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27 novembre 2024
Femmes
RONDEURS ARTIFICIELLES À RISQUES
Prise de produits grossissants par des femmes et filles, «Day jël doom» ou «doom lay jël», c’est selon ! Qui n’a pas une fois entendu ces expressions pour signifier qu’une personne utilise des médicaments pour prendre du poids
La prise de poids par le biais de comprimés, gélules, sirops, pommades, injections, poudre… est en train de prendre de l’ampleur au point de devenir une nouvelle «mode» au Sénégal. Beaucoup de filles et même des femmes mariées minces ou de poids moyens communément appelées des «tailles fines» font appel à des produits non naturels et souvent néfastes et nuisibles à la santé, pour avoir de «belles» rondeurs artificielles, malgré les risques.
«Day jël doom» ou «doom lay jël», c’est selon ! Qui n’a pas une fois entendu ces expressions pour signifier qu’une personne utilise des médicaments pour prendre du poids. Ce phénomène qui existe depuis longtemps dans la société est devenu alarmant ou presque maintenant. De plus en plus de filles et même de femmes mariées minces ou de poids moyens ne se suffisent plus de leurs «tailles fines» ; elles ont recours à des produits non naturels et souvent aux conséquences néfastes pour la santé, pour avoir de «belles» rondeurs. Effet de «mode», effet «d’entrainement» et/ou «conformisme» sociétal ? La prise de poids par le biais de comprimés, gélules, sirops, pommades, injections, poudre… est devenu banal au Sénégal et semble inquiéter plus d’un. Même si des Sénégalais en sont encore à en parler dans le dos de celles qui en utilisent et qui semblent facilement reconnaissables, de par les nouveaux traits physiques qu’elles dégagent. «Au regard de la société, une fille doit avoir un bon ‘’toogukay’’ (en plus clair elle ne doit pas être très mince, elle doit avoir des hanches, des fesses). La plupart des hommes sénégalais ont toujours préféré les femmes à forte corpulence, décrite comme ‘’jongoma’’», dit Saliou Ndiaye, interpellé sur ce qui pourrait justifier cette tendance.
UN MARCHE DE REVE BOOSTE PAR LES RESEAUX SOCIAUX
Cette vision pousse nombre de femmes à acheter certains produits souvent mis en vente sur les réseaux sociaux pour augmenter leur poids. La publicité de ces produits passe par Facebook, Instagram ou Tik Tok et on voit toujours une «belle femme», aux formes généreuses et rondes, mise en valeur à côté du produit, pour mieux vendre le rêve. Les articles proposés sur ces plateformes pour inciter à la prise de poids sont souvent des pommades, des gélules ou des sirops et suppositoires. En surfant sur Instagram, on voit plusieurs comptes commercialisant ces produits, qui postent des photos et vidéos de filles qui témoignent avoir utilisé le produit et qu’elles y ont trouvé leur compte (c’est satisfaisant) pour encore plus attirer de potentiels clientes. La promotion de ces produits sur les réseaux comme Tik Tok et Instagram fait des millions de vues et des centaines de commentaires de gens voulant s’en procurer et d’autres qui, au contraire, essaient de sensibiliser et conscientiser de potentielles candidates.
LES REGARDS ET APPRECIATIONS DE LA SOCIETE DES FEMMES AUX «BELLES FORMES»
Après de multiples interrogations sur la question, certaines personnes cèdent, à cause de la «pression» sociale. Un témoignage recueilli d’une étudiante atteste que dans la société dans laquelle on vit, «on ne peut pas s’affirmer à cent pour cent si on pense à l’opinion sociale. Car, les gens vont te sortir tout le temps des : ‘’tu es trop mince, on dirait que tu ne manges pas’’. Les personnes que tu côtoies te feront toujours te sentir à part, du fait de ton poids, surtout si tu n’as que des amies avec des formes généreuses. A un moment donné, tu auras honte de te montrer avec elles ou tu chercheras à avoir les mêmes formes». Un peu plus loin, Saliou Ndiaye, étudiant à Ensup Afrique affirme qu’«avoir des rondeurs fait partie des caractéristiques d’une femme». Pour Saliou, «une femme doit avoir de belles formes pour pouvoir attirer le regard des hommes. Car, nous les hommes, quand nous croisons une femme dans la rue ou ailleurs, nous regardons d’abord son ‘’toogukay’’ (ses fesses/hanches) ; ‘’daniuy ginz daal’’. Alors, si on ne voit pas ce qu’on cherche c’est-à-dire des hanches comme il faut, on se décourage. Un homme est toujours attiré par le physique d’une femme et les femmes ont compris cela ; donc elles cherchent à avoir le corps dont nous hommes rêvons».
POUR FAIRE PLAISIR A SON HOMME ET QUESTION DE RIVALITE OU DE JALOUSIE ENTRE FEMMES
Pour d’autres, ce n’est pas seulement la pression sociale qui explique ce phénomène. El Hadj Faye est d’avis que c’est souvent une question de rivalité ou de jalousie entre les femmes. «Le ‘’tegu bët’’, n’avoir d’yeux que pour la forme de son amie. Car, si tu es amie avec une fille qui a une belle forme, les hommes vont toujours l’accoster, elle. Et, à la longue, tu vas finir par être jalouse d’elle et vouloir être comme elle».
Certains intervenants expliquent que c’est souvent pour faire plaisir à leurs hommes que beaucoup de femmes veulent prendre du poids ; mais il y a aussi la question de la complexité, le manque de confiance en soi, ne pas s’estimer soi-même. L’un dans l’autre, ce phénomène est très préoccupant car on ne sait même pas comment sont fabriqués ces produits dits naturels mis en vente libre. On les voit juste sur les réseaux sociaux, avec une bonne publicité mettant en exergue des photos et vidéos de femmes aux «belles rondeurs» à côté de ces produits dont on ignore tout. Images retravaillées, don de la nature ou formes acquises après utilisation de ces produits ? Aucune certitude sur ces images «attrayantes», de «rêve» !
Ces produits sont le plus souvent vendus par des images de femmes avec de belles formes à qui les vendeuses prêtent ces propos : «j’ai utilisé ce produit là et en seulement trois (3) jours ou deux (2) semaines, j’ai vu le résultat». Des sortes d’appâts pour permettre à leurs sœurs de mordre au danger, sans se soucier des risques, effets secondaires et autres conséquences sanitaires néfastes à l’organisme.
DANS L'ANTICHAMBRE DE LA GRANDE PHARMACIE DAKAROISE
Aïcha Elizabeth Ngoundiam Mbodj contre Aminata Gassama. Ce sont deux pharmaciennes qui se disputent le même lieu pour servir d’officine de pharmacie. Une affaire qui implique aussi le ministre de la Santé, tutelle de la Direction de la pharmacie
Aïcha Elizabeth Ngoundiam Mbodj contre Aminata Gassama. Ce sont deux pharmaciennes qui se disputent le même lieu pour servir d’officine de pharmacie. Une affaire qui implique aussi le ministre de la Santé, tutelle de la Direction de la pharmacie et du médicament, le Syndicat des pharmaciens privés, l’Institution prévoyance retraite (Ipres). Avec l’arbitrage de la Cour suprême. En tout, ça donne l’affaire de la « Grande pharmacie dakaroise » qui fait beaucoup de bruit.
Pour comprendre davantage cette affaire dite de la « Grande pharmacie dakaroise », il faut remonter à l’Hôtel indépendance, sise à la Place de l’Indépendance et qui appartient à l’Ipres. Au rez-de-chaussée de l’immeuble, Aïcha Goundiam Mbodj avait loué un local qui abritait la « Grande pharmacie dakaroise ». Elle exploite donc cette officine de pharmacie sous l’autorisation du ministère de la Santé avec l’arrêté n°13159/MSP/DPH du 4 novembre 1981.
Seulement le 21 janvier 2015, l’Ipres, propriétaire de l’immeuble décide de procéder à des travaux de réfection. Alors, Mme Mbodj est prête à attendre le délai de 6 mois pour reprendre sa place. Elle prend les devants en saisissant le ministre de la Santé et de l’Action sociale d’une « demande d’autorisation de transfert provisoire de son officine en attendant la fin des travaux ». L’Ipres confirme cette réservation du local de 66, 02 mètres carrés par une lettre du 17 décembre 2018, pour un nouveau loyer fixé à 25 000 f le mètre carré, ce que Mme Mbodj a accepté par une lettre du 9 janvier 2019.
Exit Aïcha Ngoundiam, place à Aminata Gassama
Mais le ministre de la Santé a pris une autre option en mettant fin à la location de Aïcha Ngoundiam. « Est abrogé l’arrêté n°013159 du 4 novembre 1981 autorisant Mme Aïcha Elizabeth Ngoundiam à exploiter une officine de pharmacie dénommée ‘’Grande pharmacie dakaroise’’ », écrivait-il. Par conséquent, il a autorisé par arrêté n°000270/MSAS/DPM du 13 janvier 2021, à Aminata Gassama le transfert de l’officine de « Pharmacie Nation », sa pharmacie, de l’avenue Lamine Guèye, Angle Kleber, sur le site exploité par Aïcha Goundiam Mbodj.
Mais déjà, à travers un « Contrat de bail à usage professionnel » en date du 12 août 2020, l’Ipres a approuvé la location par la « Pharmacie Nation ». « Les lieux sont loués à usage professionnel et précisément pour servir de local commercial à la pharmacie de la nation appartenant à docteur Aminata Gassama Baldé », lit-on dans le document. Voilà qui a mis Mme Mbodj dans tous ses états. Elle décide alors de saisir la Cour suprême d’un recours en annulation. Dans son arrêt n°51 du 25 novembre 2021, la Cour suprême annule l’arrêté n°000270/MSAS/DGS/DPM du 13 janvier 2021 du ministre de la Santé et de l’Action sociale portant autorisation de transfert de l’officine de « Pharmacie La Nation » à l’Hôtel indépendance.
Aminata Gassama charge le syndicat, l’ordre…
Dans son mémorandum, après avoir souligné les tracasseries qu’elle a subies entre la Direction de la pharmacie et du médicament, l’ordre des pharmaciens et les syndicats des pharmaciens privés pour le transfert de la « Pharmacie de la Nation », y compris à Diamniadio. Et quand, en 2015, l’Ipres a racheté l’immeuble pour le démolir et le reconstruire, l’épouse d’Abdoulaye Baldé soutient avoir alors déposé son dossier à l’Ipres. « Je dépose (mon dossier) à l’Ipres, elle (Mme Mbodj) prend le journal et commence à m’insulter.
Elle dit qu’il y a une main puissante derrière l’Ipres », raconte-t-elle dans son mémorandum. C’est que beaucoup de gens estiment qu’elle a obtenu l’autorisation de transfert dans les locaux de la « Grande pharmacie dakaroise » au rez-de-chaussée de l’immeuble de la Place de l’indépendance parce qu’elle est l’épouse de Abdoulaye Baldé, un politique un temps proche du pouvoir.
Elle l’a réitéré dans son entretien avec Les Echos en jurant n’avoir « jamais utilisé (sa) parenté avec Macky Sall » pour obtenir quoi que ce soit. « Mon dossier remplit les critères : être de nationalité sénégalaise, titulaire du diplôme de pharmacien, avoir un contrat de bail, avoir un avis favorable de l’ordre des pharmaciens », dit-elle dans son mémorandum. Pour elle, le syndicat des pharmaciens privés, qui soutient Aïcha Ngoundiam Mbodj, est « disqualifié ».
LES QUESTIONS DE GENRE SONT SOUVENT ABORDEES MAIS PAS DANS LE BON SENS
Le Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS) accorde une attention particulière à la question du genre et à la réduction des inégalités dans le monde du travail.
Le Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS) accorde une attention particulière à la question du genre et à la réduction des inégalités dans le monde du travail.
Lors de sa 24ème assemblée plénière sur le thème : "Partage des résultats de la 109ème conférence internationale du travail", la présidente du Hcds, Innocence Ntap Ndiaye a déploré la manière dont la question du genre est traitée dans certaines instances.
"Les questions de genre sont souvent abordées mais pas dans le bon sens. On pense que le genre c'est de dire il faut que les femmes occupent des postes de responsabilités etc. Le vrai débat n'est pas posé de façon scientifique. Nous sommes des femmes, nous sommes dans des milieux où il y a beaucoup d'hommes. La revendication des femmes devrait porter sur la capacitation des femmes à défendre leur propre droit mais pas compter sur d'autres personnes pour venir défendre nos droits", a assuré Mme Ndiaye.
A l'en croire, les femmes ont plus besoin d'être outillées.
"Elles doivent accepter de s'ouvrir. Mais beaucoup de femmes pensent que c'est le combat dans le verbe qui fait marcher les choses. Je ne suis pas dans les quotas qui disent tant d'hommes, tant de femmes. Une femme peut faire dix hommes, on dit "jiggeen bou matt goor et non jigeen bou mann goor". Car ce n'est pas possible. Dans notre mental, on doit pouvoir aborder la question du genre dans le bon sens. Que cela ne soit pas un combat homme-femme mais plutôt que la femme se bat pour occuper la place qui est sienne dans la société", indique-t-elle.
Au cours de l'assemblée, deux rapports sur l'employabilité des jeunes et sur les entreprises en difficultés ont été présentées. Aussi, un guide sur les bonnes pratiques du Dialogue Social sera aussi édité.
D'ailleurs, Innocence Ntap Ndiaye précise que pour les pays de l'Afrique francophone, le Sénégal a une longueur d'avance sur le dialogue social.
"Le Sénégal constitue une vitrine en matière de dialogue social", félicite la présidente du Hcds.
par Texte Collectif
ESPACE PUBLIC POUR TOUTES
Qu’est-ce que cela dit de nous en tant qu’hommes quand, à quelques jours du match retour des barrages du Mondial 2022 entre nos Lions et les Pharaons, nos concitoyennes se dissuadent d’assister à cet événement de peur d'y être sexuellement agressées ?
Nous signataires de cette tribune, nous adressons, en tant qu’hommes sénégalais, aux hommes de notre pays.
Nos concitoyennes, à force de mobilisations depuis des décennies, des mouvements pour l’émancipation des femmes portés par nos aînées aux associations féministes de nos consoeurs actuelles, tentent d'attirer notre attention sur les questions des violences faites aux femmes. Leur détermination et leurs actions qui n’ont jamais faibli, ont certes porté des fruits, tels que la récente crimininalisation du viol et de la pédophilie, mais force est de constater que nous n’avons pas écouté, nous n'avons pas entendu. Nous avons été sourds à leurs revendications et l’actualité récente se rappelle à nous avec son lot de cruautés envers les femmes.
Du féminicide abominable de Seynabou Ka Diallo, étudiante à l’Université Gaston Berger, aux harceleurs et agresseurs sexuels dans les transports en commun en passant par toutes ces interactions non-consenties, donc ces agressions que l'on impose aux femmes dans l’espace public, l’urgence d’un sursaut en conscience et actes est plus que nécessaire de notre part. Il est d’autant plus urgent que même la célébration de notre première coupe d’Afrique de football a été salie par les agressions sexuelles subies par plusieurs femmes. Même dans un moment de communion de toute la nation, un moment qui ne devait laisser en mémoire que les images de la liesse d’un peuple uni dans la célébration d’un accomplissement exceptionnel, certaines de nos concitoyennes ne garderont qu'un souvenir : celui de la négation de leur humanité, de leur intégrité physique et morale, de leur viol.
Le ressort de notre prise de conscience ne doit se trouver ni dans le fait qu’elles soient
nos mères, nos sœurs ou nos filles, ni dans un quelconque élan paternaliste. Il est de
notre devoir de nous assurer de la jouissance pleine et entière de leur droit à occuper l’espace public comme tout un chacun. Nous sommes devant une rupture d’égalité manifeste entre les hommes et les femmes, ce qui va à l’encontre des principe fondateurs de cette nation.
Qu’est-ce que cela dit de nous en tant qu’hommes quand, à quelques jours du match retour des barrages de la Coupe du monde 2022 entre nos Lions et les Pharaons d’Egypte, nos concitoyennes prennent les réseaux sociaux pour partager leurs inquiétudes et se dissuader d’assister à cet événement de peur des agressions sexuelles qu’elles pourraient y subir ?
Il est de notre devoir de faire tout notre possible afin de prévenir de tels comportements, d'agir quand nous en sommes témoins et surtout de veiller à ce qu’aucune complaisance ni complicité ne reste impunie. La sécurité de nos concitoyennes n’incombe pas qu’aux autorités publiques mais également à tout un chacun car c’est cela que faire communauté. C’est de nous assurer que chacun de nous soit, en actes, en paroles et en conscience, le garant du respect plein et entier du droit des femmes à l’égalité. Il nous revient donc de nous savoir concernés en premier lieu par ce sujet et ne pouvant être neutres face à l’injustice, nous nous devons d’agir.
Bien évidemment il va nous falloir aller plus loin dans cette réflexion si nous voulons éradiquer une bonne fois pour toute les violences faites aux femmes. Aller plus loin, c'est commencer dans nos maisons où beaucoup de choses sont tues par un “sutura” qui n’est que le voile de la complicité. Aller plus loin, c'est agir sur nos fréquentations où les abus sont noyés dans un “masla” qui n’est que complaisance. Aller plus loin, c'est intervenir dans l’espace public où la complicité de nos regards détournés par le “màndu” assure la perpétuation de l’ignominie.
En nous adressant à chacun d'entre vous, nous ne serons ni pionniers ni éclaireurs, nous ne faisons que vous répéter ce que les femmes elles-mêmes nous disent depuis longtemps. Nous réitérons l’absolue nécessité de les écouter dans leurs constats et préconisations pour mettre fin à ce fléau. Nous en appelons donc à l'engagement ferme
et sans équivoque des leaders d’opinion, journalistes, des activistes, des citoyens à porter par tous les moyens cette démarche.
Et si pour cette fois-ci nos concitoyennes pouvaient se rendre au match sans craindre ni abus sexuel ni viol car chacun d’entre nous s’engagera pour faire en sorte que #EspacePublicPourToutes soit une réalité ?
Signataires :
Amadou Korka Sow, Consultant IT
Saliou Seck, Juriste, Musicien
Lamine Ndoye, Entrepreneur
Momar Sall, Actuaire
Pape Sène, Journaliste
Abdou Touré, Scout, Humanitaire
Papa Djigane Cissé, Juriste - Business Developer
Papa Ismaïla Dieng, Journaliste - Formateur
Cheikh Fall Fondateur Africtivistes
Alaaji Abdulaay, Blogueur
Mohamed Thiam, Consultant IT
Alassane Diedhiou, Développeur Web
Ousmane Gueye, Membre de FRAPP et Chargé de communication chez Blank
Hady Kodoye Anne, Porte parole Solidarité Sans Frontières Canada, Software
Specialist
Mouhamed Moustapha Sene, Ingénieur en Génie Électrique
Amadou Tidiane Ba, Mécanicien Industriel
Sai Seck, Étudiant en psychologie
Ousmane Aly Diallo, Chercheur, Amnesty International
Samba Dialimpa Badji, Journalist AfricaCheck, @bbcafrique
Mame Mor Sène, Assureur
Moussa Ngom, Journaliste et Coordonnateur de La Maison Des Reporters
Simel Sarr, Consultant en Communication
Abdoulaye Dièye, Entrepreneur
Pape Amar, IT System Engineer
Charles Diouf, Enseignant
Dr Mouhamadou El Hady Ba, Fastef UCAD
Youssoupha Féhé Sarr, Rappeur
Maodo Ndiaye, Juriste
Abdou Wahab Ben Geloune
Pape Ibrahima Seye, Enseignant Chercheur
Boubacar Seck, Architecte, Écrivain
Doudou Thiam, Recruteur, Chef d’entreprise
Brice Koué, Content Manager / Enseignant / HeForShe
Serge Hope, Informaticien
Maguette Niang, Médecin
Madiodio Gaye, Software Developer
Ansoumane Camara
Moustapha Lo, Enseignant-Chercheur
Alioune Dioume, Cadreur
Souleymane Diagne, Ingénieur du Son
Cheikh Badiane, Gérant de Station-Service
Amadou Dia, Avocat
UNE FEMME A LA TÊTE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Les femmes réclament la présidence de l’Assemblée nationale. Après les élections locales du 23 janvier dernier qui ont élu 18 femmes maires, la présidente de Women in mining, Aida Diop Ndiaye, les invite à ses mobiliser en vue des Législatives
Les femmes réclament la présidence de l’Assemblée nationale. Après les élections locales du 23 janvier dernier qui ont élu 18 femmes maires, la présidente de Women in mining, Aida Diop Ndiaye, les invite à ses mobiliser en vue des Législatives du 31 juillet prochain. « Même si le chiffre (18 maires) est encore faible, il faudrait quand même saluer cet engagement politique des femmes qui font face, dès fois aussi, à des contraintes socioculturelles, traditionnelles et cultuelles et surtout par rapport à l’avènement des réseaux sociaux, les dénigrements et autres, ça peut les bloquer », a-t-elle plaidé pour la promotion du leadership féminin.
Mais, elle ajoutera « qu’il faudrait qu’on puisse encourager davantage les femmes à aller à l’assaut du Parlement. Parce que c’est au niveau de l’Assemblée nationale qu’on vote les lois et qu’on fait le suivi de l’action gouvernementale. Il faudrait qu’on puisse avoir pourquoi pas une femme à la tête de l’Assemblée nationale parce que depuis les indépendances c’est devenu quelque chose d’urgent… On a la loi sur la Parité, c’est un acquis mais il faudrait qu’on ait plus de jeunes femmes à l’Assemblée (de la trempe de) Marème Soda Ndiaye, (la plus jeune députée de l’hémicycle). »
Il faudrait aussi, selon la géologue de formation, « que ces femmes puissent savoir que ces postes qu’elles occupent ne sont pas des sinécures mais vraiment du sacerdoce qu’il faudrait savoir développer ».
VIDEO
STL OU LA BELLE REVANCHE DES FILLES EN SCIENCES
Plus de filles scientifiques, de femmes leaders, de femmes en politique... dans les prochaines années ; les solides bases d'une société plus inclusive, plus juste, sont en train d’être posées efficacement et sans grand bruit par Shine to lead
Dans cet entretien, la vice-présidente de Shine to lead (STL) , Rokhaya Solange Mbengue Ndir, rappelle la mission et les objectifs de cette association qui trace progressivement sa toile dans l’autonomisation des femmes au Sénégal.
Depuis plus de 4 ans, Shine to lead recrute et accompagne des jeunes lycéennes des séries scientifique dans leur formation et leur épanouissement émotionnelle en vue de faire d’elles des leaders dignes de ce nom demain. De ce fait, ces lauértes de l'association Shine to lead sont les fleurs de l’espérance pour le Sénégal et l’Afrique dont elles seront des futures légataires.
Les dirigeantes de l’association sont déterminées à aller plus loin en recrutant de plus en plus de filles pour peu que les partenaires suivent et continuent leur appui pour cette belle cause. Les détails avec Rokhaya Solange Mbengue Ndir.
LA POLICE REVISITE SON HISTOIRE
La cérémonie de célébration des 40 ans de présence des femmes dans la police a été lancée jeudi matin à l’Ecole nationale de police
La cérémonie de célébration des 40 ans de présence des femmes dans la police a été lancée jeudi matin à l’Ecole nationale de police. Les festivités vont durer 48 heures sous le thème : «Les 40 ans des femmes dans la police, bilan et perspectives.» Plusieurs autorités politiques, militaires et policières, en service ou à la retraite, ont pris part à cette rencontre aux allures de reconnaissance et d’hommage aux pionnières dans la police.
Dans son discours, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a magnifié «l’engagement» des femmes dans la police «au service de la Nation». Il a décrit un «bilan positif» de l’entrée des femmes dans ce corps à la faveur du décret n° 81-63 du 24 novembre 1981, ouvrant les portes des Forces de l’ordre aux femmes.
Antoine Diome a salué «un bilan fort élogieux de la présence des femmes dans la Police nationale». «A ce jour, dit-il, les femmes représentent 9,18% des effectifs. Au regard de l’importance du rôle que vous jouez dans la police, on est tenté de croire que ce taux est largement dépassé.» Soulignant «la pertinence» et «l’efficacité» des femmes dans tous les postes qu’elles ont occupés, le ministre de l’Intérieur a salué sa conseillère technique, qui «s’acquitte avec courage et intelligence, de ses missions».
Les pionnières dans cette institution sont, a-t-il dit, «les porte-drapeaux qui ont balisé cette voie, qui aujourd’hui permet de noter avec satisfaction tout ce qui a été fait depuis lors». Parlant des opérations de maintien de la paix, M. Diome a relevé que «le Sénégal est classé parmi les cinq premiers pays contributeurs de femmes» dans ce domaine.
La présidente de l’Asso¬ciation des femmes pionnières de la police, Codou Camara, Commissaire de police de classe exceptionnelle à la retraite, est revenue sur le bilan de cette présence des femmes au sein de la Police nationale. Elle a rappelé le recrutement des neuf premières femmes dont cinq officiers et quatre inspecteurs en 1981.
«Cette initiative salutaire, selon elle, a été renouvelée en 1982 avec le recrutement des deux premières femmes commissaires, deux officiers de police et quatre inspecteurs.» Depuis leur entrée dans cette institution, les femmes y ont occupé presque tous les postes nominatifs et sélectifs, du commissaire aux directions les plus élevées dont celui de Directeur général.
DANS L'ENFER DU VEUVAGE
Déchirés par la douleur de la perte, certains veufs ou veuves vivent l’enfer à cause de cette douleur. A côté des crises d’insomnies, certains ont sombré dans l’alcoolisme, là où d’autres refusent de se remarier
Déchirés par la douleur de la perte, certains veufs ou veuves vivent l’enfer à cause de cette douleur. A côté des crises d’insomnies, certains ont sombré dans l’alcoolisme, là où d’autres refusent de se remarier. Incursion dans l’enfer des veufs/veuves.
Il se dégage de la chambre de Sophie* un sentiment de malaise qui vous oblige à rester en alerte sur vos mots, vos mouvements, vos regards. Le problème n’est pas le vaste lit en bois où une pile de linge attend d’être pliée. Ce n’est pas la grande armoire qui occupe tout un mur. Le problème, c’est que tous ces meubles semblent trop volumineux et nombreux pour une si petite chambre d’à peine 15m². Sophie qui vient juste de perdre son époux, se remet avec peine de sa douleur et de son nouveau statut de veuve. Une période de sa vie qu’elle pense avoir bien vécue. Pourtant, on sent encore le traumatisme dans la façon dont son esprit ne joue plus son rôle de filtre. Lorsqu’on lui pose la question sur les particularités de son veuvage, Sophie, la soixantaine, n’en finit plus de commenter et de se noyer dans son flot de paroles. La fonctionnaire à la retraite a besoin de se vider, de se soigner de son trauma. Après plus de 40 ans de vie commune, son mari l’a quittée pour son Créateur, au mois de décembre dernier. «C’était un moment très délicat à gérer. Il n’était pas malade et est parti subitement suite à un malaise», démarre Sophie. Chez la dame, la perte de cet être cher a entraîné l’effondrement des «allant de soi» de la vie quotidienne, fait vaciller le sentiment de sécurité et conduit à une insignifiance de l’existence, mais surtout à une grande solitude lors des repas, des prières et parfois devant le poste de télévision. «C’étaient là des moments forts de la vie conjugale.»
Sophie vit recluse dans sa petite chambre à coucher qui semble si grande pour elle depuis la mort de son époux. Dans sa concession sise au quartier Keur Serigne Louga, sa tâche, comme presque tous les matins, consiste à s’occuper de sa chambre et de ses petits-enfants. Elle replace un mobilier, plie quelques habits, jette de temps en temps un coup d’œil à la télé accrochée au mur, tout en restant alerte sur le moindre bruit. «Depuis la mort de mon mari, chaque bruit me fait sursauter. A chaque fois que j’entends un bruit ou le cri des enfants, je rue dehors pensant qu’ils accueillent leur grand-père. Il avaient cette habitude.» C’est son quotidien. La nuit est une autre réalité. Ses nuits, rythmées par une insomnie chronique, sont devenues blanches et tellement longues. «J’ai du mal à oublier son visage souriant toujours dissimulé dans des lunettes. Il m’arrive très souvent de rester une nuit entière sans fermer l’œil. Dès que je commence à dormir, j’entends sa voix ou j’ai l’impression qu’il est dans la pièce, assis au coin du lit, sa main posée sur ma tête. J’ai vécu plus de 40 ans avec mon mari. 40 années où les seules fois où il couchait hors de la maison, c’était pour une mission. Nous étions très fusionnels. C’est pourquoi, j’ai encore du mal à me faire à son départ.» Sur recommandation de son aîné pourtant, l’aide d’un psychologue avait été sollicitée, mais soucieuse de garder ses souvenirs intacts, Sophie a décliné son appui, «par peur qu’il lui donne des médicaments qui lui fassent oublier son cher époux».
«Dès que je commence à dormir, j’ai l’impression qu’il est dans la pièce, assis au coin du lit, sa main posée sur ma tête»
Astou G* vit une situation quasi similaire. Cette jeune veuve d’une quarantaine d’années reste traumatisée par la mort de son mari, emporté par accident en 2019 sur la route de Saint-Louis. Trois longues années après cette perte cruelle qui a fait basculer sa vie, la jeune dame est toujours inconsolable. Dès qu’elle entend le nom de son défunt époux, elle entre dans un état second. «Je comprends pourquoi certaines femmes refusent de se remarier après la perte de leur mari. Pour dire vrai, je suis certes musulmane, mais si cela ne dépendait que de moi, je ne me marierai plus. Cependant, la religion a ses obligations. Des prétendants continuent de taper à ma porte, mais je les éconduis tous. Après mûre réflexion, j’ai décidé d’attendre la ménopause pour me remarier. Je ne veux pas d’un autre père pour mes enfants. Ma fille aînée me taquine souvent en me conseillant de refaire à nouveau ma vie. Je veux bien, mais il m’est impossible d’oublier mon mari. La nuit, il m’arrive de tapoter sa place dans le lit et de me rendre à l’évidence. Il est bien parti, je le réalise chaque jour un peu plus. Je suis en train de me battre. Pour le moment, je vis avec philosophie ma situation de veuve.»
«Dépressif, il s’est attaqué à une femme qu’il a confondue avec son épouse décédée»
Astou vit son veuvage comme une épreuve à surmonter, une situation nouvelle qu’il lui faut accepter et par rapport à laquelle, elle affirme sa volonté de reprendre le dessus. B. Cissé, lui s’est laissé aller à sa peine, incapable de relever ce double défi : trouver quoi faire de ses journées déstructurées par la disparition de sa femme et essayer de donner une nouvelle signification à son existence. Un désespoir qui l’a poussé à se consoler dans l’alcool et les bras d’une fille de joie qu’il a fini par violenter. Cette dernière l’a attrait à la barre pour vol et violence et voie de fait, parce qu’après avoir satisfait sa libido, B. Cissé lui aurait arraché ses 15 000 Fcfa, avant de la battre copieusement. Invité à s’expliquer, à la barre, sur les faits à lui reprochés, B. Cissé, visiblement dans ses petits souliers, a reconnu les faits. «Effectivement, je reconnais les faits qui me sont reprochés. C’est moi qui ai exercé une violence sur elle avant de prendre son argent. Seulement, je tiens à préciser que j’ai agi sous l’emprise de l’alcool. Cette nuit-là, j’avais beaucoup bu. Je n’étais pas maître des actes que je posais. J’ai sombré dans l’alcoolisme depuis le décès de ma femme. Depuis sa disparition, ma vie a commencé à basculer. J’ai presque tout perdu. J’ai même bradé ma maison à vil prix. Pourtant, je gagnais bien ma vie parce que j’étais entrepreneur de bâtiment. Je suis aujourd’hui devenu un vulgaire ivrogne sans domicile fixe et qui squatte les milieux interlopes des villes de Kébémer et Louga. D’ailleurs, mes enfants ont été récupérés par leur oncle. Je suis perdu sans elle.» Même si le tribunal est resté insensible face aux déclarations du prévenu qui n’avaient rien à voir avec le délit visé, une partie du public compatissait au sort du malheureux veuf. Cette pathétique histoire, confirmée par les proches de B. Cissé, est identique à celle d’un ressortissant guinéen qui vivait à Louga avec sa petite famille. Celui-ci, supportant mal le décès de sa femme était devenu presque dépressif. Il a commencé à poser des actes irréfléchis. Un jour, il est entré dans une maison et a violenté une dame qu’il avait confondue avec sa femme décédée et voulait à tout prix la contraindre à le suivre à la maison : «Je t’ai cherchée partout. Rentrons à la maison ou bien tu auras affaire à moi», menaçait-il. Maîtrisé par quelques gros bras, il a été livré à la police. Attrait devant la barre, il levait sans cesse sa main vers le ciel tout en criant sans cesse le nom de sa femme.
«Je suis devenu un autre homme …»
Ces deux jeunes hommes susnommés ne sont pas les seuls veufs traumatisés par la mort de leur épouse. M.G. un quingénaire domicilié à Guéoul dans le département de Kébémer, a lui aussi perdu le goût de la vie depuis le décès de sa femme en 2019. Trouvé dans un atelier de menuiserie, ce père de quatre enfants peine toujours à faire le deuil de sa défunte épouse. Il confie : «J’ai perdu un être cher. Rien n’est plus dur que la perte d’une épouse, surtout quand elle laisse derrière elle des enfants. On n’est jamais préparé à vivre un tel drame. C’est la raison pour laquelle je suis devenu un autre homme. On dirait que ma vie n’a plus de sens. Vraiment, n’eut été mes enfants, qui me tiennent compagnie, même la nuit, je serais devenu fou. Je pense toujours à ma défunte femme. Nous étions très liés, c’est pourquoi, je vis l’enfer. Il m’arrive souvent de me réveiller au milieu de la nuit pour prier pour elle. Mes frères me conseillent de me remarier afin de mener une nouvelle vie, mais je sais que ce sera très difficile pour moi. J’ai vraiment des scrupules à épouser à nouveau une femme. Ce serait une sorte de trahison à sa mémoire.»
«Je ne songe pas à me remarier»
Président de l’Association des militaires libérés du Sénégal, Cheikh Konaté, par ailleurs président du Club «Les Amazones de Louga» et conseiller municipal à la mairie de Sakal, continue lui aussi de pleurer la mort de sa femme survenue en 2020. Joint au téléphone ce veuf, qui a blanchi sous le harnais, se souvient toujours de sa défunte femme. Il raconte, la voix empreinte de chagrin : «J’avais une épouse modèle. Ses qualités faisaient l’unanimité au sein de ma famille. D’ailleurs, mon père l’a remerciée sur son lit d’hôpital avant de mourir. Sa mort m’a beaucoup affecté. Elle a laissé derrière elle un enfant malade, âgé de quatre ans. Pour le moment, seule l’éducation de notre garçon me préoccupe. C’est pourquoi je ne songe pas à me remarier. Je suis un musulman et j’accepte cette volonté de Dieu, mais je veux prendre du temps avant de nouer une quelconque relation avec une autre. Avant de mourir, elle m’avait confié ses dernières volontés. Je ne la trahirai jamais. Nous formions une seule et même personne. Je suis encore traumatisé par sa mort. Elle a tellement imprimé sa marque sur moi.» A tel point que la défunte continue par-delà la mort, à jouer un rôle de confirmation identitaire sur le survivant.
PAR Hamidou Anne
LE VISAGE DE LEURS LUTTES
Adji Sarr a mis à nu nos lâchetés, nos défaites morales et nos reculs face à l’exigence de la vérité et de la Justice. Elle a éventé le rabougrissement intellectuel de la société et la corruption morale des élites
On sert aux hommes, même au premier benêt venu, du «Monsieur», de l’«Honorable» ou du «président», afin de les élever pour mieux écraser l’autre. Pour elle, l’interpellation est directe : un prénom, un nom et un vocabulaire de l’écrasement voire du dénigrement en référence à sa catégorie sociale et à son genre. Comme pour, par les mots, confirmer une hiérarchie et catégoriser la vulgaire soubrette. Une année que les consciences de la société ignorent l’interpellation d’une jeune femme réduite à la vie en marge ; une vie dans son propre pays sous la protection d’hommes armés afin d’éviter que l’irréparable ne se produise. Cette jeune femme a raison de vouloir quitter son pays et de rallonger la longue liste de gens qui sont partis pour échapper au cercueil de leur société. Ce pays pour elle n’est que violence.
Le propos de madame Adji Sarr, dans une interview avec les médias internationaux, est implacable : «Je ne crois pas en la Justice de mon pays.» Phrase répétée à l’envi par des politiciens et des membres de la Société civile depuis des décennies. Mais quand elle sort de la bouche de cette jeune femme, une frange de la société se bouche les oreilles et érige une chape de plomb sur une liberté pourtant à sacraliser : celle de haïr l’injustice et la tyrannie.
Cette jeune femme est depuis un an la cible d’insultes, de calomnies, de médisances de la part d’adultes et de jeunes surexcités qui, dans leur entreprise, ne convoquent plus la raison. Des responsables publics ont nié son propos et l’ont sommée de se taire, car son discours dérange un récit savamment construit. Un vacarme, dénué de distance et de recul, nourri par la manipulation, le mensonge voire l’ignorance, tente d’enlever à une femme de vingt ans sa dignité.
Notre société patriarcale banalise et encourage la culture du viol.
Madame Adji Sarr n’est pas la seule victime de la violence sociale, mais elle en incarne le visage. Des animateurs l’ont, en direct à la radio, traitée de femme aux mœurs légères. Hommes politiques, journalistes, religieux, hommes d’affaires ont, dès les premières heures, accusé cette jeune femme sans preuve, dans le but de la salir. Un mouvement féministe aussi puissant que le Réseau Siggil Jigeen a publié un communiqué pour la bannir du cercle des femmes qui méritent d’être défendues. Des syndicalistes et des activistes soucieux, disent-ils, de défendre les pauvres et les précaires et l’exercice des libertés, l’ont forcée au silence. Les récits médiatiques de cette affaire furent le dernier acte d’un effondrement du journalisme sénégalais. La haine qu’inspire cette jeune femme se dessine sur des visages de pères et mères de famille qui ne s’attachent plus à la vérité, mais exigent l’expression d’opinions qui renforcent leur conviction déjà faite. Ils ont fait passer une jeune orpheline venue de son village, exploitée par une patronne indélicate et payée une misère, pour une bourrelle. Quand les détracteurs de cette jeune femme en ont fini avec toutes les théories possibles, ils l’ont accusée de comploter avec les médias étrangers pour rajouter de l’eau au moulin de leur pseudo anti-impérialisme. Des journalistes, en pensant «analyser» le mobile du «crime», rivalisant d’ardeur dans le mensonge et la manipulation, étalent devant des millions de gens, leur incompétence et les preuves de l’ignorance des règles de base régissant leur métier. Le ridicule n’écorche même plus sous nos cieux.
Tout un pays a décrété la mort sociale d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. Où est le courage dans le fait de s’en prendre à une enfant, orpheline, pauvre et sans défense, dont l’ordre moral a décrété le suicide social ?
La défense de cette jeune femme, voire le doute sur une théorie du complot, provoque pour son auteur, un torrent de menaces d’une extrême violence. La peur a été instaurée, et la liberté d’expression censurée par des hystériques aux discours aussi guerriers que superficiels. Face à cette tyrannie verbale se voulant pertinente mais qui hélas n’est que vulgarité, ils ont été rares à la défendre ; peu ont fait preuve de lucidité quand tout un pays est devenu fou. Ils font l’honneur de notre pays.
Quelle que soit la configuration, cette jeune femme est une victime oppressée ; victime, car le corps des femmes reste un terrain des luttes masculines pour le pouvoir, sans préjudice de la vérité et de la Justice.
Mais entre-temps, Madame Adji Sarr a mis à nu nos lâchetés, nos défaites morales et nos reculs face à l’exigence de la vérité et de la Justice. Elle a éventé le rabougrissement intellectuel de la société et la corruption morale des élites. Elle incarne le visage de luttes futures de pans entiers du mouvement progressiste pour la liberté, la dignité et l’égalité.
DIAGNOSTIQUE DES BLOCAGES A L'AUTONOMISATION DE LA FEMME
Le Directeur du développement du capital humain au ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, a mis en exergue, lundi, les défis qui entravent encore l’autonomisation économique des femmes
Dakar, 21 mars (APS) - Le Directeur du développement du capital humain au ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, a mis en exergue, lundi, les défis qui entravent encore l’autonomisation économique des femmes, citant entre autres, l’accès au foncier et au financement.
’’Ces défis, notamment l’amélioration de l’accès des femmes aux facteurs essentiels de production (le foncier, le financement, les infrastructures), le renforcement des capacités techniques, managériales et organisationnelles des femmes en vue de favoriser le développement de leurs entreprises, doivent être relevés surtout en milieu rural pour réduire de manière drastique les inégalités entre les hommes et les femmes’’, a dit Assane Ndiaye.
Il intervenait au panel sur ’’l’autonomisation des femmes, une réponse efficace pour réduire la violence basée sur le genre et exploiter le dividende démographique dans les pays du Sahel : le cas du Sahel’’ organisé par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et le ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants.
Cette rencontre avait entre objectifs, de renforcer le plaidoyer et le dialogue politique et construire des alliances stratégiques afin d’initier des actions significatives permettant aux femmes et aux filles d’exploiter le dividende démographique au Sénégal.
Elle s’inscrit dans la thématique de la 66ème session de la commission des Nations Unies sur la condition de la femme (SCW66) qui se déroule actuellement à New York sur le thème ’’réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles dans le contexte des politiques et programmes de réduction des risques liés au changement climatique, à l’environnement et aux catastrophes’’.
En ce concerne l’administration publique, a expliqué M. Ndiaye, ’’la politique d’institutionnalisation du genre s’est généralisée à l’ensemble des ministères avec l’adoption du budget sensible au genre et la proportion de ministères disposant de cellules genre est passée à 91 % en 2020’’.
Aussi, a-t-il affirmé, ’’pour améliorer le niveau de performance, diverses stratégies, programmes et projets (nouvelle convention Etat /employeurs, délégation à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes, projet de renforcement des femmes transformatrices de céréales…) ont été mis en œuvre afin de résorber la demande d’emploi notamment celle des femmes et ainsi accroître leur contribution au processus d’émergence tant souhaité dans le Plan
Sénégal émergent à l’horizon 2030’’.
Dans ce sillage, la représentante-résidente de l’UNFPA au Sénégal, Cécile Compaoré Zougrana, a indiqué que ’’de par leur place centrale dans les ménages, les familles et les communautés, les femmes et les filles participent activement à la production économique et sociale, même si leur contribution économique n’est pas toujours reconnue’’.
Aussi, a-t-elle noté, ’’leur potentiel en tant qu’agent de changement social sera plus pertinent et transformationnel quand elles seront autonomisées, c’est-à-dire éduquées en bonne santé, qu’elles ont accès à un emploi décent, débarrassées des violences y compris celles basées sur le genre’’.
Pour sa part, la Directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest du centre de l’UNFPA, Argentina Matavel, a souligné que ’’le Sénégal s’est engagé à contribuer à la mise en œuvre de la feuille de route continentale sur le dividende démographique, à intensifier les investissements en faveur des femmes et jeunes en vue de l’éradication des causes profondes des inégalités de genre’’.
Il s’agit de ’’développer des partenariats stratégiques en vue de renforcer l’autonomisation des jeunes et des femmes pour une contribution efficace de ces derniers à l’émergence en 2035’’, a-t-elle ajouté.
Le panel qui a regroupé les associations de femmes, de jeunes filles, des membres de la société civile, des victimes de violences basées sur le genre, a été présidée en mode virtuelle par la ministre de la Femme, de la Famille depuis New York où elle se trouve pour les besoins de la 66ème session de la commission des Nations Unies sur la condition de la femme (SCW66).