Même si l’on achemine petit à petit vers la fin de la crise en Casamance, les graves conséquences de cette rébellion resteront toujours indélébiles dans l’esprit d’une certaine frange de la population dont leur vie a basculé à cause de ce conflit. il s’agit des femmes qui ont perdu l’usage de leurs pieds ou de leurs mains après avoir sauté sur des mines.
La journée du 8 mars est dédiée aux femmes du monde entier. Une occasion pour ces dernières de se remettre en cause et réfléchir sur les perspectives afin d’améliorer leurs conditions de vie et de combattre les inégalités dont elles sont victimes. Au moment où elles célèbrent cette journée, quelque part, il y a d’autres femmes qui souffrent dans leur coin de leur triste sort.
Dans la région de Ziguinchor, la crise a rendu la vie très difficile à certaines femmes, qui ont vu leur vie basculer brusquement. C’est le cas de Khady Diallo, qui a perdu l’usage de ses jambes après avoir sauté sur une mine. Assise sur une chaise roulante, elle explique son cauchemar. «Je suis allée à la recherche des noix d’acajou pour gagner un peu d’argent. C’est au retour que j’ai sauté sur une mine, et depuis lors, je ne parviens plus à marcher. Je suis sur une chaise roulante».
S’expliquant sur son triste sort, elle explique qu’elle ne bénéficie d’aucun soutien financier, et tout ce qu’elle mange, elle le gagne à la sueur de son front. « Après mon accident, mon mari m’a quittée un an après. Et jusqu’à présent, je ne l’ai plus revu. Je me débrouille seule pour nourrir mes deux enfants».
Trouvée chez elle, dans un quartier populeux de la ville de Ziguinchor, l’histoire de Joséphine Diatta, est non moins triste que celle de Khady. Cette dame, la quarantaine bien épanouie, a perdu ses deux jambes et ses pieds. A la question de savoir si elle connait le sens de la journée du 8 mars, elle déclare ignorer celle-ci, car, poursuit elle « depuis sept ans que j’ai fait cet accident, rien n’a changé dans mon quotidien. Je souffre dans mon for intérieur, depuis ce jour. Il y a beaucoup d’associations à Ziguinchor, mais je n’ai jamais reçu un appui financier de leur part. Je reste toujours croupie dans ma chambre avec ma souffrance. Personne ne vient me demander si je vais bien. Même dans mon proche entourage, les gens me regardent d’un autre oeil, comme si j’avais la peste », se désole Joséphine.
Et de poursuivre : «nous sommes stigmatisées et presque rejetées par notre propre famille». Selon elle, l’Etat du Sénégal «doit avoir un oeil attentif sur les femmes handicapées, surtout celles qui sont victimes de mines».
Trouvée devant la grande porte du marché Saint-Maur, assise sur sa chaise roulante, en train de tendre la main, Anna Djibalène vit mal son handicap. « Je n’ai pas de soutien, et je suis veuve et mère de quatre enfants, par conséquent, je suis obligée de tendre la main pour vivre. C’est difficile, mais je n’ai pas d’autres solutions», déclare-t-elle, et déplore l’attitude de certaines personnes. «Certains ne prêtent même pas attention à moi, c’est à peine qu’ils me regardent si je leur tends la main. Ils doivent comprendre que cette situation que je vis est du ressort divin, je ne l’ai pas souhaité», ajoute-t-elle. La dernière femme rencontrée s’appelle Catherine Diatta. En dépit de son handicap causé par une mine, elle n’entend pas tendre la main pour vivre. Assise derrière son comptoir, elle mène son petit commerce qui marche bien, selon ses dires.
Pour Catherine, les femmes souffrent énormément parce qu’elles manquent de moyens pour exercer des activités génératrices de revenus. D’où la nécessité de leur faciliter l’accès aux crédits afin de supporter dignement leurs souffrances.
Dans ses charges de maire de Dakar et ses ambitions présidentielles, Khalifa Sall dispose de dames formées à bonne école et politiquement bien engagées pour le porter en triomphe. "l'As" s'est intéressé à ces amazones qui épaulent Khalifa Sall dans l'ombre.
Khady Dia Sarr, l'Américaine de la team
Mme Khady Dia Sarr est une tête bien faite. Economiste de formation formée dans les plus grandes universités nord américaines, elle occupe le poste de Directrice de Programme à la Ville. Cadre supérieur en finance, Mme Sarr a piloté de main de maître le dossier de l'emprunt obligataire auquel souscrire la Ville de Dakar dans l'espace monétaire ouest africain. Diplômée en finance publique au Canada, elle avait fait de Dakar la première capitale francophone à lever un emprunt obligataire de plus de 100 milliards Fcfa. Mais le régime en place a fait capoter le projet. Son époux Saliou Sarr est une icône du Parti socialiste (Ps) dont l'ancrage est de notoriété publique.
Ramatouca Sow Dièye, l'universitaire de Khalifa
Khady Dia Sarr partage le cabinet du maire de Dakar avec Rahmatouca Sow Dièye. Cette dernière a fait son apparition dans le Landerneau politique vers 2007. Malgré son parcours, la Directrice du cabinet technique du Maire de Dakar, Ramatouca Sow Dièye reste discrète. De par ses aptitudes managériales, le leader du Jëf Jël, Talla Sylla avait porté son choix sur elle pour diriger sa campagne lors de la présidentielle de 2007. Enseignante au département de Lettres modernes à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mme Dièye était un membre actif des Assises nationales initiées par l'opposition du régime de Me Abdoulaye Wade. En tout cas, même si la parité n'est pas exigée dans le cabinet des maires, Khalifa Sall, lui, fait la promotion des femmes.
Aminata Diallo Thior, la belle fée
Député et chef de cabinet du maire de Dakar, Aminata Diallo est une proche parmi les proches de l'ancien ministre du Commerce. Cette ancienne responsable des jeunesses féminines est devenue un bouclier de l'édile de la capitale. Dans le viseur de la justice qui a d'ailleurs demandé la levée de son immunité parlementaire dans l'affaire du saccage de la maison du Ps, Aminata Diallo est apparue aux Sénégalais très jeune au temps du parlement des enfants. Adulée par Abdou Diouf, elle avait quitté son Kolda natal avant de gravir rapidement les échelons. On se rappellera toujours l'image de la petite Aminata Diallo sur les marches du siège de l'Organisation des Nations Unies (Onu) où elle a prononcé un discours au siège de l'Unicef à New York alors qu'elle était à l'école primaire
Lafia Diop, le bouclier de Khalifa
Très active sur les réseaux sociaux où elle réplique aux attaques contre le maire de Dakar, Lafia Diop est une socialiste de lait. Fille de l'ancien maire de Dakar Mamadou Diop, elle est cadre municipal en service à la Ville de Dakar. Politiquement très engagée, elle est également créditée d'une formation solide.
PREMIERE CONDUCTRICE DE BUS DAKAR DEM DIKK ET FIERE DE L’ETRE
Comme un poisson dans l’eau, en jogging, chaussures de sport, casquette, les deux mains posées sur le volant d’un bus Dakar Dem Dikk, ligne 10, Sophie Diouck est la première femme au Sénégal à être conductrice de bus de transport en commun. Nullement impressionnée par le gabarit imposant des «12 m», elle conseille, en ce 8 mars, journée internationale de la femme, à ses « soeurs» d’aller de l’avant, de toujours croire en elles et ne jamais se dire, « c’est impossible».
l’As : comment êtes-vous devenue la première femme conductrice de bus Dakar Dem Dikk ?
Sophie Diouck : C’est le destin. J’ai vu à la télé que Dakar Dem Dikk recrutait des chauffeurs. Mais avant cette annonce, j’avais déposé des dossiers sans suite. J’ai fait une autre demande. Mes proches m’ont dit que je n’avais aucune chance parce que Dakar Dem Dikk ne prenait que des hommes. Je me suis dit pourquoi pas et j’ai quand même tenté ma chance. J’ai fini par obtenir ce poste. Comme quoi, il faut toujours y croire et ne jamais se décourager.
Aviez-vous le trac, votre premier jour ?
Non. Nous avons été bien préparés. Mon passage à taxi sister m’a beaucoup aidée. J’étais en quelque sorte dans mon élément. Des passagers s’approchent, me regardent comme si je venais d’une autre planète, mais je gère.
Comment s’est passée votre formation ?
Elle était prévue pour s’étaler sur un mois et demi mais nous étions tous braves et avions réussi aux tests avec brio avant la date fixée. J’ai débuté par la ligne 10, il y a une quinzaine de jours. La formation n’était pas une promenade de santé. C’était dur, je me suis accrochée. C’est quand je suis entrée à Dakar Dem Dikk que j’ai compris que nous ne conduisions pas. On évoluait comme ça dans la circulation, comme si on allait à l’aveuglette. On nous a reformés. Cela se sent dans notre manière de conduire et les passagers voient la différence. J’étais la seule femme, mais Dieu m’a aidée, je ne me suis pas laissée faire. Tout ce que les hommes pouvaient faire, je le pouvais aussi.
Est-ce que les hommes se comportaient de manière différente lors de la formation parce que vous étiez la seule femme ?
Je ne leur en donnais pas l’occasion, quand je voyais qu’ils tentaient de me ménager, en disant par exemple «que la femme commence », je leur disais ici, il n’y a pas de femme, nous sommes tous des hommes. «Lou nguen wakhi ma soul ko, niou défanté ko bamou diekh…». Finalement, ils ont compris.
Comment vous regardent les autres dans les bus et la rue ?
Ils sont étonnés. Tout à l’heure, une passagère a soufflé à une autre que la conductrice était une femme. Elle ne l’a pas cru et est venue jusqu’à moi. Lorsqu’elle a fini de bien m’observer, elle a hoché la tête, m’a félicitée et a prié pour moi. J’ai l’habitude que les autres soient surpris en me voyant au volant. J’ai été parmi les premières à être taxi-woman en 2007 sous Abdoulaye Wade avec les taxissisters, donc, je suis habituée à ces regards surpris. Je fais mon job. J’ai aussi conduit des minibus de 21 places de location, qui faisaient Mbour, Dakar, etc.
Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir la responsabilité de dizaines de personnes, de savoir que leur sécurité est entre vos mains, le temps du trajet ?
Je suis consciente de ma responsabilité et je ne perds pas de vue que j’ai besoin de me concentrer du départ à l’arrivée.
Mariée et mère de trois enfants, comment faites-vous pour allier ce travail d’homme à celui du foyer ?
Je fais tout mon possible pour être à la hauteur de mes deux rôles. Je m’occupe de mes enfants, de mon époux. Il est vrai que ce n’est pas évident. A Dakar, je vis à la Médina, mais ma famille se trouve à Mbour. Je m’y rends chaque fois que j’ai un repos.
Qu’est-ce que votre famille a dit lorsque vous lui avez appris que vous allez conduire un bus Ddd ?
Ils ont dit, bus ? J’ai répondu sur un ton sans appel : oui, Inch Allah.
Avez-vous une autre activité en dehors de celle de conduite d’un bus ?
Non, un bus de 12 m, rempli de passagers, c’est une grosse responsabilité. Je me lève à 3 h du matin. A 04 h et quart, je suis partie. A 6 h, je suis sur mon lieu de travail. Je prends ma feuille de route et j’entre dans le bus… .Avec ce rythme ce n’est pas évident de mener une autre activité.
Quel message lancez-vous à l’occasion de cette journée internationale de la femme, à vos «soeurs» en général et en particulier à ceux qui ont peur de l’inconnu ou qui se découragent vite ?
Je leur dis de ne jamais baisser les bras, de venir à Dakar Dem Dikk. Quand on voit le gabarit, on a peur mais c’est une fois qu’on est au volant, qu’on comprend qu’on peut. Et puis, je peux dire que nous sommes passés entre de bonnes mains parce que nos moniteurs, Mbaye Kébé, Sams, Alioune Samb, Bousso sont vraiment performants. Ils nous mettent en confiance et nous préparent techniquement et psychologiquement. C’est un secret de Polichinelle que les chauffeurs sont de nature têtus. Voir un chauffeur qui a une dizaine d’années de carrière, le convaincre de laisser ses mauvaises habitudes au volant, ce n’est pas de tout repos. La patience des formateurs m’a beaucoup frappée. Le Dg de Dakar Dem Dikk, Me Moussa Diop a innové parce que ce n’est pas seulement aux femmes qu’on a ouvert les portes de Ddd, il y a aussi les personnes vivant avec un handicap moteur qui peuvent être des receveurs.
On vous a sans doute déjà dit que vous faites style garçon manqué, non ?
Effectivement, d’ailleurs j’ai une nièce qui m’appelle tonton Sophie, cela me fait rire…
Elle n’arpente plus les allées du pouvoir et ni les prétoires mais elle a droit de cité dans les institutions du Sénégal pour l’avoir été parmi l’un des premières femmes à les incarner. Elle, c’est Maïmouna Kane Touré.
La native de Dakar (née le 13 mars 1937 à Dakar) est avant tout un juriste de formation. Ancien auditeur à la Cour suprême, ancien substitut du procureur de Dakar et conseiller à la Cour d’Appel de Dakar, Maïmouna Kane a pris rendez-vous avec l’histoire en 1978. Dix huit ans après l’accession à la souverainement, le Sénégal inauguré l’ère des femmes ministres. Elle accéda au rang de ministre dans le gouvernement socialiste d’Abdou Diouf, en même temps qu’une autre pionnière en l’occurrence Caroline Faye Diop. Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée de la Condition féminine, elle migre vers la Promotion humaine qui deviendra plus tard le ministère de la femme.
Cette promotion n’est en réalité que l’aboutissement des luttes que la ministre Maïmouna Kane a menée au sein de l’association des femmes juristes (Ajs) et son engagement pour l’amélioration du sort de la femme, de son statut juridique et la lutte contre es inégalités. «En prononçant le discours solennel de rentrée des Cours et Tribunaux, j’avais axé mon discours sur les droits de femmes. J’avais attiré l’attention du Président Senghor sur les inégalités, les injustices et les violations des droits des femmes.
Dans son discours, il avait dit qu’il allait rétablir les femmes dans leurs droits», confiait-il dans une interview paru dans la presse en 2015. Reconduite comme ministre du Développement social dans le Gouvernement Niasse formé en 1983, elle n’a pas marqué de déposer son empreinte. Et entre autres actes laissés à la postérité figurent la loi sur les congés de maternité, l’accès aux fonctions militarisées ou encore à la diplomatie. Après son départ du gouvernement, Maïmouna Kane Touré a effectué le retour en zone pour se charger tour à tour du poste de secrétaire général de la Cour Suprême, ensuite de présidente de section au niveau du Conseil d’Etat où elle a pris sa retraite.
A 80 ans, quasi révolus, Mme Touré s épouse de l’économiste Mamoudou Touré, ministre des Finances de mai 1983 à avril 1988, s’est ouverte une fenêtre dans le sport. Après la disparition de Serigne Lamine Diop, c’est en effet elle qui perpétue actuellement le leg de la Fondation Abdou Diouf «Sport Vertu» dont elle est la présidente. Sans compter son investissement qu’elle continue de mener dans diverses actions citoyennes.
Secrétaire générale de l'Union nationale des femmes coopératrices du Sénégal (Uncs) et présidente de l'Union régionale des coopératrices de Diourbel, Louise Ngom Ndiaye est une femme de développement, qui exploite avec son mari un périmètre maraîcher d'un ha et demi. En ce 8 mars, dédié à la femme, Le Quotidien dresse le portrait de cette femme, qui touche presque aux étoiles.
Noirceur d'ébène, taille moyenne, accessible, Louise Ngom Ndiaye est une femme qui force l'admiration. Bientôt la soixantaine, elle ne passe pas inaperçue à Diourbel en général et au quartier Champs de courses en particulier. Ibrahima Faye, président de Baol environnement, une structure qui s'active dans la défense et la protection de l'environnement, qui fréquente cette femme depuis plusieurs années, témoigne : "C'est une battante. Une femme avide de connaissances. C'est la raison pour laquelle, elle a tout fait pour se former. Aujourd'hui, elle constitue une fierté pour nous tous acteurs de développement."
Depuis 1996, elle s'active dans les activités génératrices de revenus. Femme au foyer et devenue véritable actrice du développement, la native de Vélingara a fait ses humanités à l'école élémentaire Sainte Bernadette de Ngueniène. Admise au Bfem en 1981 au Collège d'enseignement moyen de Joal Fadiouth, elle sera orientée au lycée Blaise Diagne de Dakar. Après une tentative infructueuse au baccalauréat, elle va faire une formation professionnelle en comptabilité. Avec le décès de son papa et n'ayant plus de soutien pour payer ses études, elle n'a pu décrocher le Bts en comptabilité. Elle va rencontrer son mari en service à l'hôtel Sofitel téranga.
El Hadji Mamadou Ngom, professeur de cuisine à la retraite, confie : "C'est une femme correcte. Depuis 35 ans que je l'ai connue et épousée, je n'ai pas regretté un seul jour d'avoir demander sa main. Je suis fier d'elle. Le choix de l'avoir autorisée à s'activer dans le secteur du développement a été un choix judicieux. Le fait qu'elle s'absente beaucoup n'est rien. Depuis notre mariage, elle ne m'a jamais appelée par mon prénom. Depuis cinq années, c'est elle qui m'habille durant les fêtes de Korité et de Tabaski. Elle m'a même demandé l'autorisation d'immoler un mouton de Tabaski."
Après trois décennies de mariage, il est toujours baba devant les qualités de son épouse : "Des femmes comme Louise, se comptent du bout des doigts dans cette région où souvent, les femmes se chamaillent avec leurs époux parce qu'ils n'ont pas acheté des habits pour elles. Elle a vaincu les clichés en cours dans le Baol où il était fréquent de dire que les femmes qui venaient de Dakar ne peuvent pas être de bonnes épouses. C'est le contraire de Louise. J'aurais souhaité que les gens ne pensent plus comme ça. Cela doit être un mauvais souvenir. Elle ne veut que la réussite des femmes du Sénégal. Elle ne m'a jamais fait du tort durant toutes ces années de vie commune. Pour ce 8 mars, je lui ferai une surprise."
Faute de moyens et n'ayant personne pour s'occuper de ses enfants, elle devient femme au foyer. "En 1996 à son retour à Diourbel, elle va s'activer dans le développement parce que pensant que c'est le meilleur credo pour aider toutes ces femmes laissées à elles-mêmes. Elle va faire la connaissance de Thioro Fall. Par l'entremise de Fatou Pouye, une nièce à elle, elle a adhéré à un groupement de coopérative parce qu'il y avait peu de femmes dans ces coopératives. Avec son niveau d'études, elle a aidé à monter le groupement."
Humble et effacée, elle va décliner le poste de présidente de groupement qui lui a été proposé. Avec des cotisations de 100 francs par mois, elle a pu avec ses sœurs épargner 200 mille F Cfa. L'union régionale des coopératives va leur allouer une subvention de 500 mille francs. Avec cette somme, elles ont pu faire des prêts tournants pour les femmes des quartiers de Champs de course et Diourbel Tock. Le groupement a été dissous sur la proposition des femmes alors qu'il y avait en caisse 4 millions. Avec ce poste de secrétaire de groupement, elle est devenue plus tard présidente régionale des femmes coopératrices de Diourbel. Malgré les 32 années de vie conjugale, elle ne tarit jamais d'éloges si elle parle de son mari.
Sa journée, elle les partage entre l'Urcad, l'exploitation agricole et les autres activités. "Elle peut s'absenter pendant dix jours", dit son mari. Interpellée sur sa plus grande satisfaction, elle avance le fait d'avoir mis en place une unité de savonnerie et une unité de transformation au niveau de l'union régionale. Quel est votre regret ? "Mon seul regret, s'il y a regret, c'est de n'avoir pas été là toujours lorsque mes enfants avaient besoin de moi. C'est ce qui fait que je n'ai pas pu m'occuper comme je l'avais voulu de leurs études. Je n'ai pu les encadrer. Ma petite sœur était là."
"Ma femme est..."
Donnant son point de vue sur les crédits alloués par l'Etat, elle fustige cette façon de faire : "Quand tu ne fais pas de la politique, tu es marginalisée en quelque sorte et c'est notre cas. Les financements de Moustapha Diop (Ndlr : ministre délégué à la Microfinance), nous ne connaissons pas. Voyez les machines et moulins, on les donne à des femmes qui n'en ont pas besoin et qui ne savent pas comment les utiliser. Par exemple si le Gouvernement s'appuyait sur notre organisation, il pouvait réussir beaucoup de choses dans le cadre de l'allégement des travaux de la femme et aussi dans la vulgarisation du Pse (Programme Sénégal émergent). Si on avait des financements, on allait mettre en place de grandes unités de transformation des céréales et des unités de savonnerie avec des salaires et cela pourrait aider à autonomiser les femmes."
Que faire ? "Les taux sont élevés. La situation sociale des femmes ne peut leur permettre de payer. Nous avons fait des prêts rotatifs et des crédits campagnes pour épauler les femmes pour aller vers leur autonomisation mais rien. Les taux d'intérêts pratiqués au niveau des mutuelles ont toujours constitué des blocages pour les femmes. Les financements du Fongip ? On a donné l'information mais beaucoup de femmes n'ont pas été financées parce que les premières n'avaient pas remboursé."
Loin d'être obnubilée par le 8 mars dédié à la femme, Louise Ngom Ndiaye poursuit sa vie comme si de rien n'était. Elle dit : "On dit que c'est la Journée de la femme mais pour nous du 1er janvier au 31 décembre, chaque jour est une journée de la femme. Quand on dit une journée de la femme, il fallait dire aussi journée de l'homme."
Dans ce pays où le débat sur la parité fait toujours rage malgré les avancées, Mme Ndiaye lance un appel au sexe fort : "Je demande aux hommes d'être plus compréhensifs à l'endroit de leurs femmes. Si mon mari était là, il allait dire que je ne m'occupe plus de lui parce que souvent je suis absente. S'il n'y a pas de compréhension mutuelle..." Il n'y a d'émancipation ?
Ce mercredi 8 mars est célébrée la journée dédiée aux femmes de par le monde. Celles de Sédhiou comptent bien la mettre à profit pour porter le plaidoyer afin de proscrire toutes formes de maltraitances à leur encontre. Sur le chemin du leadership des femmes, se dressent des contraintes majeures affectant leur scolarité et leur apport dans la construction locale nationale du pays. Ce défi passe toutefois par l’unité dans le combat pour créer une synergie dans l’action.
Jusque dans un passé récent, le nombre de filles de Sédhiou qui suivaient leurs études supérieures, était très infime en raison des pesanteurs sociales et économiques qui s’opposaient à leur progression. Entre autres qui ont vu le bout du tunnel, Sokhna Amy Ka, chargée du suivi/évaluation au niveau du conseil départemental de Sédhiou : «j’ai fait tous mes cycles élémentaires, moyen et secondaire à Sédhiou avant d’engager les études supérieures à l’université Cheick Anta Diop de Dakar. J’ai eu mon master II et aménagement du territoire et gestion urbaine. J’ai cru très tôt aux études même si le milieu n’était pas si facile. Je suis de celles-là qui pensent que la fille doit pouvoir réussir au même titre que le garçon. Et par la grâce de Dieu et ma volonté, je suis arrivée à capitaliser quelque chose» dit-elle.
D’autres comme Kenda Diallo n’ont même pas eu la chance de tenir une ardoise à l’école. Aujourd’hui, elle est mariée, gagne difficilement sa vie par des travaux domestiques, mais dans la dignité et à la sueur de son front : «je n’ai jamais fait les bancs de l’école car mes parents n’ont jamais souhaité m’envoyer à l’école. Aujourd’hui j’ai 42 ans et j’éprouve des regrets de n’avoir pas étudié car les femmes qui travaillent dans les bureaux n’ont rien de mieux que moi, sans les études. Je suis une femme de «joomm» (brave) et j’aurais pu devenir une dame de fer », regrette-t-elle, la voix brisée sous l’émotion devant des bassines de linges qu’elle doit nettoyer, à notre passage.
La remontée du sel compromet la riziculture dans les bas-fonds
Elles sont toujours nombreuses les femmes qui emblavent des hectares de riz dans la région de Sédhiou. Cependant, la remontée de la langue salée et l’acidité des sols compromettent les récoltes. C’est le cas dans le Pakao avec la rupture du pont-barrage de Diopcounda. Fatoumata Cissé de Marandan en a souffert ; «nous femmes du Pakao souffrons énormément de la remontée de la langue salée dans nos vallées rizicoles. La rupture du barrage de Diopcounda nous porte un grand préjudice social et économique. Nous sollicitons le président de la République à refaire ce pont barrage, à défaut, ces vallées seront complètement mortes alors que des vies nombreuses en dépendent» a déclaré Fatoumata. A cela s’ajoutent les travaux pénibles auxquels elles sont astreintes à la maison, notamment en milieu rural. Avec l’absence d’équipements à limiter les activités manuelles, la couverture sanitaire et sociale dérisoire, la maternité périlleuse accentuée par l’enclavement routier, la femme de la région de Sédhiou établie en milieu rural peine vraiment à voir le bout du tunnel.
Maltraitances et pratiques néfastes persistantes
Des viols, mutilations génitales féminines et autres constructions sociales jugées néfastes constituent des embuches sur leur chemin. Ce 8 mars, jour qui leur est dédié de par le monde, les femmes de Sédhiou comptent le mettre à profit pour porter le plaidoyer. «Aujourd’hui journée mondiale de la femme nous organisons plusieurs activités de mobilisation sociale pour porter le plaidoyer afin que l’ensemble des acteurs renforcent leur actions en faveur. Nous tiendrons une conférence publique animée par Mme Fatou Bintou Diédhiou dite Miss, des prestations théâtrales, des distinctions à titre posthume décernées aux vaillantes femmes de Sédhiou qui s’étaient illustrées dans le développement local mais aussi aux jeunes générations de femmes qui ont eu des initiatives au service du public », a indiqué Mme Diédhiou Najahanko Sané membre du comité départemental de l’organisation de cette journée. Le succès de cette célébration en est un, mais l’unité entre les femmes de la région de Sédhiou autour de l’idéal de développement est un passage obligé pour arriver à mettre la région sur les rampes du leadership et de l’émergence sociale et économique.
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JE SUIS FEMME, JE SUIS DJEEG'N
Journée Internationale de la Femme / International Women djeeg'n day 2017
Journée Internationale de la Femme / International Women djeeg...
DJEEG'N inspirée de la femme Sénégalaise, c'est plus qu'une marque, c'est l'expression de la djiguëne alliant féminité et assurance. @Shopdjeegn se veut de rappeler à toutes les femmes qu'elles peuvent être heureuse, belle et forte peu importe la carnation de leur peau, les courbes qui dessinent leur corps et la beauté qui habille leur visage. Avec un peu de confiance en soi on est capable de changer l'impossible en millions de possibilités tout comme beaucoup de talentueuses femmes sénégalaises qui font des miracles à partir de peu.
Cette vidéo rend hommage à toutes les femmes du monde avec une phrase chargée de sens et d'émotions: "je suis femme, je suis djeeg'n"
Aïssata Ba, Créatrice et styliste de la marque Djeeg'n
Instagram @djeegn
Facebook @Shopdjeegn
Site web www.djeegn.com
Instagram perso @africanrefugee
Remerciements aux participantes :
Leslie @cocoon_place (IG) @cocoonplace_sophro (FB), Faty @fatyfame (IG), Cogna @cognadiouf (IG), Anne Joa, Olivia, Houleye D. @djebel12 (IG), Svetlana, Houleye K., Nadine @nadinezvous (IG) Nadinez-vous (FB), Peggy, Mariame @mariamsow (IG) By Mariame Sow (FB), Keiko, Sylvia, Daw @dawmakeup (IG) @l'experte de la beaute (FB), Koumba. Credit Musique: "Who likes the party" Kevin MacLeod Montage: Aïssata Ba et Harouna Ba
LE DISCOURS ANTI-MUSULMAN EST DE PLUS EN PLUS TOLÉRÉ
Témoignage de Kate Ndiaye, jeune américaine d'origine sénégalaise
Kate pour les intimes, Khady Gaye Ndiaye est née à New York mais a passé toute son enfance à Mbour, où elle a eu son "Baccalauréat à l'âge de 16 ans". Sur les conseils de sa mère, elle est retournée dans son pays natal afin d'y poursuivre ses études supérieures.
Depuis l'élection de Donald Trump en novembre 2016, la parole raciste s'est un peu plus libérée aux Etats-Unis. "La présidence de Trump a beaucoup changé l'environnement racial aux Etats-Unis, pour la jeune sénégalo-américaine qui reconnaît, toutefois, "que le racisme a toujours existé dans ce pays". Même si elle signale être revenue "dans le pays de la "liberté" pendant la présidence de Barack Obama, qui avait une approche totalement différente de celle de Trump".
A son retour, Kate Ndiaye a d'abord vécu dans "le Maryland de 2011 à 2013, avant de changer d'université pour rejoindre New Jersey City University dans le New Jersey", où elle effectue une licence en gestion d'entreprise. La jeune femme de 23 ans pense que les immigrés sont "considérés comme des voleurs d'emplois. Trump a réussi à installer un climat de tensions, notamment à l'égard des immigrés. Cette situation est déplorable parce qu'elle augmente les chances des Américains à être embauchés, alors qu'elle réduit celle de ce ceux qui sont originaires d'Afrique".
L'arrivée de Trump a divisé le pays en deux avec les "pro" et les "anti" 45ème président des Etats-Unis. "J'ai malheureusement perdu certains de mes amis de couleur blanche, qui ne partageaient pas mon point de vue sur les ordres exécutifs de Trump et ses décisions radicales". Kate Gaye Ndiaye a "l'impression qu'il est devenu plus difficile de vivre dans ce pays depuis l'élection de Trump. La plupart des immigrés ne rêve que d'une chose : rentrer au bercail. Malheureusement, cela est plus facile à dire qu'à faire. Repartir les mains vides représente l'un des principaux facteurs qui influencent les Sénégalais à ne pas rentrer".
Après une campagne électorale dont l'un des thèmes phares fut l'immigration, "le président s'est engagé, en février 2017, à expulser les millions d'immigrants illégaux. Depuis cette annonce, nombreuses sont les familles qui vivent dans une hantise constante. Chaque jour, en rentrant chez moi, je me pose la même question : Que nous prépare Trump ? Je me souviens avoir reçu, il y a quelques jours, un message de ma cousine, dans lequel elle me demandait si j'avais mon passeport parce qu'ils déportaient (expulsaient, ndlr) des gens dans le Bronx. Même si je suis Américaine, et elle le sait, elle vit dans l'inquiétude comme le reste d'entre nous".
L'apport des immigrés
Dans cette chasse aux immigrés qui ne porte pas encore son vrai nom, l'Amérique de Trump oublie ce qu'elle doit aux immigrés. Kate Gaye prend l'exemple du domaine de la santé où "vingt-huit pour-cent (28%) des médecins sont des immigrants et l'Amérique est déjà à court de médecins. Avec les interdictions d'immigration de Trump, nous verrons une diminution drastique de ce pourcentage. D'après les écoles de médecine, l'ordre de Trump rend encore plus difficile le recrutement de médecins pour travailler dans les hôpitaux. Cela entraînera un ralentissement des progrès scientifiques, car les spécialistes chercheront un emploi ailleurs. Les choses deviennent beaucoup plus difficiles avec ce nouveau gouvernement républicain".
Dans ce contexte, être musulman pourrait être synonyme de cumul de handicaps si l'on voulait tomber dans un cynisme de mauvais goût. "Je suis une fière musulmane vivant aux États-Unis. Aujourd'hui, le discours anti musulman est de plus en plus toléré dans ce pays".
Toutefois, Kate Gaye note que "l'hostilité américaine envers l'Islam et les musulmans n'a pas commencé avec Trump, cela a simplement empiré et sera toujours présente. Au cours de sa campagne, il a promis d'expulser la majeure partie des musulmans. Il a tenu sa promesse en signant un décret interdisant l'entrée aux États-Unis des ressortissants de certains pays pendant une période de 90 jours".
Une décision qui n'est pas sans conséquence dans l'appréhension négative qu'ont les Américains de l'Islam. "Il est difficile de vivre dans un pays où vous êtes étiquetée comme une menace simplement à cause de votre religion, regrette Kate Gaye. Mon père m'appelle toujours pour me dire d'être prudente avec mes publications sur les réseaux sociaux parce qu'"ils" nous surveillent. Nous ne pouvons pas laisser Trump et son gouvernement nous décourager, et nous empêcher de réaliser notre rêve américain".
La jeune américaine d'origine sénégalaise hésite à rester aux Etats-Unis après la fin de ses études, dans deux mois. Une hésitation qu'elle tempère : "On ne sait jamais. Si cela change, j'y repenserai". C'est cela aussi le rêve américain.
UNE FERME SÉNÉGALO-INDIENNE VA PRODUIRE 80.000 TONNES PAR AN
Paris (France), 7 mars (APS) – La ferme mise en place à Loumpoul (Louga) par la société sénégalo-indienne "Sénéindia" s’est engagée à produire 80.000 tonnes de pommes de terre par an sur la superficie de 1000 hectares qui lui est affectée, a indiqué le maire de la commune de Diokoul, Cheikh Sadibou Diack.
L’édile de Diokoul, commune qui englobe le village de Loumpoul, s’entretenait récemment à Paris (France) avec l’APS, en marge du 54-e Salon international de l’agriculture de Paris (SIA, 25 février-5 mars). Il a précisé que les partenaires indiens ont pris l’engagement de produire 80 tonnes de pommes de terre à l’hectare.
"Ils (les Indiens) ont commencé par payer des compenses aux ayant-droits traditionnels des terres, remettant 250.000 francs CFA pour chaque hectare, soit une somme globale de 250 millions de francs CFA", a informé Cheikh Sadibou Diack.
Les quatre villages (Diokoul, Gad Kébé, Badar Bouya et Mérida) seront tous électrifiés et auront gratuitement accès à l’eau, a dit le maire, soulignant que 2500 jeunes sénégalais vont travailler dans la ferme, avec chacun un salaire de base de 75.000 fancs CFA.
"Les 3000 emplois saisonniers qui seront créés, permettront aux femmes de gagner 3500 francs CFA en travaillant de 9h à 13h pendant 8 mois sur 12", a fait remarquer le maire de Diokoul.
La mairie a affecté 1000 ha à des Indiens et 2000 aux populations, afin de leur permettre de cultiver des céréales qui seront achetées par la société Sénéindia, a expliqué M. Diack. Ce dernier envisage de bâtir à Diokoul "le plus grand marché de légumes en Afrique et le plus grand parking de gros porteurs".
Les gros porteurs, qui amèneront la production partout dans la sous-région, payeront une taxe communale de 25.00 francs CFA tous les trois mois et cela permettra à Diokoul d’avoir à elle seule le quadruple du budget des 52 communes de la région de Louga réunies, a soutenu Cheikh Sadibou Diack.
Le maire de Diokoul était à la recherche d’une unité complète de fabrication de frites surgelées à Paris. Il a signalé qu’un forage en construction a nécessité le recrutement de 50 personnes et cela dans le souci de maîtriser l’eau pour la réussite du projet.
La secrétaire générale de la Fifa, la Sénégalaise Fatma Samoura, a assuré mardi de sa neutralité avant l'élection à la présidence de la Confédération africaine (CAF), durant laquelle le Malgache Ahmad tentera de déloger le Camerounais Issa Hayatou.
Ahmad Ahmad, président de la Fédération malgache et membre de la commission exécutive de la Confédération africaine de football (CAF), sera le seul candidat face au Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis 1988 et qui brigue un 8e mandat lors du scrutin prévu le 16 mars à Addis-Abeba.
"Moi, je suis neutre", a assuré Mme Samoura, dans un entretien à l'AFP.
Devenue en mai dernier la première femme à occuper le poste de secrétaire générale de la Fifa, Mme Samoura, ex-diplomate aux Nations Unies, a été en poste dans plusieurs pays africains, dont Madagascar.
"Je veux juste que celui qui représente l'avenir du foot africain soit élu avec un programme solide, qui pourra permettre vraiment à ce continent de non seulement continuer à être un réservoir de talents, mais que ces talents puissent rester en Afrique et puissent faire du football africain celui dont tout le monde rêve", a-t-elle ajouté.
Ahmad Ahmad, 54 ans, contre 70 ans pour Issa Hayatou, souhaite apporter de "nombreux changements" au football africain en cas d'élection.
"Ce n'était pas mon ambition de devenir président de la CAF mais des collègues comme le président Amaju Pinnick, de la Fédération nigériane de football, m'y ont encouragé après le congrès de la FIFA à Mexico l'an dernier", a déclaré jeudi M. Ahmad, lors d'un déplacement au Nigeria.
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, s'est rendu récemment en Afrique australe, notamment au Zimbabwe, membre de la Cosafa (Conseil des associations de football en Afrique australe), qui a apporté officiellement son soutien à M. Ahmad.