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27 novembre 2024
Femmes
Par Khadi HANE
DE GRÂCE, NE ME DITES PAS QUE JE SUIS UNE FEMME
Je me retrouve toujours prise dans un environnement qui me refuse de m’exprimer en tant qu’être humain préoccupé par autre chose que la place de la femme dans la littérature africaine, la situation de la femme dans un foyer polygame, etc.
Les thématiques autour de la femme restent encore aujourd’hui des sujets récurrents. Qu’est-ce qu’être une femme au 21ème siècle ? Cela rime à quoi ?
Rendue officielle en 1977 par les Nations Unies, la journée de la femme, célébrée le 8 mars, chaque année, nous invite à réfléchir à la manière de mieux impliquer les femmes dans les problématiques liées à la vie de tous les jours. La crise climatique pour cette année, la santé publique pour l’année dernière, des thèmes relatifs à l’égalité entre hommes et femmes, pour les années précédentes.
Qu’en est-il de la vision de la femme par elle-même ? Sommes-nous obligées d’attendre que l’on vienne nous dire comment combattre les injustices qui nous sont faites par une société volontairement organisée de façon inéquitable par des hommes et pour des hommes ? Qu’est-ce qui fait que nous sommes des femmes, excepté les attributs physiques qui sont les nôtres, dont nous devons seulement nous servir dans des circonstances dans lesquelles ils nous apportent un plus face aux hommes ? J’aime répondre à ceux qui me réduisent à ma condition féminine que je suis d’abord un individu doté d’un cerveau, fait de boyaux, d’os, de sang et d’eau comme n’importe quels homme ou femme avec qui j’ai en commun le partage de la même sphère humaine.
Être dotée d’une poitrine, fait-il de moi un être incapable d’avoir son propre point de vue quant à la manière dont le monde doit fonctionner ?
Régulièrement sollicitée pour des conférences, des tables rondes, d’autres rencontres plus ciblées avec un public collégien, lycéen, en prison ou auprès d’associations de familles issues de l’immigration, je suis toujours frappée par la constance des thèmes qui me sont proposés, parce qu’on me cantonne à n’être qu’une femme. D’origine africaine. Musulmane. Ces trois caractéristiques censées me définir, je me retrouve toujours prise dans un environnement qui me refuse de m’exprimer en tant qu’être humain préoccupé par autre chose que la place de la femme dans la littérature africaine, la situation de la femme dans un foyer polygame, l’avenir de la femme dans une communauté musulmane, l’excision, le contrôle des naissances, mes ambitions littéraires par rapport à mes consœurs écrivaines non africaines, et j’en passe.
Au même titre que son continent, la femme africaine suscite la même passion chez ceux qui la réduisent à une vision obsolète produite par des préjugés longtemps véhiculés sur elle et plus largement sur toutes les femmes du monde. Être femme n’est pas plus ni moins qu’être un homme avantagé par des décorations physiques naturelles, celles-ci n’altérant en rien sa légitimité dans la conduite des affaires publiques, politiques, économiques et sociales.
Dans la lutte contre toute forme de violence envers tout être humain, quel que soit le genre qu’on lui attribue. Bien évidemment, tout ceci reste ma façon de me projeter dans un monde qui ne me conçoit pas comme je me conçois moi-même. Aucune femme n’étant pareille à une autre, certaines d’entre nous, par volonté ou parce qu’élevées dans un espace qui les a façonnées de telle sorte qu’elles se refusent tout droit de se mesurer à un homme, réfutent l’idée même d’aspirer à autre chose que ce qui leur est laissé. Ce sont celles-là les ennemies des femmes, car ce sont elles qui, par l’éducation qu’elles dispensent à leurs filles, en font de futures femmes opposées à tout changement de l’ordre établi par des hommes. Une question reste ouverte : naît-on femme ou le devient-on par la force des choses ?
Khadi Hane est écrivaine
ENSEIGNANTES EN ZONE RURALE, DES SOLDATES DE LA RÉPUBLIQUE QUI SOUFFRENT LE MARTYRE
Au Sénégal, le métier d’enseignant est un pari bien risqué en monde rural. Il l’est beaucoup plus encore lorsque ce sont des femmes qui l’exercent
Au Sénégal, le métier d’enseignant est un pari bien risqué en monde rural. Il l’est beaucoup plus encore lorsque ce sont des femmes qui l’exercent. Et effectivement, dans les contrées les plus reculées, certaines femmes dispensent le savoir dans des conditions extrêmement difficiles. Des témoignages de femmes enseignantes en disent long sur leurs conditions de travail et d’existence dans les écoles rurales.
Aujourd’hui 8 mars, une journée dédiée à la condition féminine, ce sera la «grande» fête au Grand théâtre de Dakar avec plein de femmes richement vêtues et recouvertes d’or tandis que, au même moment, de pauvres fonctionnaires exercent dans des conditions terribles en milieu rural. C’est le cas de ces enseignantes affectées au fin fond du Sénégal où le «chemin de l’école» est parsemé d’embûches.
Boury Niang, Khady Diouf, Ndèye Khady Faye et Mme Ndiaye se sont rendu compte de cette réalité le jour où elles ont reçu leurs ordres de mission pour rejoindre leurs premiers postes de travail. Quatre collègues enseignantes aux parcours différents mais qui ont toutes servi en milieu rural dans des conditions exécrables. Une situation qui a même affecté l’état de santé de Mme Ndiaye en convalescence depuis plus de deux mois après avoir subi une intervention chirurgicale de à un «polype». Tout a commencé par des saignements qui l’ont conduite au poste de santé, dans la zone de Nioro, où il n’y avait qu’une seule matrone pour toutes les femmes du village. «Lorsque je suis arrivée, elle m’a dit que j’ai fait une fausse couche, et cela m’a étonnée. Elle m’a proposé un curetage pour retirer des débris lié à cet avortement dont elle parlait. Je précise que je n’étais pas enceinte. Mais elle tirait, tirait et n’arrivait toujours pas à enlever ce « truc » qui serait dans mon ventre. J’ai souffert parce que ça faisait trop mal. Finalement, elle m’a dit qu’elle ne comprenait plus, qu’elle n’arrivait pas à enlever l’affaire. Elle m’a libérée. Et comme je ne pouvais pas sortir de la zone sans autorisation, je suis restée là-bas tandis que mon état de santé s’aggravait de jour en jour. J’étais devenue toute pâle, toute blanche car complètement anémiée. Malgré cela, je ne pouvais pas quitter mon poste de travail pour une prise en charge. Finalement, c’est en décembre que j’ai subi une intervention chirurgicale «, confie notre interlocutrice tout en s’indignant du manque de personnel de santé qualifié dans certaines zones où sont affectées des agents de l’Etat en général. Un dénuement en personnel qui lui a failli ôter la vie. Mais si Mme Ndiaye a finalement eu la vie sauve, toutes n’ont pas la même chance qu’elle, hélas. Car, des décès d’enseignantes, il y en a dans la région de Kaolack.
Dans certaines localités, dit-elle, on enregistre quelques fois des décès d’enseignantes au cours de grossesses par manque de suivi ou à la suite de complications. «Les mutuelles de santé sont là, on adhère, on cotise, mais le personnel fait défaut. Par exemple, dans ce poste de santé où je m’étais rendue, il y avait une seule matrone qui, devant prendre à la fois en charge quatre parturientes en travail, intervenait par ordre d’arrivée alors que les niveaux d’urgences ne sont pas les mêmes». D’où le plaidoyer de Mme Ndiaye pour des structures sanitaires adaptées et des personnels qualifiés surtout que «les effets de la grossesse varient d’une femme à une autre selon son organisme».
Thionokh, un village au bout du monde
Hélas, beaucoup d’enseignantes ont déjà une santé fragile à l’image de Ndèye Khady Faye Mme Faye qui dit avoir souffert à Thionokh, dans le département de Ranérou, son premier poste. «Thionokh, c’était un poste de choix réservé aux dames. Le premier jour, je n’ai pas fermé l’oeil de toute la nuit. Ce n’était pas facile. Il n’y avait pas de lumière, on était dans l’obscurité totale, dans une nouvelle famille, loin des parents, et on devait s’adapter. Heureusement que, avec Awa Lô Mme Tall, on a trouvé sur place une équipe pédagogique très soudée. C’est ce qui nous a un peu réconfortées. Parce que, même si on avait une urgence familiale, on ne pouvait sortir que les vendredis. Ma tante maternelle est décédée, et je suis arrivée tard à la maison», se souvient «Dieuwrina» qui avait également en charge un enfant maladif. «Dieuwrina», un surnom que lui ont donnée ses collègues enseignants pour son engagement, son dévouement dans la voie mouride et familiale. Une vraie battante, une dame de fer qui a le sens des responsabilités, surtout pour son sens de la motivation pour le bien-être «familial» à l’école et aussi la nourriture qu’elle servait à ses collègues. C’est la fameuse «popote» pour laquelle chaque enseignant verse une participation symbolique qui varie entre 10 000 francs et 15 000 francs. «Durant ma première année à Thionokh, c’est Mme Sock Nogoye Faye qui se chargeait de la popote, puis Mme Guèye, ensuite Mme Tall avant que je ne prenne la relève après leurs affectations. Je me débrouillais pas mal. Durant les heures de récréation, je partais rapidement m’approvisionner pour le repas du midi que je préparais à la descente à 13 heures, et le diner vers 18 heures. Tous les vendredis aussi, je faisais le linge pour presque tous mes collègues enseignants, jusqu’à 19 heures». Une surcharge de travail à laquelle font face presque toutes les enseignantes qui servent en brousse. «90 % du travail de l’enseignant se fait à la maison. A l’école, tu restes debout de 8 heures à 13 heures pour des enseignements de qualité. Le bureau est juste aménagé pour déposer les affaires. La chaise, c’est pour la récréation. Le manger, on le fait à tour de rôle. A cet effet, on se lève à 5 heures du matin pour le petit déjeuner avant l’école, à la descente, c’est le déjeuner qu’il faut préparer puis le diner le soir. Après, tu te mets à préparer des fiches et à remplir ton cahier journal pendant deux heures pour avoir la signature du directeur. Si tu es une femme mariée, il y a ton homme qui t’attend à côté», témoigne cette maîtresse battante sur le quotidien des femmes enseignantes exerçant en zone rurale pour inculquer aux enfants le savoir. C’est ainsi que ces braves dames planifient leurs journées qui sont presque sans repos. Un vrai sacrifice qui a impacté sur l’état de santé de Mme Faye Ndèye Khady Faye alias « Dieuwrigna ». «Chaque année, je tombais malade, surtout durant les vacances. En 2019, j’avais une classe d’examen, je suis rentrée pour une prise en charge. Mon directeur a signalé ma maladie à notre inspecteur qui a coupé mon salaire pour une durée d’un mois car on me demandait des papiers justificatifs. Ça m’a fait mal, mais j’ai eu quand même le soutien de mes collègues», indique cette brave dame, la première à avoir tenu une classe de CM2 à Thionokh avec un taux de réussite de 99 % de réussite au concours d’entrée en sixième. D’excellents résultats obtenus malgré la «pauvreté» de l’alimentation. «On mange du Mbakhalou Saloum, du domoda kéthiakh ou du domoda guedj», confie sa collègue Boury Niang qui ne cesse de rigoler à propos du «domado kéthiakh pour des salariés».
Fort heureusement, ces courageuses enseignantes avaient cultivé le vivre-ensemble et en commun qui a fait que ces quatre colocataires qu’elles étaient très unies. Ce qui a fait qu’elles n’avaient pas de «difficultés majeures» à Louguéré thioly. Un vivre-ensemble renforcé d’avantage par la survenue des jumeaux de Mme Pouye Khady Diouf (Serigne Babacar et Mame Abdou). Mme Pouye confie d’ailleurs que Mme Ndiaye et Mme Lô l’ont beaucoup soutenue dans ces durs moments à Louguéré Thioly. «Ce sont de gentilles collègues. Quand je préparais mes fiches, elles s’occupaient des enfants. Des fois, Mme Ndiaye portait même Serigne Babacar sur son dos en plein cours. C’était en 2018 et j’étais candidate au CAP. Je faisais les EPS à 16 heures-18 heures. Je ne rentrais chez mes parents que durant les fêtes parce que je ne pouvais pas tout le temps voyager avec les enfants dans certaines conditions», raconte Mme Pouye Khady Diouf. Mais aussi pénible qu’était la vie à Thinokh ou à Louguéré Thioly, c’était le paradis en comparaison de Caak, un village situé sur la route de Vélingara Ferlo où Mme Pouye Khady Diouf fut la première femme enseignante à servir. D’où le nom «Madame Debbo» ou «Madame bou goor bi» comme l’appelaient les habitants du village. Un village sans toilettes. «Si on voulait faire ses besoins, on attendait la tombée de la nuit pour aller se soulager derrière un arbre». Un calvaire que l’infortunée maîtresse a dû supporter pendant une année avant de tomber enceinte à sa deuxième année. Une grossesse gémellaire intervenue alors qu’elle était candidate au CAP. Pour ne rien arranger, Mme Pouye Khady Diouf tenait aussi une classe multigrades (Ce1 et Cm1). Ce n’est finalement qu’au mois de février qu’elle a obtenu un congé. C’est à son retour qu’elle a pu bénéficier d’un redéploiement à Louguéré Thioly.
Des hameaux sans électricité, sans eau, sans toilettes…la galère !
La plupart des écoles de campagne n’ont ni eau ni électricité et sont dépourvues d’infrastructures de base tels que des salles de classes et des toilettes, de personnels de santé qualifiés, de moyens de transport... Beaucoup d’enseignants qui y sont affectés ne sont pas en sécurité et dorment à la belle étoile en temps de chaleur. «J’ai eu à partager la même chambre avec une collègue qui avait une arthrose qui provoquait une paralysie parfois. Ce qui faisait que, certaines nuits, elle ne pouvait même pas sortir. On vivait ensemble à Thionokh. J’étais obligé de lui trouver un seau pour ses besoins. Jusqu’à présent elle est dans la zone. Elle a présenté des papiers, mais on l’a laissée là-bas», raconte avec indignation notre interlocutrice elle qui évoque aussi le cas de cette autre collègue dont la chambre en paille avait pris feu à Nioro.
A Louguéré Thioly, les logements étaient acceptables comparés à ceux de Caak, mais l’eau était une denrée rare notamment l’eau à boire parce que le château d’eau était en panne. «Parfois on déboursait 15 000 francs tous les deux jours pour avoir de l’eau. De l’eau dans laquelle vivaient toutes sortes de bestioles et dans laquelle les habitants faisaient leur bain. On trouvait tout dedans même des peaux de grenouilles... On faisait de la filtration, de la javellisation, on mettait des médicaments déparasitants... On me disait de ne jamais regarder dedans. Qu’il faut boire rek. En tout cas, je l’ai bue pendant cinq mois sans effet immédiat. C’est par la suite qu’on a acheté des seaux à filtre», confie encore Boury Niang. Bien évidemment, en plein Ferlo, le poisson était tout simplement introuvable. Sinon, et si on en trouvait, il fallait débourser 1000 francs pour un tas de trois poissons minuscules. Par contre, de la viande, on en trouvait à gogo et à moindre coût.
Pour rejoindre leur lieu de travail ou assister aux cellules pédagogiques, les enseignantes de brousse parcourent des kilomètres et des kilomètres à pied, en charrettes ou à motos au risque et au péril de leur vie... Elles empruntent des taxis « clandos », des charrettes et des «jakarta», parcourent des kilomètres, bravent la poussière pour aller participer aux cellules pédagogiques. «C’est pourquoi on s’organise de telle sorte que tous les enseignants puissent participer aux cellules parce que c’est important pour eux. On les organise les jours de louma — marchés hebdomadaires—, pour faciliter le déplacement aux enseignants se trouvant dans des zones très enclavées», confie un enseignant qui a servi pendant 10 ans dans la zone de Ranérou. Tout comme les infrastructures de base et ou le personnel qualifié dans les structures sanitaires, le transport reste un grand problème en zone rurale. Les enseignants, particulièrement les femmes, en souffrent. «En 2012, on devait aller en vacances mais on a attendu le jour du départ un véhicule jusqu’à minuit. Brusquement, un camion a débarqué. Tous se sont engouffrés dedans. Je ne voulais pas prendre le camion. J’ai pleuré de Louguéré Thioly à Linguère.
Après juste 5 kilomètres de route, le camion est tombé en panne. Quelques minutes après, il a redémarré pour encore s’immobiliser 15 kilomètres après. J’ai dit à mes collègues ‘Gnaw. C’est bien fait. Parce que je leur avait proposé de rester en leur indiquant que c’était risqué de prendre ce camion mais personne n’avait voulu m’écouter», explique en riant Mme Niang. Mais malgré tout ce calvaire, malgré les problèmes de famille et de santé, malgré la mauvaise alimentation, le manque d’infrastructures sanitaires, l’absence d’électricité, la mauvaise qualité de l’eau — là où on en trouve —, l’inexistence de loisirs etc. ces braves enseignantes restent en brousse ! Sans compter que le poids des tâches domestiques et l’organisation de la vie familiale pèsent sur les «frêles» épaules de ces femmes. Ce qui est parfois très compliqué à gérer avec le métier d’enseignante. Ça pèse, certes, admettent ces femmes, mais elles sont unanimes en disant que c’est gérable aussi. Telle est la femme : elle est le poumon de la famille, c’est sur elles que reposent beaucoup de tâches. Elles sont enseignantes, elles ont non seulement la préparation des cours à faire, mais encore elles ont aussi à faire face aux inspections, au quotidien (travaux ménagers tels que la cuisine) à gérer et à joindre les deux bouts. Les tâches ménagères, elles s’en acquittent toutes seules. Elles n’ont pas de bonnes. Elles s’organisent. Elles planifient les week-ends. Dure, dure, dure, la vie des braves enseignantes en milieu rural ! Le 08 mars devrait leur être spécialement dédié…
MIGRATION INTERNE ET INTERNATIONALE, UNE PRÉSENCE DE PLUS EN PLUS IMPORTANTE DES FEMMES
Les dynamiques de migration interne et internationale au Sénégal sont marquées par une participation accrue des femmes.
En 2018, le Sénégal a réalisé son deuxième rapport sur le profil migratoire, après celui de 2009. Dans cette dernière étude, il est apparu une présence croissante des femmes dans les flux migratoires.
Selon le document, les dynamiques de migration interne et internationale au Sénégal sont marquées par une participation accrue des femmes.
Au niveau interne, la propension à émigrer ne présente pas de différence significative par rapport au sexe, selon les données du recensement de 2013. Mais on note une tendance plus importante des jeunes filles à migrer par rapport aux jeunes garçons, notamment dans les tranches d’âge comprises entre 15 et 29 ans. Le pourcentage de migrantes internes parmi les femmes est de 9,6% contre 8,2% chez les hommes dans la tranche d’âge 15-19 ans. Ce ratio est de 11,6% contre 10,1% dans la tranche d’âge 20-24 ans et de 12% contre 11,3% dans la tranche d’âge 25-29 ans. Au niveau international, les femmes représentent 16% des migrants sénégalais partis à l’étranger au cours de la période 1999-2003 (ESAM II, 2004).
En 2013, la présence des femmes est de l’ordre de 17% parmi les Sénégalais ayant émigré vers l’étranger entre 2008 et 2012 (ANSD, 2014). Avant, les flux de migration internationale féminine étaient dominés par les étudiantes et les femmes parties rejoindre leurs conjoints déjà établis de façon durable. Il s’y est ajouté une émigration de femmes seules, actives et autonomes, à la recherche d’un meilleur statut économique et social. La présence croissante des femmes est l’une des caractéristiques montantes des dynamiques migratoires internationales actuelles.
Par contre la migration de retour constitue une variable mal connue, du fait de l’absence de données adéquates. Globalement, il n’existe pas de système d’enregistrement centralisé des migrants de retour, permettant de déterminer leur nombre exact et leur profil sociodémographique et économique, qui pourrait servir de base de données pour le suivi, l’accompagnement et la création de projet de réinsertion.
ARTISANES DE LA PAIX, MAIS «BANNIES» DES NÉGOCIATIONS
Victimes et couches vulnérables de la crise armées en Casamance, les femmes de la Casamance se sont toujours illustrées dans la résolution des conflits et plus particulièrement le conflit casamançais
Victimes et couches vulnérables de la crise armées en Casamance, les femmes de la Casamance se sont toujours illustrées dans la résolution des conflits et plus particulièrement le conflit casamançais. Une implication qui trouve toute son origine dans des soubassements culturels et traditionnels. Malheureusement, ces artisanes de la paix ont le sentiment d’être «bannies» des négociations. Une mise à l’écart qu’elles déplorent, confortées en cela par le fait que tous les accords signés, sans leur présence, sont tombés dans l’eau.
«Notre implication dans la résolution des conflits et notre engagement dans le règlement des conflits date de très longtemps. Car, dans notre société, la femme a toujours été au devant dans le règlement des conflits. Nous héritons cette casquette d’artisane de la paix des réalités culturelles et traditionnelles de notre région», nous confie Madame Ndeye Marie Thiam Diedhiou, Coordonnatrice de la Plateforme des femmes pour la Paix en Casamance (PFPC). Et de poursuivre : «le conflit en Casamance a éclaté en 1982. En 2000, il y a eu la Résolution 13.25 (des Nation unies – ONU, ndlr). Mais, bien avant, à travers des organisations de femmes ici comme Kagamen, Kabonketor, Usoforal, les femmes du Bois sacré…, nous nous sommes levées pour nous impliquer dans la résolution du conflit. Donc, notre engagement ne date pas d’aujourd’hui», martèle Madame Thiam. A travers de fortes mobilisations, ces femmes de la Casamance, mères et victimes, s’activent constamment dans la recherche de la Paix dans cette partie Sud du pays qui tangue depuis des années entre accalmie précaire et insécurité.
«NOUS DEPLORONS DE TOUTE NOTRE FORCE LE FAIT QUE DES NEGOCIATIONS SE FONT SANS L’IMPLICATION DES FEMMES ET…»
Toutefois, ces femmes qui se sentent exclues des négociations réclament une implication concrète dans celles-ci. «Nous ne sommes pas impliquées. On ne sait pas ce qui se dit, ce qui est en train de se négocier. Qu’est ce qui est en train de se dire ? Si c’est pour nous qu’on négocie, au moins qu’on nous dise ce qui est en train de se faire ; quelles sont les décisions qui sont prises ? Cela nous permettra de mieux orienter notre travail», déplore la Coordonnatrice de la PFPC. Aussi exprime-t-elle toute son amertume sur cette mise à l’écart des femmes dans le processus de négociations. «Nous déplorons de toute notre force le fait que des négociations se font sans l’implication des femmes et des organisations de la société civile. Il est vrai que c’est l’Etat du Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) qui sont en conflit, qui se battent, mais c’est nous, populations, qui subissons les affres de ce conflit». Et Mme Thiam d’insister : «donc, je pense qu’après tout le travail abattu par les femmes, nous avons droit au chapitre. Nous devons être impliquées dans la résolution de ce conflit parce qu’elles (les femmes, ndlr) ont leurs préoccupations qui leur sont propres, leur vécu qui leur est propre et qu’on devrait prendre en compte lors des négociations», souligne la responsable des femmes qui s’activent dans la paix en Casamance qui s’insurgent contre leur non implication dans le discret processus de négociations.
«COMME A BANJUL, OU LES FEMMES ONT FORCE LA PORTE POUR PRENDRE LA PAROLE… NOUS CONTINUONS LE TRAVAIL POUR NOUS IMPOSER»
D’ailleurs, ces mêmes femmes sont d’avis qu’elles sont complétement «bannies» dans les négociations. Et tous les accords signés, sans leur présence, sont tombés dans l’eau. Les femmes, qui ont subi des violences et toutes sortes de brimades, exigent une place centrale dans les négociations. L’heure est au forcing maintenant, semble dire Madame Thiam, qui lance : «nous avons beaucoup travaillé pour que la paix revienne. Néanmoins on n’entend pas leur voix. Les femmes n’ont jamais été impliquées dans la résolution du conflit en Casamance. Résultats, tous les accords qui ont été signés ont été nuls, il n’y a pas eu de débouchés, pas de suivi». La coordonnatrice de la PFPC rappelle que «c’est seulement à Banjul que les femmes se sont imposées. Elles ont forcé la porte pour prendre la parole, alors qu’elles y étaient en tant qu’observatrices. Nous continuons à faire le travail. Et nous allons nous imposer», lâche Madame Thiam.
«DE FAÇON CONCRETE, LE MFDC A COUPE AVEC TOUTES LES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE, MAIS…»
A la question de savoir si le Mfdc les écoute, Ndeye Marie Thiam Diedhiou répond : «de façon concrète, le Mfdc a coupé avec toutes les organisations de la société civile. Mais je sais qu’il suit les évènements. Il y a des franges les plus accessibles que nous rencontrons souvent. Maintenant, concernant l’Etat du Sénégal, il faut dire qu’à chaque fois que le chef de l’Etat vient en Casamance, il nous reçoit», déclare-t-elle. Aujourd’hui, ces femmes de la Casamance regroupées autour de la Plateforme pour la paix en Casamance (PFPC) exigent leur implication dans le processus de négociations. Et, en ce 8 mars, marquant la Journée international dédiée aux femmes dans le monde entier, un fort plaidoyer sera déroulé par ces femmes. Pour cela, elles comptent sonner la mobilisation non seulement pour dérouler le thème de cette célébration mais aussi en profiter pour interpeller les différentes parties prenantes sur leur implication nécessaire au processus de négociations en Casamance.
LES FEMMES, UNE VIE DE COMBAT
Les femmes sont présentes dans la migration. Après plusieurs années passées à l’étranger, elles parviennent à revenir au bercail et développer leurs activités, ceci parfois au prix d’énormes sacrifices, leur nouvelle vie étant un combat au quotidien.
Les femmes sont présentes dans la migration. Après plusieurs années passées à l’étranger, elles parviennent à revenir au bercail et développer leurs activités, ceci parfois au prix d’énormes sacrifices, leur nouvelle vie étant un combat au quotidien. A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée ce mardi 8 mars 2022 sous le thème «L'égalité des sexes aujourd'hui pour un avenir durable», nous sommes allés à la rencontre de quelques-unes… de ces braves «ex-aventurières», pardon, de ces migrantes de retour.
Rufisque, cité Soffa ! C’est là que vit, depuis ces dernières années, Ndeye Fatou Sall. La Sénégalaise âgée d’une quarantaine d’années est revenue au Sénégal, après son séjour de 9 ans au royaume saoudien. Le voyage en Arabie Saoudite ne s’est passée comme prévu ; elle est revenue au bercail pour investir et ceci malgré les difficultés de la vie. «Je me suis installé ici à Rufisque, depuis mon retour en 2017. J’ai décidé d’arrêter de voyager. J’ai démarré mon activité de vente de petit-déjeuner. J’ai constaté que je n’avançais pas, en comparaison à celles que j’ai laissées au pays. Avant de partir, j’exerçais ce métier. Obnubilé par le départ, je suis partie en Arabie Saoudite ; je l’ai abandonné pour partir. Mais, je me suis rendue compte que cela ne valait pas la peine», dit-elle lors d’une rencontre à son quartier.
LE RETOUR AU BERCAIL : UN CHOIX DIFFICILE, MAIS UNE MEILLEURE OPTION PARFOIS
Pour Ndeye Fatou, le retour au bercail s’impose et il est, à certaines occasions, la meilleure option. «Il vaut mieux rester à côté des siens et faire des efforts, à la longue on va s’en sortir. Le choix n’était pas facile, mais je me suis résolue à le faire, malgré les nombreuses tentatives pour me décourager». La vie d’une femme émigrée n’est pas du tout repos, surtout quand une progéniture est laissée au pays. «Mes enfants qui vivaient avec leur grand-mère, avaient commencé à avoir une déperdition scolaire. Je suis revenue pour m’occuper de mes filles, avec qui je vis. Leur papa est parti en Italie, depuis 17 ans, sans faire signe de vie. Comme je suis seule à leur côté, si je reste longtemps à l’étranger, elles n’auront plus une affection parentale», reconnait-elle. Pour s’en sortir, elle allie plusieurs petites tâches. «Après le petit-déjeuner, je me consacre à d’autres activités ; l’essentiel est qu’à la fin du mois, je puisse payer mon loyer et m’occuper convenablement de mes enfants.» Pour ces femmes de l’ombre, parfois obtenir un accompagnement est difficile. «A mon retour en 2017, j’avais déposé une demande de subventions au ministère des Affaires étrangères ; mais jusqu’à présent on n’a rien eu. J’ai aussi déposé à la Direction de l’entreprenariat rapide (Der) ; mais jusqu’à présent, je n’ai pas été financée.» Vivre et travailler auprès des siens est une option que Ndeye Fatou ne regrette pas, après avoir été déçue par le mirage saoudien. «Même sans voyager, on peut réussir au pays. Je n’étais pas bien informée à mon départ. On m’a vanté les mérites de l’Arabie Saoudite et je suis allée pour travailler comme femme de ménage». Dans son quartier à la Cité Soffa, Ndeye Fatou est décrite comme une personne qui n’a d’intérêt que pour son travail. «Elle est courageuse, brave et s’occupe bien de son travail. Elle est une ‘’touche-à-tout’’. C’est difficile de s’occuper de ses enfants et travailler ; mais elle a réussi à le faire. Elle cherche toujours à aller de l’avant, en alliant le travail de maison», soutient une mère, sa voisine. Un sentiment partagé par le vieux Modou Fall, tailleur dans le quartier, trouvé en pleine activité.
KOLDA : APRES UN SEJOUR EN CENTRAFRIQUE, ASMAO RECONVERTIE EN ELEVEUR DANS LE MEDINA YORO FOULAH
A l’image de Ndeye Fatou Sall, elles sont de plus en nombreuses les migrantes sénégalaises de retour qui ont opté de gagner le restant de leur vie au pays. Après avoir séjourné et démystifié les mirages de l’étranger. Asmao en fait partie. A Ndorna, dans le département de Médina Yoro Foulah, région de Kolda, Asmao est connue par sa reconversion, après son séjour en Centrafrique. Aujourd’hui, elle est éleveur et a été plusieurs fois distinguée par des associations locales en soutien à l’initiative féminine. «Quand il y a eu des problèmes en Centrafrique, j’ai été rapatrié par vol affrété par l’Etat. Depuis lors, je me suis engagée à rester au pays et travail ler. J’ai bénéficié d’un financement de 1.400.000 FCFA de l’Ong La Lumière. C’est avec cet argent que j’ai acheté plus d’une dizaine de têtes que j’entretiens. J’en vends, au besoin, pour me prendre en charge et m’occuper de mes enfants à Ndorna. Je ne suis pas contre le voyage (à l’étranger), mais à je dis à toutes les femmes qu’elles peuvent réussir un restant au pays. Il suffit juste d’entreprenante».
Asmao s’active pleinement dans son travail malgré les difficultés. «J’ai des difficultés parce que je n’ai pas suivi une formation en la matière. Parfois les animaux tombent malade, en plus, il n’y a pas de vétérinaire. Je suis seule. Je n’ai pas une personne qui me seconde, je fais tout en même temps, vaccination. Ils se perdent en brousse. Je n’ai pas d’autres sources de revenues que mon bétail.»
PAR Vieux Savané
RÉSISTONS
Il demeure la nécessité de poursuivre et d'approfondir la révolution des mentalités afin de déconstruire durablement le regard sexiste sédimenté autour de cet étrange aphorisme qui veut que l'homme dise : « Je veux » et la femme : « Il veut »
"On ne naît pas femme, on le devient". Cette lumineuse formule de Simone de Beauvoir pourrait aussi se décliner sous son pendant masculin, à savoir : « on ne naît pas homme on le devient ». Il est ici question de remarques désormais galvaudées mais dont on peine encore à mesurer toutes les conséquences disruptives, ne serait-ce que cette invite à s'interroger, à déconstruire les schèmes de nos identités de genre.
A l'évidence, naître n'est pas devenir mais venir au monde avec un ensemble de déterminations. Et par ricochet, devenir est par le biais de l’apprentissage et de la création la possibilité de faire advenir de la nouveauté sur la scène du monde. Ceci a le mérite de nous rappeler qu’en sus de l'animalité dont nous tenons nos besoins irrépressibles tels que manger, boire et autres, se profile une humanité qui nous donne l’opportunité d’apprécier les situations et de proposer des réponses appropriées.
Se pose alors la nécessité de s'interroger sur ces fausses évidences tapies derrière les constructions culturelles. Celles qui veulent notamment qu'un homme soit la virilité assumée, vent debout, défonçant tout sur son passage, exhibant l'image valorisante du coq triomphant. Et en cela, contrairement à la femme qui, dans un tel cas de figure, verrait sa côte dépréciée, ravalée au rang de volage libertine, synonyme de catin, indigne de considération voire de respect. C'est ainsi que l'on est parfois confronté à certaines incongruités qui en disent long sur les préjugés qui nous habitent.
Qu'une femme soit violée par exemple, et voilà qu'on s'intéresse de savoir si elle n’était pas trop aguichante. Si elle n’était pas consentante. Si elle avait résisté ou non à son agresseur. De par cette approche, tel un ouragan, la présomption de culpabilité se met en branle, balayant sur son passage toute présomption d'innocence au profit d’une phallocratie qui s'octroie le droit d'exhiber avec arrogance l'idée qu'elle se fait d'elle même. Récemment, lors de la campagne pour les élections locales, à une question posée à un homme politique sur une possible relation intime entretenue avec une dame par un autre leader politique de son camp, ce dernier a répondu sans sourciller, avec le sourire convenu de celui qui est sûr de son fait : "On est homme ou goor jigeen (homosexuel)".
Une manière de suggérer qu’un homme se dessine par sa capacité à faire corps avec une virilité furieuse et non dans l'épreuve de la relation humaine. Un homme, "ça ne peut pas se retenir", semblait-il donc insinuer, oubliant que contrairement aux animaux ce qui fait de nous des êtres humains, c'est la domestication de nos instincts que permet notre enculturation. En d’autres termes, la capacité de proposer des réponses idoines en rapport au contexte et aux normes sociales d'acceptation et de dialogue qui fondent l'en commun.
Ceci dit, beaucoup de nos sociétés, pourtant poreuses à toutes les turpitudes masculines, se retrouvent promptes à contenir les femmes dans des postures de seconde zone.
Néanmoins cela ne saurait occulter les différentes avancées accomplies au Sénégal en faveur de l'égalité hommes/femmes. Ces dernières sont mécaniciennes, conductrices de train, pilotes d'avion, Premier ministre, directrice de la police nationale, directrice de banque , etc. Toutefois, force est de constater que même si elles dament souvent le pion aux garçons sur les bancs de l'école, le chemin de l'émancipation reste encore long du fait des abcès à crever, des plafonds de verre à faire sauter. Première femme générale des forces armées ?
Première femme Chef de l'Etat ? Pourquoi pas ! En attendant ces conquêtes cruciales, il demeure surtout la nécessité de poursuivre et d'approfondir la révolution des mentalités afin de déconstruire durablement le regard sexiste sédimenté autour de cet étrange aphorisme qui veut que l'homme dise : « Je veux » et la femme : « Il veut ». Oeuvre d’autant plus impérieuse que de telles assertions ne semblent pas outrer encore moins émouvoir grand monde. Bien au contraire, ces derniers sont encore victimes de la glu sociale qui dénient aux femmes le droit d’être médiocres au même titre que les hommes tout en faisant intérioriser des manières de faire et des perceptions acquises comme relevant de faits innés.
Mais qu’importe toutes ces barrières !
Bien loin de la désespérance, la résistance reste on ne peut plus d’actualité. Aussi, demain se révélera-t-il forcément un jour autre pour qui vise un horizon de pluralité, de liberté, d’égalité et refuse de se laisser écraser par le lourd fardeau des pesanteurs de toutes sortes.
par Aminata Touré
POUR PLUS DE MOYENS POUR LES DROITS DES FEMMES
Les budgets nationaux devront être restructurés en vue d’établir des benchmarks traçables mettant en évidence les investissements particulièrement dédiés aux femmes dans les domaines-clé
Jeune Afrique |
Aminata Touré |
Publication 07/03/2022
Tous les ans, le 8 mars replace les femmes – la moitié du ciel – au cœur de l’actualité, pour cette seule et unique journée qui leur est internationalement dédiée. Une fois encore, gouvernants, médias et bien-pensants rappellent la place importante qu’elles occupent dans la société africaine, leur rôle central dans la famille, leur complémentarité indispensable à l’homme et tutti quanti.
Il va falloir renforcer cette confiance en nous pour relancer au plus vite nos machines économiques et donner une nouvelle impulsion à notre développement durable. Pour ce faire, nos dirigeants devront miser sur les femmes en transformant encore plus vite leurs conditions de vie et en leur ouvrant toutes les opportunités qui feront d’elles de véritables actrices de l’émergence économique et sociale de notre continent.
Il est indéniable que les droits des femmes ont connu une progression importante durant ces dernières décennies, grâce au travail inlassable des associations et des mouvements féminins. Ils ont incontestablement fait évoluer les mentalités et influencé les États, qui ont davantage investi dans l’éducation des filles, la santé de la mère et de l’enfant, et ont favorisé l’implication des femmes dans les instances de décision avec des résultats tangibles.
Au Sénégal, par exemple, depuis deux ans, une petite révolution passe inaperçue : pour le concours de l’entrée en classe de sixième consacrant la fin de l’école primaire et l’accès au collège d’éducation moyen secondaire, il y a eu plus de filles présentées à l’examen que de garçons.
FAIRE DU 8 MARS, UN VÉRITABLE CADRE D'ÉPANOUISSEMENT DES FEMMES
Le défaut d’application des dispositions juridiques existant concernant par exemple les violences de toutes sortes faites aux femmes et aux filles - DÉCLARATION DE LA COMMISSION NATIONALE DES FEMMES DE YOONU ASKAN WI
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de Yoonu Askan Wi relative à la journée du 8 mars marquant la célébration des droits de la femme à travers le monde.
« Le mois de mars s’est imposé progressivement un peu partout dans le monde comme une période dédiée aux femmes en raison du fait qu’elle abrite la journée internationale des femmes qu’est le 8 mars. Ce constat est valable si l’on considère l’évolution des choses sous un angle historique avec la manifestation originelle des ouvrières américaines le 8 mars 1857 ou les rassemblements du 8 mars contre la guerre durant la première guerre mondiale et celle des femmes russes le 8 mars 1917 à la veille de la révolution d’octobre. Il en est également ainsi d’un point de vue institutionnel, depuis la fixation officielle de la première journée internationale des femmes à la Conférence de Copenhague en 1910 sur l’initiative de Clara Zetkin jusqu’à la déclaration des Nations Unies en 1977 en passant par les différentes conférences onusiennes (Mexico, Nairobi et Copenhague) qui ont précédé cette dernière. Sans oublier le Protocole de Maputo initié les 8 et 9 mars dans le cadre de la préparation au niveau africain de la conférence de Beijing.
Mais, dans ce panorama chronologique, l’évènement qui a le plus marqué les esprits est peut-on dire, le drame qui a frappé le mouvement ouvrier le 25 mars 1911 avec la mort dans l’incendie d’un atelier textile à New York, de 140 ouvrières dont une majorité d'immigrantes enfermées à l'intérieur d’une usine. Evènement qui rattache de ce fait, la question féminine à la situation générale des travailleuses et celle des ouvrières plus spécifiquement. Evènement devenu mondial et auquel se rattache en plus, en raison de la tonalité dramatique qu’ils partagent tous deux, l’épopée des femmes de Ndeer qui, plusieus décennies auparavant, ont fait preuve d’un courage, d’une vision et de valeurs incommensurables, par l’acte de don de soi légué à la postérité, via l’immolation qu’elles se sont elles-mêmes infligée volontairement.
Cependant aujourd’hui, cette coïncidence suscite çà et là, des propositions qui, en toute bonne foi sans doute, suggèrent de remplacer le 8 mars par le 7 mars en soutenant que cette dernière date participe d’un événement qui nous appartient en propre alors que la première elle, nous serait tout simplement étrangère. De pareilles suggestions qui semblent en apparence aller de soi, ne tiennent pas suffisamment compte du fait que les femmes déjà soumises en général à diverses formes d’asservissement domestique, subissent en plus comme travailleuses, à l’instar de toutes les autres composantes des masses laborieuses, le diktat d’un système global régi par le déploiement du capital. Cet état de fait donne la mesure de l’erreur de taille que constituerait l’affaiblissement de l’impact d’un 8 mars renouant avec sa véritable signification dans notre agenda d. En ce XXIème siècle, c’est en effet de façon globale que les larges masses féminines continuent de subir de plein fouet les conséquences désastreuses de l’impérialisme contemporain. L’un et l’autre, le 8 mars et le 7 mars de Talaatay Ndeer expriment la même nécessité d’incorporer pleinement dans la lutte contre l’esclavagisme mercantiliste, l’exploitation impérialiste et l’oppression néocoloniale, le rejet des antivaleurs patriarcales qui, depuis des temps immémoriaux, façonnent des pratiques et des mentalités d’aliénation et de dépossession des femmes de leur droits et devoirs fondamentaux. Réalité contre laquelle, les femmes du Waalo et les Linguères qui ont assuré leur leadership à la tête de ce royaume historique situé entre le Fouta Toro des almamis et les émirats maures, ont su ramer à contre-courant. Seule une telle intégration peut permettre de réunir les conditions pour inscrire au cœur de la lutte de libération globale, l’exigence de suppression des inégalités de sexe et l’oppression spécifique qu’elle génère dans tous les secteurs de la vie sociale. Comme quoi, des références historiques s’élaborant dans des contextes géographiques, culturels ou politiques variés peuvent porter des enjeux de prime abord divergents, comme cela semble être le cas pour les épisodes historiques des 7 et 8 Mars. Alors qu’en vérité, les logiques historiques dont elles procèdent, loin d’appeler au rejet de l’un ou de l’autre évènement auquel renvoient ces références, doivent au contraire dans leur lame de fond, être considérées comme des facteurs de complémentarité et d’enrichissement mutuel, des moments convergents d’appropriation du patrimoine historique dont les femmes du peuple sont porteuses dans la dynamique de l’égalité de genre et de la transformation sociale.
Force est de constater cependant que de façon générale, à l’encontre de la volonté des femmes de s’engager pleinement dans la lutte pour la souveraineté et la démocratie contre le colonialisme, le néocolonialisme et leur politique élitiste de déculturation systématique, plusieurs obstacles se dressent dans notre pays, comme autant de remises en cause de la nécessité de réaliser l’égalité citoyenne entre les sexes. Parmi ces obstacles, le défaut d’application des dispositions juridiques existant concernant par exemple les violences de toutes sortes faites aux femmes et aux filles ; une situation socio-économique délétère avec l’appropriation égoïste des produits collectifs du labeur populaire par une minorité exploiteuse, les multiples entraves sociales, les difficultés économiques qui aggravent la précarité et la paupérisation dans laquelle se compte une grande partie de femmes et leurs familles, confrontées à de grandes difficultés sociales malgré les projets brandis autour du PSE et de ses Plans d’Action Prioritaires, censés améliorer leur quotidien (PUDC, DAP, PUMA, carte d’égalité des chances, bourses familiales, DER, etc. Il est important de mener la lutte pour l’application des résolutions en faveur des femmes adoptées par les différentes institutions susmentionnées. Il est aussi vrai que la victoire de l’opposition aux élections locales dans les grandes villes et les percées notables effectuées ailleurs par des listes citoyennes autonomes et par la coalition Yewwi Askan Wi en particulier, peuvent et doivent rendre possible au plan de l’éducation fonctionnelle en faveur des femmes, l’acquisition de savoirs et de savoir-faire immédiatement applicables dans leurs différentes activités pour démultiplier leurs compétences en les développant dans différents domaines économiques, sociaux, culturels et autres. Il s’agit là de conditions nécessaires mais cependant pas suffisantes. Pour que la lutte des femmes puisse être portée à une nouvelle échelle, il importe aussi en effet pour le mouvement démocratique des femmes de se doter d’une plate-forme programmatique portant sur les spécificités des besoins des femmes, dans les domaines sociaux, économiques, socioculturels et politico- juridiques. Autant de points de revendications à préciser en vue de se mobiliser pour leur matérialisation effective.
De cette manière, engagée dans la conquête d’une citoyenneté inclusive et désaliénée pour mettre un terme définitif à leur exclusion de la vie publique, elles affirmeront leur rôle aux côtés des forces motrices sociales et politiques, actrices de cette étape de transformation sociale complexe, perpétuant ainsi les traditions de lutte des 7 et 8 mars. Elles le feront en capitalisant la conscience historique dont les femmes du peuple sont porteuses en tant que catégorie sociale particulière et gardienne des valeurs de justice, de solidarité ainsi que des œuvres de culture et de civilisation au sein de la formation sociale sénégalaise. Elles le feront enfin sans omettre de conduire une révolution des mentalités et des comportements pour une conscience désaliénée dans le mouvement démocratique, pouvant mettre fin notamment aux effets pervers de la fausse conscience féminine dans l’ensemble de la société, aux pratiques qui les reproduisent ainsi qu’à leur instrumentalisation, électoraliste en particulier, par les forces de domination.
Pour s’élever au niveau de la symbolique que véhicule le 8 mars, il convient d’y ajouter les revendications spécifiques pour les travailleuses autour des axes ci-dessous, à préciser et compléter : Le droit au travail pour les femmes à considérer comme des membres à part entière de la société en tant que citoyennes ayant le même droit que les hommes de travailler et de bénéficier du fruit de leur travail.
Par conséquent, la lutte pour la préservation de la dignité et de l’identité nationale-communautaire menée par les femmes de Ndeer contre le mercantilisme esclavagiste, ne doit pas être coupée de la dynamique de prise en compte de la globalité de la condition féminine sur le socle de l’identité de classe, symbolisée par les luttes féminines ouvrières qui ont donné naissance à l’épopée du 8 mars. »
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QUI SUIS-JE SANS MARI ?
Le documentaire à voir mardi 8 mars à 15h30 sur TV5 Afrique invite à une réflexion, sans tabou, sur le bien-être et la dignité de la personne, au-delà du vernis social. Ce film analyse la perception de la femme célibataire ou divorcée dans la société
Qui suis-je sans mari ? est un documentaire qui invite à une réflexion, sans tabou, sur le bien-être et la dignité de la personne, au-delà du vernis social. Ce film analyse la perception de la femme célibataire ou divorcée au sein d'une société sénégalaise qui se transforme, tout en restant attachée à ses traditions et préceptes religieux. On y découvre des femmes qui témoignent de la pression qu'elles subissent afin de se trouver un époux.
Le film est à voir sur TV5 Afrique, mardi 8 mars à 15h30.
PRÈS DE 2,4 MILLIARDS DE FEMMES NE POSSÈDENT PAS LES MÊMES DROITS ÉCONOMIQUES QUE LES HOMMES
Le rapport de la Banque mondiale intitulé ‘’Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2022’’ a été rendu public. Selon le document, près de 2,4 milliards de femmes ne possèdent pas les mêmes droits économiques que les hommes.
Le rapport de la Banque mondiale intitulé ‘’Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2022’’ a été rendu public. Selon le document, près de 2,4 milliards de femmes ne possèdent pas les mêmes droits économiques que les hommes.
Près de 2,4 milliards de femmes dans le monde ne possèdent pas les mêmes droits économiques que les hommes. C’est ce qui ressort du rapport de la Banque mondiale intitulé ‘’Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2022’’. ‘’Environ 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas de l’égalité des chances économiques, et 178 économies maintiennent des obstacles juridiques qui empêchent leur pleine participation à la vie économique. Dans 86 économies, les femmes sont confrontées à une forme de restriction d’accès à l’emploi et 95 autres ne garantissent pas un salaire égal pour un travail de valeur égale’’, renseigne le document. Selon le rapport, à l’échelle mondiale, les femmes ne disposent toujours que des trois quarts des droits juridiques accordés aux hommes. La Banque mondiale précise que le score moyen mondial s’établit ainsi à 76,5 sur 100, note maximale qui indique une parité juridique totale.
Toutefois, le rapport relève que, malgré l’effet disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur la vie et les moyens de subsistance des femmes, 23 pays ont réformé leurs lois en 2021 afin d’introduire des réformes indispensables à l’inclusion économique des femmes. ‘’Bien que des progrès aient été réalisés, l’écart entre les revenus attendus des hommes et des femmes au cours de leur vie s’élève à 172 000 milliards de dollars, soit près de deux fois le PIB annuel mondial pour les politiques de développement et les partenariats. Les gouvernements doivent accélérer le rythme des réformes législatives pour que les femmes puissent réaliser tout leur potentiel et qu’elles bénéficient pleinement et équitablement des fruits d’un développement vert, résilient et inclusif’’, souligne Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale.
Selon un communiqué, le rapport ‘’Les Femmes, l’Entreprise et le Droit’’ mesure les lois et règlementations de 190 pays dans huit domaines ayant un impact sur la participation économique des femmes : Mobilité, Travail, Rémunération, Mariage, Parentalité, Entrepreneuriat, Actifs et Retraite. Ces données, note le texte, fournissent des repères objectifs et mesurables quant aux progrès mondiaux en matière d’égalité des sexes, et elles montrent que seuls 12 pays, tous membres de l’OCDE, ont atteint la parité légale entre les sexes. D’après le document, cette nouvelle édition rend compte des résultats d’une enquête inédite portant sur les lois régissant la garde des enfants dans 95 pays, un aspect essentiel dans lequel les femmes ont besoin de soutien pour pouvoir accéder et conserver un emploi rémunéré.
Une analyse pilote de l’application effective des lois relatives à l’émancipation économique des femmes est également détaillée; elle met en lumière la différence entre les lois en vigueur et la réalité vécue par les femmes. ‘’Ce sont les régions du Moyen-Orient et Afrique du Nord, d’une part, et d’Afrique subsaharienne, d’autre part, qui ont enregistré en 2021 les plus fortes améliorations de l’indice établi par le rapport, même si elles restent globalement à la traîne par rapport aux autres régions du monde. Le Gabon se distingue par une réforme complète de son code civil et la promulgation d’une loi visant à éliminer la violence à l‘égard des femmes, des évolutions qui ont fait passer son score de 57,5 en 2020 à 82,5 en 2021.
Dans l’ensemble, le plus grand nombre de réformes a concerné les indicateurs Parentalité, Rémunération et Travail. De nombreuses réformes ont porté sur la protection contre le harcèlement sexuel au travail, l’interdiction des discriminations fondées sur le sexe, l’augmentation des congés payés pour les nouveaux parents et la suppression des restrictions professionnelles ciblant les femmes. Les indicateurs Rémunération et Parentalité obtiennent les notes les plus faibles de l’indice, mais ils ont néanmoins progressé l’année dernière de 0,9 et 0,7 point respectivement, pour atteindre des scores moyens de 68,7 et 55,6. Les améliorations de l’indicateur Parentalité sont principalement liées au congé de paternité et au congé parental partagé, mais son faible score souligne la nécessité d’accélérer les réformes dans ce domaine’’, rapporte le communiqué.
LES FEMMES NE PEUVENT PAS ATTEINDRE UNE EGALITE AU TRAVAIL SI ELLES NE SONT PAS SUR UN PIED D’ÉGALITÉ À LA MAISON
Ce qui fait dire à Carmen Reinhart, vice-présidente principale et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale, que les femmes ne peuvent pas atteindre une égalité au travail si elles ne sont pas sur un pied d’égalité à la maison. Cela signifie, pour elle, qu’il faut uniformiser les règles du jeu et faire en sorte que le fait d’avoir des enfants ne se traduise pas par l’exclusion des femmes d’une pleine participation à l’économie et par des freins à la réalisation de leurs espoirs et de leurs ambitions. Si l’on se fie au rapport, à travers le monde, 118 économies garantissent 14 semaines de congé maternité rémunéré.
Plus de la moitié des pays étudiés (114), souligne le document, prévoient un congé paternité rémunéré, mais sa durée médiane n’est que d’une semaine. ‘’L’édition 2022 du rapport présente les résultats d’études pilotes dans deux nouveaux domaines : l’environnement juridique des services de garde d’enfants et la mise en œuvre des lois. Un nombre croissant d’économies investissent dans l’accueil de la petite enfance pour favoriser le développement des enfants et, par ailleurs, prendre en compte le travail non rémunéré des femmes qui assument souvent une plus grande part des tâches familiales.
L’exercice pilote a analysé les lois de 95 économies et révèle que la plupart de celles à revenu élevé de l’OCDE et d’Europe et Asie centrale réglementent les services publics de garde d’enfants, tandis qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi qu’en Asie du Sud, les lois imposent au secteur privé ou aux employeurs de fournir des services de garde aux parents qui travaillent’’, précise le communiqué. Pour que les services de garde d’enfants soient plus abordables et plus largement utilisés, explique le rapport, certains pays offrent un soutien financier aux parents ou aux prestataires.