Hier, à la Maison d'arrêt et de correction du Camp pénal, la règle à respecter était de se faire plaisir. En effet, comme toutes les femmes du monde, les détenues ont célébré la journée qui leur est dédiée dans la gaieté et c'est le moins qu'on puisse dire.
Au programme, un concert animé par la diva de la musique sénégalaise, Coumba Gawlo Seck, en présence du directeur de l'administration pénitentiaire et du ministre de la Justice. Attirés par la musique, le colonel Daouda Diop et Sidiki Kaba ont oublié leur rang d'autorité le temps d'esquisser quelques pas de danse pour le plus grand plaisir des détenues et de leurs surveillantes.
Dans la cour de cette prison pour femmes, transformée en piste de danse, on ne reconnait pas les surveillantes des incarcérées tant elles étaient indissociables. Le temps du spectacle, ces femmes ont oublié qu'elles ont violé les règles de la vie commune.
Et "c'est de bon augure car les maisons d'arrêt ont la vocation de préparer la réinsertion", dit Coumba Gawlo Seck pour les inciter à rester dans le droit chemin, une fois libres. Plus philosophe, le garde des Sceaux à citer Rabelais, entre autres auteurs, pour encourager ces femmes à se battre. D'ailleurs, il leur a fait don de matériaux de coutures et des vivres.
Hier, les femmes du ministère de l'Intérieur et de la sécurité publique ont organisé un panel sur le thème "Autonomisation et rôle des femmes en matière de sécurité" à la place du folklore à l'occasion de la célébration du 8 mars, Journée mondiale de la femme.
Les femmes du ministère de l'Intérieur et de la sécurité publique ont célébré le 8 mars, sans tambour, ni trompette. En lieu et place du folklore souvent noté lors de la Journée mondiale de la femme, elles ont tenu un panel sur "Autonomisation et rôle des femmes en matière de sécurité". Les nombreux cas d'agressions accompagnées pour la plupart de meurtres enregistrés ces derniers temps au Sénégal ont sans doute pesé sur le choix de ce sujet d'actualité.
Ainsi pour réduire ces délinquances, les femmes civiles comme celles porteuses d'uniformes de services en poste au ministère de l'intérieur, estiment qu'elles ont leur mot à dire pour juguler ce phénomène. Selon le chef de Service de la formation du ministère de l'Intérieur et de la sécurité publique, "quand on parle d'autonomisation, on revient sur les indicateurs de genre, parler de disparité, d'égalité et tout ce que vous voulez en matière des droits des femmes (...) l'accès aux instances de décision".
Sur le point relatif à la question liée à la sécurité, Mme Mariama Ndiaye Sy a indiqué que ses camarades et elles, ont un rôle "d'alerte et de veille" à jouer dans les quartiers. Selon elle, cette mission passe par la vigilance pour détecter les délinquants, trafiquants de stupéfiants, les jeunes endoctrinés et autres afin de mettre au parfum les services de sécurité, compétents pour sévir.
En écho, le représentant du ministre a souligné qu'après la féminisation de certains corps, "ce thème permettra d'abord d'interroger le statut des femmes à l'issue de ces différentes réformes, de voir relativement leur condition de travail s'il y a des choses à améliorer. Mais aussi va permettre de favoriser également une discussion entre femmes pour pouvoir permettre au ministère de disposer d'un document qui permettrait s'il y a des difficultés de pouvoir les résoudre, s'il y a également des marges de progression dans l'amélioration des conditions des femmes que les plus hautes autorités du ministère puissent prendre les dispositions nécessaires", dit-il.
En cette journée où la femme est fêtée, occasion ne pouvait être meilleure pour Cheikh Sadibou Diop pour glorifier ces braves dames qui sont sous les drapeaux. Le directeur de l'Administration générale et de l'équipement dudit ministère s'est réjoui que "les femmes qui sont des composantes à part entière de nos Forces de sécurité travaillent d'arrache pied nuits et jours aux cotés des hommes pour juguler toutes les difficultés et relever tous les défis qui se posent sur le plan sécuritaire et sur le plan de l'administration du territoire".
Et d'ajouter : "Nous n'avons pas encore eu de remontées de comportement négatif ou de contre-performance notée chez les femmes. Tout au contraire, il y a de plus en plus, d'année en année une place beaucoup plus prépondérante que les femmes prennent pour pouvoir permettre au ministère de relever beaucoup de défis."
La galerie Kemboury organise dans le cadre du mois de la femme une exposition intitulée Harmonie. Cette exposition dont le vernissage est prévu ce jeudi va regrouper : Dieynaba Baldé, Natalie Guironnet, Betty Kandé, Félicité Kodjo, Fatime Mbengue, Yanne Senghor, six femmes aux sensibilités différentes mais qui portent toutes un regard harmonieux sur l'art.
Comme il est de coutume à chaque mois de mars, Thérèse Turpin Diatta, directrice de la galerie Kemboury a encore décidé d'honorer les femmes artistes, à travers l'exposition qu'elle prévoit à partir de ce jeudi dans sa galerie Kemboury : Harmonie. "Je ne suis pas spécialement féministe, que ça soit clair. Je ne suis pas dans les histoires de parité totale", précise-t-elle dès l'entame de son propos.
Mais il n'est pas question de déroger à la règle. Le 8 mars, c'est la fête de la femme, on fête donc la femme à la galerie Kemboury sauf que cette fois ci ce n'est pas un 8 mais un 9. Mme Diatta s'en explique. "Il y a tellement d'activités à Dakar le 8 mars qu'on se perd dans la masse. On préfère le lendemain".
Aujourd'hui donc, la galerie Kemboury réunira au sein de l'exposition Harmonie, Dieynaba Baldé, Natalie Guironnet, Betty Kandé, Félicité Kodjo, Fatime Mbengue, Yanne Senghor, six femmes, d'horizons divers et avec diverses approches de l'art plastique. Pour la galeriste c'est un réel plaisir de voir réunis pour la première fois et de pouvoir les exposer pendant 3 semaines.
L'année 2016 une pareille exposition a eu lieu, à la galerie Kemboury mais avait regroupé des femmes bien habituées des cimaises de la galerie Kemboury à savoir Kiné Aw, Kemboury Bessane, Khadidiatou Sow.
"J'adore Kiné Aw, Kemboury Bessane, Kadidiatou Sow, Ce sont des dames avec lesquelles je travaille depuis plus de 15 ans mais j'avais besoin d'exposer de nouvelles dames. Elles ont aussi besoin de montrer à l'instar des hommes qu'elles savent aussi peindre, photographier et être artiste", soutient Thérèse T. Diatta qui, à travers "Harmonie", cherche à sortir des sentiers battus, pour offrir plus de visibilité à ces 6 femmes qui ont donné hier, aux journalistes un avant gout de leur exposition de demain.
Un puzzle en "Harmonie"
Fatime Mbengue est une artiste plasticienne diplômée de l'Ecole des beaux arts de Dakar. Après 10 ans passés hors du Sénégal, elle revient au pays pour présenter des œuvres partagées entre la peinture mi abstrait, mi figuratif.
Pour le 9 mars, elle présentera 3 œuvres, des peintures à l'huile sur des toiles de lin. Braconnage, Fissure et Sahel vert. Dans ses œuvres elle porte ses revendications pour la fin du braconnage en Afrique et suggère l'érection de sillons pour recueillir les eaux de pluie en vue d'une réutilisation en saison sèche. Dans son œuvre Sahel vert, la plasticienne, imagine tout un stratagème pour permettre à son pays d'atteindre l'autosuffisance alimentaire.
A côté, Dieynaba Baldé a aussi son plan pour s'en sortir. La plasticienne, teinturière, qui fait aussi partie des 6 exposantes, souligne les dures conditions auxquelles les femmes artistes sont confrontées. Cette mère de famille sortant de l'Ecole des beaux arts soutient qu'elle n'expose pas tout le temps et qu'elle est obligée de faire du "kharr matt".
Dans sa série intitulée Le rêve et le cauchemar, Dieynaba Baldé, aborde encore la condition de la femme qui selon elle, est toujours pareil, que ça soit au Sénégal, en Afrique ou à l'extérieur. "On a tous les mêmes soucis, que ça soit dans les couples, les familles, la vie n'est pas simple pour nous".
"Avec une sans ?", est l'intitulé d'une de ses autres toiles où l'artiste dit qu'avec ou sans, ça ne l'empêchera pas de faire son petit bonhomme de chemin. Le troisième, "Ndank Ndank" rappelle à Dieynaba qu'il ne faut jamais baisser les bras. "Même si parfois c'est sombre, il y aura toujours de petites poches de lumière qu'on entrevoit et qui nous permettent d'avancer".
Ses peintures montrent ses propres histoires, sa vie au quotidien, ses train-train, celui de mon entourage. Sa philosophie, elle la partage avec une autre artiste, Natalie Guironnet, qui elle aussi se nourrit de ses différentes rencontres. La seule Française de l'exposition, Natalie Guironnet est une photo-didacte. Très curieuse, elle dit vouloir montrer dans ses œuvres des choses qu'on ne voit pas à travers la photographie. Pour l'exposition Harmonie, elle présentera 3 séries Kayar, la pêche ; l'appel (les layènes), les orpailleurs.
La Togolo-sénégalaise, Félicité Kodjo, entend elle nous entraîner dans ses mystérieux labyrinthes et se laisse aller dans La souffrance pour ensuite panser les blessures de ses patients. "J'aime bien laisser le spectateur deviner, sentir l'émotion. Je peints depuis une vingtaine d'années et anime des ateliers d'art thérapie à l'hôpital Principal. Ma source d'inspiration vient de là". L'on devine, à cet instant, toute la magie, qui émerge des tableaux de la thérapeute de l'art. Un portrait un peu écorché montre des gens qui sont en souffrance.
Pour elle, la souffrance aussi, a une beauté. Dans la souffrance, on peut s'élever et aller très loin. Dans ses toiles, Félicité, crée des ambiances assez floues et mystérieuses juste pour perturber le regard du spectateur, ditelle. A travers ses œuvres on revoit même la gestuelle qu'elle effectue lorsqu'elle était en train de les réaliser. Dans son travail, l'artiste invite le contemplateur de son œuvre à aller chercher ce qu'il y a derrière. La vérité tapis sous l'ombre du chaos. Sa vision d'art-thérapie, elle la partage aussi avec Yanne Senghor, qui a un style et une technique bien particuliers.
"Je blesse la toile, je lave la toile, je laisse sous la poussière mes toiles pour les faire vieillir". Loin de blesser son œuvre, Betty Kandé, elle, la chouchoute jusqu'à obtenir sa Linguère, Sa Maman de Kocc et Sa Signare, histoire de revisiter un peu son identité culturelle et de la transmettre. "Ce qui me plaît, c'est de pouvoir vendre le Sénégal dans mes œuvres". Cela dit à travers Harmonie, Dieynaba Baldé, Natalie Guironnet, Betty Kandé, Félicité Kodjo, Fatime Mbengue et Yanne Senghor comptent bien célébrer ce 9 mars, la femme avec Thérèse T. Diatta. Mais il est aussi question, surtout pour Yanne Senghor, de voir dans quelle mesure la femme peut être une louve pour la femme !
"LES FEMMES PEUVENT OCCUPER TOUS LES POSTES DE RESPONSABILITÉ"
Dakar, 9 mars (APS) - Les femmes ont les aptitudes qu’il faut pour occuper tous les postes de travail, et seules la compétence, la loyauté et la disponibilité sont déterminantes en la matière pour la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a affirmé mercredi son gouverneur, Thiémoko Meyliet Koné.
‘’A la Banque centrale, nous n’avons pas d’exclusif. Mais, au début, ce n’était pas facile parce que les hommes n’étaient pas toujours contents, maintenant ils ont compris‘’, a déclaré M. Koné, au cours d’un échange avec des journalistes, en marge de la réunion du Bureau de l’Association des Banques centrales africaines (ABCA), mercredi, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme.
Il a indiqué que des postes stratégiques, comme ceux de secrétaire général de la Commission bancaire, de directeur général des ressources humaines et de la formation sont occupés par des femmes au sein de l’institution bancaire.
Selon lui, ‘’seules la compétence, la loyauté et la disponibilité doivent prévaloir’’.
’’Avec une femme comme conseillère en communication ? Parfois, elle me fatigue, elle surveille tout, les petits détails. Même tout de suite elle va dire que la cravate est mal placée, mais c’est un avantage’’, a reconnu le gouverneur de la BCEAO, souriant.
Cependant, pour Thiemoko Meyliet Koné, ‘’la plus importante" fonction qu’occupe la femme et "qui n’a pas de rémunération, c’est celle de donner la vie, de l’entretenir et de former une famille’’.
Ainsi, pour magnifier le travail des femmes, des bouquets de fleurs ont été entreposés partout, au siège de l’institution financière, à Dakar.
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ELLES ET MOI
NOUHA CISSÉ RACONTE SES "HISTOIRES HEUREUSES ET MALHEUREUSES" AVEC LES FEMMES
Ziguinchor, 8 mars (APS) – Historien et observateur bien avisé du conflit casamançais, Nouha Cissé, récompensé mercredi par les femmes de Ziguinchor (sud) pour le soutien qu’il leur apporte, a révélé le même jour ses ’’histoires heureuses et malheureuses’’ avec la gent féminine locale.
’’J’avais six ans quand j’ai perdu ma maman. Un accouchement douloureux suivi d’une hémorragie interne l’a emportée. Je vois, à travers chaque femme, ma défunte mère’’, commence par dire M. Cissé lors d’une cérémonie marquant la célébration de la Journée internationale de la femme.
L’Espace de capacitation et d’accompagnement des femmes (ECAF) de Ziguinchor a abrité cette cérémonie organisée par les organisations féminines qui ont fêté le 8-Mars ’’dans l’unité’’, en présence des autorités administratives, des élus et responsables politiques locaux.
’’Après le décès de ma mère, poursuit Nouha Cissé, dans une salle comble et silencieuse, j’ai été pris en charge par une grand-mère, qui a fait preuve d’une tendresse exceptionnelle à mon égard. Elle m’a pris en charge jusqu’à l’âge de 14 ans. Je montais à califourchon sur son dos. Elle a tout fait pour me faire oublier ma défunte mère.’’
M. Cissé figure sur une liste de cinq personnes (deux hommes et trois femmes) choisies par les organisations féminines locales comme lauréats de la Journée internationale de la femme, à Ziguinchor.
Dans la séquence heureuse de son ’’histoire avec les femmes’’, l’historien n’a pas manqué de mentionner les ’’moments exceptionnels’’ passés avec sa femme, sa ’’moitié’’, selon ses propres termes.
Il loue l’engagement de son épouse en faveur des femmes, à travers l’USOFORAL, l’une des plus importantes organisations féminines du sud du pays, qu’elle dirige.
’’Avec elle, j’ai connu des moments de bonheur, mais aussi des souffrances extrêmes, notamment en janvier 1980, quand nous avons été kidnappés et bastonnés de 21 heures à 3 heures du matin, dans la forêt de Touba Couta (Casamance), par des nervis, parce que nous étions tout simplement aux côtés des élèves et des enseignants’’, a rappelé Nouha Cissé.
Pour magnifier le rôle joué par la gent féminine dans la résolution de la crise en Casamance, l’ancien proviseur du lycée Djignabo de Ziguinchor est revenu sur ’’la marche historique’’ des femmes du sud du pays, au début du conflit.
’’Le 11 janvier 1980, Jean Colin (un puissant ministre d’Etat de l’époque) disait à Abdou Diouf (alors président de la République) que pendant trois jours, le pouvoir était dans la rue, à Ziguinchor (…) Les femmes ont marché pour que la paix revienne, notamment au lycée Djignabo. Cette procession historique des femmes a calmé la situation’’, se souvient-il.
L’historien se rappelle aussi la marche des ’’braves femmes paysannes de Nyassia (région de Ziguinchor), qui ont pris bâtons, dabas et houes pour se retrouver à la gouvernance de Ziguinchor et exiger des autorités le rétablissement définitif de la paix en Casamance’’.
‘’Nous avons la chance d’appartenir à un pays où être femme est synonyme d’être une citoyenne à part entière. Dans d’autres pays, ça n’existe pas. C’est un atout qu’il faut savoir saisir.’’ Cette assertion est d’Amy Sarr Fall, directrice générale du mensuel ‘’Intelligence magazine’’.
Souriante et décontractée, d’une humilité débordante, cette native de Dakar est une personnalité qui dégage un flegme perceptible. Chez cette ancienne étudiante de l’Université américaine de Paris (UAP), le 8 mars est avant tout une occasion pour rendre un hommage aux pionnières pour leurs sacrifices consentis.
‘’A l’époque, être leader dans les temps de Madame Maïmouna Kane, d’Annette Mbaye d’Erneville, d’Aminata Sow Fall, de Caroline Faye etc. n’était pas une sinécure’’, reconnaît-elle.
Engagée, cette passionnée des sciences de l’information et de la communication estime qu’être femme ne doit pas être un obstacle ni même un atout en tant que tel. C’est pourquoi, contrairement à beaucoup d’autres femmes, elle a une appréciation mitigée de la parité. ‘’C’est une bonne chose, mais ce n’est pas une fin en soi. Car, si on se limite à la parité, cela veut dire qu’on ne dépassera jamais le seuil de 50/50. Et moi, j’espère que bientôt, ce sont les hommes qui vont réclamer la parité, vu le rythme où vont les choses (résultats excellents des filles à l’école et la valeur numérique des femmes)’’.
Pour son combat en faveur de la promotion du leadership et l’entrepreneuriat féminin, Amy Sarr Fall a été désignée, en 2016, femme de l’année au Sénégal, par les calebasses Awards, succédant ainsi à Me Aissata Tall Sall.
Se sentant redevable à son pays qui lui a presque tout donné, elle a décidé, au terme de ses études et stages en France et aux Etats-Unis, de rentrer mettre son savoir-faire au service de son pays dont elle se dit fière. Sur sa page facebook (1 311 741 fans), de même que dans sa biographie foisonnante sur internet, le visiteur est attiré par une phrase qui traduit la philosophie de celle qui se considère modestement comme la ‘’sœur et marraine’’ de la jeunesse sénégalaise. ‘’Il ne faut pas que nous soyons des citoyens spectateurs, mais des citoyens acteurs du développement’’, proclame-t-elle.
Au lendemain de la grande rentrée citoyenne organisée au Grand théâtre, elle a été invitée à l’Université de Harvard où elle a tenu un discours sur le leadership et l’entrepreneuriat féminin en Afrique.
Puis, à l’Université de Columbia, sur initiative du philosophe Pr Souleymane Bachir Diagne, avant de répondre à un autre appel de son ancienne université pour évoquer le décrochage scolaire et la promotion de l’excellence. Tentée par la politique ? Elle répond : ‘’Le jour où j’aurai une ambition politique, je l’assumerai.’’
FEMME TECH
PROFIL - Mboyo Sow, finaliste à l'émission Great Entrepreneur
Directrice et cofondatrice du projet Bay Tech, Mboyo Sow est une jeune femme très entreprenante. A 22 ans déjà, l'étudiante en troisième année en Marketing Communication pilote d'une main de fer un projet qui lui vaut d'être finaliste à l'émission Great Entrepreneur, diffusée sur la première chaine télé du Sénégal (Rts1). Ses rêves, elle y croit et être femme ne l'empêche guère d'aller jusqu'au bout de son rêve qui est d'arriver à changer le quotidien de ces milliers d'agriculteurs qui souffrent de mauvais rendements en milieu rural. Entreprenante jusqu'au bout des ongles, Mboyo Sow voit à travers son projet Bay tech, l'émergence du Sénégal. Le Quotidien entre, en ce 8 mars, dans l'univers de cette jeune fille qui fait de sa condition de femme non pas un handicap, mais un atout.
Au Sénégal, bon nombre d'agriculteurs ont des problèmes pour atteindre les résultats escomptés. Au terme d'une campagne agricole, la plupart enregistrent d'énormes pertes. Dans son Louga natal, la jeune peulh voyait le visage sombre de ses parents agriculteurs. "Je les voyais souvent vendre tout leur bétail pour se lancer dans l'agriculture qui, finalement, ne donnait pas de résultat. Ça me faisait un peu mal, parce qu'ils s'appauvrissaient et c'était désolant."
Aujourd'hui pour Mboyo Sow, il n'est plus question de pertes. Avec son projet Bay tech, ses parents peulhs retrouveront sûrement le sourire. Bay tech est en effet une application mobile hybride conçue, il y a à peine 4 à 5 mois, utilisable avec ou sans internet avec la technique Ussd, ce fameux *123*. Elle guide les agriculteurs sur le choix de leur culture et propose un système de rappel par Sms ou message vocal des dates de traitement phytosanitaire et de fertilisation des cultures. Dans sa version Mms, l'application permet à l'agriculteur qui constate une anomalie au niveau d'une feuille d'une plante, de photographier la plante et de l'envoyer pour recevoir des informations concernant cette anomalie et les moyens d'y remédier. Au lieu de s'attacher les services onéreux d'une structure privée ou d'un technicien agronome, Bay tech propose aux agriculteurs une assistance technique et mobile 24h/24h et 7jours/7 valable pour plusieurs types de cultures : céréalières (mil, maïs, Shorgo), maraichères : (tomates, les patates,...) fruitières (banane, la mangue,...) et donne également à ses utilisateurs, la possibilité de contrôler l'irrigation des plantes à distance, de mesurer la profondeur et la qualité de l'eau dans le champ et la teneur en Npk (azote, phosphore, potasse : des ingrédients qui se trouvent dans le sol et qui boostent la plante) dans le sol et cela en plusieurs langues. Bay tech prévoit dans ses multiples versions de détecter les insectes nuisibles une fois qu'ils sont dans le périmètre. L'application est, selon ses concepteurs, un projet riche, innovant et accessible à tous.
Un Sénégal émergent avec des femmes émergentes
Au Sénégal, 70% de la population active sont tournés vers l'agriculture. Pour Mboyo Sow, c'est amplement suffisant pour en faire l'une des bases de "notre développement économique et social". Le fait d'accompagner les agriculteurs, à travers Bay tech, équivaut à son niveau, à réduire, non seulement campagnes agricoles ratées mais surtout à participer au développement de son pays. Malgré son jeune âge, Mboyo Sow croit fermement à son programme de faire du Sénégal un pays émergent, grâce à l'agriculture. Son âge, encore moins son statut de femme, ne l'empêche de croire à la viabilité de son projet Bay tech. "Il y a cette discrimination, on me demande toujours pourquoi tu es dans l'entreprenariat. Surtout dans l'agriculture associée à la technologie. Etre entrepreneur ne dépend pas que tu sois une femme ou un homme, ait juste tes rêves et la conviction que c'est ce que tu veux et tu vas réussir. C'est un domaine très compliqué, entreprenariat, femme, technologie, agriculture, mais tant qu'on croit à nos capacités, on réussit partout. Etre femme et porter ce projet agricole, c'est un atout", avoue-t-elle. Rajoutant à propos de l'application qu'il n'y a nul besoin de savoir lire ou écrire pour l'utiliser. Disponible en version audio (wolof, peulh, français), "l'application, tout le monde peut l'utiliser", note-t-elle.
Une Afrique en marche
Loin de se créer des barrières, l'application Bay tech entend aller à la quête du monde. Même si pour le moment, elle n'est disponible qu'au Sénégal en wolof, peulh, français, bientôt on aura des versions en bambara, soninké, diola et anglais, et Bay tech étendra par la suite ses tentacules dans d'autres pays africains, notamment le Mali, le Togo, la Côte d'Ivoire. "Nous sommes en train de travailler sur les autres enregistrements audio, pour les langues vernaculaires au Mali, Côte d'ivoire et Togo pour nous déployer dans ces pays", confie Mboyo Sow. Les ambitions sont grandes, l'application est déjà courtisée par les ténors des télécommunications au Sénégal : Orange, d'autres Ong, l'Usaid,... Mais elle n'oublie pas ses objectifs primaires. Remporter la finale de Great Entrepreneur d'abord, et ensuite travailler, parfaire l'application, la rendre accessible à tous les agriculteurs, exploitants agricoles, Ong et tous ceux qui veulent se lancer dans l'agriculture au niveau local et travailler en synergie avec d'autres startups, d'autres jeunes entrepreneurs africains qui s'inscrivent aussi dans l'innovation pour un Sénégal émergent, une Afrique qui marche.
LA DIOUFISTE
Son engagement auprès des socialistes, Aminata Diallo le doit à l’admiration incommensurable qu’elle voue à Abdou Diouf
Petite par la taille, le teint clair, à première vue, Aminata Diallo ressemble à une jeune lycéenne. Que nenni ! Le chef de cabinet du maire de Dakar a en effet parcouru un long chemin, avant d’occuper ce siège dans cette municipalité. Entrée en politique à l’âge de 12 ans, la socialiste est passée par plusieurs étapes.
L’ancienne pensionnaire de l’école Mariama Ba a intégré le parti des Verts en 1990. ‘’J’ai été choisi pour représenter les enfants du Sénégal au premier sommet mondial de l’enfance, alors que j’avais 12 ans’’, se remémore-t-elle fièrement. ‘’Entre-temps, la présidente Aminata Mbengue Ndiaye, notre ‘’Badiène’’ (tante paternelle) m’avait présentée à Pape Babacar Mbaye, en présence du Président Abdou Diouf, en 1993.
C’est Pape Babacar Mbaye qui m’avait introduite et a assuré ma formation chez les pionniers. J’ai fait mes petits pas dans la pépinière du PS et c’est en 1995 que j’ai intégré les pionniers du Sénégal’’, raconte-t-elle.
Son engagement auprès des socialistes, Aminata Diallo le doit à l’admiration incommensurable qu’elle voue à Abdou Diouf. L’actuelle présidente du réseau des femmes parlementaires pour la protection des enfants contre les violences et les abus se définit d’ailleurs comme une ‘’Dioufiste’’. Avec fierté, une lueur dans le regard, elle n’hésite pas à donner le nom de l’ancien secrétaire général de la Francophonie (Oif) comme sa référence dans le milieu politique.
Mais dans ce ‘’monde fou’’, la présidente de la 10ème coordination des femmes socialiste de Grand Yoff a également d’autres socles qui lui permettent de faire face aux réalités du terrain. ‘’Aujourd’hui, Khalifa Sall est ce personnage politique qui nous inspire qui fait que nous restons dans la politique, puisque ce n’est pas évident. C’est un homme d’expérience. Nous avons également d’autres femmes que nous suivons à l’instar d’Aminata Mbengue Ndiaye, Ndioro Ndiaye, Seynabou Wade, Aida Mbodji et tant d’autres’’, liste-t-elle.
Si la native du Fouladou (Kolda) a opté pour le camp de Khalifa, c’est à cause d’une phrase de l’ancien patron des Verts qui vaut son pesant d’or. ‘’Le Président Diouf avait dit à Khalifa Sall que Tanor allait le remplacer et il avait dit également à Tanor que Khalifa Sall était l’avenir du parti.’’
Son camp semble être choisi. En dehors de la politique, cette mère de trois filles travaille uniquement sur la question de la protection de l’enfance, surtout dans le cadre de l’abandon de l’excision et des mariages précoces. Un combat qui s’explique par son passé. ‘’J’ai été excisée à l’âge de cinq ans et j’ai accouché à trois reprises par césarienne, à cause de cette pratique’’, soupire-t-elle.
Pour cette dame de 38 ans, ce sujet est loin d’être tabou. C’est pourquoi, avec plusieurs organisations, elle s’engage aujourd’hui à sensibiliser ses parents du Nord et du Sud pour l’abandon de telles pratiques.
Chaque année, à l'occasion de la journée internationale des femmes célébrée traditionnellement le 08 mars, depuis son institution en 1974, le quotidien national donnait la parole à des femmes qui se sont distinguées dans la vie économique, sociale et culturelle du Sénégal. Pour la présente édition, "Le Soleil" a décidé de rendre hommage aux femmes de l'entreprise qui participe avec professionnalisme et engagement à la parution quotidienne de l'astre de Hann, portant avec une forte conscience les valeurs et les contraintes du service public de l'information.
Madame Maïmouna Diouf Mbodj fait maintenant partie des doyennes du Soleil. Elle est témoin de l'évolution du quotidien national. Quand elle dit que "beaucoup de choses ont changé et se sont améliorées", on peut la croire. Car elle est passée de la machine de sténo ordinaire au tout-puissant dieu Mac. Mais pas seulement, ajoute-t-elle : "il y a aussi les primes de logement, la prime d'astreinte, les fonds communs, les séminaires de le panier Ramadan, les bons-cadeaux du 8 mars, l'arbre de Noël, la colonie de vacances qui vient de reprendre, l'amicale et le GIE". Avec les Macintosh dernier cri, "le travail et la façon de travailler ont changé".
Le traitement de texte est devenu "moins pénible et plus rapide" que du temps de la sténotypie. Avec les collègues masculins, Mme Mbodj dit que les relations sont "respectueuses" et qu'ils sont "gentils".
Pendant quatre années, Mme Mbodj a quitté le Soleil car elle était allée rejoindre son époux aux États-Unis. "Pour ne pas perdre la main", elle s'était inscrite à New York où elle vivait dans une école de technicien du montage. Car, avant de partir, elle avait déjà été formée au montage par le chef de la conception et de la réalisation du service technique, M. Ibou Sène, à qui elle tient à rendre hommage, ainsi qu'au DG de l'époque, M. Ibrahima Gaye.
Maïmouna Gueye, journaliste, chef du service Éducation-Santé, au Soleil depuis 2001, Tata Sané, Maguette Gueye Diédhiou, Marame Coumba Seck, journalistes, au Soleil depuis 2008 et 2016 : "Une amélioration du statut et du salaire"
A la question de savoir comment elles se sentaient dans l'entreprise en tant que femmes, à l'unisson Maïmouna Guèye et Marame Coumba Seck réfutent être au Soleil en tant que femmes, elles y sont "parce qu'elles sont diplômées en journalisme".
Maguette Guèye Diédhiou pense, elle, qu'elle ne peut faire l'impasse sur le fait qu'elle est aussi une femme tout en étant une journaliste. Car elle est souvent obligée de rappeler au bureau qu'elle est une femme et, qu'à ce titre, d'autres devoirs l'attendent à la maison. Pour pouvoir rentrer à temps lorsque le chauffeur attend par exemple un retardataire.
Alors, pourquoi en tant que journaliste, avoir choisi la presse écrite et le Soleil particulièrement ? Elles disent que "la presse écrite, c'est formateur et que cela vous pousse à lire, à faire des recherches, à écrire des articles plus fouillés et à enquêter". Même pour Maïmouna, qui au départ voulait être une journaliste de radio et qui jusqu'à présent dort avec la radio allumée.
D'ailleurs depuis le lycée, elle s'était familiarisée avec le quotidien national en décortiquant en cours les articles et allait même le lire au bureau de l'Agence de presse sénégalaise (Aps) alors logée à la Gouvernance de Saint-Louis.
Maguette acquiesce et rajoute que la presse écrite, c'est moins stressant et moins expéditif que la télé, qu'elle vous laisse le temps de peaufiner votre reportage et qu'il y a moins de stress que la radio et la télé. Pour Tata Sané, femme de radio au départ, le déclic est venu de la fréquentation de sa collègue Maïmouna Guèye, qu'elle dit considérer comme "son modèle".
"C'est en raison de son perfectionnisme et de son professionnalisme que je suis venue au Soleil. Et aussi parce que le Soleil est le quotidien de référence au Sénégal".
Et puis, comme dans toutes les entreprises, il y a toujours un macho sexiste qui sommeille en certains, qui sont toujours curieux de savoir si vous êtes mariée, et si c'est le cas, pourquoi vous ne portez pas le nom de votre époux, comme si c'est le genre de question qu'ils poseraient à un collègue. "Ma signature est une identité, ma vie privée est ma vie privée. Je dois du respect à mes lecteurs.
Sauraient-ils, le cas échéant, que Maïmouna Guèye Ndiaye est la même personne que Maïmouna Guèye ? Nous sommes là en tant que professionnelle, notre vie privée reste privée. Il y a une frontière entre vie privée et vie professionnelle", réplique le chef du service Éducation-Santé.
Comme tous les travailleurs de l'entreprise, Maguette Guèye Diédhiou note que les journalistes du Soleil ont profité ces dernières années d'"une amélioration de leur statut et de leur salaire, qui ont augmenté presque du simple au double".
Mais cette amélioration salariale et statutaire ne fait pas oublier à Maïmouna Guèye les bons souvenirs du temps de la rédaction du Soleil, lorsque le rédacteur en chef, feu Ibrahima Mansour Mboup, "motivait même les stagiaires, tout le monde travaillait et signait des articles".
C'était son cas à elle, et elle dit qu'"on se sentait alors impliquée, motivée et on était enthousiaste à proposer des initiatives". Les salaires, dit-elle, c'est bien mais c'est encore mieux de se sentir épanoui dans son travail.
Marame Coumba Seck voudrait que les femmes journalistes effectuent plus de travail de terrain, plus de reportages, pour que plus de femmes encore osent aller à la conquête du Soleil. "Je veux être une femme de terrain. J'aime ce métier. Je gagnais plus sur le site où je mettais du contenu, mais le Soleil est une école de formation", confie-t-elle.
Et être la maman de deux enfants, comme elle, relève d'une question d'organisation, à son avis. "Cela ne doit pas me dispenser de me donner au travail comme mes autres collègues. Le 8 mars, cela ne me dit rien car toute l'année est un 8 mars pour les femmes. 8 mars ou 8 avril, considérons-nous comme des professionnelles. Nous ne devons pas nous complaire dans le genre, mais plutôt nous imposer", affirme avec bravache la jeune femme de moins de 27 ans. Tata Sané conclut sur un regret et un espoir. "Ce qui ce qui nous manque, c'est de valoriser les papiers des reporters, car ce ne sont pas les initiatives qui manquent".
Mme Adama Nafi Seck, assistante de direction à la rédaction : "Les femmes ont été de tous les combats pour porter le flambeau du journal"
Embauchée en avril 1984 comme secrétaire au bureau régional de Ziguinchor, Mme Adama Nafi Seck a ensuite été mutée à la Direction générale à Dakar. Comme Mme Maïmouna Diouf Mbodj, elle est un exemple du plan de carrière abouti et de l'évolution de l'entreprise, dont elle a participé à l'essor et à l'envol.
En effet, rappelle-t-elle, "je suis arrivée dans l'entreprise comme simple secrétaire et, aujourd'hui, je suis assistante de direction à la rédaction. En venant de Ziguinchor, j'avais trouvé ici des aînées qui ne se sont pas ménagées pour me mettre les pieds à l'étrier, pour faire primer l'entente et surtout pour me mettre à l'aise. Je me suis sentie intégrée dans une grande famille et j'en remercie très sincèrement les anciennes qui sont à la retraite".
Au quotidien Le Soleil, les femmes ne comptent pas pour du beurre, selon Mme Adama Nafi Seck. Car, affirme-t-elle, les femmes ont été de tous les combats pour le droit des travailleurs, et elles sont connues pour être des femmes de conciliation et de rassemblement, en temps de crise."Et qui dit évolution, dit changement. Le Soleil a beaucoup rajeuni avec l'arrivée de ceux que j'appelle la troisième génération, qui, je l'espère, porteront encore plus haut le flambeau du journal", assure-t-elle.
Pour la journée du 8 mars, les femmes sont à l'honneur certes, mais Mme Adama Nafi Seck "en appelle à la conscience des unes et des autres, pour faire notre introspection et mettre un terme au gaspillage lors les cérémonies".
Mme Maty Thiom Diallo, assistante de direction aux Ressources Humaines : "Aucun ressenti de discrimination"
Mme Maty Thiam capitalise donc dix années d'expérience au département des Ressources humaines, en qualité d'assistante de direction. Une décennie précédée d'une période en tant que stagiaire. "Je ne sens aucune discrimination en tant que femme. Je fais mon travail convenablement. Et en tant que femme, nous sommes respectées.J'ai moi-même été encadrée par des "mamans" (Ndlr : anciennes employées du Soleil) dès mon arrivée dans l'entreprise, et elles m'ont coachée et encadrée. Car à l'origine, ma formation de base n'était pas le secrétariat proprement dit", a-t-elle dit.
Si elle ne note aucune discrimination dans le travail, Mme Maty Thiom regrette cependant le ratio des femmes, aussi bien à l'administration qu'à la rédaction. "Il est trop bas", dit-elle. Dans l'entreprise, ajoute-t-elle, le nombre de postes de responsabilité des femmes n'est pas élevé, comparativement au passé où il y en avait 4 ou 5.
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A la cantine de l'entreprise, elles ont choisi une tablée rien qu'à elles, leur coin où elles mangent, rigolent et passent du bon temps toujours ensemble. Telle une nuée de collégiennes, elles se déplacent ensemble en chahutant, quand elles ne sont pas scotchées à l'écran de leur smartphone. Elles sont jeunes, jolies, dynamiques et habillées à la dernière mode de leur âge. Sauf le vendredi, où elles sont vêtues en vêtements plus amples et en mouchoir de tête.
Elles, ce sont les jeunes du Soleil, dans les années 80 on aurait dit les disquettes de l'entreprise. Le stress et elles, cela fait deux, affirment-elles. Elles disent qu'elles sont une famille, mais qu'elles ne se disputent jamais entre elles. "Nous travaillons sans stress, avec beaucoup d'harmonie. Nous avons aussi la chance d'être très bien encadrées par nos anciennes". Une famille idéale.
Alors pour elles, les bons-cadeaux du 8 mars, c'est "un encouragement, une motivation de plus à bien travailler", surtout, précisent-elles, qu'ils sont distribués à toutes sans distinction de statut ni de montant. "C'est le même montant pour tout le monde", se réjouissent-elles en chœur. Non, elles ne se voient pas spécialement en dehors du travail, mais se retrouvent lors des cérémonies sociales, cotisent à une tontine et sont également membres du GIE et de l'Amicale des femmes du Soleil.
En revanche, regrettent-elles, les femmes sont minoritaires dans l'entreprise, car il y a en effet plus d'hommes et des postes de responsabilité occupés par des hommes auraient pu l'être par des femmes. "Presque toutes les femmes sont reléguées à des postes de responsabilité en tant qu'adjointe".
Pourtant, remarquent-elles, les femmes du Soleil ont leur place et là ou elles sont responsabilisées, elles l'occupent bien. "Mais nous voulons davantage de postes de responsabilité". D'ailleurs, protestent-elles, "s'il y avait au moins une femme au conseil d'administration du Soleil, elle pourrait défendre notre cause".
Ici comme chez les anciennes, le Directeur général du Soleil a la cote auprès de ses employées. En chœur, là encore, elles disent "ne pas avoir de problème avec le DG". Le patron du Soleil "est accessible et disponible. Dès qu'il nous voit tourner autour de son bureau, il nous demande immédiatement si nous voulons le rencontrer et il nous fait entrer. Il est en phase avec les femmes et il essaie d'améliorer ce qu'il faut".
Par conséquent, rajoutent-elles, il reste aux femmes de prouver qu'elles sont à la hauteur, en respectant leur travail, en venant à l'heure et en partant à l'heure. "Cela dépend de nous maintenant de lui faciliter la tâche pour qu'il puisse nous confier plus de responsabilités", s'engagent-elles.
Mme Khady Khoussa Mbaye, Chef-Comptable : "Déjà, pas mal de femmes occupent des postes de responsabilité"
Madame Khady Khoussa Mbaye est également la présidente de l'amicale des femmes du Soleil depuis mars 2007 avec un renouvellement de mandat en 2013, où elle a remplacé Mme Awa Tounkara. Dans l'ensemble, dit-elle, "nous avons de bonnes relations nous les femmes, vu que nous partageons une amicale et un GIE.
Cette année, l'amicale a décidé d'observer une pause pour faire un bilan de parcours et définir nos nouvelles orientations. Nous voulons, au sortir de cette introspection, donner un nouvel élan à l'amicale. Je constate qu'au Soleil, nous avons déjà pas mal de femmes qui occupent des postes de responsabilité : la chef du service comptabilité, la chef du service recouvrement, la chef du service contentieux.
Mais je crois qu'on peut leur donner davantage de responsabilités parce qu'elles le méritent. Elles ont en effet été de tous les combats de l'entreprise et elles le méritent aussi en raison de leur conscience professionnelle et de leur abnégation au travail".
Les années précédentes, rappelle Mme Mbaye, les femmes du Soleil organisaient, pour la journée du 8 mars, des panels sur le thème retenu par le ministère de la Femme. "Cependant, en 2009, l'entreprise avait traversé une crise très grave et cette année-là, nous avions célébré la journée du 8 mars dans la sobriété et l'austérité, vu la situation. A présent, les conditions sont redevenues meilleures et nous comptons célébrer ce 8 mars dans l'allégresse".
Au fil des ans, beaucoup de choses se sont améliorées et il y a "des avancées significatives", constate Mme Mbaye. En plus des bons-cadeaux et de la subvention du 8 mars, des paniers du Ramadan et de l'arbre de Noël annuel, Mme Mbaye cite également la colonie de vacances "qui a repris cette année à Saly au grand bonheur des enfants du personnel". A ces acquis, dit-elle, il faut ajouter les formations en renforcement des capacités du personnel féminin, dans tous les domaines, précise-t-elle.
Depuis vingt ans qu'elle travaille au Soleil, qu'est-ce qui a changé, selon elle, pour les femmes ? "Avec les départs à la retraite, le personnel féminin a rajeuni et on trouve des femmes dans toutes les sphères de l'entreprise. Nous n'oublions pas non plus les anciennes du Soleil et nous les associons chaque année à la célébration du 8 mars. Nous les invitons et les fêtons car nous connaissons le rôle qu'elles ont joué dans l'entreprise et nous les apprécions à leur juste valeur, même si elles ne sont plus actives".
Par ailleurs, souligne Mme Mbaye, "la Direction générale de l'entreprise a toujours été à nos côtés, elle s'est montrée disponible, prêtant une oreille attentive chaque fois que nous la sollicitons, et faisant tout pour nous satisfaire. Le Directeur général du Soleil nous adresse toujours ses félicitations, en raison de notre rôle de stabilisateur et de régulateur social.
Et nous aussi, nous sentons son accompagnement et son soutien dans toutes nos actions". L'amicale des femmes du Soleil, par la voix de sa présidente, souhaite à toutes les femmes du Sénégal et du monde entier une bonne fête. Et charité bien ordonnée commençant par soi-même, Mme Mbaye fait le vœu que "Dieu fasse briller des milles feux les rayons de notre Soleil". Mme Mbaye a déjà annoncé qu'elle ne se représentait pas cette année à la tête de l'amicale. Il y aura donc en perspective une nouvelle élection et des candidatures.
Mme Maryam Oury Barry Diawara, responsable Service Contentieux : "Le traitement des femmes a positivement évolué dans l'entreprise"
Mme Diawara paraît réservée de prime abord. Mais une fois que l'on s'entretient avec elle, elle brise la glace. Dans l'administration du Soleil, Mme Diawara est la femme qui a le poste le plus élevé. Toutefois, son statut ne l'isole pas heureusement.
Car, dit-elle, "le relationnel est très développé entre nous. Le statut ne transparaît pas dans nos échanges. Je suis membre de toutes les associations féminines du Soleil, nous partageons les mêmes activités à l'unisson. Nous prenons nos repas ensemble à la cantine de l'entreprise, nous participons ensemble aux cérémonies familiales et religieuses. Nous prenons des nouvelles les unes des autres et lorsqu'on ne voit pas une collègue pendant quelques jours, nous nous rendons chez elle. Honnêtement, il m'est arrivé que des collègues viennent me rendre visite alors que j'étais alitée chez moi".
Depuis dix-sept ans qu'elle travaille au Soleil, qu'est-ce qui a changé, selon elle, pour les femmes ? "Objectivement, le traitement des femmes a évolué positivement, depuis l'avènement de M. Cheikh Thiam. Nous avons droit, pour la célébration de la journée du 8 mars, à des bons-cadeaux et à une subvention de nos activités, ainsi qu'à des paniers-cadeaux lors du mois du Ramadan".
Mme Diawara souhaite cependant qu'il y ait davantage de femmes à des postes de responsabilité. "Pour pouvoir responsabiliser plus de femmes, il faudrait les mettre à l'épreuve, les nommer afin de pouvoir apprécier ce dont elles sont capables. Elles restent trop souvent à la périphérie", plaide-t-elle.
VIDÉO REPORTAGE DE FODÉ MANGA DE SENEPLUS
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EXCLUSIF SENEPLUS - Ngoné Ndoye, présidente de l'association Femmes Enfants Migration et Développement Communautaire décline ses objectifs
En cette Journée Interbationale de la Femme, la présidente de cette association qui se veut pour mission la protection des femmes et enfants migrants, Mme Ngoné Ndoye en parle face à la caméra de SenePlus.Com.