VIDEO SENEPLUS - Invité par les organisateurs du festival Gorée Cinéma, samedi 5 septembre, le collectif "Vendredi Slam", riche de sa plume et de sa voix, a tenu la scène en première partie à la projection du film "Mbeubeuss, le terreau de l’espoir" dont le réalisateur, Nicolas Sawalo Cissé, est également un slameur.
Après leur spectacle, Ceptik et Samantha, deux membres du groupe, se sont confiés à www.SenePlus.Com. À Gorée, ils étaient venus "donner du plaisir par la poésie et l'écriture". Dans un futur proche, ils comptent investir le marché international.
Video à suivre !
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DES FEMEN PERTURBENT LE SALON DE LA FEMME MUSULMANE À PONTOISE
Pontoise, France (AFP) - Deux militantes du mouvement féministe Femen ont perturbé samedi soir un salon consacré à la femme musulmane à Pontoise (Val-d'Oise), a-t-on appris dimanche de sources concordantes.
Peu avant la fermeture du salon, vers 20H30, "deux Femen sont montées sur la scène, habillées de djellabas qu'elles ont enlevées avant d'être prises en charge par le service de sécurité du salon et remises à la police", a indiqué à l'AFP une source policière.
Les deux femmes ont été "entendues samedi soir" et "nous allons poursuivre l'enquête et les auditions pour savoir ce qui s'est passé", a indiqué le parquet de Pontoise, précisant que leur garde à vue avait été "levée dans la nuit" et que les organisateurs du salon avaient annoncé leur intention de déposer plainte.
D'après une vidéo postée sur Twitter, les deux militantes, vêtues d'une abaya noire, ont fait irruption à la tribune où parlaient deux hommes en qamis blanc, dans le cadre de la troisième édition de ce "salon au féminin" qui se tient samedi et dimanche au parc des expositions de Pontoise, au nord de Paris.
Les "deux imams étaient en train de parler de la question de savoir s'il faut battre ou non sa femme", quand les deux militantes âgées de 25 et 31 ans, sont montées sur la scène, a raconté à l'AFP, Inna Shevchenko, porte-parole des Femen à Paris.
Elles ont crié, en arabe et en français, des slogans qui étaient également peints sur leurs seins et leur dos: "personne ne soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète", a-t-elle ajouté, précisant que les deux jeunes femmes étaient d'origine algérienne et tunisienne.
Aussitôt, des "sales putes, il faut les tuer" ont fusé dans la salle et une "quinzaine d'hommes ont sauté sur la scène et leur sont tombées dessus", a poursuivi Inna Shevchenko, reconnaissante à l'égard de la police qui est intervenue très vite pour les protéger.
Avant sa tenue, une pétition réclamant l'interdiction de la tenue de ce salon controversé avait recueilli près de 6.000 signatures sur le site change.org.
L'initiateur de la pétition dénonçait la présence parmi les invités de "prédicateurs fondamentalistes tels que Nader Abou Anas, connu pour avoir légitimé le viol conjugal et plus largement la soumission de la femme". Le Parti des radicaux de gauche a également dénoncé également la présence de tels prédicateurs,
La dernière chronique de l'éditorialiste de SenePlus Momar Seyni Ndiaye intitulée "Perl a la cote !" a suscité beaucoup de réactions, notamment sur la toile. La preuve que l'état déplorable du littoral sénégalais est devenu une préoccupation de premier ordre pour les amoureux de la nature mais également les simples citoyens sensibilisés aux menaces et agressions que subit la porte d’entrée de l'Afrique, les côtes dakaroises. La plupart des commentaires sont une invite à aller au-delà des déclarations d'intention, un "appel à l'action". Morceaux choisis.
La plateforme pour l'environnement et la réappropriation du littoral (PERL) a une voix. Momar Seyni Ndiaye, éditorialiste de SenePlus. Depuis trois semaines, il tient une chronique hebdomadaire, "Je suis PERL", qui porte le combat de cette plateforme dédiée à la défense, la réhabilitation et la valorisation de la façade maritime sénégalaise, de Saint-Louis à Ziguinchor.
"Perl a la cote !" est l'intitulé de sa chronique. Momar y lance un "appel à l'action". Ils invitent les membres de la PERL ainsi que les citoyens soucieux du devenir du littoral de joindre l'acte concret à la parole dénonciatrice. À refuser de continuer de "recevoir (sans moufter) des coups de marteau" des "prédateurs du littoral". Il les poussent à "décroiser les bras et décrasser le cortex" pour la protection des côtes sénégalaises qu'Omar Diagne, chargé du plaidoyer de la PERL, assimile à "don de Dieu".
"Ne laissons pas Momar crier seul'" a lancé Moctar Bâ, le président de la PERL. Et plus que des cordes vocales puissantes, il faudra des tripes pour crier avec l'éditorialiste de SenePlus. Il faudra du courage pour continuer, acquiesce Babacar Ndiaye, ancien président de la BAD. Qui a réagi à la chronique de Momar en galvanisant les troupes à la manière de Wolé Soyinka qui appelait le tigre à "arrêter de clamer sa tigritude mais se jeter sur sa proie et la dévorer".
C'est dans "l'intérêt supérieur de la nation" de mener ce combat pour le littoral, souligne Pape Saboury Ndiaye, un autre membre de la PERL, en réaction à la chronique de Momar. Ce combat, suggère Chimère- autre réaction-, doit "susciter un débat télévisé appuyé par des vidéos montrant la situation actuelle parce que voir une seule fois vaut mieux qu'entendre mille fois".
Un appel auquel Alymana Bathily, un autre éditorialiste de SenePlus, répond par un retentissant : "je reste disponible". Repris en chœur, chacun à leur manière, par les membres et sympathisants de la PERL ainsi que les simples citoyens soucieux de la qualité de leur cadre de vie.
Tout ce beau monde, à travers les commentaires ayant suivi le papier de Momar, remercie le Président Léopold Senghor, qui a toujours défendu le littoral. Mais, surtout, il invite le président Macky Sall à rentrer dans l'histoire en favorisant "la restitution du littoral". Et pour pousser leur cri de cœur, les membres de la PERL ont repris Stromae, le chanteur belge auteur de "Papaoutai" (Papa tu es où ?). Ils disent, à l'endroit du chef de l'État : "Pr où Tè ?".
Les décideurs ont le choix entre purger leurs systèmes des lois sexistes qui freinent les femmes ou alors maintenir le statu quo et condamner des sociétés entières à plus de pauvreté
Dans 100 pays à travers le monde, les femmes n’ont pas la possibilité d’exercer un certain type de travail tout simplement parce qu’elles sont des femmes. Plus de 150 pays disposent encore d’au moins une loi discriminatoire envers les femmes, et seuls 18 pays n’ont aucune loi qui les désavantage.
Il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg que représentent les obstacles juridiques qui empêchent les femmes de réaliser pleinement leur potentiel économique.
Selon le rapport du Groupe de la Banque mondiale intitulé Women, Business and the Law 2016, il existe encore aujourd’hui 32 pays où les femmes ne peuvent pas faire une demande de passeport au même titre que les hommes et dans 18 pays, dont la Jordanie et l’Iran, elles ne sont pas en mesure d’obtenir un emploi si leur mari estime que cela dessert les intérêts de la famille.
Dans 59 pays, il n’existe pas de lois contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Le Myanmar, l’Ouzbékistan et l’Arménie comptent parmi les 46 pays où il n’existe aucune protection juridique contre les violences domestiques. En un mot, les constatations de ce rapport sont déprimantes pour ceux qui ont à cœur l’inclusion sociale et l’éradication de la pauvreté.
Les pays dont les lois sont discriminatoires envers les femmes et ne favorisent pas l’égalité des sexes paient un lourd tribut sur le plan économique. Des études antérieures ont en effet révélé que les disparités entre les hommes et les femmes dans les domaines de l’entrepreneuriat et de la participation à la vie active représentent des pertes de revenu estimées à 27 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 19 % en Asie du Sud, 14 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, et 10 % en Europe. Il s’agit de pertes dont beaucoup de pays pourraient se passer, en particulier ceux qui sont confrontés à des niveaux élevés de pauvreté.
Tout n’est pas négatif dans cette étude qui révèle aussi quelques bonnes nouvelles comme le fait qu’un certain nombre de pays, au rang desquels le Bangladesh, encouragent la participation des femmes à la vie active. S’ils continuent sur cette lancée, leur main-d’œuvre féminine enregistrera une croissance significative, passant de 34 à 82 % au cours de la prochaine décennie, ce qui fera progresser leur PIB de 1,8 point de pourcentage. Alors que dans les années 1990, très peu de pays disposaient de lois protégeant les femmes contre la violence, ils sont maintenant 127 à en disposer, un phénomène en partie justifié par le fait que le monde entier commence à réaliser que maltraiter les femmes a un coût colossal sur les plans humain et économique.
Lorsque les femmes peuvent exercer la profession de leur choix, lorsqu’elles ont accès aux services financiers et lorsque les lois les protègent contre les violences domestiques, elles acquièrent non seulement leur indépendance économique, mais elles vivent aussi plus longtemps. Plus elles ont leur mot à dire sur les revenus du ménage et participent à la vie économique, plus les filles sont scolarisées au niveau du secondaire et plus leurs enfants, leurs communautés et leurs pays en bénéficient.
En fait, chaque année supplémentaire d’études primaires augmente les salaires éventuels des filles de l’ordre de 10 à 20 %, et une année supplémentaire d’études secondaires représente une augmentation de l’ordre de 15 à 25 %.
Les sceptiques feront valoir que dans certains pays où il existe des lois sexospécifiques, leur application est limitée. Ils ont raison certes, mais une meilleure application de l’État de droit est aussi associée à l’existence d’un nombre plus important de lois sur l’égalité entre les sexes. Des tribunaux spécialisés dans les affaires de violence à l’encontre des femmes peuvent aider à assurer l’efficacité des poursuites judiciaires. Par exemple, au Brésil, la loi Maria da Penha a permis de créer des tribunaux pour les violences conjugales et domestiques.
L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès importants sur ces questions, 16 pays de cette région ayant entrepris 18 réformes au cours des deux dernières années, ce qui place l’Afrique en tête des régions ayant adopté le plus de réformes en la matière.
Au Malawi, la nouvelle loi sur l’éducation a instauré l’enseignement primaire obligatoire et gratuit et l’âge légal du mariage pour les garçons et les filles a été relevé à 18 ans. Et au Mozambique, le Code pénal ne considère plus le fait pour un violeur d’épouser sa victime comme moyen d’échapper à sa peine…
Le secteur privé tire aussi parti de ces avancées. Il ressort en effet d’une enquête multinationale menée auprès de 6 500 entreprises que lorsque les femmes sont davantage représentées dans les conseils d’administration, les sociétés concernées sont moins susceptibles de connaître des scandales tels que ceux liés à la corruption ou à la fraude. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse sembler, neuf pays seulement ont promulgué des lois exigeant qu’au moins une femme siège au conseil d’administration d’une société cotée en bourse.
Il existe un lien étroit entre la lutte contre la pauvreté et l’égalité des sexes. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec de nombreux pays afin d’éliminer les obstacles sexistes. Ainsi, nous travaillons avec la Côte d’Ivoire à la suppression des dispositions juridiques discriminatoires à l’égard des femmes. En République démocratique du Congo, nous avons aidé le gouvernement à élaborer un nouveau code de la famille qui permettrait d’améliorer le climat des affaires pour les femmes.
Les décideurs ont le choix. Ils peuvent se fonder sur la masse de données factuelles qui attestent des avantages économiques de l’égalité pour purger leurs systèmes des lois discriminatoires qui freinent les femmes. Ou alors ils peuvent maintenir le statu quo et condamner des sociétés entières à plus de pauvreté.
WASHINGTON, 9 septembre 2015 – L’édition 2016 du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit, publié aujourd’hui par le Groupe de la Banque mondiale, dresse un tableau contrasté de la participation des femmes à la vie économique en Afrique subsaharienne, une région qui abrite presque un tiers des 30 économies les plus restrictives du monde mais aussi deux des 18 pays ayant démantelé toutes les réglementations défavorables aux femmes entrepreneuses et salariées
L’Afrique subsaharienne fait par ailleurs des progrès continus vers l’égalité hommes-femmes, puisque 16 pays ont engagé 18 réformes en ce sens au cours des deux dernières années. Selon le rapport, qui paraît tous les deux ans et examine les barrières juridiques et réglementaires à la création d’entreprise ou à l’obtention d’un emploi par les femmes, l’Afrique subsaharienne est la première région réformatrice du monde du point de vue du nombre de pays ayant engagé des réformes. La dernière édition couvre 173 pays, dont 41 en Afrique subsaharienne, avec l’arrivée de la Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles, le Soudan du Sud et le Swaziland.
Parmi les 18 pays du monde où il n’existe pas d’obstacle juridique à l’activité des femmes dans les domaines étudiés par le rapport, figurent la Namibie et l’Afrique du Sud, tandis que le Nigéria, le Kenya et l’Éthiopie font partie des économies où ces réglementations défavorables sont très peu nombreuses.
À l’inverse, le Soudan- l’un des dix pays les plus restrictifs du monde-, la Mauritanie, la République démocratique du Congo, le Cameroun, la Guinée, le Bénin, le Swaziland et le Sénégal continuent de limiter considérablement l’activité économique des femmes.
Au Soudan, certains emplois sont interdits aux femmes (notamment le travail de nuit) et aucun texte juridique ne prévoit de rémunération égale pour les hommes et les femmes à travail équivalent, ni de non-discrimination à l’embauche. La législation soudanaise impose par ailleurs des restrictions supplémentaires aux femmes mariées, qui sont tenues d’obéir à leur mari, ne peuvent choisir leur lieu d’habitation et ne peuvent être chef de famille.
Vingt-huit des 41 pays d’Afrique subsaharienne couverts par le rapport restreignent encore le travail des femmes et empêchent celles-ci d’exercer les mêmes métiers que les hommes.
Les droits de propriété constituent encore un obstacle à l’accumulation de richesse par les femmes : sur les sept pays du monde accordant au mari le droit exclusif de gérer les biens conjugaux, six sont en Afrique subsaharienne.
Et seules huit économies de la région ont des lois garantissant une rémunération égale, à travail égal, pour les hommes et les femmes et la non-discrimination à l’embauche.
Enfin, moins de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne ont légiféré pour protéger les femmes contre les violences conjugales. Depuis deux ans, le Mozambique a fait un grand pas en avant, en adoptant un nouveau code pénal qui interdit désormais l’abandon des poursuites pour viol lorsque le violeur épouse sa victime. Le code intègre également des dispositions contre le harcèlement sexuel à l’école.
La région progresse également sur d’autres fronts : au cours des deux dernières années, le Kenya, le Malawi et le Zimbabwe ont introduit un âge légal pour le mariage (18 ans pour les garçons et les filles), tandis que la Sierra Leone détient le record mondial du nombre de femmes juges siégeant dans un tribunal constitutionnel (60 %).
Le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit examine dans quelle mesure les lois, les réglementations et les institutions établissent entre les hommes et les femmes des distinctions qui peuvent affecter la motivation ou la capacité des femmes à travailler ou à créer et diriger une entreprise. Il étudie les différences juridiques fondées sur le sexe dans 173 pays, selon sept catégories : accès aux institutions, jouissance de la propriété, obtention d’un emploi, incitations au travail, formation du crédit, actions en justice et protection des femmes contre les violences. Ce rapport est publié tous les deux ans.
Le parcours des femmes, qui quittent leurs lointaines contrées pour s’installer à Dakar où elles espèrent trouver un travail à même de leur permettre de se prendre en charge et d’aider leur famille, est loin d’être un fleuve tranquille pour nombre d’entre elles. Dans son dernier rapport, le mouvement «touche pas à ma soeur», qui s’est engouffré dans le milieu, dresse un tableau peu reluisant mettant en exergue des femmes exploitées, violées et martyrisées.
« Les populations rurales prennent le chemin de la migration vers la Ville comme voie du Salut. Rêvant sur un plateau d’argent que la clé de la réussite se ramasse à travers les ruelles de la capitale. En dépit de tout, elles ont choisi de tenter leur chance plutôt que de demeurer, surnuméraires, dans leurs villages». La constatation est du mouvement «Touche pas à ma soeur » qui actualise la lancinante problématique de l’exode rural. Motivées « par une soif de réussite que rien ne peut altérer, et malgré les dures conditions de vie et de travail, ces femmes restent mues par un profonddésir d’émancipation pouvant leur permettre de prendre leur destin en main».
Toutefois, ce parcours, qui incite des milliers de femmes à se détourner des dabas, de pilons et autres mortiers pour les lumineuses lampadaires de la capitale, est parsemé d’embuches. Indiquant avoir rencontré et interrogé 450 femmes âgées entre 18 et 35 ans, le mouvement «Touche pas à ma soeur» peint tableau sombre dont les multipleset différents motifs renseignent sur le calvaire quotidien de ces femmes. «Certaines parmi elles vivent même dans des cités-dortoirsà dominante masculine, zone à risque majeure, composées de bâtiments défoncés, rues et trottoirs », décrit le rapport dudit mouvement.
Pourtant, ce ne sont pas seulement leurs conditions de vie exécrables qui posent problème. Employées pour l’essentiel comme des femmes de ménage, ces femmes, renseigne le Rapport, sont « humiliées, frappées et marginalisées ». Devenant des proies faciles, leur situation constitue une « aubaine pour les prédateurs sexuels en quêtes de proie. Comme des loups au milieu des brebis, ils sautent à la moindre occasion sans aucune pitié sur ces femmes sans défenses. Et le comble est que si ce n’est pas l’époux de l’employeuse, c’est le fils en question (…) Acculées, esseulées, elles n’ont que leurs yeux pour pleurer devant le sort que ces derniers leur réservent. Menacées, elles quittent avec une « objection » rejetée. Certaines des porteuses de grossesse, parmi elles, à leurs yeux, voient l’avortement clandestin ou l’infanticide étant un moyen pour contourner l’affront familial pour celles qui ont laissé derrière des époux, elles se donnent sans aucune mesure à ces pratiques», observe le mouvement présidé par Ismaila Kamby. Et si ce ne sont pas les sévices sexuels, explique le rapport, ces femmes de ménage sont tout bonnement accusées « de vol de bijoux, subterfuge que des employeuses utilisent uniquement pour ne pas honorer leurs parts du contrat ».
POINT E, FANN RESIDENCE, SACRE COEUR, ALMADIES AU BANC DES ACCUSES
Mettant l’accent sur des quartiers résidentiels de la capitale, le mouvement « Touche pas à ma soeur » trouve que les femmes y sont loin d’être traitées comme des reines. Bien au contraire. Pour Ismaila Kamby et ses collaborateurs, ces localités sont de véritables nids de vipères pour nombre d’entre elles. Habitant pour l’essentiel dans des quartiers populaires de Dakar, ces femmes exerçant dans ces quartiers huppés de la capitale ne sont pas moins exposées. Pendant qu’à Sacré Coeur, 21 femmes ont été victimes de violence physique exercée par leur employeuse et leurs filles, aux Almadies, 56 ont été accusées de vols par leur employeuse. Même décor au Point E, à Fann résidence. Pour convaincre, le mouvement initiateur du projet de loi contre le refus de paternité recueille le témoignage de Florence Sagna âgée de 27ans qui a quitté sa Ziguinchor natale en 2011. « Nous vivons presque dans des poubelles. Ces gens qui nous emploient ne sont pas humains, ils n’ont aucun respect. Nous sommes traitées comme des esclaves, même pour boire, nous avons une tasse spécialement acquise pour la cause. Sans oublier, les petits bols qui nous sont attribués pour le manger et pour manger à notre faim, nous sommes obligées d’attendre les restes du « plat familial » (…) J’ai moi-même été victime de propositions indécentes que ma dignité ne me permet pas de divulguer, mais juste pour vous donner une idée de l’ampleur de ce phénomène », explique-t-elle dans le rapport.
UNE VIE CONTRE LES HEPATITES
Aminata Sall Diallo professeur agrégé en phylosophie
Professeur de physiologie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie, Aminata Sall Diallo mène un combat sans merci contre les hépatites. Elle a été à la base de la mise en place du Programme national de lutte contre les hépatites au Sénégal qui devient ainsi le premier pays subsaharien ayant introduit les vaccins contre ces pathologies. Le dépistage des personnes est aussi en cours. Aujourd’hui, la prévalence dans la population générale est passée de 17 % d’infection par l’hépatite B dans la population générale à 11 %. L’universitaire assume bien l’héritage de ses maîtres, les professeurs Ibrahima Mar Diop, Sankalé et Birame Diop, qui ont démontré, pour la première fois, qu’il y a une évolution de l’hépatite C vers la cirrhose et le cancer du foie.
Le Pr Aminata Sall Diallo ne laisse pas de détails tant sur la forme que sur le fond. Elle apparaît toujours dans les cérémonies officielles comme dans les amphithéâtres avec la mise juste. Elle aime bien une grande tresse ondulante tombante en avant. . Les stylistes auront peu à redire sur son port vestimentaire. Rien d’étonnant. Lorsqu’on est née à Saint-Louis, on grandit avec la propension de s’identifier aux valeurs qui caractérisent, au fil des années, les habitants de la première capitale du Sénégal.
L’enseignante chercheure, comme la plupart des Sénégalais nés dans cette presqu’île, chante cette ville. Son père et sa mère y ont vu le jour. «Je suis née à Saint-Louis du Sénégal. Une vieille ville française, centre de la « Téranga » et de l’élégance. Je suis très fière d’être née à Saint-Louis. Mes parents sont de Saint-Louis, ma mère comme mon père », déclame la dame. Le port vestimentaire est une pièce de mode chez-elle. Sa parure véhicule aussi ses convictions.
La spécialiste de la physiologie est en quête de la différence à travers le choix des habits et de la couleur. « Un enseignant doit être un modèle dans ses comportements de tous les jours, dans sa manière de se présenter, dans les valeurs qu’il porte. Et c’est ce que j’essaie de faire. Je ne peux pas accepter d’entrer dans un amphithéâtre en ne me distinguant pas en tant qu’enseignante. Je viens pour éduquer. Je pense que cela fait aussi partie des armes pour pouvoir éduquer », détaille l’universitaire.
Et de fil à aiguille, elle tisse un look à part. Puisqu’elle laisse paresseusement une écharpe en pagne tissé sur une épaule. Elle pose aussi un petit chapeau légèrement penché. Ces accessoires, par leur forme et motif, trahissent à la fois l’ouverture et l’enracinement d’une intellectuelle qui n’a pas oublié qu’elle est africaine.
« Je suis très focus sur le plan professionnel. Mais je consacre aussi beaucoup de temps à mon mari, à mes enfants, à mes frères et sœurs et à toute ma famille élargie », confie Aminata Sall Diallo.
Elle a le sens de la mesure y compris dans le choix des mots et sur leur prononciation. Sa diction est nette. C’est la forme.
Descendante d’El Hadj Omar Tall
Dans le fond, Amina Sall Diallo est un Professeur Titulaire de Physiologie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Si l’on remonte à ses premiers pas à l’école, cette universitaire a fait ses études à l’école primaire Kléber de Dakar, puis à l’Ecole Sainte Jeanne D’Arc de la même ville. Cette descendante d’El Hadj Omar Tall n’a pas connu une vie d’enfance tumultueuse.
Elle est née sous la bonne étoile. Son père fut le premier directeur du Budget après les indépendances au moment où André Peytavin était ministre de l’Economie et des Finances. « J’ai été à Kléber et Jeanne D’Arc dans le privé. Mon père tenait à notre éducation. Il s’était beaucoup investi », reconnaît- t-elle.
Son grade actuel est la rançon d’un sacrifice et de l’investissement de ses parents. Aminata Sall Diallo avait reçu une éducation qui l’a conduite sur le chemin de la matérialisation de ses rêves, de ses ambitions d’enfance.
Comme pour son père, elle témoigne sa reconnaissance à ses maîtres, les professeurs Ibrahima Mar Diop, Sankalé et Birame Diop. Ils ont renforcé la notoriété et l’autorité scientifique de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop. En effet, c’est l’Ecole de médecine de Dakar qui est la première au monde à avoir démontré l’évolution de l’hépatite C vers la cirrhose et le cancer du foie.
« La filiation hépatite C, cirrhose, cancer du foie a été établie par l’Ecole de médecine de Dakar. A l’époque, j’étais très jeune. Le mérite revient à nos maîtres », précise l’universitaire. Elle est une digne héritière de ses maîtres, puisque le Sénégal a consolidé sa place au niveau mondial dans la lutte contre les hépatites. L’expertise sénégalaise sert de référence au niveau international. Sur le plan national, le Pr Aminata Sall Diallo a réussi à inscrire les hépatites sur l’agenda sanitaire du Sénégal.
Elle était à l’avant-garde du combat pour la mise en place d’un programme national dédié aux hépatites. « Le Sénégal est le premier pays africain subsaharien qui a mis en place un programme national de lutte contre les hépatites en 1999. Je porte ce programme depuis sa création. Parce que je pense qu’il s’agit d’un problème de santé publique », estime la spécialiste de la physiologie. Après sa création, il fallait justifier sa pertinence.
Equité dans l’accès aux traitements
L’enseignante se retrouve avec d’autres convaincus sur le terrain de la sensibilisation et du plaidoyer. Ses actions portent leurs fruits. Des pays de la sous-région suivent le Sénégal en lançant aussi des programmes dédiés à ces maladies.
« Au moment où nous mettions en place ce programme, personne n’y croyait. C’était la première fois qu’on échappait, en réalité, à la gouvernance mondiale de la santé, parce le Sida, la tuberculose et le paludisme étaient prioritaires », se souvient Mme Diallo.
La lutte se mène sur deux terrains : dans des structures sanitaires par la prise en charge médicale des patients et aussi dans des instances de prise de décisions. En effet, les hépatites n’étaient pas une priorité devant le Vih/Sida, le paludisme et la tuberculose. C’était paradoxal. Les taux de mortalité des hépatites étaient plus élevés que le cumul des pourcentages des décès liés au Vih/Sida et du paludisme.
« Nous avions eu plusieurs plans d’actions. Nous nous sommes focalisés sur les programmes de vaccination. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons des résultats encourageants. Nous sommes passés de 17 % d’infection de l’hépatite B dans la population générale à 11 %. Cela est énorme. Nous avons perdu 6 points. Je pense que nous sommes fiers », juge le professeur de Physiologie.
Le Sénégal s’est lancé dans le dépistage et le traitement des malades. Aminata Sall Diallo est à la tête de l’Initiative panafricaine de lutte contre les hépatites qui regroupe 20 pays franco- phones et 6 anglophones. Rien n’est encore gagné pour elle. Pourtant, des progrès ont été enregistrés. Aminata Sall Diallo a encore ouvert un autre front : celui de l’accessibilité financière des nouveaux médicaments plus efficaces qui guérissent le malade ou stabilisent les infections à 90% des cas.
« Nous avons la chance, aujourd’hui, de disposer de médicaments très efficaces contre l’hépatite C avec des possibilités de guérison à 100 %. Nous avons des médicaments contre l’hépatite B qui nous permettent de contrôler l’infection à 80 %. Nous avons des outils de diagnostic performants, des plateformes innovantes. Nous ne pouvons pas faillir. Il nous faut absolument saisir toutes ces opportunités pour pouvoir aider notre pays à éradiquer ces infections chez- nous », plaide la conseillère technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en charge de la recherche et de la coopération.
Mme Diallo est aussi membre titulaire de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal.
ET DIOUMA INTERROMPIT VOLONTAIREMENT LES ACCOUCHEMENTS
Fermeture de la maternité de Dial Bass de Rufisque
De mécène, Diouma Diakhaté est passée à diva, comme l’appellent désormais les populations. Comprenez dame qui interrompt volontairement les accouchements. Après avoir construit dans le quartier Dangou une maternité pour soulager les femmes, elle a décidé tout bonnement de fermer la structure, unique maternité de la commune de Rufisque Nord.
«Le jeudi, Diouma Diakhaté nous a envoyé deux émissaires pour informer de la fermeture de Dial Bass le 11 septembre», renseigne Abdoul Aziz Thiam, président du comité de santé affirmant n’avoir reçu des messagers de Diouma Diakhaté aucune notification.
Annoncée pour le 11 septembre, la fermeture de la structure a eu lieu samedi, mettant dans le désarroi les nombreuses femmes enceintes suivies dans la maternité. Pour rappel, un mois plus tôt, la maternité s’était fait de meilleurs atours grâce à la coopération coréenne avec la réhabilitation de la structure et de nouveaux équipements.
«La fermeture de Dial Bass sans le moindre préavis, c’est enfreindre la loi», s’offusque Aly Boye Fall, habitant du quartier Dangou Sud qui annonce «un combat que toutes les populations vont porter pour la réouverture illico de la maternité qui polarise plus d’une cinquantaine de quartiers de la ville et même des communes de Bambylor, Sangalkam.»
Diouma Diakhaté explique son geste : «Dans le souci d’améliorer le bien-être de la population de Rufisque, le ministère de la Santé et de l’Action Sociale mettra à ma disposition et sur ma demande, à partir du 14 septembre 2015, la maternité Dial-Bass, afin que je puisse procéder aux travaux d’extension.» Cette explication ne convainc pas les populations. «Son véritable objectif se révèle au grand jour», peste Moussa Dièye.
«Après avoir délogé ses frères et sœurs pour faire main basse sur la maison familiale, elle a atténué le problème en y érigeant la maternité», déplore le quadragénaire. «Aujourd’hui, elle revient encore pour fermer la maternité pour on ne sait quoi au juste», estime-t-il n’accordant aucun crédit «à l’érection d’une polyclinique à la place de la maternité», annoncée par certains. Le matériel de la maternité est présentement sous scellé et à la disposition du chef du district sanitaire de Rufisque et les 14 personnes travaillant dans la structure mises tout bonnement à la porte.
Anta Mbow. Son nom colle avec la protection des enfants de la rue au Sénégal. Elle a fondé son empire qui ne cesse d’étendre son aire d’influence puisque la dame a sous son aile protectrice des enfants venus du congo et du Burundi. Le manque de moyens freine ses ambitions de sortir plus d’enfants de la précarité. Mais la couveuse généreuse se bat tous les jours pour offrir un minimum pour ces sujets vulnérables.
Une bâtisse imposante peinte aux couleurs bleu blanc, à l’architecture de style colonial, accueille le visiteur. Des dessins magnifiques tapissent le portail inspiré d’une porte de « Car rapide ». Les allures d’un tableau d’art attirent le regard. L’accès à ce lieu est loin d’être facile. Il a fallu se faufiler entre les véhicules garés pour accéder au bâtiment. Nous sommes au siège abritant l’Empire des enfants de la Médina.
Il se situe précisément sur l’Avenue Malick Sy X 12. A l’intérieur, une grande cour fait office de terrain multifonctionnel. Cet après-midi, les enfants s’adonnent aux activités récréatives. Par ces jeux, de douloureux souvenirs s’envolent. Ils laissent place à une ambiance bon enfant dans cet endroit. Certaines des pièces servent de dortoir pour ces bouts de bois de Dieu, d’autres pour des ateliers de cordonnerie, de peinture...
La vie se reconstruit au fil des jours, des semaines, des mois, voire des années. Ainsi va la vie. Chacun a son destin tracé. Personne n’y peut rien. De l’autre côté, se trouve le bloc administratif abritant les bureaux.
Au fond de ce bâtiment qui était un cinéma, se trouve l’écran transformé en estrade où la maîtresse des lieux nous a accueillis. Elle se nomme Anta Mbow. Démarche posée, le regard fringant, le sourire toujours aux lèvres, cette dame, très ancrée aux traditions africaines, est un défenseur de la cause des enfants.
Plongée dans une tenue africaine, assortie d’un foulard bien noué à la tête, cette femme est celle qu’on pourrait appelée aussi Mère Thereza du Sénégal. Son engagement, son abnégation, son dévouement à redonner l’espoir à ces centaines d’enfants qui sont laissés à la merci de la rue ne font pas l’objet de discussions. Son parcours est atypique. Rien ne la prédisposait d’entrer dans ce monde mythique de protection des enfants.
Née à la Médine rue 5 X Blaise Diagne, Anta Mbow y a grandi et fréquenté l’école de la Médina avant de rejoindre Saint-Louis où elle obtient son Certificat de fin d’études élémentaires. Dans son parcours, cette dame a fait le collège Charles De Gaulle. A son retour à Dakar, elle fréquente l’école privée Papa Guèye Fall jusqu’en classe de 3ème. Les études abandonnées, Mme Mbow se marie très jeune avec un sportif, Doudou Leyti Camara, un ancien basketteur.
Ils rejoignent tous la France en 1972. Celle qui devient après la présidente de l’association Empire des enfants est restée à l’Hexagone pendant trois décennies. Entretemps. Elle avait repris ses cours pour se perfectionner. La mode, selon elle, c’était le métier de secrétariat de direction. Suite à cette aventure, Anta Mbow retourne à sa ville résidentielle, à Gien, en France, pour chercher du travail afin de soutenir son mari et ses enfants.
Elle intègre une usine pour être ouvrière avant de devenir pompiste plus tard. Cette dame, soucieuse de sa réussite et espérant des lendemains meilleurs, est embauchée à la mairie de Gien où elle a appris les métiers d’animation. Des occasions durant lesquelles Mme Mbow a beaucoup travaillé avec des enfants. Cette étape marque sa vie.
C’est d’où est déclenché le déclic pour son amour envers les gamins. « En vacances au Sénégal, j’avais du mal à voir les enfants, mal habillés, déambuler dans les rues de la capitale. Des images qui me marquent encore à l’esprit », se souvient-t-elle.
Ses gestes illustrant les paroles. Quid de la gestion de son ménage et les activités de l’Empire, Mme Mbow rassure : « Je ne vois pas de difficultés dans mes activités. C’est juste une question d’organisation ».
Son aventure dans ce domaine a une autre histoire. En effet, Anta Mbow, par l’entreprise de son frère, Babacar Mbow qui évoluait dans un projet de développement à Ndem, près de Bambèye, avait fait la connaissance d’une diplomate française, du nom de Valérie Schlumberger, en service au Sénégal. Toutes les deux, très attachées à la cause des enfants, ont décidé d’unir leurs efforts afin de mettre en place un projet pour venir en aide aux enfants en déperdition et qui ont perdu leur contact avec leur famille.
Au début des années 2000, Valéry rentrait en France après sa mission au Sénégal. Elle finalisa le projet avec Anta Mbow. Leurs destins se croisent. Elles ont ainsi pris, en 2000, le centre qui était un cinéma. Il a fallu deux ans pour effectuer les travaux de réfection du bâtiment.
L’ouverture officielle du centre a eu lieu en 2003. Depuis cette date, Mme Mbow dirige l’association Empire des enfants. « Valery était une sénégalaise de cœur pour avoir vécu durant plusieurs années dans le pays de la Téranga. Elle a voulu continuer à faire quelque chose pour le Sénégal. C’est à partir de là que nous avons décidé de mettre sur pied l’Empire des enfants », se rappelle-t-elle.
DES ENFANTS DU CONGO ET DU BURUNDI
Sa voix devient tremblotante lorsqu’il s’agit de parler de la situation des enfants de la rue. « On n’a jamais vu une rue enfanter. Ces gamins ont une mère et un père. Pourquoi vouloir donc domicilier ces petits dans les rues ? », s’interroge-t-elle, navrée.
L’ancienne pensionnaire de l’école Papa Guèye Fall de Dakar juge « très grave » la mendicité au Sénégal. Elle se dit étonnée que ce fléau n’ait pas encore connu une fin.
« Il y a des personnes qui n’ont pas intérêt à ce que phénomène s’arrête. Que l’Etat prenne ses responsabilités. Les lois et les règlements votés sur la question doivent être appliqués. Même si les parents ont renoncé à leurs responsabilités, il appartient à l’Etat de prendre ses mesures », préconise Anta Mbow.
Cet Empire a une capacité d’accueil de 65 enfants. Mais, c’est très rare d’obtenir ce nombre en même temps, car, explique Mme Mbow, leur objectif est de rechercher les familles d’origines de l’enfant qui est acceuilli pour les retourner. « La plupart des enfants qui viennent à l’Empire demandent à rentrer chez eux. La plupart d’entre eux sont retrouvés par accident dans la rue », confie la présidente de l’Empire.
Selon elle, certaines valeurs connues bien sénégalaises sont en voie de disparition dans la société sénégalaise, car à l’époque, un enfant retrouvé dans la rue est adopté par une famille. L’Empire accueille non seulement des enfants de l’intérieur du pays, mais aussi ceux de la sous-région comme le Mali, la Guinée et la Guinée-Bissau qui bat le record.
Pratiquement, le centre ne gère pas des enfants de Dakar. Ces derniers, « livrés à eux-mêmes », viennent notamment de Kolda, de Ziguinchor, de la vallée du fleuve. « Des gosses frappent nos portes à 2h du matin. Ils disent avoir peur parce que quelqu’un les poursuivait dans la rue. Les pompiers nous amènent aussi des enfants malades », d’après Mme Mbow, relevant que cet Empire est une goutte d’eau dans la mer par rapport à la problématique des enfants de la rue.
Pour elle, ce centre est également une zone de transition d’autant plus que des enfants venus du Congo, du Burundi ont été orientés chez eux. Actuellement, la maîtresse des lieux gère 34 enfants. Pas plus tard que la semaine dernière, l’Empire a procédé à un retour en famille à Saloum.
« C’est un travail de fourmi que nous menons pour convoyer les enfants chez leurs parents. Les éducateurs du centre font d’abord des enquêtes et des démarches pour retrouver les familles », soutient Anta Mbow. Pour elle, les parents doivent prendre leurs responsabilités dans l’éducation de leurs enfants.
UN EMPIRE SOUS LOCATION
« Une fois la famille retrouvée, il faut que ce soit volontaire pour les deux côtés. On sait que l’enfant veut rentrer, mais est-ce que les parents veulent et peuvent recevoir », se demande-t-elle.
Certains, selon Mme Mbow, évoquent le manque de moyens comme raison pour ne pas recevoir leur enfant. Une attitude qu’elle qualifie d’injustifiable. Mais avec subtilité, cette dame parvient à convaincre les familles à reprendre leur enfant.
Son ambition d’être au service des enfants n’est pas une tâche facile pour Anta Mbow, car les moyens sont loin d’être suffisants pour couvrir les besoins du centre, même si de bonnes volontés continuent d’apporter leur concours. Pour preuve, Valéry, une des initiatrices reste le principal bailleur de cet Empire, parce qu’elle continue de payer mensuellement le loyer depuis la création de ce centre.
Mme Mbow a, cependant, exprimé le souhait de trouver un terrain pour y créer un nouveau centre d’accueil des enfants. « Nous faisons des démarches auprès de l’Etat du Sénégal pour l’obtention d’un terrain afin de pouvoir réaliser ce projet. Notre souhait est que la maison-mère de l’Empire puisse rester à Dakar, car c’est ici que nous rencontrons beaucoup d’enfants de la rue. En plus, il faut des antennes dans les régions », sollicite la présidente de l’Empire.
La maison vit également de dons de la part de bonnes volontés qui s’impliquent pour son bon fonctionnement. Chaque jour, Anta Mbow se bat pour assurer les trois repas et le goûter pour le soir aux pensionnaires du centre.
Elle s’est aussi battue pour la logistique. Récemment, l’Empire s’est doté d’un minibus, une initiative d’Air France. Ce qui lui permet d’organiser les retours en famille qui, jadis, se faisaient avec les véhicules de transport en commun.