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2 décembre 2024
Economie
ARRÊTÉ À L’AEROPORT, JORIS DUNKEL LÂCHE UNE AVANCE DE 21 MILLIONS CFA
Alors que son directeur tente d'échapper à la justice sénégalaise, l'entreprise de jeux laisse derrière elle un sillage de soupçons d'escroquerie, avec des agences pillées et les dernières recettes volatilisées
Propriétaire de « Parifoot », la société Premier Bet dirigée par Joris Dunkel est poursuivie pour fraude fiscale et détournement de deniers publics portant sur près de 120 millions CFA et 12 milliards CFA au préjudice du fisc. Dès son arrestation à l’aéroport de Diass, le Dg Joris Dunkel a lâché une somme de…21 millions CFA. Pendant ce temps, des agents de « Parifoot » ont disparu avec les dernières recettes avant d’emporter les ordinateurs et consoles de jeux.
Agé de 34 ans, M. Joris Dunkel, directeur général de la société Premier Bet « 1Xbet » et leader des paris sportifs dans notre pays (Parifoot) a été arrêté à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). C’était le lundi 5 août dernier au moment où il s’apprêtait à quitter le territoire national en compagnie de sa famille pour la France. Ce alors qu’il avait jusqu’au 12 août prochain pour transiger, contester ou négocier.
Conduit dans les locaux de la Dic, le Français Joris Dunkel, a immédiatement lâché une somme de 21millions CFA en guise d’avance sur les 120 millions CFA de deniers publics détournés au préjudice du Trésor public. Plus précisément, il s’agissait d’une échéance sur un moratoire qui lui avait été accordé suite à un premier redressement fiscal de 120millions de francs au titre de l’année 2021. Un redressement sur lequel il reste devoir à l’État du Sénégal un montant de 99 millions CFA.
A propos des 12 milliards CFA que lui réclame la direction générale des Impôts et Domaines (Dgid) pour non reversement de Tva sur trois ans (lire l’article de Moustapha Boye), le patron de l’ex-Parifoot n’a manifesté aucune volonté de payer. Du moins lors de son premier interrogatoire devant les enquêteurs de la DIC. En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que la société Premier Bet spécialiste des paris sportifs en ligne n’a jamais fait de déclaration de Tva et n’a jamais reversé cet impôt depuis octobre 2021.Un état de fait qui porte à croire que trois ans durant, le nommé Joris Dunkel s’adonnait impunément à une vaste fraude fiscale facilitée par une chaine de complicité interne et externe. Une impunité fiscale que lui garantissaient ses proches associés et collaborateurs dont des Marocains.
Des agences et kiosques pillés
Pour la petite histoire, il convient de savoir que la Loterie nationale sénégalaise (Lonase ) ayant le monopole des jeux sportifs s’était associée à la société Premier Bet en lui cédant son pari phare : Parifoot ! Et chaque année, Parifoot, par le biais de Premier Bet, versait des redevances équivalant à 3%de son chiffre d’affaires à la Lonase.
Courant juin 2024, la Lonase a décidé de rompre son contrat de partenariat avec « 1Xbet » afin de pouvoir reprendre à 100% son produit phare qu’est Parifoot. Ce retrait de la tétine financière, synonyme de sevrage, a poussé le directeur général de Premier Bet, M. Joris Dunkel, à s’autoproclamer en faillite ! Une situation qui a provoqué la panique au niveau des agences et kiosques « Parifoot » où s’activent plus 800 agents et prestataires. Lesquels ont tenu de nombreux sit-in devant le siège de Premier Bet pour réclamer le paiement de leurs indemnités suite l’arrêt des activités des jeux en ligne. Pendant ce temps, certains chefs d’agence et superviseurs-caissiers n’ont trouvé rien de mieux à faire que de détourner les dernières recettes journalières pour des montants variant entre 2 millions CFA, 4 millions CFA et même 12 millions CFA dans certaines localités et zones à forte clientèle. Le Témoin a même appris que certains kiosques ont été carrément pillés par des travailleurs désespérés. Gain des paris: des ordinateurs, des mobiliers, des consoles de jeux, des écrans plats, des téléviseurs, des groupes électrogènes et autres matériels arrachés et emportés. La perte aux Sénégalais, la fortune aux…étrangers ! Quant au Dg de Premier Bet, le Français Joris Dunkel, on peut dire qu’il a fait un pari…perdu en tentant de filer…à l’anglaise !
LA CHAMBRE DE COMMERCE, D’INDUSTRIE ET D’AGRICULTURE DE DAKAR DANS L'IMPASSE
Un administrateur dénonce l’illégalité du bureau actuel et saisit le gouvernement, réclamant l’exécution de décisions de justice en sa faveur
La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar serait dirigée dans l’illégalité. C’est du moins ce qu’affirme Birane Yaya Wane. L’administrateur de sociétés a saisi le Premier ministre et le ministre pour «corriger ce manquement» qu le régime de Macky Sall n’a pu gérer, selon lui.
La Chambre de commerce, d’industrie et d'agriculture de Dakar (Cciad) est secouée par un différend qui perdure. Après avoir interpellé en vain l’ancien président de la République, Macky Sall, Birane Yaya Wane a adressé depuis le 28 mai dernier une correspondance à l’actuel Premier ministre pour un règlement définitif de ce qu’il qualifie une «situation délétère indescriptible» à la Cciad. Dans cette correspondance lue par Bés Bi, cet administrateur des sociétés, membre de la coalition And Deffarat Chambre de commerce, met en cause Abdoulaye Sow. «Après 14 longues années de mauvais et déloyaux services rendus au secteur privé sénégalais institutionnel comme organisationnel patronal, l’actuelle équipe dirigeante sous la houlette de M. Abdoulaye Sow, veut se maintenir à la tête de la Cciad», a-t-il écrit à Ousmane Sonko.
Les décisions de la Cour suprême
Citant des décisions de la Cour suprême annulant le 1er tour de la sous-section Etablissements financiers, des élections de la Chambre de commerce, ou annulant le 2ème tour du scrutin des élections de la Chambre de Commerce, Birane Yaya Wane souligne qu’ «il appartient alors au ministre du Commerce et au Gouverneur de la Région de Dakar auxquels toutes les décisions ont été notifiées en tant qu’autorités de tutelle, de faire produire à ce dispositif son plein effet en tirant toutes les conséquences logiques qu’il comporte». Pour lui, il s’agit de «constater l’illégalité de l’actuel bureau de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar, de mettre en place de façon concertée une structure provisoire pour diriger l’institution». Il souligne que «le refus par l’autorité compétente ou même la simple abstention de donner effet à ce dispositif de l’arrêt de la Cour d’appel pourra faire l’objet de toutes les voies de recours prévues par la loi, notamment un recours pour excès de pouvoir». Au Premier ministre, M. Wane informe du «blocage des chambres de commerce depuis 15 longues années pour les 13 régions du Sénégal et depuis 14 ans à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar». Des années «d’illégitimité et d’illégalité» qui devraient, selon lui, «trouver une issue heureuse avec l’installation de délégations spéciales pour nous mettre autant que nous sommes au même pied d’égalité».
Saisine du ministre des Finances et du budget
Après le Premier ministre, Birane Yaye Wane a saisi aussi le ministre des Finances et du budget sur la même question. Il dit avoir informé Cheikh Diba «des lenteurs notées dans l’exécution des décisions de justice émanant de la Cour suprême et des Chambres réunies de la Cour d’appel de Dakar sur le contentieux électoral de la Cciad». Il se trouve que, soulignet-il, dans les circuits de l’administration centrale, ce genre de dossier à enjeux peut accuser des retards injustifiés, alors qu’il concerne plusieurs départements qui doivent apporter leurs concours pour arriver à exécuter ces décisions de justice transmises par l’Agence judiciaire de l’Etat au ministère de l’Industrie et du commerce depuis bientôt deux ans. A Cheikh Diba, il ajoute : «C’est dans ce cadre que je vous ressaisis à nouveau pour solliciter de votre ministère qui se trouve être la tutelle financière de la Cciad, l’interprétation des arrêts de justice transmis, qui devront faire l’objet d’une transmission au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur, afin de ne plus donner l’occasion à des juristes de seconde zone de pouvoir faire une interprétation quelconque et erronée de ces décisions de justice.» Répondant à une correspondance de Birane Yaya Wane, le ministre de la Justice Ousmane Diagne lui assure que ses services compétents «en tireront toutes les conséquences, conformément à la loi». Bés Bi a essayé d’entrer en contact, en vain, avec le ministère du Commerce et de l’industrie. Aucune réponse aux différentes sollicitations.
Reaction d’Abdoulaye Sow, président de la CCIAD : « Birane Wane a porté plainte deux fois et a été débouté deux fois »
«Ma légitimité, ce n’est pas Birane Wane qui doit en parler parce qu’il ne m’a pas élu. Et, dès lors, qu’il ne m’a pas élu, il ne peut pas me déchoir de mon poste de président. J’ai été élu en novembre 2019. Ce qu’il dit ne me concerne pas parce que je n’étais pas membre de la Chambre de commerce de Dakar à cette époque. J’ai été élu démocratiquement avec un bureau. On travaille. Je dois dire que j’ai été installé par le ministre du Commerce de l’époque et le gouverneur de la région de Dakar a supervisé les renouvellements des instances. D’ailleurs, on va vers la réforme des chambres de commerce. Le moment venu, celui qui sera élu va présider aux destinées de la Chambre. Il a amené le dossier tout récemment au ministère du Commerce et il a été rejeté. D’ailleurs, il y a la prescription parce que ce dossier date de plus de 10 ans. C’était en 2010. Cela fait maintenant 14 années. Il a porté plainte à deux reprises et il a été débouté à deux reprises.»
Par Yoro DIA
DE L’AUTRE COTÉ DE L’ATLANTIQUE
La rancœur, le ressentiment, l’excitation des instincts de la foule n’ont jamais rien construit. Au contraire, ils détruisent comme Pastef a su le faire en 2021 et 2023. Pour l’instant, le duo Diomaye-Sonko est dans le populisme
Le grand avantage des douceurs de l’opposition est le fait de prendre le recul pour réfléchir sur les alternatives mais surtout de prendre des vacances. Pour ces premières vacances post-gouvernement, rien de tel qu’un tour à New York. New York si aristocratique et si démocratique, à l’image de Alexis de Tocqueville qui était «aristocratique par instinct, par classe sociale et démocrate par raison». Tocqueville était attaché à la démocratie mais supportait péniblement la médiocrité de ceux qui l’incarnaient par moments. J’ai le même sentiment quand je vois ce qui se passe dans mon pays. Tocqueville est resté plusieurs mois aux Etats Unis pour une étude comparative des systèmes carcéraux français et américain, mais ce sera son chef d’œuvre De la démocratie en Amérique qui en sortira.
Moi, je n’ai que deux semaines à New York pour partager avec vous mon sentiment sur le «fonctionnement de l’Amérique» que Tocqueville voyait comme l’avenir du monde. Tocqueville a surtout comparé l’Amérique à son pays la France. Moi je vais comparer l’Amérique et mon pays, qui sont les deux plus vieilles démocraties d’Amérique et d’Afrique. Il n’est pas étonnant que l’Amérique soit la plus grande puissance du monde, parce qu’il est le premier pays à avoir «constitutionnalisé» la poursuite du bonheur comme un droit inaliénable. C’est dans cette poursuite du bonheur que se trouve l’optimisme américain incarné par la fête du Thanksgiving. Cet optimisme qui a permis à Franklin Delano Roosevelt de sortir l’Amérique la crise de 1929 dans les 100 premiers jours de son mandat. Si l’Amérique a constitutionnalisé la poursuite du bonheur, le duo Diomaye-Sonko veut «constitutionnaliser» le ressentiment contre les élites, les riches, contre les entrepreneurs et créateurs de richesses, qu’ils jettent à la vindicte populaire afin de détourner le regard sur l’échec des 100 jours. Le plus NewYorkais des présidents américains est sans doute Franklin Roosevelt, qui était aussi la fois si aristocrate et si démocrate, comme New York et comme Tocqueville. Par un discours (la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même qui nous paralyse) et une causerie au coin du feu, diffusée à la radio, il a redonné confiance aux Américains en proie au doute profond et les a réconciliés avec l’optimisme. Le lendemain de sa première causerie au coin de feu, les Américains se sont rués sur les banques, non plus pour retirer mais pour y ramener leur argent qu’ils gardaient chez eux, parce qu’ils ne faisaient plus confiance au système bancaire. On est loin de la médiocrité du duo Diomaye-Sonko qui est en train de casser notre dynamique d’émergence comme le dit bien cette Une de Walf du 31 juillet sur les «germes de la désindustrialisation» et «le privé se perd dans la stratégie de l’Etat». Ce n’est pas seulement le secteur privé mais c’est tout le monde qui s’y perd parce qu’il n’y a point de stratégie.
Tout le monde est d’accord avec la reddition des comptes, l’audit qui est un mode normal de gestion, mais il est urgent de fixer un cap pour le pays et de substituer la confiance, l’optimisme à la culture du ressentiment qui est le moteur de Pastef. Cette vague de ressentiment sur laquelle surfe Pastef et qui nous fait détester nos milliardaires, le voisin qui réussit, le frère qui excelle alors que les Américains sont si fiers de leurs milliardaires et célèbrent leurs entrepreneurs. Une autre leçon que nous pouvons tirer de la comparaison avec l’Amérique : la politique extérieure est le prolongement de la politique intérieure, comme le pense Kissinger. L’Amérique, grâce à son soft power, exporte ses valeurs grâce entre autres à Hollywood, à sa littérature, à ses Gafam. Le Sénégal aussi avait un soft power qui lui permettait d’exporter sa littérature, ses créateurs, ses soldats de la paix, son modèle démocratique. Dommage, aujourd’hui notre cher pays exporte de la vulgarité et de la brutalité, à l’image de Guy Marius Sagna se comportant comme un gladiateur brandissant des muscles au Parlement de la Cedeao. Cette politique intérieure qui use de la terreur contre les médias et les activistes de l’opposition pour imposer l’autocensure, comptant sur une surdité sélective de la Justice afin de masquer un échec si flagrant. Cet échec qu’on cherche à masquer avec de la diversion politicienne comme l’annonce de la création d’un ministère du Culte par notre Premier ministre. Un ministère à la fois inutile et dangereux. Les Etats-Unis sont probablement avec le Sénégal les deux pays où il y a le plus de vitalité religieuse grâce à des formes de laïcité locales et originales. Il y a trois formes de laïcité. La laïcité américaine : freedom of religion, liberté totale de religion, la laïcité française : freedom from religion, se libérer de la religion et la laïcité positive sénégalaise qui est un juste milieu entre ces deux extrêmes et qui se fonde sur la nécessité d’éviter la «querelle des allégeances» entre l’Etat et les confréries. Cette querelle des allégeances qui a été à l’origine des longues guerres de religion en Europe. Notre modèle fonctionne très bien. Donc Monsieur le Premier ministre, ne nous créez pas des problèmes dans le domaine où nous n’avons aucun problème. Un ministère du Culte n’a aucun sens parce que l’Etat n’a aucune compétence en matière religieuse. La compétence de l’Etat est de garantir la paix civile et la sécurité pour une pratique libre et normale de la vie religieuse.
Avec le président de la République, réorientez votre énergie sur une politique de défense que nous attendons impatiemment car le feu djihadiste s’approche dangereusement de nos frontières et une politique économique qui est l’essentiel et dont le fondement ne peut être que le retour de la confiance comme l’a montré Roosevelt. L’économie se fonde sur la consommation, découlant de la confiance que vous avez remplacée par un ressentiment généralisé devenu un cancer qui ronge le pays. Depuis 1789, entre deux élections, une aristocratie bâtit l’Amérique en tirant la classe moyenne par le haut. Dans le Sénégal de Diomaye-Sonko, on attise le ressentiment de la classe moyenne et des plus pauvres contre l’aristocratie, comme l’arrêt arbitraire et unilatéral des travaux sur la corniche. Dans un pays qui veut émerger, on doit se réjouir que Yerim Sow ait pu sortir le Radisson des grottes de la corniche où il n’y avait que des marginaux fumeurs de yamba quand nous étions étudiants à l’Ucad.
La rancœur, le ressentiment, l’excitation des instincts de la foule n’ont jamais rien construit
Au contraire, ils détruisent comme Pastef a su le faire en 2021 et 2023. Les pères fondateurs des Etats-Unis l’ont tellement bien compris qu’immédiatement après la révolution et l’indépendance, ils ont canalisé les foules avec une Constitution où il n’est pas mentionné une seule fois le mot démocratie, parce qu’avant tout l’Amérique est une République qui s’inspire plus de l’aristocratique Rome que de la très démocratique Athènes.
Pour l’instant, le duo Diomaye-Sonko est dans le populisme en attendant le despotisme s’ils gagnent leur guerre contre les médias, que les pères fondateurs des Etats-Unis ont protégés dès le 1er amendement car ils avaient compris que la liberté de presse conditionnait toutes les autres libertés. Donc pour la démocratie, mieux vaut les excès de Fox news que l’autocensure institutionnelle de la Pravda soviétique. Donc Monsieur le Premier ministre votre guerre déclarée contre la presse et les réseaux sociaux est perdue d’avance parce que la liberté de presse n’est pas un don ou une libéralité du gouvernement, mais lui est consubstantielle. C’est pourquoi aux EtatsUnis, le journaliste Bob Woodward a fait tomber Nixon avec le Watergate. Au Sénégal, Latif Coulibaly a fait tomber le gouvernement du Premier ministre Idrissa Seck par un livre. Dans un tel pays, vouloir terroriser la presse est un rêve et il n’y rien de plus démocratique que le rêve. On aurait préféré que le président et le Premier ministre aient de grands rêves comme Kennedy avec sa nouvelle frontière sur la lune, mais pas de si petits rêves de mettre la presse au pas. Nixon a essayé et a lamentablement échoué. Vous aussi, vous échouerez.
Le temps ne chôme pas. Comme Jack Kerouac, il est temps de se remettre «sur la route» et reprendre la marche vers l’émergence au lieu de nous créer un évènement, une distraction quotidienne comme aux Galeries Lafayette.
La grande question que pose la passionnante campagne électorale qui se déroule actuellement aux USA, avec ses divisions et ses dérives, trouve sa réponse dans le grand livre de John Sperling The great divide : Retro versus Metro America. Ce livre qui relate le grand schisme entre Metro America (l’Amérique moderne et ouverte sur le monde) et le Retro America (l’Amérique fermée des conservatismes). Le retro America constitue la base de l’électorat de Trump alors que le Metro America qui a élu Obama, un noir dont le père n’est même pas Américain, veut, cette fois encore, aller beaucoup plus loin en donnant les clés de la Maison Blanche à une femme noire et indienne. Toute chose étant égale par ailleurs, chez nous, c’est le retro-Sénégal qui a triomphé le 24 mars 2024, avec un souverainisme désuet et anachronique parce que l’émergence est consubstantielle à l’ouverture au monde.
God bless Senegal. God bless America
Dr Yoro Dia est politologue, ancien ministre.
SCANDALE DE FRAUDE FISCALE PRÉSUMÉE À PREMIER BET SÉNÉGAL
Joris Dunkel, le Directeur général de la société de paris sportifs, aurait été arrêté alors qu'il tentait de fuir le pays, selon l'Observateur. Il est soupçonné d'avoir délibérément éludé ses obligations fiscales
(SenePlus) - Joris Dunkel, le Directeur général de Premier Bet Sénégal, une société de paris sportifs, a été arrêté par la Division des investigations criminelles (DIC) pour une fraude fiscale présumée de 12 milliards de francs CFA, selon les informations rapportées par le quotidien L'Observateur.
La situation a pris une tournure dramatique alors que l'entreprise avait annoncé à ses employés la fermeture de ses portes le 31 juillet dernier, incapable de s'acquitter d'un redressement fiscal. Cependant, les autorités avaient déjà lancé des poursuites judiciaires à l'encontre de Joris Dunkel, visé par une plainte de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID).
"C'est ainsi qu'il a été arrêté au moment où il passait la police des frontières avec sa famille", rapporte L'Observateur, citant des sources proches de l'enquête. Selon le journal, Dunkel avait déjà pris ses dispositions pour fuir le Sénégal, mais la DIC avait anticipé son mouvement en alertant la police des airs.
Interrogé par les enquêteurs, le Directeur général de Premier Bet Sénégal a déclaré, de manière surprenante, "qu'il ne savait pas qu'il devait verser des impôts à la DGID", surtout qu'il versait déjà "3% de son chiffre d'affaires à la Lonase", rapporte L'Observateur.
Le journal indique que Joris Dunkel sera déféré ce mardi devant les autorités compétentes, marquant ainsi une étape cruciale dans cette affaire de fraude fiscale présumée.
KOSMOS ENERGY ANNONCE DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES VERS LA PRODUCTION
«l'achèvement mécanique pour le premier gaz est attendu ce mois-ci», renseigne l’opérateur du champ dans son rapport trimestriel.
iGFM - (Dakar) Le gazier sénégalo - mauritanien, Grand Tortue Ahmeyim, continue de bien progresser. La compagnie Kosmos Energy, opérateur du champ, a fait le point sur l’évolution des travaux.
Sur Grand Tortue Ahmeyim, le principal projet gazier sénégalo-mauritanien, on n’est pas loin de la phase de production. Selon Kosmos Energy, «le premier lot de quatre puits a été complété avec une capacité de production attendue nettement supérieure à celle requise pour le premier gaz.»
Aussi, renseigne la compagnie, le terminal hub a été mis en opération et les travaux sous-marins progressent conformément aux attentes. Les travaux de connexion finale aussi sont en cours. En somme, indique l’opérateur du projet, «l'achèvement mécanique pour le premier gaz est attendu ce mois-ci», renseigne l’opérateur du champ dans son rapport trimestriel.
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VISAS SCHENGEN, UNE ODYSSÉE KAFKAÏENNE
Sociétés privées, intermédiaires douteux, chancelleries... tous se partagent le gâteau Schengen, évalué à plus de 50 millions d'euros par an, rien que pour l'Afrique
Dans les coulisses de la forteresse Europe, se joue chaque jour un drame silencieux : la quête du précieux sésame Schengen. Pour des milliers d'Africains, ce visa est devenu le Saint Graal moderne, aussi insaisissable que convoité.
Imaginez un labyrinthe bureaucratique où chaque tournant cache un nouveau piège. D'abord, le casse-tête des rendez-vous. Tels des billets pour un concert de rock star, ils s'arrachent à prix d'or sur un marché noir florissant. Ensuite, le parcours d'obstacles financiers : frais de dossier, frais de service, frais de traitement...
Et que dire de cette loterie où même les gagnants peuvent se retrouver perdants ? Tel ce chef d'entreprise togolais, pourtant habitué des voyages d'affaires, soudain privé d'accès à l'Eldorado européen sur un simple refus administratif.
LES QUOTIDIENS STADES ET SUNU LAMB TIRENT LEUR RÉVÉRENCE
Mamadou Ibra Kane, patron du groupe Africome, a dû se résoudre à suspendre les éditions papiers des deux titres face aux difficultés économiques croissantes, malgré les records de ventes et leur influence depuis plus de 20 ans
(SenePlus) - C'est une triste nouvelle qui vient secouer le paysage médiatique sénégalais. Mamadou Ibra Kane, directeur de publication du groupe Africome, a annoncé la suspension de la parution des quotidiens "Stades" et "Sunu Lamb" depuis le 3 août 2024.
Selon M. Kane, cette décision dramatique fait suite à "deux ans d'exercices déficitaires, des dettes colossales, des retards de paiement des salaires et l'arrêt du paiement des cotisations sociales". Une crise économique et sociale que ne connaît pas seulement Africome, mais bien l'ensemble des médias sénégalais qui "risquent de tomber comme des mouches".
Et le directeur de publication d'ajouter : "la presse sénégalaise connaît une crise sans précédent depuis une décennie, exacerbée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Les médias évoluent dans un environnement hostile, marqué par la pression fiscale, l'absence de loi sur la publicité et un financement à des taux prohibitifs".
Ces fermetures historiques sont d'autant plus regrettables que "Stades", créé en 2003, était le "leader de la presse sportive" avec plus de 200 millions d'exemplaires tirés en 21 ans. Quant à "Sunu Lamb", seul quotidien de lutte au monde créé en 2004, il détient le "record de tirage de la presse quotidienne nationale".
Selon M. Kane, "ces quotidiens ont formé des centaines de journalistes" grâce à leur innovation dans le traitement de l'information sportive. Cependant, leur fermeture entraîne déjà 20 licenciements, et une "seconde vague" menace le personnel technique et administratif.
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ABDOU MBOW SONNE LA CHARGE CONTRE LE NOUVEAU POUVOIR
Quatre mois après l'alternance, le Sénégal est-il sur la bonne voie ? Pas selon le député qui a livré un réquisitoire implacable contre le gouvernement de Diomaye. Il évoque l'absence de vision et une "chasse aux sorcières" de la part des autorités
Ce dimanche 4 août 2024, le député Abdou Mbow, figure de proue de l'Alliance pour la République (APR) et président du groupe parlementaire d'opposition Benno Bokk Yakaar (BBY) à l'Assemblée nationale, a livré un réquisitoire cinglant contre le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye lors de son passage dans l'émission "Grand Jury" de la RFM.
Mbow n'a pas mâché ses mots, qualifiant les premiers mois du nouveau régime de "tâtonnement incessant". Il a pointé du doigt l'absence de vision claire et de cap défini, illustrée selon lui par le refus persistant du Premier ministre Ousmane Sonko de présenter sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale.
Le député a par déclaré ce qu'il considère ailleurs comme une "chasse aux sorcières" contre les anciens dirigeants, s'inquiétant des "arrestations arbitraires" et des menaces pesant sur l'indépendance de la magistrature. Il a notamment fustigé les récentes déclarations du président Faye concernant la nomination des magistrats, les jugeant « dangereux » et contraires à la tradition républicaine.
Sur le plan économique et social, Mbow a dressé un tableau alarmant, évoquant des difficultés pour les entreprises, une pression fiscale croissante, et une recrudescence de l'émigration clandestine. Il a ainsi remis en question la capacité du nouveau pouvoir à tenir ses promesses électorales.
Malgré les défections au sein de son parti, l'APR, Abdou Mbow a réaffirmé la force et la mobilisation de l'opposition, se disant prêt à affronter de futures échéances électorales pour "rectifier ce qui s'est fait le 24 mars passé" .
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LES CLÉS DE LA REDDITION DES COMPTES
L'avocat Pape Djibril Kante préconise dans un premier temps la négociation et les remboursements en cas de bonne foi, sans exclure les poursuites judiciaires en cas de malversations graves. Il souligne aussi l'impératif d'une communication claire
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 4 août 2024, Me Pape Djibril Kante, avocat sénégalo-canadien spécialiste en droit des affaires, a mis en lumière l'importance et les mécanismes de la reddition des comptes au Sénégal.
"La reddition des comptes n'est pas un épouvantail, mais un processus normal et nécessaire de bonne gouvernance", a affirmé un emblème Me Kanté. Selon lui, ce processus implique une vérification systématique de l'utilisation des deniers publics, une pratique qui devrait être routinière plutôt qu'exceptionnelle.
L'avocat a détaillé les étapes clés de ce processus : "Il faut d'abord identifier les comptes concernés, qu'ils soient publics ou privés. Ensuite, des experts doivent examiner ces comptes, établir des bilans et demander des justifications aux gestionnaires. " Me Kanté a insisté sur le rôle crucial des corps de contrôle dans cette démarche.
Face aux craintes de "chasse aux sorcières", l'avocat a plaidé pour une approche équilibrée : "La négociation doit être privilégiée dans un premier temps. Si les personnes concernées sont de bonne foi et prêtes à collaborer, on peut envisager des remboursements ou des arrangements." Toutefois, il n'a pas écarté la possibilité de poursuites judiciaires en cas de mauvaise volonté manifeste ou de malversations graves.
L'invité de Baye Omar Gueye a également souligné l'importance de la transparence dans ce processus : "Il faut communiquer clairement avec la population à chaque étape, expliquer les procédures et les délais. La justice ne doit pas être expéditive, mais elle doit être efficace et visible. "
Abordant la question des contrats et conventions, l'avocat a estimé que la reddition des comptes pourrait mener à des renégociations, notamment dans les secteurs minier et pétrolier. "C'est l'occasion de rééquilibrer les intérêts du Sénégal et d'assurer que nos ressources profitent réellement à la population", at-il déclaré.
Enfin, Me Kante a insisté sur la nécessité d'une réforme judiciaire pour garantir l'impartialité et l'efficacité de ce processus. "Une justice indépendante et bien équipée est essentielle pour mener à bien cette reddition des comptes", at-il conclu.
par Ousseynou Nar Gueye
PROBLÉMATIQUE POLITIQUE ET ÉLECTORALE DU CONCEPT DE "PROJETS DE SOCIÉTÉ" VERSUS "LE PROJET" DE PASTEF
"Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches et les plus pauvres
Dommage : avant mars 2024, "le Projet" de Pastef, il s'est arrêté pile avant de devenir... "Projet de société". Émergence foudroyante du "Projet" pastefien dans les urnes, toutefois. Et "noyade" collective des "programmes électoraux" des 17, voire des 18 autres candidats présidentiels de mars 2024. Quel(s) candidat(s) à nous avoir parlé du seul genre de "projet" qui vaille la peine d'être présenté en campagne électorale présidentielle : le "projet de société "?
Mais d'abord, pour circonscrire cette grande affaire de "projets de sociétés concurrents entre eux", parlons de l'état de la richesse mondiale et de l'égalité de sa répartition ainsi que de la carence cyclique des mécanismes de redistribution de la fortune des riches et des supers-riches, par le mécanisme de l'impôt et des taxes. L'éditorial de Marie-Eve Fournier dans le média canadien « La Presse », le 27 juillet dernier, me fournit le prétexte de cette tribune que je commets ce 3 août 2024.
La Québécoise y écrit ceci : "Le fameux palmarès Forbes des milliardaires – en dollars américains – compte aujourd’hui 2712 noms. Grande surprise : 200 Indiens en font partie, dont 10 dans le top 100. Pendant ce temps, 90 % de la population de l’Inde (soit plus d'un milliard de personnes!) gagne moins de 150 $ US par mois, rapporte Paris Match (soit 90.000 FCFA).
Les inégalités dans le pays le plus populeux de la planète ne cessent de croître. Une récente étude du World Inequality Lab a permis de déterminer qu’en Inde, le 1 % des plus riches détient 40 % des richesses du pays. Cette concentration dépasse celle qu’on voit aux États-Unis, en Afrique du Sud ou au Brésil, pays particulièrement inégalitaires.
Certains observateurs accusent le modèle économique du premier ministre indien, Narendra Modi, de favoriser l’élite du pays au détriment de la population pauvre. Ses réformes auraient contribué à l’enrichissement fulgurant des grands conglomérats, dont celui de Mukesh Ambani, 11e fortune mondiale. L’homme qui gère un empire diversifié – pétrochimie, télécommunications, vente au détail, services financiers – vaut 117 milliards.
Le mariage, célébré pendant quatre mois dans différentes villes balnéaires d’Inde et d’Occident jusqu’en mi-juillet 2024, de Radhika Merchant et d’Anant Ambani, fils du milliardaire indien, a coûté 800 millions de dollars US. Pris sur la fortune d'Ambani, qui pèse donc, répétons-le, 177 milliards de dollars US, selon Forbes. Cette somme fait de lui la personne la plus riche d’Asie.
Une donnée permet aisément de saisir l’ampleur de la richesse de cet homme : 0,5 %. Eh oui, la facture de ce mariage qui dépasse l’entendement ne représente que 0,5 % de sa fortune.
Ce n’est assurément pas un cas unique au monde. Les inégalités s’accentuent un peu partout, ce qui met notamment en péril la cohésion sociale. Oxfam qualifie même les inégalités extrêmes de « violence économique ». Les choix politiques biaisés en faveur des personnes les plus riches et les plus puissantes « sont directement préjudiciables pour la grande majorité des citoyens ordinaires dans le monde », plaide l’organisation. Voilà pourquoi il faut trouver des moyens de mieux répartir la richesse. ". C'est ce qu'écrit la journaliste canadienne Mme Fournier.
A mon tour, j'analyse que : le type de "développement" (sic) économique, qui n'est que "violence économique" aussi, que nous voyons avancer en Afrique subsaharienne risque de nous conduire dans 30 ans à la même situation que celle de l'Inde actuelle - et le Sénégal n'y échappera pas, comme on peut le voir en extrapolant la courbe de sa trajectoire historique de « développement économique» - : celle de devenir des pays "riches", peut-être même "développés", ou à tout le moins "émergents", avec 1% de riches ploutocrates prébendiers, rentiers et accapareurs qui possédera 80% (!) des richesses nationale, suivis très loin après en termes de pouvoir d'achat, par une classe moyenne de 10% de la population qui travaille entre les multinationales implantées ici, dans les conglomérats sénégalais à capital et à gestion familiales du 1% cité plus haut, dans la Fonction publique et les collectivités territoriales, dans des activités commerçantes pour lesquelles ils préfèrent "s'arranger" avec les douaniers aux points d'entrée dans le pays (aéroport AIBD, ports et frontières terrestres) puis "amadouer" les contrôleurs fiscaux qui les trouvent dans leurs commerces, plutôt que payer des impôts et taxes en bonne et due forme...: Au total donc, c'est là une classe moyenne qui jongle pour faire face à ses dépenses familiales pendant qu'elle est assaillie par "l'impôt social" des démunis qui leur quémandent inlassablement (membres de la parentèle proche ou éloignée, mendiants des rues devenus cour des miracles des estropiés, des albinos (!!), de quêteurs plus ou moins bien portants, plus ou moins bien ou mal fagotés; les petits mendiants dit talibés aux carrefours devenus les terrains de jeu de leur enfance à l'innocence confisquée; et des gens à métiers précaires et emplois non-décents comme ceux qui crapahutent sur le goudron pour vendre des bibelots made in Asia aux automobilistes pressés, et dont, ceux dits « marchands ambulants » qui ont pourtant un étal fixe ); la classe moyenne est prise en sandwich comme vous le voyez; car enfin donc, près de 90% de la population de ces pays africains sera constituée de miséreux (90% parmi lesquels la longue litanie de quêteurs cités plus haut, pour ne parler que de métiers avouables).
Quand nous serons deux milliards d'Africains, c'est cela qui nous pend au nez.
Cela se voit et se vit déjà dans les "grands pays africains" (Afrique du Sud, Nigéria, Kenya, Égypte...) avec des ghettos-bidonvilles de millions de personnes, sans eau courante et à branchements électriques sauvages, qui ceinturent les hautes tours des centres-villes des capitales.
Cela se vit déjà, aussi, au Sénégal, cette inégalité économique indécente : au moins symboliquement et certainement plus que de façon imaginaire, quand plusieurs dizaines de millions en "briques" de 10.000 FCFA sont théâtralement distribuées dans les cérémonies de mariages des ploutocrates, et changent de mains sans justificatif rationnel, ni origine fiscalement traçable, avec force folklore et déclamations de griottes. Des scènes de ce que l'on se complaît à appeler "la haute", retransmises sur Tik Tok.
C'est aussi cet idéal de richesses furieusement réparties dans un seul bord de 1% de nos happy-few que "nos séries sénégalaises" nous font miroiter comme étant notre avenir indépassable, (notre "American Dream" à la sauce gombo subsaharienne) et qu'elles inoculent comme une drogue dure dans le cerveau des jeunes gens (jeunes filles surtout, à qui ces films tentent de démontrer que le mariage en soi est une option de carrière professionnelle et une sorte d'auto-entrepreneuriat), des « executive women » (pour lesquelles regarder des bouts de ces séries sénégalaises est leur sas de décompression après le boulot) et des « desperates housewives » flanquées de co-épouse(s) (qui peuvent ainsi rêvasser de revanche sociale pour elles et faire un transfert sur les déboires de leur mâle polygame, en se mettant dans la peau des actrices, par l'intermédiaire des amourettes rocambolesques contées dans nos fameuses "séries sénégalaises" donc). Il y a 20 ans ? Ce sont elles qui sont allées accueillir l'actrice indienne Vahidehi à l'aéroport de Yoff, jusqu'à frôler l'évanouissement et la crise de nerfs. La série hindoue Vahidehi, décrivait déjà ces univers glamour et des histoires à l'eau de rose mâtinées de sombres menaces de vengeances aux motifs parfois ésotériques. Le seul progrès? C'est que nous avons désormais nos actrices de séries sénégalaises, en veux-tu en voilà. Si les emballages corporels ont changé, la marchandise proposée reste la même : vendre du rêve, du glamour, du sélect, des fashionables people et des Very Impossible People, du clinquant, l’obtention facile et même miraculeuse de toujours plus de richesses, la présentation ostentatoire des objets de pouvoir économique que sont les voitures 4x4, écrans plasma TV de 10 mètres carrés et autres iPhone 15 pour lesquels salive la populace ; et toujours mettre l'amour à toutes les sauces, sentiment amoureux qui finit toujours, bien sûr, par triompher.
Ce que ne décrivent pas (pas encore...) nos "séries sénégalaises", c'est ceci : la violence brute, les agressions meurtrières, les braquages sanglants qu'il y aura ici dans vingt ans, dans trente ans : quand les Sénégalais(es) qui tentent d'émigrer vers l'Occident par pirogues cesseront de tourner cette auto-violence réelle et cette auto-attentat à leur vie qu'ils s'infligent en s'entassant dans des pirogues, pour devenir des protestataires pour la justice économique, des émeutiers réguliers, des hyènes urbaines qui mordent les mollets et arrachent les biens de leurs concitoyens mieux lotis par Dame fortune; quand aussi, les binômes de scootéristes, ces As du vol à l'arrachée, auront systématiquement sur eux des machettes et puis, pourquoi pas, au fil du temps, évolution et modernisation oblige, de plus en plus d'armes à feu. Quand enfin, les grappes de millions de « jeunes de moins de 19 ans » (qui représentent actuellement 50% de la population sénégalaise) submergeront des services publics à la capacité d’accueil dépassée, des services sociaux qui ne peuvent croître exponentiellement, des infrastructures sursollicitées qu'on ne peut remplacer chaque année, et que leurs diplômes/formations ou défaut de diplômes / de compétences professionnelles, leur interdiront un emploi décent, dans un marché de l’emploi (formel et informel cumulés) où arrivent chaque année 400.000 Sénégalais d'une même classe d'âge. Les voitures des honnêtes gens seront alors braquées aux feux- rouges, avec pistolet sur la tempe du conducteur, obligé de céder le volant et la voiture qui va avec.
Ce sera ça : la vraie loi des séries. Au sens propre.
Bon. Bref. Revenons à nos moutons. Voici comment la Canadienne Marie-Ève Fournier conclut son éditorial dans « La Presse » :
" Un projet de taxe mondiale sur la fortune ou d’impôt minimum pour les super-riches se trouve justement au menu de la rencontre des ministres des Finances du G20 qui se tient actuellement à Rio de Janeiro. C’est un pas encourageant. Mais dès le début des échanges sur le sujet, les États-Unis ont dit qu’ils ne voyaient « pas le besoin » d’une telle mesure. Le Brésil en a quand même fait une priorité. Selon le président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, il faut taxer les milliardaires, car « en haut de la pyramide, les systèmes fiscaux ne sont plus progressifs, mais régressifs ». Ainsi, « les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que les travailleurs ». Sa proposition est notamment soutenue par la France, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Colombie et l’Union africaine. Impossible de s’entendre, toutefois, quand le pays qui a permis à Elon Musk et Jeff Bezos de devenir les deux hommes les plus riches du monde s’oppose à toute négociation internationale à ce sujet. Ce n’est guère étonnant, mais il faut s’en désoler avec vigueur, surtout quand on sait que le taux d’imposition du 1 % des plus riches dans les pays du G20 est passé depuis 1980 de 60 % à 40 %, selon les calculs d’Oxfam. Jusqu’où faudra-t-il se rendre pour que les États-Unis, qui carburent aux excès, allument enfin sur les conséquences des inégalités ?".
En ce qui concerne votre serviteur que je suis, voici ce que je pense et ce que je crois : ceci est aussi, fortement, un débat africain et même sénégalais, sur notre avenir collectif en tant que communautés.
Nous avons nos pirogues d'émigrants que tous qualifient de suicidaires, sauf eux-mêmes ? Les USA ont leur mur-passoire à la frontière Sud avec le Mexique, où dix millions de migrants illégaux sont entrés, rien qu'en 2024, y compris en pataugeant dans le fleuve Rio Grande.
Ceci pour dire que la sécurité et la prévention policière, l'engagement des militaires et des fonctionnaires administratifs pour la gestion des flux migratoires (ces arrivants, légaux ou illégaux doivent être documentés !) seront les premières fondations de l'édifice social pour que la réduction des inégalités ne se fasse pas comme dans la jungle, à coups de "donne-moi ceci!" et de "je te prends, ça!". Seulement si ce minimum de filet sociétal de la force symbolique de protection de tous, est assurée, alors, les politiciens africains, dont c'est la charge, pourront nous proposer des politiques publiques et des politiques de développement pouvant aboutir au résultat efficace d’une redistribution équitable de la richesse produite.
Pour cela, il faudra que nos politiciens, y compris sénégalais, osent dire qu'ils proposent "un projet de société" à nos compatriotes. Et cesser de parler de "programme électoral". "Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Et il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches (qui doivent être taxés et imposés sur leur fortune dormante – souvent immobilière- et aussi sur leurs revenus ) et les plus pauvres (que des filets sociaux financiers doivent empêcher de finir en itinérance dans la rue, à dormir à la belle étoile sur des feuilles de cartons aplatis, y compris sur les trottoirs de l'avenue Ponty !). Au nom de la lutte contre les inégalités sociales, qui sont souvent des inégalités de classe.
Le pouvoir politique y aura son rôle primordial à jouer. Il y faudra de l'avoir, pris dans la poche de l'État comme dans les poches des riches et des supers-riches. Il y faudra le savoir et la quête de ce savoir, dans un système éducatif repensé et non-malthusien, pour que le savoir soit la meilleure arme à acquérir pour changer d'échelle sociale, aussi bien par l'entrepreneuriat privé que par l'ascenseur de la méritocratie républicaine, que le pouvoir politique (les élus majoritaires) doivent garantir, sous la surveillance de leur contrepoids que sont les opposants politiques et les alliés objectifs des causes sociales et de la lutte contre les inégalités, qu'est: la société civile. Au nom de « la promotion de l’égalité des chances ».
Parce que tous nos politiciens sénégalais ont déserté l'approche de campagne électorale présidentielle par proposition de "Projet de société" aux électeurs, ayant certainement eu peur de heurter le Sénégalais lambda, qui lui, est présumé être sûr que sa société a finie d'être bâtie et bien bâtie depuis belle lurette, et n'a donc plus besoin d'être remise en projet de déconstruction ou de reconstruction, sauf pour réparer ici et là quelques mœurs anciennes et policées devenues corrompues pas les politiciens (‘‘Na ñu défaraat jikko yi’’, disent-ils...). Le Sénégalais lambda pense-t-il cela ? Rassuré qu'entre les immuables de sa vie que sont le tiéboudiene, les trois normaux d'ataya, ses grand-places, ses matchs de navétanes plus populaires que les matchs de foot du championnat de la ligue Pro, ses intermittents de l'agriculture qui cultivent la terre quatre mois sur douze et dorent leurs orteils en éventail au soleil les autres huit mois de l'année, ses Magals, ses Gamous, ses tours de famille, sa revue de presse en "radiovision", eh bien, il n'y a aucun projet de société qui vaille : puisqu'on a déjà la société parfaite léguée de longue date par nos vaillants ancêtres, nos pères jamais économes de leurs efforts pour ramener la dépense quotidienne pour les repas de la maisonnée, nos mères vertueuses qui nous ont porté dans leur dos avec un pagne- rabal et non pas avec une double feuille de papier-journal, et enfin, last but not least : la longue lignées de nos Sages et Guides religieux, de feus les fondateurs de confréries maraboutiques jusqu'à leurs khalifes actuels sur terre, sans oublier le clergé des "abbés".
C'est cela le postulat de la plupart de nos "leaders" politiques ? Alors, qui se hasarderait à proposer un "Projet de société" aux électeurs d'un pays où "Tout est déjà Téranga, et cela, de tout temps, cette Téranga" ?. Eh bien, cette façon de voir notre Sénégal est un mépris condescendant de la part des politiciens, pour la grande masse des électeurs, que certains titres de presse sénégalaise désignent impudiquement et impunément comme ..."le bétail électoral".
Résultat de cette politicaillerie à courte vue, sans audace collective d'espérer et sans volonté transformationnelle de notre communauté nationale ? Ceux, les seuls, qui avaient le mot "Projet" à la bouche, et même pas de "Projet de Société" conceptualisé, à part de crier "Rupture! Rupture!"; ceux-là ont préempté l'élection présidentielle de mars 2024 à campagne-éclair, remportée par leur tête de gondole inattendue qu'est le président Diomaye.
Qu'est donc le "Projet "? On aura mis du temps à commencer à le savoir. Après quatre mois de pouvoir Pastef et de régime Diomaye-Sonko, il semblerait que "le Projet" , c'est : Jub, Jubal, Jubanti.
Jub, Jubal, Jubbanti ? Cela me semble l'amorce de ce qui peut devenir un vrai "projet de société". Même si cela reste encore une auberge espagnole aux couleurs Pastef, où chacun trouvera ce qu'il y aura apporté. Et où tout le monde prendra ce qu'il croit y avoir trouvé.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste (Tract.sn) et Directeur Général d'Axes & Cibles Com.