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27 février 2025
International
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SELLY BA DÉCRYPTE LES ENJEUX DU GENRE
La sociologue dresse un constat sans concession sur la place des femmes au Sénégal. Entre sous-représentation, nécessité de réformes et insécurité des acquis, son éclairage replonge le débat au cœur de l'actualité
La sociologue Selly Ba, spécialiste des questions de genre, était l'invitée phare de l'émission dominicale "Objection" sur les ondes de Sud FM ce 28 avril 2024. Pédagogue, elle a livré une analyse éclairante sur le féminisme, le concept de genre, leur importance dans l'élaboration des politiques publiques et les défis à relever.
Dans un Sénégal en pleine mutation, l'experte a insisté sur la nécessité d'intégrer l'approche genre pour capter les besoins spécifiques des différents groupes. Un impératif aujourd'hui exigé par les bailleurs pour des politiques inclusives et efficaces.
Décodant les données de l'OFNAC 2022 qui révèlent un faible taux de plaintes féminines, Mme Ba pointe un frein socio-culturel à l'accès des femmes à la justice, malgré les avancées institutionnelles.
La sous-représentation féminine dans les sphères décisionnelles et forces de sécurité a également été pointée du doigt. Un défi de taille pour un pays qui peine encore à valoriser le leadership des femmes dans l'espace public.
Au-delà des acquis, la spécialiste alerte sur les régressions possibles et prône des réformes juridiques pour sécuriser les droits durablement acquis. La territorialisation des politiques publiques en tenant compte du genre est également un chantier crucial.
Enfin, Selly Ba appelle à une clarification du rôle de la nouvelle structure des Affaires religieuses pour mieux organiser ce secteur et relever les défis liés à l'encadrement des cérémonies et lieux de culte.
par Jean-Hervé Jézéquel
UN SÉISME SÉNÉGALAIS, DES RÉPILIQUES OUEST-AFRICAINES
Dans cette région polarisée, l’élection de Diomaye ouvre la perspective d’une troisième voie. La région en quête de nouveaux modèles suivra la manière dont ce pouvoir saura ou non incarner un changement désiré partout ailleurs
Il y a encore quelques semaines l’Afrique de l’Ouest, en particulier les pays de la zone francophone, semblait engluée dans l’opposition entre deux styles de régime politique. D’un côté, des systèmes à façade démocratique dirigés par des élites vieillissantes ayant capturé durablement le pouvoir et souvent incapables de répondre au profond désir de changement des nouvelles générations. De l’autre côté, des régimes militaires imposés à l’issue de putschs peu sanglants ayant largement – mais pas entièrement – balayées les anciennes élites dirigeantes. Ces nouveaux dirigeants militaires ont suscité un vent d‘espoir assez inédit auprès d’une partie des populations, leur bilan est pourtant jusqu’ici assez maigre. L’aura dont ils bénéficient pourrait s‘effriter d’autant que ces pouvoirs s’engagent volontiers dans une répression brutale de toute opposition.
Deux impasses, une troisième voie
Le fossé entre ces deux types de régime, démocraties usées d’un côté et autoritarismes militaires de l’autre, s’est élargi ces derniers mois. En aout 2023, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a brandi la menace d‘une intervention armée pour faire entendre raison aux putschistes qui venaient de renverser le président Mohamed Bazoum à Niamey. La Cedeao n’a finalement pas osé traduire ses menaces en actes mais, en réaction, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont créé en septembre, leur propre union des « régimes kaki », l’Alliance des États du Sahel (AES). En janvier 2024, ils ont unilatéralement et simultanément annoncé leur retrait « sans délai » de la Cedeao.
Dans cette région polarisée, où les systèmes politiques oscillent entre Charybde et Scylla, l’élection du président Bassirou Diomaye Faye au Sénégal ouvre la perspective presque inespérée d’une troisième voie. Après avoir frôlé un ultime et dangereux déraillement en janvier, la démocratie sénégalaise a non seulement résisté, mais également démontré qu’un processus électoral libre, aux résultats que nul ne songe aujourd’hui contester, peut répondre à la profonde aspiration au changement.
Lors de l’investiture du président Diomaye Faye, le 2 avril 2024, la salle a certes applaudi les représentants des régimes militaires et largement boudé les représentants des autres pays ouest-africains. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : l’élection de Diomaye Faye renvoie dos à dos les deux impasses que sont les démocraties usées et les autoritarismes militaires. Elle indique une troisième voie dans laquelle une démocratie peut incarner le changement à condition de s’appuyer sur une mobilisation forte des citoyens sur l’espace civique, des institutions politiques consolidées et surtout un processus électoral véritablement libre et transparent.
Tout reste encore à faire
Évidemment, cette troisième voie n’est encore qu’un espoir. Pouvoir rajeuni ne rime pas forcément avec progressisme systémique comme l’atteste la composition d‘un gouvernement sénégalais qui compte fort peu de femmes. Le chemin du changement est également semé d’embûches et l’échec reste possible. Après avoir fait d’aussi nombreuses promesses à la jeunesse, le désenchantement serait alors terrible. Tout reste encore à faire pour le nouveau président, son premier ministre et leur premier gouvernement. Les sénégalais auront sans nul doute les yeux braqués sur eux.
Au-delà, c’est toute la région en quête de nouveaux modèles qui suivra la manière dont ce pouvoir issu des urnes saura ou non incarner un changement désiré partout ailleurs. Les dossiers de dimension nationale ou régionale sont nombreux sur le bureau du nouveau président : lutte effective contre la corruption, partage des ressources et rénovation du lien avec les citoyens, sortie du franc CFA et adoption d‘une nouvelle monnaie, recomposition des partenariats, etc. Il y aura, à n’en pas douter, des moments difficiles et des choix tendus.
La gestion délicate de la crise provoquée par le retrait des pays de l’AES de la Cedeao est l’un des premiers grands dossiers sur lequel la diplomatie sénégalaise est attendue. Le président Diomaye Faye a déjà annoncé son ambition de jouer les médiateurs pour ramener les trois pays sahéliens dans le giron de la Cedeao. Une organisation régionale qu’il faudra sans doute également réformer pour qu’elle fonctionne et reflète mieux les aspirations des citoyens ouest-africains. Après plusieurs mois de confrontation entre la Cédéao et l’AES, c’est un positionnement habile qui, s’il réussit, donnera toute son importance à la diplomatie sénégalaise à un moment clé de l’histoire de la sous-région.
Des gagnants et des perdants
Dans les mois à venir, les partenaires internationaux du Sénégal ne devront pas se tromper non plus : le changement n’est pas simple, il aura ses gagnants et ses perdants. Il s’accompagnera d’une bonne dose d’incertitudes. De trop nombreux partenaires ont privilégié ces dernières années l’impératif de sécurité et de stabilité dans une région en soif de renouvellement. Cela les a souvent conduits à préserver des ordres politiques pourtant honnis et, dès lors, à subir une grande partie du discrédit qui frappait ces régimes. La perspective d’une troisième voie devrait aussi inspirer ces partenaires internationaux à adopter de nouvelles approches au Sénégal et dans le reste de la région, des approches qui ne conçoivent plus le Sahel et plus largement l’Afrique de l’Ouest comme une litanie de risques, mais comme une série d’opportunités.
Même si le futur de la sous-région reste incertain, la bouffée d’espoir offerte par la démocratie sénégalaise reste particulièrement bienvenue. Dans la région, les occasions de se réjouir des dynamiques politiques ont été plutôt rares ces dernières années.
Jean-Hervé Jézéquel est directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group (ICG).
LE BURKINA CLASSÉ 1ER À L’INDICE GLOBAL DU TERRORISME 2023
Au cours des 13 années couvertes par le GTI, c’est la 1ère fois qu’un pays autre que l’Afghanistan ou l’Irak arrive en tête de l’indice, rapporte le journaliste spécialisé des questions de Jihadisme dans le Sahel, Abdou Khadre Cissé.
Selon l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), le Burkina est désormais classé premier sur l’indice global du terrorisme en 2023. Au cours des 13 années couvertes par le GTI, c’est la 1ère fois qu’un pays autre que l’Afghanistan ou l’Irak arrive en tête de l’indice, rapporte le journaliste spécialisé des questions de Jihadisme dans le Sahel, Abdou Khadre Cissé.
D’après le même rapport, près de 2 000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes au Burkina Faso lors de 258 incidents, ce qui représente près d’un quart de tous les décès terroristes dans le monde, indique notre confrère.
Il ajoute qu’au Burkina, en 2023, les décès dus au terrorisme ont augmenté de 68%, même si les attaques ont diminué de 17%.
A noter aussi que l’épicentre du terrorisme s’est désormais définitivement déplacé du Moyen-Orient vers la région centrale du Sahel, en Afrique subsaharienne. Il y a eu un peu moins de quatre mille morts du terrorisme au Sahel en 2023, soit 47 pour cent du total.
Le Burkina, le Mali et le Niger représentent la plupart des décès dus au terrorisme dans la région, souligne Abdou Khadr Cissé.
par Lamine Niang
CE FAUX DÉBAT SUR L’APPEL À CANDIDATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée. Le nouvel élu, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal ne souffre d’aucun doute
Depuis la sortie de la liste des premiers nommés aux postes directions générales, le débat sur l’appel à candidatures, délibérément nourri par une certaine presse et quelques analystes politiques, tente d’édulcorer l’audace et la perspicacité de ce nouveau régime. C’est pourtant dans un français limpide et accessible qu’il est écrit dans le programme politique présenté aux Sénégalais que l’appel à candidature sera consacré à « certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic ». Qu’est-ce que qui explique alors tout ce tintamarre inutile si ce n’est de tenter insidieusement de ternir l’image d’un pouvoir politique qui a commencé son magistère de fort belle manière en marquant positivement les esprits? Jusqu’ici, rien de ce qui a été promis n’a encore trahi. Bien au contraire, des actes fort courageux ont été posés et des décisions significatives prises depuis l’installation au pouvoir du duo Diomaye-Sonko.
Entre le choix risqué, à des fins d’efficacité et de rationalisation des dépenses, d’un gouvernement réduit et concentré alors que les enjeux de chaque sous-entité ministérielle sont énormes, l’instruction donnée à l’OFNAC de publier les rapports d’enquête de ces dernières années, ce qui met à la face du monde l’ampleur de la gabegie du régime sortant, et la mise en place prochaine d’un « plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère» dans un contexte économique extrêmement fragile, une certaine presse préfère plutôt s’époumoner volontairement sur ce qui serait faussement une «promesse non tenue.»
Faites un tour dans quelques pays occidentaux, en France ou aux États-Unis par exemple, vous remarquerez aisément que leurs présidents respectifs s’entourent de ministres, de directeurs généraux et même de juges proches de leur idéologie politique à défaut d’être des militants connus et encartés de leur parti politique. C’est le fonctionnement classique de la gouvernance d’un parti ou d’une coalition de partis qui accède au pouvoir par le truchement d’un appareil politique. Et c’est ainsi depuis la nuit des temps dans toutes les grandes démocraties. Un gouvernement républicain ou démocrate puise en priorité dans le bassin de ses profils de candidats qui épousent sa vision et partage ses valeurs lorsque ces derniers remplissent les conditions de compétence professionnelle et de probité morale.
L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée et dépolitisée. Ceux qui sont élus au pouvoir l’ont été très souvent à la suite de longues luttes politiques acharnées et éprouvantes. Le pouvoir ne se donne pas sur plateau d’argent et ce n’est point l’exposition dithyrambique d’un portfolio professionnel qui fait davantage foi aux yeux de l’électeur. Par conséquent, le nouvel élu à la tête d’un pays, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal politique ne souffre d’aucun doute. En effet, la gestion d’un pays n’est pas un long fleuve tranquille et la lune de miel avec l’opinion publique dure souvent le temps d’une rose. En dehors des défis socioéconomiques mondiaux sur lesquels nos jeunes États n’ont aucune emprise, l’opposition politique locale et les groupes de pression internes veillent au grain et attendent les moindres ratés ou manquements à venir, par ailleurs inévitables, pour monter au créneau et donner un écho à ce qui ne fonctionne pas. Ce sera aux responsables politiques qui ont croient au PROJET et qui l’ont défendu contre vents et marrées de leur apporter la réplique nécessaire. Tout part et revient à la politique…
De plus, pour qui connait moindrement l’organisation interne de Pastef et les individualités qui s’y meuvent, c’est un parti politique qui regorge de personnes compétentes dont les meilleures ne sont même pas connues du grand public. Plus important encore, ce sont des profils animés d’une volonté insatiable de montrer de quoi ils sont capables après toutes ces années passées à critiquer et à montrer les limites de la gestion de Macky Sall.
Cela fait exactement un mois que le duo Diomaye-Sonko est installé au pouvoir, héritant d’un pays économiquement en lambeaux et d’un personnel du système de Macky qui occupe jusqu’ici les plus hautes fonctions de l’État. Le coup de balai sera inévitable et le remplacement se fera avec des hommes et des femmes à l’image du président majoritairement élu par 54,28% des électeurs.
Le vrai bilan est attendu en 2029 et les électeurs jugeront de nouveau.
UN NOUVEAU MASSACRE IMPUTÉ À L'ARMÉE AU BURKINA FASO
"Les soldats voulaient s'assurer qu'il n'y avait pas de survivants, parce qu'avant de partir ils ont tiré plusieurs fois sur des personnes qui étaient déjà à terre", rapporte un jeune homme de 25 ans, seul survivant d'une famille de 17 personnes selon HRW
(SenePlus) - Au moins 223 civils, dont 56 enfants, ont été exécutés le 25 février dans les villages de Nodin et Soro, dans le nord du Burkina Faso, par leur propre armée selon un rapport de Human Rights Watch (HRW). Cité par Le Monde, l'ONG a recueilli les témoignages glaçants de 14 rescapés de cette tuerie, l'une des pires depuis le début de l'insurrection djihadiste en 2015.
D'après les survivants, des soldats burkinabè ont ordonné aux villageois de sortir de leurs maisons avant de les regrouper par sexe et âge, puis de tirer sur eux à bout portant, "achevant ceux qui étaient encore vivants". Une femme de 32 ans raconte avoir vu "des morts tomber sur elle" après que les militaires aient ouvert le feu sans sommation en les traitant de "terroristes".
"Les soldats voulaient s'assurer qu'il n'y avait pas de survivants, parce qu'avant de partir ils ont tiré plusieurs fois sur des personnes qui étaient déjà à terre", rapporte un jeune homme de 25 ans, seul survivant d'une famille de 17 personnes selon HRW.
Pour enterrer les 223 victimes, les villageois ont dû creuser 11 fosses communes, certaines réservées aux femmes, d'autres aux enfants. "Dans la quatrième, nous avons mis des enfants de 6, 7 et 8 ans", témoigne un résident âgé de 23 ans.
Malgré l'ouverture d'une enquête par la justice, aucune conclusion n'a été rendue publique à ce jour. C'est le silence officiel, comme pour les autres massacres présumés de civils par l'armée ces derniers mois, pointe Le Monde.
Le ministre burkinabè de la Sécurité a même salué "le professionnalisme" de ses troupes quelques jours après ce drame, officialisant la nouvelle "stratégie antiterroriste de rupture" du régime militaire.
Mais cette politique sécuritaire n'a fait qu'attiser un cycle de violences meurtrier. Depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Traoré en septembre 2022, au moins 7000 personnes ont été tuées selon l'ONG Acled.
Face à cette situation tragique, une partie de la société civile tente encore de se faire entendre, au péril de sa liberté. Un blogueur relayant l'insécurité dans l'Est a ainsi été enlevé fin avril, comme d'autres voix critiques arrêtées ou portées disparues par le régime ces derniers mois.
par Par Oumar Dia
L’HOLOCAUSTE DES PALESTINIEN.N.E.S, LA BARBARIE OCCIDENTALE ET SON AVATAR ISRAÉLIEN
Depuis 1492, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s
L’objectif de ce texte est de montrer qu’au moins depuis 1492, année de la prétendue « découverte » de l’Amérique par l’Europe blanche, de l’expulsion des Juifs et des Arabes d’Espagne, du début de la domination et de l’extermination de l’humanité non-européenne, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s. On m’objectera à juste raison : quel rapport avec l’holocauste en cours en Palestine perpétré par un peuple qui fut lui-même une très grande victime de la barbarie occidentale ? Si a priori l’évocation de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident semble sans rapport avec l’holocauste des Palestinien.n.e.s, un examen attentif de son mode de déploiement et de ses différentes formes d’adaptation montre qu’il en est tout autrement.
Depuis 1492, l’ordre du monde est rythmé par une domination occidentale privilégiant les Blanc.he.s comme personnes à part entière et réduisant les non-Blanc.he.s au statut de sous-humain.e.s, voire de non-humain.e.s. Sur le plan moral, le fondement de ce système de domination occidentale consacrant, selon l’expression de Charles Mills, la suprématie blanche sur tous les autres peuples est à trouver dans cette sorte de conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs selon laquelle tou.t.e.s les humain.e.s ne se valent pas. C’est cette conscience morale à double standard qui a été transposée aujourd’hui de façon décomplexée dans le cadre de l’extermination des Palestinien.n.e.s par les Israélien.ne.s. Par exemple, pour Israël et ses soutiens occidentaux, la liberté d’un.e. otage palestinien.ne ne vaut pas celle d’un.e otage israélien.ne. Et la vie d’un.e palestinien.ne ne vaut pas non plus celle d’un.e israélien.ne. Fondant leurs actions et leurs pratiques sur une sorte de contrat racial pour parler comme Charles Mills et qui privilégierait les Blanc.he.s et les Juifs blanchis en échange d’une absolution de l’Europe de sa responsabilité dans l’Holocauste des Juifs, l’Occident d’abord, puis Israël européanisé se sont criminellement attribués le droit de perpétrer sur des non-Blanc.he.s des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ce droit criminel, qui était détenu exclusivement par l’Occident depuis 1492, a été étendu en 1948 à Israël à l’occasion de sa création marquée par l’une des réécritures les plus significatives du Contrat racial. Bref, pour se racheter de l’Holocauste des Juifs commis non pas dans des contrées extra-européennes et sur d’autres peuples comme les précédents holocaustes mais sur des citoyen.ne.s européens même s’ils étaient traités en inférieurs, l’Occident a tout simplement passé un marché tacite mais cynique avec Israël qu’il a européanisé et dont il a blanchi les citoyens.ne.s. Devenu ainsi membre à part entière du camp des barbares et profitant de l’extension du contrat racial aux Juifs devenus ainsi des Blanc.he.s naturellement privilégiés, Israël acquit le droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des Palestinien.n.e.s réduit.e.s à l’état de peuple colonisé. Mais pour prouver le lien entre l’holocauste des Palestinien.e.s par Israël et ceux de 1492 à 1948 par l’Occident, faisons un détour historique par les grands moments de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-européens.
1492 est, avons-nous rappelé, le point de départ historique de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-Blancs. Fondée, comme l’écrit à juste raison Susan Opotow dans Moral, Exclusion and injustice, sur une moralité de l’exclusion où certains individus ou groupes sont perçus comme étant à l’extérieur des limites dans lesquelles les valeurs morales, les règles et les considérations d’équité sont appliquées, l’idée clairement eurocentriste et fausse d’une « découverte de l’Amérique » par l’Europe ne pouvait donner lieu dans son incarnation historico-politique qu’aux pires génocides et aux pires holocaustes sur les populations non-européennes trouvées ou transportées sur place. Réduite, conformément à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs au statut de sous-personnes, la population autochtone des Amériques allait être massacrée par les envahisseurs blancs à 95%. Le nombre de victimes de ce premier et plus grand holocauste (cf. David Stannard, American Holocaust) de l’histoire de la barbarie occidentale extra-européenne est estimé par certains à près de cent (100) millions de victimes. Après avoir complètement décimé la population autochtone des Amériques, l’Occident barbare institua la traite transatlantique en esclavagisant des Africain.e.s déporté.e.s de leur terre natale à destination de l’Amérique où des Blanc.he.s naturellement privilégié.e.s avaient besoin d’esclaves à leur service. Le bilan de l’esclavagisation des Africain.e.s, qui peut être considéré comme un holocauste au ralenti comparé à celui dont les populations autochtones d’Amérique avaient été préalablement victimes, est estimé entre trente (30) et soixante (60) millions de victimes. À ces deux plus grands holocaustes qui n’avaient posé aucun problème à la conscience morale blanche à double standard, il faut ajouter les dix (10) millions de morts du colonialisme belge au Congo, l’extermination presque complète des Aborigènes en Australie et des Bochimans en Amérique du Sud, le demi-million de morts du massacre colonial français en Algérie, etc. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne en vigueur depuis 1492, tous ces holocaustes avaient été perpétrés ailleurs que dans le périmètre auto-désigné de la civilisation, à savoir l’Europe. Ce qui les faisait passer pour normaux auprès des membres de la race supérieure à savoir les Blanc.he.s. Pour justifier ces abominables holocaustes, les Blanc.he.s privilégié.e.s qui en vivaient et en tiraient profit avançaient comme raison la prétendue non-humanité des peuples qui en avaient été les victimes ; présentées comme des « vermines » ou des « bestioles » dont il était de leur devoir « moral » de les éradiquer. C’est la même logique qui allait prévaloir lors du génocide des Juifs d’Europe traités, comme les Autochtones d’Amérique et les Africain.e.s esclavagisé.e.s, de sous-humains ou de non-humains pendant une très longue période par une Europe blanche raciste et antisémite. Nous savons que pendant la deuxième guerre mondiale, six (6) millions de Juifs avaient été exterminés dans les camps et ghettos d’Europe (et non hors d’Europe) ainsi que des millions de membres d’autres races « inférieures » comme les Roms, les Slaves, etc. Mais la particularité de l’Holocauste des Juifs par rapport aux holocaustes antérieurs, c’est que pour la première fois depuis 1492, la barbarie européenne était exercée en Europe même. Si l’Holocauste des Juifs par ce qui était jusqu’alors la « blanchité » est incontestable et n’est donc pas à minimiser, c’est à tort qu’il est régulièrement présenté par les bourreaux des Juifs eux-mêmes réécrivant le contrat racial comme le plus grand, voire l’unique holocauste de l’histoire. Quand, à son sujet, l’historien américain Arnaud Mayer s’interroge en écrivant Why did the Heavens not darken ? (Pourquoi les cieux ne se sont pas assombris ?), il fait très clairement un choix sélectif et discriminatoire. Une telle interrogation, sélective et discriminatoire, trahit ce que Charles Mills décrit comme un « eurocentrisme climatique qui ne reconnaît pas que le ciel ne souriait jusque-là qu’à la seule Europe ». Le caractère sélectif et discriminatoire de l’approche de Mayer dans sa hiérarchisation inversée des holocaustes perpétrés par l’Europe blanche est attesté par ces propos extraits de son ouvrage Why did the Heavens not darken ? dans lesquels il déclare : « Le malheur qui frappa les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale semble, à première vue, unique dans son époque et sans précédent dans l’histoire. On est porté à croire que ce malheur fut si extraordinaire et si atroce qu’il dépasse complètement les bornes de toute autre expérience humaine. S’il en est ainsi, il ne sera jamais possible aux historiens de le reconstituer et de l’interpréter, encore moins de le comprendre ». Ces propos de Mayer ne constituent pas seulement une inversion de la hiérarchie des différents holocaustes mais trahissent également une amnésie blanche quant au véritable bilan de la barbarie européenne sur des non-Blanc.he.s. L’amnésie manifestement délibérée de Mayer va d’ailleurs jusqu’à l’amener à se poser la question de savoir comment il peut y avoir de la poésie après Auschwitz. Cette question, liée au projet post-1945 de réécriture du Contrat racial qui excluait jusque-là les Juifs du système de privilèges de la blanchité et du droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est clairement discriminatoire en ce qu’elle fait l’impasse sur d’autres holocaustes pourtant pires que la Shoah. Pour les descendants de tels holocaustes, l’autre question qui ne peut pas ne pas être posée d’après Charles Mills et que Mayer semble délibérément ignorer dans sa démarche discriminatoire est : « comment a-t-il pu y avoir de la poésie avant Auschwitz, après les charniers en Amérique, en Afrique, en Asie, etc. ? » A cette question légitime des descendants des victimes des pires holocaustes de l’histoire, d’éventuels rescapés du génocide des Palestinien.n.e.s ajouteront probablement celle-ci : comment peut-il continuer à y avoir de la poésie après la « solution finale » de Netanyahu à Gaza ?
Liée à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs et/ou des Juifs blanchis, la question discriminatoire de Mayer de savoir s’il n’était pas indécent de s’adonner à de la poésie après Auschwitz visait en réalité un double objectif : d’une part, absoudre l’Occident de sa culpabilité totale dans l’Holocauste des Juifs d’Europe et d’autre part européaniser Israël en blanchissant ses citoyen.ne.s. Une telle lecture peut être confortée par les déclarations de Netanyahu de 2016 dans lesquels il affirmait que Hitler n’avait pas l’intention d’exterminer les Juifs d’Europe et que l’idée lui avait été plutôt suggérée par le Mufti de Jérusalem. S’il faut concéder à Mayer que compte-tenu de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident vis-à-vis de tout ce qui ne lui ressemble pas, le « judéocide » n’était pas quelque chose de fortuit, c’est-à-dire une anomalie dans le développement de la blanchité, il y a lieu de lui opposer que sa présentation comme unique en son genre obéit à une raison cachée, inavouée et inavouable : l’emploi du contrat racial envers des Européens (même de seconde zone) et de surcroît sur le sol européen. S’il est hors de question de diminuer l’horreur de l’Holocauste des Juifs ou de le relativiser, on ne peut pas, par contre, en toute honnêteté adhérer à l’idée de son caractère prétendument singulier. L’Holocauste des Juifs est certes un des maux absolus dont les Humain.e.s ont été capables mais il faut reconnaître que son identité conceptuelle ne se distingue pas de tous les autres holocaustes perpétrés par l’Occident raciste et antisémite depuis 1492. Elle est intrinsèquement liée à ces derniers, tout comme à celui que mène aujourd’hui Netanyahu en Palestine.
Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire écrivait d’ailleurs à propos de l’amnésie blanche découlant du double standard implicite de l’« indignation » européenne face au nazisme : « C’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on (les Européens) en a été le complice : que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absout, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce-que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non-européens (…) Le crime d’Hitler est d’avoir appliqué à l’Europe des procédures colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».
C’est probablement la conscience que la barbarie extra-européenne, qui est l’une des identités les plus fortes de l’Occident, s’était pour une fois produite du fait du nazisme sur le sol même de l’Europe auto-désignée comme l’espace par excellence de l’humanité qui a amené les européens à s’indigner du seul holocauste des Juifs, à le condamner et à le présenter malhonnêtement comme unique et sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Mais n’ayant au fond jamais renoncé au contrat racial qu’il a institué et qui privilégie les Blanc.he.s et tous ceux qu’il aura décidé de blanchir, il a passé une sorte de deal diabolique avec les descendants des victimes de la Shoah en soutenant la création d’Israël sur les terres palestiniennes et en blanchissant les Juifs. Avec cette conversion d’Israël à l’occidentalisme et à ses tares et des Juifs à la blanchité, nous avons assisté à l’avènement de nouveaux barbares en renfort de la barbarie occidentale en pratique depuis 1492. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne et donc coloniale de l’Occident qu’il a définitivement adopté, Israël a acquis par la force le droit de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des populations qui ne sont pas blanches : les populations palestiniennes. Donc, l’Holocauste des Palestinien.n.e.s n’est rien d’autre que le point paroxysmique de la colonisation israélienne depuis 1948 contre laquelle les victimes ont légitimement et naturellement opposé une résistance multiforme dans le cadre de leur lutte non moins multiforme de libération. Ce qui veut dire que le Hamas, comme toute autre organisation de la résistance palestinienne, n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement de résistance. Et comme l’enseignait Mandela qui avait créé la branche armée de l’ANC, c’est toujours l’oppresseur qui détermine la forme de résistance de l’opprimé. L’opprimé, quel que soit la forme de sa résistance, a droit à la solidarité et au soutien effectif des peuples anciennement opprimés. Nous savons que quand l’Occident barbare a voulu d’une Amérique sans ses Autochtones et d’une Australie sans ses Aborigènes, il a fini, au prix d’horribles holocaustes certes, par les obtenir. Converti à l’occidentalisme, Israël cherche également depuis 1948 à obtenir une Palestine sans les Palestinien.n.es et il est aujourd’hui sur le point de l’obtenir. Compte tenu du poids de l’histoire des quatre (4) derniers siècles où elle a été directement et tragiquement confrontée aux affres de la barbarie occidentale, l’Afrique ne peut pas se permettre le luxe de l’indifférence ou de la neutralité face à l’Holocauste des Palestinien.n.e.s. Pourquoi ? Parce que tout simplement le prochain grand chantier de la barbarie occidentale pourrait être de faire advenir, même au prix macabre d’une solution finale à la Netanyahu, une Afrique sans les Africains. Moralement et existentiellement donc, l’Afrique a l’obligation d’être du côté de la résistance multiforme des organisations de libération palestiniennes. L’Afrique du Sud, qui incarne dans ce cas et de la meilleure des façons l’honneur de l’humanité, en a déjà donné l’exemple. J’espère que le Sénégal ne va pas tarder à suivre cet exemple en mettant au moins immédiatement fin à ses relations diplomatiques avec Israël.
Oumar Dia est maître de conférences titulaire, Université Cheikh Anta Diop.
LES ÉTATS-UNIS ANNONCENT LE DÉBUT DES DISCUSSIONS SUR LE RETRAIT DE LEURS TROUPES DU NIGER
Ces discussions font suite à des pourparlers en cours depuis juillet 2023, au cours desquels les Etats-Unis n’ont pas pu parvenir à un accord avec la junte pour continuer leur coopération en matière de sécurité.
Les Etats-Unis annoncent des pourparlers à partir de jeudi 25 avril à Niamey avec des représentants du pouvoir militaire en vue d'un retrait organisé et responsable des troupes américaines du Niger.
L'ambassadrice des États-Unis au Niger, Kathleen FitzGibbon, ainsi que le major général Ken Ekman, directeur de la stratégie, de l'engagement et des programmes du Commandement des États-Unis pour l'Afrique, rencontrent ce jeudi à Niamey des représentants de la junte pour amorcer des discussions sur ce retrait, indique un communiqué du porte-parole du département d’Etat.
Poursuite des efforts de partenariat
Ces discussions font suite à des pourparlers en cours depuis juillet 2023, au cours desquels les Etats-Unis n’ont pas pu parvenir à un accord avec la junte pour continuer leur coopération en matière de sécurité. Néanmoins, les Etats-Unis se disent "fiers du sacrifice partagé des forces américaines et nigériennes, qui ont contribué efficacement à la stabilité dans le pays et la région."
Le retrait des troupes américaines se fera de manière ordonnée et responsable, et le gouvernement américain se dit ouvert à maintenir une forte relation bilatérale avec le Niger, affirme Washington.
Le communiqué ajoute que des responsables militaires américains "tiendront des réunions de suivi à Niamey au cours de la semaine du 29 avril pour coordonner et garantir un processus de retrait transparent dans le respect mutuel. M. Anderson est responsable du développement des forces interarmées au sein de l'état-major conjoint."
Par ailleurs, le secrétaire d'État adjoint Kurt M. Campbell se rendra à Niamey "dans les mois à venir pour discuter de la collaboration continue dans des domaines d'intérêt commun". Les États-Unis affirment qu'ils restent en effet attachés à une relation solide avec le Niger.
Washington "réaffirme son soutien au peuple nigérien dans sa lutte contre le terrorisme, son développement économique et sa transition vers un régime démocratique."
LE DAK'ART REPOUSSÉ
L'événement prévu en mai est finalement reporté à novembre prochain en raison de "la volonté des nouvelles autorités en charge du secteur de l'organiser dans des conditions optimales". Ce report était craint en raison de problèmes de financement
(SenePlus) - La 15ème édition de la prestigieuse Biennale de l'Art Africain Contemporain de Dakar, communément appelée Dak'Art, prévue initialement du 16 mai au 16 juin 2024 au Sénégal, a été reportée au 7 novembre au 7 décembre 2024, a annoncé le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ce jeudi 25 avril dans un communiqué.
Ce report, le deuxième seulement depuis la création de l'événement en 1992, était craint en raison de problèmes de financement, comme l'avaient révélé des sources proches du comité d'organisation à RFI. Seulement un tiers du budget de 1,5 milliard de francs CFA (environ 2 millions d'euros) alloué par l'État sénégalais aurait été versé, compromettant le bon acheminement des œuvres d'artistes du monde entier et l'organisation logistique deux mois seulement avant l'ouverture. "Sans ce budget, il est impossible de payer le transport des œuvres [...] ou encore de loger la soixantaine d'artistes", avait déclaré une source sous couvert d'anonymat.
La nouvelle ministre de la Culture du Sénégal, Khady Diène Gaye, héritant des dettes du précédent gouvernement, a dû trancher sur le maintien ou non de l'événement face à ce contexte financier incertain. Dans le communiqué, elle réaffirme néanmoins "l'engagement du gouvernement en faveur des arts et de la culture" et sa volonté "d'offrir une expérience artistique exceptionnelle".
Ce report de quelques mois permettra selon le ministère "d'organiser la Biennale dans des conditions optimales, à la hauteur de son envergure et de sa réputation de rendez-vous historique". Le thème "L'éveil, le sillage", la programmation des expositions officielles avec les États-Unis et le Cap-Vert comme pays à l'honneur, ainsi que la direction artistique de Salimata Diop sont maintenus.
DERRIÈRE LA VISITE DE CHARLES MICHEL À DAKAR, DES SOUPÇONS DE COURSE EN AVANT À BRUXELLES
Courses de vitesse, initiatives isolées, coordination déficiente : le voyage du président du Conseil européen au Sénégal révèle les failles de l'union européenne. Derrière la photo officielle se cachent des luttes feutrées
(SenePlus) - Le président du Conseil européen Charles Michel a effectué une visite à Dakar le 22 avril dernier où il a rencontré le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cependant, cette escapade au Sénégal a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes, selon plusieurs sources bruxelloises interrogées par le média en ligne Impact.sn.
En effet, on soupçonne à Bruxelles Charles Michel d'avoir voulu prendre de vitesse ses homologues européens en rencontrant en premier le chef d'Etat sénégalais fraichement élu, révèle une source proche du Conseil européen. D'autant plus que Charles Michel, qui ne se représentera pas aux élections européennes de juin, quittera ses fonctions dans quelques semaines. Certains y voient donc "une course de vitesse" ou un "empressement" suspect de sa part.
De plus, selon une source bruxelloise citée par Impact.sn, on peut même se demander si l'ambassade du Sénégal auprès de l'Union européenne était au courant de cette visite. Or, toute visite d'un dirigeant européen dans un Etat tiers devrait normalement être coordonnée avec les autres institutions de l'UE.
D'ailleurs, il est rappelé que c'est la Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, qui est l'interlocutrice sur les dossiers européens et non le Conseil. Or, Charles Michel a évoqué lors de sa rencontre avec Diomaye Faye la révision des accords de pêche UE-Sénégal, dossier sur lequel la Commission mènera les négociations.
Contactée par Impact.sn, la délégation de l'UE au Sénégal s'est contentée d'indiquer factuellement que cette visite s'inscrivait dans le cadre d'une tournée en Afrique de l'Ouest de Charles Michel.
Toujours selon les informations recueillies par le média sénégalais, Ursula von der Leyen, dont la reconduction à la tête de la Commission européenne est très probable, devrait prochainement se rendre elle aussi à Dakar pour discuter directement avec les nouvelles autorités sénégalaises des dossiers épineux dans les relations UE-Sénégal.
LE SORT PRÉOCCUPANT DE MOHAMED BAZOUM
Détenu arbitrairement par la junte, le président nigérien élu démocratiquement croupit dans des conditions précaires. Sa famille se bat seul pour obtenir sa libération, face à l'indifférence grandissante de la communauté internationale
(SenePlus) - Neuf mois après le coup d'État militaire du 26 juillet 2023 au Niger, le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum demeure toujours otage de la junte menée par le général Tiani, révèle une enquête parue mercredi 24 avril 2024 dans Le Figaro. Malgré les condamnations internationales et les efforts de sa famille et de ses avocats pour le faire libérer, sa détention arbitraire semble désormais acceptée par la communauté internationale.
Selon les informations recueillies par le journal français auprès de proches du président nigérien, Mohamed Bazoum et sa femme sont retenus dans des conditions précaires dans une aile de la résidence présidentielle. Privés de leur liberté et de moyens de communication, ils ne sont autorisés à recevoir que de brefs visites médicales. Pire, la junte les accuse depuis octobre d’une tentative d’évasion factice, révélant selon les proches du couple présidentiel "leur volonté de les salir un peu plus".
Autre inquiétude, l'arrivée récente de militaires russes soupçonnés d'espionnage et le rapprochement croissant entre la junte et Moscou. "C'est la preuve que la France n'est pas le seul pays rejeté par les putschistes", affirme un économiste togolais cité par l'enquête, soulignant "le vent de réjection des nations occidentales" soufflant sur le Sahel. Le 10 mai, Mohamed Bazoum pourrait même être condamné lors d'un procès politique orchestré par la junte.
Malgré les appels répétés de la CEDEAO à sa libération et la décision de sa Cour de justice l'ordonnant, la junte nigérienne fait la sourde oreille. Pis, l'organisation régionale africaine a levé certaines de ses sanctions contre le Niger fin février. "On ne peut pas compter sur elles", déplore un ancien ministre ivoirien, accusant "les organisations internationales d'abandonner Mohamed Bazoum".
Seule sa famille et les avocats qu'elle a mobilisés, dont des figures comme Reed Brody, continuent de se battre juridiquement. Mais après 9 mois de détention arbitraire, le sort du président nigérien élu démocratiquement semble avoir été oublié par la communauté internationale.