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27 novembre 2024
Femmes
BÉTHIO, LE PAGNE SOUS TOUTES SES COUTURES
Les adeptes de ce bout de pagne traditionnel chantent toujours les éloges de cette astuce d’antan. Zoom sur son histoire et son évolution au fil des années
Au Sénégal, le petit pagne ou encore pagne de nuit, communément appelé «Béthio» en Wolof, occupe une place importante dans l’arsenal de séduction féminine. Les adeptes de ce bout de pagne traditionnel chantent toujours les éloges de cette astuce d’antan. L’Obs a fait zoom sur son histoire et son évolution au fil des années.
Les cliquetis des perles résonnent et s’imposent malgré l’effervescence des lieux. Inutile de chercher longtemps pour voir d’où provient ce bruit. De loin, le bout de tissu pailleté, relié par une fine dentelle et de grosses perles de cristal, luit et reluit aux mains d’une dame. Elle exhibe un pagne de nuit rouge, le tourne et le retourne, l’enfile au tour de ses reins, balbutie quelques mots à l’égard de deux jeunes filles, apparemment des clientes. Puis, après quelques déhanchements, elle pivote sur elle-même pour vendre le charme du pagne troué de partout. Le bout de tissu scintillant semble même attirer les passants : clients, commerçants ou simples passants. Certains, visiblement séduits, s’arrêtent un moment, avant de passer leur chemin. Pendant ce temps, la vendeuse n’a de cesse de vanter les mérites de l’arsenal qui compose son échoppe dédiée aux astuces de séduction. «Aucun homme ne peut résister au charme de ce pagne. Moi Ndiaya, je peux mettre ma main à couper. Il suffit juste de le nouer systématiquement et le tour est joué. Le lendemain, il pensera à vous toute la journée», lance-t-elle un brin coquine, à l’égard de la jeune fille.
«Jamais démodés, ils font toujours tourner la tête des hommes qui en sont friands»
Elle poursuit son monologue, avec un discours voluptueux. Avec Ndiaya, il n’y a pas de filtres. Elle use de mots crus pour expliquer à la dame les secrets de la sexualité et les contours de la séduction féminine. Adossée à l’une des tables qui plantent le décor, la jeune fille, la vingtaine, ne réplique qu’avec des sourires embarrassés. Sa pudeur mise à rude épreuve, elle suit d’un air penaud la commerçante. Remarquant son air troublé, Ndiaya arque un sourcil et lance : «Il n’y a pas à être gênée. Tu as intérêt à maîtriser l’art de la séduction pour dompter ton mari. Une deuxième femme ne doit pas être nonchalante. Tu dois tout faire pour gagner les faveurs de ton mari et entrer dans ses bonnes grâces», déballe-t-elle, prenant à témoin la copine de la jeune fille, avec une aisance déconcertante.
«Todj kho…, Travaux forcés, Internet, Instagram, Keuyitou keur-gui, Tass sa cheveux, Do fi nélawé, Thiaw sa khiir, piment doux, Enfon… moi, entre 3 000 et 5 000 FCfa…»
Ici à ‘’Roukkou Dieg-dji’’, sis au marché HLM, à l’image de Ndiaya Mbaye, elles sont nombreuses à s’activer dans la vente de petits pagnes, communément appelé «Béthio» en wolof. Dans cette rue, les secrets de l’intimité conjugale sont dévoilés sans aucune réserve. Pas de sujets tabous, encore moins de place pour les coincés. Les tables en bois bancal, supportées par des parasols, font office de magasins, pour la plupart.
Sur cette allée, le langage est le même. Spécialisées dans la vente d’artifices réservés aux femmes, elles usent tous du langage érotique pour écouler leurs marchandises. Emmitouflée dans une robe en wax, un pull par-dessus, elle ne semble pas plus prêter attention à son tissage défait et négligé. Des tatouages sur sa peau dépigmentée font ressortir clairement ses veines. Ndiaya est dans le milieu depuis près de 10 ans et semble y trouver, tant bien que mal, son compte. Depuis des années, les vendeuses de «Béthio» sont concurrencées et surtout affaiblies par les Chinois qui vendent les nuisettes, plus modernes et sophistiquées aux yeux de certaines jeunes filles. Seulement pour Ndiaya, la comparaison n’est pas logique. Les petits pagnes ont leur particularité. Les hommes sont toujours friands de ce bout de tissu. «Les ‘’Béthios’’ ne seront jamais démodés. Ils font jusqu’à présent tourner la tête des hommes. Ils ont un pouvoir d’envoûtement et d’attraction, explique-t-elle.
Pour être en phase avec leurs époques, les artisans font tout le temps des innovations, en atteste sa large collection. «J’ai une large gamme de ‘’Béthios’’. Il y a les ‘’Travaux forcés’’, ‘’Internet’’, ‘’Instagram’’, ‘’Keuyitou keur-gui’’, ‘’Piment doux’’, ‘’Thiaw sa xiiir’’, ‘’Tass sa cheveux’’, ‘’Doofi nélawé’’, ‘’Enfon… moi’’ etc., sont les tendances en vogue.»
Des pagnes personnalisés, des images pornographiques esquissées dessus
«Contrairement aux nuisettes qui coûtent excessivement chères, nos ‘’Béthios’’ sont à des prix abordables et accessibles. Ça tourne autour de 3 000 à 5 000 FCfa», liste-t-elle avant de renchérir : «Nous avons aussi des pagnes où sont esquissées des images pornographiques. Parfois même, il est personnalisé sur demande de la cliente.»
Tout juste en face de Ndiaya, Mère Amina s’affaire à mettre de l’ordre dans sa marchandise. Drapée dans son grand boubou voile, des rides encombrent son visage. Son foulard noué négligemment laisse entrevoir ses cheveux grisonnants. Mais pour la vieille, l’heure n’est pas encore à la joie. La rareté des clients semble influer sur son humeur. A fond dans sa tâche, elle serre le visage pour ne pas être importunée. Mais dès qu’on parle de l’évolution historique du «Béthio», son regard se fait plus étincelant. Elle montre un sourire et se laisse transporter dans ses délires.
Origine du ‘’Béthio’’, de la nuit nuptiale à la naissance des enfants
Autrefois, dès qu’une jeune fille est donnée en mariage, ses aînés prenaient une partie de sa dot pour l’achat de deux pagnes appelés «Malikane». C’est ce pagne qui, au fil du temps, est devenu, le fameux «Béthio». Il témoignait de l’évolution de la jeune fille dans son foyer. «Lors de la nuit nuptiale, on l’enveloppe avec un des pagnes ‘’Malikane’’ pour la remettre à son mari. Après la consommation du mariage, ses parents se chargeront de le laver, ainsi que le drap tâché du sang de pureté de la jeune-mariée. Puis, on conseille à la jeune fille de la garder sous ses habits, loin des yeux indiscrets», soutient-elle nostalgique. Passée la première nuit, la jeune mariée doit garder soigneusement le pagne. Au-delà de ses premières fonctions, le «Malikane» doit être son premier allié. Il est l’objet vers qui, elle doit se tourner en cas de pépins dans son couple. Des disputes et des incompréhensions ne manqueront pas d’éclater souvent dans un ménage. A chaque fois que des problèmes surviennent, il était conseillé à la jeune femme de se lever au beau milieu de la nuit pour faire «2 rakkas» (prières). Pour effectuer la prière, la jeune fille doit porter les deux pagnes qu’on lui avait achetés avec l’argent de sa dot. Elle se drapera de la première et le second lui servira de voile. Après les 2 «rakkas», elle joindra les deux mains vers son Seigneur pour se confier à cœur ouvert. Elle implorera la clémence de l’Absolu afin qu’Il l’aide à surmonter les difficultés dans son ménage. «Cette prière nocturne, si elle est bien respectée, fera effet. Je parle en connaissance de cause. Elle est souvent suivie d’effets positifs. Autrefois, les femmes mariées n’osaient pas affronter les courroux de leurs belles-familles. Elles s’en remettaient toujours à Allah. Avec cette stratégie, elles s’en sortaient toujours», fait-elle savoir avec de la fierté dans la voix.
Dès qu’elle mettra au monde son premier bébé, elle devra l’envelopper avec ce pagne, histoire de lui porter bonheur. Au moment aussi de mettre son bébé au dos, elle le fera avec le même pagne.
Pouvoir d’attraction et d’envoûtement
Mais au fil du temps, poursuit toujours la vieille Amina, les femmes ont commencé à l’enfiler pour répondre à l’appel des tam-tams. Elles enveloppaient plusieurs pagnes pour ne pas laisser voir certaines parties de leurs corps et s’attirer les foudres de leurs maris. Les plus astucieuses, en esquivant des pas, soulevaient le pan de leurs pagnes aux rythmes des percussions. Par la suite, poursuit toujours Mère Amina, la rivalité est entrée en jeu. «A chaque rencontre, on s’attardait sur celle qui sait danser le mieux et qui avait le plus beau pagne. Les femmes ont ainsi commencé à retravailler leurs pagnes. A l’époque, la femme ne s’occupait que de son foyer. Elle passait son temps libre à tricoter les pagnes en y apportant sa touche personnelle.» Puis, les pagnes «Malikanes» perforés ont laissé place, au fil du temps, aux petits pagnes. Les femmes commençaient à démystifier certaines choses et à prendre un peu de liberté. Lors des séances de tam-tams, elles faisaient exprès de soulever leurs pagnes pour laisser entrevoir leurs «Béthios». «Mais, on s’est rendu compte qu’à chaque fois qu’une dame laissait découvrir son petit pagne, les griots et les batteurs de tam-tams étaient à sa poursuite. Ils ne se contrôlaient plus, ils étaient comme possédés», se remémore-t-elle dans un fou rire. Les petits pagnes devenaient de plus en plus prisés. Les plus habiles dans la couture ont commencé à en faire un business. Le «Malikane» a cédé la place à d’autres types de tissus beaucoup plus soyeux avec des couleurs plus tape-à-l’œil. Puis les femmes ont commencé à en faire une arme de séduction au sein de leurs chambres conjugales.
«Efficaces contre les hommes radins»
Les plus astucieuses ont commencé à introduire le petit pagne dans leur arsenal de séduction. Parfois, elle sert d’arme pour avoir quelques faveurs de son mari. «Il y a des hommes qui sont naturellement des têtes de mules. D’autres sont radins. Ces genres d’hommes, on ne peut pas les amadouer avec de simples bonnes paroles. Certaines situations se règlent la nuit, quand tout est calme. Après un bon bain, tu enfiles un joli ‘’Béthio’’ et tu portes des ceintures de perles autour des hanches. Il suffit juste d’effectuer quelques démarches en ondulant les hanches pour qu’il te donne même ses parents en cadeaux», laisse-t-elle entendre avec son sourire malicieux.
A l’aide des pagnes sexy qui cachent à peine les parties intimes, les hommes sont toujours soumis aux exigences de la Femme. Pour Mère Amina, lorsqu’on a des «Béthios» à suffisance dans son placard, on n’a nullement besoin de se rabattre sur les produits chimiques et cancérogènes pour dompter son homme. Si elle le dit !
PROFESSEUR MASSAMBA GUEYE : «La fonction du petit pagne n’est pas seulement esthétique, elle protège mystiquement la femme»
«Toute la base de la relation entre le corps et la femme repose sur la pudeur. Par pudeur et par précaution, la femme mariée se donne la liberté de ne montrer certaines parties de son corps qu’à son mari. Le pagne intérieur qu’on appelle le petit pagne, si on regarde même le nom, est en rapport avec des fonctions. Cette fonction esthétique du pagne n’est pas purement physique, mais elle a également une fonction de protection. C’est pourquoi, ce pagne intérieur est la première astuce pour la femme afin d’être protégée mystiquement, protéger ses enfants, protéger son corps et protéger aussi des environnements physiques. Si le pagne qui est par-dessus se défait, elle ne sera pas nue. Alors que si elle porte le pagne seul, sans ce petit pagne là en-dessous, une fois que le pagne est secoué par le vent, on voit l’entièreté de son corps et de son intérieur. Même dans son intimité avec son mari, il y a un espace de protection qu’elle s’offre.
Les jeunes, maintenant, ont tendance à tout moderniser. On lui assigne une autre fonction purement artistique dans le milieu de la danse. Les jeunes filles préfèrent un autre sous-vêtement venu de l’Occident. Alors que les sous-vêtements européens ont un aspect purement esthétique et n’ont pas cet aspect social. Donc, on perd cet aspect socialisant que le petit pagne avait tant sur le côté physique que sur le côté spirituel. Il va tuer tout un comportement social qui contribuait à l’éducation de la jeune fille…»
LE YEBBI, UN FARDEAU POUR LE PLAISIR DE LA BELLE-FAMILLE
Cette tradition visant à raffermir les liens entre la mariée et sa belle-famille est devenue une charge écrasante pour les mères des épouses
Le « yebbi » est une tradition visant à raffermir les liens entre la mariée et sa belle-famille couverte de cadeaux lors des mariages et baptêmes. Cependant, elle est devenue une charge écrasante pour les mères des épouses même si certaines en tirent un grand plaisir. Elles sont obligées de casquer fort pour « l’honneur » de leurs filles.
Le Sénégal a ses charmes et ses codes de convenance. Fatou Diop a célébré, il y a quelques mois, le mariage de sa fille aînée. Pour l’occasion, la quinquagénaire a cassé sa tirelire pour donner des cadeaux à la belle-famille de sa fille. Tissus, bijoux, fortes sommes d’argent, tout y est. On doit ravir la nouvelle famille de sa fille. Une nuit, en plein mois d’avril, dans l’un des deux pavillons dressés à l’occasion, une maman de trois filles a décaissé près de trois millions de FCfa pour combler l’assistance de cadeaux. « J’ai dû prendre les mises de mes deux tontines, soit une valeur de trois millions de FCfa, pour dilapider ça en une nuit », regrette-t-elle aujourd’hui.
Le « yebbi » est une tradition devenue un fardeau d’après Fatou Diop. La quinquagénaire explique que cette pratique avait pour but de solidifier les rapports de la mariée avec sa belle-famille. « C’est devenu difficile pour nous les mères, car nous perdons le même soir notre fille qui nous prêtait assistance dans les tâches ménagères et en même temps nous dépensons beaucoup d’argent pour lui assurer un bel avenir dans son ménage », crache-t-elle avec amertume. « Nous sommes obligées, ajoute-t-elle, de nous décarcasser pour cela, car, si nous ne le faisons pas, notre fille peut ne pas avoir un ménage épanoui ». Elle explique que la belle-fille peut même être victime de médisances de la part d’une belle-famille insatisfaite. « Il y a une sorte de concurrence qui se joue entre les mères. Chacune veut faire mieux que l’autre en donnant le maximum de cadeaux », dit-elle, peinée. Avec le temps, Fatou Diop juge que cette pratique est dévoyée, devenant un « fardeau social » pour les mères qui doivent penser à l’avenir de leurs filles.
Un « mal nécessaire »
« Si cela ne dépendait que de moi, cette pratique n’allait plus exister dans notre société », renchérit Khady Diakham d’un ton catégorique. Cette sexagénaire au corps frêle juge que le « yebbi » est une charge écrasante qui étouffe les mères même si parmi elles certaines y trouvent du plaisir. « Avant, la mère achetait juste quelques ustensiles de cuisine à sa fille et elle rejoignait tranquillement le domicile conjugal », se remémore-t-elle. Elle a eu à passer par cette « épreuve » pour le mariage de sa fille adoptive l’année dernière. Mais les 500.000 FCfa dépensées lors des épousailles lui ont laissé un goût amer. Elle en éprouve encore des remords. « En une nuit, tu flambes tout ce que tu as épargné durant des mois », dit-elle, le visage grave. La résidente de Grand Yoff travaillait dans un supermarché à Ngor et a dû piocher dans ses économies. « C’était difficile pour moi de me refaire une santé financière. Mais c’est une manière de fuir les qu’en-dira-t-on et autres humiliations », estime-telle, poussant un long soupir.
« J’ai empoché la mise de notre tontine, soit 400.000 FCfa, récupéré l’argent que me devaient des gens et reçu l’appui financier de quelques connaissances », énumère Fatou Diouf, en racontant comment elle a dilapidé ses sous lors du mariage de sa fille aînée. Agée de 67 ans, elle s’est débrouillée pour « honorer » sa fille. La commerçante avoue que c’est une « obligation » pour les mères d’agir ainsi devant la belle-famille de sa fille, un mal nécessaire.
Getzner, or, million…
« Je pense que cela contribue à raffermir les liens. C’est une pratique pavée de bonnes intentions. Elle fait partie de la téranga sénégalaise », pense Anta Ndiaye. Elle a eu à recevoir des présents lors des baptêmes de ses deux belles-filles. Des gestes fortement appréciés par cette mère de famille : « C’est une façon d’entrer dans les bonnes grâces de sa belle-famille en offrant des cadeaux à la belle-mère, au beau-père, aux beaux-frères, aux belles-sœurs et aux marraines ». Ces cadeaux l’ont émue. « Cela m’a beaucoup fait plaisir et j’étais très contente », se souvient-elle. Malgré ce bonheur, elle fustige certaines dérives rien que pour faire plaisir, au prix d’énormes sacrifices.
Magatte Ba a reçu beaucoup de cadeaux des mains de la mère de sa bru qui a eu un enfant récemment. Cela remonte à deux mois, mais elle se souvient encore des présents et de la joie immense qu’elle a éprouvée. « Elle m’a donné cinq getzner, cinq tissus brodés, cinq tissus wax, cinq thioup, des bijoux en or et un million de FCfa », énumère l’ancienne secrétaire à la Direction de l’automatisation des fichiers. La femme de 70 ans a beaucoup apprécié le geste. « J’étais agréablement surprise par ce geste », dit-elle, le sourire aux lèvres.
La contre-dot
Pour le sociologue Souleymane Lô, le « yebbi » ou la contre-dot est une épreuve par laquelle la famille de la mariée doit nécessairement passer pour rétablir l’équilibre des relations dominant-dominé, donateur-receveur dans cette entreprise sociale qu’est le mariage.
Le « yebbi », selon le sociologue Souleymane Lô, peut être compris comme une réponse à la dot qui est censée, au Sénégal, être donnée par le mari à la belle-famille. Il parle même d’une « contre-dot » à la fois libre et obligatoire. « La dot, par son caractère obligatoire en nature comme en espèce, garde perpétuellement enfouie dans la mémoire de la famille qui la reçoit la personnalité de la famille qui la donne », estime-t-il. Ce qui constitue, d’après le chercheur, une forme de domination voire une prééminence psychologique et culturelle de l’une sur l’autre, laquelle, désormais, se retrouve dans l’obligation de rendre après avoir reçu. « Sous ce rapport, le « yebbi » ou la contre-dot est une épreuve par laquelle la famille de la mariée doit nécessairement passer pour rétablir l’équilibre des relations dominant-dominé, donateur-receveur dans cette entreprise sociale qu’est le mariage », soutient M. Lô.
Ce dernier souligne que c’est par le « yebbi » qu’il est conféré à la mariée le statut social dont elle est censée jouir au sein de sa belle-famille. « C’est le prix à payer pour qu’elle ait droit d’être citée avec le respect et la dignité que les autres (belles-sœurs, belles-mères, beaux-frères et beaux-pères) lui devront nonobstant sa conduite, fût-elle des meilleures au sein d’eux », dit-il.
« Neutraliser » la belle-famille.
Cette contre-dot, autrement dit « Téranga », à l’image de la dot, est, d’après lui, l’arme avec laquelle la famille de la mariée compte neutraliser la belle-famille en la condamnant à couvrir ses yeux, ses oreilles et sa bouche au prix du bonheur de la mariée et de son accomplissement. « Ce fait est non seulement un gage de réussite du mariage de la fille mais une soupape de sécurité pour sa famille », soutient-il.
Le sociologue Souleymane Lô affirme qu’il n’y a pas de dérives coupables, car le « yebbi » est à la hauteur de la dot. « Plus la dot est importante en nature comme en espèce, plus l’est obligatoirement la contre-dot », estime-t-il. Le « yebbi » est, selon lui, l’effet de sa cause, la dot. Mieux, puisqu’elle est, elle aussi, appelée à garder dans la mémoire de la belle famille la personnalité de la famille de la mariée, cette dernière a naturellement tendance à avoir, par cette occasion, le dessus sur l’autre en marquant son territoire et en exprimant la grandeur de la famille digne d’avoir acté le mariage. « Dans ce rapport, la « téranga » constitue une forme de domination vis-à-vis de l’autre qui, par l’importance de la dot, avait déjà pris le dessus. Alors, relever un défi en vaut toujours la chandelle pour le parieur, notamment la famille de la mariée ».
ELIMINATOIRE CAN FEMININ 2022, LE SÉNÉGAL AFFRONTE LE MALI MARDI À PARTIR DE 17H
Le coup d’envoi du match Mali-Sénégal de ce mardi comptant pour la manche retour du dernier tour qualificatif de la CAN féminine prévue en juillet prochain au Maroc sera donné à 17h, annonce la Fédération malienne de football dans un communiqué.
Dakar, 21 fév (APS) – Le coup d’envoi du match Mali-Sénégal de ce mardi comptant pour la manche retour du dernier tour qualificatif de la CAN féminine prévue en juillet prochain au Maroc sera donné à 17h, annonce la Fédération malienne de football dans un communiqué.
La rencontre se tiendra au stade Modibo-Keita, avec un prix d’entrée fixé à 1000 francs par l’instance dirigeante du football malien.
Le Sénégal l’avait emporté 1-0 lors de la manche aller jouée au stade Lat Dior de Thiès, mercredi dernier.
L’équipe du Sénégal, qui a rejoint Bamako samedi, court derrière une qualification depuis 2012, date de son unique et seule participation à la Coupe d’Afrique des nations de football féminin.
Les Maliennes avaient pris part à la précédente édition au Ghana en jouant les demi-finales de la compétition en décembre 2018.
Outre la rencontre de mercredi dernier, les Lionnes avaient battu les Aigles 3-0 en février 2020 lors de la finale du tournoi de la zone
ouest A, qui avait eu lieu en Sierra Leone.
NOUS DEVONS DÉSAPPRENDRE LE SEXISME QU'ON NOUS A INCULQUÉ
Dans un recueil de quinze entretiens avec des militantes de tout le continent, la chercheuse sénégalaise Rama Salla Dieng se fait l’écho des discours et des récits féministes des Sud - ENTRETIEN
Jeune Afrique |
Julie GONNET |
Publication 20/02/2022
Que signifie être féministe aujourd’hui en Afrique ? L’universitaire et écrivaine sénégalaise Rama Salla Dieng tente de répondre à la question dans le recueil d’entretiens Féministes africaines. Une histoire décoloniale (Présence africaine, 2021). Sa compatriote Mame-Fatou Ndiang, réalisatrice du documentaire Marianne noires, la militante égyptienne des droits humains Yara Sallam, Amal Bint Nadia, modératrice du mouvement #EnaZeda (Me Too tunisien), ou encore la Ghanéenne Nana Darkoa, cofondatrice du blog sur la sexualité « Adventures from the bedrooms of African women » y exposent leurs engagements et se confient sur leurs combats de tous les instants.
Il aura fallu plusieurs allers-retours pour fixer définitivement un rendez-vous avec Rama Salla Dieng, elle-même militante. Des contretemps qui illustrent, selon cette maitresse de conférence en développement international et études africaines à l’université d’Edimbourg (Écosse), la charge mentale qui pèse de plus en plus lourdement sur les femmes depuis l’arrivée du Covid-19.
Jeune Afrique : Peut-on estimer à quand remonte l’émergence du féminisme en Afrique ?
Rama Salla Dieng : Les féminismes africains sont aussi anciens que le continent lui-même, ils existaient avant même l’apparition de ce terme. Il y a toujours eu des femmes et des hommes qui ont voulu faire bouger les lignes, œuvrer pour les droits des femmes. La première université du monde a par exemple été créée par une femme africaine, la Marocaine Fatima al-Fihriya.
Mais souvent, l’attention s’est focalisée sur des personnalités qui appartenaient à l’élite et avaient la possibilité de faire entendre leur voix, et cette autre forme de domination se faisait au détriment d’autres femmes, qui n’étaient pas de rang noble, qui n’étaient parfois pas instruites.
Vous soulignez le besoin d’historiciser les mouvements féministes africains. Est-ce cette nécessité qui a motivé votre démarche ?
L’objectif était d’aller vers les féministes africaines et de les laisser réaliser elles-mêmes une historiographie féministe du continent et de sa diaspora. Ce n’est pas que les voix de femmes n’existaient pas jusqu’ici, c’est qu’elles ont été contraintes au silence par une manière de dire l’histoire qui mettait délibérément en avant la voix des hommes – tout simplement parce que la plupart des historiens étaient des hommes.
L’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) organise, depuis hier, un atelier de deux jours sur l’accès des femmes au foncier. Ainsi, la cérémonie de lancement de la campagne dénommée ’’Debout sur sa terre’’, a permis de passer en revue les pesanteurs qui bloquent l’accès des femmes à la terre, afin d’y remédier.
L’accès des femmes au foncier, au Sénégal, constitue toujours une problématique, malgré les nombreux acquis enregistrés. Les différentes organisations qui s'activent dans ce domaine ont jadis mené des actions isolées qui ont rendue inefficace le combat pour l’égalité homme-femme dans l’acquisition des terres.
Ainsi, l’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) en partenariat avec Landesa, a lancé hier, à Dakar, la campagne ’’Debout pour sa terre’’. Le directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) renseigne que des organisations comme Actionaid, Ipar et le Congad ont décidé de mettre sur pied l’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) en 2018.
D’après Amadou Kanouté, cette décision résulte d’un constat qui relève que ces structures agissent toutes pour que les femmes puissent accéder au foncier, mais séparément. ’’On s’est rendu compte qu’il y avait un gab entre le cadre normatif et la réalité du terrain, malgré le fait que notre ordonnancement juridique est parfait. De la Constitution jusqu’aux textes réglementaires, tous reconnaissent que l’homme et la femme sont égaux pour l’accès aux ressources naturelles’’, a indiqué M. Kanouté, par ailleurs Coordonnateur de l’Alliance nationale femmes et foncier.
Ainsi, pour rendre leur plaidoyer plus efficace, ces structures ont jugé nécessaire de mener des actions conjointes, à savoir parler aux mêmes cibles, aux mêmes ministères, mais également développer un plan stratégique dans le cadre de l’alliance, qui permettra de faire en sorte que leur travail puisse aboutir à des résultats. ’’La mise en œuvre en 2018, a permis de donner de la visibilité à l’alliance et à faciliter notre insertion dans les réseaux au plan international. C’est l’objet de la campagne que nous allons lancer à partir de cet atelier. Faire en sorte que la pratique sur le terrain reflète le cadre normatif, c’est ce gab que nous essayons de combler en lançant cette campagne’’, a fait savoir le directeur exécutif du Cicodev Afrique, qui assure par ailleurs la présidence de cette alliance nouvellement constituée.
Après cette synergie, les membres de l’alliance devront faire face aux pesanteurs qui sont de plusieurs ordres et empêchent aux femmes d’accéder à la terre. Concernant ces dernières, Amadou Kanouté liste les contraintes sociales, économiques ou religieuses. Selon lui, dans certaines sociétés, il est difficile, pour la femme, de posséder des terres ou d’obtenir la moitié de l’homme, en cas de partage sur le plan religieux. A cela s’ajoutent les faibles revenus économiques des femmes qui font qu’elles peinent à acheter des terres et s’adonner à des activités agricoles.
’’Les femmes font face à toutes ces difficultés. Il s’agira, pour le projet, de travailler à faire en sorte que ces difficultés puissent être réduites à travers la sensibilisation, l’information et des conversations avec les leaders d’opinion pour qu’ensemble, on puisse dire les lois dans ce pays qui consacrent que l’homme et la femme sont égaux dans l’accès au foncier’’, explique le directeur exécutif du Cicodev.
Il prévoit, dans le même sillage, l’implication des institutions financières pour appuyer les femmes, afin de leur permettre de mettre en valeur ces terres arables. ‘’Cela ne sert à rien de donner une terre à une femme qui peut cultiver, mais qui n’a pas les moyens économiques de garder le contrôle effectif réel de la terre. C’est tout cela qui fait que nous lançons cette campagne avec l’appui de Landesa’’, poursuit-il.
La secrétaire exécutive d’Enda Pronat estime, pour sa part, qu’il s’agit, à travers cette campagne, d’un combat pour le rétablissement de la justice sociale et la légalité des communautés. D’après Mariem Sow, les pesanteurs sont là, mais cela n’empêche en rien les résultats satisfaisants qui sont en train d’être réalisés. ’’Des femmes parviennent, dans la zone des Niayes, à hériter de terres. Avec la parité, le combat se fait par la formation, l’information, le renforcement des capacités de ces femmes qui sont dans les instances locales. Donc, l’espoir est permis au Sénégal’’.
Madame Sow pense néanmoins que quelle que soit la volonté des organisations, tant que les politiques nationales ne s’engagent pas, il restera du chemin à faire. A ses yeux, le combat ne peut être efficace que si l’on trouve des systèmes de financement et d’appui aux femmes, car, fait-elle remarquer, c’est bien d’avoir de la terre, mais c’est encore mieux de pouvoir la mettre en valeur.
A ces préoccupations, la conseillère en genre au ministère de l’Elevage et des Productions animales rassure que l’Etat appuie cette couche de la société par le biais des mécanismes institutionnels. Ndèye Safietou Diop rappelle, à cet effet, la loi agro-sylvopastorale qui, dit-elle, est loin d’être discriminatoire. ’’On se rend compte que les femmes ignorent et vivent des barrières pour accéder aux terres, mais cette loi permet à toutes les femmes de demander la terre pour travailler’’. Toujours dans ces mécanismes, elle cite la stratégie d’égalité et d’équité des genres dans ses composantes, qui encourage les femmes les accompagne pour accéder à la terre et les encadre pour le financement’’, souligne la représentante du ministère de l’Élevage. Pour qui les mécanismes d’accès au financement se sont améliorés avec le dernier-né qu’est la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der).
Il s’agit, selon Ndèye Safiétou Diop, des fonds qui existent dans les différents ministères et qui sont ouverts aux femmes. ’’Je suis venue vous assurer de la main tendue de l'Etat par rapport à cette campagne de plaidoyer. L’Etat vous ouvre ses portes à travers ses différents ministères, institutions et structures pour qu’ensemble, nous atteignions cet objectif qui est d’accéder à la terre de manière pratique. La cause que vous défendez est plus que noble. Vous le faites pour l’Etat’’, se réjouit-elle.
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES DURANT LE CONFINEMENT, LE SÉNÉGAL A ENREGISTRÉ PLUS DE 1000 CAS
Les violences à l’égard des femmes ont considérablement monté en flèche durant le confinement dans le monde.
Les violences à l’égard des femmes ont considérablement monté en flèche durant le confinement dans le monde. Et le Sénégal n’a pas été épargné par le phénomène puisqu’il a enregistré plus de 1000 cas de violences. C’est la principale information livrée hier lors d’un atelier de formation sur les instruments de protection des droits des femmes et de la loi criminalisant le viol. Une rencontre organisée par le collectif «Dafa doy», en partenariat avec Osiwa.
Les droits des femmes au Sénégal ont connu ces dernières années des améliorations significatives sur le plan juridique et institutionnel. En effet, les organisations de la société civile de femmes (Osc/f) mènent une lutte acharnée pour protéger les droits fondamentaux et particulièrement ceux des femmes. Cette démarche a conduit les autorités étatiques à prendre un certain nombre de mesures condamnant les pratiques violant leurs droits. Cependant, il existe encore des discriminations et des violences à l’égard des femmes malgré les textes nationaux et internationaux adoptés ou ratifiés par le Sénégal.
L’ampleur de ces violences et le désir de les éradiquer ont poussé l’Etat du Sénégal à adopter, en janvier 2020, la loi 2020-05 criminalisant le viol et la pédophilie. Un phénomène auquel font aujourd’hui face toutes les couches de la population, notamment les jeunes, les femmes et même les personnes du troisième âge. L’alerte est du chargé des organismes régionaux et internationaux à Osiwa, Ibrahima Kane qui estime que le contexte sénégalais, du point de vue légal, pose beaucoup de difficultés d’actions aux organisations de femmes. «Car, elles ne peuvent pas se constituer partie civile lorsque des femmes sont victimes de violences», se désole-t-il. C’est pourquoi, il trouve que les organisations de femmes devraient nécessairement, dans le cadre de leurs actions, commencer à discuter avec l’Etat de la mise en place d’une législation qui leur permette de suppléer les victimes lorsque ces dernières sont dans l’incapacité d’agir en leurs noms propres.
«LA LOI SUR LA CRIMINALISATION DU VIOL A ETE ADOPTEE DANS LA PRECIPITATION»
Pour Ibrahima Kane, il urge de faire de loi sur la criminalisation du viol un bon usage. Toutefois, il considère que cette disposition a été adoptée dans la précipitation. «Et elle s’attache beaucoup plus à gérer le coupable qu’à assister la victime», relève Monsieur Kane qui n’a pas manqué d’énumérer beaucoup de points sur lesquels les victimes sont laissées à elles-mêmes. «Il s’agit de protection de la victime au niveau de la société et de sa prise en charge psychologique entre autres. La question du viol est tellement complexe qu’il ne s’agit pas seulement de mettre le bourreau en prison et de s’arrêter là», affirme-t-il. A propos de la hausse des violences pendant le confinement, Ibrahima Kane souligne que «nous sommes dans une société où toutes les questions liées au viol sont souvent cachées au sein des familles».
Chargée de la communication du collectif «Dafa doy», Awa Tine renseigne que plus de mille cas de violences faites aux femmes ont été enregistrés pendant la période de Covid-19. «Et 70 à 80% sont des actes posés par les hommes à l’égard des femmes. Donc, cela prouve que les violences existent dans notre pays», indique-t-elle. En effet, les violences subies par les femmes constituent un frein important à leur épanouissement, des atteintes à leur autonomie, une entrave à de nombreuses initiatives et opportunités en matière de lutte contre la féminisation de la pauvreté. Elles ont principalement lieu dans les couples, selon elle, dans les familles, les lieux de travail, les quartiers, et toutes impactant considérablement dans leur punition. «Les violences faites aux femmes ont de nombreuses conséquences négatives sur leur santé et leur bien-être. Les conséquences de cette violence peuvent s’avérer fatales.»
MAL-VIVRE ET MALAISE QUOTIDIEN DES FEMMES DE MÉNAGE
Conditions de travail inhumaines, rapports parfois heurtes avec les patronnes et/ou patrons, Originaires des contrées lointaines du pays, les femmes de ménage sont parfois confrontées à des situations très pénibles et parfois inhumaines
Originaires des contrées lointaines du pays, les femmes de ménage sont parfois confrontées à des situations très pénibles et parfois inhumaines. Venues chercher du travail dans les grandes villes comme la capitale Dakar, elles se heurtent parfois à certaines difficultés qui peuvent rendre leur séjour très incommodant. Entre travaux pénibles, discrimination, harcèlement et agression parfois sexuels, violences physique, économique et morale, viol, accusation de vol, escroquerie sur leurs maigres rémunérations (de la part de véreux patronnes ou tutrices), problèmes d’accès à des soins sanitaires, ces braves dames font preuve d'une forte résilience. Même s’il y en a parmi elles certaines qui ne sont pas exemptes de reproches.
Elles sont rompues à la tâche. Parmi les premières à se lever le matin et les dernières à aller au lit le soir, elles travaillent en toutes heures et toute la journée durant, sans repos ou presque. Du ménage à la vaisselle, le linge, de l’entretien de maisons, locaux d’entreprises ou sociétés et d’immeubles à la prise en charge des enfants notamment dans des ménages à couple de travailleurs salariés, y compris la cuisine, même s’il leur arrivent rarement de partager la table familiale du patron, pardon de la patronne qui circonscrit leur territoire pour les petit-déjeuner, déjeuner et diner dans la cuisine si on ne leur réserve pas des restes, elles sont des bonnes à tout faire et en quelque sorte «l’âme non reconnue» des maisons et foyers. Elles, ce sont ces bonnes dames (filles, jeunes femmes…) appelées femmes de ménages. Elles sont pour la plupart originaires du Sine-Saloum, des Terres Neuves, du Sud de la petite Côte du Sénégal et même d’autres contrées de l’intérieur du pays. Elles sont d'une grande aide pour les femmes fonctionnaires/salariées ou au foyer qu’elles assistent pour les tâches quotidiennes. Le travail abattu étant la seule partie visible de l'iceberg, elles vivent un calvaire dans certaines familles où elles ne bénéficient d'aucune once d'empathie de la part de certains patrons et surtout de certaines patronnes. Il est 12h ! Nous sommes au rond-point Liberté 6. Sur cette voie occupée par les vendeurs, tabliers et marchands ambulants et dévisagée par les travaux du Bus rapid transit (BRT). D’habitude assises par petits groupes et par affinité, au bas-côté des deux voies de Sacré-Cœur, juste après la station d’essence de ce carrefour, elles n'occupent plus leur place habituelle. Du coup il devient difficile de les remarquer. Mais, à côté de la station-service, des femmes de tous âges sont assises sous un arbre, attendant un patron ou un employeur potentiel. Pour plus de garantie, minimiser les contrecoups de partons véreux et s’assurer d’un bon contrat pour mener à bien leur travail, elles ont, à la tête de chaque groupe, un homme qui est chargé de leur trouver un potentiel emploi ou de discuter avec l’employeur désireux d’engager n’importe qui d’entre elles.
PLUSIEURS INTERPELLATIONS, PAR LES MEDIAS, SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL, MAIS LE MAL RESTE ENTIER
L'attente est interminable. Une situation difficile à gérer selon Pierrette Ndour la vingtaine. "Je suis là tous les jours. C'est quand-même compliqué d'attendre, en plus des conditions de travail difficiles qui nous attendent. Il nous arrive de travailler dans une maison où les tâches à faire sont à n’en plus finir, avec un traitement inhumain et dégradant, alors qu'on est là que pour travailler. Ce n'est pas évident avec un salaire de 40.000 F CFA ou 50000 F CFA en ces temps-ci." Etudiante à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar elle n'a eu d'autres choix que de se tourner vers ce métier. "Je suis étudiante à l'université. En ce moment, je suis en vacance, c'est pour cela que je suis là pour essayer d'avoir de quoi m'acheter mes tickets de resto à la reprise des cours et aider ma mère et mes petits frères en ces temps difficiles." Assis à côté de Pierrette, un Monsieur, la quarantaine, se charge de trouver des clients(es)/patrons(nes) pour ces femmes. Interpellé au sujet de leur travail, il reste sceptique. "Nous avons longtemps été interpellé sur notre travail, mais rien n'a été fait jusqu'à présent. Nos conditions de travail n'ont pas évolué. En parler ne servirait à rien, de toute façon", conclutil.
PLAIDOYER POUR UN BUREAU ETATIQUE DEDIE AUX FEMMES DE MENAGE
Parmi ces femmes certaines ont su très tôt mettre des limites, même si parfois elles sont victimes de leurs patrons qui deviennent leurs bourreaux. Astou Fall, originaire de Bambey, est à Dakar depuis plus de 10 ans. Des difficultés, elle en a vécu. "J'ai longtemps travaillé dans des maisons où j'ai vécu des situations que je n'arrive pas à oublier. Un des faits qui m'a le plus marqué est la fois où j'ai travaillé dans une maison pendant 15 jours. Un jour, en préparant mon petit-déjeuner, la femme qui m'employait m'a demandé de changer de tasse, sous prétexte que c'était celui de son fils. Et pourtant, c'est moi qui préparais à manger et qui veillais à la propreté de la maison. Ne supportant pas cette situation, j'ai immédiatement arrêté." Et de confier : "ce n'est pas parce que nous n'avons pas assez de moyens que nous devons supporter certaines choses. Les patrons doivent également bien nous traiter". Demandant l'aide de l'Etat, Astou ajoute : "on est laissé en rade par l'Etat. Aujourd'hui, on a pas les moyens de nous soigner en cas de maladie ou de blessure, ce qui arrive fréquemment, on est donc obligé de faire avec. Ce serait bien qu'on ait un bureau accrédité pour nous permettre au moins d'avoir des avantages au même titre que les fonctionnaires".
ENTRE AVANCES ET AGRESSIONS SEXUELLES…
Ces femmes sont confrontées à des agressions de la part des hommes. "Le mari de ma patronne profitait de l'absence de cette dernière pour me draguer, alors que je suis mariée. Elle n'était pas au courant, certes, mais j'ai dû arrêter ce travail car, par dignité et par principes, je ne pouvais accepter cela. Nous sommes fatigués de toujours subir l'injustice au travail." Cependant si on ne se contente que d’évoquer les difficultés liées au travail des domestiques, on serait tenté d'oublier l'envers du décor. En effet, force est de constater les désagréments causés par certaines aides ménagères à leurs patronnes. Nombreuses sont celles qui vivent le martyr en leur lieux de travail ; mais elles ne sont pas toutes exemptes de reproches.
L'ENVERS DU DECOR : CES FEMMES DE MENAGE BRISEUSES DE FOYER
Madame Niang en a vécu l'expérience. Cette mère de famille dit être traumatisée par le passage d'une de ses employées. "J'avais employé une femme de ménage qui était très belle d'ailleurs. Et ce fut une grosse erreur ; aujourd'hui, je regrette amèrement cette décision parce qu'elle a essayé de charmer mon mari. Avec sa manière de s'habiller, sa démarche, au fur du temps, je me suis aperçue que mon mari commençait à céder et c'est là que j'ai réagi. Je lui ai donné ce que je lui devais et elle est partie. Depuis lors, j'ai arrêté de prendre des femmes de ménage. Il y va de la stabilité de mon couple. Cette expérience m'a vraiment traumatisée." Dernièrement, des images glaçantes circulaient sur la toile ; on pouvait y voir une domestique battue par sa patronne. Des images insoutenables qui démontrent encore une fois que le problème est plus profond que ce que l'on pense et voit. Chaque année le phénomène de l'exode rural s’accentue de plus en plus. Ces femmes, en très grand nombre, quittent leurs villages pour espérer avoir une vie meilleure dans une ville où les réalités sont parfois loin des espérances. Généralement, sans aucune qualification, filles/femmes rompues aux tâches ménagères, elles travaillent comme domestiques, avec tous les risques et surprises qu’elles courent dans les familles d’accueil et lieux de travail.
L’ONP NOTE UNE PERCÉE DES FEMMES À LA TÊTE DES CONSEILS DÉPARTEMENTAUX ET MUNICIPAUX
L’Observatoire national de la parité (ONP) a déclaré mardi noter une hausse du nombre de femmes maires et de présidentes de conseil départemental, au fur et à mesure que les élus des élections locales du 23 janvier prennent fonctions.
Dakar, 15 fév (APS) – L’Observatoire national de la parité (ONP) a déclaré mardi noter une hausse du nombre de femmes maires et de présidentes de conseil départemental, au fur et à mesure que les élus des élections locales du 23 janvier prennent fonctions.
‘’Nous avons noté (…) une progression du nombre de femmes maires, 18 contre 15 à la veille des élections. Il y a trois présidentes de conseil départemental contre deux en 2014’’, a indiqué Fatou Kiné Diop, la présidente de l’ONP, lors d’un point de presse.
Elle a salué le ‘’remarquable’’ travail de terrain du Réseau national de veille et d’alerte pour le respect de la loi sur la parité aux élections départementales et municipales de 2022, créé par l’ONP et dirigé par des organisations de la société civile.
Ne sachant pas encore combien de femmes ont été élues à la tête d’une municipalité, l’Observatoire national de la parité continue de faire le décompte, afin d’analyser plus tard les données, selon sa présidente.
Mais l’ONP n’est pas satisfait du niveau d’application de la loi sur la parité entre les hommes et les femmes au sein des conseils départementaux et municipaux.
‘’Nous avons répertorié beaucoup de cas de violation de la loi dans la constitution des bureaux des conseils départementaux et municipaux déjà mis en place’’, a-t-elle signalé.
Selon Mme Diop, la loi sur la parité n’a pas été respectée, soit à cause de sa ‘’méconnaissance’’ par les élus, soit par ‘’refus’’.
Au moins sept cas de violation de ladite loi ont été répertoriés dans les conseils départementaux, et plus de 80 cas dans les conseils municipaux, a indiqué la présidente de l’ONP.
Elle a identifié trois catégories de violation : l’absence d’alternance des genres entre le maire et le premier adjoint, entre le président du conseil départemental et le premier vice-président, l’absence d’alternance femme/homme entre les adjoints du maire, les vice-présidents et les secrétaires élus, et un troisième cas consistant à ne désigner aucune femme parmi les membres du bureau du conseil départemental ou municipal.
‘’Le premier adjoint du maire doit être de sexe opposé que lui (…) jusqu’à l’épuisement du nombre de postes’’ à pourvoir pour le bureau, a rappelé Fatou Kiné Diop, se basant sur la loi instituant depuis 2010 la parité entre les hommes et les femmes dans les fonctions électives au Sénégal.
Elle invite les préfets et les sous-préfets chargés de superviser l’installation des conseillers élus à veiller au strict respect des dispositions législatives et réglementaires sur la parité, pour les bureaux non encore constitués dans les conseils départementaux et municipaux.
DIEYNABA SIDIBÉ, PREMIÈRE FEMME GRAFFEUSE DU SÉNÉGAL
Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais
Dieynaba Sidibé, surnommée Zeinixx, est la première femme sénégalaise graffeuse professionnelle qui a su s'imposer dans le milieu influent du street art dominé par les hommes. Sur les murs de l'Institut français de Dakar sont exposées jusqu'en avril les œuvres d'un projet qu'elle vient de mener avec 15 jeunes graffeurs sénégalais.
Dans son atelier lumineux et coloré, au centre culturel Léopold Sedar Senghor, les murs sont recouverts de projets divers. Dans un coin, des sprays sont rangés sur une étagère, et sur l’un de ses bureaux sont étalées des ébauches de dessins.
« En amont, on peut préparer des esquisses, on peut extérioriser ce que l’on a à l’intérieur, ce que l’on projette. L’idée est de visualiser ce que cela pourrait donner sur un mur, précise la graffeuse Zeinixx. Là, c'est déjà un projet qui murit : c’est très coloré et il y a pas mal de formes, arrondies, ondulées, des vagues, des fleurs et c’est comme ça que j'ai envie de le voir : éclatant ! »
Zeinixx, de son vrai nom Dieynaba Sidibé, a commencé à graffer en 2008 en autodidacte. Accompagnée par d’autres graffeurs plus anciens, elle s’est imposée dans ce milieu d’hommes, malgré le refus de sa famille au début. « C’était difficile à cause du public. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce sont les graffeurs avec qui j’étais qui m’ont boostée, parce qu’ils ne m’ont jamais regardée en tant que femme, mais toujours en tant qu’artiste. Ça m’a poussé au-delà de mes limites. »
L’ONP DÉPLORE LE NON-RESPECT DE LA PARITÉ DANS CERTAINS BUREAUX DE CONSEILS TERRITORIAUX
L’Observatoire national de la parité (ONP) et ses partenaires de la Société civile, déclarent avoir constaté que la parité Homme-femme alternée ‘’n’a pas été respectée’’ dans les bureaux de certains Conseils départementaux et municipaux
Dakar, 11 fev (APS) – L’Observatoire national de la parité (ONP) et ses partenaires de la Société civile, déclarent avoir constaté que la parité Homme-femme alternée ‘’n’a pas été respectée’’ dans les bureaux de certains Conseils départementaux et municipaux, issus des locales du 23 janvier dernier.
‘’Dans le cadre la mise en place des organes des Conseils territoriaux, issus des élections départementales et municipales du 23 janvier 2022, il a été constaté que la parité alternée femme-homme n’a pas été respectée dans les Bureaux de certains Conseils départementaux et municipaux’’, indique un communiqué transmis, vendredi à l’APS.
‘’Des bureaux ont notamment été installés sans tenir compte de l’alternance des sexes entre le maire et le premier adjoint ou le président du Conseil départemental et le premier vice-président’’, ajoute la source.
Elle signale que de telles pratiques constituent une violation manifeste de l’article 2 du décret n° 2011-819 du 16 juin 2011 portant application de la loi sur la Parité qui impose l’alternance des sexes au sein des Conseils territoriaux, leur Bureau et leurs Commissions’’..
L’ONP et ses partenaires rappellent que la Cour d’Appel de Dakar, dans son arrêt n°77 du 21 août 2014, avait annulé l’élection du bureau municipal non paritaire de Keur Massar, à partir du 1er adjoint, car ce dernier était de même sexe que le maire.
’En confirmant cette décision par un arrêt en date du 26 février 2015,, la Cour suprême a entendu affirmer que le maire, bien qu’étant élu en premier, fait partie du Bureau (article 92 nouveau alinéa 4 du Code Général des Collectivités territoriales). Dès lors, le premier adjoint doit être de sexe opposé’’, indique le communiqué.
L’ONP, selon le texte, rappelle par ailleurs que le non-respect de la parité alternée femme-homme dans l’élection des membres des organes des Conseils territoriaux, est susceptible de mener à l’annulation devant les juridictions compétentes, conformément aux articles 99 Code Général des Collectivités territoriales, L.261 et L.299 du Code électoral.
L’ONP, ajoute le communiqué, exhorte tous les acteurs du processus électoral, notamment les préfets et sous-préfets,, de veiller au respect des dispositions réglementaires et invite les maires et présidents de Conseil départemental des Collectivités territoriales concernées, à faire reprendre l’élection complémentaire des membres du Bureau, dans le strict respect des textes sur la Parité.