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27 novembre 2024
Femmes
HARCELEMENT, VIOLENCES CONTRE LES FEMMES PARLEMENTAIRES AFRICAINES : L’UIP DENONCE UN «SEXISME A CARACTERE EPIDEMIQUE»
C’est en pleine période des 16 jours de combat et de campagne contre les violences faites aux femmes dans le monde qu’intervient un nouveau rapport sur le fléau
C’est en pleine période des 16 jours de combat et de campagne contre les violences faites aux femmes dans le monde qu’intervient un nouveau rapport sur le fléau. Cette étude, qui fait suite à celle de 2018 sur les parlements d’Europe, a été réalisée par l’Union interparlementaire (Uip) et l’Union parlementaire africaine (Upa) révèle que «le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont omniprésents dans les parlements du continent africain».
Sur la base d’entretiens confidentiels menés auprès de 224 femmes travaillant dans les assemblées parlementaires de 50 pays africains, ainsi qu’une assemblée parlementaire sous-régionale, «80% des femmes parlementaires interrogées ont subi des violences psychologiques dans les parlements, 67% ont été victimes de comportements ou de remarques sexistes, 42% ont été menacés de mort, de viol, de coups ou d’enlèvement, généralement en ligne, 40% ont été harcelés sexuellement et 23% ont subi des violences physiques», lit-on dans un communiqué de l’Uip publié sur le site de cette organisation mondiale des parlements nationaux.
Le président de l’Uip, Duarte Pacheco, dénonce ce «sexisme à caractère épidémique» qui «dissuade les jeunes femmes d’entamer une carrière politique», alors que le président de l’Upa, Mohamed Ali Houmed, prône une «tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence faites aux femmes dans les parlements».
La vice-présidente de l’Uip, la Sénégalaise Adji Mergane Kanouté, estime que «cette étude braquait les projecteurs sur une triste réalité qui appelle une action immédiate» des hommes et femmes pour mettre fin à ces violences faites aux femmes parlementaires.
Par Moumar GUEYE
MA MALÉDICTION AUX VIOLEURS DE FEMMES
Pourquoi, mon Dieu, les hommes sont-ils si cruels, si violents, si injustes envers leurs mères, leurs sœurs, leurs filles et leurs épouses ?
L’ouragan du vol, du viol et de l’homicide n’arrête plus de souffler sur le Sénégal. Mon cœur plein de colère et de chagrin m’a souvent dicté des mises en garde en direction des femmes sans défense, constamment violées. Ce même cœur m’a également dicté de dénoncer et de condamner sans complaisance, les dégoûtants violeurs qui s’acharnent sans honte sur des femmes vulnérables, sans défense et des enfants fragiles et sans conscience!
Je commencerai par confier ces sages conseils de grand-mère aux femmes qui souhaitent préserver le trésor qu’elles représentent pour l’humanité: ‘‘Mes filles ! Maintenant vous êtes de vraies femmes, des femmes pures, des femmes sans taches. Désormais, vous devez vous éloigner des hommes qui ne sont ni père, ni frère pour vous. Jusqu’au jour de votre mariage, éloignez-vous des hommes susceptibles de vous désirer sans retenue. Désormais, vous ne devez plus porter des habits courts, des habits serrés ou des habits transparents. Ne laissez pas les hommes admirer vos cheveux, vos seins, votre corps et vos fesses. Ces parties de votre corps sont des provocateurs biologiques.
Mettez-les à l’abri des regards concupiscents et indiscrets. On ne jette pas un trésor dans la rue! Un trésor on le protège! Cachez votre corps, mes filles, car le corps d’une femme est sacré. C’est un vrai trésor ! Quand il est exposé, il attire ce genre d’hommes bêtes, sans vergogne et sans retenue!
Observez la pudeur partout où vous serez et Dieu vous protégera! Vous êtes les mères de l’humanité. Vous devez toujours rester discrètes et solidaires dans la joie comme dans l’épreuve, pour le meilleur et pour le pire. N’oubliez pas les qualités fondamentales qu’une femme doit avoir pour pouvoir jouer pleinement son rôle. Elle doit être propre, propre par son corps, propre dans son intimité, et propre dans son environnement. Une femme digne de ce nom doit maîtriser tous les secrets de la cuisine comme le fit Penda Mbaye, cette brave femme de Saint-Louis qui inventa le fameux et inégalable ceeb u jén (riz au poisson).
Une femme digne de ce nom doit enfin savoir partager sans contrainte, avec joie et avec douceur, les délices de l’amour avec l’homme de son choix, l’homme à qui ses parents l’ont confiée, selon les traditions de nos ancêtres et la voie sacrée indiquée par le Créateur des Cieux et de la Terre. Quand l’une de ces qualités essentielles fait défaut, la femme perd tout! Elle cesse d’être une femme et elle perd toutes ses valeurs. Alors, prenez garde, braves femmes et mères de l’humanité! Que Dieu vous protège et vous honore comme vous le méritez si bien!
Femmes mères de l’humanité, méfiez vous également des Jinne (génies) qui partagent la vie avec nous! Ces génies des eaux, de la savane et de la forêt, ont la capacité de posséder toute femme qui expose au public, les parties de son corps qui devraient être cachées. Les seins, le nombril et le bas-ventre de la femme laissés à l’air libre sont les points de passage de prédilection pour les esprits maléfiques. Le Jinne passe par la tête, le nombril, le bas ventre ou les seins pour habiter le corps de la femme qui ne respecte pas les lois de la pudeur, pour la dompter et la soumettre à sa volonté. Il la traite comme une vulgaire prostituée.
La nuit, il hante son sommeil par de terribles cauchemars. Il couche avec elle comme le ferait son mari. Il peut la posséder jusqu’à la folie. Il chassera ou tuera tout homme qui s’approchera d’une telle femme en vue de conquérir son cœur ou de l’épouser. Il l’empêchera d’avoir un enfant. Il possédera son corps et son âme jusqu’à sa mort, à moins que le grand saltigué de Niakhar ou de Diakhaw ne vole à son secours pour la soustraire aux griffes du génie et la sauver de la tourmente et de la terreur des esprits maléfiques. Femmes mères de l’humanité, prenez garde!
Méfiez-vous de jinne* Mariama, c’est une femme comme vous. Elle est digne, belle, honorable et respectable. Cependant, elle a horreur des femmes qui laissent paraitre leurs parties intimes et ne se couvrent pas la tête. Pour punir de telles femmes, elle leur cause de violents maux de tête, des vertiges et d’interminables insomnies qui peuvent les conduire à la démence, voire à la mort. Alors, femmes mères de l’humanité, couvrez-vous la tête comme vos ancêtres le faisaient, si vous ne voulez pas subir les foudres de jinne Mariama. Nous avons le droit de manger ce que nous voulons, mais par pudeur vis-à-vis des autres, nous n’avons pas le droit de porter ce que nous voulons par respect pour les autres. Tels sont les enseignements de nos ancêtres.
Tenez-le-vous pour dit ! Et que Dieu vous protège et vous gratifie de ses innombrables bienfaits. Cette dernière partie de mon message s’adresse aux diaboliques violeurs, voleurs de plaisir! Je les maudis tous! Qu’ils soient éternellement misérables sur terre. Qu’ils finissent leur vie exécrable sous les roues d’un train rempli de marchandises. Qu’à leur mort, ils soient immédiatement dévorés et réduits en cendre par les flammes volcaniques de l’enfer et qu’ils n’en sortent plus jamais, jusqu’au jour du jugement dernier! Quand le violeur aura été ressuscité par son Créateur, le jour du jugement dernier, qu’il soit condamné à demeurer en enfer par le Seigneur de l’univers. Oui ! Que l’enfer soit sa maison pour l’éternité.
Maudit sois-tu violeur qui que tu sois et quel que soit ton rang et ton grade sur terre. Toi qui as osé arracher avec tant de violence et de férocité, le symbole de l’honneur et l’emblème de pureté d’une femme mère de l’humanité! Pourquoi, mon Dieu, les hommes sont-ils si cruels, si violents, si injustes envers leurs mères, leurs sœurs, leurs filles et leurs épouses ? Pourquoi, bon sang, les femmes sont-elles perpétuellement victimes d’assauts répétés de cette catégorie d’hommes primitifs, dépourvus de dignité, agressifs et barbares qui perdent la raison sous l’effet de leurs pulsions sexuelles ou sous l’emprise de l’alcool, de la drogue ou de la colère ? L’homme a-t-il oublié que sans la femme il n’existerait pas et ne représenterait absolument rien ?
Quand l’homme comprendra-t-il que c’est la femme qui a reçu en son sein la semence sacrée par la volonté de Dieu et qui a porté, neuf mois durant, le fœtus issu de cette semence, avant de lui ouvrir avec beaucoup de peine et de dangers, les portes de la vie ? Quand comprendra-t-il que c’est la femme qui a allaité ce bébé qu’il fut, un fragile bébé sans défense ni moyen, deux années durant? Se rappelle-t-il que c’est la femme qui l’a cajolé, dorloté, soigné, protégé et éduqué jusqu’à l’âge de la puberté ? Quand l’homme comprendra-t-il que chaque fois qu’il malmènera, violera, insultera ou frappera une femme, il sera en train de violenter sa mère, de brutaliser sa sœur, de malmener sa fille ou d’humilier la mère de ses enfants ?
Tant que les hommes ne comprendront pas la valeur et le rôle fondamental de la femme dans l’humanité, ils resteront perpétuellement des êtres abjects et primitifs, des attardés intellectuels indignes de bénéficier de l’affection d’une mère ou de l’amour d’une épouse ! Il ne me reste plus qu’à prier Dieu le Créateur des cieux et de la terre, pour que tous les hommes violents, violeurs, insulteurs et frappeurs de femme, soient à leur tour accablés par une éternelle malédiction sur terre en attendant le châtiment du Jugement dernier.
EMPLOI ET FONCTION PUBLIQUE, LES FEMMES TOUJOURS SOUS LA DOMINATION DES HOMMES
La ségrégation professionnelle est l’un des phénomènes les plus tenaces dans le monde
Le dernier rapport du bureau International du Travail (bIT) révèle de graves inégalités de rémunérations entre les hommes et les femmes. D’après l'étude, malgré le fait que la population féminine en âge de travailler soit de 1,13 fois supérieure à celle des hommes, le taux d’activité des femmes est de 62,1%, contre 41,1% pour les hommes. En plus, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes (13,7%) que chez les hommes (8,1%).
La ségrégation professionnelle est l’un des phénomènes les plus tenaces dans le monde. Cette segmentation et cette hiérarchisation de l’emploi ne commencent pas sur le marché du travail, mais en amont, avec l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle qui prennent source dans les modèles de société caractérisés par la répartition des rôles entre les genres, le partage et le contrôle des ressources, la participation aux prises de décision. Dans le domaine de l’emploi, la division sexuée du travail induit une double ségrégation horizontale et verticale. Ces deux formes de discrimination déterminantes sont à prendre en compte pour appréhender correctement les inégalités de genre sous leurs multiples facettes telles que les salaires, les revenus, la formation professionnelle, la position et le statut professionnels, les conditions de travail, la participation à l’économie formelle ou informelle, etc.
Au Sénégal, une étude du Bureau International du Travail (BIt) révèle que malgré des avancées importantes en matière d’égalité entre les sexes, il subsiste un contexte de vulnérabilité pour les femmes qui dé- coule des disparités de genre et de manquement à certains droits. Une situation qui, de l'avis du coordonnateur national de projet au sein du Bit, se révèle à travers l’Indice de Développement appliqué au Genre (IDG), tournant autour de 0,315, traduisant ainsi l'existence d'inégalités du développement humain basées sur le genre.
En effet, renseigne Latyr Ndiaye, «si les femmes sont de plus en plus instruites, progressent dans des carrières de pointe, participent à la vie politique et représentent plus de 40% des élus à l’Assemblée Nationale et se syndicalisent davantage, elles demeurent toutefois les principales victimes du travail précaire et sont concentrées dans l’économie informelle».
Bien que la population féminine en âge de travailler soit de 1,13 fois supérieure en nombre à celle des hommes, renseigne l’expert en ingénierie de développement local, le taux d’activité des femmes est inférieur à celui des hommes. En réalité, il est de 41,1% contre 62,1%. Dans la même veine, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Il représente 13,7% contre 8,1%. Ce qui le pousse à que les travailleuses sénégalaises font face à de graves discriminations dans les secteurs public et privé.
A l’en croire, l’administration publique emploie 3,7% des hommes et seulement 1,4% des femmes. Quant au secteur privé, révèle l’étude, le rapport est de 7,0% pour les hommes, contre 3,2% pour les femmes. De manière générale, souligne Latyr Ndiaye, les Sénégalaises représentent 2/3 des actifs dont le niveau de rétribution correspond au salaire minimum, l’écart de salaire mensuel moyen étant supérieur à 50% en défaveur des femmes. Cependant, il reste convaincu que, quel que soit le secteur considéré, plus on s'élève dans l’échelle des métiers et la hiérarchie des catégories socioprofessionnelles, moins les femmes sont nombreuses.
A l’en croire, elles représentent 17,8% des cadres supérieurs, 25,8% des techniciens supérieurs et cadres moyens, 21,5% des techniciens, agents de maîtrise et ouvriers qualifiés et 10,8% des employés, manœuvres, ouvriers et apprentis.
AFRICAN LEADERSHIP AWARDS, RAHMA NDAO LAURÉATE DU PRIX FUTURE LEADER
Encore une distinction pour Rahma Ndao ! La jeune sénégalaise, qui brille dans le système éducatif américain, a reçu le prix “Future Leader”, lors des “African Leadership Awards”, cérémonie organisée le 27 novembre au Westin de New York
Encore une distinction pour Rahma Ndao ! La jeune sénégalaise, qui brille dans le système éducatif américain, a reçu le prix “Future Leader”, lors des “African Leadership Awards”, cérémonie organisée le 27 novembre au Westin de New York, par le Mouvement des Entreprises du Sénégal (MEDS).
Après la réception de son prix “Future Ledare”, elle a invité la jeunesse africaine à “cultiver la persévérance, la passion et la patience”
Agée de 18 ans, Rahma Ndao est actuellement étudiante en 2ème année à Northwestern University en Communications et Business Institutions. Elle bénéficie d’une bourse annuelle de 80 mille dollars.
Décrite comme très pieuse, discrète et polyglotte, elle se fixe comme défi de parler couramment l’arabe d’ici peu.
La cérémonie African Leadership Awards “récompense et célèbre les illustres décideurs africains et de la diaspora qui se sont distingués sur le continent et à l’international. Ces leaders qui font la fierté et donnent l’image d’une Afrique qui innove, qui réussit”, soulignent les organisateurs.
EN AFRIQUE, UN SEXISME ÉPIDÉMIQUE ET DÉVASTATEUR AU SEIN DES PARLEMENTS
Selon une étude publiée mardi, 40 % des femmes députées déclarent avoir été harcelées sexuellement au cours de leur mandat par un collègue masculin
Le Monde Afrique |
Coumba Kane |
Publication 28/11/2021
« Les hommes parlementaires passent leur temps à faire des plaisanteries et des avances. Ils y reviennent tout le temps. » « Un collègue m’a touché la poitrine. » « Les hommes du parti ont essayé d’imposer le fait qu’une femme doive coucher avec eux pour pouvoir être candidate. » Les témoignages extraits d’une vaste étude conjointe menée par l’Union interparlementaire (UIP) et l’Union parlementaire africaine (UPA) et publiée mardi 23 novembre sont accablants.
L’enquête, inédite sur la question en Afrique, révèle un sexisme « épidémique et dévastateur » au sein des Parlements du continent. Ainsi, 40 % des femmes députées déclarent avoir été harcelées sexuellement au cours de leur mandat par un collègue masculin ou un élu de l’opposition. Et 23 % ont subi des agressions physiques, à l’image d’une députée kényane, Fatuma Gedi, giflée deux fois dans la cour du Parlement en 2019.
Les assemblées apparaissent comme des lieux peu sûrs pour les femmes, la majorité des agressions s’y déroulant. Mais pour les élues africaines, la violence peut aussi surgir dans la rue, lors de meetings. Le rapport signale qu’elles sont alors la cible de « jeunes gens mandatés par des opposants politiques ou par des membres de groupes terroristes ». Une députée qui n’a pas souhaité révéler son identité, comme les 223 autres femmes interrogées dans l’enquête, rapporte : « On a essayé de m’enlever, des coups de feu ont visé ma voiture pendant une campagne électorale. Il y a eu un mort, mais la tentative d’enlèvement a échoué. »
Baisers forcés, tapes sur les fesses
Déjà en 2016, une étude à l’échelle mondiale avait fait apparaître des niveaux élevés de violence contre les femmes dans l’ensemble des Parlements. Mais les Africaines demeurent les plus vulnérables face aux violences sexuelles en milieu politique. Ainsi, 39 % des élues du continent déclarent en avoir été victimes, contre 25 % en Europe. Cet écart, les auteurs du rapport l’expliquent par l’instabilité politique ainsi que par les « contextes sociaux, culturels et religieux ». Ils notent également que l’appartenance à une minorité, le célibat ou le handicap renforcent la vulnérabilité des femmes.
Autre fait marquant, la proportion notable d’agressions sexuelles perpétrées au sein des Parlements – baisers forcés, tapes sur les fesses ou autres attouchements non consentis sur les seins ou les cuisses –, que rapportent 6 % des élues et 5 % des fonctionnaires parlementaires. « C’est très fréquent qu’on vous bouscule pour vous toucher les fesses. Des députés nous disent : “Vous les femmes, il faut qu’on vous touche avant la fin du mandat”. La hiérarchie est au courant de ces comportements mais ne fait rien », témoigne une députée citée dans le rapport.
Tandis qu’une frange de la société milite pour des avancées en la matière, une autre s’arc-boute sur le statu quo, invoquant les traditions du pays et la religion. Pour JA, deux personnalités aux opinions divergentes, ont accepté d’en débattre
Dans un pays musulman à 90 % et religieux à 99,99 %, l’interruption volontaire de grossesse a-t-elle sa place ? Depuis plusieurs mois, la question de l’avortement thérapeutique fait débat. « Jeune Afrique » a réuni les représentants d’une association féministe et d’une association islamique pour confronter leurs points de vue.
République laïque d’après la Constitution, mais imprégnée de religion, société moderne où le conservatisme n’a toutefois pas dit son dernier mot, le Sénégal a vu ressurgir au cours des derniers mois le débat sur l’avortement. Et, comme tout sujet touchant aux mœurs, celui-ci a déchaîné les passions. Tandis qu’une frange de la société milite pour des avancées en la matière, une autre s’arc-boute sur le statu quo, invoquant les traditions du pays et la religion. Pour Jeune Afrique, deux personnalités mobilisées sur la question, aux opinions divergentes, ont accepté d’en débattre.
D’un côté, Aïssatou Ndiaye, présidente de Youth Women for Action-Sénégal, une association qu’elle a contribué à créer en 2013 et qui travaille sur les questions de violences fondées sur le genre et le droit à la santé sexuelle et reproductive. De l’autre, Mame Mactar Guèye, porte-parole de l’association islamique Jamra, qui surveille sans relâche les entorses présumées à l’ordre moral et religieux au Sénégal et multiplie les actions de plaidoyer sur la question.
Pour Jeune Afrique, tous deux ont confronté leurs points de vue sur ce sujet hautement sensible qu’est l’avortement.
Jeune Afrique : Une polémique a récemment émergé autour de l’avortement médicalisé. Comment est-elle apparue ?
Mame Mactar Guèye : Le débat a surgi à l’initiative d’associations soucieuses de préserver l’intérêt des femmes et de lutter contre les violences qui leur sont faites – démarche que nous avons toujours saluée. En mai 2019, la responsable d’une de ces associations, Amy Sakho, porte-parole du Comité de plaidoyer pour le droit à l’avortement médicalisé, en cas de viol ou d’inceste, m’avait contacté. Elle demandait à Jamra un soutien dans le cadre d’une campagne visant à ce que le viol soit criminalisé.
Nous avons donc accompagné nos sœurs des mouvements féministes dans ce combat, avec comme mot d’ordre l’accentuation des sanctions pénales contre ce fléau, afin d’en finir avec l’impunité – relative – des auteurs de viols. Quelques mois plus tard, le 10 janvier 2020, l’Assemblée nationale a voté la loi 2020-2005 portant criminalisation du viol.
Nous ne sommes pas dans une adversité tranchée : nous avons des points de convergence, même s’il est vrai que nous ne sommes pas d’accord sur tout. D’ailleurs, depuis lors, le viol est puni d’un minimum de dix ans de prison, pouvant aller jusqu’à la perpétuité s’il est assorti d’un meurtre.
Quand vous parlez de vos « sœurs », voulez-vous dire qu’il y a une collaboration entre Jamra et les mouvements féministes ?
Mame Mactar Guèye : Nous avons des relations régulières avec plusieurs mouvements. Outre celui d’Aïssatou Ndiaye, il y a aussi l’Association des juristes sénégalaises (AJS), d’Amy Sakho, et bien d’autres.
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, L'AFRIQUE DU SUD CINQ FOIS PLUS FEMINICIDES
La campagne mondiale des 16 jours d’action contre les violences basées sur le genre débute ce jeudi, Journée pour l’élimination des violences faites aux femmes.
La campagne mondiale des 16 jours d’action contre les violences basées sur le genre débute ce jeudi, Journée pour l’élimination des violences faites aux femmes. En Afrique du Sud, où le niveau de violence est de manière générale très fort, le taux de féminicides est près de cinq fois plus élevé que dans le reste du monde, selon les chiffres les plus récents de l’ONU, le pays se classant en haut de l’échelle mondiale en termes de violences faites aux femmes. Un phénomène que le gouvernement ne parvient pas à enrayer.
Il s’agit pourtant d’une des promesses répétées du président Cyril Ramaphosa, pour qui les violences faites aux femmes sont la « deuxième pandémie du pays ». Un grand plan national a d’ailleurs été lancé depuis 2018, financé à hauteur d’un milliard d’euros pour les trois prochaines années, avec l’accent mis notamment sur le renforcement des moyens judiciaires.
Il est difficile de mesurer exactement l’évolution de la situation, puisque les différents confinements ont faussé les chiffres officiels. Mais elle reste « très préoccupante » selon le ministre de la Police, alors que par exemple près de 10 000 viols ont été enregistrés sur les trois derniers mois.
Et selon la société civile et les experts de l’ONU, les politiques du gouvernement sont bien trop lentes pour répondre à l’urgence de la crise : les affaires judiciaires prennent encore trop de temps avant d’être traitées, et les victimes peinent à obtenir une protection. Sans compter que les refuges qui pourraient temporairement les héberger manquent cruellement de financements.
Certaines organisations appellent par ailleurs à enclencher le dialogue avec les hommes du pays, pour pouvoir un jour observer un changement de comportements et de mentalités.
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES A L'EGARD DES FEMMES, SEDHIOU DANS LA DANCE
Des femmes ont remis vendredi au gouverneur de la région de Sédhiou (Sud) un mémorandum pour dénoncer la recrudescence des violences faites aux femmes et solliciter des pouvoirs publics l’accès aux services de santé et une autonomie décisionnelle.
Sédhiou, 26 nov (APS) - Des femmes ont remis vendredi au gouverneur de la région de Sédhiou (Sud) un mémorandum pour dénoncer la recrudescence des violences faites aux femmes et solliciter des pouvoirs publics l’accès aux services de santé et une autonomie décisionnelle.
Elle ont produit leur mémorandum, dans le cadre de la célébration de la semaine internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Dans le cadre du le projet ’’être femme’’, ces femmes ont mené une caravane de sensibilisation pour un changement de comportement face à ces pratiques et la santé sexuelle et reproductive.
Au terme de leur caravane, elles ont remis un cahier de doléances au gouverneur Papa Demba Diallo. Parmi ces revendications figurent des points phares, notamment l’accès aux soins de santé, le renforcement des équipements des structures sanitaires (lits d’hospitalisation, échographie et radio).
De plus, elles ont sollicité une ambulance pour chaque poste de santé des différents départements, la séparation des toilettes entre filles et garçons dans les établissements scolaires et l’implication des femmes dans la prise de décision.
PAR Maimouna Astou Yade
LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE RESTE TRÈS CONSERVATRICE
Derrière le débat en cours sur l’avortement médicalisé, c’est tout le conservatisme de la société sénégalaise qui se trouve questionné. Un immobilisme hérité de la période coloniale et qu’il appartient à tous les citoyens de bousculer enfin
Jeune Afrique |
Maimouna Astou Yade |
Publication 26/11/2021
Au Sénégal, la question des droits des femmes a traversé toutes les générations militantes, de 1960 à nos jours.
Les premières militantes féministes ont vécu à une époque où déconstruire l’idéologie patriarcale était considéré comme un aveu d’opposition aux religions et aux cultures locales. Les défis pour les femmes de cette époque étaient énormes, car les sociétés africaines venaient de sortir d’un colonialisme qui avait affecté lourdement les attitudes et les comportements des hommes et des femmes.
En tant que jeunes féministes et africaines, nous pensons que l’impact de la colonisation sur les hommes africains fait partie des champs d’études encore peu explorés, mais qui, bien référencés, pourraient servir à renforcer le plaidoyer en faveur des droits fondamentaux des femmes et des filles. Car il y a un paradoxe : beaucoup, en Afrique, ont tendance à estimer que les revendications féministes sont inspirées par l’Occident, mais au temps de la colonisation, le modèle imposé par les colons occidentaux était patriarcal.
Des chercheuses, poètes, journalistes, sociologues, pionnières du féminisme sénégalais telles que Fatou Sow, Awa Thiam, Marie-Angélique Savané ou Mariama Bâ sont revenues sur le modèle social africain qui a été matrilinéaire. Une forme d’organisation sociale qui n’opprimait pas les femmes, ni les hommes d’ailleurs, un modèle social équilibré et propre aux peuples africains.
Les femmes sénégalaises militantes ont capitalisé plus de soixante ans de lutte pour l’élimination des violences dont les femmes et les filles sont victimes. Notre pays a persévéré et évolué de revendication en revendication, et ce dans tous les domaines de la vie. Bien que le code sénégalais de la famille reste encore très discriminatoire, il faut reconnaître aux militantes pionnières le mérite d’avoir porté, en 1972, la voix des femmes dans le processus d’adoption du nouveau code, une dynamique qui avait opposé plusieurs groupes sociaux et religieux à cette époque.
QUEL RÔLE POUR LES MÉDIAS DANS LA PERCEPTION DE LA PLACE DES FEMMES DANS LA SOCIÉTÉ SENEGALAISE ?
Le Think tank Wathi et l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) posent le débat à travers une table ronde virtuelle prévue ce 25 novembre
Le Think tank Wathi et l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) posent le débat à travers une table ronde virtuelle prévue ce 25 novembre, coïncidant avec le démarrage de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes.
Autour de Mme Eugénie Rokhaya Ndiaye Aw, ancienne directrice du CESTI, les panélistes évoqueront le rôle des médias sur l’égalité des sexes et les droits des femmes au Sénégal. Dans un communiqué parvenu à SenePlus, Wathi rappelle que les femmes ont toujours occupé une place importante dans la société sénégalaise mais qu’une certaine perception de cette place est souvent est à l’origine de plusieurs inégalités. Pour les combattre, le Think tank estime nécessaire d’aller vers une revalorisation du rôle de la femme dans la société́, comme citoyenne et actrice du développement. Les médias, dans ce sens, sont des acteurs incontournables.
En tant que « quatrième pouvoir », quel rôle (les médias) doivent-ils jouer dans cette perception et revalorisation de la place des femmes dans notre société ? Cette table ronde virtuelle, sur le thème : « Égalité des sexes et droits des femmes au Sénégal : rôle des médias », s’insère dans le cadre du projet dénommé « Débats citoyens sur la participation des femmes à la vie politique, économique et sociale au Sénégal ». Elle a pour objectif de faire ressortir des connaissances, des idées, des options de changement politique, des pistes d'actions collectives et individuelles ; de donner aux journalistes, acteurs des médias et organisations de femmes l’occasion de proposer de nouvelles pistes d’actions à mettre en œuvre pour réduire considérablement les inégalités hommes femmes; de sensibiliser les médias sur la perception de la place des femmes dans la société pour donner une place particulière dans leurs programmes et interventions aux questions d’inégalités entre hommes et femmes et au dialogue pour améliorer le bien-être des filles et des femmes.
Pour rappel, le Think tank citoyen Wathi offre un cadre de réflexion et d’action collective pour changer les trajectoires nationales ouest-africaines, en mettant à la disposition de tous un cadre permanent permettant de participer à la production et l’échange de connaissances et d’idées, et de contribuer à la consolidation des États, des institutions et des sociétés d’Afrique de l’Ouest, et à ceux du continent africain. Le projet “Débats citoyens sur la participation des femmes à la vie politique, économique et sociale au Sénégal” est mis en œuvre donc dans l’optique de participer au positionnement du genre dans la dimension politique, sociale et économique au Sénégal à travers des débats citoyens. L’objectif est de faire entendre la voix des femmes sur la question des inégalités en promouvant activement l’inclusion des femmes dans les débats sur les inégalités à travers une série d’entretiens et une communication digitale ciblée et dans les médias locaux.