Aminata Sow Fall est une grande dame qui constitue une référence incontestable pour toutes les femmes du continent africain. Elle fait la fierté de notre pays et de l’Afrique tout entière, dans bien des domaines.
Voilà sûrement pourquoi, l’Académie française a décidé de récompenser son mérite en octroyant à l’auteur de «la grève des bàttu», de «l’appel des arènes», de «Le revenant» et de «Festins de la détresse» entre autres, le Prix de la Francophonie.
Au risque de me faire tirer les oreilles par celle que j’appelle affectueusement et très respectueusement «ma grande sœur», pour avoir osé violer sa loi personnelle qui se résume en trois mots «humilité», «générosité» et «discrétion», je me permets aujourd’hui, de sonner le clairon de la reconnaissance pour appeler mes compatriotes en général, les jeunesses féminines en particulier, à prêter attention, à se remémorer, à visiter et à revisiter l’itinéraire impressionnant de cette grande dame digne de tous les hommages et de tous les respects !
Aminata Sow Fall, cette honorable native de la belle ville de Saint-Louis, a donné à la cité de Mame Coumba Bang, de véritables raisons de revendiquer la plus haute marche du podium, dans le concert des Nations et de la culture universelle.
C’est Aminata qui, avec sa plume d’or trempée dans du miel doux et parfumé, a offert à Saint-Louis cette belle et délicieuse poésie :
«Saint-Louis la bleue exhale la lumière de la paix. Une pièce d’azur sertie dans l’océan, enrobée de zéphyr, nourrie de la clameur des flots à l’unisson. Mon contact avec l’île bleue restera la seule découverte de ma vie. Je n’en veux pas d’autres. J’y découvris que le riz pouvait sortir d’une marmite avec les reflets de diamant. Le ‘’ceeb u Jén’’ de Saint-Louis est doux comme un rêve. Et le ‘’deem’’ farci n’était plus le mulet lorsque les doigts experts d’une Saint-Louisienne l’avaient recomposé en un joyau à déguster».
Comme tous ses concitoyens, Aminata aime Saint-Louis du Sénégal avec fureur, comme le disait le Duc de Lauzun, premier gouverneur du Sénégal, nommé par le Roi de France en 1779, quand il parlait des habitants de cette ville.
C’est sûrement ce qui a amené la grande romancière, après le Centre africain d’animation et d’échanges culturels (Caec) et les Éditions Khoudia, à créer à Saint-Louis, avec des moyens personnels très limités, le Centre international d’études, de recherches et de réactivation sur la littérature, les arts et la culture (Cirlac), un impressionnant complexe culturel situé à deux pas de l’Université Gaston Berger.
Aminata Sow Fall fait partie des professeurs de français les plus remarquables des pays francophones d’Afrique et d’ailleurs. Elle a participé à la formation de nombreux professeurs de lycée au Sénégal et en Afrique. Elle a été membre de la Commission nationale de réforme du Français. Elle a également participé à la rédaction des manuels scolaires du Second cycle en vigueur dans les années 80/90.
Aminata Sow Fall a été Directrice des lettres et de la propriété intellectuelle. Elle a également été Directrice du Centre d’études des civilisations.
Cette grande dame est d’une discrétion inamovible. Mais, malgré tout, elle ne passe pas aussi inaperçue qu’elle l’aurait souhaité. L’immensité de son œuvre, son attachement aux valeurs de la culture sénégalaise, sa pudeur, sa générosité, son enracinement et son ouverture, son style vestimentaire nationaliste, l’élégance de son langage et sa gestuelle gracieuse, constituent une source nourricière à laquelle devraient s’abreuver toutes les femmes à la recherche de référence.
Aminata est une dame moderne, brillante, discrète et enracinée dans sa culture et dans sa religion. Dans ses écrits elle ne cherche jamais à faire plaisir aux Occidentaux en reniant ses valeurs culturelles fondamentales. Son expression littéraire est essentiellement ancrée dans ses convictions personnelles. Quand elle écrit, elle ne pense jamais à un Grand Prix ou à une quelconque récompense ! Sa plume toujours libre refuse et rejette la servilité!
J’ai souvent vu des hommages que l’on rendait à des personnes déclarées honorables dans différents secteurs culturels et sportifs, ce qui en soit, n’est pas une mauvaise chose. Mais, je me dois de dire, sans vouloir sous-estimer les uns et les autres, que la vie et l’œuvre de Aminata Sow Fall sont de loin plus utiles, plus instructives, plus productives et plus durables que des pas de danse, des chants éphémères ou des prouesses de lutteur.
Toutes ces distractions qui parfois nous procurent des moments de plaisir ont, au demeurant, un dénominateur commun, celui de s’effacer dans un futur très proche, des archives et de la mémoire de l’humanité.
C’est peut-être pourquoi, Léopold Sédar Senghor dans sa grande sagesse disait un jour : «la meilleure façon de vaincre la mort, c’est d’être écrivain». Le grand intellectuel Maître Abdoulaye Wade ajoutait avec pertinence : «Les poètes sont comme le soleil qui meurt au crépuscule pour renaître plus beau à l’aurore».
Aminata Sow Fall s’est distinguée dans tous les genres littéraires. A cela s’ajoute sa brillante carrière administrative sans embuche et difficilement égalable. Son œuvre sera immortelle. C’est la raison pour laquelle, je lui souhaite du tréfonds de mon cœur, de vivre plus de cent ans dans un état d’excellente santé et dans un environnement de paix, de bonheur et de prospérité, par la grâce de Dieu, Maître des Cieux et de la Terre.
Le plaidoyer pour le leadership des jeunes filles était au cœur du lancement du rapport Plan International sur «les barrières et opportunités» du leadership féminin en Afrique de l’Ouest. Des échanges fructueux ont été menés par des militantes de la cause genre à l’instar de l’ancien Premier ministre Aminata Touré.
Le rapport sur «leadership féminin en Afrique de l’Ouest» a été lancé ce jeudi, par le bureau Afrique de l’Ouest de Plan International. Les barrières et opportunités liées à la question ont été évoquées dans ce document avec comme approche spécifique, la mise en action des filles au cœur du dispositif.
En effet, le document donne pour «une fois le point de vue des filles et pas comme toujours celui des femmes», renseigne Faty Kane, coordinatrice de la campagne mondiale «Parce que Je Suis une fille», au bureau Plan Afrique de l’Ouest.
Le document produit est une synthèse de quatre recherches menées dans 13 pays de la sous-région. Il met en lumière le fait que les filles ont des besoins spécifiques différents de ceux des garçons et des femmes. Ce qui est qualifié de «double handicap» par Khady Touré, entrepreneure sociale et membre du panel du jour. Pour le surmonter, elle prône la triptyque « connaissance de soi, confiance en soi et estime de soi».
Parmi les barrières rencontrées par les filles figurent en pôle position le manque d’éducation, le mariage forcé et le manque de modèles féminins.
Les filles des pays mentionnés «pensent pouvoir relever le défi du leadership féminin». C’est en s’appuyant sur ce positivisme réaliste qu’Aminata Touré, ancien Premier ministre du Sénégal a développé son intervention. Auteur de la préface dudit rapport, Mimi Touré signale que «la famille est le premier espace où ce leadership se construit».
Évoquant son expérience personnelle, elle se souvient avoir toujours eu le soutien de son père. «Il faut que les filles comprennent très tôt que la vie n’est pas un gâteau qui se donne. L’axe de sensibilisation à exploiter est celui de père-fille plus que celui d'époux-épouse. Nous devons mettre à contribution les autorités religieuses tout comme les médias qui présentent une sexualisation excessive des filles.»
La clé pour remporter ce combat est «l’éducation», déclare Aminata Touré. Elle martèle : «Il faudra songer à mettre sur pied une coalition des femmes leaders pour l’éducation des filles surtout en Afrique de l’Ouest. S’il faut représenter le damné de la terre ce serait une fille vivante en Afrique de l’Ouest, dans un milieu rural. La sensibilisation doit être intensifiée entre 13 et 16ans.»
Pour la petite histoire, le nom de la campagne «parce que je suis une fille» découle de l’expérience vécu par la directrice de Plan Allemagne en visite au Nepal en 2004. Elle avait croisé une fille dans un village en pleine période scolaire et lui avait posé la question de savoir pourquoi elle n’était pas à l’école ? Spontanément la demoiselle avait rétorquée «par ce que je suis une fille».
Dix ans après les faits, le fatalisme laisse place à la prise de conscience qui doit conduire au changement de comportement en vue d’une meilleure représentation des filles et femmes dans les sphères sociales, politiques et économiques.
À noté qu’après le Sénégal, le rapport sera présenté au Nigeria puis porter au niveau de la CDEAO pour des actions concrètes.
A quelques jours de la célébration de la fête de Korité marquant ainsi la fin du mois de ramadan, les préparatifs sont à leur summum sur le marché. Au marché Hlm, lieu très prisé par la gent féminine dans le domaine de l’habillement, ce sont les getzner, le til, la soie, les brodés, le « djipiir » qui sont à la mode.
A dix jours de la Korité, les préparatifs de la fête vont bon train au marché Hlm. En fait, ce lieu commence à refuser du monde. Malgré la forte canicule qu’il fait sur Dakar, en sus d’observer le jeûne, les haut-parleurs accrochés sur des poteaux distillent de la musique à tout va.
Les vrombissements des moteurs des véhicules mêlés aux bruits provenant des stations radiophoniques, créent une cacophonie indescriptible dans ce marché très prisé par la gent féminine. L’ambiance est au rendez-vous. Il est difficile de se frayer un chemin.
A la limite, on se bouscule pour continuer son chemin au risque de tomber sur les étals des commerçants de chaussures, d’accessoires ou de tissus. Et les étoffes qui marquent l’attention. Trouvé à l’intérieur de sa cantine, le visage dégoulinant de sueur, Abdou Diouf range un rouleau de tissus vide, tandis que ses frères marchandent avec des clientes à propos du til.
«J’ai déjà acheté 3 mètres de til, il me reste le getzner. Comme tous les tailleurs sont pleins en ce moment, je ne pouvais pas prendre du Ganila, qui n’est plus d’actualité. Sur ce, je me suis rabattue sur les tissus légers qui sont faciles à coudre», indique Fatoumata Ndiaye, les traits du visage tirés à cause des effets du ramadan.
Pour cette fête de Korité qui pointe le bout du nez, en plus des tissus traditionnels comme les Thioubes, Ganilas, brodés et métrages, les tissus en vogue sont, d’après, le commerçant Abdou Diouf, la soie duchesse, le geztner, les brodés, le til et le « djipir ». Et les prix oscillent entre 2000 et 20 000 F CFA, le mètre. Le til, qui est très en vogue en ces périodes coute 2500 à 20 000 FCFA le mètre.
La soie duchesse, elle, s’échange contre 2000 FCFA à 2500 F CFA, le mètre. En ce qui concerne la seconde catégorie de tissus brodés, le mètre est entre 1000 et 5000 F CFA. L’original se vend par paquet à 17 000 F CFA. « Les affaires marchent bien actuellement. Les gens donnent beaucoup d’importance à ces fêtes religieuses. Ce samedi, je me suis approvisionnée en 3 balles de 20 rouleaux, mais actuellement il ne me reste que 10», souffle-t-il.
Pour sa part, Mbène Thiam fait savoir que c’est le til, le « djipir » et la soie qui sont les tendances pour cette Korité. Toutefois, la commerçante se désole du fait que l’affluence n’est pas encore au rendez-vous. « Les visiteurs n’achètent pas, la plupart ne viennent même pas.
Les années précédentes, à l’approche des fêtes, mon magasin était plein à craquer. Tel n’est pas le cas pour cette année. Je pense que c’est du fait de la conjoncture et avec le mois de ramadan, les pères de familles privilégient plus la nourriture qu’autre chose», s’est résigné Mbène Thiam, assise sur ses paquets de tissus.
Toutefois, elle garde l’espoir de jours meilleurs, parce que philosophe-t-elle, un vendeur doit toujours espérer vendre, sinon il peut rester chez lui. Debout sur une planche où sont posés des tissus de tous genres, Bour Guéweul montre aux passants les nouveaux arrivages.
Tout comme Mbène Thiam, il lance que ce sont les tils, getzner, brodé Autriche et soie duchesse et la soie qui sont en vogue en cette période. Le mètre du til doré coûte 2500 F CFA. Loin de ressembler aux autres commerçants, Souleymane Faye, lui, expose les tissus « djipiir » Il s’enorgueillit tout en ferrant ses clientes : « je vends du djipiir et je les cède à 5000 F CFA ou plus le mètre.
C’est une sorte de brodé en fil, très pratique pour la couture, elle se garnie elle-même et on le coud avec la soie, le geztner ou la soie duchesse. Il se vend cher à cause de la conjoncture». Néanmoins, à côté du « djipir », Faye cède aussi du til, pour dire que les tendances de la Korité suivent celles de l’été. Tout simplement.
UN PEPIN POUR LES VENDEURS DE GARNITURES
Avec les tissus légers qui sont en mode pour la fête de korité, les femmes n’auront pas à payer des prix élevés aux tailleurs pour la garniture et autres astuces. Car, ces étoffes disposent déjà de garniture. Donc, ils ne nécessitent pas des garnitures pour son embellissement.
Ainsi, les vendeurs de ses accessoires aux multiples formes et couleurs ne se frotte pas les mains en ce moment. Madame Seck en est une. Sur sa petite table posée à côté des vendeurs de tissus légers comme le til et le djipiir, sont visibles ces accessoires avec des tailles et formes variées sous différentes couleurs.
« Le commerce des garnitures n’est pas fructueuse avec la fête qui s’approche. Et par rapport à l’année dernière, il y a une grande différence». Selon cette commerçante, l’arrivage des nouveaux tissus comme le til fait défaut à leur petit commerce. « Les gens préfèrent acheter les tils et djipir pour garnir leurs tissus plutôt que de payer des garnitures ».
Egalement vendeur de garnitures au marché Hlm, Ousmane Gaye gagne sa vie avec ce business qui n’est plus très fructueux à quelques jours de la korité. « Avec les tissus en vogue pour la korité comme les tils, djipiir, les affaires ne marchent pas très bien.
Les clientes viennent rarement et ce n’est pas bon signe», constate le sieur Gaye. Intervenant, sous le couvert de l’anonymat, cette vendeuse de garnitures note que le pouvoir d’achat des acheteurs a baissé cette année. « Sur 5 personnes qui visite ton commerce, ce sont seulement les 3 qui achètent. Mais je ne vends pas en détail. Je cède en gros». Ce, tout en refusant de dévoiler ses prix de vente.
LES ROBES BUSTIERS À LA FENTE TRÈS OSÉE MARQUENT LEUR TERRITOIRE
Apres plusieurs jours de jeun, la korité s’annonce chez les musulmans. Cette fête qui marque la fin du mois de ramadan, très bien attendue par les jeunes et vieux, reste un moment de consolidation des liens. Chaque famille se donnera durant la journée les moyens de préparer des mets copieux. Bien zappés, le soir est réservé à des visites de voisins et proches parents dans le but de se faire pardonner. Mais, cette année, la mode qui revient avec des modèles modernisées, n’a pas vraiment changé.
La souffrance liée à la privation et la dévotion est sur le point de présenter ses adieux aux fidèles musulmans. A pareil moment, l’esprit du fidèle est préoccupé par deux soucis. D’abord, il se lance à un besoin de satisfaire le plat du jour de Korité. En même temps, s’habiller de la plus belles des manières pour montre sa joie d’avoir accompli un mois plein de chasteté.
Ainsi, le pratiquant se mettant dans des préparatifs hâtifs ne se donne plus le choix. Calculatrice en main, l’heure semble être, à l’estimation des budgets de korité. Sous ce registre, les hommes qui cherchent à remplir le rôle de père de familles, font en sorte que les besoins financiers soient réglés.
Quant aux femmes, elles se bousculent au marché des tissus et chez les tailleurs. Un tour aux étages de l’immeuble Touba Sandaga, réservé aux couturiers montre que la classe et l’élégance promettent d’être au rendez-vous. Ici, le bruit des machines de couture informe à bien des égards sur l’activité des locataires de ce bâtiment. Tout le monde s’active.
Certains, sur les tables de coupes et d’autres s’affairent à repasser les habits déjà prêts. Et, dans ce bruitage des machines, une bonne partie du personnel se charge de la couture en question au moment où, des femmes, assises à même le sol, font les perlages.
Le travail se fait en chaine. Chacun essaye de remplir sa fonction. Dans cette dynamique de groupe, les brodeurs, en véritable maître dans leurs arts, brodent de manière énergique. « Nous avons préparé de jolies vêtement pour nos clients.
Actuellement, il fait chaud. Les filles optent pour des tailles basses bustiers et robes sans manches. Et, pour les grande dames, nous faisons des robes tailles Mame avec gros file ou le 217 », informe Diokhané, entouré de ses machines, dans un bruitage assourdissant.
Ce jeune homme, âgé de 30 ans, habillé d’un Lacoste bleu de nuit, assortis d’un jean, promet à ses clients qu’il n’y aura pas de réclamations. « Nous sommes en avance sur l’heure », relève-t-il. A cet effet, il a été constaté que les filles ne lésinent pas sur les moyens pour se faire belles.
Quelques soit le prix, elles sont prêtes, disent-elles, à attirer les attentions sur elles. En termes de modes, les robes bustiers à la fente très visible, marque son territoire. N’empêche, les « Tuniques » et les « Grands boubous » pour les bonnes dames sont aussi très perceptibles.
Les hommes ne sont pas en reste, les hommes aux ciseaux leur proposent des kaftan, Abasanjo, Grand boubou etc. « Pour cette année, personnes n’est laissée en rade, ils seront tous bien vêtus », promet Modou ciseau, un couturier très reconnu pour ses coupes d’enfer.
SES RECHERCHES SUR LE KARITÉ TIRENT DES MILLIERS DE FEMMES DE LA PRÉCARITÉ
NDIEME NDIAYE, DOUBLE MEDAILLEE D’OR POUR LES INNOVATIONS
Le beurre de karité est dans les rayons des produits cosmétiques des boutiques les plus prestigieuses à travers le monde. Cette percée est portée par une dame : Ndiémé Ndiaye. Elle a affiné la transformation du beurre de karité sans dénaturer ses principes actifs. Les vertus thérapeutiques et adoucissantes de ce produit sont attestées par certains organismes. Cerise sur le gâteau, le beurre de karité est certifié écologique. Depuis, des unités de transformation sont ouvertes au Sénégal et au Burkina Faso où 4.000 personnes sont sur la chaine de valeur. Pour l’invention et pour avoir tiré des milliers de femmes de la pauvreté, Mme Ndiémé Ndiaye a reçu de nombreuses distinctions.
La dame Ndiémé Ndiaye a réussi là où plusieurs inventeurs sénégalais ont échoué. Elle est parvenue à franchir le cap du passage de la valorisation de son invention. Ndiémé Ndiaye apporte une touche particulière à la valorisation du vitellaria paradoxa, plus connu sous le nom de beurre de karité.
A l’instar des auteurs qui ont porté le combat pour la reconnaissance de l’identité africaine, Ndiémé Ndiaye était à la pointe de la vulgarisation et de l’acceptation des vertus d’un produit local à l’international. C’est aussi une manière de revendiquer son africanité. La quête de reconnaissance du beurre n’est pas dissociable de la lutte contre la pauvreté.
Elle l’a affirmé. Son ambition, c’est d’apporter un renouveau dans la transformation de l’amande de karité et aussi favoriser l’émergence d’une activité rentable pour ces dames de la région de Kédougou opérant dans ce créneau.
« Mon ambition, c’est de résoudre des problèmes de transformation en apportant des solutions techniques et technologiques, afin que ces femmes puissent gagner dignement leur vie. C’est ce qui a amené à lancer le concept cosmétique équitable », ne cesse de répéter la panafricaniste à chaque occasion.
Contrairement à beaucoup d’inventeurs africains, Ndiémé Ndiaye est parvenue à baliser la voie de la production industrielle. Elle monte une petite unité de transformation avec 6 machines de presse à froid et jette les bases d’une vraie organisation d’une chaîne de valeur. Des femmes et des jeunes se sont regroupés en association.
C’est ainsi que plus de 2.000 femmes de la région de Kédougou sont impliquées dans la transformation du beurre de karité. Elle a contribué à transformer la vie de milliers de femmes au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Elle a sorti des milliers de femmes de la misère.
Ce n’est pas pour rien que la Fondation End humain trafficking (lutte contre la traite des êtres humains) au Wold economic forum de Davos lui a décerné le prix de meilleur chef d’entreprise pour la lutte contre la traite des êtres humains en 2013.
Grâce à l’association mise en place par Ndiémé, au Burkina Faso, le groupement féminin SongtaabaYalgré, entre juillet 2003 et août 2004, a bénéficié de machines qui ont permis d'automatiser, en partie, le processus de fabrication du beurre de karité. Le temps de fabrication a été considérablement raccourci et la pénibilité diminuée. La capacité du groupement qui était de 2 à 3 sacs par jour de production de beurre karité est passée de 6 à 10 sacs », se félicite Mme Ndiaye.
Ruée vers le karité
L’introduction des machines fait passer le nombre de membres de 50 à 2000 femmes, les premières à fabriquer des produits certifiés dérivés du karité. Le prix de l’échange sur le marché va alors connaître une hausse, passant de 1000 FCfa le kilogramme à l’usine à 2500 FCfa. « Cette impulsion a permis au groupement de faire partie des premiers au monde à produire le beurre de karité biologique certifié par Ecocert. Cette certification a contribué à l'augmentation de revenus pour ces femmes », confesse la triple lauréate pour les inventions.
Comme au Burkina Faso, des sites de production et de formation voient le jour dans la région de Kédougou en 2013, précisément dans le village de Madina Kénioto. « Les activités autour de ce site ont un impact direct sur 104 femmes et 5 jeunes qui travaillent directement sur le site, et a abouti indirectement à la création de 2833 « emplois verts » pour les femmes sur toute la chaine, depuis le ramassage jusqu'à la vente des noix, en passant par le dépulpage, la cuisson et le séchage », confie Ndiémé Ndiaye.
Conservation des principes actifs
La mécanisation de l’extraction n’a pas eu d’effets contraires sur la conservation des vitamines A, B, E, F, etc. Les principes actifs pour la chevelure, les allergies de la peau et la revitalisation des muscles sont conservés. La technologie utilisée a neutralisé l’odeur du beurre de karité qui n’a pas perdu ses propriétés originelles malgré une intervention anthropique. Les organismes spécialisés dans le contrôle des produits cosmétiques n’ont pas émis de réserves sur les effets contraires.
Sinon attester la qualité du produit qui a reçu l’onction des organismes de certification reconnus sur le plan international. Il fallait ainsi s’attendre à des distinctions. Ndiémé Ndiaye a, en effet, été primée deux fois au Salon international des inventions de Genève en 1996 et 1998.
Par la suite, elle remporte la médaille d’or au Salon mondial des inventions à Séoul en 2002. La panafricaniste deviendra, 5 ans plus tard, la lauréate de l’Union européenne de femmes inventrices, en 2007, à Berlin, alors qu’en 2009 la Première dame de la République démocratique du Congo, Olive Kabila, lui décerne le prix d’Excellence de la femme noire performante.
Persévérance
Ndiémé Ndiaye sait transformer des contraintes en opportunités. Elle sait aussi tirer des enseignements de ses échecs. La marche vers la modernisation de la transformation n’était pas un long fleuve tranquille. Elle a souvenance du fiasco du montage d’une petite unité de savonnerie à Dakar pour faciliter l’écoulement de karité des femmes de Kédougou. Elle s’était retirée pour repartir sur le bon pied.
« Mon esprit de battante m’a animé pour revenir à la charge. Cependant, avec davantage de précaution et de vigilance. Dans la vie, il faut prendre les coups comme des leçons », conseille la double médaillée d’or dans le magazine « Amina ». La lauréate du prix de la femme noire performante poursuit son bonhomme de chemin.
Le défi de la pérennisation
Elle passe plus de temps en Suisse. Elle est fréquente au Sénégal et se rend régulièrement dans des zones de collecte. La pérennisation de la valorisation de ce produit local a un prix. Il faudra plus d’investissements pour éviter que ces milliers de femmes ne retombent dans la pauvreté.
« Ce projet a le potentiel de contribuer non seulement au bien-être des femmes et des familles africaines, mais aussi et surtout de sortir des milliers de personnes de la pauvreté endémique », soutient-elle. Ce n’est pas seulement la viabilité de la production qui l’intéresse. Cette dame veut concilier la rentabilité économique à la protection de l’environnement. Elle est consciente que la dégradation des écosystèmes forestiers met en sursis cette activité. Elle ne le cache pas.
Elle le clame. « Je suis une militante écologiste acharnée et je crois à mon continent, « l’Afrique », notre mère qui nous a donné tout ce dont nous avons besoin comme ressource tant naturelle qu’humaine.
Il suffit juste de développer, transformer, valoriser et commercialiser ce qu’on appelle la « chaine de valeur », avec un espace bilatéral inversé du Sud au Nord pour créer des emplois du village à l’international », revendique Ndiémé Ndiaye. La qualité d’un beurre de karité dépend du terroir de provenance.
"L'ARGENT ET LES PROMOTEURS ONT DÉNATURÉ LA LUTTE"
Un prix de plus dans sa carrière de femme littéraire. Aminata Sow Fall est distinguée cette année grand prix de la francophonie de l'Académie française. Dans un entretien avec EnQuête, elle revient sur l'importance que revêt cette énième distinction. Elle parle aussi de l'état de la littérature, de pourquoi les gens ne lisent plus, de la violence dans l'arène ainsi que de l'immigration clandestine. Sur le choc des cultures, elle a aussi son idée. Et n'hésite pas à la partager.
Vous êtes récipiendaire du grand prix de la Francophonie de l'académie française, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
J'ai accueilli la nouvelle avec une grande surprise parce que je n'étais pas au courant quand le matin de bonne heure j'ai reçu un Sms (Short message service) d'un de vos confrères. Je l'ai appris comme ça et j'étais très heureuse d'une telle distinction.
Que représente ce prix pour vous ?
Il représente pour moi le sentiment qu'on n'est jamais seul là où on est. Et que quelles que soient notre culture, notre origine, nous pouvons toujours communiquer nos expériences, nos émotions. On peut tout communiquer avec le reste du monde parce que nous sommes des êtres humains. Et notre condition est de souhaiter toujours le meilleur, de répondre de manière adéquate dans la mesure de ce que nous pouvons contrôler de notre destin et de réfléchir. De nous poser des questions essentielles : Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Est-ce qu'on peut agir sur notre destin ? Est-ce qu'on peut dompter la mort ? etc. Chaque peuple construit sa culture, sa civilisation, ses us et coutumes dans le but de se sauver, de se protéger. Aujourd'hui, dans le monde entier, on parle de "La grève des Bàttu" (Ndlr son deuxième roman). Il a été traduit dans de multiples langues. Ce qui veut dire que ce lieu unique où nos destins se croisent peut être perçu par tout le monde même si les contextes diffèrent.
Dans le contexte actuel, où tout le monde se plaint du trop-plein de mendiants à Dakar. Une grève des "Bàttu" ne serait-elle-pas salutaire ?
En réalité, je crois même que j'avais écrit la lettre pour dire que ce sont les gens qui ont besoin de ces mendiants pour des raisons culturelles, psychologiques. Par exemple, quand quelqu'un fait un cauchemar sur le plan traditionnel ou religieux, on lui dira de donner de la cola en aumône. Moi j'écoute les radios et j'entends ces genres d'histoire. Je n'écoute pas de manière continue mais je tombe sur des émissions de voyance et même si je passe très vite, j'ai le temps d'entendre ces choses-là. Les gens qui veulent des promotions vont voir des marabouts. Quand je dis marabout, c'est au sens large. Parce qu'on confond souvent marabout et islam. Ici dans notre société, on peut dire de quelqu'un qui excelle dans les pratiques mystiques qui n'ont rien à voir avec l'islam qu'il est un "Serigne" (ndlr marabout en langue française). C'est un besoin que les gens créent. A travers cette fiction, j'ai voulu dire aux gens qu'ils ont besoin des mendiants et toute l'aventure de Mour Ndiaye se trouve là.
"Le revenant" et "La grève des bàttu" ont été adaptés au cinéma. Etes-vous satisfaite des adaptations ?
Je ne fais pas de jugement parce que j'ai étudié le théâtre à la Sorbonne avec le Pr Cherer. J'ai tout de suite compris que le metteur en scène, son métier n'est pas de faire la copie du texte original. C'est de l'art sur l'art. C'est pourquoi moi, lorsque j'ai vu "La grève des bàttu", c'était à Paris, ma réaction était celle d'une personne qui n'a rien à voir avec le scénario. Une personne qui ne revendique pas la propriété du texte parce qu'il y a quelque chose de plus. Je vous assure que quand j'ai vu la scène de l'enterrement du mendiant, décédé suite à des actes de tortures, j'ai pleuré. Je ne peux pas pleurer sur mon texte. Donc, je ne juge pas. Cela appartient aux autres. On ne peut pas demander à un vrai metteur en scène de copier votre texte parce que cela ne servirait à rien. C'est un texte "sur un texte".
Parmi les thèmes développés dans vos divers ouvrages figure celui de l'immigration. Aujourd'hui la clandestinité a donné des proportions inimaginables à ce phénomène. Comment appréciez-vous tout ce flux vers l'Europe ?
Avec "Douceur du bercail", ce n'est pas le problème de l'immigration qui me tentait. Je ne voulais pas faire de théories sur l'immigration ou l'émigration parce que quand j'ai commencé à écrire ce livre, on n'en parlait pas tellement. En ce moment, j'étais directrice des Lettres et de la propriété intellectuelle et du centre d'études des civilisations et j'entendais des étudiants qui disaient : ici on ne peut pas réussir, que cela n'était pas possible. Au moment où moi je disais à mes enfants nés en France de fréquenter l'université jusqu'à la maîtrise au moins. Après ils peuvent aller approfondir leurs connaissances parce que c'est toujours bon et moi-même je l'ai fait. Je l'avais dit lors d'une réunion de coordination des directeurs. J'ai dit qu'il faut qu'on cherche à faire de sorte que les jeunes aient confiance en leur pays mais aussi qu'ils travaillent parce que rien ne se fait sans travail. En 1982, il y a eu deux numéros de "Notre librairie", c'était une revue de la coopération française qui analysait des textes de toute l'Afrique francophone. J'avais été interviewée par Mme Françoise qui était professeur à Washington. Quand elle m'a demandé le sujet de mon prochain roman à l'époque, je lui ai dit que c'est sur ce problème de l'immigration alors qu'on n'en parlait pas. Je pense qu'on peut toujours élargir ses horizons et c'est mieux parce que l'être humain a besoin de vivre l'expérience des autres pour savoir ce que représente la vie. Mais de là à dire que je ne peux rien faire dans mon pays, je pense que cela traduit un manque d'éducation chez les jeunes. En réalité, on n'a pas assez éduqué les jeunes, on ne les a pas encouragés. Et mieux, on ne leur a pas toujours dit la vérité parce que dans le cadre de l'immigration, il y a certainement des personnes qui vont et qui reviennent. Il y en a d'autres qui ne reviennent jamais. Il y a un d'entre eux que j'ai rencontré aux USA dans le Connecticut qui m'a dit : Mme Sow Fall, je suis en prison ici. Pourquoi vous n'écrivez pas sur ça ? Moi, je me sens emprisonné ici parce que quand les gens viennent, ils vivent ici toutes sortes de misères et après, on pense qu'on est à l'aise ici". Je l'ai écrit dans "Douceurs du bercail". Je suis d'avis qu'on n'a pas assez éduqué nos enfants sur leur devoir de participer à la bonne marche de la société en travaillant. Parce que ce que les autres font, nous aussi nous pouvons le faire. Comme nous, ils avaient la vie, la terre, l'eau, les éléments et ils ont arrosé avec leur sueur. Comme je l'ai dit sur la quatrième de couverture de "Douceurs du bercail". C'est moi qui ai demandé à l'éditeur de mettre ce passage. Nous pouvons arroser notre terre avec notre sueur. Lorsque nous avons le sentiment que nous pouvons aller ailleurs, mais dans la dignité, nous rencontrerons d'autres, qui ne nous chasseront jamais. Car nos poignées de mains seront des poignées de mains de respect, de chaleur et non de mépris et de rejet.
Est-ce que cela est suffisant pour venir à bout de l'immigration clandestine ?
Je pense que le problème est là. Il fut un jour où j'étais invitée à la fondation Konrad Adenauer sur le drame de l'immigration. Il y avait des rescapés venus du Sud du pays. Et j'ai demandé à l'un d'eux de ne pas dire qu'il n'y a rien. Parce qu'il y a l'argent que lui et ses compagnons d'infortune ont utilisé pour enrichir des passeurs. S'ils avaient utilisé cette fortune, petit à petit, patiemment, rationnellement, sagement, ils auraient trouvé quelque chose. Pour moi, il n'y a pas de néant. Le néant n'existe pas parce que là où est un être humain qui jouit de toutes ses facultés mentales et physiques, il y a toujours quelque chose à faire. Cela n'empêche pas que dans notre société et c'est une excellente chose, nous ayons cette générosité, ce sens du don qui nous permet d'échanger et de partager notre humanité. Ça je ne le bannis pas. Au contraire, c'est une marque de notre société toujours dans le sens de la générosité réelle qui est un appel du cœur et qui va vers le cœur de l'autre. Nous sommes dans un monde où on peut toujours acquérir et approfondir des connaissances même des connaissances traditionnelles. Je ne dis pas que tout nous vient de l'école française. Sinon comment ont survécu nos ancêtres pendant des siècles et des siècles ? Comment ils ont pu résister ? Il y a aussi un problème de patriotisme. Il faut savoir qu'on n'est jamais mieux que chez soi. C'est cela ma philosophie.
On a quand même l'impression que l'Europe ne s'intéresse qu'aux intellectuels africains. Quand il s'agit de personnes peu qualifiées, elle n'en veut pas. L'Europe n'a-t-elle pas tort d'ouvrir ses portes à une seule catégorie ?
Moi, je pense que c'est la pire erreur de dire que c'est l'Europe qui est coupable. Parce que c'est à nous de créer les garde-fous qui nous permettent de ne pas subir certaines choses. Il y a des maçons, des forgerons et des artisans magnifiques qui font un travail beaucoup plus élaboré que le travail industriel. Moi, je pense que dans la vie, il faut savoir analyser les choses sans passion et de manière objective. Quand vous allez au marché et que vous voyez des tas de légumes, vous choisissez les meilleurs. Il faut donc toujours essayer d'agir sans émotion. Parce que quand on refuse d'assumer notre propre responsabilité dans des choses qui nous arrivent, c'est grave. Lorsque je suis allée en France à l'époque pour étudier, l'Europe cherchait des ouvriers. Elle savait à l'époque qu'ils pouvaient lui apporter quelque chose parce que c'était une main d'œuvre moins chère. C'est l'Europe qui a même suscité cette immigration africaine. Il faut aussi comprendre l'histoire des choses. Tout cela compte. Mais je pense que nous pouvons améliorer notre quotidien par le travail. Aller vers l'ailleurs, c'est normal. C'est même naturel et c'est souhaitable. Parce qu'avant, cela faisait partie de l'initiation. On allait ailleurs pour apprendre le monde. C'est ce que je peux dire sur cette question.
Le dialogue des civilisations, c'est quoi selon vous ?
Le dialogue des civilisations pour moi, c'est de savoir que tel existe, savoir que je dois le respecter en ce qu'il est. J'exige de l'autre, non pas par violence, que moi aussi je sois respectée dans tout ce que je fais. Cela montre aussi que le monde évolue et que toutes les civilisations empruntent à d'autres. Nous sommes un monde métissé, qu'on le veuille ou non. On a toujours emprunté ailleurs. La vie a voyagé, si je peux m'exprimer ainsi. Les us et coutumes ont voyagé depuis des millénaires. On peut changer en restant toujours soi-même. Quand vous mangez une mangue, vous n'en devenez pas une. Votre corps assimile, digère et cela contribue à votre résistance, votre santé et votre équilibre. Voir d'autres personnes qui existent ailleurs ne m'a jamais émue tant que je trouve auprès de ces populations-là l'humanité qui nous rapproche.
Ce que vous dites semble simple mais tout le monde ne l'a pas assimilé. Le respect de l'autre dans ce qu'il est semble difficile. Et le monde aujourd'hui est sous la menace terroriste à cause de cela. Le choc des civilisations devrait être appréhendé de quelle manière ?
Moi, je dirais un appel mondial à la réconciliation. Parce que nous sommes faits pour nous entendre. Je pense qu'il ne devrait pas y avoir de cas où une civilisation se rebelle parce que ceux qui incarnent cette civilisation ont un sentiment d'injustice, d'irrespect et je pense qu'il est temps qu'il y ait une réconciliation planétaire. On a toujours vécu ensemble. Pourquoi ça a débuté quand on a commencé à parler de choc de civilisations. Toutes les religions ont toujours cohabité. Il n'y a pas eu ces clashs. C'est vrai que dans toutes les religions, même celles révélées, il y a eu aussi des moments assez terribles dont personne ne parle maintenant mais il y a eu la paix et la réconciliation. Je pense qu'il faut qu'on se parle. Pour moi, ce n'est pas impossible. Il y a eu des guerres de 100 ans et de plus de 100 ans même qui ont pris fin par la réconciliation. Le miracle peut toujours arriver. Il peut y avoir un sursaut, une étincelle de paix qui vient du cœur. Et je vous assure que j'y crois.
L'on parle de cellules dormantes de terroristes au Sénégal. Qu'en pensez-vous ?
Moi je ne peux pas le dire. Ce sont des choses qui ne peuvent pas se prévoir. Le Sénégal est un pays où l'islam s'est introduit à partir du nord depuis le 9ème siècle et où toutes les religions ont toujours existé et ont toujours pratiqué leurs rites sans jamais recevoir de pierres. Un pays où l'éducation de base n'est pas "n'approches pas un animiste, un musulman, un catholique ou un protestant". Moi j'ai de grandes amies qui sont des chrétiennes et que j'ai rencontrées à l'école. On était dans le même quartier et il n'y avait pas ces problèmes-là. Et vous voyez la coutume sénégalaise, les échanges entre les fêtes, le ngalax, le laax ou encore le mouton de Tabaski. Tout se partage. Nous devrons gagner à retrouver ce temps de la concorde. Il n'y a que ça qui nous anoblit.
Quelle est votre appréciation sur la politique culturelle du pays ?
Je ne bouge pas. Vous ne me voyez pas beaucoup. Vous ne m'entendez pas beaucoup. C'est une posture voulue parce que j'ai choisi d'écrire des livres et je me concentre sur mon papier, mon stylo, etc. car j'écris encore à la main. Si je me mets à juger, le moindre sursaut ou la moindre erreur de ce qu'on appelle la politique culturelle, je pense que cela va me distraire de mon travail. Je ne dis pas que d'autres ne peuvent ou ne doivent pas le faire. Je vois de grands pays comme les USA où il n'existe pas de ministère de la Culture. Ecrire, c'est tellement difficile et prenant parce que cela vous capte tout votre esprit et vous oriente dans votre créativité. Mon choix est d'écrire sans pour autant ignorer qu'il y a un ministère de la Culture qui définit la politique culturelle du Sénégal. Mais en tant que simple citoyenne, je ne peux pas savoir les bases sur lesquelles cette politique culturelle a été définie. Pour moi, tout suit une logique d'appréciation, de pouvoir, de vouloir, etc. Je crois que chaque être humain, là où il se trouve, peut créer la culture. Il peut imaginer. Il peut écrire. Et même s'il ne sait pas écrire, il sait que la culture est un appel qui vient de notre intérieur que nous réalisons, extériorisons pour justement assembler, rêver, rire ou faire des actions de représentation du passé ou d'autre chose. Je sais que chaque être humain a les possibilités de produire la culture. Avant, on le faisait sans le savoir. J'ai grandi à Saint-Louis. Lorsque le griot chantait, le conteur contait, les lutteurs luttaient et j'étais éblouie par les kassak. Je n'ai pas connu le "simb" parce qu'on interdisait d'aller là où cela se passait à la Pointe Sud à Saint-Louis. C'étaient des moments de culture. Pour moi, même la géographie était un moment de distraction, de culture. J'aimais contempler l'île de Saint-Louis, qui était comme une scène à dimensions variables avec son petit bras de fleuve à droite et il était un personnage pour moi.
Sur le grand bras du fleuve qui était à moins de 30 mètres de notre maison je voyais un théâtre. J'aperçois l'île jusqu'au fond. C'était un moment d'évasion, d'imagination. Je voyais l'eau qui tournait autour de l'île et qu'au fin fond je vois une bande de terre et puis l'océan et l'horizon. Tout cela était pour moi significatif. Ce sont des scènes qui m'ont toujours habité et qui m'habitent encore. Je pense qu'à partir de là, on peut créer à partir de son histoire quand on la raconte et qu'on la fait revivre. Une histoire ne se raconte pas n'importe comment, cela se dramatise et cela devient des scènes et chacun avait son pan qu'il revalorisait pour le bonheur de tout le monde. J'assiste à la politique culturelle. Je vois des gens qui travaillent et qui bougent mais je ne veux vraiment pas juger ce qui se fait.
Aujourd'hui on a l'impression que toute la culture se résume à la musique et au théâtre. Avez-vous ce même sentiment ?
Je pense que les écrivains, on ne doit pas les voir, on doit les lire. Parce que si on les voit toujours, est-ce qu'ils auront le temps d'écrire. Le cinéma est un art cher. J'ai lu qu'il y a aussi des efforts qui ont été faits par l'Etat pour les soutenir et c'est tant mieux. Le théâtre, je pense qu'il faut des hommes et des femmes qui produisent. Car c'est la création des dramaturges ou des écrivains qui alimentent le théâtre même s'il y a bien des théâtres improvisés. Moi, ce que je vois à la télévision, on dit toujours théâtre mais pour moi, il ne s'agit pas de théâtre. Pour moi, le théâtre, c'est ce qui se vit en direct avec le public. Dans nos sociétés, on a toujours eu le théâtre quand les troubadours passaient et jouaient des sketchs. Il n'y avait pas de différence entre la scène et le public occidental. Le conte y était théâtralisé. Celui qui contait n'était pas immobile. Par l'échange, le propos et le contenu du conte chacun pouvait savoir ce qu'il devait entendre à travers ce conte. Tout ça, je pense qu'il faut le revaloriser et ça ira beaucoup mieux.
Parlant des écrivains, comment appréciez-vous le niveau d'écriture actuel ?
Sur ce point aussi, je m'interdis d'apporter des jugements. Je reçois des textes de jeunes ou de débutants. Et quand on me demande mon avis sur le texte,je ne dis pas que moi j'ai atteint un degré où ma parole est évangélique, mais je dirais que simplement, en fonction de mon expérience, du fait que j'ai toujours pratiqué la littérature depuis toujours sans avoir produit des romans, je peux constituer par-ci, par-là, sur les côtés les plus subtiles de la littérature comme les problèmes d'expression, de cohérence, de temporalité, etc. Quand un livre est écrit en plusieurs temps, on doit savoir pourquoi. Le profane qui n'a pas étudié les mécanismes de ces choses-là peut penser autrement. Mais un professionnel, juste en lisant, même s'il n'y a pas d'adverbe ou de conjonction, peut tout de suite savoir quand l'auteur parle au plus-que-parfait, si le récit est au passé, que ce qu'il dit là renvoie à avant. Il y a toutes ces choses-là qu'il faut comprendre. Maintenant avec le temps de lecture, la vitesse, ça échappe un peu. Alors là, je conseille. Et je vous assure que je dis simplement ce que je pense. Je ne donne pas de leçons parce que je veux laisser à celui ou celle qui vient me voir la liberté. D'ailleurs, je n'aime pas raturer les écrits des autres. J'écris à part sur une feuille pour dire : il faut revoir ça. Mais je ne donne pas de leçons d'écriture de textes à des gens.
Vous pensez que la relève est assurée ?
Ah oui ! In sha Allah. Je le pense. Je ne citerais pas de nom parce que ça fera des frustrés. Et ça aussi, on ne peut pas le dire parce que quelqu'un peut écrire un premier roman ou un premier texte qui laisse à désirer pour les puristes et qui, le lendemain, vous propose un texte extraordinaire.
Au Sénégal, l'on dit que les gens ne lisent pas. C'est dû à quoi à votre avis ?
Parce qu'il n'y a pas les conditions. La lecture n'est pas un mouvement inné. Ça ne vient pas comme ça par hasard. Il faut cultiver ça d'abord par la présence du livre. Là où nous sommes, j'avais trouvé en bas des locaux vraiment délabrés (ndlr elle parle de l'immeuble où se trouvent actuellement ses bureaux à Fass). On a édité des personnes bien assises sur leur réputation d'enseignants modèles comme Mme Fatou Niang Siga. On a édité son livre "Modes et traditions saint-louisiennes". C'est un livre superbe. Elle l'a fait quand elle était dans la plénitude de son âge. Le livre lui-même était une richesse rien que sur les modes, les traditions, la culture, la coiffure et tout ça. On pouvait y lire l'histoire entière du Sénégal. Moi j'habite à la Sicap Amitié 3 mais il n'y a pas de bibliothèque. Si on cherche une bibliothèque ou même une librairie, ce n'est pas toujours à côté. C'est tout ça qu'il faut cultiver. Si dans chaque quartier il y avait des coins de lecture où on n'a pas besoin de prendre le bus pour y aller et qu'il y a des animations autour, je vous assure que ça marche parce qu'ici au CAEC, ça a marché pendant 20 ans. C'est ceux qui l'ont fréquenté qui me disent que c'est au CAEC que je venais puiser. Ce n'est pas impossible. Le néant n'existe pas. Quand je créais le Caec, ce n'était pas un business commercial. C'était pour partager. Beaucoup de personnes m'avaient dit : non Aminata, ça ne va pas marcher. Je disais oui.
De manière générale, on n'entend presque plus les intellectuels sénégalais sur les problèmes de la société. On a l'impression que vous avez cédé vos places aux prêcheurs...
Je n'ai pas cette appréciation. J'entends tous les jours les intellectuels débattre sur toutes les grandes chaînes de radio. Je parle de la radio parce que je suis plus radio que télé. La télé m'immobilise alors qu'avec la radio je peux aller et venir. Tous les dimanches et les samedis, il y a plein de débats d'intellectuels. Alors les prêcheurs, je pense qu'ils ont trouvé une place là où il y a un vide. La nature a horreur du vide. Peut-être que là où les intellectuels parlent, il n'y a pas assez d'espace pour nourrir le débat. Le débat quand même se nourrit à travers la presse écrite. Je vois pas mal de contributions dans la presse écrite et sur celle en ligne. Quand vous voyez des gens qui font de la voyance acquérir une certaine place, c'est parce qu'il y a des gens qui les mettent là. Moi, je n'ai rien contre ça. Disons que je n'ai pas à les attaquer, c'est leur liberté. Mais il y a les questions existentielles qui se posent. On dit que Dieu est Grand, Il sait et quoi qu'on fasse c'est Lui qui Sait. Alors on n'a pas besoin d'exposer tous ces problèmes. Pour moi et pour d'autres, il est plus simple de prier Dieu et de lui faire part de toutes nos requêtes, car Lui Seul étant Capable de résoudre nos problèmes.
Dans certains passages de "L'appel des arènes" vous évoquez le caractère pas "raffiné" et "violent" de la lutte. Aujourd'hui, on assiste à un regain de violence chez ces sportifs qui ne dit pas son nom. Qu'en pensez-vous ?
Je n'ai pas fait exprès. Mais il arrive très très souvent que l'écrivain ou le texte littéraire devance la fiction. Ça arrive. Je ne sais pas comment car je n'ai pas de dons de voyance ni de prévision mais ça arrive. Dans "la grève des bàttu", il y a ce mendiant-là qui est décédé et que j'ai vu enterrer dans le film et qui m'a fait pleurer. Avant, il est parti à l'hôpital et on l'a ramassé, battu et il est parti là-bas alors que c'est quelqu'un qui aimait la vie et qui faisait du théâtre aussi. Pour marquer comment une administration peut être aveugle, on lui a dit : il faut donner le certificat d'indigence et il a fini par mourir. C'était une fiction. Quelques années après la parution du livre, Yoro Moussa Bathily a fait un film qu'il a appelé "le certificat d'indigence". Son film, il l'a tiré d'un fait réel. Cela s'est véritablement passé. S'il n'y avait pas eu ce fait réel, mon éditeur pouvait lui dire que c'est un plagiat. Pour la lutte, ce qui passe, c'est qu'avant, les lutteurs étaient des rêveurs. La lutte, ce n'était pas de la violence. C'était un temps de bonheur. Moi, je pense que la lutte, c'est simplement un temps de poésie. Parce que le lutteur, quand il venait, il y avait tout l'arsenal, de la musique, du chant, de la danse. Il faisait des "bakk" qui étaient des poèmes de haute facture. Il dansait, il chantait et même dans sa posture et sa tenue, il avait sa mystique mais pas l'argent. Maintenant, ce qui a gâté la chose, c'est quand il y a eu des promoteurs et de l'argent. Beaucoup d'argent d'ailleurs. J'aimais tellement les spectacles de lutte, pourtant je n'allais pas en voir. On n'avait pas la permission d'aller regarder ces choses-là. Ça se faisait à la pointe de l'île. C'est quand j'étais adolescente et que je passais les vacances chez une de mes sœurs à Louga, je devais avoir 15-16 ans, c'est là que j'ai assisté pour la première fois à un combat de lutte. C'était vraiment des moments euphoriques et très beaux. Une fois aussi, j'étais venue en vacances à Dakar et là où il y a le marché de Fass, il y avait une arène et un jour, il y a le géant Fodé Doussouba qui luttait avec un autre pas connu dans l'arène. Et ce jour, il paraît que Fodé Doussouba devait percevoir 50 mille. Mais aujourd'hui, la lutte est devenue un véritable business.
Donc vous pensez que l'argent a dénaturé la lutte ?
Effectivement ! C'est pourquoi je parle de la puissance négative de l'argent, quand la gestion de l'argent n'est pas bien digérée. Je ne dis pas que je mène la guerre contre l'argent. C'est normal de travailler et de gagner de l'argent. Mais il ne faut pas que l'argent soit au-dessus. Il faut que l'être humain avec son éthique, sa vision et ses idéaux puisse maîtriser ce problème. Il ne faut pas que cela soit l'argent pour l'argent ou l'argent à tout prix. Je pense que c'est ce qui arrive maintenant. Avant, la lutte était un moment unique de culture et de plaisir. Je me souviens bien d'un "bakk" de Mame Gorgui Ndiaye qui s'adressait à un autre lutteur qui l'avait battu et il disait "Tu aurais pu me battre mais sans me casser une dent". Et il n'y avait pas de récriminations, d'adversité et de bagarre. Moi je ne suis pas pour la lutte moderne avec la boxe et autre. La lutte, c'était de l'art à plusieurs niveaux. Ce qui était mis en valeur, c'était la beauté plastique du lutteur, son intelligence c'est-à-dire ne pas casser ou faire saigner. On mettait plus en valeur l'intelligence tactique, voir comment un lutteur peut venir à bout de son adversaire supposé être plus fort sur le plan physique. Tout ça se perd malheureusement. Ces lutteurs étaient des personnes tranquilles qui ne vivaient pas forcément de la lutte. Ils avaient d'autres métiers. La compétition autour de l'argent a créé la violence dans les stades.
Avez-vous un projet de livre ?
Oui, j'écris, le manuscrit est là. Je l'ai provisoirement intitulé "L'empire du mensonge". Je l'ai déjà dit dans la presse il y a deux ans. Je ne l'ai pas terminé parce que je bouge assez souvent et je suis distraite aussi par d'autres activités.
De quoi parle le livre ?
Il ne s'agit pas d'un conflit où je dis que telle personne ment. C'est plus quand le mensonge nous transforme, que nous faisons tout faux. On veut paraître ce qu'on n'est pas. On masque la vérité. Il arrive qu'on le fasse volontairement. Mais ce n'est pas un livre pour apprendre la morale à qui que ce soit. C'est pour montrer comment le mensonge de manière tout à fait insidieuse et dans tous les domaines presque a envahi notre vie.
Quand est-ce que vous pensez le publier ?
Très bientôt, In sha Allah. Je suis à un niveau où je ne peux plus lâcher le manuscrit. Il m'est arrivé de garder des manuscrits, d'écrire et de finir un autre. Mais là, s'il plaît à Dieu, je pense que suis presque prête.
Pensez-vous à la retraite ?
Non, on n'est jamais à la retraite si Dieu le veut et nous donne les moyens. Un artiste à la retraite, un écrivain à la retraite je n'en ai pas encore vu.
UNE CORRUPTION TOLEREE ENTRE BELLE FILLE ET BELLE FAMILLE
Le jongué des femmes est à rude épreuve. C’est le moment de cajoler la belle famille. Les femmes ne ménagent aucun effort pour faire les yeux doux à leurs belles familles. Auparavant, la femme se contenter d’apporter du sucre pour sa belle-mère et recevait en retour des prières. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Modernisation oblige et les paniers «Ramadan» s’imposent.
De 10 à 50 mille pour «acheter» les bonnes grâces de sa belle-famille Que ce soit dans les grandes surfaces, le E-commerce et les traiteurs-maisons, différents panier sont proposés à des prix compétitifs. Plus question de se fatiguer achetant différent produits pour ensuite les emballer, tout est dans les paniers.
Le panier, initié il y a quelques années, était abordable et on pouvait se le payer à partir de 10 000 fcfa. Les prix ne sont plus aussi abordables car le panier est de 20 000 fcfa jusqu’à même 50 000 fcfa. Pour toucher toutes les couches de la société, il y a des paniers de 20 000, 30 000, 35 000, 40 000 et 50 000 fcfa avec des compositions différentes qui jouent sur le prix.
Plus le panier est chair, plus on débourse des sous. Les moins chair sont composés du strict minimum c’est-à-dire, lait, sucre et chocolat et beurre. Une composition diversifiée et coquette Le cadeau, destiné à la bellemère et belle-sœur, renferme une variété de délice. Et le tout pour faire plaisir. A l’intérieur de ce joyau, on a de quoi se préparer un bon ndogou.
Rien ne manque. Tout a été déjà pensé minutieusement et les vendeurs ont pris le soin d’y ajouter des produits typiquement sénégalais dont raffolent les mamies. Ah oui ! La composition est donc diversifiée. Il y a les dattes, le kinkéliba, des colas, les arraw, du thé, du lait, de la confiture, du Jus, le dattier du désert, du chocolat, du café noir, du fromage, du lait et le sucer, l’élément de base… et c’est de la qualité du panier et la pluralité des produits que le prix est fixé.
Ce que confirme Mimi Traiteur: «On offre plusieurs types de cadeaux avec des prix variées selon la commande fait par le client. On fait des paniers jusqu’à plus de 50 000 fcfa, en accord avec les denrées choisies par l’acheteur». Et ce n’est pas tout. Il y a aussi des paniers d’accessoires chics, proposé comme soukeurou koor. Les femmes veulent, ainsi, innover face à la concurrence. Car, dit-on, la routine tue. Il s’agit de paniers avec des accessoires personnalisés soit avec la photo du destinataire, comme les coffrets à 20 000 fcfa ou 35 000 fcfa. Il est composé de nappe de table, de serviettes ou ronds de serviettes, des corbeilles de rangements, sac à pain, des ports serviettes entres autres.
Pour défier la concurrence des co- épouses et autres jeunes filles, il y à le panier composé de mugs, port mouchoirs et serviettes de tables, tous personnalisés. Les destinataires, centre d’intérêt du mariage Pour avoir le ngueureum(Ndlr: reconnaissance) de son époux, chérissez la belle-mère et les belles sœurs. Tel est la devise de la famille sénégalaise.
La Téranga sénégalaise, investie les foyers et le téral des épouses à l’endroit de leur belle-famille, est incontournable. Sans quoi, bonjours les piques. Et les paniers Ramadan viennent à la rescousse des femmes. Le panier bien rempli est destiné à la belle famille et aux marraines en général. C’est-à-dire la belle-mère, la bellesœur, la marraine, et aussi le beau-père. «Qu’importe l’âge, le panier est offert à tout bon ndjeuké», s’exclame Bousso, une jeune mariée, offrant des paniers à sa future belle-famille.
Les hommes s’y mettent Ils ne sont pas en rade. Pour faire plaisir à leur douce moitié, les hommes se payent aussi des paniers de Ramadan pour leur belle-mère, qu’il soit marié ou pas. «Pour faire plaisir à ma copine, j’ai acheté un cadeau, ou je ne sais panier, à ma futur belle-mère», livre Abdou Diop, un jeune dévoué aux caprices de sa copine. A défaut d’un «panier ndogou», d’autres hommes préfèrent donner une somme d’argent en toute discrétion.
LE MUSÉE DE LA FEMME PRÉSENTE ‘’MA CALEBASSE D’HIER... À DEMAIN’’
RÉOUVERTURE DE SES PORTES À LA PLACE DU SOUVENIR AFRICAIN
Le musée de la femme Henriette Bathily a rouvert ses portes samedi dernier. La cérémonie fut un prétexte pour les femmes d’y tenir un panel et une exposition mettant en valeur la calebasse. Ses usages domestiques, musicaux, décoratifs, mystiques, pharmaceutiques et l’imaginaire auquel elle renvoie ont été mis en exergue par les panélistes et les artisans calebassiers qui ont exposé au sein de ce nouveau musée qu’abrite désormais la Place du Souvenir africain.
«Le musée de femme de Gorée a levé l’ancre pour accoster à la Place du Souvenir.» C’est par cette belle anaphore que l’administratrice de la Place du Souvenir africain, Adja Sy, a accueilli ses invités samedi dernier. Ils étaient nombreux à assister à la réouverture du musée de la femme Henriette Bathily.
Cet instant solennel durant lequel Annette Mbaye D’Erneville rompt la ficelle qui révèle ce joyau à la Place du Souvenir a été suivi de près par une foule impatiente de découvrir ce qui se trouve à l’intérieur.
La fondatrice du musée franchit la porte de cette salle qui donne accès à plusieurs objets d’art, tous faits à partir de calebasses. Là, elle affiche un sourire béat, signe de satisfaction. Créé en 1994 à Gorée, «le musée a été déplacé pour la rapprocher davantage de son public», informe Marie Pierre Mbaye, la directrice administrative dudit musée.
Heureuse, elle l’est de retrouver à la Place du Souvenir, une nouvelle maison tout comme la fondatrice, Annette Mbaye D’Erneville. «En quittant Gorée, il nous fallait un point de chute. Ici c’est notre nouvelle maison», dit-elle.
Même son de cloche chez Laurence Maréchal, la commissaire de l’exposition qui est heureuse de trouver une demeure pour ses œuvres d’art qui étaient menacées de détérioration sous l’effet nocif de la mer. Marie Pierre Mbaye, sollicite d’ailleurs à cet effet l’aide des partenaires afin de restaurer les œuvres détériorées.
La femme-calebasse
Même si les installations ne sont pas encore achevées, l’exposition a débuté. Dans cette salle, les femmes côtoient un outil qui leur est si familier et pourtant qu’elles ignorent tant. «Tout le monde connaît la calebasse. Les femmes l’utilisent tout le temps et pourtant elles n’en connaissent pas les multiples propriétés.» C’est l’une des raisons qui a motivé le choix du thème du panel et de l’exposition axé autour de «Ma calebasse d’hier...à demain», note Mme Mbaye.
En effet, si la calebasse était connue pour accompagner la femme ménagère dans ses activités domestiques (assiette, cuvette, récipient, entonnoir, et verre) ou comme instrument de musique (kora, balafon, violon), l’exposition a révélé une autre facette. A partir de la calebasse, on peut produire des parures, des boucles d’oreilles, des sacs, des rideaux et même des vêtements. Objet décoratif, la calebasse peut être un abat-jour, un pot de thiouraye que la femme entrepose dans sa chambre.
Fraîchement récoltée, la courge-calebasse intervient dans les recettes culinaires. Elle sert notamment à l’assaisonnement du couscous. Mais «ce patrimoine alimentaire a tendance à disparaître et à tomber en désuétude. Elle n’est utilisée que pendant les fêtes», regrette la gastronome Salimata Wade.
L’exposition présente en outre une femme-calebasse plantée au centre du décor. Elle surplombe tout. Comme pour dire que la femme ellemême est calebasse. La calebasse comme la femme est un réceptacle de nourriture.
Comme la femme, elle reçoit et protège, couvre, couve et endosse aussi. Ses pouvoirs sont énormes.
LES DÉPUTÉS INVITÉS À ‘’TENIR COMPTE’’ DE LA PARITÉ DANS LE NOUVEAU RÈGLEMENT INTÉRIEUR
L’Observatoire national de la parité (ONP) invite les députés à ’’tenir compte’’ de la parité dans le nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale ’’conformément à la loi’’ et à ’’accompagner’’ le chef de l’Etat à ’’réparer une injustice faite aux femmes’’.
Les députés se réunissent en plénière ce lundi pour le vote de la proposition de loi, visant à modifier la durée du mandat du président de l’Assemblée nationale et le nombre requis de députés pour former un groupe parlementaire.
Dans un communiqué reçu à l’APS, l’ONP dit suivre ’’avec beaucoup d’intérêt’’ cette proposition de loi et exhorte l’Assemblée nationale à ’’tenir compte de la parité dans son nouveau Règlement intérieur, en conformité avec le cadre juridique
sur la question’’.
L’ONP rappelle que l’article 7 de la Constitution dispose ’’l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats et aux fonctions’’ et ajoute que ce principe d’égal accès ’’est consacré par la loi sur la parité qui est suivie de son Décret d’application, lequel dispose que le Bureau de l’Assemblée et ses Commissions sont paritaires’’.
Pour la structure, ’’il faut modifier certaines dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée pour garantir la parité dans ses organes et d’en finir avec les irrégularités observées (35% de femmes contre 65% pour les hommes dans le Bureau), en dépit des efforts fournis par l’Assemblée en faveur de la parité
(Vice-président et Questeur)’’
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"DIVORCER, UN ACTE COURAGEUX"
LA JOURNALISTE JULIETTE BÂ MET LES PIEDS DANS LE PLAT
Au Sénégal, 126 286 cas de divorce ont été enregistrés en 2013. Le phénomène est certainement plus important, mais voilà ce que disent les derniers chiffres officiels disponibles. Ce que ces statistiques disent moins ou pas, c'est qu'une rupture semble socialement plus pesante pour la femme que pour l'homme : regard des gens, préjugés, stigmatisation…
Ce phénomène, la journaliste Juliette Ba connait. Enfant de divorcés et divorcée deux fois, elle raconte son expérience. Dans sa chronique "Dans Mon Village" sur sa chaîne Youtube (La Go Du Bled), Juliette Bâ met les pieds dans le plat en adoptant la positive attitude.
Elle avance : "L'échec n'est pas de divorcer mais de rester dans un mariage qui n'épanouie plus, rester à cause du regard des gens et de la famille. Divorcer en 2015 au Sénégal, avec tout ce qu'il y a comme pression sociale est un acte courageux."
Dans la vidéo intitulée "surmonter un divorce", la journaliste évoque aussi la situation des enfants lors de la séparation du couple. Invitant les parents à une remise en question pour mieux se relever.