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24 avril 2025
Développement
Par Abdoulaye THIAM
MORT PROGRAMMÉE DES MÉDIAS
Nous sommes révoltés d’être devenus des caisses de résonnance, des poseurs de micro et de simples preneurs de son. Les journalistes sont devenus pour la plupart, des carriéristes et leur métier, un simple hobby
«Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude». Cette expression d’origine latine qui a été popularisée par la jurisprudence, s’appliquerait à merveille à la bronca médiatique des journalistes sénégalais qui s’indignent devant le diktat que leur imposent les hommes politiques depuis un certain temps, lors des «conférences» de presse. Nous sommes révoltés d’être devenus des caisses de résonnance, des poseurs de micro et de simples preneurs de son.
Il ne s’agit là que de larmes de crocodile. Parce que si la presse sénégalaise jadis chantée, jalousée dans toute sa sous-région voire dans le monde francophone en est arrivée là, c’est qu’elle a, elle-même, creusé sa propre tombe. D’articles sur commande, au «marchandage» des «UNE», sans occulter la prolifération des séismes déontologiques, nous sommes tout simplement en train de tomber de Charybde en Scylla au grand dam des quatre «mousquetaires» et autres vaillants combattants pour la liberté de la presse, qui regardent impuissants, ce qu’ils ont bâti, s’écrouler comme un château de cartes. Ne cherchons pas très loin pour diagnostiquer le mal. Les journalistes sont devenus pour la plupart, des carriéristes et leur métier, un simple hobby. Quid des actionnaires de ces entreprises de presse qui pullulent comme des champignons ? Rien qu’avec les journaux dits d’informations générales, nous sommes à 29 quotidiens dans un marché publicitaire complètement désorganisé. Sans occulter les sites, radios, télévisions ou boites à images, etc. Il n’est donc pas exagéré d’écrire que beaucoup d'organes sénégalais ont la même fonction que des récépissés politiques convertibles en «mère porteuse» à chaque élection. C'est juste un moyen de pression sur l'État pour entretenir le "géniteur".
Dans un article paru dans les colonnes de Sud Quotidien en juin 2016, nous soulignions déjà que sous l'ère wadienne, le régime avait favorisé la promotion de certains organes estampillés proche du Palais. Ils ont tous, ou presque disparu, après la perte du pouvoir des Libéraux, le 25 mars 2012. Avec Macky Sall, la méthode est plus subtile. Plus efficace. Plus pernicieuse et dangereuse de telle sorte que le Président de la République n'avait plus besoin de s'encombrer de conseillers en communication que Idrissa Seck avait qualifié de «dames de compagnie». Il a su profiter de la vulnérabilité des médias et de son accaparement par des hommes d'affaires, pour faire passer ses commandes, ses ballons de sonde. La connivence est telle que les citoyens avaient commencé à douter de ce que les médias leur livrent chaque matin. Le développement de l’internet est venu enfoncer clou. Fort heureusement d’ailleurs pour l’opposition sénégalaise. Sinon, elle allait être ostracisée et privée de parole surtout dans les médias publics comme Abdoulaye Wade et Macky Sall l’ont été, jadis. Désormais, ces hommes politiques nous dictent leur loi. Ils font des déclarations sur leur page facebook et s’imposent d’office à la presse qui ne peut que constater les faits et les relayer. Alors, ne les accusons surtout pas. Essayons plutôt de faire notre propre introspection au lieu de chercher des faux-fuyants en jetant l’anathème sur Abdoulaye Saydou Sow, Aminata Touré, Ousmane Sonko, Khalifa Ababacar Sall et autres Farba Ngom.
De nos jours, les journalistes quittent très tôt le terrain et s’embourgeoisent en se calfeutrant dans des bureaux climatisés pour finalement devenir ce que nous appelons dans le jargon des «Sénateurs». Ce sont les jeunes reporters et/ou stagiaires que l’on retrouve sur le terrain, livrés à eux mêmes et dont certains finissent par devenir des chasseurs de prime que nous cataloguons honteusement de «racaille». Tout le monde semble démissionné face à cette mort programmée de la presse. Espérons que le Syndicat national des Professionnels de l’information et de la communication (SYNPICS) qui travaille sur les assises de la presse parviendra à sauver la face. Mais il n’en sera ainsi que si et seulement si nous le voulons. Sinon, nous allons tous mourir de notre belle mort.
SANDINIÉRY À L'ÉPREUVE DE LA MODERNITÉ
Elle fait partie des rares localités qui n’ont pas été vaincues par les colons français. Cette prouesse, Sandiniéry la doit à son marabout résistant, Almamy Fodé Fossar Souané. Grâce à ses « soldats », des abeilles, il a dérouté l’armée coloniale en 1861
Samba Oumar Fall et Souleymane Diam Sy, Ndèye Seyni Samb |
Publication 31/08/2022
Située sur l’autre côté de la rive droite du fleuve Casamance, à hauteur du département de Sédhiou, Sandiniéry a la réputation d’être une terre de refus ou un village « rebelle ». Elle fait partie des rares localités qui n’ont pas été vaincues par les colons français. Cette prouesse, Sandiniéry la doit à son marabout résistant, Almamy Fodé Fossar Souané. Grâce à ses « soldats », des abeilles, il a dérouté l’armée coloniale en février 1861. Celle-ci a essuyé une cuisante défaite au débarcadère de Sandiniéry.
Sandiniéry. À Dakar, ce nom renvoie à la fameuse rue située au marché Sandaga, là où les ressortissants guinéens vendent des fruits. D’où vient cette appellation ? Pour en savoir plus, il faut remonter le temps, l’histoire. Sandiniéry est une localité située dans la commune de Karantaba, département de Sédhiou. Pour rallier cette bourgade, il faut traverser le fleuve Casamance, soit par pirogue soit par bac à partir de Sédhiou, donc une distance de trois kilomètres.
En ce dimanche 22 août 2022, le débarcadère de Sédhiou grouille de monde. Le bac étant en panne depuis des lustres, les pirogues ont pris le relais. Le rythme des navettes est incessant. Il faut un quart d’heure pour atteindre l’autre bout. Chauffeurs de taxis-brousse et conducteurs de motos « Jakarta » guettent la moindre arrivée des passagers et autres visiteurs pour leur proposer leurs services. Au cœur de ce village de Sédhiou, les activités vont bon train. À côté des maisons en dur ou en paille, les femmes, assises devant leurs étals garnis de quelques légumes et de tas de poissons, attendent la clientèle. Sandiniéry baigne dans un grand calme qui contraste d’avec son histoire agitée, son passé guerrier. Différentes péripéties conflictuelles avec le colon lui ont valu la réputation de « village rebelle ».
Le Fort Pinet Laprade et Sandiniéry sont deux grandes pages du passé colonial de Sédhiou. Le premier site abritait l’arsenal militaire du colon, avec trois pièces de canons orientés vers le village pour bombarder et surveiller les différents mouvements de l’ennemi.
Selon Amor Souané dit Dioutou, chef du village, Sandiniéry est fondé vers 1800 par des Baïnoucks, notamment par le couple Sandi. La fusion du nom de l’époux (Sandi) et celui de la femme (Niéry) a donné Sandiniéry.
Avec l’islamisation du Pakao, renseigne-t-il, Almamy Fodé Fossar Souané a quitté Diannah Ba, village situé à une cinquantaine de kilomètres de Sédhiou, pour s’installer à Sandiniéry. Sur place, le marabout a invité les premiers habitants du village, notamment les Baïnoucks qui étaient des païens, à embrasser la religion musulmane. Ces derniers lui ont opposé un niet catégorique. L’érudit a alors engagé la bataille pour la propagation de l’Islam. Les Baïnoucks ont fini par abandonner le village pour aller s’installer ailleurs, précise le chef de village.
LA RIPOSTE DE L’ARMÉE DES ABEILLES
Sandiniéry est réputé être « village de refus, une localité rebelle ». Tout serait parti de la fameuse bataille ayant opposé l’armée coloniale au marabout guerrier Almamy Fossar Souané en février 1861. Celle-ci découle, d’après Massy Dabo, notable du village, de la volonté des colons de « chasser » le marabout et Sounkar Yéri Camara, résistant qui s’était réfugié à Sandiniéry. Ce dernier s’était opposé à l’installation des colons à Sédhiou en 1854. N’y étant pas parvenu, il avait fini par traverser le fleuve Casamance pour se réfugier à Sandiniéry, auprès de son oncle, Almamy Fodé Fossar Souané, car sa maman était originaire de ce village. Après l’avoir contraint à l’exil, les colons ont voulu le poursuivre à Sandiniéry. Mais, c’était sans compter avec la détermination de l’Almamy. La confrontation était inévitable. C’est le début du déclenchement de la guerre entre colons et autochtones.
Très mystique, Almamy Fodé Fossar Souané avait déjà « sécurisé » son fief, selon le chef de village. Depuis le Fort de Pinet Laprade de Sédhiou, les colons déclenchèrent les hostilités en larguant une bombe sur Sandiniéry. Ils avaient malheureusement raté leur cible, selon Amor Souané. Leur engin explosif avait atterri à sept kilomètres derrière le village qui était mystiquement protégé par Almamy Fodé Fossar Souané. N’ayant pu localiser l’emplacement de la localité avec leurs outils de guerre, explique le chef de village, les colons décidèrent de traverser le fleuve Casamance pour en découdre avec les combattants de Sandiniéry et leur chef, Almamy Fodé Fossar Souané. À leur débarquement, ils seront attaqués par une colonie d’abeilles, considérées comme les « soldats » du marabout guerrier. Selon nos interlocuteurs, la guerre n’a pas duré plus d’une demi-heure ; les abeilles ayant réussi à dérouter les envahisseurs. Sandiniéry n’a pas capitulé.
Aujourd’hui, le baobab, lieu de refuge des « soldats » de l’Almamy Fodé Fossar Souané, attire la curiosité du fait de la présence mythique des abeilles dans cet arbre. Selon les autochtones, elles sont toujours présentes et prêtes à faire face à toute velléité d’attaque contre le village. Ces abeilles, informe le chef de village, jouent toujours leur rôle. Ce sont, d’après Amor Souané, les « protectrices » de Sandiniéry, des anges gardiens. Depuis lors, aucun incident n’a été noté entre elles et les habitants.
L’engin explosif retrouvé en 1992 par l’Armée
Mis en difficulté par les autochtones, les militaires français se repliaient dans les souterrains du Fort, selon une autre version de la bataille de Sandiniéry. Combattant à armes inégales, les guerriers de la rive droite, venus de Karantaba et Tanaff pour épauler leurs camarades de Sandiniéry, en fins stratèges, prenaient les pirogues, traversaient le fleuve et se cachaient dans les mangroves pour essayer d’atteindre le Fort Pinet Laprade, explique une autre version. Défaite, l’armée coloniale s’est retirée. Elle sera suivie, d’après Massy Dabo, par les commerçants blancs qui détenaient des comptoirs au débarcadère de Sandiniéry. Par ailleurs, révèle le notable du village, l’engin explosif, que les colons avaient largué et qui pèse 15 tonnes, a finalement été retrouvé. Il a été déterré en 1992 par l’Armée sénégalaise dans la forêt, à sept kilomètres du village.
par Nioxor Tine
POUR UNE COALITION DE LA RAISON
Le pays continue de subir les caprices d’un président autiste qui, faute d’avoir pu déchiffrer le message pourtant clair des électeurs sénégalais, met la vie publique à l’arrêt, en faisant une sorte de grève de zèle
Rome détruit par Néron : trop de pouvoir mène au chaos - Cyril Guedj
Il y a exactement un mois se tenaient les élections législatives, qui ont consacré la déroute politique de Benno Bokk Yakaar, dont le staff dirigeant semble comme frappé de sidération. Pourtant, le déclin du camp de la majorité présidentielle était déjà perceptible, lors des élections de janvier dernier, mais les communicants de Benno Bokk Yakaar, aveuglés par la gouvernance tyrannique - à la limite de la schizophrénie – de leur mentor, l’avaient mis sur le compte des divisions internes à leur camp.
Il faut reconnaitre, que la période préélectorale avait été caractérisée par une démesure frisant la démence, avec un fait unique dans les annales de l’histoire électorale mondiale, c’est-à-dire l’invalidation de la "semi-liste" de titulaires de Yewwi et celle des candidats suppléants de Benno, comme pour faire bonne mesure.
N’oublions pas, - pour agrémenter le contexte loufoque -, l’élimination, pour divers prétextes fallacieux de 17 autres listes concurrentes à celle de Benno, l’arrestation arbitraire de députés en session, dont on n’aura pas pris la peine de lever l’immunité parlementaire, de maires et de citoyens vaquant tranquillement à leurs occupations. Il y a aussi eu, comble de stupidité, le siège des maisons de leaders politiques de l’opposition.
C’est dire que l’amplification du désaveu populaire de ce pouvoir "néronesque", lors des législatives de fin juillet a été un électrochoc salutaire, qui a balayé les derniers doutes sur le déclin programmé de la coalition présidentielle, malgré l’utilisation d’armes politiques non conventionnelles.
Comble de désespoir, le chef de l’État et ses thuriféraires peinent à changer de paradigme, malgré la nouvelle donne politique que constitue le désamour flagrant entre eux et les populations !
Alors que dans une démocratie digne de ce nom, on aurait eu droit à une allocution solennelle du chef de la majorité, reconnaissant sinon une défaite politique indéniable, tout au moins un recul électoral substantiel, on a vu les cadres politiques de Benno se glorifier d’être le premier de la classe.
Ce faisant, ils commettaient une double faute : ils occultaient leur perte de majorité, aussi bien en termes de sièges, que par rapport au vote populaire, tout en se privant de la possibilité de se réconcilier avec les Sénégalais, qui semblent leur avoir définitivement tourné leur dos.
En attendant, le pays continue de subir les caprices d’un président autiste qui, faute d’avoir pu déchiffrer le message pourtant clair des électeurs sénégalais, met la vie publique à l’arrêt, en faisant une sorte de grève de zèle. De fait, il refuse de nommer un Premier ministre, alors que la loi rétablissant ce poste a été votée depuis décembre dernier, maintient à leurs fonctions, des ministres ayant perdu, depuis plusieurs mois, toute légitimité politique et retarde l’installation de la nouvelle législature pour des raisons purement politiciennes et partisanes. Ce qui ne l’empêche guère de parcourir le monde par monts et par vaux, aux frais du contribuable, bien entendu !
Quid de l’opposition ?
Il est navrant de constater, encore une fois, que ce sont des querelles de leadership ou des rivalités autour de la présidence de l’Assemblée Nationale, qui sont mises en avant, en lieu et place des discussions programmatiques.
Or, le simple fait que ce soit une liste de suppléants qui ait remporté cette élection législative, (en prenant en compte les fraudes en zone rurale - surtout au Fouta - et les quiproquos au sein de l’Inter-coalition Yewwi – Wallu, dans certains départements), devrait inciter les leaders de l’opposition à plus de modestie. D’ailleurs le même phénomène avait pu être observé lors des élections locales au cours desquelles, d’illustres inconnus ont pu gagner plusieurs collectivités territoriales dont l’une des plus grandes de la capitale contre des politiciens bien établis, de gros poissons pris – il est vrai - dans les filets de la transhumance.
Cela traduit certes, avant tout, le ras-le-bol des populations contre les difficultés de la vie, l’injustice ambiante, l’excès d’autorité du régime autocratique de Benno en même temps qu’une ferme volonté de promouvoir des hommes politiques appartenant aux nouvelles générations.
C’est ce qui fait que l’Intercoalition Yewwi – Wallu et l’ensemble des forces d’opposition ont l’impérieux devoir de transformer le vote de défiance populaire contre Macky Sall et ses velléités de candidature illégale à la prochaine présidentielle en un vote d’adhésion, si ce n’est à un programme alternatif en 2024, tout au moins à une feuille de route commune, pour un laps de temps déterminé.
A plus long terme, il y aura une nécessité de clarification politique, préalable incontournable pour la délimitation entre forces patriotiques et celles soumises aux désidératas des puissances étrangères.
Mais à l’étape actuelle, il faut mettre sur pied une nouvelle Coalition de la raison (retrouvée), qui pourra inclure certains hommes politiques lucides de l’actuelle majorité en voie de déliquescence et qui pourront faire valoir leurs légitimes ambitions dans la course à la magistrature suprême, qui s’annonce.
Des ententes d’états-majors politiques sur la base du plus petit commun dénominateur sont possibles, car la résolution de certaines exigences démocratiques, ayant atteint leur seuil de maturité, devient une condition sine qua non de stabilité de tout futur régime dans notre pays.
Parmi celles-ci figurent la réforme du processus électoral, avec la suppression du parrainage citoyen sous sa forme actuelle, le réaménagement de la loi sur la parité, qui devra être moins mécanique et l’adoption du bulletin unique, en se servant des leçons tirées des contre-exemples des régimes issus de nos deux premières alternances. Il y a également urgence à prendre certaines mesures comme la réévaluation par des experts indépendants de toutes les procédures judiciaires intentées contre des hommes politiques (Barthélémy Diaz, Karim Wade, Khalifa Sall, Ousmane Sonko ...). De nouveaux consensus devront être recherchés sur le conseil supérieur de la magistrature et le conseil constitutionnel, pour rendre notre Justice réellement indépendante.
Concernant la liberté de presse, il faudra aller vers la suppression du monopole de la coalition au pouvoir sur les médias publics et promouvoir la pluralité médiatique par la répartition équitable des marchés de la publicité et autres droits de retransmission d’évènements sportifs. Le poste de président du CNRA devra faire l’objet d’appel à candidature.
Pour ce qui est de la lutte contre la corruption et l’impunité, il faudra régler la question du leadership de l’ARMP et diligenter le traitement des dossiers judiciaires, bloqués soit au niveau de la présidence ou au niveau du bureau du Procureur dont ceux de l’OFNAC.
Ce ne sont là que quelques exemples du grand catalogue des Assises nationales et de la CNRI, dont le peuple sénégalais devrait s’approprier dans son entièreté, dès que les conditions politiques s’y prêteront.
HCCT, UNE CHAMBRE EN QUÊTE DE RÉFORMES
Les contempteurs de cette institution la trouvent « inutile et budgétivore ». Pour autant, le Hcct semble joué un rôle majeur en ce qui concerne la démocratie locale en remettant des rapports, des avis, des études et des recommandations au chef de l’Etat
Beaucoup de voix, notamment dans l’opposition, se sont élevées pour réclamer la dissolution du Haut conseil pour les collectivités territoriales (Hcct). Les contempteurs de cette institution la trouvent « inutile et budgétivore ». Pour autant, le Hcct semble joué un rôle majeur en ce qui concerne la démocratie locale en remettant des rapports, des avis, des études et des recommandations au chef de l’Etat. Ces hauts conseillers prouvent ainsi toute la pertinence de leur mission même s’ils souhaitent que le statut de cette institution soit revu.
Inutile et budgétivore. Ce sont les deux qualificatifs utilisés par ceux-là qui ne veulent plus du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et souhaitent simplement qu’il soit dissout. Les partisans d’une telle posture, notamment les opposants de l’intercoalition Yewwi-wallu l’ont ouvertement dit dernièrement. Allant même jusqu’à boycotter l’élection des hauts conseillers devant se tenir ce 4 septembre sur l’ensemble des départements du pays. Seulement, Me Ousmane Sèye, vice-présidente de ladite institution ne partage pas leur avis. Selon lui, ces contempteurs du Hcct ne sont pas bien inspirés ou sont simplement des mal intentionnés. « Tout cela rentre dans le cadre d’une tentative de discrédit de certaines institutions de l’Etat par une certaine opposition. De la même manière qu’on a essayé de discrédit la justice, l’action du président de la République, il y a une certaine opposition qui fonde sa politique et son programme sur le discrédit des institutions », explique Me Sèye rappelant que le Hcct n’est pas la première institution créée par un régime donné. D’ailleurs, il signale qu’aucun régime ne peut être installé sans créer une institution qui encadre la décentralisation. Il explique que sous le régime socialiste de Abdou Diouf, le Conseil de la République avait été créé. Abdoulaye Wade va le maintenir avant de créer le Sénat. Mais Macky Sall a opté pour le Hcct.
Dans la même lancée, Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté, conseiller de la présidente du Hcct et responsable des pôles territoires estime que c’est peut-être par méconnaissance du rôle de cette institution que ces critiques sont formulées. « Ceux qui ont pris la parole pour se prononcer sur l’utilité ou pas du Hcct auraient dû au préalable se renseigner, documenter leur avis pour être crédibles. Parce que ce qu’ils ont avancé est totalement faux. Il faut qu’ils sachent que la mission du Haut Conseil est fixée par la Constitution », soutient M. Diakhaté. Selon lui, il y a un nouveau paradigme en matière de décentralisation. Celui-ci est basé sur l’Acte 3 et le Pnadt avec la création de territoires compétitifs et porteurs de développement durable. « Cela passe obligatoirement par une institution, un organe qui est l’interface entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux. Donc le Hcct joue le rôle d’une courroie de transmission. Parce que sa compétence c’est d’approfondir la décentralisation, mais aussi l’aménagement du territoire et le développement territorial », explique le professeur Diakhaté.
Le haut conseiller n’a pas droit à la retraite
D’ailleurs, depuis sa création, cette institution a fait bouger les lignes sur bien des questions. Notamment en faisant le plaidoyer sur l’équité territoriale en permettant, entre autres, aux communes rurales de bénéficier du Pacasen (Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal). De même, les hauts conseillers ont permis de revaloriser le statut chef de village qui est le premier maillon du pouvoir décentralisé. D’autres actions ont été menées par les hauts conseillers comme la création de la valise de l’élu sans compter le plaidoyer fait sur la Fonction publique locale.
Malgré toutes ces réalisations, le Hcct est vu comme une institution qui consomme trop de moyens. Aussi bien financiers que matériels. Une idée réfutée par le Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté. Selon lui, le Haut conseil vit avec des « conditions spartiates » et contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas un lieu où l’on se régale et se partage des cadeaux. « Si le budget du Sénégal est l’équivalent de 10 000 Fcfa, le Hcct a consommé 30 Fcfa sur ces 10 000 Fcfa. En consommant 30 Fcfa, le Hcct créé plus de 250 emplois dont les chauffeurs qui sont pris en charge par les Hauts conseillers », explique Pr Diakhaté. Il s’y ajoute, selon lui, qu’un haut conseiller n’a pas de salaire, mais dispose d’indemnités mensuelles de session. « Ensuite, il faut rappeler que le haut conseiller n’a pas droit à la retraite. Même s’il effectue plusieurs mandats, ce n’est pas comme à l’Assemblée nationale. Il s’y ajoute que le haut conseiller ne dispose pas de prise en charge médicale. Il se soigne à ses frais lui et sa famille et plus de la moitié des hauts conseillers qui proviennent des régions louent un appartement et à ses frais. Le Hctt ne dispose pas d’hôtel », soutient Pr Mouhamadou Mawloud Diakhaté.
LA MAISON NORMANDE DE SENGHOR OUVERTE AU PUBLIC
L'ex-demeure normande de l'ancien président du Sénégal va être ouverte au public pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, a indiqué mercredi la mairie de Verson (Calvados)
L'ex-demeure normande de l'ancien président du Sénégal Léopold Sédar Senghor va être ouverte au public pour la première fois, à l'occasion des journées du patrimoine, a indiqué mercredi la mairie de Verson (Calvados).
"C'est une première mondiale. La succession a pris deux ans et demi mais ça se termine bien: nous sommes propriétaires depuis le 7 juillet du parc, de la maison, du mobilier" et de 25 m3 environ d'archives écrites, conformément aux volontés de Colette Senghor, la seconde épouse de l'homme politique, a dit à l'AFP Marie-Hélène Brioul, adjointe au maire de la commune de 3.500 habitants à 8 km de Caen.
Dans son testament, l'ancienne première dame du Sénégal, dont la famille est d'origine normande, demande "que cette maison du poète soit un lieu vivant accessible au public", selon la mairie de Verson.
A partir de 1957, le couple passa tous ses étés à Verson, avant de s’y installer durablement au début des années 1980, selon la mairie. Le poète-académicien y mourut en 2001 et sa muse, Colette Senghor, en 2019.
Pour les journées du patrimoine les 17 et 18 septembre, des visites guidées de la maison de pierres blanches aux nombreuses fenêtres seront proposées au public qui aura également accès à son grand parc arboré.
La demeure, aux volets et portail aujourd'hui défraîchis, sera nettoyée, précise Mme Brioul. Des travaux sont envisagés mais dans un second temps.
La Fondation du Patrimoine a effectué un diagnostic sanitaire de la maison et du parc et "l’état sanitaire général est bon", avait indiqué le conseil régional en 2021.
Dans la maison se trouvent "quelques cahiers", du poète, selon Mme Brioul.
Mais la plupart des archives dont Verson a hérité ne peuvent pas encore être présentées au public. Conservés dans un hangar à Bretteville-sur-Odon, entre Verson et Caen, les documents doivent encore faire l'objet d'un inventaire précis.
On y trouve notamment des courriers avec d'autres chefs d'Etat, selon Mme Brioul mais il se peut qu'on y découvre aussi des documents "qui concerne "l’académicien, le poète".
"On est beaucoup sollicités par des chercheurs" qui s'intéressent au "contexte dans lequel il a écrit, les premiers jets d’une élégie pour arriver jusqu’à l’élégie finale. Il écrivait sur des petits cahiers et puis après ça prenait forme", explique Mme Brioul.
Les écrits qui ont donné lieu à publication se trouvent eux à la BNF, selon l'élue.
La mairie réfléchit encore à la façon dont elle rendra la maison accessible au public à plus long terme.
UNE OPPOSITION DIFFICILEMENT RÉCONCILIABLE
L’intercoalition Yewwi-Wallu s’éloigne du soutien d'Aar Sénégal et des Serviteurs. Tout en réaffirmant leur ancrage dans l’opposition, aussi bien Pape Djibril Fall que Thierno Alassane Sall se sont démarqués de l’alliance conduite par Sonko
Jour après jour, l’intercoalition Yewwi-Wallu s’éloigne du soutien des députés d’Aar Sénégal et des Serviteurs. Tout en réaffirmant leur ancrage dans l’opposition, aussi bien Pape Djibril Fall que Thierno Alassane Sall se sont démarqués de l’alliance de l’opposition conduite par Ousmane Sonko. Sur la toile, la guerre est sans concession !
‘’Thierno Bocoum, est-ce que tamite doo bayi mu sedd, mingui niaaw de. Te soo continuer dafay gueneu niaaw’’. En français, cet internaute invite M. Bocoum à arrêter de répondre aux attaques (de partisans d’Ousmane Sonko sur sa page Facebook, NDLR), que s’il continue à rendre les coups, les choses risquent de s’envenimer. Telle est l’ambiance depuis les élections législatives du 31 juillet 2022 sur les différentes pages des leaders d’Aar Sénégal. Presque chaque sortie d’un des leaders de cette coalition pour parler des résultats est l’occasion, pour certains partisans d’Ousmane Sonko, de se déchainer et de ruminer toute leur colère contre cette opposition qu’ils ont toujours soupçonnée de jouer un double jeu. Ce qui en dit long sur les relations quasi irréconciliables entre ces deux coalitions de l’opposition.
Mais il ne faut pas compter sur le responsable d’Aar pour mettre un terme à la polémique. A ceux qui l’y invitent, voici la réponse de Thierno : ‘’Je ne comprends pas ceux qui me demandent de ne pas réagir à mes posts. Je ne construis pas des produits à consommer ; je développe des idées à discuter. Comment discuter sans interactions… ? Je ne comprends pas ceux qui viennent commenter en masse, faire le travail identique à celui des robots en disant la même chose sur un même sujet. Je n’ai jamais compris le but de leur coach. Et surtout, je n’ai pas compris que des lecteurs n’aient pas compris le jeu…’’
Il n’est point besoin d’être devin pour comprendre que les ‘’robots’’, ce sont les partisans de Sonko qui essaiment sur ses différents posts. Leur coach pourrait alors être leur mentor.
Ainsi, jour après jour, Aar Sénégal s’éloigne de Yewwi Askan Wi et, par ricochet, de l’intercoalition Yewwi-Wallu. Pour autant, ses leaders sont formels : il ne faut jamais s’attendre à ce qu’ils rejoignent le camp présidentiel. Dans un communiqué à la suite du scrutin, ils réaffirmaient leur position : ‘’La coalition Aar Sénégal, résolument ancrée dans l’opposition, jouera pleinement son rôle dans la volonté commune des leaders d’apporter de vrais changements de paradigme dans la manière de faire fonctionner l’Assemblée nationale et de représenter le peuple sénégalais. Elle réitère sa volonté de faire face à toutes velléités de troisième mandat.’’
La tête de liste de la coalition, Thierno Alassane Sall, s’est voulue encore plus tranchante lors d’une émission sur Sud FM. Il disait : ‘’Nous ne sommes pas des vendus. Pour l’instant, je fais partie de la coalition Aar Sénégal et on ne s'est pas encore prononcé. J’ai aussi mon propre avis. On est résolument du côté de l’opposition, moi en particulier. Quand j’ai quitté le président Sall, je l’ai fait pour des principes et jamais je ne vais retourner travailler avec lui. Il faut que les choses soient claires.’’
Voilà qui mérite d’être assez clair, sauf pour les partisans de Yewwi-Wallu qui estiment que ne pas être avec cette dernière, c’est ne pas être dans l’’opposition. Thierno Bocoum s’indigne : ‘’Le mensonge et la manipulation ont de beaux jours dans notre pays. Mentir sur des gens, le justifier à travers un autre mensonge et faire la promotion des deux mensonges, ça paie. Personne n’a le réflexe de demander des preuves. On trouve finalement au mensonge un côté séduisant. C’est l’arme fatale du ‘guerrier’.’’
A en croire le responsable de Pastef/Les patriotes Ababacar Sadikh Top, Aar a simplement joué et a perdu. ‘’… En définitive, réagit-il à une des nombreuses sorties de Bocoum, vous avez fait le choix de mettre une coalition, d’aller aux Législatives et les Sénégalais ont voté. Si la sortie d’un homme (Ousmane Sonko) qui a appelé à voter utile vous a fait perdre, alors apprenez pour une fois à respecter la dimension politique de ce leader. L’histoire retiendra cette 14e législature’’.
En fin politique, conscient que cette guerre intra-opposition ne risque de profiter qu’à la majorité présidentielle, le jeune leader a tenu néanmoins à tourner la page et à se pencher sur 2024. ‘’La force n’est pas toujours du bon côté, donc elle n’est pas vérité. L’histoire nous l’apprend, notre présent en donne une belle illustration avec un régime qui a échoué, mais qui continue à s’imposer par la force de l’électorat et des institutions. Restons véridiques. C’est d’abord pour nous-mêmes. Restons constants, c’est aussi pour nous-mêmes. Ensuite, préférons tirer les vertus avec nos frêles épaules que d’aider le mensonge à travers une vague déferlante envahir nos cités…’’.
Décidés à faire le vide dans l’opposition, à baliser le chemin à leur leader qu’ils tiennent vaille que vaille à présenter comme seule alternative possible pour 2024, les partisans de Pastef n’épargnent pas non plus l’autre non-inscrit. Quand ils ne l’accusent pas d’être un traitre, ils le traitent tout bonnement d’une sorte de 84e député de la majorité présidentielle. Pourtant, PDF a toujours réaffirmé son ancrage dans l’opposition, même s’il a tenu à marquer sa différence avec l’intercoalition. Il disait : ‘’Nous sommes dans l’opposition et nous allons travailler justement avec opposition. Mais ceux qui ont voté pour nous n’ont voté ni pour Yewwi Askan Wi ni pour Benno Bokk Yaakaar. Aujourd’hui, les Sénégalais ont montré une voie qui veut défendre l’intérêt général et les populations, en n’étant pas dans des jeux politiques ou d’appareils.’’
Ainsi, aux côtés des deux principaux blocs que sont Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi, il faudra compter sur le bloc des non-inscrits incarné par Thierno Alassane Sall d’Aar et Pape Djibril Fall des Serviteurs. Cette posture leur permet non seulement de prendre le lead d’une troisième voie, mais aussi de profiter des privilèges accordés par le règlement intérieur aux non-inscrits. Au-delà d’un temps de parole un peu plus conséquent, ils auront également le privilège de siéger à tour de rôle à la Conférence des présidents, qui est l’instance de décision par excellence de l’Assemblée nationale.
QUEL PROFIL POUR CONDUIRE LE PROCHAIN GOUVERNEMENT
Coup de projecteurs sur les profils susceptibles d’être les locataires du Petit Palais
Après les dernières élections législatives du 31 juillet 2022, le Sénégal fait face maintenant à son destin. C’est parce qu’il est confronté à un contexte sociopolitique bien particulier, un cas de figure jamais rencontré dans sa trajectoire depuis l’indépendance. En effet, au-delà des défis socio-économiques, marqués par le renchérissement du coût de la vie, consécutivement à un contexte mondial insupportable, le président Macky Sall faitface à un cliché politique inédit, avec une majorité pas très confortable à l’Assemblée Nationale, alors que l’élection présidentielle se tient dans deux ans. C’est dans un tel contexte que le bureau de l’Assemblée Nationale doit être élu ce 12 septembre, une opération périlleuse qui sera suivie de la formation du nouveau gouvernement. Justement pour cet attelage gouvernemental, la question qui taraude l’esprit de bien des Sénégalais est bien liée au profil adéquat et qui serait une denrée rare par ces temps qui courent, pour le conduire et faire face efficacement à ces défis majeurs.
En tout état de cause, les Sénégalais agitent des noms depuis quelques jours, comme celui de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, président du parti Rewmi. Mais selon certains observateurs, même s’il a de bonnes dispositions pour affronter les questions économiques, il souffre actuellement d’une certaine légitimité politique, un aspectfondamental devant l’agenda de 2024. En effet, il était perçu comme un baobab politique indéboulonnable à Thiès, son seulfief politique, mais il vient de subir deux revers électoraux qui risquent de désagréger le reste de sa carrière politique. Et pourtant, pendant plus de 15 ans, il a su maintenir son hégémonie dans la cité du Rail, avec des scores à la soviétique dont les différents régimes ont été des victimes. N’ayant que Thiès comme terrain politique favorable ces dernières années, Idrissa Seck a ainsi un handicap sur ce plan. Le nom de l’ancien ministre des Finances Amadou Bâ revient également comme un leitmotiv dans la liste des personnalités du régime pouvant assumer cette fonction. Mais il n’a pas la légitimité populaire à Dakar où il est politiquement contesté dans les rangs du parti.
Il y a aussi dans une certaine mesure Abdoulaye Seydou Sow, actuel ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique (MULHP) qui bouscule avec une forte dose d’activisme. Au-delà de sa transhumance du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) qu’iltraine comme un boulet, il peine à incarner un leadership fort même dans son fief. Autre chose, parce qu’il a fini de s’aliéner beaucoup de ses amis politiques à cause de son inaccessibilité. Quid du grand argentier de l’Etat Abdoulaye Daouda Diallo ? L’actuel ministre des Finances incarne un profil rare et il remplit à merveille le critère de
loyauté et de représentativité.
Mais cela est-il suffisant pour être à la tête d’une équipe de combat, afin d’affronter des défis de grande envergure ? En tout cas, force est aussi de constater qu’il parle peu. L’ancienne Première ministre Aminata Touré dite Mimi aurait été un bon cheval aussi sur certains points. Mais elle préférait sans doute la tête du parlement qui enrichirait son curriculum vitae. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome est également sur toutes les lèvres. Proches parmi les plus proches, l’ancien procureur spécial s’investit corps et âme pour consolider le régime. Même si sa légitimité politique est en cause. Il ne faut présager de rien avec le président Macky Sall qui a le don de déjouer tous les pronostics et de dérouter les analystes les plus pertinents. Il peut ainsi sortir comme une tour de magie un Premier ministre que personne n’attendait surtout qu’il dispose dans sa besace plusieurs profils à même de coordonner cette équipe choc. Sidiki Kaba, Aly Ngouille Ndiaye, etc. Le DG du Budget peut bien être la surprise du chef. Certains de nos interlocuteurs trouvent une bonne opportunité sur sa personne. Décrit comme une personnalité d’une extrême loyaut, pas trop trempé dans la chose politique, Mahamadou Moustapha Bâ fait presque l’unanimité sur ses compétences et sa courtoisie légendaire. Même si beaucoup le prédestinent à la tête du ministère du Budget, il peut valablement driver le prochain gouvernement de combat du président Macky Sall.
Par Yoro DIA
NOSTALGIE DE LA TYRANNIE
A l’heure du bilan, le seul pays qui a réussi sa révolution du Printemps arabe est la Tunisie, parce que c’est l’une des rares sociétés arabes avec une Société civile que la dictature de Ben Ali n’avait pas réussi à détruire
En voyant l’anarchie qui sévit en Libye après la mort de Kadhafi et celle qui déchire l’Irak depuis la chute de Saddam Hussein, on comprend la vieille sagesse populaire arabe qui dit qu’«il est préférable d’avoir 60 ans de tyrannie que vingt-quatre heures d’anarchie».
En Libye et en Irak, il y en a probablement beaucoup qui regrettent la chute des tyrans Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi parce qu’au moins dans une tyrannie, il y a comme aurait dit Weber, «un monopole de la violence» dont on connaît le lieu d’origine et que l’on peut éviter par conséquent. Ce qui n’est le cas dans l’anarchie car, en Libye, on ne sait même plus qui se bat contre qui. Ces situations anarchiques en Libye et en Irak, permettent aussi de comprendre pourquoi Rastum Pacha, l’un des rares gouverneurs ottomans de l’Arabie, qui a réussi à mettre fin aux guerres tribales, était appelé «Abu Jarida», c’est-à-dire le «Père du bâton».
En Egypte, le Marechal Al Sissi, le nouveau Abu Jarida, a rapidement fermé la parenthèse démocratique du Printemps arabe, alors que le Abu Jarida syrien, Bachar Al Assad, n’a même pas laissé la parenthèse s’ouvrir.
Du temps de la splendeur de l’empire abbasside, Haroun Al Rashid avait édifié une «baytil hikmati», une maison de la sagesse dans sa capitale Bagdad, la plus belle ville du monde à l’époque.
A Bagdad, l’ancienne capitale de l’empire, on disait que «si les livres sont écrits en Egypte, ils sont vendus au Liban, mais lus à Bagdad». Aujourd’hui la sagesse a quitté la capitale de Haroun Al Rashid où les livres ont été remplacés par les armes et la sagesse par la violence, depuis que George W. Bush a ouvert la boîte de Pandore du conflit sunnite/chiite lors de la 2e guerre d’Irak. Même si le régime de Saddam Hussein était marqué par l’hégémonie des Sunnites qui sont minoritaires, l’allégeance des Chiites à l’Etat irakien n’a jamais été prise à défaut lors de la longue guerre contre l’Iran chiite, parce que l’Irak de Saddam était un Etat laïc.
Ce primat de l’allégeance à l’Irak se joue encore aujourd’hui avec des partisans de Moktada al Sadr qui refusent l’inféodation de l’Irak à l’Iran, contre ceux qui pensent que l’appartenance au chiisme doit primer sur l’appartenance nationale. Après l’invasion de l’Irak par Bush, à Téhéran, les ayatollahs ont pensé que le Président américain avait réalisé leur plus grand rêve, rendant possible une sorte «d’arc chiite» entre Téhéran, Bagdad et Damas. Ce qui se passe en Irak va gripper la machine, avec la remontée à la surface du vieux conflit entre Arabes et Perses, au-delà de l’appartenance commune au chiisme.
Ce vieux conflit s’exprime aujourd’hui en Irak dans le cadre d’une démocratie plus que surréaliste, fondée sur la logique tribale et la violence qui lui est consubstantielle. Cette tradition de violence ancestrale fait aujourd’hui qu’il n’y a presque pas de Société civile dans les Etats dynastiques arabes, les seules forces organisées étant celles de l’appareil de l’Etat dynastique et son appareil répressif qui fait face aux islamistes. Ce qui fait que les indépendances ont produit des dictatures, des Etats dynastiques, et la démocratisation a produit l’islamisme (Algérie, Irak, Palestine et Egypte).
A l’heure du bilan, le seul pays qui a réussi sa révolution du Printemps arabe est la Tunisie, parce que c’est l’une des rares sociétés arabes avec une Société civile que la dictature de Ben Ali n’avait pas réussi à détruire. La Société civile y est tellement forte qu’un de ses membres, le constitutionnaliste Kais Saied, a doublé les islamistes en se faisant élire Président.
L’OPPOSITION JOUE LES TROUBLE-FÊTE
Le séisme des élections législatives du 31 juillet dernier risque de perturber profondément le fonctionnement de l’Assemblée nationale. L'opposition entend elle aussi, briguer la présidence du parlement
Le contrôle du perchoir ne semble pas parti pour être une partie de plaisir pour le groupe parlementaire affilié au pouvoir en place. Pour cause, l’opposition forte des 80 députés de l’inter-coalition Wallu-Yewwi et des deux parlementaires de la coalition Aar Sénégal et du Mpr-Les Serviteurs, en l’occurrence Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, entend elle aussi briguer la présidence de l’Assemblée nationale. Surtout que pour cette 14ème législature, elle se retrouve face à une mouvance présidentielle dont la majorité parlementaire ne tient que sur un fil ténu.
Le séisme consécutif aux résultats des élections législatives du 31 juillet dernier qui ont écorné la majorité parlementaire mécanique du pouvoir en place risque de perturber profondément le fonctionnement de l’Assemblée nationale, notamment en sa quatorzième législature.
A commencer par le perchoir qui pourrait connaitre une véritable guerre de nerfs avec l’élection de son titulaire au poste, lors de l’installation prévue le 12 septembre prochain des députés issus du dernier scrutin législatif. Alors que cette élection s’effectuait quasiment de façon mécanique lors des dernières législatures, tant la majorité du pouvoir en place était manifeste, la donne a sérieusement changé pour cette fois.
Le président de la République et son camp qui comptaient disposer d’un effectif assez confortable de députés-maison, afin d’accompagner sans aspérité les politiques publiques lors des deux dernières années du quinquennat se retrouvent, contre toute attente, sans majorité réelle. Crédités de 82 députés seulement contre 125 lors de la treizième législature, le parti présidentiel et ses divers alliés ont été obligés de piocher dans l’opposition pour se garantir une majorité absolue qui ne tient cependant qu’à un fil.
Et c’est l’ancien président de l’Assemblée nationale sous Me Abdoulaye Wade, en l’occurrence Pape Diop de la Convergence Bokk Gis Gis Ligguey, qui lâchera l’opposition pour gonfler les rangs des députés du pouvoir en place. Lesquels passent de 82 à 83 parlementaires seulement, une majorité ténue dans un hémicycle fort de 165 membres. C’est dire à quel point le remplacement de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui a dirigé l’hémicycle pendant 10 années (2012-2022), ne sera pas mécanique pour Macky Sall et son camp.
D’autant que l’opposition forte dans sa globalité de 82 parlementaires, dont les 80 sont de l’inter-coalition Wallu-Yewwi et les deux autres parlementaires de la coalition Aar Sénégal et du Mpr-Les Serviteurs, en l’occurrence TAS et Pape Djibril Fall, se dit déterminée à batailler ferme pour le contrôle du perchoir.
Quelques jours avant l’installation de la 14ème législature, le président Abdoulaye Wade aurait ainsi trouvé celui qui peut être placé à la tête de l’Assemblée nationale. Il s’agirait bien de Mamadou Lamine Thiam, l’ancien questeur de l’Assemblée nationale et mandataire national de la coalition Wallu Sénégal aux Législatives. Une proposition qui aurait été validée par les membres de la coalition en question en faveur de ce parlementaire qui sera cette année à sa quatrième législature.
Du côté de Yewwi Askan Wi, la coalition qui regroupe Pastef-Les Patriotes d’Ousmane Sonko, Taxawu Sénégal de Khalifa Sall, Pur de Serigne Moustapha Sy et leurs alliés, le temps serait aussi à la concertation ou aux réglages pour la journée cruciale du 12 septembre prochain qui consacrera l’élection du président et/ou présidente de l’Assemblée nationale, l’installation du bureau de cette institution et des commissions parlementaires. Des sièges non seulement juteux mais d’importance politique majeure dans le format de la 14ème législature marquée par le coude-à- coude entre la majorité (83 députés) et l’opposition (82 députés).
MIKHAÏL GORBATCHEV EST MORT
Le dernier dirigeant de l'Union soviétique est décédé mardi à l'âge de 91 ans en Russie, a indiqué un hôpital cité par les agences de presse russes. Partisan d'une politique de rapprochement avec l'Occident, il avait reçu en 1990 le prix Nobel de la paix
Le dernier dirigeant de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, est mort mardi à l'âge de 91 ans en Russie, a indiqué un hôpital cité par les agences de presse russes.
"Aujourd'hui dans la soirée (mardi), après une longue maladie grave, Mikhaïl Sergueïvitch Gorbatchev est décédé", a indiqué l'Hôpital clinique centrale (TSKB) dépendant de la présidence russe.
Arrivé au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev avait lancé une vague de réformes politiques et économiques visant à moderniser et à démocratiser l'Union soviétique confrontée à des graves crises.
Partisan d'une politique de rapprochement avec l'Occident, il avait reçu en 1990 le prix Nobel de la paix.
Entre 1990 et 1991, il avait occupé le poste de président de l'Union soviétique, avant finalement de devoir démissionner le 25 décembre 1991, ce qui avait entraîné la fin de l'URSS.