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2 avril 2025
Femmes
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PANORAMA DE LA DÉPIGMENTATION VOLONTAIRE DE LA PEAU
Les méthodes utilisées sont dangereuses mais le matraquage publicitaire et le diktat de l'esthétique l'emportent sur la peur des conséquences. Hannelore Ver-Ndoye revient sur le phénomène du blanchiment de la peau dans son nouvel ouvrage, "Décolorés"
Les méthodes utilisées sont dangereuses mais le matraquage publicitaire et le diktat de l'esthétique l'emportent sur la peur des conséquences. Hannelore Ver-Ndoye revient sur le phénomène du blanchiment de la peau dans son nouvel ouvrage, "Décolorés".
WEEK-END TRES FEMINISTE AU MUSEE DE LA FEMME
Le Musée de la femme Henriette Bathily de la Place du Souvenir africain de Dakar a accueilli vendredi soir, l’ouverture de la première édition de «Jotaay ji», le festival féministe sénégalais.
Le Musée de la femme Henriette Bathily de la Place du Souvenir africain de Dakar a accueilli vendredi soir, l’ouverture de la première édition de «Jotaay ji», le festival féministe sénégalais. L’évènement, qui avait pour but de remettre l’égalité entre les hommes et les femmes au cœur des préoccupations sociales, a connu son clap de fin hier.
Pendant trois jours, du 19 au 21 août 2022, le Musée de la femme Henriette Bathily a vécu au rythme de la première édition de Jotaay ji, le festival féministe sénégalais. Organisé par le collectif Jama, Jotaay ji, cet évènement «innovant» a rassemblé des sociologues, journalistes, juristes, activistes, féministes et écrivaines, dans le but de remettre la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au cœur des préoccupations sociales, mais aussi d’aider à vulgariser les connaissances sur le féminisme. Durant l’ouverture, vendredi dernier, dans une salle remplie, les violences sexistes, la question du consentement, la parité, la santé et la sexualité ainsi que la religion et le féminisme, en somme tout ce qui fait la condition de la femme, ont été abordées. Autre moment fort de cette cérémonie d’ouverture, le vibrant hommage rendu à Co¬dou Bop, sociologue et deuxième génération de journalistes féministes, par ailleurs membre de différents groupes de femmes et consultante pour des organisations internationales.
Pendant trois jours, les membres du collectif et leurs partenaires ont proposé une programmation festive et artistique pour éduquer petit.e.s et grand.e.s au féminisme, au respect de l’égalité ainsi qu’à des sujets qui touchent majoritairement les femmes au Sénégal, mais aussi et surtout déconstruire les stéréotypes sexistes et créer des liens entre féministes. Avec des tables rondes, ateliers, projections… Bref, une programmation pluridisciplinaire et des réflexions fortes ont été proposées pour vivre la révolution féministe. «Tata Henriette Bathily aurait été très fière de vous, si elle était là», a introduit Awa Cheikh Diouf, directrice du Musée de la femme Henriette Bathily, lors de la cérémonie d’ouverture. D’après elle, beaucoup de femmes de médias sont aujourd’hui engagées dans le mouvement féministe. «Je crois que c’est en réalité un métier qui vous ouvre l’esprit et vous permet de comprendre énormément de choses», a-t-elle fait savoir.
Etablir des ponts avec les hommes qui sont des féministes…
En écho, Codou Bop, chercheure et féministe qui croit en la défense des droits des femmes, à l’égalité entre les femmes et les hommes, entre toutes les nations et générations, se dit absolument contre toute forme de discrimination sociale et de rapport social inégalitaire. Codou Bop n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Elle brise les stéréotypes surtout quand elle parle de féminisme. «Vous voyez, nous, dans notre génération de féministes, on n’était pas comme vous. Vous êtes bien habillées, vous avez les rouges à lèvres. Je suis extrêmement impressionnée», a-t-elle lancé à l’endroit de la jeune génération féministe. Tout en les invitant à aller dans les industries minières, à Sabo¬dala, et dans les marchés hebdomadaires communément appelés loumas. «Il faut y aller. Vous vous asseyez devant un puits parce qu’on cherche l’argent et l’or dans les puits. Les conditions de travail de ces femmes-là, personne ne peut vous les raconter», a-t-elle révélé. Elle animait un panel sur le concept de «pouvoir».
Le pouvoir, dit-elle, c’est la possibilité de contrôler sa vie. Aujourd’hui, les contextes ont changé mais les objectifs du féminisme reste les mêmes : c’est d’instaurer une société d’égalité, sans discrimination, sans violence. Et donc pour Codou Bop, «il faut que les femmes, si elles constituent le groupe qui a pris conscience le plus rapidement et le plus profondément, essayent d’établir des ponts, de faire des alliances si c’est possible avec des hommes qui sont des féministes pour changer notre société», a préconisé la sociologue, affirmant qu’elle n’a aucun mérite à être féministe. «Je suis née et j’ai grandi dans un milieu extrêmement ouvert. Donc le terrain était balisé. L’autre chance, j’ai connu Tata Annette. Bien sûr, on n’était pas de la même génération mais elle m’a ouvert l’esprit sur des tas de choses, mais surtout a eu confiance en moi», témoigne Codou Bop.
Réviser le Code de la famille pour plus d’égalité…
Membre fondatrice du collectif Jama, Jotaay ji, Fatou Kiné Diouf estime que dans les sociétés dites patriarcales, les droits des femmes sont bafoués parce qu’elles sont dans un rôle de soumission. «Tant qu’on est dans des sociétés patriarcales, les femmes ne seront pas mises au même niveau que les hommes», a soutenu Fatou Kiné Diouf. D’après elle, quand il s’agit de féminisme, c’est un combat sur le long terme. «A chaque fois qu’il y a une petite victoire, il y a d’autres combats derrière qui nous attendent», a rappelé la curatrice. Elle enchaîne : «Ces dernières années, on a beaucoup discuté des questions de violences basées sur le genre parce que c’était vraiment ce qui était mis en avant dans la sphère publique. Mais en ce moment, on a beaucoup de discussions sur le Code de la famille, sur la possibilité de le réviser pour plus d’égalité», a-t-elle renchéri dans la foulée.
PAR Farid Bathily
SERENA WILLIAMS OU LA DIFFICULTÉ DE CONCILIER MATERNITÉ ET CARRIÈRE SPORTIVE
La super star mondiale, multiple championne de tennis, a annoncé la fin prochaine de sa carrière professionnelle. Une décision douloureuse, dit-elle, motivée par le désir de donner naissance à un deuxième enfant
En 25 ans dédiés au tennis, Serena Williams a tout gagné. Elle, la native de Compton en Californie, modeste quartier de la banlieue de Los Angeles, a brisé bien des barrières dans ce sport longtemps réservé aux Blancs.
Malgré son expérience couronnée de 73 titres dont 23 du Grand Chelem, soit le deuxième meilleur total de l’histoire du tennis, il y a des défis que ne saurait surmonter cette "briseuse de barrières". Parmi ces derniers figure celui d’être à la fois mère et athlète professionnelle.
À bientôt 41 ans, l’ex-numéro un mondiale du tennis a décidé d’abandonner définitivement la raquette au plan professionnel. Elle a informé l’opinion, via un long texte publié mardi 9 août 2022 dans l‘édition de septembre du magazine américain de mode Vogue, de sa "décision déchirante", motivée par le désir de son couple d’élargir leur famille avec un enfant de plus.
Expérience traumatisante
"Je ne veux absolument pas être enceinte à nouveau en tant qu'athlète", indique-t-elle. Sa première grossesse d’il y a cinq ans, fût une expérience traumatisante et qui a bien failli lui coûter la vie.
Serena Williams avait souffert d’une embolie pulmonaire en 2017, au lendemain de l’accouchement par césarienne de sa fille, Olympia. "La cicatrice de ma césarienne s’est ouverte à cause de l’intense toux provoquée par mon embolie. J’ai dû retourner au bloc pour une nouvelle opération destinée à empêcher que des caillots de sang atteignent mon poumon", racontera-t-elle quelques mois plus tard dans une tribune.
Celle qui se considère comme une miraculée n’a certainement plus envie de revivre un tel épisode. D’autant qu’elle avait joué étant enceinte et avait remporté notamment l’Open d’Australie, son dernier trophée du Grand Chelem, à ce jour. Elle avait huit semaines de grossesse. "J'ai joué pendant l'allaitement. J'ai joué pendant la dépression post-partum", fait-elle savoir.
Contraste masculin
De toutes évidences, il s’agit là de problèmes et de traumatismes qui sont inconnus des hommes dans le monde du sport. Rafael Nadal, le tennisman espagnol dont la femme est actuellement enceinte, a récemment déclaré que cet événement ne devrait "rien changer dans sa vie professionnelle". Son grand rival, Roger Federer, reste sur les courts malgré ses 41 ans.
La situation pour les femmes est bien différente. Elles sont souvent contraintes de mettre leur carrière entre parenthèses pour les besoins de maternité, sans assurance d’un retour à niveau après l’accouchement.
" Je n'ai jamais voulu avoir à choisir entre le tennis et la famille. Je ne pense pas que ce soit juste. Si j'étais un homme, je n'aurais pas écrit cela, car je serais en train de jouer pendant que ma femme s’occuperait du travail physique d’agrandir notre famille ", a-t-elle notamment indiqué dans Vogue.
DJAÏLI AMADOU AMAL, PORTE-VOIX INSOUMISE
Figure incontournable de la littérature camerounaise et lauréate du Goncourt des lycéens 2020, l’autrice publie un nouveau roman courageux, « Cœur du Sahel », dans lequel elle se dresse contre les différences de castes au sein de son pays
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 13/08/2022
En 2020, avec Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal nous conduisait dans l’intimité d’un saaré où de jeunes femmes d’un milieu plutôt privilégié subissaient, du fond de leur prison dorée, les affres du mariage forcé et de la polygamie. Deux ans plus tard, avec Cœur du Sahel, l’autrice multiprimée agrandit l’espace et brosse le tableau d’une région sahélienne marquée par les conséquences désastreuses du terrorisme et du changement climatique.
Nous plongeons ainsi dans le quotidien de femmes domestiques, des invisibles qui luttent pour leur survie dans une société nord-camerounaise régie par des clivages fondés sur les appartenances sociale, ethnique et religieuse. L’on suit les parcours de deux d’entre elles, Faydé et Bintou, qui tentent, chacune à sa manière, d’échapper à leur condition pour s’élever dans la hiérarchie sociale. Comme l’on ouvre une boîte de pandore, sans rien éluder, Djaïli Amadou Amal qui, petite fille, rêvait de vivre dans un monde enchanté, s’attaque de manière frontale à des sujets que d’aucuns voudraient maintenir tabous : la xénophobie, le mépris de classe, l’esclavage moderne, le viol érigé en tradition. Des thèmes âpres, qui n’enlèvent rien à la beauté de l’histoire d’amour entre Faydé et Boukar deux êtres que tout semble séparer.
Dans Les Impatientes, vous évoquiez de manière allusive le viol d’une domestique. Dans Cœur du Sahel, vous donnez à cette dernière une identité.
Djaïli Amadou Amal : En terminant la rédaction des Impatientes, je savais déjà quel serait le thème de mon prochain livre. Alors que dans le premier, ce viol était un non-événement, un « simple troussage de domestique » qui n’avait ému personne, dans Cœur du Sahel, j’ai voulu attribuer une identité à la victime, explorer son ressenti, lui rendre la parole. Parce qu’elles sont invisibles, interdites d’éducation et soumises au bon vouloir des hommes qui les violentent, de nombreuses femmes en sont privées. Or ce qu’elles endurent mériterait d’être entendu. Je me fais volontiers leur porte-voix, passant aux yeux de certains pour une rebelle, une insoumise. Et l’insoumission est un tel affront !
Le viol est omniprésent dans votre littérature. Vous faites dire à l’un de vos personnages que c’est une « tradition » dans les sociétés sahéliennes.
Dans Cœur du Sahel, il est question de mariage par le rapt. Suivant une tradition qui perdure dans les montagnes du Nord-Cameroun, un homme qui désire une femme peut s’arroger le droit de l’enlever pour l’épouser. Pour s’assurer que rien ne viendra entraver son projet, il la viole parfois publiquement – ce qui en fait d’emblée son épouse –, en toute impunité, au vu et au su de tout le monde, sans que nul ne songe à s’en indigner. Même l’État apparaît assez permissif : pas plus les rapts que les viols ne sont punis. Le sujet reste tabou. De la même manière, les femmes domestiques sont souvent la proie de leurs employeurs et subissent parfois le viol de différents membres de la famille, sans jamais oser porter plainte. Honteuses d’être des victimes, elles se murent dans le silence, ce qui conforte leurs bourreaux dans l’idée que violer une domestique ne prête pas à conséquence.
IL N'Y A AUCUNE FEMME RURALE A L'ASSEMBLEE NATIONALE OU AU HCCT
Mme Diouck Mbaye, présidente de la Fédération nationale des femmes rurales (FNFR) a réclamé, ce vendredi, une meilleure représentation de ses camarades dans les institutions de la République.
Mme Diouck Mbaye, présidente de la Fédération nationale des femmes rurales (FNFR) a réclamé, ce vendredi, une meilleure représentation de ses camarades dans les institutions de la République. Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), elle était dans la localité de Keur Selick dans le département de Kaolack pour présider une cérémonie de remise de récompenses à ses membres.
L’instance faîtière des femmes du monde rural ne veut pas être en reste dans la revendication du succès de la coalition au pouvoir aux dernières législatives. Sa présidente Diouck Mbaye, s’y est employée sans ambages: “ tous les observateurs sont unanimes à faire ressortir la contribution décisive du monde rural dans la victoire du camp présidentiel lors du scrutin du 31 juillet dernier. Et à ce propos, les femmes n’ont pas été en reste. Aujourd’hui il y a une surenchère autour de cette victoire. Nous assistons, amusées, à cette passe d’armes alors que les véritables acteurs sont marginalisés “ soutient la membre du Cese. Une performance non récompensée à ses yeux: “ Comment peut-on mobiliser toutes ses femmes en faveur du président Macky Sall et n’avoir aucun député à l’l'Assemblée nationale, encore moins au sein du Haut conseil des collectivités territoriales? Les femmes doivent avoir une meilleure représentation dans les institutions. Nous espérons que le président de la République nous entendra à ce sujet", lance-telle.
Par ailleurs, la responsible de l’organisation faîtière a réclamé plus d’engrais pour ses membres. “ Nous avons reçu 50 tonnes de semences certifiées; par contre pour l’engrais, la quantité reçue est loin de satiafaire la demande en hausse”, dit-elle.
PAR OULIMATA SARR
L'IMPERATIF D'AGIR
Au rythme actuel, il faudra 98 ans pour mettre fin aux inégalités de genre en Afrique subsaharienne : Les droits, la représentation politique et les ressources sont essentiels pour combler le fossé.
Au rythme actuel, il faudra 98 ans pour mettre fin aux inégalités de genre en Afrique subsaharienne : Les droits, la représentation politique et les ressources sont essentiels pour combler le fossé.
Les femmes ont plus durement subi les ravages économiques causés par le COVID-19. En Afrique, où les femmes représentent 58% de la population des travailleurs indépendants, les entreprises appartenant à des femmes ont été particulièrement vulnérables aux chocs et crises multiples. La pandémie a menacé les fragiles acquis de ces dernières années en matière d’égalité de genre en renforçant et en multipliant les situations de précarité auxquelles les femmes sont confrontées. A cela s’ajoutent les conséquences du changement climatique et de la guerre en Ukraine qui ont encore plus exposé les vulnérabilités des femmes en Afrique. Plus que jamais, notre continent a besoin de renforcer les actions pour mettre fin à la discrimination fondée sur le genre et créer une vague de changement positif. Si les choses continuent d’évoluer au rythme actuel, il faudra encore 98 ans pour mettre fin aux inégalités de genre en Afrique subsaharienne. Nous ne pouvons plus attendre.
Pour inverser cette tendance, nous devons nous concentrer sur trois domaines clés de coordination. Il s’agit de la représentation : les voix des femmes doivent être entendues dans les échanges politiques, les processus de maintien de la paix et la prise de décision ; le droit, ce qui signifie avoir des lois égalitaires qui protègent les femmes et les filles et enfin, l’allocation de ressources adéquates, y compris de mesures financières, pour traduire les engagements des États en actions et assurer l’autonomisation économique des femmes. ONU Femmes et la Fondation Bill & Melinda Gates s’engagent depuis de nombreuses années à soutenir ces progrès en partenariat avec les femmes et les hommes africains pour construire une société plus égalitaire, pacifique et économiquement dynamique.
Dans de nombreux pays africains, les femmes continuent d’être exclues des sphères de décision. Si la représentation des femmes dans les parlements a globalement augmenté et constitue une évolution positive, il existe encore des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale où les femmes représentent moins de 5 % des parlementaires. En janvier 2021, la représentation globale des femmes africaines était loin d’atteindre la parité et les progrès réalisés restaient inégaux. Nous devons faire en sorte qu’aujourd’hui, à l’occasion de la Journée de la Femme Panafricaine, les voix des femmes africaines soient entendues et qu’elles puissent participer pleinement aux processus décisionnels en Afrique.
Les quotas se sont révélés être un moyen efficace d’accroître la participation des femmes à la vie politique. Dix pays sur douze d’Afrique de l’Ouest et centrale disposent désormais de telles lois. Par exemple, le Cap-Vert a adopté une loi sur la parité en 2019 et le nombre de femmes élues aux élections locales est passé à 41,5 % en 2020, contre 26 % en 2016. C’est un exemple de réussite qu’il est urgent de reproduire sur le continent car la représentation politique des femmes dans de grands pays comme le Nigéria et la RDC reste faible. Il est impératif de poursuivre sur la voie des réformes juridiques et politiques pour entériner ces pratiques dont nous connaissons l’efficacité.
Le Protocole de Maputo, adopté en 2017, fournit un cadre juridique pour la protection des droits des femmes en Afrique. Les États africains ont fait des progrès significatifs pour atteindre les objectifs du Protocole de Maputo, notamment en créant des ministères et des mécanismes institutionnels dédiés pour promouvoir ces droits. Cependant, l’accès limité des femmes africaines à l’éducation et à l’emploi réduit la croissance annuelle par habitant de 0,8 %. Ce niveau de croissance aurait permis de doubler la taille des économies africaines en 30 ans. Au Niger, par exemple, la Banque mondiale estime que le PIB par habitant serait supérieur de plus de 25 % si l’inégalité entre les genres était réduite. Les efforts visant à améliorer l’accès à l’éducation et à maintenir les filles dans les écoles secondaires, à mettre fin aux mutilations génitales féminines, à garantir l’accès des femmes à la propriété foncière, à mettre fin aux mariages précoces et à garantir l’accès aux droits sexuels et reproductifs ne trouveront leur aboutissement que si les opinions et les intérêts des femmes africaines sont pris en compte dans les politiques gouvernementales.
Trente ans après les engagements pris par la communauté internationale à Beijing et le Protocole de Maputo pour l’égalité des genres et la promotion des droits des femmes, il est urgent que nos pays africains prennent des mesures audacieuses pour allouer les ressources adéquates afin de stimuler l’autonomie et l’autodétermination des femmes. L’Afrique du Sud montre la voie en mettant en œuvre des politiques et des programmes visant à encourager et à soutenir l’autonomisation des femmes. Lors de la 66e session de la Commission de la Condition de la Femme, Mme Mmamoloko Kubayi-Ngubane, ministre sud-africaine des établissements humains, a souligné trois exemples concrets de politiques: premièrement, une stratégie axée sur l’autonomisation des femmes dans le secteur de l’énergie, lancée le 31 août 2021, ensuite, le lancement du programme « Women Diggers » pour augmenter le nombre de femmes dans le secteur minier et enfin, le programme « Techno girl » pour soutenir les filles qui souhaitent poursuivre des carrières scientifiques ou technologiques. Il y a encore trop peu de femmes dans le secteur des STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) alors que nous savons que lorsque les femmes sont impliquées dans la prise de décision, elles obtiennent de meilleurs résultats pour tous en matière de science et de recherche. Dans des pays comme le Nigeria et le Kenya, seule une femme sur quatre travaille dans ce domaine.
Il est temps d’agir si nous voulons réaliser les aspirations de l’Agenda 2063, le cadre stratégique du continent pour atteindre son objectif de développement inclusif et durable, et ainsi construire l’Afrique que nous voulons : un continent en paix, uni, démocratique, prospère, doté d’une identité culturelle forte et égalitaire. Alors que la pandémie recule, il est impératif que les femmes et les filles soient placées au premier plan de tous les efforts de redressement. Les femmes doivent être incluses dans les plans de relance économique et leur santé doit être une priorité. L’égalité des genres revêt une importance économique, politique et sociale pour chacun d’entre nous. Sans elle, les disparités de genre continueront de contribuer à la pauvreté et freineront le développement nécessaire et si longtemps attendu par notre peuple. Tant que les femmes et les filles ne prendront part aux processus décisionnels, leur avenir, et celui de tous les Africains, continuera d’être hypothéqué.
par Fadel Kane
LA BELLE NÉGRESSE ET LA MÉDAILLE
C'est probablement l'allusion la plus proche que je pourrais faire pour Mimi Touré sans qu'elle m'en veuille. Elle vient de terminer sa campagne électorale. Dimanche le peuple sénégalais rendra son verdict
C'est probablement l'allusion la plus proche que je pourrais faire pour Mimi Touré sans qu'elle m'en veuille. Comme pour le cuisinier, elle a fini de rendre ce qu'elle aura mijoté pendant longtemps. Elle vient de terminer sa campagne électorale. Dimanche le peuple sénégalais rendra son verdict.
Ce qui m'intéresse à ce stade ci c'est le personnage qui aura mouillé le maillot. C'est la première femme à avoir dirigé la campagne électorale d'un candidat ou d'une coalition. Déjà, il y a quelques années, c'était elle qui était la directrice de campagne de Landing Savané.
Et voilà qu'elle reprend cette fois-ci avec BBY. Et elle a sillonné le pays selon son calendrier et ses objectifs. Elle semble maitriser la sociologie en vigueur ici mieux que beaucoup d'hommes dans son camp qui ont farouchement combattu pour être à sa place.
J'ai vu à la télé qu’elle avait un corset pour supporter le cou dans sa voiture. Avant que la tête « n'éclate » d'idées et de scenarii et la voilà dans les routes cahoteuses et les bains de foules plus folkloriques que programmatiques. À Dagana, c'est aussi le salut au père de ma fille. Un stop à Diamniadio dans une université non achevée pour faire le point des réalisations de son camp. Ses répliques de débat sont bonnes et la gent féminine s'assoit visiblement chez les marabouts et autres structures religieuses. Comme on aimerait en voir plus souvent.
Je n'ai aucune sympathie particulière pour BBY. J'aimerais même de nouvelles façons de diriger notre pays et de gérer nos ressources. Mais ça c'est le peuple qui décide Dimanche.
En attendant she did it…
LE COLLECTIF DES FÉMINISTES SÉNÉGALAISES LISTE UNE SÉRIE DE RÉFORMES PHARES POUR LA 14E LÉGISLATURE
Age légal du mariage, puissance maritale, établissement de la filiation paternelle…plaidoyer pour inciter les décideurs à engager un certain nombre de réformes cruciales sur le code de la famille
Le Collectif des Féministes Sénégalaises (Cfs) a lancé cette semaine une campagne de plaidoyer pour inciter les décideurs à engager un certain nombre de réformes cruciales sur le code de la famille. Il espère que son cri sera entendu et que la 14e législature sera sensible à son combat.
Le code de la famille du Sénégal présente des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes. C’est la conviction du Collectif des Féministes Sénégalaises (Cfs) qui a engagé un fort plaidoyer dans ce contexte électoral afin de sensibiliser les acteurs politiques sur la nécessité de réformer ce texte qui date de 1972.Il rappelle d’ailleurs que le gouvernement avait mis en place un comité pour réfléchir sur les réformes. Et que ce comité était composé entre autres d’agents des ministères de la Famille, de la Santé et des membres de l’Associations des Juristes Sénégalaise (Ajs), seule organisation de la société civile. C’est ainsi que certains articles ont été ciblés pour faire l’objet de révision. Le Cfs pense ainsi qu’en cette période de campagne électorale pour les élections législatives du 31 juillet prochain, il serait opportun d’engager à nouveau le plaidoyer afin d’interpeller les candidats sur la nécessité de revoir le code et d’envisager une réforme pour plus d’égalité.
De prime abord, ces femmes se sont penchées sur le sexe et l’âge légal du mariage prévu à l’article 111 du Code de la famille. «Il est fixé à 18 ans pour les garçons et à 16 ans pour les filles. Nous demandons donc pour plus d’égalité des chances dans la vie que la fille comme le garçon puissent se marier légalement à l’âge de 18 ans», indique le Cfs dans un communiqué parvenu à «L’As». Il appelle à une révision allant dans le sens de l’alignement de l’âge légal du mariage de la fille à 18 ans comme chez le garçon. Une autre proposition importante pour le Cfs, c’est la révision de l’article 52 du code de la famille qui consacre la puissance maritale. Rappelant la proposition du comité de révision du code de la famille, le Collectif souligne que l’administration de la famille doit être une charge du couple pas seulement du mari. En cas d’absence, note-t-il, la femme peut prendre en charge les problèmes familiaux, signer à la place du mari ou prendre des décisions concernant leurs enfants.
RESIDENCE ET CHARGES DU MENAGE
En outre, le collectif appelle à revoir les dispositions relatives à la résidence du ménage en laissant le choix aux deux époux comme cela, en cas de désaccord un juge pourra trancher. Selon le Collectif, la plupart du temps, certains abusent de ce «pouvoir» que leur donne le code de la famille. Explications : «Il serait normal que le domicile puisse être décidé d’un commun accord par le couple. Plusieurs femmes victimes de violences ne peuvent pas quitter le domicile, car ceci est considéré comme abandon de domicile conjugal. Aussi, si le lieu de travail de la femme est différent de celui où le mari souhaite que le couple vive, cela pose souvent problème. La femme est obligée d’avoir l’autorisation du mari pour aller exercer son activité en dehors du lieu de résidence établi par le mari. Ce qui constitue un vrai handicap pour la femme.» Sur le même registre, le Cfs plaide pour qu’on reconnaisse légalement la participation des femmes dans la gestion du foyer, une manière de les responsabiliser, et de leur donner plus d’autonomie quant à la prise de décision concernant la famille.
DIVORCE ET ETABLISSEMENT DE LA FILIATION PATERNELLE
En plus, les membres du Collectif des Féministes Sénégalaises pensent que les violences physiques, psychologiques et autres doivent être considérées comme motif de divorce. «Une femme battue, harcelée, intimidée, persécutée ne peut pas quitter le ménage, car la justice considère cet acte comme abandon de domicile conjugal. Le divorce peut être prononcé et elle n’obtiendra même pas la garde des enfants», se désolentelles. En ce qui concerne toujours les points à réformer, le Collectif pense que l’établissement de la filiation paternelle est un droit fondamental pour l’enfant. Tout enfant, dit-il, a le droit d’avoir des parents, un père et une mère. Donc interdire à un enfant de rechercher son père est une aberration, souligne le Cfs avant de demander la modification de l’article en question dans le code de la famille pour autoriser la recherche de paternité.
Le Collectif des Féministes Sénégalaises a espoir en la prochaine législature qui, selon lui, sera composée de plus de jeunes hommes et femmes conscients des enjeux et sensibles à la cause des droits des femmes de notre pays. «On ne réinvente pas la roue, nous venons appuyer des initiatives existantes, consolider des acquis pour au final arriver à l’objectif ultime qui est la révision du code de la famille qui existe depuis 1972», souligne le Cfs. Il estime d’ailleurs que les Sénégalais de 1972 ne sont pas ceux de 2022 et que les mentalités ont évolué. «Il est donc temps que le code qui dit nous régir tous en tant que Sénégalais change en même temps», affirment les membres du Cfs qui interpellent l’Etat du Sénégal sur des conventions signées et toujours pas respectées. «Que tous les acteurs concernés se réunissent pour discuter et trouver un consensus à propos du code de la famille pour qu’aucun Sénégalais ne se sente lésé ou discriminé», tranche le Collectif.
LE TAUX DE CHÔMAGE DES FEMMES EST TROIS FOIS PLUS ÉLEVÉ QUE CELUI DE L’HOMME
L’autonomisation des femmes reste aujourd’hui plus que jamais un véritable challenge.
En partenariat avec le Centre africain pour la transformation économique (Acet), la Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l'Education (Cosydep)a présenté, hier, son rapport sur les défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes dans l'accès à l'éducation et l'acquisition de compétences pour un emploi rémunéré. Selon l’auteure du rapport, la chercheuse Ndèye Sira Mbodji, le taux de chômage des femmes est trois fois plus élevé (24% contre 7%) que celui de l’homme.
L’autonomisation des femmes reste aujourd’hui plus que jamais un véritable challenge. C’est ce qui ressort du rapport intitulé : «Obstacles à l’emploi des femmes dans le futur monde du travail au Sénégal» commandité par la Cosydep et de l’Acet. Présentant le rapport, la chercheuse Ndèye Sira Mbodji, docteur en Sciences de gestion, révèle que la pauvreté est très féminisée au Sénégal. Elle révèle que le taux de chômage des femmes est trois fois plus élevé que celui de l’homme. «Le taux de chômage chez les femmes est de 24% contre 7% pour celui de l’homme. Et le taux d’activité des femmes est faible puisqu’il est de 18% alors que celui des hommes s’élevait à 47% en 2019 contre 58% pour les hommes parmi les individus âgés de 15 ans et plus», renseigne Dr Ndèye Sira Mbodji.
A l’en croire, cette situation est systémique dans la mesure où une proportion importante de filles n'a pas accès à l'enseignement secondaire ni ne l'achève pas. Cela est combiné à des options de garde d'enfants limitées et à des modalités de travail inappropriées. «Les femmes sont évincées du marché du travail formel et de l'emploi. Ce scénario enferme souvent les femmes dans des emplois de faible qualité et les surreprésente dans les secteurs à bas salaire et à faible productivité. L'identification de ces limitations de l'emploi plus tôt dans le cycle de vie des femmes et la proposition d'options politiques pour les atténuer seront essentielles pour débloquer des opportunités d'emploi aujourd'hui et à l'avenir», affirme la chercheuse.
En plus de ces obstacles, indique la Dr en Sciences de gestion, il y a le non accès à la terre, aux mécanismes de financement et aux facteurs de production. «Bien que 57% des femmes d'Afrique Subsaharienne ont un emploi, la plupart d'entre elles travaillent dans le secteur informel et n'ont que peu ou pas d'accès au marché du travail formel. Ce statut informel les empêche d'avoir un revenu stable et fiable. Le travail dans le secteur informel est souvent insuffisamment rémunéré, sans protection et sans réglementation. Ce qui expose les femmes à des environnements de travail plus vulnérables et dangereux ou exploitants», relève l’auteure du rapport.
Par conséquent, elle recommande le renforcement des partenariats entre le secteur privé et le secteur de l’éducation sur les demandes du marché en initiant des forums de l’emploi et de formation, et des visites de découvertes. «Nous demandons également de consolider et rendre plus accessibles les structures de soutien à l’entrepreneuriat féminin, mais surtout de mettre en place un programme national de plaidoyer pour un meilleur soutien aux jeunes employées», ajoute-t–elle.
Au-delà la mise en place d’un programme national, Dr Ndeye Sira Mbodji propose également la mise en place des systèmes de formation continue afin de renforcer et d’actualiser les compétences essentielles à leur développement professionnel. «Il faut également mettre en place des lois, des politiques contre les inégalités entre les sexes sur le lieu de travail avec un suivi et contrôle régulier», recommande l’auteure du rapport.
PAR Farid Bathily
LA MENSTRUATION RESTE UN TABOU DANS LE MONDE SPORTIF, AU MÉPRIS DES JOUEUSES
Le sport de haut niveau a toujours du mal, malgré ses avancées, à s’accommoder de la physiologie féminine. Le récent débat sur l’incommodité des athlètes à compétir en pleine période menstruelle au Royaume-Uni et en France en est une illustration
"Ce sont des trucs de filles", déclarait la joueuse de tennis Zheng Qinwen, le 30 mai dernier, au terme d’une expérience désagréable en huitième de finale de Roland-Garros. Après le gain du premier set 7-6 face à la Polonaise Iga Swiatek, la Chinoise de 19 ans s’est totalement liquéfiée sur le court, perdant les deux dernières manches 6-0, 6-2.
Le match aurait pu connaître une tout autre issue si la 47ème joueuse mondiale n’avait pas foulé la terre ocre du tournoi parisien en période menstruelle.
"Le premier jour est toujours difficile. J’ai mal et en plus je dois pratiquer du sport. Je ne pouvais pas aller contre ma nature. J'aimerais pouvoir être un homme sur le court afin de ne pas avoir à souffrir de ça", a regretté la native de Shiyan, évoquant des crampes menstruelles contre lesquelles elle a dû lutter à partir du second set.
Tabou tenace
Ce témoignage est symptomatique du peu d’importance encore accordée par les instances sportives à la santé reproductive des femmes athlètes. Les menstruations, en l’occurrence, restent enveloppées d’un tabou tenace, y compris dans le rang des principales concernées. Les termes utilisés par Zheng Qinwen pour évoquer son mal-être sont à cet effet révélateurs.
La science a pourtant fait d’énormes progrès sur le sujet. Les symptômes de la dysménorrhée (douleurs survenues lors des règles), allant des crampes au mal de tête entre autres, sont assez connus et documentés. De même que l’inconfort qu’ils peuvent susciter chez certaines femmes.
Le milieu sportif ne semble manifestement pas en prendre la mesure. En plus de devoir entrer en compétition dans cette période d’extrême difficulté pour leur bien-être, certaines sportives sont aux prises avec l’inconvenance d’arborer une tenue blanche sur le court de tennis en plein cycle menstruel.
Monde masculin
C’est notamment le cas au tournoi de tennis de Wimbledon au Royaume-Uni où la question a refait surface cette année. Beaucoup se sont en effet levés contre la rigidité du code vestimentaire de cette compétition qui prescrit aux participants le port d’une tenue blanche, au mépris de la possible survenance des règles chez les femmes. Une situation d’inconfort et de grande anxiété, selon beaucoup de témoignages.
Monica Puig, ancienne tenniswoman portoricaine, a ainsi révélé que nombre de femmes vivent, durant les deux semaines du Grand Chelem britannique, dans la hantise quotidienne de devoir s’habiller en blanc sachant qu’elles pourraient avoir leurs règles.
Cette préoccupation a motivé l’équipe de foot féminin du Royaume-Uni à demander récemment à l’équipementier américain Nike l’abandon du short blanc, en marge de la Coupe d’Europe en cours dans le pays. "Les shorts blancs ne sont tout simplement pas faits pour les joueuses de football", avait déclaré l’Écossaise Sophie Howard en 2020.
Deux ans plus tard, le débat reste d’actualité. Au grand dam de la présentatrice de tennis Catherine Whitaker: "Il y a longtemps que cette tradition aurait changé si elle affectait les hommes", a-t-elle notamment lancé en juin dernier à propos du blanc exigé à Wimbledon.