Elles sont jeunes, belles, régulièrement inscrites dans les universités et Grandes écoles d’Abidjan. Mais face aux difficultés de la vie, elles ont choisit la voie de la facilité : la prostitution. Et après les cours, ces filles s’adonnent au plus vieux métier du monde, malgré tous les risques. Nous avons rencontré trois d’entre elles. Récit.
Université de Cocody. On est vendredi, dans une salle de T.D (travaux dirigés) de l’UFR des sciences juridiques, administratives et politiques. Nina (c’est son nom d’emprunt), 27 ans, étudiante en Licence de droit privé s’attelle à récupérer tous les cours qu’elle a manqués ces derniers jours pour en faire des photocopies…D’ailleurs, c’est une habitude pour elle de prévoir chaque fois de l’argent pour photocopier les cours. Depuis la première année, Nina n’assiste pas à tous les cours, surtout à ceux de vendredi soir et de samedi matin, à cause de son boulot…
Ce même vendredi, à 23 heures, on retrouve Nina à Biétry. Reconvertie en serveuse, elle s’active dans un bar huppé. Bottillons, jupe ultracourte, perruque jaune sur la tête, ongles rutilants…un look identique à celui de toutes les serveuses du coin. Entre deux services, elle prend le temps de se confier à nous : « C’est une copine qui m’a trouvé ce job. Je travaille dans ce bar depuis deux ans…Mon père travaille à l’intérieur du pays, il est là-bas avec ma mère et certains de mes frères.
En tout, nous sommes 20 frères et sœurs. Ici, je vis dans la maison familiale. Mais depuis quelque temps, papa ne s’occupe plus de moi, il ne me donne presque plus d’argent, parce qu’il trouve que je suis déjà grande… » Et dans ce bar, elle semble trouver ce qu’elle cherche. « Chaque jour de travail, j’ai 2500 f comme prime de transport. J’ai aussi 500 f sur chaque verre que je fais prendre aux clients, et puis il y a les pourboires qui peuvent aller jusqu’à 15000 f, les samedis… Pour les cours, je me suis arrangée avec mon patron : Pendant l’année scolaire, je bosse les vendredis et les samedis à partir de 20heures. Pendant les vacances, c’est tous les jours, à partir de 16 heures ».
« Quand je vais en « busy », c’est minimum 35 000 F »
Mais, en réalité, ce ne sont pas les pourboires et autres primes qui constituent l’essentiel des revenus de Nina. Il y a aussi et surtout le « busy », c’est ainsi que Nina et ses collègues serveuses appellent le fait d’aller passer une nuit avec un client du bar contre de l’argent.
« Toutes les filles ici ont fait au moins une fois le « busy ». Au début, moi, je ne voulais pas du tout aller avec quelqu’un que je ne connais pas. Mais toutes les autres le faisaient et ça se passait assez bien pour elles, alors un jour, j’ai essayé. Mon premier « busy », c’était avec un Blanc. Il a tellement apprécié que c’est moi qu’il choisit chaque fois qu’il vient…
Le client qui veut une fille glisse un mot dans la corbeille au moment de payer l’addition. Si la fille est libre elle le lui signifie par un sourire. Et le client attend jusqu’à la fermeture du bar pour partir avec la fille. Moi, quand je vais en « busy », c’est minimum 35 000f. On me paye avant même que je ne quitte le bar…
Le client peut faire tout ce qu’il veut toute la nuit, mais à 7 heures, il doit me déposer chez moi…Je ne vais pas en « busy » à la veille des examens, parce que l’an passé j’ai échoué à ma première session à cause de ça » Autre lieu, Marcory Mille maquis. C’est le nouvel épicentre de la prostitution à Abidjan. Samedi soir, il est 23 heures.
A quelques pas des fêtards qui « descendent » des casiers de bière dans les maquis géants, de nombreuses prostituées déambulent. A intervalles très rapprochés, elles s’engouffrent avec leurs clients dans un hangar situé juste en bordure de la route. Pour faire leurs affaires. L’odeur âcre de l’urine, les dizaines de préservatifs usagés qui jonchent le sol et même les passants ne gênent ni les clients (généralement saouls) ni leurs belles de nuit.
« La passe à 1000 F ou 1500 F, ça ne m’arrange pas »
Un peu à l’écart de tout ce « bazar », se tient Betty (c’est son nom d’emprunt), 23 ans, étudiante en année préparatoire de BTS communication. Nous l’avons rencontrée quelques jours plus tôt dans une Grande école au Plateau. Son pantalon jean (taille basse), sa chaîne à la hanche et surtout sa plastique de mannequin attirent des clients. Elle les envoie balader sans ménagement.
« Je ne « gère » pas (Traduisez : je ne fais pas l’amour) avec ceux qui sortent des maquis. Ils sont saouls et en général, c’est pour fatiguer les gens », expliquera-t-elle. « Et puis moi, Je ne viens ici que les vendredis et les samedis. La passe à 1000 F ou 1500 F, ça ne m’arrange pas… » Un instant après, une voiture s’arrête à son niveau. Betty semble bien connaître le conducteur. Elle monte à bord et la voiture disparaît.
Environ deux heures plus tard, elle revient. Seule, sans l’homme qui l’avait emmenée.
« C’est un homme marié, il m’appelle et il passe me chercher ici quand il a besoin de moi. Il paye bien… », raconte-t-elle. « Je vis avec ma grande sœur qui ne travaille pas. Nos parents sont au village. Je ne peux pas mentir, chaque fois que je vais les voir, ils me donnent de l’argent pour mes études. Je n’ai pas eu le Bac alors je dois payer mes cours. L’argent de mes parents suffit à peine à payer la scolarité…
Or, je dois m’habiller, je dois manger…C’est ma meilleure amie, aujourd’hui décédée, qui m’a montré comment faire. Je l’ai accompagnée un jour en Zone 4… », poursuit-elle. « Ma sœur ne sait pas que je fais ça. Si elle l’apprend, c’est sûr qu’elle va me chasser de la maison. Les jours où je ne rentre pas, je lui dis tout simplement que j’étais avec mon gars… »
Peu après, une autre voiture s’approche et klaxonne. Betty se dirige vers le conducteur. Après négociation, elle monte à bord. Mais cette fois, elle ne reviendra pas.
Le lendemain dimanche, dans l’après-midi, quelque part à Yopougon, Betty est sagement assise dans l’appartement où elle vit avec sa sœur. Revenue dans sa peau d’étudiante, elle révise ses leçons. Tranquillement. Presque aucune trace de la nuit dernière, sauf des yeux un peu rougis par l’alcool et la nuit quelque peu mouvementée.
Dès qu’elle nous aperçoit, elle vient à notre rencontre. « Ma sœur est là, je ne peux pas vous recevoir à la maison, elle va me poser trop de questions », s’empresse-t-elle de dire. Alors nous nous retirons sous un hangar non loin. Là, nous parlons pendant de longues minutes. Et, sur notre demande, Betty nous résume la suite de sa nuit. « Hier, la deuxième voiture dans laquelle je suis montée, c’étaient des jeunes qui voulaient se défouler, nous nous sommes entendus sur 25 000 F, comme ils étaient deux… »
Elles donnent dans la cyberprostitution
Si Nina et Betty ont du mal à s’avouer à elles-mêmes et aux autres qu’elles se prostituent, ce n’est pas le cas de Solange K. (c’est son vrai nom). A 29 ans, Solange vient de s’inscrire dans un institut de beauté après plusieurs années sans aller à l’école. Une cigarette toujours au bec, elle n’a aucune gêne à avouer qu’il y a longtemps qu’elle gagne sa vie en vendant les charmes de son corps.
« Ça a commencé au lycée. J’étais encore à l’intérieur du pays. Et dans le foyer où je vivais, toutes les filles avaient plusieurs gars qui s’occupaient d’elles. Je suis tombée dedans… Mon père était très déçu de moi, il voulait me renier quand il a appris que je faisais ça…Mais maintenant, je pense qu’il m’a acceptée comme je suis. Je sais que dans le quartier où je vis, les gens me critiquent, ils chuchotent sur mon passage parce que je découche très souvent.
Ce n’est jamais la même voiture qui vient me déposer. Ça me fait mal quand j’entends certains propos sur mon compte, mais c’est ce que je fais pour payer ma maison, me nourrir, payer mes études… » En plus d’écumer les grands hôtels où elle prétend avoir des contacts, Solange est aussi parmi celles qui donnent dans la cyberprostitution. Son champ d’action, c’est parfois internet, et les liens du chat.
« Souvent, quand je n’ai pas de « mouvements » et que je dois régler un problème urgent, je vais sur le net pour me « dépanner ». Je propose mes services et celui qui est intéressé discute avec moi, on s’entend sur le prix avant de se croiser, parce que je n’ai pas de temps à perdre. Jamais en dessous de 30 000 F. Quand on se rencontre, il me donne mon argent avant tout… »
« Ma meilleure amie a été sauvagement assassinée dans un hôtel… on a tiré son sang »
Nina et Betty se disent en marge des réseaux de proxénètes. Elles « travaillent » en free lance, selon elles. Aussi, développent-elles individuellement un système de protection. « Moi, je ne passe jamais la nuit dans un hôtel avec un gars. S’il veut passer la nuit avec moi, c’est chez lui à la maison et pas ailleurs… J’ai peur, Il y a deux ans, ma meilleure amie a été sauvagement assassinée par un homme avec qui elle était partie passer la nuit dans un hôtel…on a tiré son sang, on a enlevé son sexe … » explique Betty.
Quant à Nina, c’est surtout contre le SIDA qu’elle se prémunit. « Je vais toujours en « busy » avec mes préservatifs. J’ai des caries dentaires, j’ai les gencives qui saignent tout le temps alors je n’embrasse jamais les clients, je ne fais pas la fellation, c’est trop risqué. Le Sida rode, il y a trop de filles que je connais qui en sont mortes. Je ne veux pas sacrifier mon avenir… »
Justement, parlant d’avenir, comment voient-elles le leur ? Plutôt lucide, Nina confie : « L’an dernier j’ai échoué à mon examen à cause du boulot… Je sais que je ne peux pas construire une vie dans les bars, c’est passager…Je veux avoir la Maîtrise, un bon boulot, une maison, un mari et des enfants… ».
Betty ne dit pas autre chose : « En ce moment, au niveau des études, je fais ce que je peux. Souvent, je suis obligée de « tirer » les cours. Mais, je vais arrêter tout ça quand je serai en année de BTS, pour me concentrer sur l’examen. Quand j’aurai mon diplôme, je vais chercher du boulot, plus tard je compte faire un cycle ingénieur ». Solange est encore plus explicite : « J’ai un fils de 4 ans qui vit pour le moment avec son père. Ma belle- famille n’a pas voulu que mon ex vive avec moi à cause de mon passé… Quand mon fils sera grand, je ne veux pas qu’on lui dise que sa mère est une pute. Si je suis retournée à l’école, c’est pour apprendre un métier et abandonner ça. »
A entendre ces filles, vendre les charmes de leur corps n’est qu’une simple étape dans leur vie. Une étape dont elles espèrent sortir quand elles le décideront. Sauf que la prostitution est un engrenage dont on ne sort presque jamais sans séquelles.
Boko Haram : le rapport complexe des femmes avec leurs ravisseurs
"Je suis mariée. Je suis bien": l'une des lycéennes nigérianes de Chibok enlevées par Boko Haram, a refusé d'être libérée avec 82 autres de ses camarades, a affirmé la présidence nigériane. Un phénomène qui n'est pas rare chez les victimes du groupe jihadiste, selon les experts.
Enlevées par des combattants de Boko Haram au moment de leurs examens, plus de 200 jeunes filles de 12 à 15 ans sont restées entre les mains du groupe pendant plus de trois ans, dans un "isolement relatif", note Mausi Segun de Human Right Watch à Abuja.
"Après une période aussi longue, il n'est pas étonnant pour les captives de développer le syndrome de Stockholm", explique la chercheuse, qui souligne aussi les "traumatismes dus aux violences", la "confusion religieuse" et la peur des "suspicions" de la communauté comme raison du refus de rentrer.
Zannah Mustapha, un négociateur de l'échange, cité par les journaux locaux affirme que plusieurs d'entre elles ne souhaitent toujours pas rentrer. Elles sont toujours une centaine à n'avoir pas été retrouvées.
Le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau avait annoncé peu de temps après leur enlèvement avoir "marié" les filles de Chibok à des combattants, et, pour les chrétiennes, les avoir "converties à l'Islam".
Dans cette région extrêmement pauvre du Nigeria, la promesse d'un mariage fait partie des moyens de recrutement pour les hommes. Les enlèvements de masse également.
Des milliers d'enfants, d'hommes, mais aussi de jeunes femmes ont été convertis, de gré ou de force, à l'extrémisme de ce qui a longtemps été une secte islamiste rigoriste avant de se transformer peu à peu en mouvement jihadiste sanglant.
L'enlèvement des 276 lycéennes de Chibok en avril 2014 avait déclenché une vague d'indignation mondiale, et leur demande de libération avait été relayée partout dans le monde à coups de hashtags #bringbackourgirls, jusqu'à Michelle Obama. Elles sont devenues le symbole des kidnappings de civils dans ce conflit qui ravage la vaste région du lac Tchad.
La jeune fille qui a refusé d'être libérée porte ainsi témoignage des "relations complexes" qu'entretiennent les victimes "avec leurs ravisseurs", note Elizabeth Pearson, spécialiste du rôle des femmes dans le conflit.
'enfants impliqués'
"Selon les témoignages que nous avons recueillis, les combattants de Boko Haram ne sont pas tous violents avec les femmes du camp. Des unions sincères peuvent voir le jour, surtout lorsqu'il y a des enfants impliqués", explique à l'AFP la chercheuse pour le Royal United Services Institute (RUSI) de Londres.
"C'est beaucoup plus complexe que la narration de 'victime-kidnapping-sauvetage' que l'on peut entendre parfois", poursuit Mme Pearson.
Boko Haram, dans sa rhétorique anti-gouvernementale, anti-armée, parfois empreinte de magie noire dans une région abandonnée par l'Etat pendant des décennies, peut séduire une population non-éduquée.
"Les femmes ne sont pas seulement victimes mais aussi actrices dans cette guerre", pouvait-on lire dans un rapport d'International Crisis Group de décembre 2016.
Après sept ans de guerre, "les hommes ont été tués de manière disproportionnée", souligne le rapport, et les femmes, kidnappées ou qui ont choisi de rejoindre le groupe jihadiste par conviction, sont régulièrement utilisées comme bombes humaines depuis près de deux ans.
réintégration casse-tête
Toutes ces nuances rendent la réhabilitation des femmes enlevées encore plus difficiles: elles sont rejetées par une communauté suspicieuse de leur implication dans le groupe. Pire, les enfants issus d'union avec des combattants sont parfois abandonnés dans les camps de déplacés.
Alors que l'armée nigériane prend chaque semaine de nouveaux villages, la réintégration de ces populations est un vrai casse-tête pour les autorités.
Toute personne qui a vécu dans des villages tenus par Boko Haram, ou kidnappée par le groupe, doit se soumettre à des vérifications par l'armée, pour des durées parfois de plusieurs mois.
Amnesty International a demandé dimanche aux autorités nigérianes d'apporter aux 82 lycéennes libérées un soutien psychologique adéquat et de ne pas prolonger la traditionnelle enquête militaire devant évaluer leur allégeance au groupe jihadiste.
Début avril, l'Unicef avait également dénoncé la mise en détention de centaines d'enfants par l'armée qui les interroge sur Boko Haram et leur appartenance présumée à l'organisation jihadiste.
"Nous devons montrer de l'amour aux enfants innocents et apporter notre soutien à leur mère, innocentes elles-aussi", avait imploré le gouverneur du Borno, Kashim Shettima, dès les premières libérations en 2015, prévenant que, sinon, ils risquaient "d'hériter" de la haine de leurs pères. Une situation qui, deux années plus tard, n'a toujours pas été résolue. "L'enfant d'un serpent est un serpent", dit un adage local.
KAFFRINE : 68 FEMMES OUTILLÉES EN LEADERSHIP FÉMININ
Kaffrine, 8 mai (APS) – Le projet "Décentralisation des fonds climats" (DFC) a organisé, lundi, un atelier en vue de renforcer les capacités de 68 femmes de la région de Kaffrine en leadership féminin, a constaté l’APS.
"DFC est un projet consacré à la résilience des communautés des collectivités locales. Il est financé par le Département fédéral pour le développement international (DFID) et piloté par l’ONG Innovation, environnement, développement en Afrique (IED Afrique)", explique-t-on.
Son coordonnateur, Momath Talla Ndao, souligne que l’atelier de formation dont l’objectif consiste à "renforcer les capacités de 68 femmes de la région de Kaffrine", vise à "accroître leurs potentialités de leadership dans leur organisation", .
Il permet également selon M. Ndao, de développer davantage les compétences des femmes en matière de prise de décision et leur intérêt pour faire face aux défis tels que les changements climatiques.
La rencontre a regroupé des femmes présidentes d’association, des femmes membres des comités de gestion des magasins et des parcs à vaccination, des présidentes d’association des femmes forestières et des présidentes des groupements des femmes transformatrices. Elle a aussi enregistré la participation des chefs de service, des élus locaux et des autorités administratives.
"Nous voulons rappeler à ces femmes, la question du leadership féminin pour qu’elles soient plus à jour et puissent ajuster leur comportement par rapport à la situation au niveau local et aussi analyser la problématique de leur participation dans les instances de décision, surtout sur les questions liées au changement climatique", a encore expliqué M. Ndao.
Selon lui, "le projet DFC a une dimension genre très importante. Donc nous mettons en avant la couche féminine et les jeunes qui sont une partie vulnérable sur les questions de changement climatique".
"Dans un contexte marqué par les changements climatiques, l’émancipation des femmes et l’investissement dans leur potentiel dans les zones rurales pouvaient largement contribuer à améliorer la productivité, à réduire la malnutrition et à renforcer la subsistance des ménages", a-t-il conclu.
LA VÉRITÉ SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE AU SÉNÉGAL
Aucune loi ne s’oppose à l’accès des femmes à la terre, mais…
Après cinq ans de travaux, la Commission nationale de réforme foncière (CNRF) du Sénégal a remis, le 20 avril 2017 son rapport au président de la République, Macky Sall. Amadou Kanouté, directeur exécutif de l’Ong Citoyenneté, Consommateur et Développement (Cicodev-Afrique) qui a pris part au processus, nous explique ici ce qui va changer avec la nouvelle politique foncière si elle est adoptée.
Ouestafnews - La CNRF vient de remettre au président de la République son rapport. Qu’est-ce que ce document va changer dans la gestion foncière au Sénégal ?
Amadou Kanouté - Nous avons produit un document de politique foncière qui est le fruit d’un travail très inclusif et consensuel avec la participation de tous les acteurs, à savoir la société civile, le secteur privé, les élus locaux, les femmes, les jeunes, les autorités religieuses et coutumières, les paysans et organisations paysannes et de producteurs. Cette politique va élaguer les sources de conflits fonciers possibles. Si elle est validée par le chef de l’Etat, la législation foncière qui sera mise en place s’en inspirera.
Le rapport a été réalisé sur la base d’au moins cinq fonctions de la terre. La première, celle de nourrir les êtres humains et animaux et à servir d’habitat. La deuxième étant de créer de l’emploi surtout dans un pays majoritairement jeune et où plus 60% de la population vit de la terre. La troisième fonction est de protéger les ressources naturelles en dessus du sol comme en dessous. La quatrième qui est de créer des richesses pour l’investisseur, à commencer par l’exploitation familiale avant les autres types d’investisseurs. Et la cinquième fonction qui consiste à permettre à l’Etat et à ses démembrements tels que les collectivités locales de réaliser des projets.
Donc cette politique fait un arbitrage entre les avantages et les inconvénients des différentes fonctions de la terre. Elle préconise surtout des mécanismes pour des affectations concertées avec les populations, dans la transparence. Tout comme elle explique pourquoi et comment il faut prendre les devants pour éviter les conséquences des contraintes naturelles (limitées par 700 kilomètres de façade maritime, avancée de la mer, développement fulgurante des villes, démographie galopante, besoins croissants en infrastructures) que nous avons.
Ouestafnews - Les femmes se plaignent du fait qu’elles n’ont pas accès à la terre. La politique foncière va-t-elle corriger cette violation de droit faite aux femmes?
Amadou Kanouté - Bien évidemment. Le rapport remis au Chef de l’Etat indique clairement qu’il faut procéder à beaucoup plus de sensibilisation pour l’accès des femmes à la terre. Car en droit, ni la constitution, ni les autres lois de ce pays ne s’opposent à ce que les femmes aient les mêmes droits sur les ressources naturelles et particulièrement le foncier. Cela veut dire que les difficultés d’accès des femmes à la terre se situent uniquement au niveau des pesanteurs socioculturelles.
Or, cette dernière est productrice de richesse particulièrement dans le domaine de la sécurité alimentaire. Les statiques ont démontré que les femmes jouent un grand rôle dans la sécurité alimentaire. Elles constituent une force sociale sur laquelle il faut compter. Et du moment où l’Etat leur a donné du pouvoir politique à travers la loi sur la parité, les femmes demandent que cette dynamique soit également traduite en termes économiques. Entendez par là, l’accès aux ressources naturelles telles l’accès à la terre.
Ouestafnews - Que réserve cette politique foncière à la question de l’emploi des jeunes?
Amadou Kanouté - Le rapport de la commission de réforme foncière dit que les catégories sociales comme les jeunes, en raison de leurs poids démographique, méritent qu’on crée des mécanismes leur permettant d’être impliquées dans les processus au niveau national ainsi que de la collectivité locale.
Cela veut dire qu’on doit aller vers des procédures paritaires au niveau décisionnel le plus bas comme le village ou entre les villages. Ceci, pour impliquer tous les acteurs dans le mécanisme de décision avant d’affecter ou non les terres à des exploitants privés.
Cette démarche est obligatoire dans la mesure où la jeunesse devient de plus en plus une force montante et réclame un pouvoir économique. Et la première source par laquelle on peut lui transférer ce pouvoir est l’agriculture, donc la terre.
Promotion de la Femme : Mariama Sarr souligne les efforts à faire
Le Sénégal doit faire davantage d'efforts en matière de promotion du genre, compte tenu du poids des femmes dans la production agricole nationale par exemple, a indiqué la ministre Mariama Sarr, en charge du secteur.
Quelque "70% de la production agricole (nationale) dépend des femmes alors qu'elles ne possèdent que 2% des terres, en plus, le chômage affecte davantage les femmes que les hommes avec respectivement" 29,9 et 12,6%, a renseigné la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance.
Mme Sarr présidait vendredi à Linguère (Louga), la cérémonie officielle de la 29 éme édition de la Quinzaine nationale de la femme, dont le thème porte sur "Plan Sénégal Emergent (PSE) : un levier essentiel pour l'automatisation des femmes".
Des "progrès importants ont été accomplis en faveur de la prise en charge des préoccupations des femmes, mais beaucoup reste à faire", notamment dans le domaine de l'accès au crédit et au foncier en milieu rural et périurbain, a commenté la ministre.
Il reste que le Sénégal se trouve selon elle "dans le peloton de tête des Etats africains respectueux des droits humains particulièrement ceux des femmes".
La politique de promotion de la femme a connu "un bon qualificatif", a fait valoir Mariama Sarr, affirmant que le Plan Sénégal émergent (PSE) "accorde une place importante au capital humain, au genre et à la protection sociale".
Des conseils de quartier ont été mis en place, qui ont bénéficié de financements dont 80% sont revenus à des femmes de toutes les régions du Sénégal, a signalé la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance.
Les bénéficiaires de ces fonds s'investissent à des activités génératrices de revenus ou s'investissent dans les petites et moyennes entreprises, a-t-elle expliqué.
De même, a poursuivi Mariama Sarr, "60% des sortants de l'enseignent technique et de la formation professionnelle constitués de filles sont insérées" professionnellement.
Selon le maire de Linguère et ministre de l'Industrie et des Mines Aly Ngouille Ndiaye, présent à cette cérémonie, pour accéder au développement, "l'automatisation économique des femmes doit être au cœur des stratégies visant à édifier des économies dynamiques et fédératrices".
Or, au Sénégal et ailleurs, "des femmes continuent de vivre dans des situations difficiles de dépendance en ce 21e siècle, situation d'autant plus absurde que démographiquement majoritaires, elles jouent le rôle essentiel dans le soutien à la sécurité alimentaire et contribuent également à l'amélioration des moyens de subsistance", a-t-il noté.
Aussi ces femmes continuent-elles de subir des discriminations dans l'accès aux terres et à d'autres ressources productrices telles que l'énergie, l'eau, les pâturages, les forets les intrants agricoles, a déploré Aly Ngouille Ndiaye, en présence notamment du ministre des Sports Matar Bâ.
En prélude à la Journée internationale des sages-femmes, l'association nationale qui regroupe les agents de cette profession a rencontré la presse. Ses membres se sont engagés dans la lutte contre les décès maternels et infantiles. Cette année, elles proposent comme thème "Sage-femme, femmes et familles, partenaires pour la vie". Une façon pour elles de pleinement jouer leur rôle dans cette lutte.
Les sages-femmes ne veulent plus être de simples prestataires qui rendent des services en santé de la reproduction. Elles veulent désormais accompagner les femmes et les familles dans les différentes étapes de leur vie et devenir de vraies partenaires pour la vie.
"Nous voulons instaurer avec les femmes et les familles une relation presque fusionnelle dans les moments cruciaux avant et pendant la grossesse, durant l'accouchement et jusqu'à la ménopause." Une manière pour les sages-femmes de contribuer à la réduction du taux de mortalité maternelle, car l'Association des sages-femmes d'État, qui a pris cet engagement, est d'avis que perdre la vie en la donnant est une injustice sociale.
Cet engagement de l'Association nationale des sages-femmes d'État du Sénégal vient à son heure. Puisque de l'avis du gynécologue Demba Guirassy de la Division de la santé de la reproduction et de la survie de l'enfant, les sages-femmes doivent être en première ligne dans la lutte contre le taux encore élevé de mortalité maternelle qui est de 315 décès pour 100 mille naissances et 23 décès enfants pour mille naissances vivantes, selon les estimations du système des Nations unies.
La tâche ne sera pas de tout repos. Il faudra relever quelques défis au préalable. Pour ce faire, les sages-femmes veulent d'abord s'accorder sur le rôle qu'elles doivent jouer dans cette lutte. La Journée internationale de la sagefemme, célébrée cette année ce vendredi, servira de prétexte à ces femmes pour discuter de ce sujet. Ce sera aussi un prétexte pour elles d'interroger les déterminants de la mortalité maternelle. Comme les mutilations génitales féminines qui sont une cause de mortalité maternelle et de morbidité.
D'ailleurs, les sages-femmes ont élaboré des fiches techniques pour la surveillance des décès maternels. Cette stratégie permet aux acteurs de documenter tous les cas de décès maternel, d'analyser les causes et de voir dans quelle mesure il faut apporter une réponse pertinente. "Pour la plupart, ces décès sont évitables, puisque liés à des dysfonctionnements (panne de machine ou non disponibilité d'une sage-femme entre autres exemples)", regrette Demba Guirassy.
Les sages-femmes envisagent aussi de sensibiliser leurs collègues sur l'épineux problème de l'accueil tant décrié par les patientes. "Notre formation met l'accent sur les soins. Et très souvent, le volet communication est reléguée au second plan", avoue Bigué Bâ Mbodj, présidente de l'association qui promet des actions en ce sens. La qualité de la formation des sages-femmes a été aussi évoquée. C'est une opportunité d'avoir plusieurs écoles de formation, mais de l'avis de la présidente, la tutelle doit observer un regard critique sur la qualité de cette formation.
Heureusement, se réjouit Mme Mbodj, la profession de sagefemme dispose maintenant d'une loi avec la création de l'Ordre. "La mise en pratique effective de l'Ordre permettra de réglementer ces écoles et de veiller sur la qualité de la formation. Parce qu'il sera un organe de contrôle et de régulation, un outil qui permettra d'améliorer les services de santé de la reproduction", indique Mme Mbodj confiante.
La 29ème Quinzaine nationale de la femme a débuté hier. Placée sous le thème "Le Pse, un levier essentiel pour l'autonomisation des femmes", elle vise à accélérer leur inclusion dans le développement.
La Quinzaine nationale de la femme, en veilleuse depuis 2010, a été dépoussiérée. Prévue du 2 au 20 mai prochain, ce rendezvous, placé sous le thème "Le Pse, un levier essentiel pour l'autonomisation des femmes", est très couru par les autorités.
Khady Fall Ndiaye Mbacké, directrice du Palam et point focal de la région de Diourbel, justifie le choix porté sur Fatick pour abriter la cérémonie d'ouverture : "Fatick fait partie des régions les plus pauvres du Sénégal. Les femmes de Fatick sont très engagées et s'investissent beaucoup dans le domaine de la transformation des produits halieutiques. Le choix n'a pas été fait par le ministère, mais par le comité consultatif."
Elle estime en outre que le retour de la Quinzaine de femme ne vise pas à capter l'électorat féminin. "Je pense que maintenant personne n'est dupe. Chacun sait où se trouve son intérêt, un intérêt qui sert à la famille et à un peu être autonome. Ce n'est pas du tout cela. Mais on veut booster davantage le développement et l'autonomisation des femmes. On veut montrer que le Pse est un instrument de développement très pertinent", explique Mme Mbacké.
Mouhamadou Ndiaye, chef du Service régional du développement communautaire, invoque l'exemple de Diourbel pour justifier le retour de cet évènement. Lequel va servir de tribune de sensibilisation. Il dit : "72,30% de cas de violences faites aux femmes au Sénégal sont dénombrés dans la région de Diourbel. Elle est la 1ère région. Il n'y a que 2% des communes qui allouent des budgets aux femmes. Au niveau des instances de décision, les femmes sont sous-représentées, leur pourcentage est de 38%. Sur les 20 structures de financement décentralisé, l'épargne des femmes est de 2 milliards 499 millions 125 mille 026 F Cfa. Sur les 70 mutuelles de santé que compte la région, seules 10 ont une femme comme présidente de Conseil d'administration."
Dans cette région, les urgences sont palpables. "On a noté 3 fistuleuses sur les 10 recensées au Sénégal", insiste M. Ndiaye. Selon le député Maguette Diakhaté, "les financements destinés aux femmes sont bons, mais les outiller afin qu'elles soient autonomes est encore meilleur". Alors que Mbaye Dionne, le chef du Service régional de l'action sociale, plaide pour une décentralisation des activités en milieu rural, une bonne communication et une implication des femmes souffrant de handicap.
En écho, Sadio Konaté Diakhaté, présidente du Réseau départemental des femmes pour l'émergence, insiste sur les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes : "Elles ont pour noms : manque de formation et non-accès aux financements. Les financements des microfinances ne sont pas arrivés au département de Diourbel. Les 650 millions ne sont pas venus. Dans la nomenclature budgétaire des communes, il n'y a pas de ligne pour appuyer les communes."
Tambacounda, 1er mai (APS) - La région de Tambacounda (est) a dépassé son potentiel électoral avec 232.506 inscrits à l’issue de l’opération de refonte totale du fichier, qui a été bouclée le 23 avril dernier a indiqué, lundi à l’APS, le gouverneur, Elhadji Bouya Amar.
A la clôture des opérations de refonte du fichier électoral, en perspective des élections législatives du 30 juillet, les 21 commissions qui fonctionnaient sur l’ensemble du territoire régional, ont totalisé 232.506 inscrits, pour un potentiel électoral qui était de 199.398 inscrits, en décembre 2016, a indiqué l’officiel.
Le département de Tambacounda s’est retrouvé avec 102.708 inscrits, pour un potentiel électoral qui était arrêté en décembre 2016, à 89.131 inscrits.
Le département de Bakel a totalisé 54.497 inscrits, contre un potentiel électoral évalué à 47.052 électeurs, là où Koumpentoum est à 35.534, pour un potentiel de 32.395.
Enfin, le département de Goudiry, pour un potentiel électoral de 30.820 électeurs, a caracolé à 39.767 inscrits.
M. Amar a en outre salué le "travail excellent et excédentaire" abattu par les commissions d’inscription qui ont bénéficié du concours des forces de sécurité et de la collaboration des populations.
Il a fait remarquer que ces résultats ont dissipé les inquiétudes distillées au début à propos du caractère "prématuré" et de l’impréparation de l’opération, et faisant croire que l’Etat n’atteindrait pas les cinq millions d’électeurs.
"Au bout de cinq mois, nous avons largement dépassé les objectifs attendus", s’est-il félicité.
Le gouverneur a mis cette performance sur le compte de l’engagement de l’Etat. "Quand le président a pris la décision, le ministre de l’Intérieur nous a instruit de booster les inscriptions", a-t-il noté, avant d’ajouter qu’il "a fallu beaucoup de sacrifice, de rigueur et aussi beaucoup d’astuces pour abattre ce travail (qui) n’a pas été facile".
Les sous-préfets de certaines localités très enclavées "se sont démenés" en donnant leur véhicule, leur carburant pour transporter de village en village les citoyens qui devaient s’inscrire, a-t-il indiqué.
Par rapport à la stratégie mise en œuvre pour booster les inscriptions dont la lenteur suscitait quelques inquiétudes au début, il a noté qu’après analyse, les commissions ont été augmentées. Aux 16 commissions de départ installées dans 12 sous-préfectures et 4 préfectures, se sont ajoutées 5 autres.
"On a mis le paquet sur (le département) de Tambacounda qui a le plus grand potentiel électoral de la région" en augmentant aussi bien le nombre de commissions que leur temps de travail, a-t-il poursuivi.
"Le travail n’est pas encore fini, parce que nous avons commencé la distribution des cartes biométriques", a noté Bouya Amar, selon qui, Tambacounda a été le premier département à recevoir son lot de cartes d’identité, suivi actuellement de tous les autres départements qui ont réceptionné leurs pièces.
"On s’est mis dans la tête que la refonte, c’est terminé, cap maintenant sur la distribution des cartes avec comme défi une distribution rapide" a souligné le chef de l’exécutif régional.
LES VICTIMES DE L’ACCIDENT DE BETTENTY SERONT "HONORÉES"
Les personnes décédées dans l’accident maritime survenu lundi à Bettenty (centre), des femmes pour la plupart, seront "honorées" à titre posthume lors de la Quinzaine nationale de la femme initialement prévue mardi prochain et reportée à une date ultérieure, a annoncé la ministre de la Femme, de l’Enfance et de la Famille, Mariama Sarr.
"Nous partageons cette douleur. Des dispositions vont être prises pour essayer de voir comment les honorer à titre posthume lors de la Quinzaine nationale de la femme", a-t-elle dit vendredi, lors d’une visite du président de la République, Macky Sall, dans ce village endeuillé par la mort de 21 personnes, dans le chavirement d’une pirogue.
A cause de l’accident maritime, la région de Fatick, dont fait partie le village de Bettenty, n’accueillera pas la cérémonie de lancement des festivités de la Quinzaine nationale de la femme, qui se tiendra à Louga, Matam ou Saint-Louis (nord), a annoncé Mariama Sarr.
Mariama Sarr a salué "la bravoure de ces vaillantes femmes", qui étaient à la recherche de fruits de mer.
"Elles étaient parties cueillir des huitres pour trouver les moyens de satisfaire les besoins de leur famille. C’est sur ce champ d’honneur qu’elles ont perdu la vie", a ajouté Mme Sarr.
Saint-Louis, 29 avr (APS) – La chanteuse américaine Lisa Simone a captivé jeudi soir le public saint-louisien et ses invités, avec un show époustouflant, à la Place Faidherbe, à l’occasion de la 25e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis (nord).
Pleine d’énergie sur scène, la fille de Nina Simone, une chanteuse américaine décédée en 2003, tenait, selon ses propres termes, à partager son "cœur", son "esprit", ses "chansons", sa "joie" et son "héritage" musical, en démontrant l’originalité de sa touche dès les premières notes.
"All right ! Waouh ! Bonsoir, tout le monde ! Mon français n’est pas des meilleurs, mais j’ai beaucoup de courage sur scène. Vous êtes tous mes professeurs. Si j’ai besoin d’aide, vous pourrez tous m’aider avec… ma (sic) français. Si non, je parle anglais", lance-t-elle au public, auquel elle demande s’il faut chanter "en français ou en anglais".
De cette adresse découle une conversation permanente entre Lisa Simone et les mélomanes.
L’échange suscite vite l’admiration du public pour l’artiste-musicienne. "Superbe !" ne cessent de lancer des voix à l’adresse de Lisa Simone, qui se donne un bain de foule, avec des selfies à gogo, tout en continuant à distiller ses mélodies valsant entre le jazz, le blues ou simplement le rhythm’n’blues.
Les sonorités s’accompagnent d’une puissante voix et d’un timbre dansant sur plusieurs registres, en parfaite harmonie avec les notes de guitare du Sénégalais Hervé Samb. Une harmonie résultant d’une complicité musicale doublée d’une "amitié" scellée entre Simone et Samb depuis 2014.
"Mon ami a écrit beaucoup de mes chansons. Je suis très contente de partager la scène avec lui. J’espère qu’on pourra continuer à faire de la musique ensemble", affirme Lisa Simone, au sujet du duo qu’elle a constitué depuis trois ans avec le guitariste et pianiste sénégalais.
Le bassiste Reggie Washingotn et le batteur-percussionniste Sonny Troupé ont également jeté leur grain de sel à l’ambiance quelquefois débordante de joie, sur la Place Faidherbe de Saint-Louis.
Lorsque l’héritière de Nina Simone évoque son enfance "perturbée", une enfance interprétée dans l’album "My world" (Mon monde), le son devient "slow". C’est aussi le cas lorsqu’elle "célèbre une grande dame", sa mère.
Lisa Simone, âgée d’une cinquantaine d’années, rappelle, par ses chansons, ces grandes voix de la musique soul, pop ou rhythm’n’blues, comme Tina Turner, même si son choix de suivre la trace de ces divas de la musique afro-américaine - dont fait partie sa mère - est récente.
Il faut signaler que Lisa a d’abord choisi son chemin à elle, en s’engageant dans l’armée américaine. Vétéran de la guerre en Irak, au début des années 2000, elle devient plus tard l’une des stars de Broadway, avec ses comédies musicales, sous le nom de Simone.
La disparition de sa mère chamboule tout et lui offre une nouvelle vie, celle de pouvoir chanter pas comme celle qui l’a mise au monde, même si elle est devenue son ombre.
Pour Lina, l’héritage de Nina est facile à porter. "Je suis la fille toute ma vie, c’est normal. Pour moi, c’est aussi facile que la respiration. (…) Je peux continuer mon héritage, indépendamment de ma mère", commente-t-elle, en espérant "revenir again" (encore) au Sénégal, pour d’autres rencontres musicales.