Dakar, 14 avr (APS) – L’universitaire et philosophe Aminata Diaw Cissé, décédée dans la nuit de jeudi à vendredi des suites d’une maladie, était "une grande intellectuelle et une femme de cœur remarquable", selon le professeur Hamidou Dia.
"Avec elle, disparaît une grande intellectuelle et une femme de cœur remarquable. Affable, courtoise, humaniste, la disparue avait des relations de respect avec tout le monde (…)", écrit le Pr Dia dans une réaction transmise à l’APS.
Aminata Diaw Cissé "a vécu dans la dignité et morte dans la dignité, frappant de stupeur non seulement le département de philosophie mais toute l’université de Dakar le Codesria et la commission nationale de réécriture de l’histoire africaine dirigée par le Pr. Iba Der Thiam", souligne Hamidou Dia, philosophe et conseiller spécial du chef de l’Etat.
Enseignante au département de Philosophie de l’UCAD, Aminata Diaw Cissé a fait les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) françaises et a poursuivi ses études à l’Université de Nice (France) où elle a soutenu sa thèse de troisième cycle de philosophie.
Elle a ensuite intégré, en 1986, le département de philosophie de la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) où elle dispensait le cours de philosophie politique.
Elle fut présidente de la sous-commission Sciences humaines et sociales de la Commission sénégalaise pour l´UNESCO) et vice-présidente de la West African Research Association.
Responsable des rencontres et échanges de la Biennale de Dakar en 2004, Aminata Diaw Cissé a également été la directrice de l´animation culturelle et scientifique au Rectorat de l´Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Elle a de même occupé les fonctions de responsable du Centre de recherches philosophiques et épistémologiques de l’École doctorale Études sur l’homme et la société et vice-présidente de la commission scientifique du CODESRIA.
Aminata Diaw a publié, pour le compte du CODESRIA, une monographie intitulée "Démocratie et logiques identitaires en Afrique".
Elle est en outre l’auteur de "Women Writing Africa" (volume Afrique de l’Ouest et Sahel), un ouvrage publié à la Feminist Press de New-York, en collaboration avec Ei Sutherland Addy.
Parmi ses écrits, l’on relève des articles sur le politique en Afrique, la philosophie politique, les femmes, entre autres publications.
THIÈS : LE DR SAFIÉTOU THIAM CRÉE LE MOUVEMENT "PRÉSENCE CITOYENNE’’
Thiès, 9 avr (APS) - Un mouvement citoyen dénommé "Présence citoyenne’’ a été porté sur les fonds baptismaux, samedi à Thiès, à l’initiative de l’ancienne ministre de la Santé, Dr Safiétou Thiam.
Ce mouvement est destiné à mener des actions justes, solidaires et responsables et à servir de cadre propice à l’émergence des femmes et des jeunes, explique-t-on.
Sa présidente, Dr Safiétou Thiam, souligne que l’objectif premier consiste à sensibiliser les Thièssois. "Thiès ne peut pas rater le train de l’émergence, face à cette vision généreuse et sociale pour un développement durable dans l’harmonie et le partage, initiée par le président Macky Sall’’, a expliqué le Dr Thiam.
‘’Aujourd’hui, j’ai décidé d’agir, de m’engager au service de ma ville et de mes concitoyens, pour me rapprocher de la vision du chef l’Etat, afin de faire la politique du cœur et de l’action, car la cité du rail doit saisir toutes les opportunités qui lui sont proposées par le Plan Sénégal émergent ‘PSE)’’, a-t-elle argué.
Selon elle, "la politique n’a de sens que dans le partage, l’entraide et la solidarité, visant un but ultime : l’épanouissement individuel et collectif des populations’’.
"Nous devons faire toujours mieux, parce qu’une nation qui produit, c’est d’abord une nation en bonne santé. Donc, restons mobilisés et vigilants, gardons les bons réflexes de précaution, d’hygiène et de prévention’’, a-t-elle encouragé.
DES PHOTOS PRIVÉES SUR LE WEB
Les raisons du "niangal" de la Première dame le 04 avril
L'absence du sourire légendaire de la Première dame, lors du défilé du 04 avril, a intrigué beaucoup de Sénégalais. Tout au long du défilé, des citoyens l'ont guetté en vain. Sur les réseaux sociaux, à côté des innovations et belles prestations de nos forces de sécurité et de défense, la mine sévère de Marième Faye Sall a défrayé la chronique. La cause de cette attitude, Abdoul Aziz M'baye, conseiller spécial chargé des TIC, l'a livrée.
Le défilé du 4 avril marquant le 57e anniversaire du Sénégal à l'indépendance a réveillé la fibre patriotique des Sénégalais. Toutefois, ils n'avaient pas que d'œil pour la prestation des participants. Habitués au sourire de la Première dame, malheureusement absent ce jour-là, ils se sont beaucoup posé de questions sur le "niangal" d'enfer de la Première dame.
La raison de la colère jupitérienne de Marième Faye Sall a été dévoilée par son ami et collaborateur du président de la République, Abdoul Aziz M'baye, conseiller spécial chargé des TIC sur son compte Facebook.
Il dit ceci : "Mara Ndiaye, fils du regretté Ousmane Masseck Ndiaye, a publié sans aviser, les photos de sa sœur qui s'est occupée du maquillage de la Première Dame ce matin."
Il ajoute qu'"à peine installée à la tribune officielle, on a informé Madame Sall que des photos prises dans son intimité circulent sur le net. Folle de rage, la Première dame contenait mal sa colère. Voilà ce qui nous a privé du SUPER SMILE", a-t-il révélé édifiant ainsi les nombreux Sénégalais inquiétés de ce comportement inhabituel de la gracieuse Dame.
Toutefois, certains Sénégalais ne croient pas à cette thèse puisque lesdites photos, loin d'être intimes, montrent la Première dans toute son élégance et son raffinement. Et les Sénégalais les ont bien appréciées dans les réseaux sociaux.
Avec IGFM
LES JAKARTA SERVENT D'AMBULANCES DANS LES ZONES LE PLUS RECULÉES
Khady Diaw, coordonnatrice du Réseau des femmes pour le développement de Kolda
Actrice du développement, Khady Diaw est la coordonnatrice du Réseau des femmes pour le développement de Kolda et responsable politique à l'Apr dans cette partie du pays. Dans cet entretien qu'elle a accordé au Quotidien, elle revient sur l'inscription des jeunes à l'état civil, l'affrontement entre les Jakartamen et les Forces de l'ordre. Aussi, elle évoque les financements qu'elle a initiés avec son groupe pour l'autonomisation des femmes de Kolda, entre autres questions. Elle est convaincue qu'il faudra compter sur les jeunes et les femmes pour mettre la région sur les rampes du développement.
Papiers d'état civil
"A vrai dire cela a toujours été une préoccupation de la Coordination des comités de base (Ccb). Pour permettre à tout un chacun de disposer d'une pièce d'état civil et s'inscrire sur les listes électorales et disposer de la nouvelle carte nationale d'identité. Au delà, c'est un acte citoyen qu'on doit entreprendre. Aussi c'est un devoir pour tout citoyen de se procurer un document administratif tel que le papier d'état civil. L'obtention de ce document se pose avec acuité dans la localité pour ne pas dire que le problème est national.
Alors, en tant que responsable de femmes et actrice du développement, je me devais de descendre sur le terrain avec mon équipe pour aider mes frères et sœurs, bref les populations à disposer de ce document. Et leur donner l'opportunité d'exprimer librement leur choix en ayant droit au chapitre. Ce n'est pas la première tentative. Pour nous, acteurs du développement, il est important d'être à proximité des populations et à chaque fois que de besoin d'apporter notre assistance pour améliorer les conditions d'existence de nos concitoyens.
Notre satisfaction réside dans le fait que les populations sont sorties massivement pour répondre à notre appel. En attestent les inscriptions massives qu'on n'a enregistrées sur les listes électorales. Au total 1 500 jeunes ont été inscrits. C'est dire que les populations ont bien compris l'importance de disposer d'un papier d'état civil et l'inscription sur les listes électorales. En plus de l'obtention de la carte d'identité Cedeao. Toutefois, il est évident de signaler que les autorités doivent prendre la question de l'état civil à bras-le-corps pour garantir à tous les enfants les mêmes droits.
Emeutes de Kolda
Ces malheureux évènements m'ont trouvée à Dakar. C'est avec un pincement au cœur qu'on a vécu l'affrontement qui a opposé les Jakartamen aux Forces de l'ordre et de sécurité. Et qui a conduit à leur arrestation. Cependant, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Aussitôt informées, mon équipe et moi avons effectué une descente d'urgence à Kolda pour s'enquérir de la situation et marquer notre solidarité aux familles des jeunes mis aux arrêts. Il faut dire que la déperdition scolaire précoce des jeunes élèves et le chômage chronique des jeunes ont contribué à l'essor du phénomène dans cette région. A cet effet, il y a trois catégories de jeunes qui conduisent les Jakarta à Kolda. Il s'agit des diplômés koldois sans emploi, ceux qui n'ont pas pu poursuivre leurs études faute de moyens et enfin ceux qui n'ont jamais été à l'école.
Par conséquent, on note pour la majeure partie de ces jeunes, ils conduisent pour des raisons économiques. Les motos servent d'ambulances dans les zones le plus reculées. Elles permettent aux femmes d'aller au marché, de transporter les écoliers à l'école, de faciliter le transport interurbain entre autres. Quand bien même malgré cet important rôle que joue les Jakartamen, force est de constater le désordre dans lequel ces derniers exercent. C'est pourquoi, en tant que responsable de femmes et actrice du développement, j'estime que l'Etat doit prendre les dispositions pour encadrer ces jeunes et les accompagner dans la formalisation. Pour les permettre d'exercer librement et contribuer au développement de leur localité.
Par ailleurs, les Forces de sécurité et défense ont en charge la sécurisation des personnes et des biens. C'est pourquoi, les populations, notamment les jeunes, doivent cultiver le bon voisinage avec ces derniers et les aider dans l'accomplissement de leur travail. Il faut installer un dialogue fécond et permanent entre les populations et les Forces de l'ordre. Pour ma part, nous y travaillons et nous comptons jouer pleinement notre rôle pour pacifier les relations entre ces derniers et la jeunesse pour na pas dire des populations. Comme on dit, quand le vin est déjà tiré, il faut le boire. Il y a eu des casses, mais au nom de toutes les populations, on exprime notre profond regret et demande la clémence des autorités judicaires. Déjà, on salue le dénouement heureux à la suite du procès des jeunes jakartamen. Des leçons ont été tirées. Cela servira dans l'avenir pour faire rayonner Kolda et la positionner sur les rails du développement pour le bonheur de tous les Koldois.
Financement des femmes
La question du financement des femmes se pose à Kolda comme partout ailleurs. Seulement, je ne suis pas restée les bras croisés du fait de l'ampleur de la question. Pour cause, avec le directeur général de l'Office national de formation professionnelle (Onfp), Sanoussi Diakité, on a financé 1 800 femmes de Kolda. Les financements varient entre 100 mille et 500 mille par groupement de femmes. Soit plus de 2 millions 500 mille francs Cfa. Au total, 800 femmes ont bénéficié de formation pour entreprendre et créer des projets novateurs pour leur autonomisation. Il faut dire que cela n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan par rapport à nos projets majeurs pour mettre les femmes dans de bonnes dispositions d'entreprendre et de réussir dans leur business.
On est convaincu que le développement de Kolda passera forcément par la valorisation des ressources humaines locales, notamment les jeunes et les femmes, ou ne se fera point. C'est pourquoi, dans le cadre de mes activités de développement, ces derniers occupent une place de choix. Cela cadre parfaitement avec la politique d'émergence tracée par le président de la République, Macky Sall, et incarnée par le plan Sénégal émergent. Nous nous inscrivons dans cette optique. D'ailleurs, pour créer l'émulation et encourager les femmes à entreprendre et à bien gérer les financements qu'on leur donne, on n'a lancé le prix "Calama" qui veut dire calebasse en mandingue. Ce prix a été institué pour motiver la femme ou les groupements de femmes qui se distinguent le plus dans leur domaine d'activité. C'est une manière de les motiver et de leur dire que seul le travail paie. Mais surtout que la réussite est au bout de l'effort. Car il n'est pas facile d'entreprendre. Avec l'ambition et la détermination tout est possible. J'ai travaillé dans le développement pendant plusieurs années. J'ai fait les coins et recoins de la région pour accompagner et organiser les dames. Elles sont très engagées et motivées à changer leur vécu quotidien. Elles y croient. Et nous nous évertuons à les accompagner.
Combat politique
Bon, comme tous les grands partis, on a aussi nos propres réalités à l'Apr. Contrairement à ce que les gens pensent, j'estime que le parti est en train de grandir. Par conséquent, il est normal que les gens s'agitent. Pour montrer qu'ils sont présents ou qu'ils ont une certaine représentativité. Pour notre part, nous travaillons avec Sanoussi Diakité dans la massification du parti et son unification. Nous sommes d'avis que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Ainsi, on ne se laisse pas distraire. Nous sommes en contact avec les populations et on fait de notre mieux pour satisfaire leurs préoccupations. C'est le plus important pour nous. Le reste, les instances du parti vont s'en charger. Mais, on travaille. On est dans l'action et la matérialisation, de manière concrète, de la vision du chef de l'Etat au niveau de la base."
Au cœur de ce 14ème numéro de SN Art, intitulé de cet afterwork culturel itinérant, ce point d’interrogation : «Cultures urbaines, cultures masculines ?» Si Fatou Kandé Senghor vous répondra que le milieu est «misogyne», vous entendrez tout de même la graffeuse Zeinnix vous dire qu’on la regarde de moins en moins comme un drôle d’oiseau. Quant à Mariama Touré, elle vous parlera plutôt de «professionnalisation» et d’indépendance. SN Art, 14ème numéro, c’était ce jeudi 30 mars au Goethe Institut.
Dans le milieu hip hop, Fatou Kandé Senghor, cinéaste et photographe, pour faire court, et auteure d’un ouvrage sur le sujet, «Wala Bok, une histoire orale du hip hop», est ce que l’on appellera une icône. Et si vous l’avez rencontrée une ou deux fois, vous avez dû l’entendre se réclamer de cet univers-là : elle vous dira par exemple qu’elle a l’âge du hip hop, un milieu où les femmes ont tout de même un peu de mal à «exister». Dans la soirée de ce jeudi 30 mars, où le Goethe Institut accueillait le 14ème numéro de SN Art, intitulé de ce très culturel afterwork mensuel, Fatou Kandé Senghor, connue pour son franc-parler, n’hésitera d’ailleurs pas à dire que contrairement à ce que l’on pourrait penser, et malgré tous ses « élans démocratique» et son côté «porteur des sans voix», le hip hop était resté très «protecteur» et très «misogyne».
Pas toujours évident par exemple, pour l’une ou l’autre de ces femmes, de se retrouver à quelque concert nocturne, où l’on se demandera ce qu’elles sont venues faire. Ce qui va malheureusement les tenir «éloignées de ce cercle, alors qu’elles ont des choses à dire».
Sans oublier dit-elle que certains textes de rap, écrits par des hommes, les renverront très vite à une certaine image de la femme, docile à la limite, certainement pas «extravertie», et assez conformiste finalement, sous couvert d’une société sénégalaise pour le moins «schizophrénique», coincée entre la «bienséance» et une forme d’ «hypocrisie» sociale.
Pour comprendre un peu mieux, peut-être faudrait-il tout simplement remonter aux origines d’un mouvement hip hop «né dans la rue», alors que les convenances voudraient que les femmes n’aient pas grand-chose à y faire. Ou alors à ce côté plus ou moins glauque du hip hop, entre «banditisme» et «vagabondage», pour reprendre les mots de la graffeuse et slameuse Zeinnix, Dieynaba Sidibé à l’état-civil.
Dans le milieu, disons qu’elle fait quasiment office de benjamine, et c’est justement à cette génération que s’adresse Fatou Kandé Senghor, où l’on se retrouve parfois, dit-elle, avec des jeunettes sans bagage qui se contenteront d’être «sexy», autrement dit sans «vécu» ni «culture», et qui n’auront peut-être même pas cette «sensibilité qu’il faut avant de prendre le micro». Sans parler de toutes ces associations qui serviront peut-être à «prouver que le genre est présent». «Mais genre pour genre, dixit Fatou Kandé Senghor, je reste sceptique».
«CE QUE J’AI A DIRE…»
Ce n’est pourtant pas comme si les choses n’avaient pas vraiment «évolué». A 26 ans, et plusieurs années dans le milieu, Zeinnix se souvient qu’en 2008, sa présence féminine, au milieu d’une «vingtaine d’hommes», avait le don d’en déranger quelques-uns…A une époque où l’on se demandait ce qu’elle pouvait bien faire là. Aujourd’hui, admet la graffeuse, «on m’interpelle davantage sur ce que j’ai à dire». Ce qui a aussi changé, pour parler comme Mariama Touré, c’est que les femmes du hip hop sont de plus en plus «organisées», c’est le mot, et il est peut-être là le défi, pour les femmes comme pour les hommes finalement.
Et quand Fatou Kandé Senghor donne l’exemple du Vsd hip hop, qui a démarré hier, vendredi 31 mars au Centre culturel Blaise Senghor, et dont le programme n’a été disponible que la veille, Mariama Touré appelle quant à elle à décloisonner, à «sortir des cadres habituels», que ce soit Blaise Senghor, ou la Maison de la Culture Douta Seck ; c’est-à-dire «sortir de la rue, pour proposer quelque chose qui vient de la rue», histoire d’avoir accès à un autre «public», peut-être plus «grand», peut-être «profane» ; des «spectacles d’envergure, peut-être futuristes».
Mais encore faudrait-il retourner à ce que l’on appellera les «valeurs» du hip hop, l’éducation, l’entreprenariat, et sortir de ce côté «fourre-tout» des cultures urbaines. Quand on sait que certains parents aiment moins les cultures urbaines, que les formations qui viennent s’y greffer.
Aujourd’hui, Fatou Kandé Senghor vous dira par exemple qu’elle cherche à être un modèle, mais de façon «concrète » ; autrement dit ni comme un «titre», ni comme une «affiche», là où Mariama Touré vous parlera plutôt de «professionnalisation», de «métier» et d’ «argent»…Sans avoir peur des mots, sans faire la fine bouche, loin de cette idée qui voudrait que «l’art et l’argent» soient antagonistes. L’argent, pour être «indépendante», pour avoir le choix ou pour ne pas céder à la pression…
La pression de certains hommes du milieu, qui se laisseront aller à quelque «commentaire bête et méchant», mais comme dirait Fatou Kandé Senghor, dans des cas comme ceux-là, pas de «demi-mesure», pas de compromis.
On mettra tout cela sur le compte d’une société où l’on va vouloir que les femmes soient comme ceci et pas comme cela, ou qu’elles correspondent à une sorte de moule social ou à quelque diktat de la mode, ou du style, parfois au nom de la bienséance ou des convenances…
POLEMIQUE AUTOUR DU FONDS DES CULTURES URBAINES : Les précisions du Pr Massamba Guèye
Les 300 millions de francs CFA du Fonds de développement des cultures urbaines ne sont pas encore disponibles, mais ils ont tout de même trouvé le moyen de s’inviter à la conférence de lancement du VSD Hip Hop. Hier, vendredi 31 mars au Centre culturel Blaise Senghor, le rappeur Simon (Kouka), qui est le coordonnateur du projet en question, a tenu à mettre les choses au point. Non, le VSD Hip Hop n’a pas été financé par le Fonds de développement des cultures urbaines, contrairement à ce qui a été dit ici et là…Par «des gens qui salissent l’image des cultures urbaines, et qui salissent le combat qu’ont mené nos aînés».
Ce que confirmera d’ailleurs le Pr Massamba Guèye, qui dirige le comité de lecture, qui décidera de la liste des projets retenus, et qui en informera ensuite le comité de gestion : «Je n’ai encore remis aucun rapport au comité de gestion, nous sommes en train de finaliser les choses (…) Il faut que l’on soit sérieux. Il y a des gens qui sabordent l’action de l’Etat, et qui cherchent à décrédibiliser le Fonds (…) Nous n’avons pas encore délibéré (…) Pour l’instant aucun dossier n’a été financé et cet argent n’est pas encore accessible, parce que le mécanisme est verrouillé (et) je démens formellement toute mise à disposition du Fonds».
Massamba Guèye précise à ce sujet que le comité de lecture est composé de 7 membres : 4 personnes désignées par le mouvement Hip Hop lui-même, et 3 «institutionnels».
FATOU DIOME À FOND DANS LE DÉBAT POLITIQUE SUR L’IDENTITÉ NATIONALE
Dakar, 29 mars (APS) – L’écrivaine franco-sénégalaise, Fatou Diome, dénonce dans son dernier ouvrage "Marianne porte plainte" paru chez Flammarion, les excès des défenseurs du concept d’identité nationale dans le débat politique en perspective du premier tour de la présidentielle en France, prévu le 23 avril prochain.
"Les propos d’aujourd’hui ne sont graves que parce qu’ils ont été installés depuis longtemps. Voilà quelques années que l’identité est devenue une obsession. Ce sont parfois les défenseurs de l’identité de la France qui lui font le plus grand mal en la rendant tellement restrictive, crispée, inquiète", dénonce-t-elle.
Dans un entretien publié sur le site du magazine français Le Point, l’auteure estime que "la France n’a pourtant aucune raison de s’inquiéter car partout dans le monde, les gens parlent de la France avec tant d’amour".
"Comment peut-on habiter un si beau pays et être si pessimiste, ranci dans sa mentalité, vouloir s’enfermer alors que la France a toujours voulu disperser ses valeurs d’une manière universelle", s’interroge la native de l’île de Niodior, dans le delta du Saloum.
Fatou Diome, naturalisée française, dit qu’elle a choisi de rester en France par "choix" et par "amour". "Rien ne m’oblige à rester en France, je suis parfaitement libre d’aller travailler ailleurs. Je vis dans ce pays parce que je l’aime ; c’est une libre décision", se défend l’écrivaine.
"On ne m’a pas donné la nationalité à titre provisoire mais vraiment de manière sincère. Cela signifie qu’on m’a donné le droit de m’exprimer en tant que citoyenne française", affirme l’auteur de "Le ventre de l’Atlantique" (2003), son premier roman qui lui a valu une reconnaissance internationale.
A propos de "Marianne porte plainte", titre de son dernier livre, Fatou Diome explique que "l’ironie est permise" en littérature.
"Marianne porte plainte contre les diviseurs, contre ceux qui falsifient son histoire, son identité. Contre ceux qui ne veulent pas admettre la diversité de ses enfants. Contre ceux qui vont à l’encontre de sa devise nationale", s’insurge-t-elle.
Elle ajoute :"Je suis de nationalité française, je suis donc une des enfants de Marianne, et je me donne le droit de dire que je ne suis pas d’accord."
"J’en appelle à toute personne qui se sentirait mal à l’aise avec les propos qui m’ont révoltée ; que ceux qui partagent ma révolte viennent avec moi défendre ma mère adoptive Marianne", plaide l’écrivaine franco-sénégalaise.
Selon elle, "aller vers l’autre est toujours une fragilité. Pour aller vers l’autre, il faut accepter sa propre fragilité. Il faut accepter de se décentrer de soi, de relativiser sa culture".
"Dès lors, estime Fatou Diome, on ne peut plus mépriser l’autre. On se met alors en position de comprendre et d’apprendre. C’est là la fragilité, car on transmet ce qu’on sait et reçoit ce qu’on ne sait pas."
Fatou Diome est l’auteure de plusieurs recueils de nouvelles et de romans parmi lesquels "La Préférence nationale", "Les Loups de l’Atlantique", "Kétala", "Inassouvies, nos vies", "Le Vieil Homme sur la barque", "Celles qui attendent", "Mauve", "Impossible de grandir".
PARLEMENTAIRES ET GENT FÉMININE EN CROISADE À CABROUSSE
Malgré la loi votée en 1999 et qui pénalise les mutilations génitales féminines au Sénégal et en plus de la croisade menée par certaines Ong et associations contre l'excision pourtant considérée comme une violence et un abus des droits humains des femmes et des filles, cette pratique est encore et toujours en vogue dans certaines contrées et communautés du pays. C'est d'ailleurs face aux urgences et à la montée des périls que la Commission de la santé, population, affaires sociales et solidarité nationale de l'Assemblée nationale du Sénégal, l'Awepa, le Fnuap et l'Unicef ont décidé depuis 2013 de s'investir pour accompagner les populations locales vers l'abandon total de cette pratique
C'est dans le cadre de ce programme conjoint pour l'accélération de l'abandon des mutilations génitales féminines qu'Aimé Assine le président de la Commission de la santé, population, affaires sociales et solidarité nationale, avec le soutien de l'Association des parlementaires européens partenaires de l'Afrique (Awepa) et du ministère de la Femme et de l'enfance, a investi ce week-end la localité de Cabrousse, département d'Oussouye, pour des consultations populaires et des échanges avec les populations sur les effets de l'excision, sur la législation en place à ce sujet et les services de soutien disponibles. Ce programme, intitulé «Le rôle des parlementaires dans l'abandon des mutilations génitales féminines/excision (Mgf/E)» et financé par le ministère des Affaires étrangères luxembourgeois, s'étend sur une période allant de 2016 à 2018 et concerne le Mali et le Sénégal. Et ce programme dont l'objectif principal est de favoriser l'abandon des pratiques de mutilations génitales féminines/excision, de sensibiliser les populations, de vulgariser les méfaits des mutilations sexuelles en vue de tendre vers un abandon réel de ces pratiques néfastes vise en outre le renforcement des capacités des parlementaires afin qu'ils puissent exercer leurs fonctions de contrôle, de représentation et de législation dans le but d'œuvrer pour l'abandon de cette pratique. Et ce week-end à Cabrousse parlementaires, élus locaux, partenaires, acteurs et actrices au développement, gent féminine et populations, indignés ont tous décidé à l'unanimité de mener la croisade contre cette forme de violence faite aux filles ; et ce, après avoir été imprégnés sur les conséquences des mutilations génitales féminines projetées sur écran géant par le Pr Papa Ahmed Fall, chef du service d'Urologie de l'Hôpital Dalal Diam à Dakar. Un argumentaire qui a également poussé toutes les participantes venues de tous les coins et recoins du département d'Oussouye à mener le plaidoyer au niveau de leur communauté afin qu'aucune mère de famille ne puisse plus soumettre ses filles à de telles pratiques néfastes afin de préserver l'intégrité physique de ces dernières.
Plus de 80% des femmes sujettes à l'excision dans certaines régions
Le Pr Papa Ahmed Fall, présenté comme celui qui «répare» les femmes au Sénégal et qui s'active dans le plaidoyer et l'argumentaire, reconnaît que cette pratique a beaucoup diminué dans plusieurs contrées du pays où des milliers de villages ont fait le serment, dit-il, d'abandonner l'excision. Toutefois l'urologue est d'avis que dans certaines régions du Sénégal, en particulier au niveau de la région de Kolda, on retrouve plus de 80% des femmes qui sont sujettes à cette mutilation génitale féminine. «La pratique des mutilations génitales féminines notamment de l'excision remonte à la nuit des temps. C'est une pratique quasi ancestrale rituelle, cultuelle, initiatique que certaines communautés continuent d'exercer pour appartenir à un groupe», a-t-il soutenu.
Pour une descente des parlementaires sur le terrain
Ancien président de la commission santé de l'Assemblée nationale et représentant de l'association des parlementaires européens (Awepa) au Sénégal, le Pr Omar Ndoye estime quant à lui que les stratégies qui avaient permis de faire des avancées dans le cadre de la lutte contre l'excision ne sont plus opératoires. C'est pourquoi l'Awepa a jugé nécessaire, argue-t-il, de toucher les parlementaires sénégalais pour leur demander de se lever et d'aller sur le terrain pour voir leurs concitoyens afin de parler de l'excision ; et ce, dans le but de créer un déclic. «La loi 299 votée et promulguée en 1999 doit être appliquée et que toutes exciseuses devraient être arrêtées et mises en prison avec des peines de 5 à 10 ans; c'est ce que dit la loi», a laissé entendre le président de la Commission santé de l'assemblée nationale. Aimé Assine pour qui il n'est pas du ressort du député d'arrêter des gens mais plutôt de mettre en place des dispositifs juridiques à travers des lois qu'ils votent. «Notre rôle c'est de porter le plaidoyer, de sensibiliser les populations, de les amener à comprendre quels sont les risques qu'elles encourent pour susciter leur auto-réaction ; c'est de notre part une démarche participative et inclusive ; une pédagogie de l'acte par les faits. Et qui amène l'individu à s'approprier la démarche et qui nous permet de gagner du terrain et des victoires sur ce phénomène», a martelé Aimé Assine face à la presse. L'honorable député pour qui les principales victimes sont de petites filles innocentes choisies sous l'autel de la perpétuation d'une tradition ancestrale. «C'est tant mieux qu'on en parle, et ce forum devrait renforcer à interdire ce phénomène. Et à l'instar de cette contrée du Kassa qui refuse cette pratique, nous devons combattre sans répit l'excision qui est en train de porter un préjudice à la société», souligne-t-il.
MAGUEYE KASSÉ ET BABA DIOP EXPOSENT LA VOIE TRACÉE PAR LES AINÉS
La célébration de la Journée des droits des femmes se prolonge avec l’Association sénégalaise des critiques de cinéma (Ascc) qui, dans le cadre du «Mois du cinéma au féminin», a organisé ce samedi un panel sur le thème : «Représentation de la femme dans le cinéma sénégalais».
La Journée internationale des droits des femmes a été célébrée le 8 mars. Mais l’Association sénégalaise des critiques de cinéma (Ascc) prolonge la célébration sur tout le mois de mars. C’est ainsi qu’elle a initié le concept de «Mois du cinéma au féminin». Pour sa deuxième séance, l’Ascc a axé la réflexion sur la «Représentation de la femme dans le cinéma sénégalais». Le thème a été développé par deux panelistes à savoir le Pr Magueye Kassé, critique de cinéma et Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop et le journaliste et critique Baba Diop. Pour Magueye Kassé, si l’on ne peut pas parler «d’un cinéma féminin en tant que tel qui privilégie le genre», l’œuvre d’Ousmane Sembène, de par son orientation marxiste, pose dans les rapports de genre, une intention de transformation sociale évidente.
«Parler de la cause de la femme, c’est parler des conditions de libération de la femme», souligne le Pr Kassé en s’appuyant sur les exemples des films «Fat Kiné» et «Moolade» du défunt réalisateur Sembène Ousmane.
Baba Diop abonde dans le même sens en se référant au cinéma de Safi Faye, pionnière du cinéma sénégalais et dont les films «Mossane» et «Lettre paysanne», sont porteurs de revendication. Baba Diop explique ainsi que la représentation de la femme dans le cinéma sénégalais suit les parcours de la société elle-même. Ainsi, de Paulin Soumanou Vieyra dont les films montrent une image de la femme synonyme d’acculturation et d’aliénation, l’on est passé à Sembène qui, dans «Borom Saret» change la donne et permet à son personnage féminin «de prendre les choses en main». Le Pr Kassé souligne également le rôle transgressif que Sembène donne à son héroïne Dior dans «Ceddo» ou cette dernière tue un imam. Ce processus atteint son paroxysme avec «La Noire de...» ou le suicide de l’héroïne s’assimile à un «harakiri» pour arracher une indépendance économique. C’est cette indépendance que l’on retrouve par la suite avec «Fat Kiné» et «Molaade» ou Sembène présente des femmes fortes. C’est également le cas de la «Madame Brouette» de Moussa Séne Absa qui prend les traits d’une entrepreneuse et d’une héroïne du quotidien qui brise la représentation de la femme africaine traditionnelle murée dans le silence et empêtrée dans des pesanteurs à la fois religieuses et sociétales. Pour Baba Diop, ce tournant dans le cinéma sénégalais est atteint quand Ousmane William Mbaye et Diabou Bessane témoignent respectivement dans «Mère Bi» et «les Mamans de l’Indépendance» de l’existence de femmes engagées dans la lutte pour l’indépendance.
Chez la jeune génération de cinéastes sénégalais, le Pr Magueye Kassé met en exergue les productions de Fatou Touré avec «La promesse» ou Pape Seck avec «Sagar». Des films qui s’appesantissent sur les pesanteurs sociales de la société sénégalaise. Pour le public venu assister à la conférence, les exemples cités sont certes pertinents, mais l’on a par moment regretté la place faite par les panelistes aux premières générations et le choix des panelistes de s’appesantir sur un genre. Des jeunes cinéastes qui selon Baba Diop, pèchent par l’absence de thématiques dans leurs productions.
AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE VIE DES FEMMES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Les réalisations et perspectives de la Cedeao en matière d’autonomisation des femmes et des filles ont fait l’objet d’une communication présentée, le jeudi 16 mars 2017, à New-York, par la Commissaire de la Commission de l’organisation régionale chargée des Affaires sociales et du Genre, Dr Fatimata Dia Sow, lors du débat général de la 61ème session de la Commission sur la Condition de la Femme des Nations unies.
Partant du thème proposé, Dr Sow a mis en exergue les efforts faits par la Cedeao pour améliorer les conditions de vie des femmes et des filles afin de réduire les inégalités de genre en Afrique de l’Ouest.
Il s’agit notamment, a-t-elle dit, de la création d’opportunités pour les femmes et les filles à travers des programmes d’autonomisation en matière d’éducation, d’agriculture, de santé, de commerce, d’énergie, de l’environnement et des changements climatiques.
A titre d’exemple, Dr Sow a énuméré les bourses d’excellence octroyées dans l’ensemble des 15 Etats membres à des filles brillantes et issues de familles démunies, étudiant dans les domaines de la formation spécialisée, technique et professionnelle.
Elle a également mentionné le soutien médical et financier apporté aux femmes souffrant de fistule obstétricale, en vue de leur permettre de mener une vie utile, digne, productive et reproductive.
Dr Sow n’a pas occulté non plus les initiatives de la Cedeao en termes de subventions accordées aux femmes engagées dans la transformation de produits agricoles, halieutiques et artisanaux, visant à accompagner les bénéficiaires dans la création et la gestion d’entreprises rentables et durables.
Au nombre des activités réalisées et ayant enregistré des résultats encourageants, la Commissaire a cité le programme BIAWE ou pépinières d’entreprises en faveur des femmes chefs d’entreprise d’Afrique de l’Ouest, de même que le partenariat entre la Cedeao et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) destiné à apporter une « réponse genre » dans le cadre de la mise en œuvre des Plans nationaux et du Plan régional d’investissements agricoles dans l’espace communautaire.
Pour ce qui est des perspectives, Dr Sow a évoqué le cadre de référence qu’est «l’Acte Additionnel relatif à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour le développement durable en Afrique de l’Ouest » pour accompagner la VISION 2020 de la Cedeao, qui est de « passer de la CEDEAO des Etats à la CEDEAO des Peuples » et accélérer ainsi l’autonomisation des femmes et des filles.
CE QUE LE FILM FRONTIÈRES M'A APPORTÉ EN TANT QUE FEMME…
A Dakar où elle passe actuellement quelques jours, cette belle femme à la noirceur telle que chantée par le président poète, passe presque inaperçue. Pourtant, à Ouagadougou il y a quelques semaines, elle était sous les feux des projecteurs du Fespaco 2017. Cette actrice fait partie des quatre héroïnes qui ont joué dans le film Frontières d’Apolline Traoré. Amélie Mbaye, sénégalo-américaine y joue le rôle d’Adjara, une dame qui part du Sénégal jusqu’au Nigéria et qui va rencontrer trois autres commerçantes, différentes sur plusieurs plans : culturel, éducation, émotion mais qui, malgré tout, vont s’unir et s’entendre. (…) Le message de cette actrice qui a également joué le rôle principal, Aline dans la série «Mounia et Rama», c’est «qu’on respecte les femmes et qu’on les félicite» pour le rôle fondamental qu’elle joue dans la société.
Qui est réellement Amélie Mbaye et depuis quand évoluez-vous dans le cinéma
Je m’appelle Amélie Mbaye de nationalité sénégalaise et américaine (rires). Je suis ancienne téléspeakerine à la Rts. Donc, c’est une sorte de pèlerinage que je viens faire à Dakar pour revoir tous mes anciens collègues à la Rts… Du petit écran, j’ai fait le saut pour aller au grand écran. Depuis les années 2000 parce qu’avant cela j’étais téléspeakerine, j’ai commencé par un téléfilm qui est réalisé par Apolline Traoré (Ndlr, Réalisatrice Burkinabè). C’étaient des épisodes de 20 minutes chacune. C’est une histoire concernant des amis. Je suis la «vipère» Aline dans cette série qui passe actuellement et repasse sur les télévisions africaines. Le titre, c’est «Monia et Rama». Donc le monde de l’audiovisuel est mon monde. En fait, parallèlement à cela, j’ai fait une formation aéronautique, tourisme et langues étrangères. Ce qui est ma formation de base. Cumulativement à mes fonctions, j’ai jugé utile de me tourner vers l’administration pour pouvoir retourner dans mon monde artistique parce que c’est ce qui me permet d’exercer mes fonctions artistiques pendant mes week-ends, mes congés aussi.
Vous avez dernièrement joué dans «Frontières» d’Apolline Traoré. Comment vous vous êtes retrouvée dans ce casting ?
Apolline m’en avait parlé puisqu’elle cherchait en fait à contacter 4 personnes de nationalité différente. Moi-même de nationalité sénégalaise, une de nationalité burkinabé, une de nationalité ivoirienne et une autre de nationalité malienne. Elle m’en a parlé et m’a fait lire le scénario. Je me suis tout de suite vu là-dedans. Le sujet est super intéressant puisqu’elle parle des problèmes des commerçantes sur la route et du non-respect de la libre circulation des personnes et des biens en Afrique. On a préparé le scénario qu’Apolline a changé et modifié parce qu’elle-même a pris la route des six pays concernés pour faire ce tour, c’est-à-dire Sénégal, Mali, Burkina, Bénin, Côte d’Ivoire et Nigeria, afin de se rendre compte des réalités des problèmes de ces commerçantes sur la route notamment avec l’immigration, les douanes, la police, l’escroquerie, les vols, les viols… Elle a su relater tout cela. Et, on a commencé le tournage en avril 2015.
Humainement, qu’est-ce que ce rôle vous a apportée en tant que femme ?
Cela m’a énormément apportée du fait que j’ai des amis, de la famille, des parents commerçants qui font la route. Mais j’étais loin d’imaginer qu’elles faisaient face à toutes ces tracasseries. Donc cela m’a donné un regard beaucoup plus compatissant envers les commerçantes pour avoir vécu les sacrifices qu’elles font. J’ai désormais une sorte d’admiration pour elles, parce qu’il y a quand même pas mal de femmes qui sont illettrées et qui malgré tout, s’en sortent. Des femmes qui le font parce qu’elles partent avec de la marchandise, vont les écouler et reviennent avec une autre marchandise qu’elles vont vendre sur place. Ce sont juste des femmes qui assistent leurs maris et soutiennent leurs familles… C’est vraiment extraordinaire en plus de la découverte de la beauté du paysage, j’ai fait de la route, vivre les énormes problèmes que rencontrent ces femmes. J’étais une amoureuse de l’Afrique mais là je suis tombée encore plus amoureuse de notre continent. C’est magnifique.
Ce film qui parle des frontières en Afrique notamment dans l’espace Cedeao. Son contenu va-t-il changer quelque chose selon vous ?
Je l’espère de tout cœur. Quand j’ai lu le scénario et que je me suis rendue compte de ces problèmes, de ces tracasseries, de cette corruption qui existait que je ne pouvais pas m’imaginer, je me suis dit oui, avec ce film ça va changer. Et en regardant l’expression des visages des personnes dans les salles ou le film a été diffusé, parce qu’il y a du rire, des pleurs de la tristesse, de la comédie, c’est une réalité qui a touché en plus les autorités qui étaient là, donc je pense franchement que cela va changer beaucoup de choses. Ça va changer non seulement dans les pays de la Cedeao concernés mais aussi d’autres pays. Les autorités qui vont regarder ce film, vont se rendre compte de la nécessité de changer la donne actuelle. C’est pourquoi nous avons le devoir de faire voir ce film en plusieurs langues.
Vous avez joué dans «Monia et Rama» et vous revenez dans «Frontières». En tant qu’actrice est ce qu’il y a une différence entre ce que vous avez fait dans vos premiers rôles et aujourd’hui ?
(Rires) Énorme différence ! Dans «Monia et Rama» j’étais la «vipère» Aline qui sème la zizanie partout, ose dire tout haut ce que les autres disent tout bas, vole les maris des gens… Alors que dans ce rôle, c’est aussi une femme de tête Adjara qui n’a jamais pris les routes, n’a jamais voyagé qui reste tout le temps dans sa famille, vivait une condition assez difficile avec son époux. Mais qui durant cette route, se rend compte qu’elle peut défendre les causes des commerçantes, se bat et arrive à changer sa personnalité et devient une femme de tête.
Est-ce qu’on peut dire que vous êtes devenue l’égérie d’Apolline Traoré, vu que cela fait deux films d’elle dans lesquels vous jouez
En fait, c’est le seul long métrage que j’ai fait avec elle, alors qu’elle en a fait d’autre avant celui-ci : «Sous la clarté de la lune.» Il y a un autre qu’elle a fait avec Mariam Ouédraogo qui était son actrice principale. En fait, avec Apolline, j’ai ouvert le bal dans les années 2000 lorsqu’on a fait la série «Monia et Rama». Donc, c’est mon deuxième tournage avec elle.
A part ce long métrage d’Apolline Traoré, est ce vous avez joué dans d’autres longs métrages ?
Oui, «Frontières» est le premier long métrage africain dans lequel je joue. Mais j’ai fait d’autres films aux Etats-Unis notamment «Tears of the sun» c’est-à-dire les larmes du soleil avec Bruce Willis. Un film qui a été tourné à Hawaï. J’avais un rôle important parce que j’étais la femme d’un Président dont on a assassiné toute la famille. Il y avait dans ce film un mouvement de réfugiés du peuple camerounais. J’ai aussi tourné un film documentaire qui concerne les femmes victimes d’abus sexuels. C’est un film documentaire qui passe tout le temps et qui a été réalisé par une actrice qui travaille avec l’université de médecine à Los Angeles. On a un autre film qui a été tourné en 2015 par Karl Koper «Something about her» qui a été tourné à Los Angeles et à Malibu. Ce film relate l’histoire d’une femme qui est malade et qui a été soutenue par une femme africaine qui tombe amoureuse d’elle. J’ai joué le rôle de la maman de cette femme africaine. Dans ce film, il y a une histoire de différence de tradition, de culture entre une femme qui est née en Afrique qui a été élevée aux Etats-Unis et la vraie femme africaine que je suis et sa fille. Ce film est aussi un long-métrage.
A part ça, vous avez aussi joué dans des courts métrages?
A part cela, j’ai fait beaucoup de petits documentaires et de la publicité. Je suis aussi une maitresse de cérémonie puisqu’au niveau de la Californie, je suis souvent appelée par les consulats des pays africains qui ont leurs ambassades à Washington pour animer des cérémonies. Si on vous demandait de trouver un autre titre au film Frontières…
Alors là… (Hésitante). Je dirais peut être un seul mot «Corruption»
Et pourquoi ?
Parce que nous-mêmes on a eu à faire face à cela. On l’a vécue. Je peux donner une anecdote. Lorsqu’on a quitté Cotonou et qu’on voulait embarquer pour Lagos, on n’a jamais pu le faire. J’ai montré mon passeport sénégalais qui est également de la Cedeao, j’ai récité sur place un de mes textes que j’avais dans mon scénario, dans mon script. J’ai eu beau leur dire : «Attendez, pourquoi vous ne voulez pas que j’embarque. J’ai un passeport sénégalais. C’est la libre circulation des personnes et des biens.» Mais il n’y avait rien à faire ! Les gens n’ont pas cédé. On est retournées sur nos talons. En ce moment-là, un mot qui me vient en tête, c’est corruption… (rires).
Au Fespaco, certains cinéphiles souhaitaient que le film «Frontières» remporte l’Etalon de Yennenga et finalement c’est un film sénégalais qui a triomphé. En tant qu’actrice sénégalaise ayant joué dans «Frontières», quelles étaient vos premières réactions lorsqu’on a appelé Alain Gomis ?
Cela m’a fait plaisir. Je connais Alain. Je l’ai rencontré en 2013 puisque j’ai fait la promotion de son film à Los Angeles Tey (Ndlr, Aujourd’hui) durant le festival Camera d’Afrique. Cela m’a fait plaisir et chaud au cœur parce que chaque fois on disait : Sénégal. Il y a eu avec Ousmane Wiliam Mbaye après Alain Gomis. La veille, on a eu 3 prix avec Frontières. Et je suis l’une des actrices. Donc cela m’a fait chaud au cœur. C’était mon premier Fespaco…Donc venir pour la première fois au Fespaco et recevoir trois prix, cela m’a fait chaud au cœur. Quand on les a reçus, c’est vrai et il faut le reconnaitre, je me suis dit le lendemain que ce message est très fort. Apolline sera surement la première femme africaine qui remportera le Grand prix. Mais c’est un sujet qui est délicat. Elle dénonce quelque chose de très fort et en parle ouvertement….
Que fait aujourd’hui Amélie Mbaye à Los Angeles ?
J’étais dans l’aérien. Après je me suis consacrée à ma vie artistique parce que je chante aussi. J’ai quitté l’aérien pour l’administration avec des horaires plus réguliers. Cela fait 18 ans que je vis en Californie. Ça suffit ! Je prépare mon retour depuis toutes ces dernières années en Afrique. Justement, on a parlé de «Frontières». Je ne mets pas de frontières. Je suis africaine d’abord sénégalaise ensuite. Voilà que ça soit ici ou ailleurs, je prépare à rentrer en Afrique.
Vous revenez à Dakar ?
Dakar c’est ma ville. Le Sénégal, c’est mon pays et ma famille y est. Donc mon pied à terre, ce sera le Sénégal. Maintenant, je suis ouverte aux autres pays que je connais et que j’aime autant que le Sénégal.
Quel regard vous portez en tant que femme sur la femme dans le cinéma sénégalais ?
Je n’ose pas porter des critiques mais je souhaiterais vraiment que dans le cinéma qu’on fasse un peu plus d’efforts sur le plan linguistique. Je vois les autres films que j’aime bien que je regarde dans Nollywood et les autres films des autres pays. Ils ont leurs films en dialecte mais qui font l’effort de le faire en français et en anglais afin que cela puisse se vendre et être plus exposés. On a de très grandes actrices, de très bonnes comédiennes talentueuses au Sénégal. C’est juste au niveau linguistique qu’il faudrait faire un peu plus d’efforts. Avant, on faisait beaucoup plus d’intérieur. Je parle surtout des téléfilms. On fait aujourd’hui beaucoup d’extérieurs. C’est un progrès vraiment considérable.