La problématique de l’accès à la terre demeure toujours une réalité au Sénégal. Surtout en zone rurale où des populations, en particulier des femmes et des jeunes, peinent à détenir des terres. Aussi, dans les différentes zones éco-géographiques du pays, l’héritage, le legs, le don et le prêt sont les principaux modes d’accès au foncier. Or, les femmes, dans certaines localités, n’héritent pas de terres. Et les jeunes non plus n’y ont pas droit dans certaines contrées. Ces types d’accès antérieurs à la loi sur le Domaine national gardent encore une grande légitimité sociale au sein de nos sociétés très conservatrices.
Cette situation propre à bien des localités du Sénégal, les populations de Lohéne Malé, la vivent au quotidien. Situé dans la commune de Ndiédieng, à 46 km de Kaolack, le village de Lohène Malé est, en effet, confronté à cette problématique du foncier. Les femmes aussi bien que les jeunes y rencontrent toutes les difficultés du monde pour accéder à la terre qui constitue, pourtant, leur seule source de revenu.
La loi sur le Domaine national n’y fait rien, au village de Lohène Malé les femmes n’ont pas droit d’hériter de la terre à cause de certaines croyances comme la tradition, mais aussi la loi musulmane. Et c’est une jeune mère de famille visiblement atteinte par cette réalité, en l’occurrence Khady Diassé, qui attire d’emblée notre attention sur cette situation qui prévaut dans cette localité.
Les femmes et les jeunes victimes des pesanteurs sociales et religieuses
«Nous, les femmes du village, nous n’avons pas droit à la terre parce qu’on applique la loi islamique ici. Comme vous le savez, les femmes ne restent pas chez leurs parents, elles vont rejoindre leur mari comme le recommande nos us et coutumes. Ce sont seulement les hommes qui héritent de la terre et qui sont les seuls à pouvoir y accéder», se désole-t-elle.
Lui emboîtant le pas, Ramou Thiam, une jeune fille qui affiche une mine de vieille dame, malgré son jeune âge, souligne que «le paradoxe, est que bien que les femmes n’ont pas accès à la terre, ce sont elles qui, généralement, cultivent la terre pour leur époux». Indignée par cette situation et par les conditions pénibles auxquelles toutes les femmes sont confrontées à Lohène Malé, cette autre paysanne, du nom de Arame Mbodji de marteler : «Ce sont les hommes qui héritent de la terre ici. C’est eux qui possèdent les terres et ils refusent catégoriquement de nous céder ne serait-ce que quelques lopins. Ils disent que les femmes doivent rester à la maison et s’occuper des enfants. Et le comble dans tout ça, c’est que c’est nous les femmes qui cultivons leurs champs».
Politiques et autorités municipales pointés du doigt
Cette situation dont sont victimes les femmes et les jeunes est imputable aux hommes, mais aussi aux autorités municipales qui ne les ont pas du tout aidés pour l’acquisition de terres. En tout cas c’est l’avis de plusieurs mères de familles et de jeunes que nous avons rencontrés. A ce propos, Ndèye Kébé, mère de famille trouvée sous l’arbre à palabre, déclare : «Le peu de terres dont disposent les hommes sont gérées d’une façon discriminatoire. Ils refusent de les partager avec les femmes. C’est ça le problème dans ce village, comme ailleurs dans cette zone. Pis, nous n’avons aucun soutien de la part des autorités qui gèrent le foncier pour mettre un terme à cette injustice. Vraiment l’accès à la terre constitue un énorme problème pour nous».
Pour conforter ces propos Ndèye Diassé, une autre femme du village qui vit la même situation dit: «Ici, nous n’avons ni terre ni eau. On ne sait vraiment pas quoi faire pour sortir de cette situation pénible, nos maris et les autorités nous regardent nous débattre dans cette galère». «Pour vivre, on est obligé de faire du petit commerce, de vendre du poisson, des légumes, de partir dans les ‘louma’ acheter tout ce qu’on peut et revenir le revendre. Si on ne le fait pas, nos enfants vont mourir de faim. Pendant l’hivernage, on accompagne nos maris dans les champs pour cultiver et après, c’est la misère», dit-elle, quelque peu dépitée par son quotidien dans ce village du fin fond du Saloum.
Les mis en cause se défendent
Lamine Lo, le président de l’Association des jeunes de Lohène Malé, confirme que ces femmes «réclament parfois des terres à leurs maris, mais ces derniers refusent de leur céder des parts, malgré des semences à leur disposition. Mais ces propos sont réfutés par la plupart des pères de familles détenteur de terres que nous avons interrogés. Même s’ils reconnaissent qu’ils n’ont pas assez de terres pour en distribuer aux femmes, ils déclarent mordicus qu’ils partagent le peu qu’ils ont avec elles.
A ce propos, Ismaïla Lo, père de famille confie : «Pour les récoltes issues de mes terres, je vous assure que toute la famille en bénéficie. Parce que c’est tout le monde qui travaille, jeunes comme femmes. Le seul problème c’est que nous n’avons pas assez de terres pour en donner à nos épouses». Abondant dans le même sens, Maguette Lo ajoute: «Il faut que les femmes comprennent que nous n’avons pas beaucoup de terres pour cultiver, c’est ce qui justifie qu’on ne peut pas en donner. Il faut surtout qu’elles comprennent que nous travaillons pour elles. Tout ce que nous faisons, c’est pour elles».
CONSEQUENCE DU NON-ACCES DES FEMMES ET DES JEUNES A LA TERRE A LOHENE : Entre divorces, éclatement des familles, chômage et exode rural
Le non-accès à la terre des femmes et des jeunes du village de Lohène Malé a des conséquences très néfastes sur ces villageois. Comme en témoigne les divorces répétés, avec des familles qui volent en éclats et un chômage des jeunes grandissant.
Il suffit de faire un tour dans le village de Lohène Malé pour se rendre compte qu’il y a plus de vieux que de jeunes. Les quelques jeunes que nous avons rencontrés sont unanimes dans leur version : «Nous sommes là en train de nous tourner les pouces dans des discussions interminables, à longueur de journée, faute d'occupation». La majorité des jeunes de Lohène Malé, selon les parents que nous avons interrogés, ont fui le village, en quête d’un avenir meilleur à cause d’un manque de terre où cultiver, car ici, il n'y a rien d'autre que l'agriculture. Et ceux qui n'ont pas de terre pour cultiver sont condamnés à l'oisiveté.
Ainsi, ces jeunes qui quittent le village, souvent, ont comme destinations privilégiées la capitale régionale, Kaolack, où encore Dakar. «On est obligé de quitter le village pour aller à Kaolack ou à Dakar pour chercher du travail. Malheureusement, la situation est encore plus infernale», explique un jeune du nom de Mbaye Lo. «Moi qui suis cultivateur, je n’ai aucune autre qualification que l’agriculture. Je suis obligé d’être marchand ambulant ou d'être journalier pour survivre et faire vivre ma famille», dit-il.
Alassane Dieng, qui dit être un des rares jeunes à rester dans la localité, même s’il avoue que ses jours sont comptés pour quitter le village, avoue : «Notre problème ici, c’est que nous n’avons pas accès à la terre. Nous sommes donc obligés de quitter le village pour la ville, afin de trouver du travail. Je crois que vous avez fait le constat, presque plus de la moitié de nos jeunes ont quitté le village. Il ne reste que les vieux, les femmes et les enfants».
Lamine Lo, le président de l’Association des jeunes de Lohène Malé, est formel sur la question. «Tous les jeunes de ce village, hormis ceux qui ont préféré l’exode rural, sont des chômeurs, à commencer par moi. Et durant la saison sèche - puisqu’il n’y a pas d’eau pour cultiver - on ne fait absolument rien. On reste les journées à nous tourner les pouces».
Quand les jeunes perdent espoir et dignité
Dans ce village très enclavé et difficile d’accès, perdu au milieu de nulle part dans le Saloum, ce ne sont donc pas seulement les femmes qui peinent à obtenir des terres pour cultiver et faire vivre convenablement leurs familles. Les jeunes du village de Lohène Malé sont également dans la même situation.
«Comme les femmes, nous les jeunes du village, nous avons le même problème. C’est-à-dire avoir des terres pour cultiver. Notre seule activité dans ce village, c’est l’agriculture, mais hélas nous avons des difficultés à accéder aux terres comme nos mères», explique avec amertume Alassane Dieng, ce jeune qui venait à peine de rentrer des champs, selon qui, cette situation est mal vécue par tous les jeunes de ce village et même ceux des villages environnants, comme Payemar, Mboutaye Sérère, Ngondiaye et Keur Sakho.
Le président de l’Association des jeunes de Lohène Malé renseigne : «On est des jeunes certes, mais nous avons des femmes. Malheureusement, nous sommes incapables de subvenir à leurs besoins». Et il confie qu’«il arrive très souvent que ma femme me demande la dépense quotidienne sans que je puisse lui donner un sou. Et c’est valable pour tous les autres jeunes qui se réveillent dans ce village. Au finish, nous sommes des misérables, des incapables au sein de nos familles. Nos femmes ne nous respectent plus, parce que ce sont elles qui tiennent les maisons».
Embouchant la même trompette, son ami Abdou Lo, la mine triste explique : «Personnellement, je fais tout pour m’en sortir, mais les choses sont compliquées. Je suis allé plusieurs fois à l’aventure dans des villes comme Tambacounda, Dakar et aussi à Thiaroye comme marchand ambulant, mais ce que je gagnais ne me permettait pas de nourrir ma famille. Moi-même, j’avais des problèmes pour subvenir à mes besoins. Je n’avais même pas où habiter, parce que je ne pouvais pas me payer une chambre. Et pour dormir la nuit, je squatte les rues et les devantures des cantines des marchés. Et c’était vraiment très pénible».
Divorces et éclatement des familles
Les nombreux divorces et éclatement des familles sont l’autre conséquence désastreuse qui découle de la difficulté de ses «paysans sans terre» à accéder à la terre, qui est pourtant leur unique source de revenue. Et pourtant, ce sont les femmes qui font vivre la famille, les hommes se trouvent dans l’incapacité de subvenir aux besoins de ces dernières, selon les nombreux témoignages que nous avons recueillis auprès des jeunes et des femmes. Une situation qui a amené de nombreuses disputes et bagarres qui ont débouché souvent sur des divorces, comme le confirme le sage du village en l’occurrence Souleymane Dieng.
Ce dernier soutient en effet qu’«à cause de ce problème d’accès à la terre, plusieurs couples se sont disloqués. Les épouses ne supportent pas la situation, elles plient bagages et retournent chez leurs parents. Et si ne sont pas les divorces, ce sont des disputent interminables tous les jours. Ce que confirme Codou Thiam, une femme victime de cette situation. «Nous sommes fatiguées et nous vivons dans des conditions inhumaines. Nous n’avons ni revenus, ni ressources pour faire vivre et éduquer nos enfants. Malgré cette situation, nos maris ne pensent même pas à nous céder des lopins de terres. C’est pourquoi on est obligé de prendre nos destins en mains et souvent on quitte le domicile conjugal», avoue-t-elle.
Diémé Thiam, un autre jeune du village, clame: «très souvent, on se contente d’un seul repas toute la journée. C’est la raison pour laquelle des femmes partent souvent chez leurs parents se plaindre du comportement de leurs maris, parce qu’ils ne leur donnent pas la dépense pour nourrir la famille. C’est vraiment pénible et notre dignité ne nous permet pas de faire certaines choses. Mais nous n’avons vraiment pas les moyens de faire face à nos besoins. Ce sont ces genres de situations qui ont fait voler plusieurs familles en éclats ici».
Tueries entre villageois à cause des litiges fonciers
Cette problématique de l’accès à la terre entraîne également parfois des bagarres entre villageois. «Parfois, il y a des querelles entre les habitants des villages environnants. Quelqu’un peu venir dans ton champ et te dire que ce sont ses terres à lui sans brandir des documents l’attestant. Ce qui occasionne des disputes et des bagarres entre cultivateurs. La preuve, dans le village voisin de Keur Ali Bassi, l’année dernière, deux chefs de villages ont été tués dans ces mêmes circonstances. L’un des chefs s’est bagarré avec un autre cultivateur et l’a tué. Et quand les gens du village de la victime ont entendu la nouvelle, ils se sont précipités sur le lieu du crime et se sont vengés en tuant l’autre chef de village», renseigne Mbaye Lo.
Il rappelle que «c’est dans ces conditions que nous vivons presque tous les jours. Les gens partent souvent dans les sous-préfectures pour tenter d’arranger des problèmes liés à des litiges fonciers. C’est des choses qu’on voit tous les jours». Il indique aussi que «s’il y avait assez des terres réglementées et accessibles aux femmes et aux jeunes, toutes ces tueries n’auraient pas eu lieu».
De toute façon, cette problématique d’accès des femmes et des jeunes à la terre risque de perdurer encore longtemps, compte tenu des pesanteurs et des réalités sociologiques de la localité, d'après Babacar Lo, le chef de village de Lohène Malé. «Nous sommes nés et nous avons trouvé nos parents dans ces situations. Nos enfants, nous ont trouvés aussi dans ces conditions et chacun de perpétrer la tradition. Cela, même si c'est compliqué et difficile à gérer», conclut-il.
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ÉBOLA, C'EST PRESQUE FINI
CONCERT EN GUINÉE POUR CÉLÉBRER LA VICTOIRE CONTRE LA MALADIE
Des artistes de toute l'Afrique se sont retrouvés hier en Guinée pour célébrer la proche victoire contre l'épidémie d'Ebola. Une sorte de grand concert de l'espoir et la témérité.
Regardez la vidéo.
MACKY SALL POUR UNE RÉÉVALUATION DE L’ORGANISATION
Dakar, 25 sept (APS) - Le président sénégalais, Macky Sall, a demandé vendredi à Dakar à chaque pays musulman de réévaluer son organisation du pèlerinage à La Mecque après la bousculade mortelle qui s’est produite à Mouna.
’’Tout cela nous interpelle, interpelle notre conscience sur la façon dont nous devons organiser le pèlerinage. Certainement après les enquêtes qui seront menées et qui ont déjà débuté à Mouna, chaque pays doit réévaluer son organisation et sa méthode’’, a-t-il.
Le président Macky Sall Sall s’exprimait après la prière de l’Aïd el Kébir ou Tabaski à la Grande mosquée de Dakar.
Une bousculade a eu lieu jeudi lorsque des centaines de milliers de pèlerins se sont rendus à Jamra, près de Mouna, dans la matinée, pour le premier jour de la célébration de la fête de l’Aïd el-Kébir.
Les pèlerins étaient aussi dans cette localité pour la traditionnelle lapidation de Satan, une étape du pèlerinage consistant à jeter sept pierres sur une grande stèle.
L’accident a fait au moins 717 morts et 800 blessés au moins, de différentes nationalités, selon les autorités saoudiennes.
Cinq pèlerins sénégalais sont morts dans cette bousculade, a annoncé le général El Hadj Amadou Tidiane Dia, commissaire général au pèlerinage.
Le président Sall a présenté ses condoléances et celles du peuple sénégalais aux victimes de la tragédie.
Revenant sur l’organisation du pèlerinage, Macky Sall a indiqué que des manquements ont été notés au Sénégal.
’’Nous avons, nous-mêmes (connu) des manquements. Un diagnostic très précieux sera fait et toutes les mesures de redressements que nécessitera la situation seront prises sans délai’’, a promis le chef de l’Etat.
Il a invité la communauté musulmane sénégalaise à reprendre toutes les organisations liées à l’islam et à les remettre dans leur contexte.
’’Nous mettons énormément d’énergie dans l’organisation du pèlerinage au point que nous risquons de perdre l’essentiel de ce rite fondamental de l’islam. Tellement, il y a du désordre , de la théâtralisation du pèlerinage que finalement nous perdons l’essentiel’’, a t-il relevé.
Macky Sall a annoncé l’organisation d’une concertation nationale sur le pèlerinage avec les autorités saoudiennes.
Une grande majorité de la communauté musulmane sénégalaise célèbre ce vendredi l’Aïd el Kébir ou Tabaski s’alignant ainsi sur la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (CONACOL, officielle).
La prière à la Grande Mosquée de Dakar a été marquée par la présence du chef de l’Etat Macky Sall qui avait à ses côtés le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo.
L’imam El Hadji Alioune Moussa Samb a dirigé la prière.
Dans le Delta du Saloum, Sipo est célèbre pour sa reine, Fatou Mané, un point d’attraction touristique dont le village peine à tirer profit.
L’histoire du village de Sipo, situé dans l’île du même nom, se confond avec celle de sa reine, Fatou Mané. Fille unique de son père, elle a hérité de ce dernier la chefferie.
Une singularité. « Mon arrière grand-père avait quatre fils qui n’arrivaient pas à s’entendre. L’un d’eux, mon grandpère, originaire du village de Simbandi, en Guinée Bissau, a décidé de venir fonder un village dans cette île », raconte-t-elle, d’une voix monocorde, sans doute fatiguée de répéter la même histoire aux nombreux visiteurs de l’île.
Mais elle se sent incapable de donner une date précise concernant la fondation du village. Peuplé d’environ deux-cents habitants, dont une moitié de saisonniers, des Sérères originaires de Djirnda, qui ne séjournent dans l’île que d’octobre à juillet, Sipo, comme presque toutes les autres îles, souffre de son enclavement. Il n’est accessible que par pirogue.
Les habitants vivent de la pêche, de la cueillette et accessoirement de l’agriculture. « Ici, si tu manges le matin, tu ne manges pas le soir », soutient la reine chef du village. Si le village dispose d’une école, les populations rencontrent d’énormes difficultés pour accéder à des soins de santé.
« Quand nous avons un malade, il nous faut aller à Toubacouta qui, certes, n’est pas loin, mais il faut une pirogue. C’est pourquoi, nous avons vraiment besoin d’avoir une pirogue-ambulance pour les évacuations », ajoute Issa Touré, fils de la reine, qui seconde cette dernière dans ses activités de chef de village. Il a l’amer sentiment que son village est oublié par les autorités locales et l’Etat.
« Même les puits [c’est l’une des rares îles où on trouve de l’eau douce, même si elle n’est pas potable] ont été creusés par des touristes Blancs. Pourtant, nous payons l’impôt et les taxes », poursuit-il. C’est le fils de l’adjoint au maire de Toubacouta, un émigré basé en Espagne, qui lui a construit une double pièce en dur.
Ce petit village, qui ne compte aucun cadre – le seul garçon qui est allé jusqu’à l’université a abandonné les études à cause des problèmes de vision – ne représente aucun enjeu électoral. La seule femme qui s’active en politique est une saisonnière, qui passe la moitié de l’année à Djirnda.
En revanche, le village est une destination touristique presque incontournable dans le Delta du Saloum. Mais les habitants du village n’ont pas su réellement tirer profit de cet avantage en développant, par exemple, une économie parallèle : restauration, campement, artisanat...
Même les produits artisanaux qu’ils proposent aux touristes qui visitent l’île proviennent de Ngaye, donc sans réelle valeur ajoutée.
Les femmes de la Guinée-Bissau, de la Gambie et du Sénégal réitèrent leur engagement dans la résolution de la paix en Casamance. Elles ont décidé d’assumer leur responsabilité collective afin d’accélérer le processus de paix.
A l’issue de deux jours d’échanges et de débats, le Forum international des femmes de l’espace Sénégal-Gambie-Guinée-Bissau a été sanctionné ce samedi par une déclaration commune qui traduit une volonté manifeste des femmes à renforcer la synergie entre les sociétés civiles des trois pays et à assurer leur responsabilité collective afin d’accélérer le processus de paix.
Et dans cette déclaration commune lue par Seynabou Male Cissé, les organisations de la société civile de la Gambie, de la Guinée-Bissau et du Sénégal ont d’abord mis en exergue l’aspiration des populations du Sénégal à la paix ainsi que les liens multiséculaires unissant ces trois Peuples.
Et considérant du coup les impacts négatifs du conflit en Casamance sur les populations, l’intérêt pour chacun de ces pays de voir la paix devenir enfin une réalité dans cet espace sous régional, les énormes efforts consentis par la Gambie et la Guinée-Bissau pour faciliter les négociations entre l’Etat du Sénégal et le Mfdc, les organisations de la société civile de l’espace sous-régionale ont réitéré leur engagement à renforcer la synergie entre les sociétés civiles des trois pays et d’assurer leur responsabilité collective afin d’accélérer le processus de paix.
Rappelant également la déclaration du chef de l’Etat du 27 juin 2012 aux femmes de la Casamance, la porte-parole dit : «Je vous donne mandat, prenez le flambeau de la paix, femmes de Casamance. Avec vous, cette paix sera ou ne sera pas. Femmes de Casamance, le moment est venu de vous faire confiance et de vous placer au cœur de notre grande marche pour la paix, après tant d’années de déchirement et de recherches vaines d’une paix durable.»
Ces organisations ont invité la société civile de chaque pays à intégrer dans le processus de paix le maximum d’organisations de femmes, de jeunes au niveau national et sous-régional et de formaliser le forum comme cadre de réflexion et de partage entre les sociétés civiles des trois pays.
Et après avoir salué les efforts fournis par les deux parties en conflit et la société civile des trois pays pour instaurer un climat paisible et en outre remercié l’Etat du Sénégal, le Mfdc et les autorités étatiques de la Gambie et de la Guinée-Bissau pour avoir contribué à l’instauration d’un climat apaisé, le Forum a brandi quelques recommandations.
Et celles-ci stipulent que les sociétés civiles de la Gambie et de la Guinée-Bissau doivent mener des actions en direction de leurs autorités étatiques pour une implication efficace au processus de paix en Casamance, et celle des trois pays d’initier des actions concrètes par pays et dans la sous-région pour que la paix devienne une réalité.
LES FEMMES JUGENT DÉRISOIRE LE MONTANT…
Financement des femmes pour l'émergence à Thiès
Birahim Diaw - Fara Sylla |
Publication 21/09/2015
À Thiès, les femmes ont bénéficié du financement du réseau des femmes pour l'émergence (REFEME). Mais elles jugent les montants insuffisants. Et déplorent les taux d'intérêts appliqués.
Pour aider les femmes dans leurs projets d'entreprise, le président de la République Macky Sall avait mis un montant de 1,5 milliard de francs Cfa à la disposition de l'ensemble des réseaux des femmes du pays. L'objectif visé est de leur accorder le maximum de chances pour leur intégration dans la production de biens et services et leur participation effective aux actions de développement économique du Sénégal. Comme toutes les autres femmes du Sénégal, celles de la cité du rail ont reçu leur part du financement. Une enveloppe de 600 millions de F Cfa leur a été allouée.
Mais ces femmes de la ville de Thiès ont décrié une certaine politisation de ces lignes de crédit du réseau des femmes pour l'émergence mais aussi un taux d'intérêt très élevé, plus de 10%. En réalité, même s'il a été annoncé que ces financements étaient sans apport personnel ni frais de dossiers, il n'en demeure pas moins qu'un taux d'intérêt sera appliqué pour le remboursement des crédits.
De l'avis de la députée Hélène Tine, responsable politique à Thiès, le financement s'est déroulé dans la plus grande transparence en rassemblant les femmes appartenant à toutes les organisations féminines. "La transparence dans le processus mis en place était réelle et précise. Ce sont des fiches qui étaient mises à la disposition des femmes sans aucune forme de coloration politique", affirme-t-elle, avant de poursuivre :
"Lorsque les crédits sont arrivés, je suis partie au Crédit Solidaire, accompagnée de cinq autres femmes. J'ai clairement notifié aux femmes que cet argent était remboursable et elles ont apprécié la démarche." Hélène Tine poursuit que la démarche a été participative. Pour la première phase, 34 groupements ont déposé leurs dossiers, mais seuls 29 groupements ont obtenu des financements. Ce qui veut dire que chaque groupement de femmes, sur les 29, a reçu 200 000 francs F Cfa. Une somme qu'elles ont pu rembourser à temps et qui leur a valu un autre financement de 200 000 F Cfa qu'elles vont rembourser plus tard. Ce qui veut dire que chaque groupement a reçu une somme totale de 400 000 F Cfa en 6 mois de travail.
Mieux Hélène Tine de préciser : "Cet argent appartient aux contribuables pas à nous. Nous avons enregistré 100% de remboursements. C'est le comité de crédit qui me l'a annoncé. Des fois, j'assiste aux séances de remboursements qui se tiennent souvent vers le 15 du mois en cours."
Cette ligne de crédit accordée par le truchement du député Hélène Tine a suscité des réactions de la part des femmes de développement de la cité du Rail. Ces dernières étaient montées au créneau pour dénoncer ce qu'elles appellent une politisation des fonds. Un cri du cœur qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
Car l'Etat du Sénégal, à travers le ministre délégué Moustapha Diop, a financé les femmes à hauteur de 12 millions de F CFA. A en croire ces femmes de développement qui étaient sorties pour revendiquer leur part de financement dans la ligne de crédit destinée aux femmes de Thiès, les financements avaient une orientation politique. Tout comme elles ont jugé la somme dérisoire par rapport à la taille de leurs organisations.
Taux d'intérêt de 12%
Au nombre de 7250 personnes, celles qui s'activent dans le développement rêvaient, après avoir été reçues par le ministre, de recevoir une importante somme leur permettant de mener leurs activités. Mais au finish et à leur grande surprise, elles ne se verront allouer que 12 millions de Cfa. Un montant jugé "très dérisoire" par rapport à la taille de l'organisation sans compter le taux d'intérêt trop élevé, d'après Maïmouna Dieng, présidente du comité consultatif de la ville de Thiès et première adjointe au maire. Cette dernière dit ne point pouvoir comprendre la position de l'Etat.
Toujours selon elle, le taux d'intérêt est à 12% au lieu de 5%. Ainsi, elle s'interroge sur l'ambition de l'Etat qui dit vouloir sortir les femmes de la pauvreté tout en appliquant un taux de remboursement aussi élevé. Il est temps, note-t-elle, que le ministre revoie sa politique de crédit pour non seulement augmenter la durée mais aussi baisser ce taux à 1 ou à 2% linéaire ou dégressif. "Nous ne pouvons pas comprendre si ce sont des taux linéaires où dégressifs. Payer un intérêt de 475 000 francs pour un financement de 4 millions de francs, c'est trop."
4 millions par commune
Maïmouna Dieng de faire la clé de répartition des 12 millions. "Nous avons répartis l'argent comme suit : 4 millions de F CFA par commune, 330 000 F Cfa par groupement remboursables en 3 mois. Soit 110 000 F CFA par mois. Les femmes de la commune ne comptent pas rendre l'argent. Elles ont décidé de s'organiser de telle sorte que le taux d'intérêt soit moins élevé que les autres taux.
Néanmoins, souligne-t-elle, elles ont mis sur pied une politique de crédit qui consiste à octroyer aux femmes de chaque commune 4 millions. Lequel crédit est en train de tourner à travers les groupements de ces femmes. "Nous avons financé 13 groupements à raison de 300 000 F Cfa par groupement. A chaque fois qu'un groupement paye le tiers, on octroie un financement à d'autres groupements. Et actuellement, nous sommes presque à trente groupements financés. Nous sommes bientôt à notre troisième mois si l'on sait que les femmes ont commencé à rembourser depuis le premier mois."
Mais, s'interroge-t-elle, "que peut-on réaliser avec 25 000 F Cfa sachant que dans un groupement, on peut avoir au moins 25 ou 30 membres" ? Mme Dieng a tout de même tenu à rassurer que les financements se déroulaient normalement.
S'agissant des remboursements, elle fera savoir qu'elles sont à jour avec la banque et les femmes en veulent encore pour booster leurs activités. En effet, dit-elle, ses camarades souhaitent dépasser le cap de ces financements pour bonifier leurs activités génératrices de revenus. Après ce premier palier, elles comptent se lancer à un deuxième niveau qui devrait leur permettre de s'investir dans des projets à forte valeur ajoutée.
"Avec l'autosuffisance en riz que vise le pays, ce serait bien que les femmes s'activent dans la commercialisation de cette denrée stratégique. Car, il y a des organisations qui sont là et qui peuvent aider les femmes dans ces domaines d'activités. Les femmes sont aussi en train de penser à beaucoup de projets à la fin de l'hivernage", conclut-elle.
… À Saint-Louis elles s'impatientent
Les femmes de Saint-Louis n'ont toujours pas reçu les 600 millions de F Cfa que leur a promis le ministre délégué chargé de la Microfinance et de l'Economie solidaire, dans le cadre du financement du réseau des femmes pour l'émergence. Elles déplorent le retard dans l'acquisition des fonds.
En remettant au réseau des femmes pour l'émergence de Saint-Louis un volume global de crédit d'un montant de 600 millions de francs F Cfa destiné à pérenniser l'entrepreneuriat féminin et l'inclusion financière des femmes de la zone Nord, le ministre délégué Moustapha Diop, chargé de la Microfinance et de l'Economie solidaire, a soutenu qu'il veut donner un souffle nouveau à la capitale de la région. Et lui permettre d'exploiter les nombreuses opportunités économiques et sociales qu'elle recèle. Cet objectif a suscité, depuis la cérémonie de remise de ce crédit, un grand espoir chez les femmes de la région qui ont fini de déposer leurs dossiers pour l'acquisition de financements. C'est ainsi que plus de 1000 dépôts ont été enregistrés dans la région, selon la Présidente du réseau, adjointe au maire et chargée de la commission action sociale à la mairie de Saint-Louis.
"Les femmes attendent avec impatience ces financements et depuis la venue du ministre Moustapha Diop, elles ne cessent de m'interpeller sur l'arrivée de ces fonds", dit Bineta Fall. Cette dernière est aussi la Présidente des femmes de l'Apr de Saint-Louis. Cependant, elle reste catégorique sur l'acquisition et la destination de ces financements. "Cet argent est destiné à toutes les femmes du Sénégal, sans couleur politique, et je peux vous assurer qu'à Saint-Louis, lors de la mise en place de ce réseau, toutes les femmes ont été invitées", nous a-t-elle garanti. Et de révéler sur sa lancée que la responsable du Pds, Mbeugué Seck, qui est une femme de développement, est au centre du processus.
"Dès les premières heures de la mise en place de ce réseau, elle était avec ses sœurs et les appartenances politiques ont été mises de côté et seul l'intérêt de la femme en général a primé", souligne-t-elle. Bineta Fall de rejeter ainsi, et avec fermeté, les informations selon lesquelles ces financements sont destinés aux femmes de l'Apr. Pour preuve, elle nous a invités à aller voir les femmes des autres partis de l'opposition en citant les noms de ces responsables. La plupart d'entre elles ont confirmé ses propos mais elles dénoncent le retard dans l'acquisition de ces fonds qui, à les en croire, vont permettre l'autonomisation des femmes de la région de Saint-Louis.
"Le contrôle de ce financement nous échappe"
Interpellé sur les raisons de ce retard, le service régional du développement communautaire de SaintLouis déclare ne pouvoir fournir aucune information relative à ces financements. "Ni les services techniques, ni l'administration territoriale ne peuvent donner des informations solides par rapport à ces financements. Le contrôle nous échappe", renseigne Abdoulaye Djiby Sambou, chef de service du développement communautaire. Il recommande de se rapprocher de Bineta Fall, présidente des femmes de l'Apr et du réseau des femmes pour l'émergence. Il est à signaler que dans les rangs de l'Apr, les femmes de Saint-Louis représentent la quasi-totalité des groupements féminins qui ont déposé des demandes de financements.
Les femmes de Saint-Louis annoncent qu'elles n'ont toujours pas reçu de l'argent depuis que le ministre délégué en charge de la Microfinance a promis dans la vieille ville une enveloppe de 600 millions de F Cfa. Dans le département de Pikine, des présidentes de groupements d'intérêts économiques pensent qu'elles ont été simplement zappées dans ce financement au profit des responsables politiques. Ces femmes commencent à s'inquiéter sur les vraies bénéficiaires du financement du réseau des femmes pour l'émergence (REFEME) annoncé en fanfare par le ministère de la Microfinance et de l'Economie solidaire.
Beaucoup de régions du Sénégal, Dakar, Fatick, Thiès, Diourbel, Saint-Louis… ont déjà reçu le ministre délégué en charge de la Microfinance et de l'Economie solidaire. Quand Moustapha Diop se déplace pour le financement du réseau des femmes pour l'émergence, une panoplie d'artistes est à ses côtés.
Presque par toutes les régions où il est passé, des artistes tels que Fatou Guéwel Diouf sont toujours présents pour assurer le show avant l'arrivée du maire de Louga. Aujourd'hui, des centaines de millions ont été déjà annoncés pour soutenir les femmes, pour leur faciliter l'accès au crédit qui, au Sénégal, constitue l'un des principaux défis au financement de l'entrepreneuriat féminin.
Par le financement du REFEME, le ministre en charge de la Microfinance veut "faire des femmes le fer de lance de l'émergence économique du Sénégal". Dans toutes les villes où il est passé, Moustapha Diop a annoncé un financement à coup de millions de F Cfa pour le réseau des femmes pour l'émergence (REFEME).
A Thiès, les femmes ont reçu un financement de 600 millions de francs. Le même montant a été reçu par les femmes de Diourbel, de Louga, de Kolda et de Ziguinchor. La région de Dakar a eu la part belle avec une enveloppe de 1 milliard 500 millions de F Cfa. La raison : la région de Dakar est plus peuplée. Aujourd'hui, ce sont les régions de Kédougou, Tambacounda et Matam qui attendent le ministre Moustapha Diop et sa délégation.
Cependant, la répartition des sommes n'a pas fait que des heureux. Dans certaines régions, l'argent annoncé par le ministre n'a toujours pas été reçu, peste-t-on du côté de Saint-Louis. Les femmes de l'ancienne capitale de l'Afrique occidentale française attendent toujours. Un retard dans l'acquisition des fonds qu'elles déplorent.
À Pikine, on regrette aussi le même problème. Depuis que le réseau des femmes pour l'émergence a été lancé en janvier 2015 à Dakar, des GIE (groupements d'intérêts économiques) attendent leur financement. Las de ne rien voir, elles commencent à s'inquiéter. Une femme qui s'est confiée à EnQuête, dans l'anonymat, soutient qu'elle est à la tête d'une GIE qui fédère 64 groupements avec plus de 1 460 femmes. Mais depuis janvier 2015, elle attend avec ses groupements un financement pour démarrer ses activités. Aujourd'hui, elle n'a plus espoir que ses groupements perçoivent leur part du financement. Toutefois, notre interlocutrice craint une "politisation" dans la répartition des fonds.
"Toutes les responsables de l'Apr qui ont leurs groupements ont reçu leur financement. Mais les femmes au développement n'ont toujours rien reçu et pourtant, elles sont plus nombreuses", déplore-t-elle. Ayant attendu pendant des mois sans voir l'ombre des responsables du ministre de la microfinance, elle a été obligée de se retourner vers le Crédit mutuel du Sénégal (CMS) où elle a reçu un financement de 25 millions de F Cfa pour 200 femmes. Même si cette somme reste insuffisante, elle permet à ces dames du département de Pikine de mener leurs activités génératrices de revenus.
Par ailleurs, notre interlocutrice juge le taux d'intérêt dans les banques classiques très élevé comparé au taux qu'applique le ministre en charge de la Microfinance dans le cadre du réseau des femmes pour l'émergence. C'est pourquoi elle lance un énième appel au ministre Moustapha Diop. "Lors du lancement du réseau, j'ai fait le déplacement avec toutes les femmes. J'ai déposé tous les dossiers demandés mais jusqu'à présent, on est là. Chaque jour, quand je sors, une femme m'interpelle pour me demander si on a reçu quelque chose", souligne-t-elle.
Déception et amertume
Par ailleurs, si notre première interlocutrice a souhaité garder à l'anonymat, ce n'est pas le cas de la dame Fatou Kiné Sow. Formatrice, elle partage son amertume à visage découvert. Car pour elle, si le ministre pense qu'il peut les tromper pour se faire une bonne promotion politique, elles l'attendent de pied ferme. Fatou Kiné Sow qui habite Pikine Ouest a, avec elle, 10 groupements féminins. Elle forme ces femmes dans le jardinage, la fabrication de savons.
Selon Mme Sow, les femmes avaient un grand espoir après l'annonce de ce financement. Mais que nenni, car rares sont les groupements dans le département de Pikine à avoir reçu leur argent, poursuit-elle. Aujourd'hui, elle ne veut plus sortir et faire face aux femmes. Après ce "flop" dans le financement, Madame Sow a trouvé une alternative :
Tous les mercredis, elles cotisent chacune 500 F. L'argent ramassé leur permet d'avoir un fonds de caisse. Avec l'approche de la fête de la tabaski, ces femmes ont, d'après toujours Mme Sow, acheté de l'oignon, de la pomme de terre qu'elles ont stockés. A partir de cette semaine, dit-elle, elles vont tout mettre sur le marché pour espérer faire quelques bénéfices.
La déception de Fatou Kiné Sow est d'autant plus grande qu'elle a appris un financement de 150 millions de F Cfa pour les femmes du marché central aux poissons. "A Pikine, les femmes veulent travailler mais elles n'ont pas les moyens de leurs ambitions. Si on veut atteindre l'émergence, ce sera avec les femmes. Donc toutes les femmes doivent recevoir leur financement sans discrimination", peste-t-elle. Astou Niasse est aussi une présidente de GIE à Dakar. Elle attend toujours le financement annoncé à grande pompe par le ministre de l'Economie solidaire, Moustapha Diop.
À Kolda, les 600 millions annoncés ont entraîné une guéguerre au sein des femmes. L'affaire a pris même une tournure politique avec les femmes du parti au pouvoir ; l'Alliance pour la République (Apr). Deux camps ; celui du maire de Kolda par ailleurs ministre de l'Environnement et du Développement durable Abdoulaye Baldé et l'autre camp, celui du Directeur général de l'Office national de la formation professionnelle (ONFP), Sanoussi Diakité, se disputent les financements. La tranche des femmes derrière le Directeur de l'ONFP accuse Abdoulaye Baldé et son camp de faire une répartition sur une base partisane. S'y ajoute que le jour de la cérémonie de lancement du réseau dans le Fouladou, le 5 mars dernier, des femmes venues des villages lointains avaient contracté des dettes car pensant repartir le même jour avec les financements promis. Une situation qui avait fait sortir de ses gonds l'ancien maire libéral Bécaye Diop. Ce dernier qui avait hébergé chez lui beaucoup de femmes avant de leur donner le billet du retour, n'avait pas manqué de dénoncer la mauvaise "communication" faite autour des financements du Refeme.
RÉACTION D'UN FONCTIONNAIRE DU MINISTÈRE DE LA MICROFINANCE
"C'est un coup d'essai et tout se passe comme prévu"
Après plusieurs tentatives, difficile d'avoir la réaction du ministère de la Microfinance et de l'Economie solidaire. Personne ne peut parler de la question à part le ministre Moustapha Diop, nous a-t-on soufflé en premier. Ensuite, un autre interlocuteur est prêt à expliquer, mais dans l'anonymat. Pour lui, aucun problème n'a été encore décelé dans le financement du réseau des femmes pour l'émergence. Tout se passe comme prévu, dit-il, mais tout le monde ne peut pas percevoir en même temps car ce n'est pas de l'argent que le ministère a dans une valise qu'il distribue à chaque fois qu'il se déplace. "Nous sommes dans une phase test, à notre premier coup, mais je peux t'assurer qu'il n'y a aucune coloration politique dans la répartition des fonds. Si les femmes qui ont déjà perçu remboursent, on va financer d'autres, ainsi de suite", explique notre interlocuteur. Ce dernier renchérit qu'il y a aussi des critères préalables que chaque groupement doit remplir avant de bénéficier d'un financement. "Est-ce qu'il doit de l'argent à des banques, à l'État ? Est-ce qu'il est solvable ? Tout cela est pris en compte avant le décaissement", ajoute-t-il.
Pour les femmes de la région de Saint-Louis qui s'impatientent, notre interlocuteur rassure : "Elles vont recevoir leur financement dans les meilleurs délais. Dakar est resté plus de 6 mois après le lancement avant de percevoir. Toutes les régions vont percevoir." D'après toujours notre informateur, le ministre Moustapha Diop est en train de faire son travail en sillonnant toutes les régions du pays. Le financement va faciliter le travail des femmes parce qu'il est sans "garantie" et sans "apport" avec un taux d'intérêt de 5%. "C'est des efforts. Si on réussit ce test, on va passer à une seconde chance", conclut-il.
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MOUNA
Profil - Maïmouna Ndiaye, actrice du film "L'œil du cyclone"
Elle tient avec Fargass le film du Burkinabé Sékou Traoré "L'œil du cyclone". Maïmouna Ndiaye qui y interprète le rôle d'une avocate est actuellement à Khouribga pour un festival de films. EnQuête vous la présente.
Le mérite reviendrait au Sénégal de compter une de ses filles parmi les plus brillantes actrices de ce continent si Maïmouna Ndiaye avait grandi au pays de la Téranga ou y avait vu le jour ou encore y avait résidé. Elle n'a de Sénégalaise que le nom et le sang même si elle avoue être très fière de ses origines.
Aussi, elle souhaiterait jouer plus avec les réalisateurs de son pays d'origine. Native de la France, celle que ses proches appellent affectueusement Mouna a grandi en Guinée et vécu en Côte d'Ivoire et est aujourd'hui installée au Burkina Faso. Beaucoup l'ont connu à travers la série africaine Marc et Malika dans laquelle elle joue le rôle de l'inspectrice Malika. C'est d'ailleurs son premier grand rôle dans un film. Même si elle a joué dans beaucoup de pièces.
Mouna est actuellement l'une des grandes attractions de la 18ème édition du festival de cinéma africain de Khouribga. Surtout, après la diffusion du dernier long métrage dans lequel elle a joué : "L'œil du cyclone". Elle y tient le premier rôle féminin de fort belle manière.
Tous les critiques se sont accordés à dire qu'elle a su épouser à la perfection son personnage. Pourtant, Mouna vient du théâtre. Elle a connu les planches avec le grand écran. Elle est d'ailleurs titulaire d'une maîtrise en anthropologie théâtrale.
Mais Maïmouna sait quelle intonation il faut au cinéma et laquelle au théâtre ainsi que les gestes et la mimique qui sied selon le genre dans lequel elle se trouve. Ce qui prouve qu'elle est talentueuse. Et sa maîtrise de son personnage dans "L'œil du cyclone" lui a valu le prix du premier rôle féminin au dernier FESPACO.
Teint noir, élancé et taille plume, Mouna est aussi une belle femme en plus d'être une bonne actrice. Sa belle ligne lui donnait de la valeur sur le grand écran. Et elle doit sûrement sa prestance dans ses costumes d'avocate à son passé de mannequin. Son aisance dans le discours, elle le doit à toutes les recherches qu'elle a consenti à faire avant le tournage de "L'œil du cyclone".
"Je suis allée interroger des avocates pour comprendre quelles difficultés elles avaient face à leurs clients. Je suis allée voir des procès. J'ai cherché aussi beaucoup de films sur des procès mais des procès d'assises, des procès dures", confie-t-elle à EnQuête. Tout cela pour "essayer de trouver "ma" personnalité d'avocate", ajoute-telle.
Par ailleurs, si dans ce film Mouna accroche et que les gens s'accordent à dire qu'elle a bien joué, cela n'a pas été chose facile. La personnalité d'Emma Tou contraste mal avec celle de Maïmouna Ndiaye dans la vraie vie. "Moi je suis quelqu'un qui aime déconner, rire et blaguer. Alors que dans ce film, je devais rester concentrée, un peu coincée sur ma personne et avoir peur. C'était difficile d'être comme ça pendant sept semaines", avoue-t-elle.
Et malgré tous ces sacrifices et le satisfecit du public, elle ne fait montre d'aucune satisfaction personnelle encore moins d'une quelconque fatuité. Elle reste humble et trouve même qu'il y a des choses qu'elle aurait pu mieux dire ou faire.
Cependant, cette fan de Douta Seck affirme : "Si le public est content, je le suis aussi."
DE PLUS EN PLUS DE FEMMES AUX INSTANCES DE DECISION DANS LA SANTE
Les femmes sont de plus en plus présentes dans les instances de prise de décisions dans le secteur de la santé. C’est que révèle l’audit participatif du genre commandité par le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
L’audit participatif du genre du ministère de la Santé et de l’Action sociale a montré un déséquilibre entre les hommes et les femmes en termes d’accès aux postes de responsabilité. La coordonnatrice de la Cellule genre du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Ndèye Mingué Ndiaye Gacko, a présenté cet audit avant-hier. En s’appuyant sur les chiffres, elle a révélé que le ministère de la Santé compte 2000 médecins, dont 400 femmes. Ces dernières ont de plus en plus accès aux instances de prise de décisions renseigne l’audit. Cependant, dans certains secteurs de la santé, il y a une pléthore de femmes. Elle a soutenu que si l’on ne fait pas attention, dans les années à venir, il y aura plus de femmes, notamment dans les secteurs paramédicaux.
Le seul problème qui se posera est que ces dernières ont des difficultés lorsqu’elles sont affectées dans les zones reculées. « Il faut réfléchir sur cette question, parce qu’on ne peut pas parler d’équilibre sans respecter cet aspect », a souligné Mme Gacko.
Elle a rappelé que la question genre prend en compte les besoins différentiels des hommes et des femmes. La coordonnatrice de la Cellule genre a plaidé pour que l’on ne confine pas cette couche dans des postes qui leur sont traditionnellement réservés. « Il n’est pas question de mettre les femmes à la place qu’il ne faut pas. A compétence égale, responsabilité égale. C’est que nous prônons dans le genre », a défendu Ndèye Mingué Ndiaye Gacko. Elle a précisé qu’il ne s’agit pas seulement de prendre des femmes alors qu’elles n’ont aucune compétence. En le faisant, les autorités ne feront qu’augmenter les charges. Toutefois, un écart a été constaté. Par conséquent, il faut combler le gap, car les hommes sont en avance sur les femmes. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Awa Marie Coll Seck, qui a présidé la rencontre a déclaré que les résultats de l’audit participatif du genre est un outil important, car il permettra de réduire les inégalités de genre et de renforcer les acquis du ministère.
Cette présentation a permis aux acteurs du secteur de réfléchir, pendant une journée, sur la répartition du personnel en tenant compte des critères genre. « Il faut trouver des solutions, parce que les populations ont besoin des femmes partout », a soutenu Mme Seck. Dans l’audit, a-t-elle ajouté, il a été aussi relevé le problème d’absentéisme, plus significatif du côté des femmes que des hommes.
Cependant, le ministre a nuancé, justifiant que ces absences s’expliquent du fait que les femmes s’occupent, en plus des tâches professionnelles, de leur famille. « Un travail sera fait dans ce sens, parce qu’il ne faut pas que l’on ait un personnel féminin du ministère de la Santé qui s’absente régulièrement au moment où les hommes travaillent », a-t-elle fait remarquer.
CELLE QUI FAIT POUSSER LE RIZ EN MILIEU SALE
Pr Yaye Kene Gassama, du laboratoire de biotechnologies végétales
Chacun a son destin déjà tracé. Chaque personne a aussi ses passions et ses convictions. Le Pr. Yaye Kène Gassama trouve ses marques dans les biotechnologies. Cette enseignante chercheure à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a réussi à produire par androgènese des variétés de riz adaptées aux terres salées, à cloner plusieurs variétés de niébé, et grâce à la transformation génétique, à introduire des gènes nouveaux chez le « Bissap ». Elle ne s’est pas limitée aux espèces cultivées, les arbres constituent aussi un territoire de prédilection car elle a réussi à propager les espèces d’Acacia, de Prosopis, d’anacarde, de Nebédaye, de « soumpe », de bambou et tant d’autres, la liste des espèces végétales ayant fait l’objet de ses recherches est très longue. Elle a laissé à la postérité des techniques qui ont amélioré ces espèces et qui ont contribué à leur sauvegarde et à leur valorisation. La richesse des résultats produits dans le Laboratoire Campus de Biotechnologies végétales démontre qu’il existe des ilots d’espoir dans le monde de la recherche souvent caractérisé par la grisaille.
Le Pr. Yaye Kène Gassama est revenue à ses vieux amours. Après avoir rempli ses fonctions de ministre, elle est retournée à la Faculté des sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Vendredi 10 septembre 2015. Au 2e étage du département de biologie végétale, son discours véhicule l’amour débordant pour la recherche d’une manière générale et en particulier pour l’exploitation de ces nouvelles technologies appelées biotechnologies.
Dans son bureau, des séquences importantes de sa carrière universitaire sont en arrière-plan, d’une petite bibliothèque. La sobriété du bureau n’est pas un indicateur de la quantité, ni la qualité des recherches menées depuis une trentaine d’années en biotechnologies dans ce département de la Faculté des sciences et techniques. Cette dame a défriché le champ des biotechnologies au Sénégal.
Aujourd’hui, les universités publiques et le Sénégal peuvent en récolter les fruits. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Sénégal n’est pas en retard sur la recherche en biotechnologies même si pour ce qui concerne les OGM (Organismes génétiquement modifiés) sur le terrain, il est distancé par le Burkina Faso, le Kenya, l’Afrique du Sud et même le Soudan en termes de superficies couvertes par les plantes modifiées.
« Nous avons produit en 25 années de recherche beaucoup de résultats dans le domaine des biotechnologies végétales. Nous pouvons être fiers de figurer parmi les leaders dans ce domaine en termes de nombre de chercheurs et de nombre de publications scientifiques produites. La valorisation de ces résultats nécessite des moyens accrus pour relèvement des infrastructures et pour promouvoir la mobilité des chercheurs et des étudiants », fait Pr.Yaye Kène Gassama.
L’universitaire n’est pas conservatrice. Elle ne s’enferme pas trop dans une spécialisation. Elle a reçu diverses formations. Elle part de sa discipline de base pour embrasser ce que nous disons les spécialités des temps de modernes : les biotechnologies pour encore parler à un langage accessible, des disciplines qui s’intéressent ou qui s’occupent des Ogm.
« J’ai une formation en biotechnologie végétale et microbienne et une spécialisation en agronomie et en foresterie. Le dénominateur commun à ces différentes disciplines, c’est l’amélioration génétique », fait remarquer l’universitaire titulaire.
L’adaptation du riz dans un milieu salé
Au niveau national et international, Yaye Kène Gassama, a été la présidente du Conseil africain des ministres en charge de la Science et de la technologie (Amcost). Elle a été, durant 3 ans, la coordinatrice nationale du Comité national de biosécurité du projet de l’Unep-Gef (United nations Environnement/ Programme/Global environnement facility). Ce projet a abouti à l’élaboration d’un cadre règlementaire consensuel en biosécurité. Elle a aussi participé à la conception d’un programme régional d’harmonisation des politiques en biosécurité en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Mais elle est surtout présente dans la recherche-action. Le Pr. Yaye Kène Gassama au-delà de l’acquisition de connaissances nouvelles, a une définition de la recherche basée sur la création de produits nouveaux ou de services utilisables par les populations, définition certainement largement partagée dans le monde de la recherche : en effet, celle-ci doit apporter des réponses aux défis du développement dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’éducation, de l’environnement...
« S’intéresser à la riziculture en zone salée dans une optique de pérennisation de cette culture qui en plus de la dimension économique a une fonction sociale chez des groupes ethniques de la Casamance, constitue une nécessité pour fournir aux populations des solutions d’adaptation », soutient l’universitaire. Ses travaux ont aussi offert de beaux jours pour les « Niébé », une espèce endémique en Afrique de l’Ouest.
Espèces végétales modifiées
« La biotechnologie est un outil qui donne la possibilité d’obtenir à partir d’un individu sélectionné, des millions d’individus. C’est le clonage. J’ai travaillé avec mon équipe sur l’amélioration du « Bissap » de variétés d’agrumes, mais aussi pour introduire des gènes de résistance à des virus », dévoile l’universitaire, Pr. YayeKène Gassama avec son équipe, a décrypté les systèmes des espèces végétales soit pour les protéger soit pour les conserver ou encore pour valoriser leur potentiel.
Les espèces d’Acacia, de Prosopis, d’anacarde, de Never Die, de « soumpe », du bambou entre autres ont été étudiées dans une perspective de modification de leur systèmebiologique. Ladiversitédesespèces végétales qui sont passées à la loupe dans leur laboratoire est indicatrice de sa passion pour les biotechnologies.
« Mes recherches avaient pour base une meilleure connaissance des systèmes biologiques pour pouvoir agir et valoriser de manière durable leur potentiel», rappelle le membre de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal ( Ansts).
Elle est une pionnière dans la transformation génétique des espèces. « La transformation génétique, c’est l’intégration de nouveaux gènes, dans une espèce cultivée, ou forestière, pour accroître le rendement, la résistance à des pesticides, la capacité photosynthétique, la tolérance à la sécheresse, à la salinité et la résistance aux virus. Toutes ces techniques permettent d’améliorer l’espèce », explique la spécialiste des biotechnologies. Le Pr.Yaye Kène Gassama a conçu des méthodes de transformation directes utilisant Agrobacteriumtumefasciens par voie directe.
Aucun cas de toxicité sur une période de 20 ans
Le professeur a une position tranchée sur les débats sur les avantages et les inconvénients des Ogms. L’universitaire en bon scientifique se tient aux résultats des études scientifiques réalisées à travers le monde et qui n’ont pas décelé des conséquences négatives aussi bien sur la santé humaine et animale.
« Il existe des normes édictées par la Fao et l’Oms et au niveau de l’Union Européenne, des évaluations sont régulièrement effectuées sur les Ogm avant leur mise sur le marché. Si l’on se base sur les études effectuées sur l’innocuité des Ogm consommés sur une période de 20, aucun cas avéré scientifiquement n’a été prouvé», soutient l’universitaire. Toutefois elle milite pour le respect des principes de précaution pour prévenir la dissémination des Ogm dans l’environnement.