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2 avril 2025
Femmes
PAR Farid Bathily
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POLYGAMIE OPTIONNELLE, LE PROJET DE LOI QUI DIVISE LA SOCIÉTÉ IVOIRIENNE
En Côte d’Ivoire, une proposition de loi permettant aux hommes de prendre plusieurs épouses suscite la controverse. Tentative d’asservissement des femmes ou initiative destinée à mieux protéger leurs droits ? Les arguments fusent
En Côte d’Ivoire, une proposition de loi permettant aux hommes de prendre plusieurs épouses suscite la controverse. Tentative d’asservissement des femmes ou initiative destinée à mieux protéger leurs droits ? Les arguments fusent.
Sangaré Yacouba ne s’imaginait certainement pas faire autant parler de lui. Depuis bientôt deux semaines, ce député de la commune abidjanaise de Koumassi est au centre d’une polémique qui n’en finit pas de grossir. La raison ? L’introduction à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à légaliser la polygamie.
Ce régime matrimonial est en effet interdit depuis le début des années 60 par le Code civil ivoirien. Les contrevenants sont même passibles d'une peine de prison. Malgré tout cet arsenal juridique, il n’est pas rare de voir un homme avec deux femmes ou plus dans le pays.
Cette pratique en violation flagrante de la loi reste pour la plupart impunie. Elle a même donné naissance au phénomène de "tchiza", terme désignant localement ces femmes qui entretiennent des relations amoureuses avec des hommes mariés.
Hypocrisie ?
Une telle situation relève de l'hypocrisie, selon Sangaré Yacouba qui estime que cette polygamie de fait, malgré son interdiction par la loi, est déshumanisante pour ces femmes appelées maîtresse ou amante d’un homme marié. Et pour cause, ces dernières dit-il, sont confinées dans un rôle de co-épouse, hors du foyer et sans pouvoir jouir des droits liés au mariage.
Par conséquent, le député propose de "briser le tabou de la polygamie" en instituant via une nouvelle loi, une "polygamie optionnelle" pour les hommes qui le désirent. "Ne soyons pas démagogiques ! Regardons la réalité en face", exhorte-t-il, indiquant que le régime polygamique de fait, répandu dans la société ivoirienne, biaise de facto le taux d’Ivoiriens légalement mariés devant l’officier d’état civil.
Menace de poursuites
Pas question de légaliser la polygamie en Côte d’Ivoire, rétorquent les associations de lutte pour les droits des femmes. Constance Yaï, ancienne ministre de la Femme, connue pour ses positions féministes, a dénoncé, le 11 juillet 2022, cette initiative assimilable, selon elle, à de la provocation.
Elle considère que le pays a peu d’égards envers les femmes. La polygamie serait aussi discriminatoire que le manque de parité : "Nulle part nous n'avons entendu M. le député faire allusion à la polygamie masculine; il ne parle de la polygamie qu'en considérant que la seule forme de polygamie qui puisse, c'est celle des hommes", a-t-elle déclaré, lors d'un point de presse relayé par Abidjan.net.
Elle menace de poursuivre l’État ivoirien devant les juridictions onusiennes en cas d’adoption de cette proposition de loi.
La polémique est en cours en Côte d’Ivoire alors que l’institut américain Pew Research estimait en 2019 la proportion de polygames dans le pays à 12%, contre 11% pour l'Afrique dans son ensemble. La moyenne mondiale, quant à elle, tourne à moins de 1,5%, selon la même source.
LE RETOUR EN FORCE D'AMINATA TOURÉ
La revoilà donc au premier plan pour ces législatives. « Battante », « travailleuse », « efficace », selon des proches, Mimi Touré n’a pourtant jamais été élue. « Elle n’a aucune base politique », tacle un opposant
Caravanes, entretiens avec les chefs religieux, visites de proximité… au Sénégal, les candidats aux élections législatives du 31 juillet ont entamé la deuxième semaine de campagne. Huit listes sont en compétition. Du côté de la coalition présidentielle - Benno Bokk Yaakaar - c’est Aminata Touré qui dirige la liste nationale. Un retour en force pour l’ancienne Première ministre.
Elle a une voix qui porte, grave et forte. « Cela colle avec son caractère bien trempé », affirme un observateur de la vie politique
Aminata Touré, surnommée « Mimi Touré » ou parfois la « Dame de fer », est la seule femme tête de liste nationale pour ces élections. Depuis l’arrivée au pouvoir de Macky Sall, en 2012, l’ancienne fonctionnaire internationale aura été ministre de la Justice, puis Première ministre en 2013.
Candidate à Dakar lors des élections locales de 2014, Aminata Touré est largement battue par le maire sortant, Khalifa Sall, et démise de ses fonctions dans la foulée. Elle est alors nommée au poste flou « d’envoyée spéciale du président de la République », une traversée du désert avant de prendre la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2019, jusqu’à son remplacement, par Idrissa Seck, en octobre 2020.
L'ENJEU DES DONNÉES PERSONELLES À L'ÈRE DE LA CRIMINALISATION DE L'IVG AUX ÉTATS-UNIS
La suppression par la Cour suprême américaine du droit à l’avortement accroît la pression sur les entreprises de la tech. Les données personnelles des utilisateurs peuvent servir de preuve contre la pratique dans certains États
La récente suppression par la Cour suprême américaine du droit constitutionnel à l’avortement accroît la pression sur les entreprises de la tech. Elles sont tiraillées entre partisans et adversaires du droit à l’avortement quant à leur gestion de l’empreinte numérique des utilisateurs du web.
Les données personnelles n’ont jamais aussi bien porté leur surnom "d’or numérique" que maintenant aux États-Unis. Elles sont en effet désormais plus que jamais précieuses dans cette Amérique qui a vu la Cour suprême revenir, le 24 juin dernier, sur l’arrêt historique de 1973, Roe vs Wade, qui ouvrait la voie à l’interruption volontaire de grossesse sur l’ensemble du territoire américain.
Cette décision lourde de conséquences pour la société américaine remet au-devant de la scène les entreprises du secteur du numérique. Et pour cause, les données personnelles de leurs utilisateurs peuvent désormais servir de preuve contre les citoyennes résidant dans des États où la pratique est interdite.
Google prend position
Les spécialistes des droits reproductifs citent à cet effet de nombreux outils technologiques susceptibles de mettre l’utilisateur en opposition avec la législation en vigueur selon les États concernés. Cela va des applications de suivi des menstruations au simple SMS échangé via son téléphone sur une méthode abortive par exemple.
Le géant des moteurs de recherche, Google, dont la plateforme concentre quotidiennement des milliards de données personnelles, a récemment pris position. Il a en effet annoncé, le 1er juillet 2022, la suppression automatique de son historique, des données de localisation concernant les visites dans des lieux comme les centres d’avortement, les cliniques de prise en charge de victimes de violences conjugales, etc. afin de les soustraire du regard des autorités.
Des inquiétudes demeurent
Cette mesure est destinée à rassurer les utilisateurs quant à la sécurité de leurs données personnelles. C’est d’autant plus essentiel de protéger la vie privée des internautes à l’ère post-Roe vs Wade aux États-Unis que même un chauffeur de taxi est passible de poursuite dans un État comme le Texas s’il transporte une cliente dans une clinique d’interruption de grossesse.
Reste à voir jusqu’à quel niveau l'entreprise californienne pourra résister en cas de sollicitation formelle des données par des autorités étatiques. On se rappelle que, selon un rapport publié par le New York Times en juin 2021, Apple avait notamment dû fournir des métadonnées de deux démocrates de la Chambre des représentants au ministère de la Justice sous la pression de l’administration Trump.
par farid bathily
LE FOOTBALL FÉMININ AFRICAIN GAGNE EN POPULARITÉ
Débutée depuis le 2 juillet dernier au Maroc, la CAN féminine de football en est à sa 14e édition. Présentation de ce tournoi qui ne manque pas d’attraction grâce à ses nombreuses manieuses de ballon reconnues à l’international
Elle souffre peut-être encore de la comparaison avec celle des hommes, mais la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football féminin fait son petit bonhomme de chemin.
Le tournoi, autrefois appelé Championnat d'Afrique de football par la CAF, réunit du 2 au 23 juillet 2022 au Maroc, douze nations africaines parmi lesquelles le pays hôte bien évidemment, mais aussi le Ghana, le Cameroun ou encore l’Afrique du Sud pour ne citer que celles-là.
Une favorite défiée
Autant d’équipes prêtes à faire déjouer le Nigeria, grandissime favori et vainqueur de 11 des 13 précédentes éditions. Preuve d’une compétition pleine d’équipes ambitieuses, la formation des Super Falcons (surnom des Nigérianes) a été battue d’entrée le 4 juillet 2022 en match d’ouverture du groupe C par les Banyana Banyana d’Afrique du Sud.
Dans ce remake de la finale de la dernière CAN organisée au Ghana, les femmes de la sélectionneuse Desiree Ellis, emmenées par Thembi Kgatlana du club de l’Atletico Madrid, en première division espagnole, ont fait mentir les pronostics en l’emportant par deux buts à un.
C’est un avertissement pour les triples tenantes du titre, privées désormais d’une de leur valeur sûre, en l’occurrence Asisat Oshola. Blessée au genou, l’attaquante du FC Barcelone et co-meilleure buteuse de la saison dernière en championnat d’Espagne, a dû déclarer forfait pour le reste du tournoi.
Brochette de stars
C’est dire que chacune des équipes en lice est prête à vendre chèrement sa peau face à l’ogre nigérian. En dehors du trophée doté d’un prix de 500 000 dollars américains, l’objectif des participantes est d’accéder au dernier carré, directement qualificatif pour le Mondial féminin prévu en Australie et en Nouvelle-Zélande l’année prochaine.
Chaque nation engagée au Maroc peut, à cet effet, compter sur quelques talents, dont certains font les beaux jours des plus grands clubs européens. À celles déjà citées plus haut, s’ajoute la Camerounaise Ajara Nchout, Prix Puskas et joueuse de l’Inter Milan en championnat d’élite Italien.
Une illustration de la marque d’un football féminin en constante professionnalisation sur le continent africain et dont l’engouement se traduit aussi par l’intérêt grandissant des annonceurs. Les matchs en cours au Maroc sont retransmis dans 60 différents pays.
EUGÉNIE ROKHAYA AW, UNE RÉVOLUTIONNAIRE TOMBÉE SOUS LE CHARME DU JOURNALISME
Retour sur la vie de l'ancienne présidente du Tribunal des pairs du CORED et ancienne directrice du Cesti, décédée, dimanche 3 juillet à l’âge de 70 ans, à travers ce portrait que lui avait consacré l’APS en 200
Eugénie Rokhaya Aw Ndiaye, présidente du Tribunal des pairs du CORED et ancienne directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, décédée, dimanche à l’âge de 70 ans, des suites d’une maladie, était une ’’révolutionnaire’’ tombée sous le charme du journalisme.
Retour sur cette vie révolutionnaire et professionnelle à travers ce portrait que lui avait consacré l’APS en 2009.
Rares sont ceux qui se doutent aujourd’hui de ce qu’Eugénie Rokhaya Aw, reconduite mercredi à la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) pour un deuxième mandat, s’était fait embaucher en 1974 comme ouvrière, pour s’enquérir des conditions de vie et de travail de ses humbles sœurs qui triment dans les usines. Mme Aw, portée à la tête du CESTI depuis mai 2005, officiait alors au quotidien public Le Soleil comme journaliste.
Cela rappelait les étudiants et apprentis philosophes de la même époque, qui se faisaient recruter en masse dans les usines de Renault, avec la conviction qu’être au fait de la condition des prolétaires, pour tester profondément leur vécu particulier, était le meilleur gage d’une parfaite maîtrise de la théorie marxiste, révolutionnaire.
Il serait également assez surréaliste pour les étudiants du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de savoir que la directrice actuelle de leur institut faisait dormir, par la force du verbe et de la théorie révolutionnaire, des policiers dont le rôle était de réprimer, d’intimider ou de filer.
’’Je me souviens d’un jour où on discutait avec des policiers du commissariat du Plateau. Les policiers étaient tellement fascinés qu’ils s’étaient endormis. On aurait pu tous fuir. On est tous restés’’, a confié Mme Aw, évoquant un épisode-phare de la structure politique clandestine qui va donner naissance par la suite à And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS).
Tout cela relevait du temps de la mystique révolutionnaire à laquelle Eugénie Rokhaya Aw croyait, comme qui avait foi en l’avènement du grand soir, qui a poussé à des engagements parfois incompréhensibles, quelques fois à la limite de l’absurde pure et simple.
Mais dans le cas de Mme Aw, il est à faire observer que tout cela relevait peut-être d’une certaine prédestination, d’une sensibilité sociale qu’elle tenait de son père, même si ces tranches de vie qu’elle prolonge aujourd’hui comme directrice du CESTI ont été abolies en quelque sorte, depuis que le marxisme ne fait plus recette, ne fait plus rêver.
N’empêche. Elle assure garder encore, gravé en elle "comme une marque au fer rouge’’, le souvenir de ce père, éducateur spécialisé pour l’enfance délinquante, affecté pour les services de l’administration coloniale au fin fond du Niger, à Dakoro où il dirigeait un centre de rééducation.
Un homme qui a été ‘’toujours engagé’’ notamment auprès de Djibo Bakary au sein de la SAWABA, le parti nigérien ’’honni’’ à l’époque. ’’Je me souviendrai toujours qu’on a tous été arrêtés alors que j’étais vraiment toute petite, parce que c’était au moment du référendum en 1958’’. Persécuté pour ses convictions politiques, le père Aw était "obligé de partir clandestinement du Niger, pour avoir la vie sauve’’.
Tel père, telle fille, pourrait-on dire. Et de cette "épisode de résistance’’, Eugénie Rokhaya Aw a gardé la formule du "mouvement perpétuel’’ qui fait qu’en dépit des aléas de l’histoire et des limites de l’action, on reste "relativement fidèle’’ à ses idées, à travers "des marques concrètes’’ laissées par tout parcours.
"Etrangement, ce n’est pas ma vie militante qui a été la plus déterminante’’, mais la découverte, fondamentale, qu’a été pour elle le journalisme, l’écrit, le fait de rendre compte, assure celle qui dit avoir "adoré’’, malgré tout, son séjour au Soleil.
Un plaisir qu’elle ne se prive pas de raconter, même en comptant avec les négatifs qu’avaient constitué les plaisanteries des journalistes "qui ne sont pas ce qu’il y a de plus saints au monde’’.
’’C’est vrai que les confrères n’étaient pas toujours très corrects sur ce plan-là’’, mais ’’à l’époque, j’ai rencontré des hommes qui m’ont vraiment formée, qui m’ont vraiment encadrée’’, a-t-elle dit, en citant ASAK (Abdou Salam Kane), Alcinou Da Costa, Emile Senghor. "Ce que j’ai aimé avec ces hommes, c’est que leurs convictions politiques n’ont jamais pris le dessus sur l’éthique professionnelle’’, tient-elle à relever.
Entre ‘’découvertes formidables’’ et contraintes liées au fait de suivre les femmes de présidents en visite au Sénégal, et à force de ruse et de témérité, elle dit avoir réussi à faire des reportages qui lui ressemblaient et qui ressemblaient à ce qu’elle était.
’’C’était un peu difficile pour moi’’, surtout quand des différences de points de vue se faisaient jour avec le président Senghor à propos de l’appréciation du travail de tel ou tel peintre et qu’elle était ’’convoquée au ministère de la Culture’’.
’’C’était un peu délicat’’, mais avec le recul, et en dépit du fait qu’elle sera finalement renvoyée du Soleil vers 1976, pour "idéologie contraire’’ à la ligne de ce journal, Eugénie Rokhaya Aw a pour cette période "un regard positif, enrichissant’’, puisque, dit-elle, ‘’j’ai tout appris dans ce métier’’.
Dans la foulée, grâce à l’entregent du défunt cardinal Hyacinthe Thiandoum, elle sera employée à Afrique Nouvelles, va faire de la consultance et dans l’intervalle, sera ensuite employée à la conférence des églises de toute l’Afrique, qui était basée au Kenya, et qui regroupait essentiellement des églises protestantes.
"C’est à cette occasion que j’ai pu connaître l’ensemble de l’Afrique’’ en circulant sur tout le continent pour le compte de son employeur qui avait mis en place des programmes de développement, souligne celle qui se présente comme ‘’un produit de la formation continue’’.
Viendra par la suite l’épisode canadienne (1988-2002) de la vie de Mme Aw. Dans ce pays, elle décroche un master — son sujet de recherches portait sur la parole africaine — et un doctorat soutenu sur le thème de la question des conflits, qui s’inspire de son expérience des Grands Lacs et de la manière dont "les conflits se nourrissent de problèmes environnementaux’’.
Une revanche pour cette femme qui n’a jamais fait d’école de journalisme, et n’était riche que d’un bac et d’une ‘’très très forte expérience journalistique’’. D’où sa sensibilité à la formation continue.
"L’Amérique du Nord est très forte dans ça, le volet formation continue et même accès à la formation de type classique universitaire’’, poursuit-elle, en martelant comme une énième conviction : "tout le monde a droit au savoir. C’est pourquoi je suis sensible à cette question-là’’.
Ce bagage acquis dans les universités canadiennes va lui valoir une carrière enviée dans la consultance pour plusieurs ONG et l’élaboration de politiques de développement à l’endroit du continent. Elle a ainsi été, de 90 à 96, coordonnatrice du Réseau Afrique 2000 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), un programme environnemental qui travaillait avec les communautés locales.
"Personne relativement religieuse’’ comme elle se définit elle-même, Mme Aw dit pour cela n’avoir ‘’jamais accepté la discrimination institutionnelle par exemple entre les hommes et les femmes’’. "Je suis une personne qui, longtemps s’est posée la question de savoir pourquoi une femme ne pouvait pas être prêtre par exemple. C’est une réponse institutionnelle, mais je crois que mon questionnement se poursuit’’.
A la tête du CESTI depuis mai 2005, Eugénie Rokhaya Aw pense "boucler la boucle’’ de sa vie ’’en retournant au journalisme’’. "Mais je ne sais pas encore, parce que je n’ai pas fini de faire ce retour sur moi-même, mais j’ai l’intuition que c’est ce qui va se passer’’, dit-elle.
Mais un préalable, peut-être, à tout cela. "Commencer à écrire pour mieux me comprendre, pour mieux comprendre mon itinéraire, pour mieux comprendre ce que je suis’’, relève-elle, à la manière de ceux qui ne s’habituent jamais au monde et comme si le tout et le meilleur de sa vie est encore à raconter.
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CINÉMA, ON PEUT S'ATTAQUER À TOUS LES SUJETS...
Y-a-t-il des sens interdits en matière de production cinématographique au Sénégal? Peut-on traiter de tout sujet de société sans censure? Les sujets intimes peuvent-ils être abordés sans réprimandes? Les réponses de la productrice Kalista Sy.
Productrice de séries, dans le cadre du lancement de l’application Weerwi destinée au suivi des règles et au cycle menstruel, Kalista Sy assuré la réalisation de la web série Weerwi, très éducative pour les jeunes adolescentes.
En marge du lancement de l’application Weerwi, jeudi à Dakar, nous l’avons interviewée sur sa participation à ce projet. Selon elle, la question des règles ne doit pas être seulement une affaire des jeunes adolescentes ou de femmes tout court, mais ça doit être une question qui concerne aussi bien les hommes que les femmes et même les parents de manière générale.
Répondant sur le cinéma sénégalais, Kalista explique qu’il est en évolution avec de nouveaux regards. Pour la célèbre productrice, la meilleure manière de faire évoluer le cinéma sénégalais et africain, c’est que les Africains racontent leurs propres histoires africaines et sénégalaises.
Malgré la controverse suscitée par certains épisodes de « Maitresse d’un homme marié», sa fameuse série, Kalista Sy assure qu’il n’y a pas de sens interdit dans le cinéma, que l’on peut bel et bien s’attaquer à tous les sujets, mais tout est dans l’angle d’attaque.
TECH, RÈGLES ET SUIVI DU CYCLE MENSTRUEL EN UN CLIC
Weerwi, une application gratuite et téléchargeable, destinée au suivi du cycle menstruel, notamment des jeunes filles, vient d’être lancée par une entreprise sénégalaise pour venir en appui aux éducatrices devant aborder ce sujet ô combien tabou
Apiafrique, une entreprise sociale sénégalaise vient de lancer, ce jeudi 30 juin, à Dakar, une application mobile afin de permettre aux jeunes filles de suivre leurs règles et leurs cycles menstruels en toute quiétude. La cérémonie a eu lieu jeudi, à l’institut français de Dakar en présence des différentes parties prenante dont la réalisatrice Kalisata Sy.
C’est peut-être fini le temps où les jeunes filles éprouvaient d’énormes difficultés ou tout simplement de la gêne à parler de leurs menstrues qu'elles découvrent avec surprise ou le cycle qu'elles n'arrivent pas à maîtriser afin d'organiser leur quotidien. En effet, l’entreprise ApiAfrique vient de lancer officiellement au Sénégal, Weer Wi, la première application mobile destinée au suivi du cycle et à la santé menstruelle en Afrique de l'Ouest.
Le but viser est de "changer les règles" et d’accompagner les filles dans la découverte de leur cycle menstruel sachant que la question reste un sujet tabou de manière générale dans les foyers. La solution est désormais là grâce à la terchnologie.
Il s’agit d’un ensemble d’outils composés d’une chaine youtube en français et en wolof, (avec une web série réalisée par la réalisatrice kalista Sy), d’un livret avec des conseils et astuces, d’un chatbot dans l’application Weerwi et d’un site internet.
Avec ce package, les jeunes filles ont désormais l’info précieuse pour leur bien-être et ont des réponses personnalisées et confidentielles à leurs interrogations puisqu'elles peuvent faire leurs requêtes sur la plateforme. «Il y a des questions qu’on ne peut pas poser à nos parents ou à des amies. Mais sur la plateforme quand tu poses une question, on te répond comme si c’était ta mère ou ta sœur. On te répond comme il se doit. Il a plus de sécurité parce c’est confidentiel », a confié Mlle Mendy, une lycéenne de 19 ans qui utilise l’application depuis quelques mois.
Cet ensemble d’outils qu’offre que la plateforme Weerwi donne aux jeunes filles les informations nécessaires à la compréhension de leur cycle mensuel, les guider dans leur développement personnel et les aider à communiquer sur les règles au sein de leur entourage sans pour autant remplacer leur rôle des mères et des tantes.
Phénomène physiologique donc naturel, les règles demeurent troutefois une question très peu discutée dans beaucoup de sociétés, notamment africaines et de fait, des millions de femmes et surtout de jeunes filles manque d’information sur ce sujet. C’est équation que résout ainsi Apiafrique. « A travers le programme changeons les règles »,nous nous engageons à fournir aux femmes des solutions innovantes.
Werrwi a été conçu avec et pour les filles, afin de leur fournir toutes les informations fondamentales sur les règles et cela de manière adaptée à leur âge et aux spécificités culturelles de notre région d’Afrique », a indiqué Marina Gning, la cofondatrice et CEO d’Apiafrique, dans un communiqué transmis aux médias.
D’ailleurs les outils de Weerwi ne se substitue pas au rôle des éducatrice que sont les mamans , les tantes ou autres membres de la famille, précise Soukeyna Ouédraogo, responsable du programme « Changeons les règles» à Apiafrique.
Selon elle, 84% des jeunes filles et des femmes ne sont pas bien préparées à accueillir sereinement leurs premières règles. De ce point de vue cette première application africaine destinée à ce phénomène vient à point nommé.
Gratuite, l’application Weerwi est téléchargeable sur AppSotre et Googleplay. Les initiatrices du projet ambitionnent de le propager en Afrique de l’Ouest et plus tard sur l’ensemble du continent.
Le projet Weerwi a été rendu possible grâce à Apiafrique, -une entreprise sociale spécialisé dans les produits innovants et respectueux de l’environnement pour femmes et bébés-, en partenariat avec it4life et d’autres partenaires.
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KEN BUGUL, BOUBACAR BORIS DIOP M'AVAIT VEXÉE...
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022, à l’Institut Cervantes de Dakar, Ken Bugul (Mariétou Mbaye), raconte pourquoi et comment elle s'est lancée dans l'écriture avec sa trilogie.
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022*, Ken Bugul, de son vrai nom Mariétou Mbaye, raconte comment elle s'est lancée dans l'écriture en dévoilant l'histoire à partir de laquelle son aventure d’écrivain a véritablement démarré. Elle précise aussi comment Boubacar Boris Diop y a participé peu ou prou.
C'est avec «La folie et la mort» que Ken Bugul s'est vraiment sentie en confiance pour poursuivre l'écriture et a décidé de poursuivre l'écriture. Elle signait d’ailleurs réellement son entrée dans la fiction parce que son aventure littéraire a commencé avec des romans autobiographiques.
Les premières publications de Ken Bugul sont une trilogie composée de «Le baobab fou», «Riwan ou le chemin de sable» et «Cendres et Braises». Selon elle, cette trilogie était écrite dans une démarche plutôt thérapeutique que dans un projet purement littéraire.
D’ailleurs après ces premières publications, la célèbre écrivaine voulait tout simplement ranger calepin et stylo, estimant avoir atteint son objectif, avoir réussi à se soigner. Partant, elle ne trouvait pas vraiment opportun de poursuivre l’aventure.
Mais par défi, elle reprend sa plume et elle publie « La folie et la mort» après avoir été titillée par Boubacar Boris Diop. En effet, sa trilogie avait été bien apprécié par ce dernier. Mais Ken Bugul l’a assuré qu’elle n’est pas écrivain et qu’elle prévoyait d’ailleurs d’arrêter.
Boubacar Boris Diop lui dit alors si elle préférerait aller acheter les ingrédients de cuisine à vendre plutôt qu’à s’investir dans l’écriture dont elle a déjà le talent. La romancière décidée alors de relever ce défi avec «La folie et la mort».
Après ce roman réaliste, elle s’est mise à fond dans l’écriture et n'a plus pensé à renoncer. Bien au contraire. Ken Bugul est à plus d’une dizaine de romans. «Le trio bleu» est son onzième livre et elle travaille sur son dernier ouvrage.
NB : *Benengeli est la semaine internationale des lettres du monde francophone.
«TOUS POUR DIRE NON AUX VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES »
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles.
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles. La campagne Carton rouge, lancée hier, lundi 27 juin, à Dakar en présence des sommités comme l’Envoyée spéciale du président de la République, Aminata Touré, et de Chantal Yelu Mulop, Conseillère spéciale du président de la République démocratique du Congo, en charge de la Jeunesse et de la lutte contre les violences faites à la femme, a pour objectif d’accélérer le plaidoyer et la sensibilisation contre les violences à l’égard des femmes et des filles, en vue de l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Selon Dr Djibril Diallo, président directeur général de l’Ardn, « spécifiquement, nous voulons que ces campagnes servent de plateforme pour recueillir les bonnes pratiques et les expériences de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles». Avec comme thème « le sport et la culture en faveur de l’élimination des discriminations et violences à l’égard des femmes et des filles », les acteurs comptent s’appuyer sur ces deux piliers pour réussir le pari de l’élimination et atteindre un million de signatures avant la Coupe du monde prochaine.
Pour le Réseau de la renaissance africaine et de la diaspora (ARDN) en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (l’Unfpa), il y a des causes qui ne laissent pas de place à la neutralité, tant elles imposent un seul choix à savoir celui de l’engagement et de l’action. « Aujourd’hui, encore les femmes et les filles représentent trop souvent le maillon faible en termes de protection, de sécurité, de préservation de droits sur les questions relatives aux violences », a déclaré la représentante résidente de l’Unfpa au Sénégal, Rose Gakuba. Et de poursuivre : « les avancées réalisées bénéficient non seulement aux femmes mais aussi aux hommes et aux enfants. Elles touchent l’économie, la santé et le bien-être, et permettent d’offrir de meilleures perspectives d’avenir à toutes et tous».
Au niveau du Sénégal, le conseiller spécial du Président de la République, Aminata Touré a appelé toutes les forces vives de la société pour la réussite de la campagne Carton rouge. Au même moment, le Secrétaire général du ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfant, Mame Ngor Diouf a déclaré : « c’est une excellente initiative qui s’inscrit parfaitement dans le mouvement mondial en faveur de l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes et des filles et le gouvernement du Sénégal est pleinement engagé dans ce mouvement à travers la ratification de la totalité des instruments juridiques pertinents». La Campagne "Carton Rouge" a été déjà lancée dans plusieurs pays d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine et aux Etats-Unis.
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LE SLAM SE CONJUGUE PEU A PEU AU FÉMININ
Hajar est l'une des porte-étandard du slam du Sénéga depuis quelques années. Initiatrice du Festival international slam nomade, elle beaucoup d'engagement, de revendication dans ses textes. Les détails dans cette interview après une prestation
Précocement artiste, c’est depuis l’âge de 5 ans que Hajar Pourmera Thiam s’est mise à l’écriture, en composant notamment des poèmes, un talent favorisé par un environnement familial fort artistique. Plus tard au lycée, elle découvre le slam grâce à un devancier dans le domaine.
Dans cet entretien, celle qui a lancé le Slam nomade nous parle de ses débuts dans cet art encore bien masculin, de l’évolution du slam du fait du numérique. Hajar nous parle aussi de la prochaine édition du festival dont elle est la directrice. Les détails dans cette entrevue.
Nous avons rencontré Hajar ce weekend au Grand théâtre lors de la cérémonie des 30 ans de TV5 à Dakar où, elle a presté, slamé TV5, ses journalistes et ses programmes.