Le commerce de l’eau est une activité économique rarement exercée à l’intérieur du pays encore moins dans les zones où le robinet reste un luxe inaccessible pour les populations. À Djilakhar, l’enclos qui abrite le robinet de Barham Konté, se dresse comme une oasis permettant à tout le village de disposer d’une eau potable. Rencontre avec un homme qui a noyé ses soucis financiers dans la vente du liquide précieux.
À quelques encablures de Mbeuleukhé. Djilikhar, au cœur du Saloum. Un puits sacré et sec. Le gagne-pain de Barham Konté, qui assure la distribution d’eau moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. À Djilikhar, les populations, en plus de faire face aux rigueurs du climat, peinent à trouver en quantité suffisante le liquide précieux. Quelques rares puits résistent encore au temps. Barham a monté son robinet dans cette localité presque millénaire pour alimenter en eau sa communauté et faire vivre sa famille avec les ressources tirées de la vente du liquide.
En ce début du mois de juin, nous avons trouvé Barham Konté à son lieu de travail. Un enclos de 7m sur 5m clôturé par une palissade. À l’intérieur des centaines de bidons de 20 litres, de couleurs diverses. Les uns déjà remplis, les autres vides occupent toute la superficie laissant un petit passage vers le robinet. Derrière le tube en fer est construite une petite tente recouverte de feuilles et maintenue par des piquets pour se protéger du soleil. Avec souplesse, il se lève pour venir à notre rencontre quand nous franchîmes le seuil.
Teint noir et allure sportive, il tient entre ses mains un chapelet et le livret d’une sourate du Coran. Par moment le mouvement du vent fait incliner son bonnet noir qu’il redresse machinalement. Ravitailler tout le village en eau est son travail, mais aussi un devoir. Et pour satisfaire la demande en eau Barham se lève au milieu de la nuit. Il raconte : ‘’Tous les jours, je me lève à 2 heures du matin pour venir remplir ces bidons avec l’eau du robinet. Chaque jour je dois avoir à ma disposition au minimum plus de 300 bidons remplis pour satisfaire la demande minimale en eau des populations de Djilikhar.’’
Il poursuit : ‘’Je suis obligé de commencer le travail à cette heure pour deux raisons. D’une part, cela me permet de remplir le plus de bidons avant que ne se présentent les premières clientes et, d’autre part, je pars à toute éventualité de rupture d’eau en cours de journée.’’ En effet à Djilikhar, l’eau ne coule pas à flot toute la journée. Les coupures n’avertissent jamais.
Barham achète le mètre cube d’eau à 300 francs Cfa et vend le bidon de 20 litres à 20 francs Cfa. Ce n’est pas une fortune, mais c’est nettement suffisant pour assurer la dépense quotidienne. ‘’Je ne peux pas dire que je gagne beaucoup d’argent, mais ce travail me permet de nourrir ma famille et de régler quelques besoins’’, assure cet homme de 43 ans, polygame (deux épouses) et père d’enfants dont, ‘’par superstition’’, il ne révélera pas le nombre.
Situé à 33 kilomètres de Kaolack avec une population de 25 000 habitants, Djilikhar ne compte qu’un seul robinet. Celui de Barham. Pourtant ce raccordement n’était pas prévu. Comme tous les enfants de Djilikhar, Barham a fait ses armes à l’école coranique. Puis il s’était lancé dans le commerce. Il parcourait les marchés hebdomadaires des localités environnantes pour écouler ses marchandises. Au début, se souvient-il, ‘’le commerce marchait bien. J’y trouvais mon compte mais les choses sont devenues plus compliquées avec la conjoncture et la cherté de la vie. J’ai finalement abandonné le commerce pour me lancer dans le maraichage et la plantation de manguiers et d’orangers. Par hasard j’ai appris que le tuyau pour le raccordement en eau pour un habitant de Ndjama aller passer dans mon domaine agricole en provenance de Dague Samb. J’ai saisi l’occasion pour faire aussi une demande au niveau de la société pour pouvoir arroser mes plantations’’.
En faisant la demande Konté n’avait pas pris en compte le fait que les habitants de son village avaient plus besoin du liquide précieux que ses plantations. Après 2 mois passés à arroser des plantations que des troupeaux saccageaient toutes les nuits, les gens de Djilikhar lui font comprendre qu’avec l’eau du robinet il peut venir en aide aux habitants tout en y trouvant son compte. C’est ainsi qu’il a décidé de commercialiser l’eau. Aujourd’hui pour les travaux ménagers et les travaux de construction, les habitants du village viennent puiser l’eau chez Barham. Contre quelques pièces de monnaie.
Pour autant, les femmes du village ne considèrent par Barham Konté comme un mercantiliste. Il est à leurs yeux un bienfaiteur. Rencontrées sur le chemin qui mène au robinet, Ndèye K. et Seynabou reviennent sur les difficultés quotidiennes qu’elles affrontaient pour disposer de l’eau. Assise confortablement sur la charrette qui les transporte, Seynabou raconte : ‘’Le robinet de Barham a enlevé une partie du fardeau que portent les femmes de Djilikhar. Avant il fallait se réveiller vers 4h30 du matin pour aller aux puits. Et comme il n’y a pas beaucoup de puits dans le village, les femmes il y avait des affluences monstres autour des puits. Parfois des disputes éclataient pour finir en bagarre entre femmes. Mais grâce au robinet de Barham il n’est plus nécessaire de se lever au milieu de la nuit pour avoir de l’eau.’’
Ndèye ne dit pas autre chose : ‘’Avec ce robinet nous disposons d’une eau potable et de qualité que nous utilisons principalement pour boire et pour la préparation des repas.’’ Elle ajoute : ‘’Nos enfants sont aujourd’hui à l’abri de certaines maladies liées à la qualité de l’eau des puits.’’
Elle se ballade dans les couloirs de sa maison en chantonnant. Des escaliers menant au deuxième étage de la maison où habitent ses parents à Guédiawaye, l'on entend sa belle voix et c'est sur des notes d'une de ses chansons bien connues qu'elle nous reçoit. La bonne humeur d'Adiouza est presque contagieuse. Avec EnQuête, elle a accepté de parler de son prochain album, de ses amours et de sa relation avec Yaya Jammeh.
Vous préparez la sortie de votre troisième album, vous en êtes où ?
Daddy est le titre de l'album que je compte sortir au cours de cette année. On a sorti une chanson du même nom. Là on est en pleine promotion de ce single. Dans quelques mois, on prévoit de sortir une autre version du titre "Daddy". Il y aura aussi un clip pour cette version. On y travaille. Actuellement, on prépare des tournées toujours dans le cadre de la promotion de ce single. Dans le prochain album, l'essentiel des textes sera en rimes. J'ai goûté à cette façon d'écrire et cela m'a plu. J'ai beaucoup côtoyé les rappeurs et ils m'ont beaucoup influencée. Il y aura des collaborations avec certains rappeurs dont je tairai les noms pour l'instant. Dans cet album, je m'ouvre vraiment à d'autres univers. J'y ai pris beaucoup de risques musicalement parlant. On verra maintenant comment le public va l'accueillir.
Concrètement, qu'est-ce que vous allez proposer au public ?
Je préfère ne pas en parler. Ça sera une surprise pour les mélomanes. Je peux juste dire que ce sera du tout neuf. Un registre que les mélomanes ne m'ont pas vu explorer jusque-là. On verra comment le public l'accueillera et l'appréciera. Avec la nouvelle version de "Daddy", il y a des risques pris par Adiouza. Comme d'habitude, j'essaie de proposer aux Sénégalais des sonorités qu'ils n'ont pas l'habitude d'entendre. J'espère que ce que j'apporterai là sera du goût du public. Je sais que c'est un travail de longue haleine fait avec des artistes sénégalais et étrangers que je leur proposerai. Je ne vais pas trop m'épancher là-dessus. Ce sera une surprise. Je n'en dirai pas plus.
Daddy est un hommage à votre papa ?
Oui, à mon papa et à tous les papas du monde. Quand on écoute bien la chanson, les paroles et qu'on s'intéresse un peu aux lyrics, l'on se rend compte que chacun peut s'approprier de la chanson. Je parle du soutien d'un papa à sa famille et de plein d'autres choses dans cette chanson. Quand même c'est d'abord pour mon très cher papa à qui je tenais à rendre hommage. Depuis que j'ai commencé la musique, mon papa est toujours à mes côtés. Il me soutient et se donne à fond pour que je réussisse dans ma carrière de chanteuse. Franchement je lui devais ça avant de faire voyager ma musique en sortant un album international. "Daddy" sera mon premier album international. Je me devais de le faire pour mon très papa. C'est ma façon à moi de lui dire merci pour tout ce qu'il a fait pour moi et pour sa famille. Vous savez, mon père est comme mon complice. Quand je ne vais pas bien, il est là pour moi. Quand je suis heureuse, il est là. Il sait tout de moi à peu près. Il connaît mes faiblesses et forces. Il me connaît comme la paume de sa main. Ma mère aussi est ma complice. Je profite de l'occasion pour lui faire un clin d'œil. Elle vit à Paris. Je suis là avec mon père et il me soutient beaucoup.
Quel bilan tirez-vous de votre carrière depuis que vous êtes rentrée de la France ?
Ça va, Adiouza est une artiste originale qui prend des risques. Des fois quand on prend des risques, ça passe ou ça casse. Les gens souvent souhaitent entendre ce qu'ils avaient l'habitude d'entendre. Quand tu veux les amener ailleurs, quand tu veux les faire voyager ou initier ou innover, des fois beaucoup d'entre eux ne comprennent pas. Il faut vraiment être mélomane et prendre au second degré certains changements artistiques ou ce que je dis dans mes textes. Je me fie à mon intuition de femme et je n'hésite pas à foncer. J'essaie d'allier d'autres styles de musique au mbalax. Je crois toujours au mbalax même si l'on sait tous qu'il ne dépasse pas nos frontières. Tout le monde en est conscient. Aucun artiste sénégalais n'a eu de disque d'or avec le mbalax. Donc on sait que cela reste au Sénégal et ne dépasse pas nos frontières. Alors ma démarche à moi, c'est d'amener le mbalax hors de nos frontières à l'alliant à des rythmes qui vont avec et qui peuvent être vendus sur l'international. Je continuerai à chercher et à proposer. Je ne me découragerai pas.
Vous n'êtes pas donc de ces jeunes artistes qui se contentent d'une notoriété nationale ?
(Elle rit). Je suis ambitieuse. Cela, il faut le dire aux Sénégalais, Adiouza est une femme hyper ambitieuse. Quand j'ai fini mon premier album, je n'étais rien du tout. J'étais à Paris et personne ne me connaissait à l'époque. Mais moi je me voyais déjà sur les grandes affiches. Je me voyais déjà star internationale. Au début, le Sénégal n'était même pas dans mon programme. Pour moi, j'allais directement faire carrière sur l'international. Il a fallu que mon frère Cheikh Lô Ouza Diallo me propose de venir commencer ici d'abord pour que j'y pense. Il m'a fait comprendre que réussir sur l'international n'est pas si évident que cela. Et que si jamais j'y essuyais un flop, ce serait catastrophique pour moi et je perdrais tout. C'est lui qui m'a conseillée de sortir ici mon album et de me faire connaître ici. C'est lui qui arrange tous mes albums et si ce n'était lui, on ne m'aurait pas connue ici. Quand j'ai sorti "Madou", je ne croyais pas trop en son succès. Je l'ai sorti et je suis repartie tranquillement en France. Je ne me prenais pas au sérieux à l'époque. Avec le succès de "Madou", j'ai été obligée de revenir. Je n'y croyais pas au début. C'est après que je me suis dit pourquoi pas ne pas faire carrière ici. Je suis restée et je me suis enlisée. J'ai pris goût au mbalax et à son atmosphère. Je n'ai pas pu faire carrière sur l'international comme je le rêvais. Je suis toujours là et j'en suis à mon troisième album. Ma musique est connue dans des pays africains. Je me suis produite au Burkina, au Mali et un peu partout en Afrique. Mes fans me disent : Adiouza, il est temps que tu exportes ta musique parce que tu en as les possibilités. Et je le sais en toute modestie. Moi avant, je voulais une musique autre que le mbalax. Là, je vais essayer de réaliser ce rêve.
Avez-vous déjà trouvé une maison de production étrangère ?
Non, je préfère ne pas en parler. On verra.
Vous vous investissiez dans l'humanitaire, où en êtes vous ?
Je m'intéresse beaucoup au social parce qu'étant issue d'une famille pas très aisée. Tout le monde sait que mon père a toujours été un artiste engagé, révolutionnaire, qui s'est toujours rangé du côté du peuple. Tous les gouvernements l'ont presque combattu pour cela. Je me rappelle quand j'étais enfant, je ne voyais jamais mon père à la télé par exemple. Je le voyais rarement faire des concerts. Donc, c'était difficile pour lui de subvenir aux besoins de sa famille. Je rends hommage à ma mère qui a été une battante et n'a pas rechigné à faire toute sorte de boulot pour nourrir sa famille. Ma mère a vendu des sandwichs alors qu'elle était secrétaire de direction de formation. Elle a travaillé dans ce cadre avec Abdoulaye Wade. Quand mon père était dans des difficultés, ma mère était là pour nous tous. Je rends grâce à Dieu de m'avoir donné de pareils parents. Mon père a inculqué à tous ses enfants des valeurs profondes et indéniables. Je suis très fière d'avoir un tel père et une mère qui nous a poussés à terminer nos études. Maintenant, j'essaie d'aider les gens du mieux que je peux même si les moyens ne suivent plus. Je n'ai plus le soutien que j'avais pour vraiment tenir la boutique. La boutique sociale solidaire d'Adiouza n'existe plus. Voilà, vous avez l'exclusivité. Il y a quelques familles que j'aide encore à chaque fin de mois.
Des talibés meurent ces jours-ci par négligence, qu'en pensez-vous ?
Dans mon second album "li ma donn" j'ai dédié une chanson aux talibés. Dans l'opus, je disais que ces derniers mendiaient matin, midi et soir dans la rue comme si on les envoyait dans les daara pour ça. Pour moi, la modernisation des daara ne doit pas être qu'un slogan. Elle doit être matérialisée et pour moi, les talibés doivent, en plus du Coran, apprendre le français, l'anglais et on doit les former aussi. Ainsi, ils pourront servir la nation et se servir. Je pense qu'il faut éliminer la mendicité. Je ne suis pas dans la politique et je ne maîtrise pas certaines choses aussi.
Vous êtes l'une des musiciennes sénégalaises les plus appréciées par le Président gambien. Quel genre de relations entretenez-vous avec lui ?
C'est un Président qui a beaucoup fait pour la culture sénégalaise. Aucun artiste sénégalais ne dira le contraire. Il ne s'agit pas juste d'Ouza et d'Adiouza. Moi, quand je vais en concert en Gambie, je rencontre d'autres musiciens sénégalais comme Papa Thione, Wally Seck, Viviane, Aïda Samb et bien d'autres. On doit beaucoup à Yaya Jammeh parce qu'il nous invite à chaque fois qu'il organise des choses. Il aide la culture sénégalaise vraiment. Le Président Jammeh ne se focalise pas sur un artiste et ne donne pas non plus le monopole à un artiste comme ça se fait au Sénégal et dans d'autres pays d'Afrique. Au contraire, le Président gambien nous met tous au même pied pour l'avancement de la culture sénégalaise. Pour ça, je lui rends hommage et lui dis merci de nous soutenir parce qu'on en a besoin. L'art ne nourrit pas son homme au Sénégal et en Afrique. On est obligé d'avoir des parrains qui nous subventionnent. Les choses ne sont pas faciles et rien n'est donné. On peut investir 20 millions dans un album et ne pas recouvrir ne serait-ce que 2 millions. Ce que les gens croient, ce n'est pas du tout la réalité.
Au Sénégal, qui est l'artiste mis en avant au détriment des autres ?
(Elle rit) Je ne sais pas. Je préfère ne pas me mêler de la politique culturelle sénégalaise même si j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus. Mais je ne préfère pas m'épancher sur le sujet. Je laisse ça à mon père.
Le côté dictateur de Yaya Jammeh ne vous dérange-t-il pas ?
Cela dépend de comment on définit le mot dictateur et de celui qui prononce le mot. Quand on analyse bien les choses, même la démocratie est une sorte de dictature parce que des gens imposent leur façon de voir à d'autres. La dictature aussi, c'est imposer sa pensée à d'autres. Donc, c'est du pareil au même.
Certains Gambiens vous en veulent de soutenir Jammeh. Cela vous fait quoi ?
Mais ça, c'est grave et c'est une dictature. Ce n'est pas parce qu'on ne pense pas de la même manière qu'on est obligé de se battre. Moi, je ne suis pas d'accord avec ça. Je trouve ça sauvage. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas la même philosophie qu'on ne doit pas vivre en paix. Je trouve ça ridicule. On est tous des Africains, on doit se donner la main et marcher ensemble vers le développement. C'est cela le plus important. L'Afrique est en traîne par rapport aux autres continents.
A quand le mariage ?
Quand Dieu l'aura décidé. A chaque fois que j'annonce mon mariage, rien ne se passe. Je préfère ne plus donner d'échéance.
Vous êtes en couple avec l'animateur de la RFM Chérif Diop ?
Je suis en couple mais ce n'est pas avec Chérif Diop. Je ne vous dirai pas qui c'est.
L'on a remarqué qu'à chaque fois que vous sortez un album ou un single, des histoires sur votre vie amoureuse sont montées. Est-ce pour faire le buzz ?
C'est bizarre mais ce n'est pas mon staff. Je n'aime pas trop le buzz. Je ne sais pas qui a monté cette histoire-là mais moi, je ne suis pas dans ces trucs de buzz. J'ai une autre philosophie et une autre manière d'imposer mon produit que d'user de telles stratégies. Je préfère adopter les moyens classiques en faisant les radios et télés ainsi que des concerts. Si on veut faire du buzz pour vendre, c'est parce qu'on croit que sa musique ne va pas plaire.
Mbaye Ndiaye condamné pour homicide involontaire
Mbaye Ndiaye a comparu hier à la barre du Tribunal de Dakar pour homicide involontaire. Lors des débats d’audience, le prévenu a catégoriquement nié les faits. Jurant sur son marabout Serigne Fallou Mbacké, Mbaye Ndiaye soutient qu’il n’a pas touché le défunt. «Lorsque j’ai vu la victime affalée, je me suis subitement arrêté. Je suis descendu du véhicule pour voir ce qu’elle avait, mais je n’ai même pas touché à un seul de ses cheveux», se défend-t-il. Pourtant, lui fait remarquer le président, l’autopsie a montré que la victime est décédée suite à une polytraumatisme, hémorragie interne et des traces routières. Malgré l’insistance du président du tribunal, Mbaye Ndiaye a campé sur sa position et clamé son innocence. Le parquetier a requis 6 mois de prison ferme contre le prévenu. Quant à l’avocat de la défense, il a plaidé pour une application bienveillante de la loi. Il souligne que si son client a menti, c’est pour assurer sa défense. Qui plus est, c’est la première fois qu’il comparait devant une juridiction. Finalement, Mbaye Ndiaye a été condamné à 2 mois de prison ferme par le Tribunal.
Me Ibrahima Mbodj gracié
L’avocat Me Ibrahima Mbodj, condamné pour escroquerie et suspendu par le barreau, a recouvré la liberté. Selon nos sources, il fait partie des prisonniers graciés par le chef de l’Etat lors de la fête de la korité. C’est le bâtonnier Me Ahmed Bâ qui avait adressé une correspondance au président pour lui demander d’accorder cette grâce à Me Mbodj. L’avocat était impliqué dans une scabreuse affaire d’escroquerie sur héritage et condamné à une peine ferme. Il était en détention au Cap Manuel. Heureusement pour lui, il échappe à la radiation et à la prison.
Deux morts sur la route de Thiénaba
Un accident d’une rare violence s’est produit sur la route nationale 3, à hauteur de Keur Madaro sur la route de Thiénaba, dans la nuit du 12 au 13 août aux environs de 22 h. Selon l’adjudant-chef, Youssou
Thiam de la 21e compagnie d’incendie et de secours des sapeurs pompiers de Thiès, il s’agit d’une collision entre un véhicule remorque de marque Renault immatriculé Th 2102 E, conduit par Samba Guèye domicilié à Yeumbeul et un cyclomoteur de marque Honda. Devant la violence du choc, Khadim Konaté qui conduisait la moto est mort sur le coup tandis que son compagnon d’infortune en l’occurrence Pape Demba Konaté est grièvement blessé. Mais, il a finalement rendu l’âme après son évacuation à l’hôpital régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiénguène de Thiès. Khadim Konaté, âgé de 33 ans, était domicilié aux Parcelles Assainies à Thiès et Pape Demba Konaté, 25 ans, était domicilié au quartier Grand-Thiès.
Dédicace du livre du Pr Kassé
Les éditions Harmattan viennent d’éditer un livre qui parle de l’économie sénégalaise. Il s’agit d’un ouvrage écrit par l’éminent universitaire et économiste, Professeur Mamadou Moustapha Kassé. D’ailleurs, le Pr Kassé va dédicacer son ouvrage intitulé : «L’Economie du Sénégal : les 5 défis d’un demi-siècle de croissance atone» samedi prochain. La cérémonie se tient à partir de 10 heures à la Salle de la librairie l’Harmattan située sur le Vdn. La présence massive d’universitaires surtout de la faculté des sciences économiques et de gestion, est attendue à la rencontre.
La lettre de politique sectorielle du ministère de la Culture réactualisée
Afin de doter les secteurs de la culture et de la communication d’un cadre d’orientation stratégique mieux ciblé et mieux adapté aux défis des politiques publiques portées par le Plan Sénégal Emergent (Pse) et l’Acte III de la Décentralisation, la Lettre de politique sectorielle de développement (Lpsd) a été réactualisée hier. Lors des travaux, la ministre de la Fonction Publique, Viviane Bampassy qui présidait la cérémonie en l’absence de son collègue de la Culture Mbagnick Ndiaye, a soutenu que ce processus s’inscrit dans le cadre de la deuxième phase de généralisation des Lpsd soutenue par le ministère de
l’Economie, des Finances et du Plan. A l’en croire, ces deux exercices concomitants permettront de mieux outiller et de rendre plus performant ce secteur. «A l’issue de cet atelier de lancement, la démarche Lpsd Culture et Communication sera beaucoup plus partagée et les nouveaux enjeux des Finances publiques beaucoup plus maîtrisés pour enfin valider le processus de la Lpsd culture et communication», affirme-t-elle. Pour le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, «dorénavant, les allocutions financières ne se feront plus sur la base de projets et de programmes, elles tiendront compte d’un certain nombre d’outils en partenariat avec le ministère de l’Economie et des Finances».
Mouvement «Une Apr autrement à la Médina»
Les militants et responsables de l’Apr de la Médina sont très remontés contre Seydou Guèye, le ministre porte-parole du gouvernement. Adama Fall, le responsable Apr dans la zone annonce le lancement d’un mouvement dénommé ‘’Une Apr autrement à la Médina’’, à la fin du mois. Pour Adama Fall, il est temps de reprendre en main la formation beige-marron à la Médina, car elle est minée par 4 frondes qui sont toutes contre la gestion de Seydou Guèye. «Seydou Gueye ne maîtrise pas la Médina, il est loin de la base, il ne veut que personne soit promu à la Médina parce qu’il sait que les responsables qui sont là sont plus en contact avec la base que lui. Même dans sa rue, il ne maîtrise même pas sa base».
Des cantines du marché Tilène fermées
Le maire de la Médina est à couteaux tirés avec certains commerçants du marché Tilène. Bamba Fall a procédé hier à la fermeture de certaines cantines des commerçants qui, dit-il, n’ont pas voulu payer la taxe. Selon le maire Bamba Fall, c’est une minorité de commerçants qui refuse de payer la taxe parce que le Conseil municipal l’a augmentée de 1000 Fcfa afin de pouvoir au moins recruter une vingtaine de jeunes pour le nettoiement du marché. A en croire l’édile de la Médina, les commerçants ont accepté la mesure et ils ont tous payé sauf ce groupuscule qui s’agite pour contraindre la mairie à revenir sur sa décision. «C’est un contrat de loyer, s’ils ne paient pas, on ferme. La mairie loue une cantine à 10 000Fcfa et ils relouent la cantine à 80.000 Fcfa et ils ne veulent pas payer 1.000 Fcfa de plus», dénonce Bamba Fall. Le délégué du marché Tilène, Gorgui Diop, balaie d’un revers de la main les allégations du maire. A l’en croire, ils ignorent complètement les raisons de la fermeture de leurs cantines par des agents de la mairie accompagnés par des éléments de la police. Il s’agit, à ses yeux, de la mise en exécution d’une menace qui a duré depuis 9 mois.
Pèlerinage à la Mecque
Les premiers pèlerins du Sénégal se rendront aux lieux saints de l’islam à partir du 7 septembre prochain selon la Commission nationale pour le pèlerinage. Qui va transporter cette année ses pèlerins dans six vols. Les opérations d’inscription des pèlerins qui devaient s’arrêter en fin juillet ont été prorogées de 15 jours. Les membres d la commission nationale se réjouissent d’avoir atteint leurs objectifs de 2.000 pèlerins contre 8.000 pour le privé national sur un quota total de 10.500 pèlerins accordé au Sénégal.
Anniversaire du décès de Bassirou Faye
Cela fait un an jour pour jour que l’étudiant Bassirou Faye a quitté ce bas monde. Et un an après son décès, ses parents, amis et la communauté estudiantine attendent toujours de connaître son bourreau. Commémorant à sa manière le décès de Bassirou Faye, un étudiant lui a écrit une lettre pour lui raconter la situation qui prévaut à l’Université Cheikh Anta Diop. Dans sa missive, l’étudiant dira à Bassirou Faye que depuis son départ rien n’a changé. Il y a toujours des files interminables devant les Gab de Ecobank, une seule agence pour des milliers d'étudiants, les conditions d'études toujours aussi exécrables,
des amphithéâtres délabrés, des professeurs et des étudiants en grève, des étudiants dorment dans les couloirs etc. Les étudiants attendent toujours que justice soit faite en dépit de l’annonce du procès pour le mois d’octobre prochain par le président de la République.
Wilane met les pieds
Abdoulaye Wilane, ne trouve pas pertinent de continuer à retenir en prison les étudiants accusés d’avoir jeté des pierres au cortège présidentiel même si tout le monde condamne l’acte. Abdoulaye Wilane, qui salue le professionnalisme de nos forces de défense et de sécurité ainsi que la grâce divine qui nous a épargné de la mort d’homme ce jour-là, appelle le président Macky Sall et son Gouvernement à ne pas perdre de vue que les auteurs de ces actes sont des Sénégalais. C’est pourquoi, il souhaite un verdict à caractère pédagogique pour ces étudiants afin qu’ils puissent mesurer la gravité de leurs actes. Il demande au Président Macky Sall de leur pardonner pour que leur avenir ne soit pas sacrifié.
L’ambulance et le corbillard d’Aminata Tall créent la division
C'est dans une ambiance tendue que s'est tenue hier la session ordinaire du Conseil municipal de Diourbel. Les conseillers municipaux ne se sont pas accordés sur le premier point inscrit à l'ordre du jour concernant l'acceptation d’un don d'une ambulance et d'un corbillard offerts par l'ancienne maire, Aminata Tall, et une autre ambulance gracieusement donnée par le richissime homme d’affaires El Hadj Moustapha Seck. La rencontre a été électrique. C’est le jeune conseiller Mayata Ndiaye qui a été le premier à émettre une motion en proposant à ses collègues de surseoir l’acception des dons. Car, selon lui, les dons n’avaient pas été transmis au Conseil municipal avec des documents valables. En fait, tout ce dont disposaient les responsables de la mairie de Diourbel après réception des véhicules, c’était des chèques avec lesquels les généreux donateurs avaient achetaient les deux ambulances et le corbillard.
L’ambulance et le corbillard d’Aminata Tall créent la division (bis)
Et la rencontre a tourné au pugilât, car la position avait été appréciée diversement par les élus. Brusquement, l’ambiance est devenue tendue avec des prises de gueule entre certains intervenants. Thierno Gueye voit derrière cet acte de l’ancienne maire Aminata Tall une volonté de se refaire une seconde jeunesse politique pour pouvoir revenir au premier plan. C’est pourquoi, il a décidé de voter
contre l’acceptation de ce don. Quant à la conseillère Seynabou Sarr, elle a exhorté ses collègues à se prémunir de toutes les garanties et dispositions afin qu’aucun élément ne vienne entacher leur gestion lorsqu’il
LE LOOK ESTIVAL DES JEUNES FILLES AU TOP
MODE VESTIMENTAIRE FEMININE EN CE TEMPS DE VACANCES - TAILLE HAUTE, JEANS DECHIRES… ET «CROQUE-TOP»
Ndèye Bineta Seck et Anna Louise Sarr |
Publication 14/08/2015
Le rond-point Sandaga est un carrefour idéal pour observer les tendances de la mode vestimentaire féminine en ce temps de vacances. Les «croques-top» (petits hauts débardeurs à bretelle) font tendance cet été. Il s’y ajoutent les jeans déchirés et robes multicolores en dentelle ou en mousseline, pantalons et jupes à taille haute, sont prisés par les jeunes filles. Mais ces choix vestimentaires peuvent faire débat.
Il est 15h, ce 11 août, au rond-point Sandaga. Comme à l’accoutumée, la densité de la circulation, les allées et venues en disent long sur l’ambiance, dans ce coin mythique de Dakar-Plateau. Les marchands ambulants talonnent la clientèle. Perspicaces, ils prennent les devants, conversent et exhibent leurs produits: habits, chaussures, sacs à main, accessoires pour cheveux et divers. De la friperie en provenance du marché de Colobane, pour l’essentiel des habits. Mais ils vendent aussi des articles neufs qu’ils cèdent après d’âpres marchandages à des prix, pour le moins abordables.
Dans ce même décor, il y a des magasins de prêt-à-porter et cantines de chaussures, d’habits, de bijoux. Ces installations marchandes, plus régulières, sont cachées par ce commerce spontané et ambulant. Il faut donc user de stratagèmes et d’astuces pour attirer la clientèle dans une gamme de produits plus luxe. En pleine chaleur, il est agréable de sentir l’air frais de la climatisation dans certains magasins, tout en observant les derniers cris de la mode derrière des vitrines bien achalandées. Nombreux sont ceux qui exhibent des mannequins à l’entrée des boutiques pour exposer les tenues en vogue. Pendant que les propriétaires s’occupent de convaincre les clients à l’intérieur de la boutique, d’autres «rabatteurs» font le pied de grue à l’extérieur pour décider les lécheurs de vitrine et les acheteurs indécis à entrer regarder la marchandise de plus près.
LA TENDANCE EST AU «CROQUE-TOP»
Une gamme diversifiée de marchandises, «made in Turquie and Paris» s’offre aux clientes qui s’habillent dernier cri. Et pour cause, les vendeurs sont obligés de se plier au goût de la clientèle, s’ils veulent faire affaire dans ce milieu très concurrentiel. Sur les cintres du magasin, Diba et frères exposent pantalons Blue jean à la taille haute proprement lacérés au niveau des cuisses. «C’est la mode de déchirer le jean», nous précise le frère Daouda Diba.
Les robes sont en dentelle, mousseline et de couleurs patches. Des bandes multicolores donnent un ton assez gai et léger. De petits chemisiers à la coupe stylisée et aux couleurs fluorescentes ou pastelles font tendance cet été. Ils rappellent les «jumbakh out» (nombril dehors) de ces dernières années et les hauts «madonna» par leur petite taille et leur coupe. Leur nom: «croque-top», comme nous le désigne le vendeur. De quoi faire couler encore beaucoup d’encre et de salive sur l’indécence vestimentaire. Il y en a de toutes les couleurs, cousus dans divers tissus, pour tous les goûts. Certains ont même des bretelles en chaînette.
Fort heureusement ! La tendance des jupes courtes et des pantalons est à la taille haute. Les «tchek down» et tailles basses cèdent enfin la place ! Pendant longtemps ils ont défrayé la chronique. Car le débordement des sous-vêtements des jeunes filles peu soucieuses de leur image, le moulage de leur forme plutôt ronde avait le chic d’attirer le regard des passants qui en ont plein la vue. Les chauffeurs n’étaient pas non plus en reste. Ils ralentissaient volontiers pour mieux ajuster leur rétroviseur, devant ce spectacle peu ordinaire.
UNE MODE QUI PORTE A POLEMIQUE
Pourtant cette mode européenne tant prisée par les jeunes filles sénégalaises, ne rime pas toujours avec les mots «décence» et «pudeur», selon l’œil avisé des observateurs. Fatou, une élève âgée de 15 ans, au look très branché, rencontrée sur l’avenue Georges Pompidou, ex-Ponty, arbore un jean de couleur bleue dégradée à la mode et un croque-top à hauteur de la taille et de couleurs noir et blanc. Elle fait l’apologie de cette mode européenne: «les robes que l’on porte maintenant, étaient à la mode auparavant. Mais elles sont actuellement accessoirisées pour être au top». Ses fringues, Fatou les choisit elle-même. Ce qui est tout à fait du goût de ses parents, qui déboursent même, selon elle, un budget de 20.000 à 30.000 F Cfa à chacune de ses sorties shopping. Avec le quitus de ses parents, il lui est loisible de donner libre cours à ses envies de jeune fille au top.
Dans cette même lancée, une mère de famille en train de choisir des pantalons pour elle-même renchérit que les jeunes filles doivent vivre avec leur temps. D’où son expression: «Tollou ci, def ko. Passé ko, bayi ko». Lorsque ces jeunes filles seront plus matures, pense-t-elle, elles passeront à un autre style plus conforme. Agée de la quarantaine, elle est Secrétaire de direction dans une structure de la place. «Les lundi et mardi, je suis en pantalon. Les mercredi et jeudi en taille basse Wax et le vendredi en habit traditionnel», renseigne-t-elle.
LES DETRACTEURS DE LA MODE OSEE
Seulement, cette tendance n’enchante pas tout le monde, au contraire, certains trouvent ces habillements très osés. Bass Ndao, un observateur rencontré sur les lieux, est simplement outré par tant de «légèreté» et de «permissivité» dans le look affiché par les jeunes filles et certaines dames. Selon lui, ces jeunes filles manquent de pudeur et de respect envers elles-mêmes d’abord, ensuite envers la société. «Elles n’ont plus de kersa», dit-il. «Cette vertu bien sénégalaise qui doit pousser la femme à avoir du scrupule et de la pudeur, pour prétendre être plus tard une mère de famille digne, voire une grand-mère irréprochable», explique-t-il. Il pense que la télévision est, en partie, responsable de cette situation de «dépravation des mœurs». Il interpelle les autorités de ce pays à prendre les mesures idoines pour limiter les dérives.
Ce débat reste très actuel, en ces temps où le mouvement féministe dénonce les viols et autres agressions de nature sexiste. L’attentat à la pudeur ne serait-il pas comparable à un «crime» d’un autre genre ?
‘’LA JALOUSIE EST LE RÉSULTAT D'UN MANQUE DE CONFIANCE EN SOI’’
Dr Mame Safietou Djamil Gueye, sociologue
Tata Sané et Gaustin Diatta |
Publication 14/08/2015
La sociologue Mame Safiétou Guèye considère la jalousie des patronnes envers leurs domestiques comme étant une manifestation d’un manque de confiance en soi. Dans cet entretien, elle fait une analyse des soubassements de ces incompréhensions entre employeuses et bonnes de maison.
Des maîtresses de maison accusent parfois leurs domestiques de faire les yeux doux à leurs maris. Comment expliquez-vous ces craintes à l’endroit des domestiques ?
Ces craintes et accusations peuvent s'expliquer par le manque d'assurance et le sentiment de mal-être de la femme qui est parfois confrontée à l'attitude d'un mari qui ne recule devant rien. La crise économique aidant, certaines domestiques adoptent des attitudes provocatrices pour arrondir leur fin du mois. Un comportement qui est parfois assimilé à une prostitution déguisée.
C’est des tentatives de séduction qui se font généralement par le style d'habillement provocateur, des gestes d'affection et d'attention envers l'homme qui peut tout naturellement tomber sous leur charme.
Cette séduction peut aller très loin conduisant soit à une simple aventure ou à un mariage. Ainsi, la femme prise au dépourvue accuse le mari. C’est pour ces raisons qu’il est souvent conseillé aux femmes d'être également coquettes à la maison pour faire plaisir à leur mari. Il est évident qu'après une rude journée la femme a envie de s'habiller en style relaxe mais cela ne signifie pas se délaisser dans les pagnes et tee-shirt de publicité.
Une femme doit rester « dionguée » (coquette) et les couturiers font des tenues adéquates qui permettent d'être relaxe et de garder son charme à la maison. Cela est aussi valable pour la domestique, qui, une fois qu'elle a fini les travaux domestiques, a besoin d'être fraîche, bien habillée et bien maquillée. Ce qui est tout à fait normal et légitime au risque même qu'on la reproche d'être sale et mal fagotée.
Cependant, il y a des maîtresses de maison qui, au moment de l'engagement, prennent le soin de préciser à la domestique de s'abstenir de porter certains accoutrements dans la maison. Certaines évitent d'engager des domestiques qui passent la nuit au prétexte de bien s'occuper de leurs hommes le soir et d'assurer le service du dîner, augmentant ainsi les moments d'intimité dans le couple.
Cette situation de rivalité entre la maîtresse de maison et la domestique est la conséquence d'une jalousie et d'un manque d'assurance des patronnes. Une domestique qui est convaincue que sa patronne ne sait pas faire la cuisine ou a la paresse de gérer correctement son ménage n'hésitera pas à développer toutes les astuces possibles pour la supplanter.
La nature ayant horreur du vide, certaines employées de maison profitent de la faiblesse de leur patron pour fricoter avec eux.
N’y a-t-il pas de paradoxe chez les femmes qui confient leur foyer à une domestique et qui, en même temps, les soupçonnent de s’accaparer de leur mari ?
Une femme ne confie jamais son foyer à sa domestique ; elle délègue certaines de ses tâches. Aujourd'hui, avec les responsabilités professionnelles des femmes, il est parfois difficile de concilier vie professionnelle et vie familiale. Toutefois, une bonne organisation peut permettre d'y parvenir. Néanmoins, la femme doit savoir jouer sur le temps de sa présence dans son foyer pour combler ses absences.
La relation de confiance est très importante entre la femme et sa domestique. Comme nous le savons tous, la bonne passe plus de temps dans la maison, assurant les repas et les nombreuses tâches domestiques. Il arrive que la domestique qui fait correctement son travail soit reprochée d'être belle, coquette et attirante, par jalousie ou par manque d’assurance de la part de sa patronne.
Dans ce cas, mieux vaut rompre le contrat qui lie les deux parties avant que cela sèment la discorde au sein du foyer.
Quelle est la place de cette jalousie dans les rapports parfois heurtés entre domestique et employeuse ?
Comme précédemment expliqué, la jalousie est le résultat d'un manque de confiance en soi, conduisant à un mal être et une crainte perpétuelle de l'autre qui se présente comme une menace. La jalousie entre domestique et employeuse est appréhendée différemment et occupe de plus en place une place déterminante dans les relations conflictuelles.
Elle se manifeste par de fréquentes reproches, des accusations gratuites et non fondées, des soupçons, des coups et blessures conduisant le plus souvent à des licenciements abusifs et de vives tensions au sein du couple.
Une domestique peut devenir une « rivale » de sa patronne. Quels sont les actes qui favorisent cette situation ?
Le manque d'assurance et de confiance en soi associé au fait que la femme a du mal à assumer correctement ses responsabilités domestiques peuvent la conduire à prendre pour rivale potentielle celle qu'elle a engagée pour jouer ce rôle. C’est pourquoi il est important pour toute femme de pouvoir marquer son territoire en confiant des tâches précises à la domestique et de prendre le temps et le plaisir d'assurer les autres tâches.
La domestique peut également prendre son employeuse pour une rivale dans la mesure où elle gère mieux qu'elle la maison et l'homme. Cette situation a d'ailleurs conduit à un fait de société assez récurent et banalisé, à savoir des maris qui épousent leurs domestiques.
Le comportement de certains hommes ne donnet-il pas raison à leurs épouses dans ce genre de situation ?
Ce n'est nullement une relation de cause à effet. La jalousie envers la domestique ne viendra pas résoudre le comportement de certains hommes. Au contraire, elle va davantage envenimer la relation de couple. La domestique n'a rien à voir avec l'attitude d'un mari frivole. Dès qu'un sentiment de mal-être se présente dans le couple, tout peut être utilisé comme cause et servir de prétexte.
La domestique devient très vite une victime qui vient subir toutes les conséquences des difficultés vécues par le couple. Cependant, face à la faiblesse du mari et du manque d'expérience de la femme, certaines domestiques n'hésitent pas à utiliser le mysticisme comme arme pour conquérir l'homme. Certaines domestiques gèrent tout le foyer jusqu’aux moindres détails pendant que l’épouse est à son lieu de travail ou rechigne à effectuer les tâches domestiques...
L’« absence » de l’épouse ne pousse-t-elle pas le mari à trouver un réconfort auprès de la domestique toujours présente ?
De plus en plus les femmes aspirent à des postes de responsabilité au même titre que les hommes. Cette émancipation qui leur procure à la fois une ascension sociale et une indépendance financière peut parfois provoquer des perturbations au sein de leur ménage. Ce qui d'ailleurs nous interpelle sur l'épineuse question de la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. Les femmes sont ainsi confrontées à une surcharge de travail qui les oblige à s'offrir les services d'une domestique pour les seconder dans leurs nombreuses tâches domestiques.
Cependant, la présence de la domestique dans le foyer conjugal peut parfois entraîner des conséquences dramatiques si, dès le départ, les rôles et responsabilités ne sont pas suffisamment bien précisés. La femme qui n'assume pas son rôle et qui délaisse entièrement ses responsabilités à la domestique risque d'en subir les conséquences.
Le rôle de la domestique est de seconder son employeuse sur certaines tâches bien définies qu'elle n'aurait pas le temps de faire à cause de ses responsabilités professionnelles. Ce qui veut dire que la domestique a un rôle bien limité et qu'elle ne peut nullement se substituer à sa patronne.
Néanmoins, les nombreuses responsabilités et surcharges de travail ne sauraient servir de prétexte, ni justifier la fuite de responsabilité de certaines femmes qui laissent tout le travail de la maison entre les mains de la domestique, soit disant qu'elle lui paye un salaire conséquent. Loin de condamner les femmes pour justifier l'attitude de certains hommes, il y a un besoin urgent d'une introspection des femmes et des hommes sur leur engagement conjugal.
La domestique ne peut en aucun cas être tenue responsable des situations dramatiques vécues au sein des couples. Cependant, elles ont aussi l'obligation de connaître leurs devoirs et de se limiter à leurs tâches.
QUAND UN JOLI PHYSIQUE EMPOISONNE LE QUOTIDIEN DES FEMMES DOMESTIQUES
Harcèlements, jalousie, accusations et méfiance des patronnes...
Tata Sané et Gaustin Diatta |
Publication 14/08/2015
Pour gagner honnêtement leur vie, des jeunes femmes se retrouvent dans des espaces publics à la recherche d’un emploi de domestique. Malheureusement, leur chemin est souvent parsemé d’embûches. Harcèlement sexuel, jalousie ou méfiance des employeuses, maltraitance, etc., tout peut leur arriver une fois recrutées dans les maisons.
Il est 9h. Le rond-point Liberté 6, lieu de regroupement de jeunes femmes à la recherche d’emploi de domestique refuse du monde. Les klaxons des voitures mêlés aux décibels distillés par la sono de camions en campagne de publicité par-ci, des vendeurs de chaussures et de vêtements qui chantent et crient pour attirer la clientèle par-là, polluent l’atmosphère. A quelques mètres, de jeunes femmes sont assises en petits groupes.
Agées entre 19 et 35 ans, elles sont à la recherche d’un emploi de domestique. « Cela fait une semaine que je cherche du travail, mais en vain », renseigne Yandé Ndiaye qui revient de son village où elle a séjourné pendant deux mois. Debout sur son 1,96 m, le regard foudroyant, cette fille au teint naturellement clair habite le village de Niakhar, dans le département de Fatick.
Après son échec au Bfem en 2011, Yandé décide de prendre en main son destin en venant s’installer à Dakar. Depuis lors, la belle liane au commerce facile se bat pour améliorer son quotidien.
« Une personne doit toujours croire en elle-même. En ce qui me concerne, je déteste la politique de la main tendue. C’est pourquoi je travaille dur pour gagner honnêtement ma vie », explique-t-elle. Non sans déplorer le traitement inhumain que leur infligent certaines « patronnes ». A l’en croire, ces maîtresses de maison pensent que les domestiques font les yeux doux à leurs maris.
« Ce n’est que de la jalousie », pense Awa Cheikh Lô, une habitante du Baol venue du village de Ndangalma. Physiquement, elle est aussi bien dotée par dame nature : longiligne, belle dentition, yeux de biche, longue chevelure et une belle chute de reins. Awa Cheikh n’a rien à envier aux top-modèles ou mannequins. Orpheline de mère à l’âge de 12 ans, elle s’est résolue à travailler comme domestique pour subvenir à ses besoins. Malheureusement, elle est souvent victime de... sa beauté.
« Enlève-moi cette tenue de... »
Awa Lô a déjà offert ses services à quatre ménages, mais elle a provoqué, sans le vouloir, la jalousie des épouses de ses employeurs. « Un jour, j’ai porté une jupe, ma patronne m’a enjoint d’aller mettre un pagne avant le retour de son mari parti au travail », raconte-t-elle. Des cas similaires, elle en a beaucoup vécu. La dernière en date remonte au mois de mai 2014. Engagée par un couple monogame, Awa s’occupait de l’entretien de la maison des « Fall ».
Courageuse et travailleuse, la jeune femme était loin de s’imaginer qu’un jour elle perdrait son travail pour une banale histoire de jalousie. Un vendredi, se rappelle-t-elle, sa patronne, piquée par une colère inexpliquée, lui ordonna de se changer. « Enlève-moi cette tenue de p.. », lui a-t-elle hurlé.
Comme si cela ne suffisait pas, la maîtresse de maison lui fit comprendre qu’une domestique ne doit pas s’habiller n’importe comment à son lieu de travail. Mieux, Madame Fall, sur un ton menaçant, ajouta : « Vous êtes toutes pareilles, vous les bonnes. Mais si jamais tu t’aventurais à flirter avec mon mari, tu verras de quoi je suis capable ».
Ainsi, fatiguée de subir les assauts de sa jalouse patronne, la demoiselle décida d’abandonner le boulot chez les Fall. Et depuis lors, Awa Cheikh cherche en vain du travail. Mais Awa continue de croire à sa bonne étoile et est convaincue qu’elle peut gagner dignement sa vie.
Jalousie débordante d’employeuses
Les domestiques déclarent, très souvent, être victimes de la jalousie débordante de certaines employeuses. C’est le cas de Rokhaya Ly. Âgée de 30 ans, celle qui fut épouse Diouf a travaillé chez le couple Baldé pendant quatre ans.
« Quand j’ai débuté mon travail, tout allait très bien avec ma patronne. Je m’occupais bien de ses enfants en plus des tâches ménagères que je faisais au quotidien. Il arrivait que Mme Baldé me demande de rester dans leur domicile plusieurs semaines. Son mari navigateur s’absentait pendant presqu’un mois. Mais, dès que ce dernier rentrait, elle changeait de comportement. Elle me demandait très souvent de porter des pagnes et de ne pas me maquiller », se souvient-elle.
« Un jour, je me trouvais sous la douche lorsque M. Baldé rentrait de son voyage. Le fait de vouloir regagner ma chambre avec la serviette l’a mise dans tous ses états. Elle pensait que son mari pouvait tomber sur le charme de mes jambes qu’elle trouvait belles », se rappelle-t-elle.
« Quelle est cette façon de s’habiller. Une bonne femme ne sort jamais de la douche à moitié nue », s’écria sa patronne. Et lorsque le mari a voulu la raisonner, Mme Baldé lui a crié dessus en ces termes : «De quoi je me mêle? J’oublie que tu es un adepte de la bonne chère qui tire sur tout ce qui bouge ». Le mari tenta de la calmer en vain, se souvient Rokhaya Ly.
« Pas d’une drianké chez moi »
Téning Diop, une femme d’une rondeur à couper le souffle, a vécu aussi une scène de jalousie à Sacré-Cœur. Un jour, un couple à la recherche d’une domestique la contacta. Mais, lorsque la dame jeta un regard sur elle, elle lança à son mari : « Je ne veux pas d’une drianké chez moi ».
Pour Téning, ce refus n’est rien d’autre que de la jalousie. Oumy Tamba, elle, a vécu le martyre à son ancien lieu de travail. «Au-delà de sa jalousie, ma patronne m’accusait de vol », se souvient-elle. «Ce n’est pas normal qu’une personne qui entretient la maison soit traitée de façon inhumaine. Nous méritons plus de respect», martèle Oumy.
Et elle ajoute que certaines «bonnes » ne mangent que des restes de repas de leurs employeuses. Ce qui fait croire à la demoiselle que les hommes sont plus généreux avec les domestiques que leurs épouses. C’est cette générosité qui, selon elle, pousse certaines maîtresses de maison à accuser à tort les domestiques de voleuses de maris.
CONFIDENCES DE PATRONNES VICTIMES DE « VOLEUSES DE MARI »
Alors que les domestiques accusent les patronnes de jalousie, ces dernières les assimilent à des « voleuses de mari ». Confidences de quelques victimes.
Des employeuses n’hésitent pas à casser du sucre sur le dos des domestiques. Elles accusent ces dernières de faire les yeux doux à leurs époux. Trouvée assise dans son atelier de couture, la dame Salimata Diagne garde de mauvais souvenirs d’une domestique. Elle la déteste.
Pire, Mme Diagne la qualifie de « voleuse de mari ». « C’était une jeune fille très audacieuse. Elle passait tout son temps à charmer mon mari en portant de courtes jupes, des pantalons serrés. Mon mari n’a pas pu résister à la tentation. Ainsi, ils attendaient que je m’absente de la maison pour entretenir des relations coupables. Je les ai surpris sur mon lit conjugal. C’est d’ailleurs la cause de mon divorce », a expliqué Salimata.
Bineta Mbaye est également formelle. Pour cette habitante de la cité Soprim, des domestiques sont bien parfois coupables. «En réalité, elles ne sont pas là pour travailler, mais pour charmer nos maris. En plus, elles instaurent un malaise au sein de la famille », explique Mme Mbaye. « Ma bonne a semé le désordre chez moi. A cause de sa relation coupable avec mon fils aîné, mon mari n’adresse plus la parole à mon garçon », déplore la jeune dame.
Mari surpris avec la domestique
Ces propos font écho à ceux de Khady Fall rencontrée aux Allées du Centenaire. « Ne me parlez plus de ces voleuses de mari qui se cachent derrière leur habit de domestique de maison », s’offusque-t-elle. Dorénavant, Khady écarte toute idée d’engager une domestique chez-elle.
A l’en croire, ces femmes de ménage passent tout leur temps à provoquer les chefs de famille. « Tout au début, ma bonne s’habillait correctement. Mais avec le temps, elle a commencé à porter des habits courts, à se maquiller de façon extravagante et, du coup, à me manquer de respect », raconte-t-elle.
Mme Fall justifie l’attitude de sa domestique par la mauvaise fréquentation. « La confiance et le respect qui constituaient le sceau de notre compagnonnage ont été bafoués par cette fille », se désole Khady qui précise que sa bonne a vécu chez elle pendant plus de quatre ans.
En tout état de cause, l’habillement des domestiques n’enchante pas les femmes. Un accoutrement « osé » est perçu comme un clin d’œil au mari de la patronne. Raison pour laquelle il est fréquent de voir certaines patronnes résilier le contrat de leur employée à cause de son habillement. D’une manière générale, plusieurs patronnes ne font pas confiance aux employées domestiques. Une méfiance réciproque qui caractérise le plus souvent les relations entre l’employée et sa patronne.
« Elles ne veulent pas nous voir bien habillées »
La jeune demoiselle Mbéri Diaw rencontrée à Ouakam se fait l’avocate des domestiques. Debout sur son mètre 50m, très raffinée, d’une noirceur d’ébène avec une belle dentition, Mbéri estime que l’argument des employées ne tient pas la route. « Cela fait deux mois que je cherche du travail en vain », confie la Kaolackoise de 22 ans.
Non sans déplorer l’attitude des maîtresses de maison qui les « accusent à tort » de voleuses de mari. «C’est de la méchanceté. Elles ne veulent pas nous voir porter de beaux habits. Ces femmes pensent qu’une domestique est un moins que rien », peste-t-elle. Pour elle, l’attitude de certaines maîtresses de maison n’est rien d’autre que de la jalousie.
Yacine, domestique devenue l’épouse de son ex-patron veuf
De toutes ces expériences malheureuses de domestiques de maison, Yacine F., originaire de la région de Kaolack, est la seule à pouvoir se glorifier d’une issue heureuse. Trouvée dans son foyer à Ouest Foire, l’ancienne domestique nous raconte sa vie de « bonne ». Après son divorce, Mame Yacine, comme elle aime être appelée, a posé ses baluchons à Dakar.
Agée d’environ trente ans, la Kaolackoise qui, comme beaucoup de ces jeunes filles de sa région d’origine, était à la recherche d’un mieux-être. « J’étais loin de m’imaginer qu’une nouvelle chance pouvait me sourire. J’ai vécu l’enfer dans trois familles où j’ai eu à offrir mes services », se souvient-t-elle.
Ses patronnes l’obligeaient à travailler jusque tard dans la nuit. Non seulement elle gagnait peu d’argent, mais à la fin du mois, on l’accusait de vol et refusait de lui payer son salaire. Un jour, alors qu’elle venait d’être jetée comme une malpropre de la maison de sa dernière patronne, Mame Yacine a fini par rencontrer la voie du salut. Elle raconte qu’après deux semaines d’attente, son actuel mari accompagné de sa fille aînée, à l’époque âgée de dix-huit ans, l’a recrutée.
Belle avec un physique impressionnant, l’ex-domestique, d’un commerce facile, a toujours refusé d’être la « bonne à tout faire ». Néanmoins, elle a joué le rôle « d’épouse » dans tous les foyers où elle a eu à travailler. «Je m’occupais de l’entretien de la maison, de la cuisine et de la lessive de toute la famille», a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, Mame Yacine F. est épanouie car elle a finalement gagné le cœur de la demoiselle Sophie qui a persuadé son père veuf de l’épouser. L’homme finit par trouver l’âme sœur après un long veuvage.
Depuis lors, Yacine vit dans un bonheur total avec les enfants de son mari. Ces derniers la chérissent comme leur propre mère. Cette nouvelle vie matrimoniale lui a ouvert les portes d’une reconversion. L’ex-domestique est devenue une commerçante. Celle qui s’occupait de la progéniture des autres est aujourd’hui mère de deux enfants. Ce qui a apporté la joie de vivre dans son foyer, son ancien lieu de travail.
JUSTICE ET EQUITE AU TRAVAIL
L’Ajs appelle au respect des textes
Bien qu’il existe des textes de loi sur le personnel domestique, le marché de l’emploi demeure « informel » et échappe largement au règlement en vigueur. Pour plus de justice et d’équité, la chargée de programme à l’Association des juristes du Sénégal (Ajs) appelle à la sensibilisation des domestiques et l’application des conventions internationales.
Des brimades, des humiliations, des conditions inhumaines et dégradantes de travail, inexistence d’une prise en charge médicale, précarité de l’emploi, entre autres. Telles sont les nombreuses violations de droits que subissent les domestiques de maison. En plus d’avoir à subir toutes ces injustices, ces employées de maison endurent, pour certaines d’entres elles, le harcèlement sexuel des hommes membres de la famille, les violences physiques et autres souffrances au quotidien tout comme le harcèlement moral de la patronne.
Face à ce phénomène, il est important de fixer les règles du jeu en posant la question de savoir qui est domestique, ce qu’en dit la loi et comment faire respecter leurs droits. Citant la loi n°97-17 du 1er décembre 1997 portant Code du travail au Sénégal, et à la Convention 189 de l’Oit qui offre une protection spécifique aux travailleurs domestiques, la secrétaire générale adjointe de l’Association des juristes du Sénégal (Ajs) a fait savoir que cette convention fixe les droits et principes fondamentaux, et impose aux Etats de prendre une série de mesures en vue de faire du travail décent une réalité pour les travailleurs domestiques.
Khady Bâ a précisé que la convention a été ratifiée par 13 pays. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne, de l’Argentine, de la Bolivie, du Costa Rica, de l’Equateur, de la Guyane, de l’Italie, de l’Ile Maurice, du Nicaragua, du Paraguay, de la Philippine et de l’Uruguay. Cependant, la Colombie et la République dominicaine sont en cours de ratification.
Invoquant l’Arrêté n° 0974 du 23 janvier 1968 qui a été modifié et complété par l’Arrêté ministériel n° 3006 du 20 mars 1972 qui détermine les conditions générales d’emploi des domestiques et gens de maison au Sénégal, la juriste définit le « gens de maison ou domestique » comme étant tout salarié embauché au service d’un foyer et occupé d’une façon continue aux travaux de la maison.
Toutefois, elle précise que le personnel à temps partiel embauché pour une durée inférieure à 20 heures de présence par semaine ne relève pas du présent arrêté et demeure régi par les seules stipulations des parties. En cas de litige dans l’exécution ou l’interprétation des conditions de travail, la chargée de programme à l’Ajs a indiqué que l’Inspection régionale du travail est compétente en la matière. Et d’ajouter que « même si sa saisine n’est pas obligatoire, le tribunal peut être saisi directement de même que le Tribunal du travail ».
Par contre, lorsqu’il s’agit de violence, harcèlement, coups et blessures dont l’employée de maison est victime, il peut porter plainte ou saisir le tribunal départemental en vue d’une réparation. «Pour plus de justice et d’équité, il convient d’appliquer les textes pour le respect d’un Etat de droit, de sensibiliser le personnel domestique, les employeurs au respect des devoirs et obligations de chaque partie, et surtout de faire un plaidoyer pour la ratification de la Convention 189 de l’Oit ».
Par BACARY DOMINGO MANE
ELLES NE SAVENT PAS CE QU’ELLES FONT !
L’habillement indécent des jeunes filles est une remise en question de cette socialisation, des valeurs qui cimentent les liens sociaux. Il n’est pas simplement un assemblage de morceaux de tissus, le vêtement informe sur notre personnalité et ...
Jeans déchirés, croque-top, check-down, joumbax-out…Dans un avenir proche, très proche, elles seront en costume d’Adam et l’on parlera de la mode des nudistes. C’est à se demander, pour qui s’habillent ces jeunes adolescentes ? Cette question a tout son sens, si l’on refuse de se laisser piéger par l’apparence de liberté dans le port vestimentaire de ces adolescentes. Elles sont plutôt exposées, à longueur de journée, au diktat de la mode qui utilise toute sorte de manipulations pour repousser les frontières du marché du vêtement.
Dans un monde où l’habit fait le moine, l’on peut aisément comprendre que ces jeunes filles soient jugées par leur apparence. Et pour éviter la marginalisation, ces jeunes qui se disent au Top, se fondent dans la masse, par mimétisme «inintelligent» dont elles ignorent les véritables ressorts. Ce comportement vestimentaire s’observe dans nos lycées et collèges où plus d’une élève est rejetée par le groupe au motif qu’elle n’est pas dans l’air du temps. Ces jeunes «traumatisées » par le regard « évaluateur » des autres, finissent par se conformer à ce qu’on leur montre au lieu d’être soi-même. Et quand elles mordent à l’appât de la publicité, ce sont les pauvres parents qui doivent maintenant subir les caprices de ces jeunes.
L’adolescence est cette étape de la vie où le jeune cherche des modèles. C’est pourquoi, il n’est pas toujours évident, pour ces ados, d’assumer leur propre vision des choses, encore moins un style vestimentaire en marge de celui du grand nombre.
Ces jeunes filles qui arborent fièrement, parfois avec une absence déconcertante de pudeur, ces croque-top, sont en âge où le corps se transforme. Surtout, celles qui sont fières de leurs formes, n’hésitent pas à se servir de leur corps comme appât. Comme si elles réduisaient simplement leur corps à un tas de chair et de muscles, sans lien avec l’esprit.
Ces modes qui exhibent les parties les plus sensibles du corps fonctionnent comme des marqueurs sexuels. C’est pourquoi l’attitude de certains parents est parfois difficile à comprendre lorsqu’ils semblent encourager ces ados à s’habiller comme elles l’entendent, sous prétexte que leur âge peut justifier toutes les folies. Qu’est-ce qu’ils font de la socialisation, de l’éducation où il est demandé à l’individu de tenir compte des autres ?
L’habillement indécent des jeunes filles est une remise en question de cette socialisation, des valeurs qui cimentent les liens sociaux. Il n’est pas simplement un assemblage de morceaux de tissus, le vêtement informe sur notre personnalité et nos origines sociales. C’est un état d’esprit que l’on véhicule, un message qu’on envoie aux autres, en somme, le port vestimentaire est une communication non verbale.
Ces jeunes filles qui se disent au top, ont tout perdu jusqu’à la liberté de choisir, par conséquent elles ne savent pas ce qu’elles font.
MODE VESTIMENTAIRE FEMININE EN CE TEMPS DE VACANCES : TAILLE HAUTE, JEANS DECHIRES… ET (CROQUE-TOP) : Le look estival des jeunes filles au top
Le rond-point sandaga est un carrefour idéal pour observer les tendances de la mode vestimentaire féminine en ce temps de vacances. les «croques-top» (petits hauts débardeurs à bretelle) font tendance cet été. Il s’y ajoutent les jeans déchirés et robes multicolores en dentelle ou en mousseline, pantalons et jupes à taille haute, sont prisés par les jeunes filles. Mais ces choix vestimentaires peuvent faire débat.
DRAME A YOFF VIRAGE : Un Portugais tue sa femme sénégalaise et se donne la mort
Les habitants de Yoff Virage sont encore sous le choc. Car témoins d’un effroyable drame qui a mis en scène un Portugais et son épouse Sénégalaise. En effet, Emmanuel Sanchez s’est donné la mort après avoir froidement tué son épouse Fama Diop. Le mobile de ce crime survenu hier est encore inconnu. La police a ouvert une enquête.
RUFISQUE-OPERATION TOXUVERS LE GRAND PARTI : Gackou saigne l’Afp au Nord
Le parti de Moustapha Niasse a pris de l’eau à Rufisque. Déjà, en léthargie dans le département, l’Afp a subi une grande saignée dans la commune de Rufisque nord où tous les responsables ont rejoint le Grand parti de Malick Gackou, avec militants et moyens. Mais dans le camp des fidèles du responsable départemental du parti de Niasse, on minimise
PELERINAGE A LA MECQUE 2015 :Le premier vol prévu le 7 Septembre
Les formalités pour le pèlerinage prendront fin ce 15 août et le premier vol de pèlerins sénégalais à destination des lieux saint de l’Islam décollera le 7 septembre 2015. En tout 6 vols sont prévus pour convoyer les 10.500 pèlerins et la Commissariat général au pèlerinage souligne que les objectifs sont atteints aussi bien pour la commission que pour les privés.
COMMENTAIRE : Elles ne savent pas ce qu’elles font !
Jeans déchirés, croque-top, check-down, joumbaxout… Dans un avenir proche, très proche, elles seront en costume d’Adam et l’on parlera de la mode des nudistes. C’est à se demander, pour qui s’habillent ces jeunes adolescentes ? Cette question a tout son sens, si l’on refuse de se laisser piéger par l’apparence de liberté dans le port vestimentaire de ces adolescentes. Elles sont plutôt exposées, à longueur de journée, au diktat de la mode qui utilise toute sorte de manipulations pour repousser les frontières du marché du vêtement.
La transformation des céréales locales comme le mil en couscous et autres produits dérivés, est devenue une des principales activités des Groupements d’intérêt économique (Gie) féminins. A Yeumbeul, le Gie Ndajé 2 s’active dans ce domaine, en veillant aux normes d’hygiène et de qualité pour dominer la concurrence. Respectueuses des normes d’hygiène et reconnues avec la certification Fra décernée par l’Ucad, ces femmes veulent aller à la conquête du marché européen.
Sur une large natte étalée au milieu de la grande salle de la Maison des femmes de Yeumbeul, les huit membres du Groupement d’intérêt économique (Gie) Ndajé 2 sont assises, un grand bol entre les mains. Elles arborent des blouses bleues, ont la tête couverte, les pieds nus et ont le nez couvert de masque. Une main plonge dans un récipient, se saisit d’une poignée de farine de mil et la roule sur les rebords.
Au fil de l’opération, des boulettes, appelées en wolof « araw », se forment. Un seau contenant de l’eau de javel est disposé à proximité de chaque travailleuse et, de temps en temps, elles en aspergent la bolée pour l’humidifier.
Se laver les mains à l’eau de javel
Une fois les boulettes formées, la deuxième étape consiste à séparer le sous-produit qui servira à la préparation du couscous de celui qui deviendra du « thiakri »(couscous aux grains plus gros et consommé avec du lait). Pour ce faire, deux tamis, dont les mailles sont de diamètres distincts, sont utilisés : le tamis fin pour la préparation du couscous et celui de diamètre plus grand pour le « thiakri ». Les transformatrices agitent les tamis. Le grain qui n’a pas traversé le tamis est reversé dans le bol pour être retravaillé.
Ensuite, il est repassé aux mailles jusqu’à ce qu’il ait le diamètre requis pour les traverser. L’objectif est de produire 50 kg de couscous et 20 kg de « thiakri» pour la journée. La dextérité de leurs gestes est le fruit de six ans de pratique de la transformation. Rien qu’à les entendre travailler, la passion pour cette activité transparaît.
« A qui est cette farine ?», demande Coumba Fall, la travailleuse la plus avancée dans l’ouvrage, en désignant une petite marmite. « C’est la part de Awa Mbodj (ndlr : la présidente») » répond sa collègue Khoudia Sarr. Les femmes se sont partagé la tâche avec, pour chacune, le contenu de neuf tamis à traiter.
Le groupe qui doit travailler ce mardi est composé de douze éléments mais, des quatre absentes, les trois sont excusées (pour veuvage et maladie). Awa Mbodj, elle, devra s’acquitter de sa tâche une fois sur les lieux.
De temps en temps, un intrus pénètre dans la salle, une tasse de café et un morceau de pain dans les mains. La plupart des transformatrices habitant dans les parages, préfèrent commencer le travail avant de sacrifier au rituel du petit déjeuner.
Une cliente : « ma tante m’a conseillé votre Gie »
Ayant reçu son repas, Khoudia Sarr invite ses collègues à partager, ce qui donne lieu à un échange de quolibets empreint du cousinage à plaisanterie sénégalais. Ce moment de détente est interrompu par l’irruption de deux jeunes filles. Kari et son accompagnatrice viennent de Guédiawaye pour commander 30 kg de couscous pour les funérailles d’un parent. « Je dois aller à la messe aujourd’hui, pouvez-vous me le livrer chez moi ? », demande la cliente.
Après maintes explications sur la maison mortuaire et les conditions du transport (qui se fera aux frais de l’acheteuse, après livraison), Kari verse les 19.500 FCfa de la commande. « Ma tante qui avait bénéficié de vos services lors de son mariage, m’a conseillé votre Gie », revèle-t-elle à ses fournisseuses. « Ne vous en faites pas, avant 18 heures, tout sera livré. Vous ne regretterez pas d’être venue jusqu’ici », la rassure Khoudia.
C’est à ce moment qu’Awa Mbodj, la présidente de la filière célérales locales, arrive. Cette femme d’une cinquantaine d’années, de constitution robuste, est à la fois énergique et très sereine dans ses gestes. Elle est briefée sur l’opération en cours par Khoudia qui lui remet en même temps l’argent de la commande. La dirigeante s’enquiert d’un détail : « Quand viendra le vendeur de « laalo » (ndlr : poudre utilisée pour faciliter la déglutition du couscous) ? ».
« Il viendra aujourd’hui bien avant 18 h » précise Fatoumata Faye, pour rassurer Mme Mbodj sur le respect du délai de livraison. Après avoir pris les numéros de la présidente du Gie et celui de Khoudia, la vendeuse permanente, Kari et son accompagnatrice prennent congé, sur les prières pour le repos éternel du défunt, formulées par les productrices.
Des commandes venant de partout
« Nous recevons des commandes des Parcelles, de Ouakam et de partout dans Dakar », s’enorgueillit Awa Mbodj, vantant le mérite des produits que Ndajé 2 met sur le marché, tout en se dirigeant vers le seau d’eau de javel (opération nécessaire avant de toucher à la farine).
Elle ajoute : « La preuve, c’est que les boutiques, ravitaillées par des vendeuses de couscous, vendent le kilogramme à 450 FCfa ou 500 FCfa alors que nous les concurrençons en proposant les mêmes produits à 600 FCfa le kilogramme ».
En effet, les opérations de triage, de vannage, de tamisages répétitifs épargnent à leurs clients la désagréable surprise de trouver des impuretés dans les céréales (caillous, brins d’herbes), chose assez fréquente pour les produits de la concurrence. L’usage de l’eau de javel d’un bout à l’autre de la chaîne de fabrication, le conditionnement des produits finis sont des compétences qu’elles ont acquises d’une formation diplômante de l’Ong Enda en 2009.
La plupart des travailleuses ont terminé la tâche. Seule la dernière venue, Mme Mbodj, avait encore à faire et Coumba Fall s’est proposeé pour l’aider. Elles s’affairent encore autour des bols. Fatoumata Faye et Seynabou Faye sont chargées de la dernière opération de la journée : la vaporisation. Sur un foyer de bois, une marmite supporte un récipient contenant la farine granulée. D’ici à une heure d’horloge, il ne restera plus qu’à mélanger le couscous refroidi avec le « laalo » pour qu’il soit prêt à être livré.
14.000 FCfa de bénéfice pour 50 kilos vendus
Pour 50 kilos vendus, quel que soit le produit, près de 14.000 FCfa de bénéfices sont réalisés. Un profit englouti par « les charges de fonctionnement et l’investissement en matériels » se plaint Mme Mbodj qui, montrant le bol en plastique cassé avec lequel elle travaille, lance : « Ce bol, il me faudra le changer à la findumois!».
L’équation de l’approvisonnement
Les moyens financiers limités du Gie pèsent sur la bonne maîtrise de la chaîne d’approvisionnement en céréales locales. « Si nous avions les moyens d’acheter directement à partir des champs, nos produits reviendraient beaucoup moins chers », déclare Awa Mbodj. Elle note aussi qu’elles auraient pu disposer de trois mois de stock en prévision de l’hivernage pour éviter que les intempéries n’anéantissent le fruit d’une semaine de labeur, mis à sécher sur le toit.
A la recherche de partenaires pour exporter vers l’Europe
La présidente du Gie Ndajé 2, Ndeye Warka Gueye est en quête de solutions pour aller à la conquête du marché européen, selon la permanente et chargée des ventes, Khoudia Sarr : « si elle (la présidente) réussit à décrocher des partenaires, nous pourrons exporter les céréales vers l’Europe, vu que nous disposons de la certification Fra du laboratoire de l’Ucad ».
Et pourtant, la mention « Fra », qui atteste de la qualité du produit, ne figure pas sur les emballages des produits qui sont vierges. La production d’emballages personnalisés avec logo et mention « Fra » coûte 750.000 FCfa, une somme « hors de portée » de l’organisation, explique sa présidente, Awa Mbodj.
L’achat en grande quantité à partir de l’intérieur du pays, l’ouverture de la boutique, la confection d’emballages personnalisés, l’exportation vers l’Europe, tels sont les défis actuels du groupement
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À ABIDJAN, GUERRE IMPOPULAIRE CONTRE LA DÉPIGMENTATION DE LA PEAU
Le blanchiment de la peau est une pratique très courante chez les Ivoiriennes. Et malgré les lois qui l'interdisent, nombreuses sont celles qui pensent que c'est le must de l'esthétisme
AFP - "Moi j'aime (le) teint clair ! Je ne peux pas arrêter." Fatou, la peau du visage marbrée de l'avoir trop enduite de produits éclaircissants, ne cessera pas d'en utiliser, malgré une récente interdiction décrétée par le gouvernement ivoirien.
Agée de 26 ans, Fatou, tresseuse de cheveux à Adjamé, un quartier commerçant d'Abidjan, est qualifiée de femme "salamandre", du nom de ce petit amphibien dont certaines sous-espèces ont la peau si translucide qu'on en voit les veines.
Comme Fatou, un nombre incalculable d'Ivoiriennes - et de plus en plus d'Ivoiriens - se font blanchir le derme. De la communicante à la vendeuse de marché, en passant par des vedettes de la chanson.
Si aucun chiffre n'est disponible, les "tchatchos" (dépigmentées), également reconnaissables à la peau plus foncée recouvrant leurs articulations (phalanges, coudes), sont omniprésentes à Abidjan.
"Ce sont les hommes qui poussent les femmes à devenir claires", se justifie Marie-Grâce Amani, qui se dépigmente depuis quatre ans.
Une accusation reprise par la ministre ivoirienne de la Santé, Raymonde Goudou Coffie : les Ivoiriens "aiment les femmes qui brillent la nuit !", ironise-t-elle lors d'un entretien avec l'AFP. "Elles apportent la lumière, luisent dans la chambre..."
Et entament surtout leur capital santé. De nombreux produits éclaircissants fragilisent la peau jusqu'à provoquer l'apparition de tâches blanches, cicatrices, plaques de boutons, cancers...
Ces lotions et autres savons engendrent également des "maladies internes", comme l'hypertension et le diabète, avertit le Pr Elidjé Ekra, du service de dermatologie d'un Centre hospitalier universitaire (CHU) abidjanais.
"On sait bien que nos produits éclaircissants sont nocifs", soupire un cadre d'une entreprise cosmétique ivoirienne, pour qui leur interdiction complète serait pourtant contre-productive: "Cela pousserait les consommateurs vers les préparations artisanales, qui sont bien pires encore". "Chez nous, on en connaît au moins la composition", observe-t-il.
Le gouvernement ivoirien a en effet interdit fin avril par décret les produits de dépigmentation, particulièrement s'ils contiennent du "mercure et ses dérivés", des "corticoïdes", de la "vitamine A" ou encore de "l'hydroquinone au-delà de 2%".
L'hydroquinone, un agent blanchissant prohibé en Europe, qui sert notamment de révélateur photographique, "a un effet décapant" passé ce seuil, selon un cadre de la direction nationale de la pharmacie.
"Ce décret n’a souffert d'aucune contestation en Conseil des ministres", suscitant une réelle unanimité pour "protéger les populations", se félicite Mme Goudou Coffie, qui l'a porté.
- Impact minime -
Deux mois après son adoption, son application reste toutefois fort relative.
"Pour un teint kpata" ("propre et clair"), "Mousso gbè" ("Femme claire", en langue dioula) : les salons de beauté d'Abidjan rivalisent toujours d'ardeur pour blanchir la femme ivoirienne.
Les savons "purifiants" et "éclaircissants" continuent d'être vendus. Leurs noms - "Glow and white" (lueur et blanc), "Body white" (corps blanc), "Dynamiclair" - laissent peu de place à l'équivoque.
Seul le "Teint choco" pourrait faire croire à un retour du "black is beautiful". Sauf qu'en nouchi, la langue de la rue abidjanaise, "choco" veut dire "joli", et que ce savon "au beurre de cacao" propose un visage bien clair sur son emballage.
"Après la sensibilisation, nous allons passer à une autre phase consistant à retirer les produits interdits du marché", promet la ministre Raymonde Goudou Coffie.
Un comité national d'évaluation et d'autorisation de commercialisation a été mis en place pour veiller à l'application des mesures. Les contrevenants seront soumis à des amendes allant de 50.000 à de 350.000 francs CFA (76 à 534 euros).
Mais ces peines, faute d'un "décret d'application", restent théoriques, regrette le Pr Ekra. Enchanté par l'initiative gouvernementale, le dermatologue déplore que le texte ne demeure en l'état qu'une "coquille vide". Plus grave, la quête de la blancheur demeure. Les visages éclaircis continuent de proliférer sur les panneaux d'affichage publicitaire à Abidjan.
"On voit toujours des femmes à la télé nationale abonnées aux produits décapants", peste le dermatologue, qui s'interroge : "est-ce que celles qui incarnent l'Etat respectent la mesure ?".
"Le produit éclaircissant ? On dit aux gens que ce n'est pas bon pour leur santé, mais si eux trouvent quelque chose de bien là-dedans... On ne peut pas interdire à quelqu'un de faire ce qu'il veut", philosophe Paul Aristide Kadia, qui en vend.
Au Sénégal, la société civile s'était mobilisée en 2013 pour lutter contre la dépigmentation, sans toutefois réussir à faire interdire les produits éclaircissants.