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27 novembre 2024
Femmes
QUAND LE NOUVEAU LIVRE DE DIARY SOW FAIT POLÉMIQUE
Dix mois après sa disparition mystérieuse, la jeune étudiante publie un nouveau roman chez un éditeur parisien. Mais au Sénégal, la cote de l’enfant prodige a nettement chuté
Mohamed Mbougar Sarr et Diary Sow ont plus d’un point en commun. Outre que tous deux sont sénégalais et qu’ils ont chacun reçu par le passé le titre prestigieux de « meilleur élève » du pays (Mbougar Sarr en 2009, Diary Sow en 2018 et 2019), ils sont actuellement en promotion en France pour parler de leur dernier livre : La Plus Secrète Mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan), pour l’un ; Je pars (Robert Laffont) pour l’autre. Mais la comparaison s’arrête là.
Là où le talent littéraire de Mohamed Mbougar Sarr, déjà auteur, depuis 2015, de trois romans remarqués, vient d’être récompensé par le prestigieux Prix Goncourt, il est peu probable que le roman de Diary Sow, au style adolescent et à l’intrigue à l’eau de rose, se retrouvera au palmarès d’un prix littéraire de premier plan.
Crise existentielle
Pour la deuxième fois, l’étudiante sénégalaise, qui avait obtenu une bourse d’excellence de son gouvernement pour venir étudier à Paris en classe préparatoire, au prestigieux lycée Louis-le-Grand, brode sur le thème de la fugue, déjà présent dans son premier roman, Sous le visage d’un ange (L’Harmattan, 2020). Après le drame intime d’une jeune femme désireuse de rompre avec son milieu familial, l’héroïne de Je pars décide, elle, de renoncer à un destin tout tracé pour une échappatoire clandestine.
Officiellement, tout, chez Diary Sow, n’est que fiction. Et pourtant, la note de présentation de l’ouvrage ressemble à s’y méprendre à sa propre histoire, qui avait défrayé la chronique au Sénégal comme dans la presse internationale, jusque dans les colonnes d’El País ou du New York Times. Au début de l’année 2021, au lendemain des vacances de Noël, Diary Sow n’avait plus réapparu dans son établissement et demeurait introuvable dans la résidence universitaire où elle logeait.
Pendant plus de quinze jours, sur les réseaux sociaux comme dans les rues de Paris, la communauté sénégalaise avait fait résonner le djembé, priant pour qu’il ne lui soit rien arrivé. Jusqu’au jour où la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, avait fait son come-back après une fugue assumée.
« Partir. N’importe où. Prendre sa liberté. Retrouver le contrôle de soi. Oublier la pression, une famille qui aime mal, des ambitions qui sont celles des autres. Cesser de jouer un rôle…, écrit-elle dans Je pars. Un matin d’hiver, Coura quitte sa chambre d’étudiante, ses amis, Paris, la France. Sans regret. […] Sa disparition est d’autant plus inquiétante qu’elle était une jeune fille modèle, menant une existence parfaitement rangée. »
À l’appui de cette crise existentielle qui sert de trame au roman, Diary Sow et son éditeur livrent un clip promotionnel sucré comme du sirop d’érable, digne de la collection Harlequin : « Qui suis-je aujourd’hui ? Qui serai-je demain ? Je ne suis pas. Je deviens », déclame une voix off adolescente, tandis qu’à l’écran une jeune Africaine qui lui ressemble déverse 30 kilos de vêtements sur une valisette pouvant en contenir trois fois moins, avant de s’enfoncer dans la nuit d’hiver pour un voyage que l’on imagine sans retour.
Retour sur les recettes de ce plat devenue une tradition culinaire au Sénégal, à l'heure de son incription par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, avec René Lake au micro de VOA Afrique
Retour sur les recettes de ce plat devenue une tradition culinaire au Sénégal, à l'heure de son incription par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, avec René Lake au micro de VOA Afrique. Ecouter à partir de la 6'50".
THIÈS : MARCHE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Des femmes de diverses catégories socioprofessionnelles ont marché dimanche à Thiès pour dénoncer les violences faites contre elles, à l’appel d’un collectif, dénommé ‘’la Marche blanche des femmes’’ (MBDF), a constaté l’APS.
Des femmes de diverses catégories socioprofessionnelles ont marché dimanche à Thiès pour dénoncer les violences faites contre elles, à l’appel d’un collectif, dénommé ‘’la Marche blanche des femmes’’ (MBDF), a constaté l’APS.
Les participantes, toutes de blanc vêtues, sont parties du foyer des femmes sis au quartier Carrière, pour prendre la direction de la Gouvernance, en passant devant le marché central.
Abibatou Fall, présidente de l’association ‘’Rafet Kar’’, a au nom du collectif, lu devant l’adjoint au gouverneur, Djiby Guèye Diongue, un mémorandum dans lequel, elle a évoqué, la nécessité de reformuler plusieurs dispositions juridiques jugées ’’discriminatoires’’ à l’égard des femmes.
Le mémorandum cite aussi entre autres, la Loi interdisant la recherche de paternité, ou encore celle relative à la puissance paternelle.
Les femmes ont également demandé que soit mis en exergue, la place des violences comme cause de divorce, tout comme l’extension du harcèlement sexuel au-delà de la sphère professionnelle.
Abibatou Fall a en outre appelé à l’unité de tous les acteurs, y compris les hommes pour venir à bout des violences faites aux femmes.
En plus du document, Julie Cissé, représentante des femmes de développement, a insisté sur la question de l’accès des femmes au foncier, aux intrants agricoles et aux financements.
L’adjoint au gouverneur, Djiby Guèye Diongue, a pour sa part, salué la démarche de sensibilisation des femmes sur ces violences, un fléau qui, selon lui, ‘’n’est pas conforme aux valeurs sénégalaises".
Il a assuré que le mémorandum sera exploité à Thiès, avant d’être transféré au président de la République et aux plus hautes autorités concernées.
Les femmes, munies de pancartes prônant le respect de leurs droits ont ensuite rallié l’hôtel de ville de Thiès, devant lequel un représentant du maire les a reçues.
ADI/SG
LE FAGOT DE MA MÉMOIRE
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a rendu hommage à ses parents, principalement sa mère dans son livre ‘’Le fagot de ma mémoire’’, publié en mars dernier, aux éditions ‘’Philippe Rey’’
Dakar, 18 déc (APS) – Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a rendu hommage à ses parents, principalement sa mère dans son livre ‘’Le fagot de ma mémoire’’, publié en mars dernier, aux éditions ‘’Philippe Rey’’ (France), a appris l’APS de l’auteur.
‘’Ce livre est un hommage principalement à ma mère et à mon père’’, a-t-il dit, lors de la présentation de son œuvre, vendredi, au musée des civilisations noires à Dakar, à l’occasion du ‘’Book club’’, une cérémonie dédiée aux livres et organisée par la directrice de ‘’Intelligence magazine’’ Amy Sarr Fall.
‘’C’est aussi un hommage aux villes que j’aime, des villes auxquelles, je suis attaché ainsi qu’à mes amis et mes anciens étudiants’’, a-t-il ajouté.
Souleymane Bachir Diagne estime que ‘’notre époque est en train de mourir des ethno-nationalistes’’.
‘’Elle est en train de mourir des égoïsmes qui sont là, qui nous divisent et nous partagent en des tributs et qui s’expriment dans les inégalités profondes qui fragmentent l’humanité entre un nord et un sud’’, a déploré le philosophe sénégalais.
L’ouvrage ‘’Le fagot de ma mémoire’’ est un voyage qui retrace son parcours de Saint-Louis (Nord du Sénégal) à Colombia University (Etats-Unis) en passant par Ziguinchor (Sud), Dakar, Paris (France) entre autres.
Selon lui, ‘’ce fragment de l’humanité se voit dans l’injustice vaccinale avec la Covid-19, mais également à l’intérieur des Nations elles-mêmes qui partagent les peuples entre ceux qui sont riches et ceux qui sont pauvres créant des inégalités profondes’’.
’’Aujourd’hui, cela va être les grands défis des temps présents et c’est dans ces défis que la philosophie doit s’inscrire’’, estime M. Diagne, enseignant de Colombia University, en Amérique.
L’Universitaire, considéré comme ‘’l’un des grands penseurs’’ de cette époque, revient dans son ouvrage sur son parcours de jeunes sénégalais, élevé dans la tradition d’un islam soufi et lettré, a confié à l’APS, un participant à la cérémonie.
‘’La génération de Bachir et notre propre génération ont l’obligation de transmettre à nos enfants, nos propres parcours intellectuels et humains’’, a pour sa part indiqué El Hadj Hamidou Kassé, ministre-conseiller à la Présidence de la République.
’’On ne peut pas se mouvoir dans la société, si on n’a pas de maître, qui est pour nous une boussole, un conducteur, quelqu’un de qui on s’inspire pour bien maîtriser sa société et pouvoir se construire soit même une belle trajectoire et un bon parcours’’, a-t-il conseillé aux élèves, venus assister à la présentation du livre.
Selon lui, tout le travail de Souleymane Bachir Diagne consiste à dire que ‘’le monde en général est un monde de différence, de disparité et de diversité’’.
Il pense que ‘’notre tâche en tant qu’humain est de construire l’humanité, c’est-à-dire construire un être ensemble, un vivre ensemble’’.
‘’On a tous vu la beauté de la philosophie, on a vu à quel point, c’est beau d’écouter des personnes partager leur savoir’’, s’est réjoui Amy Sarr Fall.
Elle a appelé les jeunes à s’adonner à la lecture en période de vacances. ‘’Reconnectez-vous davantage à la lecture, profitez de ces quelques jours de vacances pour lire l’œuvre du professeur Souleymane Bachir Diagne +Fagot de la mémoire+’’, leur a-t-elle lancé.
Le professeur Souleymane Bachir Diagne entreprend de publier au mois de mars prochain, son prochain livre intitulé : ‘’De langue à langue, tradition et hospitalité langagière’’.
Né le 8 novembre 1955 à Saint-Louis, il a enseigné à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) avant d’aller donner des cours à Colombia Université aux USA.
EGALITE DES SEXES, LE NIGERIA REJETTE UN PROJET DE LOI
C’est la troisième fois en cinq ans. Au Nigeria, le Sénat vient une fois de plus de rejeter un projet de loi censé promouvoir l’égalité des sexes, en citant des préoccupations socioculturelles et islamiques.
C’est la troisième fois en cinq ans. Au Nigeria, le Sénat vient une fois de plus de rejeter un projet de loi censé promouvoir l’égalité des sexes, en citant des préoccupations socioculturelles et islamiques. Car selon certains sénateurs, cette loi irait à l’encontre des principes de leur religion. Le projet de loi controversé prévoyait de punir toute discrimination fondée sur le sexe ou le statut matrimonial. Il visait aussi à améliorer les lois concernant les violences faites aux femmes.
Sauf que le Nigeria est un des pays où le taux de femmes en politique est le plus bas au monde. Le Sénat est majoritairement masculin, avec seulement 7 % de femmes. Par ailleurs, dans le classement mondial des pays avec des femmes élues au Parlement, le Nigeria occupe la 180è place sur 192. C’est beaucoup moins qu’au Rwanda par exemple, qui occupe la première place avec plus de 60 % de femmes députées.
Le sénateur à l’origine de ce projet de loi, a promis de faire une autre tentative, affirmant qu'il avait le soutien de 62 des 108 sénateurs.
LA MARCHE BLANCHE DES FEMMES
Cette manifestation du 19 décembre sera l’occasion de fédérer les forces vives du Sénégal, mais aussi de mettre en synergie les initiatives en cours dont les objectifs convergent vers une fin définitive des abus perpétrés contre les femmes
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du comité d'organisation de la marche blanche des femmes contre les violences basées sur le genre, prévue pour le 19 décembre prochain.
"« Marche blanche des femmes » 19 décembre 2021, à partir de 9h
Itinéraire : Place de la Nation au rond-point de la RTS
Un mouvement est né!
Un mouvement pour dire non !
Un mouvement pour porter la voix des femmes!
Un mouvement nommé la @Marche Blanche Des Femmes
Une marche pour la paix « Jammi jigéen fepp, moo’y jammi nepp » !
Un mouvement pour dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes!
Au Sénégal ces dernières années, les violences faites aux femmes et aux enfants ont pris des dimensions inquiétantes qui se retrouvent sur toutes les formes : violences domestiques, violences conjugales, harcèlement ou agressions sexuelles, mariage précoce et forcé, exploitation sexuelle, féminicides, infanticides, crimes dits "d’honneur", mutilations génitales etc...
Ces violences constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux des femmes, des enfants et entrainent des conséquences néfastes immédiates ou a long terme sur le bien-être général des femmes aussi bien sur le plan physique, économique, sexuel et mental. Elles ont aussi des répercussions énormes sur les familles, la communauté et le pays.
Face à cette situation alarmante, plusieurs femmes, filles, hommes, jeunes et associations se sont regroupés, de façon spontanée pour se soutenir mutuellement, partager leur désarroi et leur douleur face aux nombreux cas qui secouent notre pays ces derniers temps.
Lors des discussions, l’idée d’une marche blanche a été retenue. C’est dans ce contexte que les initiateurs ont élaboré et partagé une pétition pour dénoncer les Violences Faites aux Femmes aux filles et aux enfants.
A ce jour 1500 signatures ont été obtenues. Parallèlement une invitation a été lancée aux femmes via la plateforme WhatsApp pour rejoindre le mouvement dénommé «l@MarcheBlancheDesFemmes » (MBDF).
Ce réseau apolitique et laïc regroupe des individus femmes, filles et hommes. Il rassemble une grande communauté composée d'associations de femmes, des regroupements de professionnels et de jeunes et compte a ce jour 446 membres. Comme une seule entité, guidé par la recherche de la paix a travers le slogan « Jammi jigéen fepp, moo’y jammi nepp » , le réseau a décidé d'organiser cette @Marche Blanche Des Femmes le 19 Décembre 2021 à partir de 9h.
Cette manifestation pacifique sera l’occasion de fédérer les forces vives de ce pays, mais aussi de compléter et de mettre en synergie les initiatives en cours dont les objectifs convergent unanimement vers une fin définitive des abus perpétrés contre les femmes, les filles et les enfants. Ce mouvement, faut-il le rappeler, a pour objectif principal d’opérer activement des changements majeurs au coeur de notre société et de nos institutions."
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DES FÉMINISMES AFRICAINS
Session de questions/réponses avec Françoise Moudouthe, Mame Fatou Niang, Ndeye Debo Sec, Fatou Sow et Rama Salla Dieng au sujet du recueil d'entretiens Féminismes africains, une histoire décoloniale (éd. Présence Africaine)
Session de questions/réponses à propos de Féminismes africains, une histoire décoloniale, un recueil d'entretiens paru aux Éditions Présence Africaine avec Françoise Moudouthe (directrice générale du fonds de développement de la femme africaine- AWDF, Ghana), Dre Mame Fatou Niang (Carnegie Mellon University, USA), Ndeye Debo Seck (Enseignante d’anglais ), Professeure Fatou Sow (chercheure et universitaire, Sénégal) et Dr. Rama Salla Dieng (Université d’Édimbourg, Royaume Uni).
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L'ÉCRITURE PAR NÉCESSITÉ
L'homosexualité était une banalité dans nos villages, dans notre culture. Il faut laisser les individualités exister. Nous sommes dans une société engluée dans l'hypocrise. Il n'y a pas de sujet tabou dans la création littéraire - ENTRETIEN AVEC KEN BUGUL
iTV a reçu vendredi 10 décembre 2021, Ken Bugul pour un entretien spécial. Au menu : son enfance, sa recontre avec la littérature, la société sénégalaise et ses contradictions...
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MINIELLE BARRO SE CONFIE APRÈS L'AVENTURE À LA RTS
Depuis son départ de la télévision nationale, il y a 9 ans, Minielle Barro n’a pas donné de ses nouvelles. Exceptionnellement, elle a décidé de se confier en revenant sur son parcours qui a marqué beaucoup de téléspectateurs
Depuis son départ de la télévision nationale, il y a 9 ans, Minielle Barro n’a pas donné de ses nouvelles. Exceptionnellement, elle a décidé de se confier à ola.sn pour revenir son parcours qui a marqué beaucoup de téléspectateurs.
PARTIR, C'ÉTAIT POUR MON BIEN
Diary Sow revient sur son roman "Je pars" et évoque sa disparition volontaire, qui a défrayé la chronique au Sénégal en début d'année
DW Afrique |
Nadir Djennad |
Publication 08/12/2021
L'auteure sénégalaise Diary Sow parle de son roman "Je pars" et de sa disparition volontaire.
L'étudiante et auteure sénégalaise Diary Sow publie son deuxième roman, "Je pars", aux éditions Robert Laffont. Ce roman relate la tentative d'une jeune femme, Coura, de prendre sa liberté, il est inspiré de l'histoire de son auteure.
En effet, étudiante en classe préparatoire au lycée parisien Louis-le-Grand, Diary Sow avait provoqué la surprise en France et au Sénégal en ne se présentant pas à la reprise des cours, en janvier dernier.
Une enquête ouverte pour "disparition inquiétante" avait finalement été refermée quand la jeune femme était réapparue au Sénégal en février, après plus d'un mois de mystère et de spéculations. Nadir Djennad a pu la rencontrer à Paris. Elle parle de son livre et de sa disparition... dont les raisons restent encore mystérieuses.
Diary Sow est notre invitée de la semaine.
DW : Diary Sow bonjour.
Diary Sow : Bonjour.
DW: Merci beaucoup de répondre à nos questions. Vous publiez "Je pars" aux Editions Robert Laffont. Ce livre raconte l'histoire de Coura, d'origine sénégalaise, qui décide de quitter Paris sans prévenir personne, puis revient des semaines plus tard, changée à jamais. Est-ce que Coura, c'est vous un petit peu, d'une certaine façon, Diary Sow ?
Non, Cora, ce n'est pas moi. Elle est complètement indépendante de moi avec son histoire, sa propre vie, sa propre façon de penser. Il est vrai que je me suis inspirée de moi, de ce que j'ai pu vivre, de ce que j'ai pu penser, de mes sentiments et surtout de mon expérience.
DW : Dans le livre, Coura décide de partir pour Amsterdam. Vous dites, pour parler des personnes qui vont s'apercevoir de sa disparition très rapidement, "Ils s'étonneront, chercheront, jugeront, condamneront". Est-ce que vous, Diary Sow, vous estimez qu'on vous a jugée sévèrement après votre éloignement?
Certains m'ont jugée, d'autres non. Et les jugements ont été plus ou moins sévères selon les personnes. C'était dur, c'était dur.
DW : Vous l'avez mal vécu à un moment donné?
Oui, c'était dur, forcément, pour quelqu'un qui avait toujours été en accord avec la société, en harmonie avec ses compatriotes. Recevoir d’un coup des injures, des menaces, des propos très déplacés, ce n'était pas facile à vivre. Mais après, je me suis rendu compte d'une chose : il ne fallait pas le prendre personnellement.
Forcément, des gens se sont identifiés à la situation. Des gens se sont inquiétés et ce n'est pas forcément négatif pour moi.
D'abord parce que ça m'a permis de m'ouvrir à plein de choses, de voir le monde tel qu'il est et surtout, de me réveiller. Ça a vraiment été une sorte de baffe terrible qui m'a réveillée et qui m'a montré que le monde n'est pas tout rose comme je le pensais.
Il y a vraiment des gens qui ne te comprendront pas. Il y a des gens qui vont juger, peut-être sans savoir. C'est tout-à-fait normal et maintenant, je le sais.
DW : Pendant votre éloignement, vous avez certainement suivi l'actualité. Vous saviez qu'ici, à Paris, de nombreux étudiants sénégalais étaient à votre recherche, que le président Macky Sall, lui-même avait donné des instructions pour qu'on vous retrouve. Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là?
Vous savez, partir, c'était une façon de laisser ma vie derrière moi. C'est une façon d'aller vers autre chose. Et du coup, j'aurais raté mon départ.
Si je m'étais retournée en arrière, si je m'étais intéressée à ce qui se disait, à ce qui se faisait par rapport à mon départ, j'ai tout fait, en tout cas pour oublier ce que je laissais derrière moi et je me suis concentrée sur moi.
DW : Vous avez été couronnée deux fois meilleure élève du Sénégal, en 2018 et 2019. Est-ce que cette distinction, cette pression de la société, pas seulement la société sénégalaise était trop lourde à porter pour vous?
Non, en vrai, je n'y avais jamais réfléchi. Ça faisait partie de mon histoire que d'avoir été couronnée meilleure élève.
DW : Justement, est ce que la pression n'était pas trop forte pour vous? Vous êtes jeune. Est-ce qu'à un moment, vous vous êtes dit : "C'est trop lourd, je craque" ?
S'il est arrivé que je me sois dit ce genre de choses, ce n'est pas la raison pour laquelle je suis partie et il faut être très, très claire là-dessus.
DW : Quelle est la raison pour laquelle vous êtes partie?
Ce sont mes raisons. Ce sont mes raisons personnelles et je ne vois pas pourquoi je devrais en parler plus tard. Mais pour le moment, ça m'appartient et je tiens à ce que ça m'appartiennent.
DW : Coura est revenue changée à jamais. Vous, quelle expérience avez-vous tiré de votre éloignement?
Avant, j'avais une vision un peu édulcorée des choses. Je lisais, je n'arrêtais pas de voir la vie en rose, de chercher à magnifier et sublimer. Et maintenant, je suis un peu plus réaliste, parce que je me suis assagie.
J'ai gagné en maturité, comme Coura, et donc j'apprends à prendre les choses telles qu'elles sont et à ne pas chercher à aller les représenter selon un mode ou je ne sais quoi. En tout cas, c'est ce que je faisais avant. Maintenant, je ne le fais plus.
Mon avenir, personne ne le veut plus que moi.
Je n'ai jamais été en contradiction avec moi-même et j'ai toujours été dans cette logique d'avancer et de me battre, de faire ce qu'il faut pour mon bien. Et partir, c'était pour mon bien. C'était pour moi.
DW : Merci beaucoup, Diary Sow, de nous avoir accordé cet entretien.