accusation selon laquelle cette organisation serait une marionnette entre les mains de Paris relève du complotisme et manque de fondements solides. « Je me méfie du complotisme. (…)Je ne crois pas que ce sont des pantins. », a-t-il dit au sujet des dirigeants de la CEDEAO.
Il est vrai que la CEDEAO a pris des décisions controversées, notamment en imposant des sanctions considérées comme illégales, comme l’embargo sur le Niger suite au coup d’État. Ce "deux poids, deux mesures" dans sa gestion des crises est un fait que Felwine Sarr reconnaît volontiers.
Cependant, il estime que ces erreurs ne justifient pas une rupture aussi radicale. « Les membres de la CEDEAO ont mis des années à construire cet ensemble régional. Même si elle n’est pas parfaite, la CEDEAO reste l’une des organisations régionales les mieux structurées du continent. » Il cite en exemple des acquis tels que le passeport communautaire et la libre circulation des personnes dans toute la région.
Felwine Sarr exhorte donc les membres de l’Alliance des États du Sahel à réintégrer la CEDEAO. Selon lui, la majorité des griefs exprimés par l’AES peuvent être réglés par le dialogue. Concernant les accusations portées contre la CEDEAO par l’AES, qui l’accuse de servir les intérêts impérialistes occidentaux, Felwine Sarr nuance : « Je ne crois pas que ce sont des pantins. » Ces propos, recueillis par AfricaGlobe TV, reflètent son appel à une résolution pacifique et constructive des tensions pour éviter une fracture durable au sein de la région.
L'ÉCONOMIE VERS DE NOUVEAUX SOMMETS
Le PIB bondit de 8,9% au troisième trimestre 2024, dont 6,8 points grâce au pétrole, tandis que le secteur industriel progresse de 32,1%. Cette performance pourrait être remise en cause par la volonté gouvernementale de revoir les contrats
(SenePlus) - Dans une analyse publiée par Jeune Afrique (JA), l'impact significatif du géant pétrolier australien Woodside sur l'économie sénégalaise se dévoile à travers des chiffres impressionnants. Le troisième trimestre 2024 marque un tournant historique pour le pays, avec une croissance remarquable du PIB de 8,9%, propulsée principalement par l'exploitation pétrolière.
L'exploitation du gisement Sangomar, inaugurée en juin 2024, représente une étape cruciale dans le développement économique du Sénégal. Selon les données de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), citées par Jeune Afrique, le secteur pétrolier contribue à lui seul à hauteur de 6,8 points dans cette augmentation spectaculaire du PIB.
Le secteur industriel connaît une expansion particulièrement notable, avec une progression de 32,1%. Cette croissance s'accompagne d'une évolution positive dans les autres secteurs, comme le révèle JA : le secteur primaire enregistre une hausse de 4,6%, tandis que le tertiaire progresse de 1,3%.
En termes financiers, les résultats sont éloquents. Le PIB nominal atteint désormais 4 815 milliards de francs CFA, soit plus de 7,3 milliards d'euros. Le secteur industriel voit sa contribution augmenter significativement, passant de 899,3 milliards à 1 164,3 milliards de F CFA. Plus impressionnant encore, la valeur des activités extractives a plus que triplé, atteignant 371,4 milliards de F CFA au troisième trimestre 2024, contre 106,9 milliards au trimestre précédent.
Woodside Energy, décrite par Jeune Afrique comme la plus grande entreprise pétrolière et gazière indépendante d'Australie, vise une production ambitieuse de 100 000 barils par jour depuis le gisement Sangomar, situé à environ 100 kilomètres au sud de Dakar. Cependant, cette success story connaît quelques zones d'ombre : l'entreprise fait face à un redressement fiscal contesté de plus de 41 milliards de francs CFA.
L'avenir s'annonce encore plus prometteur avec l'exploitation prochaine du méga-gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) par BP, prévu pour 2025. Toutefois, comme le souligne le site d'information, les nouvelles autorités sénégalaises, sous la direction du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, souhaitent renégocier les contrats existants. Leur objectif est clair : "rééquilibrer les termes" des accords précédents pour maximiser les bénéfices pour le Sénégal.
Les projections initiales établies sous la présidence de Macky Sall estimaient les revenus combinés de Sangomar et GTA à environ 700 milliards de francs CFA annuels sur trente ans. Ces perspectives pourraient évoluer avec la nouvelle approche du tandem Faye-Sonko, déterminé à redéfinir les termes de la collaboration avec les opérateurs étrangers.
par Kristian Laubjerg
LA VIOLENCE POLITIQUE COMME STRATÉGIE DE COMMUNICATION
Derrière l'utilisation systématique du terme 'terroriste' se cache une réalité bien plus nuancée, où les notions de résistance, d'occupation et de légitimité s'entremêlent
Cet article examine plusieurs questions essentielles concernant l’utilisation de l’étiquette de "terroriste". Les Palestiniens, représentés par le Hamas (1), auraient-ils disposé de moyens plus pacifiques lorsqu’ils ont attaqué les régions du sud d’Israël le 7 octobre 2023 ? Le Hamas a été inscrit sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis en 1997. Cela fait maintenant plus de 23 ans que le président américain George W. Bush a lancé la « guerre contre le terrorisme ». L’objectif de cette guerre était de promouvoir la démocratie, la liberté et les droits humains afin de supprimer les causes du terrorisme international.
Les États-Unis ont souvent eu de grandes difficultés à respecter les conventions internationales pendant cette guerre. Ils ont fréquemment eu recours à des violences extrêmes et à la terreur, notamment en capturant des prisonniers qu’ils transféraient dans des lieux secrets, où ces derniers subissaient violences et tortures. Ce comportement reproduit aujourd’hui ce que l’on observe dans le conflit d’Israël contre les Palestiniens. Le récit véhiculé par les médias traditionnels occidentaux affirme qu’Israël est une démocratie. Par définition, Israël ne pourrait donc pas mener des actes terroristes ou prendre des otages et aurait au contraire le droit de se défendre contre des terroristes – une qualification pourtant validée à l'origine par son principal allié, les États-Unis.
Cet article montre comment le récit des médias traditionnels manipule le public afin de promouvoir des politiques favorisant les intérêts des États-Unis et des nations occidentales. La population ciblée par ces médias est conditionnée à associer systématiquement l’étiquette de "terroriste" à ceux qui s’opposent aux intérêts des États-Unis.
Contexte
L’origine du terme "terroriste" remonte à l’après-Révolution française, à la fin du XVIIIe siècle, lorsque Robespierre régna par la terreur entre 1792 et 1794. Les royalistes et les opposants au principe d’égalité – l’un des principes fondamentaux de la Révolution – étaient torturés et tués. Depuis, le concept de terreur a souvent été associé à des objectifs révolutionnaires et à la résistance contre l’ordre établi. Déclarer un ennemi "terroriste" permet de le transformer en monstre – ou, pour reprendre les mots du Ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, en "animal" – évoquant la peur et la panique rien qu’à la mention de ce terme.
Les récents épisodes de violence au Proche-Orient ont ravivé le débat sur la nécessité de définir universellement ce qui qualifie un acteur de "terroriste". Les États devraient-ils être exemptés de cette qualification, même lorsque la violence exercée par leurs agents, comme l’armée israélienne (IDF), dépasse largement celle du Hamas et du Hezbollah ? Le Hamas est une entité élue qui administre Gaza depuis 2006, théoriquement sous l’égide de l’Autorité palestinienne, laquelle a reconnu le Droit international humanitaire, ce qui implique des obligations tant pour Israël que pour le Hamas.
L’État d’Israël contrôle tous les aspects de la vie à Gaza. La population entière y est surveillée et soumise à un contrôle strict. Israël approuve toutes les marchandises entrant dans Gaza, et aucun Palestinien ne peut entrer ou sortir sans l’approbation des autorités israéliennes. Ces autorités contrôlent même les approvisionnements en nourriture et en eau. La rétention de ces biens essentiels constitue le fondement de l’accusation de génocide portée contre Israël.
Pour rendre justice aux crimes les plus graves commis dans le monde, la communauté internationale a créé la Cour pénale internationale (CPI)(2). En novembre 2024, celle-ci a émis des mandats d’arrêt contre un leader militaire du Hamas ainsi que contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.
D’après les autorités juridiques internationales, Israël demeure une puissance occupante et, à ce titre, est tenu de garantir les besoins fondamentaux de la population qu’il occupe. Lorsque les moyens pacifiques échouent à mettre fin à une occupation étrangère, les peuples ont le droit de se battre pour leur liberté et leur indépendance. Le droit des Palestiniens à l’autodétermination est largement reconnu. De nombreuses résolutions de l’ONU ont confirmé ce droit, notamment la résolution 242 du Conseil de sécurité adoptée en novembre 1967.
Les médias traditionnels, en collusion avec les politiques dictées par quelques grandes agences de presse, se concentrent rapidement sur les atrocités commises par le Hamas tout en écartant leur justification et leur contexte. Un communiqué conjoint publié en décembre 2023 (3) éclaire pourtant les raisons derrière ces événements tragiques.
Les médias n'ont fait aucune référence aux nombreuses résolutions de l'ONU déclarant l'occupation israélienne des territoires palestiniens illégale et en conflit avec le droit international. L'attaque a été décrite avec un vocabulaire qui ne pouvait laisser personne indifférent. Les récits ont été amplifiés par la prise de deux cent cinquante otages par le Hamas. Le terme "prise d'otages" est généralement appliqué à un acte commis par des terroristes, tandis que le terme "prisonnier" est réservé aux États entreprenant des actes similaires. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a capturé plus de 10 500 civils palestiniens en Cisjordanie. Ils sont détenus sans procès équitable et souvent soumis à la torture. Officiellement, ils sont appelés prisonniers mais ne sont pas différents des otages et pourraient faire partie d'un accord d'échange avec les personnes capturées par le Hamas.
Il est rapidement apparu que la contre-attaque d'Israël à l'insurrection du Hamas n'était pas seulement une question de vengeance. L'objectif est de chasser les Palestiniens de leur terre ancestrale par tous les moyens disponibles, y compris en ciblant les civils lors de raids aériens et terrestres, par la famine, la destruction d'hôpitaux et d'écoles, et en bloquant toute aide et nourriture entrant à Gaza depuis Israël.
L'argument
Suite aux événements spectaculaires du 11 septembre 2001, avec trois attaques terroristes contre les États-Unis, ce pays a pris la tête de la guerre mondiale contre le terrorisme. Il est vite devenu évident que cette guerre n'avait pas l'intention de cibler tous les terroristes, mais seulement ceux qui menaçaient les intérêts des États-Unis et de leurs collaborateurs. Nous soutiendrons que si un État ami de l'Occident politique applique des méthodes terroristes contre des terroristes non étatiques et des États parrainant le terrorisme, tels que définis par le Bureau du contre-terrorisme du Département d'État américain, ces États ne seront pas enregistrés comme terroristes, ni par l'Occident ni par l'ONU.
Cet article montrera que deux ensembles de vocabulaires sont utilisés pour décrire des actions identiques de deux parties belligérantes lorsque l'une est enregistrée comme terroriste. Ainsi, un point important de l'article est que les terroristes sont principalement ceux qui utilisent des actes incroyablement violents qui menacent l'ordre mondial existant tel que dirigé et servant les intérêts des États-Unis et de leurs alliés principalement occidentaux, ainsi que les valeurs présumées inhérentes aux démocraties libérales telles qu'elles ont évolué et été définies par les politiques de libre marché et les droits de l'homme.
L'utilisation des concepts dépend de leur contribution au soutien et au renforcement du pouvoir américain. Les États-Unis font souvent des déclarations de façade sur les valeurs démocratiques et les droits de l'homme. Ils appliquent un récit qui donne une image d'eux-mêmes comme leader des démocraties libérales, alors que la vérité est que les États-Unis ont des États clients parmi les monarchies médiévales, les juntes militaires, les autocraties présidentielles et les démocraties libérales.(4) Lorsque les États-Unis et leurs alliés catégorisent un acte comme terroriste, ils sont conscients de la connotation péjorative du terme et comprennent que son utilisation condamne et délégitimise tout motif politique que l'acte cherche à promouvoir, même lorsqu'un monde plus juste et égal pour tous fait partie des valeurs centrales de la mission du soi-disant terroriste.
Ce type d'étiquetage négatif s'applique au cas du Hamas, qui, au fil des années, est devenu le principal parti de résistance luttant pour la libération des Palestiniens dans la Gaza occupée et en Cisjordanie. Le Hamas est devenu un combattant contre une force d'occupation israélienne contrôlant la vie quotidienne des Palestiniens. En l'absence d'une définition générale du terrorisme, nous soutiendrons que ceux qui enregistrent un acte comme terroriste le font sur la base d'intérêts opportunistes et nationaux servant à préserver l'hégémonie américaine et à assurer le soutien aux alliés tout en brisant et en rendant difficile l'établissement d'alliances entre pays opposés à cette hégémonie.
La catégorisation de l'organisation Hamas comme terroriste conduit automatiquement à des attitudes négatives envers ses activités malgré sa base de popularité parmi le peuple qu'elle défend. Nous soutiendrons que les médias exploitent ce fait pour des raisons commerciales plutôt que de présenter l'acte dans son contexte politique, historique et socio-économique pour permettre au public de mieux comprendre l'importance de l'événement.
De plus, nous soutiendrons qu'il n'y a pas de différence entre le terrorisme commis par des acteurs étatiques et non étatiques en ce qui concerne le ciblage des civils et la cruauté des méthodes appliquées. S'il y a une différence, elle apparaît dans l'ampleur de la violence et le nombre de victimes touchées. Des États comme Israël ont accès à des armements modernes et avancés. Ce sont les méthodes, et non les acteurs, qui doivent déterminer si un acte doit être qualifié de terroriste. Nous pensons que les acteurs commettant un soulèvement violent contre un ennemi occupant sont justifiés, surtout en dernier recours lorsque d'autres approches plus pacifiques ont été épuisées.
Les acteurs étatiques commettant des actes similaires doivent être condamnés et sanctionnés, car un État comme Israël dispose des ressources et de la technologie pour protéger les civils. Cet article vise à refléter la compréhension d'une communauté qui a été opprimée et menacée dans son identité au point d'être convaincue que le seul moyen restant d'affirmer sa dignité est de commettre un acte violent contre la force occupante et ceux qu'elle représente, qu'il s'agisse de civils ou de représentants du régime. On dit parfois que la rébellion violente est justifiée, ou que son atrocité morale est rectifiée, par le manque d'alternatives.
Le 7 octobre 2023, une attaque violente a eu lieu contre les agences militaires et de sécurité israéliennes. Au moment de cette rébellion contre un ennemi occupant, certains civils ont été blessés, d'autres tués, tandis que d'autres encore ont été pris en otages. Il n'entre pas dans le cadre de cet article de déterminer l'innocence des civils impliqués dans l'attaque. Ces civils innocents étaient-ils des dommages collatéraux, comme les Américains appellent les victimes innocentes des guerres ? La conscience des atrocités de l'État d'Israël contre les Palestiniens rend-elle les civils complices ? Aucun Israélien ne peut ignorer que 750 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres en 1948 pour être remplacés par de nouveaux arrivants juifs dans les territoires palestiniens. Depuis lors, les Palestiniens ont soit été occupés par Israël, soit vécu comme des citoyens de seconde classe dans un État d'apartheid. L'événement de 1948 a été nommé la Nakba - la catastrophe.
Le Hamas devrait-il s'abstenir de soulèvements violents en tant que seul parti de résistance de facto ? Ne serait-ce pas comme abandonner tout espoir de libération ? Le discours sur le droit d'Israël à se défendre dissimule la croyance que les actes terroristes commis par les États sont considérés comme moralement défensifs. Nous soutiendrons qu'une position similaire s'applique aux mouvements de libération luttant pour l'établissement d'une souveraineté et d'une libération nationale, comme le fait le Hamas. Nous pensons que la violence exercée par le Hamas est d'une nature différente de celle qui, par exemple, a été perpétrée par le groupe somalien al-Shabaab lorsqu'il a tué plus de 700 étudiants à l'Université de Garissa au Kenya en 2015.
Le poids de l'étiquette terroriste
Avec plus de 200 définitions du terrorisme, il n'est pas étonnant qu'aucun accord n'existe sur une définition générale. Par conséquent, les sentiments subjectifs et les motivations de l'agent enregistreur jouent un rôle essentiel dans la catégorisation des individus, des organisations et des États comme terroristes. Le terme "terroriste" devient une partie de l'arsenal pour combattre un ennemi. On peut douter de l'utilité d'enregistrer une entité comme terroriste lorsqu'on constate que les États-Unis sont le pays le plus actif pour proposer et décider qui est terroriste.
Lorsqu'ils enregistrent une entité comme terroriste, les États-Unis obligent leurs alliés à adopter et accepter cet enregistrement. Les États-Unis appliquent des sanctions négatives contre les pays qui ignorent la catégorisation terroriste. Les implications d'être enregistré comme terroriste ou sponsor du terrorisme ont un coût élevé. On estime que le revenu par habitant de Cuba est d'un tiers ou d'un quart de ce qu'il serait sans les sanctions américaines contre un État sponsor du terrorisme.
Le point de vue idéologique du Bureau du contre-terrorisme du Département d'État américain façonne la signification du terrorisme. Ce département enregistre un parti politique comme terroriste et ignore le contexte quand c'est le plus opportun pour les États-Unis. La guerre actuelle au Moyen-Orient entre le gouvernement démocratiquement élu du Hamas à Gaza et Israël ignore le fait que l'attaque du Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023 était une réponse à l'occupation israélienne et au blocus de Gaza, qui est devenue la plus grande prison à ciel ouvert du monde sans issue pour les prisonniers.
Le Hamas a relancé une guerre de libération qui, selon le DIH, constitue une cause légitime de résistance violente lorsque toutes les autres options ont été explorées. Ainsi, le droit de résister à une occupation illégale est un droit protégé et essentiel des peuples occupés partout. Nous pensons que toutes les approches, y compris diplomatiques, ont été tentées depuis qu'Israël a occupé en 1967 ce qui restait de la Palestine après la création d'Israël en 1948.
Tous les efforts vers une solution permettant aux deux peuples de vivre côte à côte ont échoué. Avant le 7 octobre, la libération palestinienne de l'occupation israélienne avait progressivement perdu son urgence en tant que priorité politique au sein de la communauté internationale. La réponse d'Israël à l'événement du 7 octobre 2023 a suscité une sympathie mondiale pour la guerre de libération du Hamas, et les yeux du monde se sont concentrés sur Gaza et finalement aussi sur le Liban.
Pratiquement toutes les parties, acteurs étatiques et non étatiques, opposées à la domination mondiale des États-Unis et de leurs alliés, et particulièrement à la présence de ces puissances au Moyen-Orient, finissent par être enregistrées comme terroristes ou sponsors du terrorisme. Un tel enregistrement présente plusieurs avantages pour les États-Unis. Cela leur permet d'apporter un soutien indéfectible à l'ennemi du terroriste déclaré. La cible de l'État terroriste sera désormais moralement justifiée d'appliquer des moyens non démocratiques pour vaincre l'agent terroriste. Il s'ensuit également que le soutien des États-Unis à l'ennemi enregistré comme terroriste, tel que le Hamas et le Hezbollah, conduit à des demandes accrues de livraisons d'armes. Depuis le début du siècle, la guerre contre le terrorisme a signifié un profit important pour les fabricants d'armes transnationaux.
Les désaccords sur une définition internationalement acceptée du terrorisme vont probablement se poursuivre, principalement parce que cela donne un pouvoir considérable à l'acteur qui enregistre. Pour cette raison, il a été avancé que le terrorisme est un terme bien trop précieux pour les gouvernements des démocraties libérales pour être contrôlé et défini de manière adéquate.
Le privilège d'Israël de tuer
La réaction parmi les démocraties libérales occidentales se considérant comme alliées d'Israël a parlé d'une seule voix : Israël a le droit de se défendre. Cela implique en fait qu'Israël peut utiliser tous les moyens de la guerre moderne pour vaincre son ennemi. Une "démocratie" doit se protéger contre les terroristes, même lorsque l'étiquette est appliquée à un mouvement luttant pour la libération nationale.(5) À l'exception du gouvernement turc, aucun leader du monde politique occidental n'a parlé des droits des Palestiniens à résister à une occupation illégale.
Les dirigeants occidentaux et les médias qui les soutiennent nous ont fait croire que le Hamas, en entrant dans le sud d'Israël à pied ou à moto avec des armes légères, était une menace pour l'existence de l'État d'Israël. Le Hamas n'a pas d'armée moderne, pas de force aérienne, pas de marine, pas de systèmes de défense aérienne et pas d'armes nucléaires, contrairement à Israël. On a dit à la Palestine, y compris la bande de Gaza, d'accepter de vivre à Gaza dans des conditions de camp de concentration, d'accepter la marginalisation, les blessures, l'injustice et l'humiliation pour toujours. On a débattu pour savoir si Israël occupait Gaza puisqu'il n'y avait, jusqu'au 7 octobre 2023, aucune troupe israélienne sur le terrain. Israël a légalisé les colonies juives internationalement illégales en Cisjordanie avec l'objectif apparent de rendre finalement impossible une solution à deux États.
Au cours de la dernière année, des manifestations de masse dans les grandes villes du monde ont commencé à faire évoluer le récit. Face à la destruction de zones résidentielles à Gaza au-delà de toute réparation, le droit d'Israël à se défendre sonne de plus en plus creux. La question a été soulevée quant à la raison d'être de l'attaque du Hamas le 7 octobre. "Pourquoi ont-ils sacrifié leurs vies, celles de leurs familles et amis, et celles du reste des Palestiniens à Gaza ? Pourquoi ont-ils décidé d'affronter l'une des armées les plus puissantes du monde, en utilisant les armes les plus élémentaires ?"(6)
La réponse la plus probable est que l'attaque contre Israël était un appel désespéré au monde pour obtenir de l'aide. Malgré de nombreuses résolutions de l'ONU ignorées par Israël et le gouvernement américain, l'occupation dure maintenant depuis 1967. L'acte du Hamas le 7 octobre devrait être considéré comme peut-être le dernier appel au monde pour attirer l'attention sur les conditions inhumaines dans lesquelles ils ont dû vivre pendant des décennies.
Pas de place pour deux États
L'application du terme "terroriste" au parti Hamas élu de Gaza exclut pratiquement la possibilité d'un État indépendant pour le peuple palestinien, puisque l'influence de l'Autorité palestinienne et du parti Fatah est presque inexistante et n'a aucun poids face à l'occupation israélienne. La résistance la plus importante à l'occupation israélienne est celle fournie par le Hamas. Il est donc devenu impératif pour le gouvernement israélien d'éliminer le Hamas et, avec lui, tous ses partisans de la population de Gaza et un nombre croissant de partisans en Cisjordanie.
Toute la carrière de Netanyahu a été consacrée à écraser les espoirs d'un État palestinien indépendant et à protéger les acquis du mouvement des colons de droite israéliens, sa base politique principale. Pour ce faire, il a dû repousser la pression de l'Europe occidentale. Il utilise l'héritage de l'Holocauste et joue les pays d'Europe de l'Est et centrale contre les vieux pays d'Europe occidentale, tels que la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Le Premier ministre hongrois a été parmi les premiers dirigeants européens à s'opposer à la décision de la CPI. Il a déclaré que Netanyahu serait le bienvenu à Budapest. Il n'aurait rien à craindre en s'y rendant. Le Premier ministre israélien est un grand héros dans certains de ces pays nationalistes et xénophobes qui ne veulent pas d'immigration musulmane. Netanyahu est un héros pour ces dirigeants d'Europe centrale parce qu'il ne se laisse pas bousculer par les autres.
Lorsque Netanyahu a été mis au défi de former un nouveau gouvernement en 2022, il a dû promettre à la droite religieuse qu'il serait, le moment venu, sous réserve du "timing" et des intérêts internationaux d'Israël, favorablement disposé à l'annexion de la Cisjordanie et de Gaza. Une autre étape cruciale vers l'annexion de la Cisjordanie a été le transfert du contrôle de l'armée israélienne à l'administration civile au sein du Ministère de la Défense. Le transfert de l'autorité en Cisjordanie du contrôle militaire au contrôle civil est considéré comme une étape d'escalade vers l'annexion.
Puisqu'une seconde Nakba est devenue impossible à mettre en œuvre, les pays voisins refusant d'accepter les réfugiés palestiniens, il s'ensuit que le meurtre de masse et le génocide offrent des solutions possibles pour éviter la création d'un État palestinien indépendant et permettre l'annexion de la Cisjordanie et de Gaza dans un Grand Israël aux frontières de la Palestine biblique. Le gouvernement israélien et ses porte-parole ont, à de nombreuses reprises après l'attaque du Hamas du 7 octobre, suggéré que les Palestiniens doivent quitter leurs résidences actuelles. Le Premier ministre israélien a même déclaré, dans une interview, qu'il est temps que les Palestiniens cessent de rêver à leur propre État.
Le Jewish Currents a souligné ceci : "Le fait est qu'Israël a une politique concertée pour avoir le plus de terres possible avec le moins de Palestiniens possible - on y arrive de deux façons : le nettoyage ethnique et le meurtre. Et principalement, il a emprunté la première voie, avec des processus de coercition, pour pousser les gens à partir. Cependant, nous voyons maintenant la seconde ; il y a un effort délibéré pour au moins réduire la population à Gaza, pour 'liquider le ghetto'."(7) Dans la planification de la guerre, Israël officiel ne laisse aucune place à une solution à deux États. Par conséquent, il vise à chasser les Palestiniens par tous les moyens, même par des mesures terroristes et génocidaires, de Gaza et de Cisjordanie. Il est devenu évident que les Palestiniens paient le prix de l'Holocauste commis par les Européens.
Le moindre de deux maux
Les pays qui soutiennent des organisations terroristes sont souvent sanctionnés négativement par les puissances occidentales, généralement à l'initiative des États-Unis. L'enregistrement d'une nation entière comme sponsor du terrorisme sert l'impact voulu de bloquer les alliances contre les intérêts américains. Cette arme a été utilisée contre la Libye de Kadhafi, qui a été accusée à plusieurs reprises de financer le terrorisme international, en particulier les groupes luttant pour la libération de la Palestine. Aujourd'hui, l'accusation de parrainage du terrorisme international est le plus fortement adressée à l'Iran, considéré comme essentiel pour la survie et le fonctionnement du Hamas et du Hezbollah. Par conséquent, il a été enregistré comme un État parrainant le terrorisme.
Les États-Unis ont également inclus la Corée du Nord et Cuba sur la liste des quatre États parrains du terrorisme. À l'exception du Corps des Gardiens de la révolution islamique iranien (CGRI), la communauté internationale et l'ONU n'appliquent pas le concept de terroristes aux armées nationales, même lorsqu'une armée est issue d'organisations terroristes et continue de commettre des actes terroristes, comme c'est le cas de l'armée israélienne. Le CGRI a été classé comme organisation terroriste étrangère en 2019 par le président Trump. C'était la première fois que des agents de sécurité d'un État étaient déclarés terroristes. Le CGRI compte 190 000 soldats avec des liens en Afghanistan, en Irak, au Liban et dans les territoires palestiniens.
L'hypocrisie de l'enregistrement d'un ennemi avec un terme chargé de valeur comme terroriste devient apparente lorsqu'on examine d'autres guerres impliquant les États-Unis. Nous nous souvenons des atrocités commises par l'armée américaine au Vietnam, où elle a utilisé des bombes au napalm sur des villages soupçonnés de collaborer avec l'ennemi communiste du Vietcong. L'armée américaine a pulvérisé des champs entiers avec des agents orange - un pesticide - rendant ainsi impossible la culture de produits alimentaires. Le principe derrière ce type de terrorisme d'État commis par le leader du soi-disant monde libre semble être "le moindre de deux maux" - être communiste est un mal, et le moindre mal est d'être tué.
Le terrorisme d'État n'est pas nouveau pour les pays occidentaux. Considérez quand les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale ont entrepris des raids aériens sur Hambourg (1943) et Dresde (1945), avec des victimes civiles de 40 000 et 25 000 respectivement. Ces raids terroristes ont été commercialisés comme nécessaires et jugés moralement justifiés. On supposait que l'objectif délibéré de tuer des civils allemands contribuerait à mettre fin à la guerre et ainsi réduire la souffrance globale. Les mouvements de résistance dans les pays occupés par l'Allemagne nazie ont toujours été considérés comme des combattants de la liberté, même lorsque des civils innocents étaient parmi les victimes. Peut-être que les générations futures jugeront l'acte du Hamas du 7 octobre 2023 d'une perspective différente s'il finit par aboutir à la libération des Palestiniens de l'occupation inhumaine et illégale d'Israël.
Les médias et le terrorisme
L'importance des médias dans la formation de nos opinions et positions politiques est souvent sous-estimée, en particulier par ceux qui sont sous leur influence. La plupart des individus aiment croire qu'ils ont une vision critique des nouvelles qui leur sont présentées. Après tout, la presse opère dans des communautés qui prétendent pratiquer le principe de la liberté d'expression. Cependant, les décideurs sont souvent prêts à agir sur la base d'informations non vérifiées. Ainsi, lorsque Reuters et d'autres agences de presse ont rapporté que des supporters de football israéliens avaient été brutalement battus par des groupes pro-palestiniens aux Pays-Bas, où un match avait été joué début novembre 2024 entre des clubs israéliens et néerlandais, les chefs d'État, des États-Unis au petit Danemark, se sont empressés de déclarer que cela leur rappelait les pogroms subis par les Juifs européens. Après quelques jours, il s'est avéré que les supporters juifs avaient provoqué les troubles.
Un exemple de l'impact silencieux mais constant des médias apparaît dans deux enquêtes menées sur 75 ans. Un échantillon de citoyens français a été interrogé à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur qui, selon eux, avait principalement contribué à la chute de l'Allemagne nazie. En 1945, 57% ont répondu que la défaite allemande était due à l'Armée rouge de l'URSS, et seulement 20% l'ont attribuée aux armées des États-Unis et de leurs alliés. Lorsque la même question a été posée en 2024, 60% ont répondu que c'était grâce à l'armée américaine, et seulement 25% ont reconnu la contribution de l'URSS.(8)
Lorsque les médias racontent l'histoire d'un groupe qui, selon le Bureau du contre-terrorisme américain, a été enregistré comme terroriste étranger, cela conduit rarement à comprendre les motifs de ceux qui commettent l'acte. La plupart des descriptions laissent le public dans un état émotionnel d'horreur et de panique. La position de la population générale se retourne presque automatiquement contre les agresseurs, qui ne peuvent que réagir à une agression en cours, comme une occupation illégale de leur terre patrimoniale. Cette attitude exclusivement négative envers ceux qui commettent des actes violents affecte également les politiciens qui sont censés chercher des solutions mais échouent à cause des préjugés créés par les médias. La même presse décrit en termes horrifiques les actes du Hamas mais dresse une image glamour de l'armée israélienne comme défenseurs de l'État démocratique d'Israël.
Le rôle trompeur des États-Unis
Depuis le 7 octobre 2023, les événements n'ont fait que renforcer l'image des États-Unis comme une nation aux doubles standards. Les mandats d'arrêt émis par la CPI contre un leader du Hamas, le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la défense le 21 novembre 2024 impliquent les États-Unis et l'UE. Les États-Unis n'ont à aucun moment montré une volonté de retenir l'aide ou la livraison d'armes à Israël lorsqu'il est devenu apparent pour tout observateur de la guerre qu'Israël visait à diminuer le nombre de Palestiniens.
Au lieu de cela, ils ont opposé leur veto à quatre résolutions de cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l'ONU pour permettre à Israël de poursuivre ses interventions génocidaires. Le secrétaire d'État américain a entrepris de nombreuses missions au Moyen-Orient pour convaincre la communauté internationale des intentions pacifiques et qu'il était un médiateur impartial. La vérité est qu'il agissait comme l'avocat et le porte-parole d'Israël auprès des voisins arabes d'Israël, les encourageant à recevoir des réfugiés palestiniens de Gaza.
Le rôle des États-Unis et de leurs soutiens occidentaux est pire que la complicité. Ils ont été activement impliqués avec les États-Unis aux commandes. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont fourni des informations de renseignement essentielles, tandis que d'autres, comme les Pays-Bas et le Danemark, ont fourni du matériel militaire. Ainsi, les mandats impliquent, par exemple, ces deux derniers gouvernements pour violation de leurs lois nationales, qui interdisent les exportations d'armes vers des pays impliqués dans des activités de guerre criminelles. Ce soutien a permis à Israël de poursuivre sa guerre génocidaire en toute impunité. On peut donc conclure avec une grande certitude que le gouvernement américain a activement soutenu Israël dans sa guerre génocidaire contre les Palestiniens. Les mandats de la CPI vont très probablement perturber le discours sur le droit d'Israël à l'autodéfense parmi ses partisans indéfectibles des pays de l'UE.
Briser l'identité terroriste avec le rêve américain
Pour mieux comprendre comment les États-Unis perçoivent leurs relations avec Israël dans le contexte de leur guerre commune contre le Hamas, nous devons identifier les valeurs sous-jacentes de la guerre américaine contre la terreur telles qu'elles ont été reconnues par la Commission du 11 septembre établie par l'ancien président américain George W. Bush.(9) Jusqu'à aujourd'hui, c'est la tentative la plus complète d'analyser les causes du terrorisme. Le rapport suggère que les enfants et les jeunes du monde entier, en particulier dans le monde musulman, devraient être éduqués sur l'excellent exemple des États-Unis, régis par la dignité et les valeurs démocratiques.
Les conclusions ont ignoré l'inégalité caractérisant les pays dominés par les politiques de libre marché. Le libre marché est la solution pour la paix et le développement et surtout l'instrument par lequel le terrorisme et la violence politique devraient être combattus. Une nouvelle génération grandira reconnaissante envers les États-Unis pour leur avoir donné espoir et opportunités. Les résultats et conclusions de la Commission du 11 septembre nous informent également sur les raisons pour lesquelles le Bureau du contre-terrorisme est plus enclin à rechercher des terroristes dans les pays musulmans, que l'Occident politique considère comme autoritaires. Les musulmans individuels et les organisations islamiques sont surreprésentés dans le registre tenu du Bureau.
Dans cet essai, nous avons montré que l'étiquette terroriste appliquée à un parti comme le Hamas et à un peuple comme les Palestiniens ne contribuera pas à jeter les bases d'une coexistence pacifique avec les Israéliens. Au contraire, le terme a encouragé Israël et ses alliés à appliquer des moyens disproportionnés et génocidaires pour exterminer les Palestiniens, qu'ils fassent partie ou non du Hamas. Comme nous l'avons montré ici, le terme terroriste est utilisé à des fins politiques pour indiquer qui est apprécié et qui est l'ennemi. Nous pensons qu'aucune solution finale n'apparaîtra tant que les mouvements de libération, comme le Hamas, ne seront pas mentionnés sans l'épithète de "terroriste".
L'OLP de Yasser Arafat et l'ANC de Nelson Mandela étaient initialement tous deux enregistrés comme organisations terroristes. Lorsque ces groupes ont été dissociés de l'étiquette terroriste, ils ont pu dialoguer d'égal à égal avec leurs voisins et ennemis. Le seul vestige du parti Fatah d'Arafat est l'Autorité palestinienne, qui a aujourd'hui été réduite à une agence d'exécution des forces israéliennes occupant la Cisjordanie. C'est contre cette organisation mourante que le Hamas a pu obtenir le gouvernement de Gaza. Nous pensons qu'il ne sert à rien pour un règlement pacifique de l'avenir des Palestiniens de les chasser de leur terre ancestrale sur la base de l'étiquette terroriste.
L'obstacle le plus critique à cette déclassification est l'attitude agressive de la superpuissance mondiale, les États-Unis, qui continuent de croire qu'ils doivent fixer les normes pour la planète entière. Plus important encore est la capacité et la volonté d'agir selon les valeurs qu'ils prétendent promouvoir. L'intervention violente du Hamas entreprise avec d'autres groupes de résistance dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023 a mis la question de l'avenir de la Palestine au premier plan de l'attention de la communauté internationale. Ce faisant, elle nous a tous amenés à mieux comprendre ce que représentent les États-Unis et leur acolyte, Israël. Pendant la présidence de G.W. Bush, le terme "États voyous" est apparu.(10)
Initialement, il était principalement appliqué à la Corée du Nord, à Cuba, à l'Iran, à l'Irak et à la Libye, qui étaient considérés comme des menaces pour les politiques et économiques des États-Unis et de leurs alliés. Si nous élargissons le groupe et définissons un État voyou comme celui qui menace la paix mondiale, nous serons obligés de mettre les États-Unis et Israël en tête de la liste des États voyous.
Notes
1 Hamas est l’acronyme de Harakat al-Muqawama al-Islamiya (« Mouvement de résistance islamique »). En 2005, Israël s’est retiré de Gaza. L’Autorité palestinienne a convoqué des élections l’année suivante et le Hamas a remporté la majorité des sièges au parlement, battant ainsi le Fatah, le parti de l’Autorité palestinienne, qui a continué à gouverner la Cisjordanie.
2 La CPI, basée à La Haye, cherche à enquêter sur les responsables de crimes graves tels que le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre et à les poursuivre.
3 Le 28 décembre 2023, plusieurs factions de la résistance, dont le Hamas, le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), le JIP (Mouvement du Jihad islamique palestinien), le FDLP (Front démocratique de libération de la Palestine) et le FPLP_GC (Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général), ont publié une déclaration commune à Beyrouth.
4 Imperium Uncloaked, critique de Grey Anderson dans NLR n° 147 (mai/juin 2024) de Someone Else's Empire : British Illusions and American Hegemony de Tom Stevenson, Londres et New York, 2023.
5 The Cant about Israel's Right to Self Defense , par M. Reza Behnam, 23 août 2024, dans Z-Network.
6 An Essential Question Still Unanswered, par Cesar Chelala dans Counterpunch, 11 novembre 2024.
7 Arielle Angel : Leaving Zion, dans une interview à New Left Review, n° 148, 2024 (elle est la rédactrice en chef du magazine juif-américain Jewish Currents).
8 L'histoire face aux manipulateurs, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, n° 847, octobre 2024).
9 Rapport de la Commission du 11 septembre. Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes aux États-Unis, juillet 2004.
10 Certains théoriciens internationaux utilisent le terme « État voyou » pour décrire les États qu'ils considèrent comme une menace pour la paix mondiale. La définition d'un État voyou est déterminée exclusivement par le gouvernement américain et inclut principalement les pays qui soutiennent le terrorisme.
(Traduction Bernard Tornare)
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LA CÔTE D'IVOIRE ANNONCE LE DÉPART DES FORCES FRANÇAISES
Cette décision évoquée par le président Alassane Ouattara lors de son discours de fin d'année, s'inscrit dans un mouvement plus large de désengagement français du continent
(SenePlus) - Dans une allocution de fin d'année qui marque un tournant historique dans les relations franco-ivoiriennes, le président Alassane Ouattara a annoncé mardi le retrait prochain des forces militaires françaises de Côte d'Ivoire, poursuivant ainsi le recul de l'influence militaire de l'ancienne puissance coloniale dans la région.
"Dans ce contexte, nous avons décidé d'un retrait coordonné et organisé des forces françaises", a déclaré le chef d'État ivoirien, mettant en avant la modernisation des forces armées de son pays dont "les Ivoiriens devraient être fiers", selon les propos rapportés par Reuters.
Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de désengagement militaire français en Afrique. Selon des sources citées par l'agence Reuters en novembre, Paris envisageait déjà de réduire drastiquement sa présence militaire en Afrique de l'Ouest et centrale, prévoyant de passer d'environ 2.200 soldats actuellement à seulement 600 hommes.
Le retrait des forces françaises de Côte d'Ivoire fait suite à une série de revers diplomatiques et militaires pour la France dans la région. Depuis la fin de la période coloniale dans les années 1960, Paris a déjà dû retirer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, suite à des coups d'État dans ces pays et face à un sentiment anti-français grandissant.
Plus récemment encore, le Tchad, considéré comme un allié occidental majeur dans la lutte contre le terrorisme islamiste dans la région, a brutalement mis fin à son accord de coopération militaire avec la France en novembre dernier, illustrant l'ampleur du recul de l'influence française dans son ancien pré carré.
Cette nouvelle annonce du président Ouattara marque ainsi une étape supplémentaire dans la reconfiguration des relations entre la France et l'Afrique de l'Ouest, région où Paris maintient une présence militaire continue depuis les indépendances. Elle souligne également la volonté croissante des États africains d'affirmer leur souveraineté militaire et sécuritaire.
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L'IDENTITÉ COMME COMBAT
Ken Bugul et Diary Sow ont transformé leur marginalisation en espace de création, leur solitude en force d'écriture. Leurs voix, entrecroisées lors du Salon du livre au féminin, dessinent une cartographie nouvelle de l'émancipation féminine
Dans l'écrin prestigieux du Musée des Civilisations noires, le Salon du livre au féminin a offert une plongée saisissante dans les méandres de la construction identitaire. Au cœur de cet événement littéraire devenu incontournable dans le paysage culturel sénégalais, deux voix de la littérature africaine, Ken Bugul et Diary Sow, ont partagé leurs réflexions sur ce processus complexe et permanent qu'est la quête de soi.
Le panel, orchestré par Amina Seck, a révélé comment l'identité se forge dans la résistance et la résilience. Ken Bugul a évoqué son parcours marqué par l'absence d'héritage affectif, transformant ce vide initial en force créatrice. De son côté, Diary Sow a décrit sa lutte contre les assignations sociales traditionnelles, illustrant comment le refus des conventions peut devenir le terreau fertile d'une identité authentique.
La marginalité, thème récurrent dans leurs témoignages, s'est dessinée non pas comme une fatalité mais comme un espace de liberté paradoxal. Qualifiées parfois de "folles" pour avoir osé défier les normes établies, ces femmes ont transformé leur mise à l'écart en opportunité d'émancipation. Leurs récits démontrent comment la société utilise souvent l'étiquette de la folie pour discréditer celles qui osent s'écarter des chemins tracés.
L'exil, qu'il soit géographique ou intérieur, est apparu comme un puissant catalyseur de la quête identitaire. Les intervenantes ont souligné comment le déracinement, malgré ses défis, peut devenir une terre fertile pour la reconstruction de soi. Face aux discriminations multiples - en tant que femmes, en tant qu'Africaines - elles ont développé une résilience qui nourrit leur créativité et leur engagement.
La littérature émerge comme un vecteur essentiel de cette quête identitaire. Le parcours de Ken Bugul, dont l'œuvre "Le Baobab fou" lui vaudra un doctorat honoris causa, illustre comment l'écriture peut transformer une expérience personnelle en héritage universel. Cette reconnaissance académique témoigne de la portée d'une œuvre qui transcende les frontières culturelles et générationnelles.
Ce dialogue intergénérationnel a mis en lumière une vérité fondamentale : la quête identitaire n'est jamais achevée. Elle se poursuit à travers les âges, les expériences, les rencontres, dans un processus de déconstruction et de reconstruction permanente. Les échanges de ce Salon ont démontré que cette quête, bien que profondément personnelle, résonne collectivement, tissant des liens invisibles entre les générations de femmes qui osent réinventer leur destin.
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THIAROYE-SUR-MER ACCUEILLE LE PREMIER BÉBÉ DE L’ANNÉE
Cette petite fille, septième enfant d'une jeune mère de 32 ans, a reçu un accueil exceptionnel de la part des plus hautes autorités sanitaires et sociales du pays
À Thiaroye-sur-Mer, le premier bébé de l’année 2025 a vu le jour précisément à minuit. Ce nouveau-né, une petite fille, est le septième enfant de Ndèye Anta Kama, âgée de 32 ans.
Pour célébrer cet événement, Mme le ministre de la Famille et des Solidarités, Maimouna Dièye, accompagnée du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Ibrahima Sy, et du directeur général de la RTS, Pape Alé Niang, s’est rendue au poste de santé. Ensemble, ils ont comblé les parents de la petite fille de cadeaux : lait, couches, vêtements, produits cosmétiques et bien d’autres présents.
Mais les célébrations ne s’arrêtent pas là. Un compte d’épargne a été ouvert pour financer les études futures de l’enfant, et des projets d’autonomisation des parents sont également prévus. Le ministre de la Santé a profité de l’occasion pour annoncer des améliorations dans les services de maternité, pédiatrie et néonatalogie à travers le pays, rappelant l’importance de renforcer le plateau technique des structures sanitaires.
Marraine de l’enfant, Mme Dièye a exprimé son optimisme : « Avec une fille en premier, 2025 sera une année de paix et de prospérité. »