Dakar, 6 déc (APS) - Le gouvernement sénégalais a retenu de réaliser 500 centres de développement économique des femmes à travers le territoire sénégalais, pour contribuer à l’autonomisation des femmes, a annoncé, dimanche, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Mariama Sarr.
"Ces centres de développement économique des femmes seront implantés dans tout le pays pour permettre aux femmes productrices d’aller vers la création de muni-entreprises’’, a-t-elle déclaré à l’Assemblée nationale.
"Des exemples existent au Maroc, nous voulons reproduire cela, au Sénégal’’, a ajouté Mme Sarr, s’adressant aux députés réunis en séance plénière, pour l’examen du projet de budget de son département pour l’exercice 2016.
Le Budget du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a été arrêté à la somme de 17 671 998 060 francs CFA pour 2016, contre 16 045 741 300 de francs CFA en 2015.
Mariama Sarr a par ailleurs annoncé que les Centres départementaux d’assistance et de formation pour la femme (CDAF) vont connaître un changement de dénomination et de contenu pour mieux coller à l’esprit du Plan Sénégal émergent (PSE).
"L’objectif de ce changement est de mieux impulser le développement à la base et l’émergence des femmes’’, a souligné Mme Sarr.
S’agissant de la lutte contre la mendicité, elle a signalé la création de centres départementaux pour prendre en charge cette problématique ‘’complexe’’, au sujet de laquelle elle a souhaité une collaboration entre son ministère et celui de la Justice.
Sur un tout autre sujet, la ministre a fait savoir que la relance de la Quinzaine nationale de la femme était à l’étude, en vue de se conformer à l’esprit du Plan Sénégal émergent (PSE).
Pour ce qui est de l’allégement des travaux ménagers, la ministre a indiqué qu’en 2014, plus de 400 moulins à mil ont été distribués à raison de 7 par département. Elle s’est engagée à poursuivre cette politique pour l’allégement des travaux des femmes rurales.
Le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara, a pour sa part signalé que l’objectif du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) est de distribuer 5.000 équipements au bénéfice des femmes du monde rural, dans le cadre de sa première phase.
Les principaux scientifiques du monde se réuniront ce mois-ci à Paris lors du Congrès des parties 21 (COP21) pour produire un accord international destiné à maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2° C, par rapport aux niveaux préindustriels. L’objectif de 2°C avait été choisi parce qu’il représente « le maximum de réchauffement admissible » pour éviter les interférences liées à l’action de l’homme sur le climat.
Le Met Office du Royaume-Uni a annoncé, début novembre, que les températures moyennes mondiales avaient déjà augmenté d’un degré au-dessus des niveaux préindustriels. Cela était fondé sur une base de données produite conjointement par le Met Office et l’unité de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia.
Mais ces augmentations de températures ne seront pas uniformes: certains endroits enregistreront des hausses plus élevées que d’autres. Les écarts de températures sont les raisons pour lesquelles beaucoup de scientifiques pensent que l’Afrique serait le continent le plus durement frappé par le changement climatique.
Des rapports d’évaluation de l’ONU signalaient un risque
« L’idée selon laquelle l’Afrique serait le continent le plus touché a été agitée lors de la troisième évaluation de l’ONU (panel intergouvernemental sur le changement climatique) du rapport en 2011… et le quatrième rapport autorisait que cette conclusion soit tirée’’, a dit à Africa Check Guy Midgley, un scientifique de l’Université Stellenbosch. « Cela a été plutôt incorporé dans la compréhension commune du changement global ».
Le panel intergouvernemental des Nations-Unies sur le changement climatique est le principal référentiel de recherche climatique et d’informations techniques auprès des scientifiques à travers le monde. Il a produit cinq rapports d’évaluation sur l’état du changement climatique, depuis 1990. Le dernier a été publié en novembre 2014. Midgley fait partie d’une équipe internationale qui a partagé le Prix Nobel de la paix en 2007 pour avoir produit la quatrième évaluation.
Le troisième rapport de l’ONU indiquait que « l’Afrique est très vulnérable aux nombreuses manifestations du changement climatique ».
Dans le quatrième rapport (2007), cela est devenu: « l’Afrique a de fortes chances d’être le continent le plus vulnérable au changement climatique. Parmi les risques auxquels le continent fait face, il y a la réduction de la productivité de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, surtout dans le secteur de la culture de subsistance. »
Le rapport mentionne également « un stress hydrique accru comme conséquence de tout cela, et le potentiel pour l’exposition accrue aux maladies et d’autres risques sanitaires, les risques accrus pour la santé de l’homme ».
Midgley a souligné qu’après la déclaration forte sur la vulnérabilité, que « [le quatrième rapport] énumère ensuite une série d’impacts négatifs, qui pris ensemble, ont conduit à la conclusion selon laquelle l’Afrique sera le continent le plus durement touché ».
A la suite du quatrième rapport, la Conférence africaine ministérielle sur l’environnement (CMAE) a réalisé une fiche d’information pour le Programme des Nations unies pour l’environnement. Celui-ci indique qu’aucun continent ne sera aussi sévèrement touché par les impacts des changements climatiques que l’Afrique. Compte tenu de sa position géographique, le continent sera particulièrement vulnérable en raison des capacités d’adaptation limitées, exacerbées par une pauvreté largement répandue et les bas niveaux de développement actuels.
Cette déclaration a été toutefois produite par les ministres et non par les scientifiques.
« Il fait déjà très chaud en Afrique »
Au moment où les scientifiques et les décideurs politiques s’accordent sur la vulnérabilité du continent au changement pour plusieurs raisons, il y a toujours des fossés en ce qui concerne notre compréhension de comment exactement le changement climatique va affecter les différentes régions du monde, les divers endroits à l’intérieur des différents continents et avec quelle ampleur’’.
Le climatologue Docteur Bob Scholes est plus sceptique que Midgley au sujet de l’affirmation selon laquelle l’Afrique sera le continent le plus sévèrement touché par le changement climatique. Scholes, un éminent professeur à l’Institut de recherche sur le changement climatique et la durabilité de l’Université de Witwatersrand, est également auteur des rapports d’évaluation du Panel intergouvernemental sur le changement climatique.
« L’affirmation est fondée sur deux choses: géographiquement et climatiquement l’Afrique est exposée », a-t-il confié à Africa Check. « De manière générale, il fait déjà très chaud en Afrique. Il suffit que ça se réchauffe davantage pour entrainer la baisse de la production animale, la production de plantes et la santé humaine ».
Cependant, d’autres parties du monde sont également tout à fait chaudes et ont leurs propres vulnérabilités. Et il y a plusieurs régions sur le continent.
« En général, je soutiendrais l’argument selon lequel l’Afrique est vulnérable. Mais est-elle la plus vulnérable ?. Ça verse dans [le domaine] de l’hyperbole », a expliqué Scholes.
Un inconvénient géographique
L’une des raisons pour lesquelles l’Afrique est vulnérable au changement climatique est sa géographie.
« L’Afrique empiète sur les tropiques avec des vastes régions semi-arides sur les deux côtés », a dit Midgley. Ces zones arides et semi-arides ont de fortes chances d’enregistrer de plus hautes augmentations de températures que les autres, faussant la hausse moyenne de températures pour le continent’’.
Le cinquième rapport d’évaluation de l’ONU expliquait qu’il est « probable que les températures terrestres en Afrique vont augmenter plus vite que la moyenne mondiale, surtout dans les régions plus arides, et que le taux d’augmentation des températures minimales va dépasser celui des températures maximales.
Des hausses drastiques de températures entre 1961 et 2010
De plus, une recherche effectuée par une équipe de scientifiques internationaux et sud-africains publiée au début de l’année 2015 révélait que des parties de l’Afrique sub-tropicale et centre tropicale avaient déjà montré des hausses drastiques de températures entre 1961 et 2010.
« Dans ces régions, les températures ont augmenté deux fois plus que le niveau mondial de hausses de températures », soulignaient les chercheurs.
D’après les prévisions, les températures vont augmenter dans ces régions pendant ce siècle « avec des hausses plausibles de 4 à 6° C [par rapport au climat d’aujourd’hui] dans les régions sub-tropicales et de 3 à 5° C [par rapport au climat d’aujourd’hui] dans les tropiques, à la fin du siècle. » Cela devrait arriver, indiquent les chercheurs, selon les scenarios de faible atténuation de l’ONU – là où les Etats mettent en place peu de mesures pour stopper le changement climatique.
Le chercheur principal et leader de cette étude, Docteur Francois Engelbrecht du Council for Scientific and Industrial Research d’Afrique du Sud, déclarait en septembre dernier que « si les négociations [de Paris] ne parviennent pas à garantir un futur avec une grande atténuation, il y a des fortes chances que nous enregistrions une augmentation rapide des températures terrestres à travers le continent… »
« Pour beaucoup de régions, l’impact des augmentations de températures sur les secteurs agricoles et de la biodiversité pourrait être significatif, à cause des évènements liés à des températures extrêmes comme les vagues de chaleur, les incendies et sécheresses agricoles ».
La température n’est qu’un des éléments de la vulnérabilité
La hausse de température est l’une des variables qui déterminent la vulnérabilité d’un pays ou d’un continent. Mais aussi la richesse et les infrastructures, entre autres choses, aident à déterminer sa capacité d’adaptation au changement.
« L’Australie est également caractérisée par une partie très sèche de son continent », a relevé Midley. « Mais du point de vue vulnérabilité et exposition, l’Afrique est plus vulnérable à cause de la pauvreté ».
Ou bien comme l’indiquait le troisième rapport, « on prévoit que les effets pervers du changement climatique vont se faire sentir de manière disproportionnée sur les pays en développement et les pauvres à l’intérieur de ces pays ».
Sarah Wild est une journaliste scientifique et auteur, qui a remporté plusieurs prix. Retrouvez son travail sur www.wildonscience.com.Comment les niveaux de pauvreté d’un pays, les ressources en eau et la production agricole peuvent influer sur sa vulnérabilité au changement climatique seront discutés dans sa prochaine fiche d’information consacrée à ce sujet.
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA DE SENEPLUS
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COMPLOT CONTRE L'AUTRE SEXE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancienne ministre ivoirienne Constance Yai parle de son livre "Les traditions prétextes : le statut de la femme à l'épreuve du culturel"
FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA DE SENEPLUS |
Publication 04/12/2015
(SenePlus.Com, Dakar) –Militante acharnée des droits de la femme et de la jeune fille, Constance Yai est une figure importante de la société civile ivoirienne. Elle a souvent été au front dans son pays, mais également sur le plan africain.
L'ancienne ministre vient de sortir Les traditions prétextes : le statut de la femme à l’épreuve du culturel, un livre dans lequel Constance Yai liste un "paquet" de pratiques culturelles qui portent préjudice à la femme : excision, mariages précoces, polygamie, ceinture de chasteté, affabulation…
De passage à Dakar, elle s'est confiée en exclusivité à www.SenePlus.Com. Elle dénonce une société hypocrite face au triste sort de la femme et le silence complice des États. Elle plaide pour une égalité parfaite entre l'homme et la femme, estimant que les progrès en faveur de l’amélioration de la condition de la femme sont assez lents.
Sidiki Kaba a réussi le coup de maître de sortir le kenya de l’auberge. promu en décembre dernier président de l’Assemblée des etats parties des nations unies, le ministre sénégalais de la justice a convaincu les groupes régionaux de ne pas appliquer contre le kenya, la règle 68 amendée concernant les témoignages recueillis par le procureur de la cpi à l’encontre du vice président du kenyan William Ruto.
Le Sénégal vient de tirer d’affaire l’Afrique du Sud et le Kenya. Lors de la 14ième Session de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI), tenue à la Haye du 18 au 26 novembre 2015, le Président de l’Assemblée des Parties, Me Sidiki Kaba a réussi le coup de maître en tirant ces deux pays de l’étau dans lequel ils se trouvaient.
En effet, l’Afrique du Sud s’est retrouvée coincée face à la demande de la CPI de faire arrêter le Président Oumar El Bachir alors que selon son représentant, le pays était confronté à ses obligations vis-àvis de l’Union Africaine qui l’empêchaient d’exécuter le mandat d’arrêt. Cependant, les autres groupes régionaux ne voulaient pas l’entendre de cette oreille. Ils ont d’ailleurs adopté la même posture vis-à-vis du Kenya sur le procès de son vice-Président William Ruto jugé pour les événements- post électoraux au Kenya, qui ont engendré plus de mille morts. La règle 68 amendée en 2013 par l’Assemblée des Parties autorise l’utilisation de témoignages préalablement enregistrés dans cette affaire.
Le Kenya voulait que cette règle ne lui soit pas appliquée de manière rétroactive. Ce qui n’était pas de l’avis des groupes régionaux. Face à cette situation, Amina Mohamed, le ministre Kenyan des Affaires étrangères a annoncé que son pays va entamer une procédure de retrait de la CPI qui sera effective après le sommet de l’Union Africaine de janvier 2016. Pour éviter cette situation qui serait dangereuse pour l’Afrique et la CPI, Sidiki Kaba, promu à la tête de l’Assemblée des Parties en décembre dernier, est intervenu, et a voulu créer un groupe de travail restreint pour s’y opposer.
De nouvelles consultations ont ainsi été tenues et ont abouti à un recul de l’Europe et du groupe d’Amérique Latine qui ont accepté en fin de compte que la règle amendée ne soit pas appliquée aux témoignages recueillis contre le vice Président du Kenya. Ce qui constitue une grande victoire de la diplomatie sénégalaise et une reconnaissance de l’Afrique toute entière et particulièrement de l’Afrique du Sud et du Kenyan.
LA MENACE DJIHADISTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Entretien avec Serigne Fallou Dieng, tête de file du Cercle des intellectuels soufis
Chef de file du Cercle des intellectuels soufis, par ailleurs petit-fils d’Ahmadou Bamba Mbacké, Serigne Fallou Dieng estime que le Sénégal est exposé aux menaces terroristes. À l’en croire la stigmatisation des adeptes du salafisme, qui rogne l’espace jusque-là occupé par les confréries, risque de mettre le feu aux poudres. Entretien exclusif avec SenePlus.
Comment analysez-vous les attentats de Paris ?
J’exprime tout mon sentiment d’abomination contre toute idéologie haineuse qui débouche sur des victimes innocentes. Mais d’emblée, je ne voudrais pas tomber dans une indignation sélective qui consiste à regarder Paris en fermant l’œil sur Bamako, Maiduguri, Baga Sola, Alep, Bagdad, Gaza. La violence est exécrable quel que soit son lieu de manifestation. Concernant les attentats qui ont ensanglanté Paris, il ne faut pas les analyser sous l’emprise de la colère ou de la compassion sur fond d’une certaine islamophobie. Il faut aller dans le tréfonds du problème pour pouvoir en cerner les véritables causes.
Selon vous quelles sont les véritables causes des attentats de Paris ?
Tout le monde sait que, contre toute invraisemblance, la France, profondément déchirée par son multiculturalisme racialiste, traverse une guerre domestique très douloureuse. Elle est devenue un terrain de lutte fertile où se fermente «un code de pensée musulman» islamiste contre une théorie hégémoniste des valeurs judéo-chrétiennes caractérisées par ce «grand manteau des cathédrales et d'église» dont Nicolas Sarkozy faisait l'éloge par cette phrase : «Quand on voit la France d'en haut et qu'on voit ce long manteau d'églises et cathédrales, ça veut dire qu'il y a des siècles d'Histoire. C'est la rencontre entre l'Eglise et la royauté qui a permis à la France de devenir ce qu'elle est.».
Un tel discours ostracisant est supplée par celui de Marion Maréchal-Lepen, député frontiste du Vaucluse et nièce de l’actuelle présidente du FN qui lâche : «Il faut accepter de définir et de revendiquer quel est notre héritage et quelle est notre identité. Ça passe par l'affirmation de notre héritage gréco-romain et chrétien. Il faut dire que la France est une terre culturellement et très longtemps spirituellement chrétienne. Et dans ces conditions, si des Français peuvent être musulmans et exercer leur foi, il faut qu'ils acceptent de le faire sur une terre qui est culturellement chrétienne. Ça implique aujourd'hui qu'ils ne peuvent pas avoir exactement le même rang que la religion catholique.»
Même si les affirmations contenues dans ces deux discours sont discutables, en quoi elles ont pu déboucher sur les attentats de Paris dans lesquels chrétiens, musulmans, athées et agnostiques ont tous péri ?
De tels propos émanant de la droite raciste ont contribué à alimenter une certaine fracture religieuse entre citoyens français unis par le ciment laïque de la devise Liberté-Égalité-Fraternité. Donc la France engage une guerre protéiforme, celle domestique contre un pan de sa population intérieure qui est réfractaire aux valeurs de la République et qui sont mis en quarantaine dans les banlieues, dans les zones d'exclusion (Clichy-sous-Bois) et Seine-Saint-Denis. Mais cette guerre se prolonge extra-muros, au Mali, en Libye et au Proche-Orient pour des raisons géoéconomiques.
L’Occident est désigné comme responsable de toutes ces guerres ainsi que de l’avènement de Daech. Partagez-vous ce point de vue ?
La responsabilité de l’Occident sur l'avènement de Daech est indéniable. Il s'avère même de plus en plus que c’est une pure création occidentale, usinée dans les laboratoires de la CIA et de l’Otan. L’ex-Premier ministre anglais Tony Blair, dans un entretien accordé à la CNN, fait son mea-culpa en présentent ses excuses pour son rôle dans la désintégration de l’Irak et l’émergence du «Califat islamique ou Daech» par la référence à des renseignements erronés. Par la décision américaine d'envoyer Paul Bremer, comme administrateur de l'Irak, ce dernier a procédé à la dissolution du parti Baas de Saddam Hussein, d'interdire ses hauts responsables d'exercer une fonction au sein du nouvel État irakien post-saddamique.
Ce n’est pas nécessaire de remonter l’histoire pour démontrer que c'est la théorie du «chaos constructif» mise en place par les Américains et adopté par les Français qui est la matrice de ces schémas de dérèglement et de désintégration de certains Etats du Proche-Orient (Irak, Syrie) et d’Afrique (Libye). En sus, il faut ajouter que l’auto-responsabilité de la France dans ce terrorisme dont elle est victime trouve aussi ses fondements dans sa boulimie et son opportunisme financiers.
Ses meilleurs partenaires économiques sont les Qataris et les Saoudiens qui, pourtant assurent le financement des factions terroristes et radicales dont les succursales s’étendent jusqu’au cœur de Paris. Donc comment comprendre que la France subordonne ses choix politiques à des impératifs commerciaux sans aucune vision stratégique, qui, en fin de compte, se retourne contre elle ? D’une manière indirecte, elle participe à nourrir ce terrorisme-là qu’elle s’évertue à combattre.
Pensez-vous que le Sénégal est concerné par la menace djihadiste, comme le laisse penser le Président Macky Sall ?
Bien sûr que oui ! Le Sénégal constitue bel et bien une cible potentielle du djihadisme et il n'est pas superfétatoire de dire que le Sénégal contient, dans sa typologie socio-confessionnelle et la constellation des types de groupe religieux, des ingrédients de détonation. Le Sénégal présente les mêmes symptômes «terrorigènes» que la France de par le volume du flux migratoire dans notre pays et le financement occulte de plusieurs mosquées par des pays étrangers. Le flux migratoire des peuls du Fouta, selon les recensements de novembre 2014, a atteint la barre des trois millions avec une majorité de salafistes à forte tendance communautaire qui détonne avec le modèle confrérique de notre pays.
Au Sénégal, l’esprit du confrérisme est répandu un peu partout. Ce qui fait sa puissance, son hégémonie contre les modèles non-confrériques. Mais le flux migratoire important et le financement des adeptes locaux du salafisme venant de la pétromonarchie du Golfe secouent la prééminence de la «confrérisphère» sénégalaise.
Est-ce que la montée du salafisme constitue un risque réel de violence terroriste ?
Certes, au Sénégal, il n'y a pas encore d’actions qui puissent indiquer que les adeptes du salafisme ont une certaine inclinaison vers la violence terroriste mais une certaine stigmatisation oppressante cultivée de façon latente par les confréries et encouragée de façon patente par le pouvoir y mène. Alors toute violence qui naitrait de cette certaine exclusion ou ostracisme social ne s'exercerait pas alors idéologiquement sur une base religieuse, mais comme un instinct de survie ou une réaction naturelle face à une injustice. Il n’y a pas ou il ne doit pas y avoir d’exclusivité religieuse dans notre pays laïque.
En France des discours irresponsables, comme ceux du Front national contre l’islam, qui demandent la fermeture de toutes les mosquées salafistes, alimentent les haines et font le lit du terrorisme djihadiste qui n’est que la réponse d’une violence à une autre violence. D’ailleurs ce comportement irresponsable des responsables du FN a déclenché les réprobations virulentes du très éclairé sage Gérard Contremoulin qui le fustigeait par ces mots : «Pourquoi serait-il impossible qu'un homme, qu'une femme qui revendique une identité religieuse non catholique, et spécialement musulmane, n'aurait pas sa place dans la République française ! Pourquoi refuser aux musulmans ce que l'on accorde aux catholiques ?» On pourrait dire la même chose concernant les salafistes du Sénégal. Pourquoi leur refuser ce que l'on accorde aux adeptes de l’islam confrérique ?
Exclure un homme, une femme en fonction de ses origines et/ou de sa pratique religieuse n’est pas compatible avec le principe de la Liberté absolue de conscience. Ce serait de surcroit, abonder dans le sens des islamistes. Ils n'ont de cesse de rabâcher aux musulmans non fondamentalistes que la République n'est pas compatible avec l’Islam. Pourtant la liberté de conscience commence par la liberté des cultes. Dès lors, on est libre de choisir ses références spirituelles, d’adhérer à l'explication du monde de son choix. Ainsi devient possible la liberté de penser, de réfléchir, de revendiquer de ne plus se référer à une valeur transcendantale. Au Sénégal le fait de stigmatiser une représentation schématique de l'Islam sur une autre interprétation ou lecture doctrinale est de nature à créer des fractures sociales mortifères.
Interdire la burqa ou le niqab ne serait-il pas une forme de stigmatisation ?
S’agissant de la burqa, voici ce que Allah a révélé dans le Coran (Sourate 24, La Lumière) : «Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes…»
Donc, Dieu n’a pas enjoint aux femmes de rabattre le voile sur le visage mais plutôt sur la poitrine. Mais libres aux femmes désireuses de se couvrir intégralement de le faire tant qu’une législation ne l’interdit pas. Mais le principe de précaution pourrait inspirer son interdiction comme le suggère les officiers de sécurité au Président. Seulement la démarche du Président est contestable parce qu’il ne dispose d’aucune prérogative lui conférant le pouvoir de restriction des libertés en matière du code vestimentaire. Tout monde sait qu'il n’a pas l’audace ni d’empêcher aux «Baye Fall» de porter leurs fameux habits en patchwork encore moins à beaucoup de femmes sénégalaises qui s’habillent presque nues.
Ces «Baye Fall» et ces «femmes sénégalaises qui s’habillent presque nues» ne constituent pas une menace pour la sécurité nationale comme pourrait l’être une personne qui se cache derrière un voile. N’est-il pas de la responsabilité du Président de prendre les devants afin d’éviter au Sénégal que les actes terroristes commis dans les pays de la région ou ailleurs et qui sont souvent l’œuvre de personnes drapées du voile intégral ?
Intelligemment le Président aurait dû faire comme son homologue français qui a mis à profit son discours au congrès français pour demander que l’on modifie la Constitution pour y inscrire l’État d'urgence assortie de mesures ultra-sécuritaires. Parce que l’État d’urgence est la suspension légale d’un fonctionnement pleinement démocratique. Dès lors que le Gardien de la Constitution veut imposer cette proscription vestimentaire spécifique à un groupe social arrimé à une certaine conception de l’islam, il risque de se heurter à des résistances qui, in fine, créeront plus de problèmes qu’il ne le soupçonnerait. Ce serait un cautère sur une jambe de bois et seul le Sénégal en pâtirait.
Le 25 novembre est dédié à l’élimination des violences faites aux femmes, des violences dont le nombre se multiplie d’années en années dans notre pays. Qu’est-ce qui explique cette multiplication des cas ? Est-ce parce que les responsables restent impunis ou que l’application des lois n’est pas effective ? Elément d’éclairage avec Mme Ndiaye, Fanta Guèye, la présidente de l’Association des femmes juristes du Sénégal (Ajs), interrogé toujours par Sud Fm Sen Radio
«C’est vrai, je n’irais pas jusqu’à dire que nos lois ne sont pas assez répressives. Je crois que si, elles répriment assez. Peut-être que je dirais, pour certaines formes de violences, la loi n’est pas appliquée dans toute sa rigueur parce qu’il arrive qu’on voit, si je donne en exemple un cas de viol sur mineur, ce qu’on rencontre très souvent ici au Sénégal, les textes sont clairs, c'est-à-dire c’est 10 ans fermes. Et, souvent, on se retrouve dans des cas de viol où de viol est constaté et qu’on se retrouve avec moins de 10 ans, ça pose problème. On peut dire que la loi n’est pas appliquée dans toute sa rigueur. Elle n’est pas assez répressive. Certaines personnes réclament des peines de mort pour le viol, d’autres disent castration. Mais nous nous sommes des défenseurs des droits humains, nous ne pouvons pas faire réclamer ce genre de sanction. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous pensons que la loi est, pour certaines formes de violence, assez répressive, mais il faut qu’elle soit appliquée dans toute sa rigueur. L’autre cause c’est qu’il y a d’autres formes de violence qui ne sont pas dénoncées et quand la violence n’est pas dénoncée, l’auteur ne peut pas être puni.
LES FORMES DE VIOLENCE NON PAS DENONCEES
C’est les violences conjugales que subissent les femmes au sein des ménages. Et, ces violences ne viennent pas souvent uniquement des maris, souvent au sein des ménages, la femme subit des violences qui viennent de la belle famille, soit d’autres personnes qui sont au sein du ménage et soit du mari. Et, ces genres de violences sont rarement dénoncés au Sénégal et pour ça les auteurs restent impunis. De ce fait, ces violences là demeurent et même souvent on constate une recrudescence de ces genres de violences.
LES VIOLENCES LIEES A LA PAUVRETE
C’est l’une des causes, ce n’est pas l’unique cause ou la cause principale parce que je viens tout de suite de vous parler des violences conjugales. Vous croyez que la femme qui est indépendante financièrement, économiquement autonome, peut continuer à subir les violences. La plupart des femmes qui subissent les violences au sein des ménages, c’est parce qu’elles sont complètement démunies, elles se disent: «je suis obligée de continuer à subir les violences parce que je ne peux pas me prendre en charge financièrement. Si je quitte ce ménage, je ne sais pas quoi faire, je ne peux pas prendre en charge mes enfants». C’est là, une cause économique, une cause due à la pauvreté. L’autre, quand on les viole, souvent ça se commet au sein d’une famille où la promiscuité est telle que, c’est vrai, on peut dire il peut y avoir viol. Qu’est ce qui fait la promiscuité ? Les gens sont tellement démunis qu’ils ne peuvent pas peut-être se trouver un logement décent, donc ils sont obligés, à 10, à 15, de vivre dans une maison à 2 chambres et en tout cas souvent même à une chambre. Et là, on constate des cas de viol très fréquemment.
INTERVENTION DE L’AJS
Dans tous les cas de figure, l’Ajs intervient parce que nous, ce que nous disons c’est qu’il y a deux choses: il ya la femme qui subit des violences, il faut essayer de l’assister, de l’encourager à dénoncer ces violences. Quand elle se décide à dénoncer, il faut l’assister juridiquement, judiciairement, médicalement, socialement, psychologiquement. C’est ce que l’Ajs, à travers les boutiques de droit, fait. La femme qui vient, elle est sûr d’être prise en charge, on lui fait des requêtes, des plaintes si elle en a besoin judiciairement, c'est-à-dire, on prend en charge souvent tous les frais de justice qui sont liés à sa plainte, sa procédure. Et, là, elle est sûr que cela va aboutir parce qu’elle est assistée judiciairement. Médicalement, vous savez, pour toute forme de violence, le premier cas, il faut avoir un certificat médical qui constate qu’il y a violence et de la gravité de la violence. Et là, nous assistons les femmes qui viennent en les mettant en rapport avec des structures sanitaires avec lesquels nous sommes en relation pour qu’elles puissent avoir des certificats médicaux. Psychologiquement, nous sommes avec des cabinets de psychologues avec qui nous travaillons et nous essayons d’assister ces femmes là psychologiquement. L’autre volet, sur ce que nous faisons par rapport aux violences, c’est la sensibilisation. Et, ça, je dis, il faut l’accentuer. On s’est dit, il nous faut être beaucoup plus proche des populations. Nous faisons des causeries dans les quartiers en ciblant, dans ces causeries, les leaders communautaires, les chefs de quartier car, c’est les chefs de quartier, les délégués de quartier, les Badiénou Gokh et autres qui sont en permanence en relation directe avec les populations. Cette cible-là nous aide quand-même à mieux sensibiliser les populations par rapport aux violences. Il y a aussi la formation de juristes qui servent de relais dans les régions les plus éloignées, qui servent de relais auprès des communautés pour nous permettre d’accentuer la sensibilisation, donc voilà ce que nous faisons».
Lomé (Togo), 26 nov (APS) – Loin d’être toujours des victimes passives, les femmes journalistes sont parfois aussi les artisanes des mécanismes qui les dévalorisent dans les rédactions en faisant primer leur rôle domestique sur les exigences de leur profession, a affirmé l’ancien Premier ministre sénégalais Aminata Touré.
Mme Touré a dressé ce constat en animant la Conférence inaugurale des 44èmes Assises de l’Union de Presse Francophone, jeudi, à Lomé (Togo).
‘’Les rubriques que les femmes journalistes animent sont très souvent le reflet des rôles sociaux qu’on attend encore des femmes avec des contenus sexistes charriés par les femmes elles-mêmes’’, a-t-elle estimé, en se référant au contexte des pays africains, qu’elle connaît le mieux.
Pour Aminata Touré, ‘’les femmes journalistes ont leurs responsabilités dans cette situation’’. Néanmoins, a relevé l’ancien Premier ministre sénégalais, ‘’les rédactions devraient mieux les aider à concilier leur rôle de mère et d’épouse que leur assigne la société en attendant que celle-ci évolue vers un meilleur partage des responsabilités domestiques entre les hommes et les femmes’’.
Pour ce faire, a-t-elle suggéré, ‘’les patrons de presse doivent améliorer leurs politiques internes et leur pratique en matière de recrutement des femmes journalistes en faisant la promotion des articles écrits par des femmes tout en négociant pour celles-ci de meilleures conditions de travail’’.
‘’Il ne s’agit pas de mesures purement monétaires, il peut s’agir de l’aménagement du temps de travail, des possibilités de travailler à domicile entre autres conditions facilitant la conciliation entre vie familiale et travail’’, a-t-elle souligné.
Devant les délégations de l’UPF venues de 39 pays de l’espace francophone avec près de 300 participants, elle a souligné que les femmes journalistes sont également affectées par la ‘’ghettoïsation’’ des questions féminines dans les organes de presse et font objet de ‘’discrimination subtile’’ quant aux opportunités professionnelles.
La conférencière a rappelé que les Etats, dans leur large majorité, ont déploré, lors d’un débat à l’Assemblée générale des Nations Unies, ‘’la persistance de représentations dégradantes et discriminatoires et ont noté une hyper sexualisation des femmes et des filles dans les médias, souvent représentées comme des objets avec une tendance à la multiplication des images misogynes et violentes, surtout dans les réseaux sociaux’’.
Pour Aminata Touré, il faut d’abord pour les journalistes de la formation et encore de la formation, de la sensibilisation massive sur les questions de l’égalité de genre et un renforcement périodique de leurs capacités techniques.
L’UPF qui a choisi comme thème pour ses assises ‘’la place et l’image des femmes dans les médias’’, a ‘’une belle carte à jouer en collaboration avec ses branches et correspondants nationaux’’, selon Mme Touré.
En plus de la formation, elle a également évoqué la nécessité de renforcer les cadres juridiques et réglementaires contre les images dégradantes, misogynes et violentes à l’égard des femmes et des filles. Cela devrait relever des délits de presse, a-t-elle suggéré.
Les débats ont montré également qu’il y a des opportunités à saisir avec les codes de la presse en cours de discussion dans de nombreux pays africains, en plus ‘’de mesures d’incitation visant à promouvoir une image juste, pluridimensionnelle des femmes et des filles dans les médias’’.
L’UPF devrait également, de l’avis de la conférencière, lancer un concours mondial pour primer les meilleurs articles de presse qui ont une représentation positive des femmes. Les travaux des Assises de Lomé prennent fin samedi.
Lomé (Togo), 26 nov (APS) – Loin d’être toujours des victimes passives, les femmes journalistes sont parfois aussi les artisanes des mécanismes qui les dévalorisent dans les rédactions en faisant primer leur rôle domestique sur les exigences de leur profession, a affirmé l’ancien Premier ministre sénégalais Aminata Touré.
Mme Touré a dressé ce constat en animant la Conférence inaugurale des 44èmes Assises de l’Union de Presse Francophone, jeudi, à Lomé (Togo).
‘’Les rubriques que les femmes journalistes animent sont très souvent le reflet des rôles sociaux qu’on attend encore des femmes avec des contenus sexistes charriés par les femmes elles-mêmes’’, a-t-elle estimé, en se référant au contexte des pays africains, qu’elle connaît le mieux.
Pour Aminata Touré, ‘’les femmes journalistes ont leurs responsabilités dans cette situation’’. Néanmoins, a relevé l’ancien Premier ministre sénégalais, ‘’les rédactions devraient mieux les aider à concilier leur rôle de mère et d’épouse que leur assigne la société en attendant que celle-ci évolue vers un meilleur partage des responsabilités domestiques entre les hommes et les femmes’’.
Pour ce faire, a-t-elle suggéré, ‘’les patrons de presse doivent améliorer leurs politiques internes et leur pratique en matière de recrutement des femmes journalistes en faisant la promotion des articles écrits par des femmes tout en négociant pour celles-ci de meilleures conditions de travail’’.
‘’Il ne s’agit pas de mesures purement monétaires, il peut s’agir de l’aménagement du temps de travail, des possibilités de travailler à domicile entre autres conditions facilitant la conciliation entre vie familiale et travail’’, a-t-elle souligné.
Devant les délégations de l’UPF venues de 39 pays de l’espace francophone avec près de 300 participants, elle a souligné que les femmes journalistes sont également affectées par la ‘’ghettoïsation’’ des questions féminines dans les organes de presse et font objet de ‘’discrimination subtile’’ quant aux opportunités professionnelles.
La conférencière a rappelé que les Etats, dans leur large majorité, ont déploré, lors d’un débat à l’Assemblée générale des Nations Unies, ‘’la persistance de représentations dégradantes et discriminatoires et ont noté une hyper sexualisation des femmes et des filles dans les médias, souvent représentées comme des objets avec une tendance à la multiplication des images misogynes et violentes, surtout dans les réseaux sociaux’’.
Pour Aminata Touré, il faut d’abord pour les journalistes de la formation et encore de la formation, de la sensibilisation massive sur les questions de l’égalité de genre et un renforcement périodique de leurs capacités techniques.
L’UPF qui a choisi comme thème pour ses assises ‘’la place et l’image des femmes dans les médias’’, a ‘’une belle carte à jouer en collaboration avec ses branches et correspondants nationaux’’, selon Mme Touré.
En plus de la formation, elle a également évoqué la nécessité de renforcer les cadres juridiques et réglementaires contre les images dégradantes, misogynes et violentes à l’égard des femmes et des filles. Cela devrait relever des délits de presse, a-t-elle suggéré.
Les débats ont montré également qu’il y a des opportunités à saisir avec les codes de la presse en cours de discussion dans de nombreux pays africains, en plus ‘’de mesures d’incitation visant à promouvoir une image juste, pluridimensionnelle des femmes et des filles dans les médias’’.
L’UPF devrait également, de l’avis de la conférencière, lancer un concours mondial pour primer les meilleurs articles de presse qui ont une représentation positive des femmes. Les travaux des Assises de Lomé prennent fin samedi.
Le 24 novembre 2002 nous quittait à jamais la cantatrice saint-louisienne Aminata Fall. Hier marquait la 13ème année de son rappel à Dieu. Mais aucune manifestation n'a été organisée en son honneur. Elle semble tombée peu à peu dans l'oubli total. C'est pourquoi EnQuête rafraichît les mémoires en rappelant le riche parcours de la chanteuse.
Avec Diabou Seck, Aminata Fall, née le 29 janvier 1930 dans la première capitale sénégalaise, était l'une des plus grandes voix de la chanson à SaintLouis. Bien des générations ont entonné "kangforé dioudioum ya sa Sine, Aïda yayou Mbaye", imitant la voix grave et belle de la cantatrice saint-louisienne. Une chanson qu'elle a interprétée avec l'ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano. En effet, comme Diabou Seck la Saint-Louisienne, Aminata Fall était aussi pensionnaire de Sorano. Elle l'a intégré après avoir passé 8 ans au Star jazz de SaintLouis dont le lead vocal était Papa Samba Diop dit Mba. Avec ce groupe, elle composera deux chansons dont une en l'honneur de sa mère et intitulée "Yaye Boye".
"Elle est venue au théâtre et y est restée. On avait trouvé chez elle tout ce qu'on cherchait. Elle dansait, chantait et faisait du théâtre", se rappelle d'ailleurs la comédienne Isseu Niang dans le film documentaire que Moussa Sène Absa a consacré à Aminata Fall. Ainsi, celle que ses proches appelaient affectueusement Garmi était une artiste complète. Elle a tenu divers rôles au cinéma. Elle a joué en premier dans le long métrage de Djibril Diop Mambéty "Touki Bouki". Les cinéphiles l'ont découverte avec sa voix grave dans le rôle de Magoné Ndiaye. C'était en 1973. Elle enchaînera après les rôles notamment dans les productions de Mambéty.
Artiste aux talents multiples, Aminata Fall ne se fixait pas de limites dans son art. Elle est la première jazzwoman sénégalaise. Elle n'a pas eu peur d'explorer des genres musicaux différents de la musique traditionnelle ou encore de la salsa qui avaient le vent en poupe à l'époque. Ainsi, elle a osé s'essayer au jazz. Non pas seulement parce qu'elle se sentait capable de le faire mais aussi et surtout à cause des influences musicales qu'elle a reçues. Enfant, Aminata Fall vendait des cacahuètes devant l'une des salles de cinéma de Saint-Louis. Elle entendait alors souvent des chaînes stéréo s'échapper des notes de chanson de Mahalia Jackson ou encore Tino Rossi.
"J'ai commencé à mimer et j'ai tenté de chanter ces titres venus d'ailleurs et que j'aimais beaucoup", informe-t-elle dans le film qui lui est consacré. Des influences qui se ressentent jusque dans sa manière de chanter. Car beaucoup de journalistes jadis l'avaient surnommé Mahalia Jackson. Et jusqu'à sa mort, le 24 novembre 2002, on l'appelait ainsi. Ces qualités de chanteuse hors pair n'ont pas seulement étaient loués ici. Aux USA, lors de ses tournées internationales, Garmi étonnaient toujours les Américains qui ne croyaient pas qu'une Sénégalaise puisse ainsi chanter. Elle a aussi eu à éblouir le public de la première édition du festival des arts nègres initiée par Léopold Sédar Senghor. Ce fut pareil au festival de jazz de 1994 ainsi que celui de 1998. C'est pour cela d'ailleurs qu'en 2013, le comité d'organisation de cette rencontre annuelle du jazz a tenu à lui rendre hommage.
Retraitée de Sorano dans les années 1990, Aminata Fall continue quand même à chanter et s'établit à son propre compte. Elle sortira un seul et unique album. Ce que certains trouvent aberrant pour une artiste de sa dimension. "Aminata Fall n'a pas été assez aidée. Elle devait avoir plus d'un album sur le marché mais elle n'a pas été soutenue", s'est désolée Isseu Niang dans "blues d'une diva". De plus, dans le film de Moussa Sène Absa, l'on découvre une Aminata Fall qui avait perdu de sa superbe car gagnée par la maladie. Elle restait, malgré les difficultés qu'elle rencontrait, taquine, coquette et surtout pleine de vie. Partie à jamais il y a 13 ans, elle semble tombée dans l'oubli. Hier marquait la 13ème année de son rappel à Dieu. Mais aucune manifestation n'a été organisée en son honneur.
Moussa Sène Absa, cinéaste : "On n'a pas rendu à Aminata Fall la monnaie de sa pièce"
Cela fait 13 ans que la cantatrice Aminata Fall est partie à jamais. Que pouvez-vous nous dire sur elle ?
Aminata Garmi Fall était une grande dame. Elle a commencé dans les années 40. Elle a grandi à SaintLouis. C'est après qu'elle est venue s'installer à Dakar. Par la suite, elle s'est mariée, elle a eu des enfants. Elle a débuté sa carrière au Théâtre national. C'était une femme bourrée de talent. Elle savait chanter et danser et jouer de la comédie. Aminata a marqué le théâtre Sorano. À un moment donné, elle a été au festival mondial des arts nègres. À SaintLouis, elle travaillait dans le groupe "Mbaa" parce qu'elle avait déjà une fibre musicale. L'artiste avait cette manie de reprendre toutes les chansons qu'elle entendait. Elle avait un don de répétition. Parler d'Aminata Fall, c'est parler de ce Sénégal-là et de ses grands moments de création. Elle a apporté de belles choses à la musique sénégalaise même si elle n'avait pas beaucoup de produits. Elle n'a fait qu'un seul disque "Kang Foré" mais beaucoup de musiciens se sont inspirés d'elle. Elle chantait dans le style du jazz et du blues. Personnellement, je pense que c'est une grande perte et on ne lui a pas rendu la monnaie de sa pièce parce qu'elle méritait que quelque chose porte son nom dans sa ville natale de Saint-Louis. Au moins, qu'il y ait une chose qui nous rappelle son passage sur cette terre.
Donc, vous avez des regrets pour elle?
Je pense qu'elle mérite plus que des hommages. Mais le Sénégal a la mémoire courte. Il y a des gens comme Djibril (ndlr Djibril Diop Mambety), Ousmane Sembène qui ont quitté cette terre en y laissant de beaux calques et qu'à leur mort, jusqu'à présent, rien n'a été fait en ce qui concerne leur mémoire. Donc, ce qui se passe là avec Aminata n'est pas quelque chose de nouveau je peux dire. Tout le monde parle de lui rendre hommage en tant que mère mais pour moi, elle n'était pas une mère, c'était une amie. Je pense que tous les Sénégalais devraient, de temps en temps, penser à elle. Et la meilleure façon de penser à quelqu'un, c'est de donner son nom à un lieu, un espace, une rue… afin de l'immortaliser.
Qu'est-ce qui explique, selon vous, le fait que le Sénégal ne soit presque jamais reconnaissant envers ses ambassadeurs de la culture ?
Je pense que la chose la plus évidente dans ce domaine, c'est que les Sénégalais consomment ce qu'on leur vend, c'est-à-dire de la musique insipide, de la danse vulgaire, de la lutte. Tout le monde fait la même chose mais on ne s'en rend pas compte. Ce qui est vraiment triste. Il faut avoir des références mais le Sénégalais n'en a pas. Ce qui est grave. Les références des artistes d'aujourd'hui, si on les cherche vraiment, on ne les trouvera pas malheureusement. On ne nous parle pas de ces anticonformistes qui font avancer la société.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, OUMOU WANE
HOMMAGE À UNE VICTIME DES ATTENTATS DE PARIS
Ce poème est dédié à Halima Saada Ndiaye, une Tunisienne mariée à un Sénégalais, tuée la veille de son départ pour s’installer définitivement à Dakar
Oumou Wane, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 22/11/2015
Le lendemain du drame, elle devait prendre un vol pour Dakar. Son projet : s’installer définitivement dans le pays de son époux, le Sénégal. Sa patrie de cœur. Halima Saad Ndiaye, une Tunisienne, tuée dans les attentats de Paris, ne réalisera pas ce vœu. L'éditorialiste de SenePlus Oumou Wane lui dédie ce poème.