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29 novembre 2024
International
AMADOU OURY BAH NOMMÉ PREMIER MINISTRE EN GUINÉE
Le président de la transition guinéenne, le général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, a pris mardi un décret nommant Amadou Oury Bah, nouveau Premier ministre.
Dakar, 27 fev (APS) – Le président de la transition guinéenne, le général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, a pris mardi un décret nommant Amadou Oury Bah, nouveau Premier ministre.
‘’Monsieur Amadou Oury Bah, économiste, est nommé Premier ministre, chef du gouvernement’’, a déclaré la présidence guinéenne dans une annonce lue à télévision publique.
Amadou Oury Bah remplace Bernard Goumou, dont le gouvernement a été dissout il y a une semaine, le 19 février. Il devient ainsi le troisième chef de gouvernement de la transition guinéenne dirigée par le général de corps d’armée, Mamadi Douymbouya.
Plus connu sous le nom de Bah Oury, le nouveau chef du gouvernement guinéen est le président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (URDG).
Ancien ministre chargé de la Réconciliation nationale sous le règne de feu général Lansana Conté, il a étudié au Sénégal où, selon l’Agence guinéenne de presse, son père s’était exilé pour fuir le régime du président Sékou Touré.
Brillant élève, lauréat de plusieurs prix au concours général sénégalais, en Mathématiques, Philosophie, Histoire, le président Léopold Senghor lui octroie la nationalité sénégalaise et une bourse d’excellence qui lui permet d’intégrer le lycée français Louis-Le-Grand.
MALI, UN BUS PERD LE CONTRÔLE ET FAIT 31 MORTS
« Au moins 31 personnes ont été tuées et 10 autres blessées lorsqu’un chauffeur a perdu le contrôle d’un bus de passagers dans le sud du Mali mardi», a annoncé le gouvernement du pays.
« Au moins 31 personnes ont été tuées et 10 autres blessées lorsqu’un chauffeur a perdu le contrôle d’un bus de passagers dans le sud du Mali mardi», a annoncé le gouvernement du pays. Selon le communiqué du ministère malien de Transport terrestre publié sur la page X du gouvernement, le bus transportant des Maliens et des ressortissants de la sous-région ouest-africaine était en route pour le Burkina Faso.
« Le bilan provisoire est de 31 morts sur le coup et 10 blessés graves. L’accident s’est produit vers 17 h à Koumantou, au sud de Bamako. », Informe le communiqué en soulignant que les accidents impliquant des bus de transport public sont fréquents au Mali.
Le 19 février, au moins 15 personnes sont mortes et plus de 46 ont été blessées dans un accident de la circulation entre un bus de transport public et un camion dans le centre du Mali.
par Makhtar Diouf
DIEU EST MORT
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans son analyse de la mort de Dieu selon Hegel, Roger Garaudy développe l'idée que l'homme prend la place du divin, incarné dans la figure du président-dieu africain qui se prend pour une divinité absolue
C’est de la philosophie classique allemande que nous vient l’expression Dieu est mort (‘’Gott ist tot’’ en langue allemande). D’abord avec G.W. Hegel (Phénoménologie de l’esprit, 1807), puis avec F. Nietzsche (Le gai savoir, 1882).
Mais les deux philosophes n’en n’ont pas tout à fait la même conception. C’est celle de Hegel qui se rapporte davantage au texte présenté ici.
Philosophe de la mort de Dieu
En 1970, Roger Garaudy, Professeur de philosophie à l’université de Poitiers en France, 12 ans avant sa conversion à l’Islam, publie un ouvrage intitulé : dieu est mort. Il prend soin d’écrire tout en lettres minuscules : dieu est mort, par roger garaudy.
C’est principalement à Hegel que Garaudy consacre les 435 pages de son ouvrage. Dans le chapitre intitulé ‘’La méthode de Hegel’’, à la page 196, Garaudy écrit :
Cette méthode conduit à mettre l’homme à la place de Dieu …Dieu est mort en un double sens. D’abord parce que par la méthode spéculative hégélienne, l’homme a pris la place de Dieu. Mais plus profondément encore, à l’inverse du mysticisme de l’unité, pour créer le monde, Dieu doit mourir comme unité absolue.
A la page 232, Garaudy reprend :
Ce thème central : Dieu est mort, qui commande toutes les avenues de la pensée hégélienne oriente la dialectique du développement de la conscience de soi.
Mais le Dieu qui est mort, ce n’est pas le Dieu des religions monothéistes. Dieu ne meurt pas. Il ne dort ni ne somnole.
Le dieu qui meurt, c’est le dieu terrestre en chair et en os. C’est celui qui s’auto-décrète Dieu dans sa conscience jusqu’à finir par y croire.
Notre dieu terrestre autoproclamé peut être un artiste, un sportif, un politicien devenu président.
Dieu du spectacle
Lorsqu’il est artiste ou sportif, il a ses fans qui se conduisent à son égard comme des croyants, qui l’idolâtrent. Dans les télévisions occidentales, on voit de jeunes gens tomber en syncope à l’apparition physique de leur artiste de la chanson ou du cinéma. Au point que des journalistes parlent de ‘’monstre sacré’’, de ‘’dieu du stade’’.
Cependant, ce dieu du spectacle ou du sport n’est investi que d’un seul pouvoir, le pouvoir de séduction que lui confère son talent. Il ne dispose d’aucune force de coercition. Il est inoffensif. Il peut se montrer arrogant, vaniteux, mais il ne peut pas être méchant et n’a aucun intérêt à l’être.
Comme tout être humain, il ne peut échapper aux érosions physiques du temps sur son corps, les ‘’injures du temps’’, pour devenir une ‘’ancienne gloire’’, un ‘’has been’’ jusqu’à sa mort cliniquement constatée (arrêt cardio-respiratoire).
Dieu de la politique. Président-dieu
Le chef d’Etat qui se prend pour Dieu est une espèce non rare dans nos contrées d’Afrique. C’est le président-dieu, pris ici comme ‘’type idéal’’, comme cela se fait dans les sciences sociales.
Comme l’avait dit Hegel, il a pris la place de Dieu. Il se prend pour Dieu dont il pense avoir hérité des attributs. Il se considère comme une divinité incarnée en lui. Il exerce sur ceux qui pour lui sont ses sujets un pouvoir absolu. Le terme ‘’absolu’’ vient du latin absolutus qui signifie ‘’indépendant de’’, ‘’détaché de’’, ‘’autonome’’. Dans un régime sui se déclare républicain et démocratique, la Constitution ne lui confère qu’un seul pouvoir, l’exécutif. Mais il règne aussi sur les pouvoirs législatif et judiciaire. Il n’a de compte à rendre à personne, même s’il n’ose pas se proclamer Dieu publiquement dans une société de croyants.
Pourtant, ce président-dieu n’est pas le meilleur dans son pays, ni en piété (surtout pas), ni en caractère, ni en éducation, ni en politesse, ni en savoir. Il peut avoir été porté au pouvoir par le suffrage universel de façon régulière et transparente, ou par un coup d’Etat civil ou militaire. C’est véritablement lui qui a pris la place de Dieu Le Miséricordieux, mais dans une autre direction : artisan du mal, dictateur, autocrate, répressif, tyran.
Il dispose de l’appareil d’Etat dans ses deux dimensions : l’appareil idéologique d’Etat (radio, télévision, presse écrite), média-mensonge qui ne fonctionne que pour sa propagande, alors que propriété publique ; l’appareil d’Etat répressif (police, gendarmerie, prisons, magistrats aux ordres) qui ne fonctionne qu’à la violence, avec son lot de prisonniers politiques torturés, de pacifiques jeunes manifestants abattus par balles réelles, ensuite vilipendés terroristes.
Il est le président-dieu, convaincu qu’il a droit de vie et de mort sur ceux qui osent le contrarier. Et il ne s’en prive pas avec son escadron de tortionnaires et de tueurs.
Avec l’ampleur et la fréquence des catastrophes qui s’abattent sur son pays (incendies de quartiers et de marchés, feux de brousse, noyades, disparitions de navires de pêcheurs en mer, accidents de la route, effondrements de dalles de plafonds, crimes de toutes sortes, suicides …etc.) certains en arrivent à penser que le président-dieu est un aay gaaf (un porte- malheur, une poisse).
Le président-dieu est aussi un fieffé et invétéré menteur surtout vis-à-vis de la soi-disant communauté internationale (qui n’a aucun statut juridique, qui n’est qu’un club impérialiste entre les Etats-Unis et l’Union européenne, avec Israël, pour dominer le monde) où il couvre tous ses méfaits sous le voile de la ‘’légalité républicaine’’.
Mais la vérité s’impose toujours, comme en fait état ce proverbe africain : Le mensonge a beau se lever très tôt le matin, la vérité qui ne se lève qu’en début d’après-midi finit par le rattraper avant la tombée de la nuit.
Une autre tare du président-dieu : le respect de la parole donnée n’est jamais sa tasse de thé. Le Coran (61 : 2) l’interpelle et lui fait comprendre que le non-respect de la parole donnée est une abomination.
Bien entendu, le président-dieu se confond avec l’Etat, comme le roi de France Louis XIV qui aurait dit : L’Etat c’est moi.
Lorsqu’un contentieux l’oppose à un de ses sujets, le président-dieu, voulant se donner une figure de démocrate aux yeux de l’opinion extérieure, saisit sa justice et enrôle ‘’des avocats de l’Etat’’ payés sur l’argent public.
Ce qui relève de la supercherie. Un Etat se compose de quatre éléments : territoire, population, histoire avec sa culture, gouvernement. Le gouvernement vient en dernier, parce que les trois premiers peuvent exister sans gouvernement, alors que le gouvernement ne peut pas exister sans les trois premiers. L’avocat d’Etat n’a de sens que lorsque l’adversaire en procès est d’une autre nationalité.
Les personnes qui ont connu le président-dieu avant son accession au pouvoir sont déconcertées, décontenancées, médusées, abasourdies par son comportement, ses actes. Il leur est devenu méconnaissable. Elles arrivent à se demander si c’est le pouvoir qui l’a changé, ou bien si le pouvoir n’a fait que le révéler tel qu’il est.
Il se trouve qu’il a de qui tenir.
Machiavel et le président-dieu
Le penseur italien Nicolo Machiavel (1469 – 1527) est l’auteur du livre Il Principe (‘’Le Prince’’, 1513). C’est de la traduction anglaise de Daniel Donno The Prince (1981), 90 pages, que sont tirés ses propos présentés ici.
Machiavel donne des conseils au prince chef d’Etat. Il pose la question :
Est-il préférable d’être aimé ou d’être craint, ou bien l’inverse ?
Il conseille au prince une attitude de fermeté, mais qui n’attise pas la haine :
Le mieux est d’être aimé et craint en même temps ; mais comme les deux arrivent rarement ensemble, quiconque est obligé de choisir trouvera plus de sécurité à être craint qu’à être aimé (p.60).
Le prince doit tenir du lion la force et du renard la ruse (p.62).
Machiavel demande au prince de piétiner tout ce qui relève de la morale et de l’éthique en politique pour ne faire prévaloir que ce qu’on appelle aujourd’hui la raison d’Etat. Il ne doit pas se sentir obligé de tenir ses promesses :
Un prince sage ne peut pas et ne doit pas accomplir sa promesse lorsqu’elle est contraire à son intérêt, et que les raisons qui l’ont amené à faire la promesse à promettre n’existent plus (p.62).
Pour ne pas se compromettre, le prince doit déléguer ses tâches impopulaires sur un de ses proches collaborateurs, (p. 67), devant lui servir comme on dit aujourd’hui, de fusible.
Le prince doit démontrer qu’il aime le talent et ainsi récompenser ses sujets méritants… Il doit aussi veiller à amuser le peuple par des festivités, des spectacles (p. 79).
Dans les pays africains, c’est le football qui maintenant remplit ce rôle à merveille. Le président-dieu en fait son fonds de commerce politique pour divertir la jeunesse à qui sa politique qui n’est pas de développement n’arrive pas à procurer des emplois. Le président-dieu rivalise avec ses pairs africains sur les montants de primes accordées à leurs footballeurs et les salaires payés aux entraîneurs, les salaires les plus élevés payés sur le budget de l’Etat. Ce qui est une aberration dans un pays goorgorlou. La construction de complexes sportifs coûteux a priorité sur l’élimination définitive des écoles dites ‘’abris provisoires’’ qui étouffent, anéantissent de potentiels génies.
Un point auquel Machiavel accorde une grande importance est le choix des collaborateurs du prince :
Un point qui n’est pas de moindre importance pour le prince est le choix des ministres, car de leur compétence ou de leur incompétence dépendra sa capacité de juger… la première erreur qu’un dirigeant puisse commettre est dans le choix de ses ministres (p. 79 - 80).
Un autre point que Machiavel dit ne pas négliger est :
Ce fléau contre lequel le prince n’est pas protégé s’il n’est pas prudent ou s’il n’est pas bien conseillé : ce sont les flatteries dont les cours des princes sont encombrées (p. 81).
‘’Machiavélisme’’ est devenu synonyme de ‘’cynisme’’. Le Prince de Machiavel a été considéré par certains commentateurs comme un ‘’manuel républicain’’, par d’autres comme un ‘’manuel pour gangsters’’.
Même s’il n’a pas lu le livre Le Prince, c’est comme si Machi-avel est le conseiller du président- dieu (en langue italienne, le ch se prononce k).
Le président-dieu et son destin
La grande différence entre le président-dieu et les dieux du sport et du spectacle est que ces derniers ne meurent qu’une fois, de mort clinique.
Le président- dieu lui, meurt deux fois. Avant la mort clinique, il subit la mort politique, parfois brutalement, parfois après un long coma politique. Tout cela survient subitement, comme un orage dans un ciel serein, sans nuage, par temps ensoleillé. Le président-dieu se rend alors compte qu’il n’est pas puissant. Ses courtisans s’en rendent compte et s’activent dans la débandade, le sauve qui peut. Il n’était donc qu’un tigre en papier, pour parler comme Mao Zedong.
Le président-dieu n’est pas non plus sans rappeler la grenouille de La Fontaine, qui, de la taille d’un œuf, a voulu se faire aussi grosse que le bœuf et finit par éclater.
Il n’y a de puissance qu’en Dieu. Le Seul Unique Dieu qui intervient avec son kounn fa yakounn (‘’’Soit, et il est’’). Il interdit le chirk (lui associer quelqu’un ou quelque chose) qui est le péché le plus grave, impardonnable. Qui s’y frotte s’y pique.
Phiraona, le monarque de l’Egypte ancienne que relate le Coran, se proclamait Dieu. Il avait demandé à son chef de chantiers Hamann de lui construire une bâtisse dont la hauteur devait le mettre au niveau du Dieu de Moussa (Moise). Il n’a raconté à personne ce qui lui est arrivé.
Dieu ne meurt pas. Celui qui meurt, et meurt deux fois, c’est le président, chef d’Etat qui a voulu se prendre pour Dieu. Il ne tire aucune leçon de ce qui est arrivé à d’autres avant lui. Parce qu’il n’est pas du niveau d’intelligence que certains lui prêtent et dont il se réclame. Plutôt maître Aliboron.
LE DIALOGUE PROPOSE LA DATE DU 2 JUIN POUR LA PRÉSIDENTIELLE
Les participants proposent que Macky sall puisse gérer la période de transition jusqu’à l’installation de son successeur. "Il reste à voir comment, par quel mécanisme régler la question de la participation des candidats", indique Babacar Gaye
Les participants au dialogue national ont proposé à ce que le chef de l’Etat prenne un décret convoquant le corps électoral le 2 juin prochain pour la tenue de l’élection présidentielle initialement fixée au 25 février, a-t-on appris, mardi, de plusieurs membres de la commission chargée de faire de réfléchir sur le sujet.
‘’La commission date et gestion de la transition a, à la quasi-unanimité de ses membres, décidé de retenir la date du 2 juin. Il restera à voir comment par quel mécanisme il va falloir régler la question de la participation des candidats’’, a confirmé à l’APS, Babacar Gaye, un de ses membres.
L’ancien porte-parole du Parti démocratique sénégalais a en même temps fait savoir que les 19 candidats déjà retenus par le Conseil constitutionnel doivent participer à l’élection.
‘’Il reste maintenant à voir comment intégrer certainement les autres candidats qui ont été écartés de manière injuste’’, a-t-il signalé.
Le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Mamadou Lamine Thiam, a de son côté, déclaré que la gestion de l’après 2 avril était essentielle.
Mettant en garde contre l’éventualité d’un vide institutionnel en lien avec le départ annoncé de Macky Sall du pouvoir, le 2 avril prochain, M. Thiam a soutenu que les participants avaient proposé à ce que l’actuel chef de l’Etat puisse gérer la période de transition jusqu’à l’installation de son successeur.
Les commissions mises en place dans le cadre du dialogue national, ouvert lundi, en présence du chef de l’Etat, ont travaillé à huit clos sur une proposition de date pour la tenue de l’élection présidentielle et les voies et moyens de déterminer le processus à mettre en œuvre à l’issue le 2 avril prochain, date coïncidant avec la fin du mandat du chef de l’Etat sortant.
Les travaux de la commission chargée de réfléchir sur la date de la prochaine présidentielle étaient dirigés par le ministre de l’Intérieur, Sidiki Kaba.
Une autre commission, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Ismaila Madior Fall, assurant l’intérim de la ministre de la Justice, a réfléchi sur les modalités suivant lesquelles le processus électoral se poursuivrait après le 2 avril.
Des chefs religieux, représentants de syndicats et d’organisations de la société civile et des candidats recalés à l’élection présidentielle ont répondu à l’appel du président de la République à dialoguer afin de permettre au pays de trouver les moyens de résoudre la crise politique qu’il traverse depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Des responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation politique à l’origine des accusations portées sur certains des membres du Conseil constitutionnel qui ont procédé au contrôle de la régularité des candidats à l’élection présidentielle, ont participé à la rencontre.
Les accusations du PDS ont été portées après que le dossier de candidature du leader de cette formation, Karim Wade, a été déclaré irrecevable en raison de la double nationalité sénégalaise et française du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Le Premier ministre Amadou Bâ, candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (majorité), des candidats recalés et plusieurs autres acteurs politiques ont également fait le déplacement au Centre de conférence de Diamniadio, où se tient ces concertations.
Seize des dix-neuf candidats retenus par le Conseil constitutionnel ont fait part de leur décision de ne pas participer à cette rencontre, de même que plusieurs franges d’acteurs se réclamant de la société civile.
Cette décision est une des matérialisations de la crise politique que le pays traverse depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle qui devait déboucher sur le choix d’un successeur au président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
La convocation de cette concertation est le procédé choisi par Macky Sall préalablement à la détermination d’une nouvelle date pour l’élection présidentielle.
Il s’était notamment engagé le 16 février à “pleinement exécuter” une décision du Conseil constitutionnel invitant les autorités compétentes à fixer une date pour l’élection présidentielle, après que la juridiction a constaté l’impossibilité de l’organiser le 25 février, comme initialement prévue.
Dans cette même décision, le Conseil constitutionnel a jugé “contraire à la Constitution”, l’adoption par l’Assemblée nationale, d’une loi repoussant au 15 décembre prochain la tenue du scrutin.
Cette loi parlementaire a été votée le 5 février, deux jours après que le président de la République a annoncé, lors d’un discours à la nation, l’abrogation du décret par lequel il avait convoqué les électeurs aux urnes le 25 février.
En prenant cette décision, le 3 février, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
S’adressant à la nation, le chef de l’État a souhaité l’organisation d’un “dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé”.
Selon la loi électorale, il faut être de nationalité exclusivement sénégalaise pour briguer la magistrature suprême au Sénégal.
Les membres du groupe parlementaire Liberté et démocratie avaient demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de “connexions douteuses”.
L’ouverture d’une information judiciaire a mis fin aux travaux de cette commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les accusations portées par le PDS contre des juges du Conseil constitutionnel.
Quatre personnes ont perdu la vie dans les violences qui ont émaillé les manifestations de protestation contre le report de l’élection présidentielle.
Ces victimes ont été enregistrées à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor lors de heurts ayant opposé des protestataires aux forces de l’ordre.
Ces évènements ont été suivis quelques jours plus tard par une vague de libérations d’activistes et de militants arrêtés dans le cadre d’activités en lien avec leur engagement politique.
L'ESPOIR D'UN CESSEZ-LE-FEU À GAZA LA SEMAINE PROCHAINE RELANCÉ PAR WASHINGTON
L'espoir d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est de nouveau relancé mardi, le président américain Joe Biden ayant évoqué la veille une possible trêve d'ici la semaine prochaine, au moment où la crise humanitaire menace de se transformer en famine
L'espoir d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est de nouveau relancé mardi, le président américain Joe Biden ayant évoqué la veille une possible trêve d'ici la semaine prochaine, au moment où la crise humanitaire menace de se transformer en famine à Gaza.
L’Égypte, le Qatar, les États-Unis, la France et d’autres pays tentent de négocier depuis plusieurs semaines un nouveau cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. D'après une source au sein du mouvement islamiste palestinien, les discussions portent sur une trêve de six semaines associée à une libération d'otages détenus par le Hamas et à celle de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée à Gaza d'une importante quantité d'aide humanitaire.
"J'ai espoir que d'ici lundi prochain, nous ayons un cessez-le-feu", a déclaré le président américain lundi soir à New York. "Mon conseiller à la sécurité nationale me dit que nous sommes proches, ce n'est pas encore fait", a-t-il nuancé. Un responsable israélien a déclaré au site d’information Ynet que "la tendance est positive" sous couvert d'anonymat.
Tamim ben Hamad Al-Thani, l'émir du Qatar, pays au centre des efforts de négociations et qui héberge le Hamas, entame mardi à Paris une visite d'Etat de deux jours, a annoncé la présidence française. Mais Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche qu'Israël lancerait prochainement une opération terrestre contre Rafah, permettant selon lui une "victoire totale" sur le Hamas en "quelques semaines". Une trêve ne ferait que "retarder" cette offensive, a-t-il souligné.
L'armée a présenté lundi au cabinet de guerre "un plan pour l'évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d'opérations à venir", selon le bureau du Premier ministre, sans donner de détail sur où les civils pourraient se réfugier.
"Sonner le glas" de l'aide
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a averti lundi qu'une offensive sur la ville surpeuplée de Rafah, d'où Israël veut faire sortir les civils pour vaincre définitivement le Hamas, "sonnerait le glas" des programmes d'aide.
Adossée contre la frontière fermée avec l'Egypte, dans le sud de Gaza, Rafah est l'unique point d'entrée de l'aide humanitaire pour la bande de Gaza qui abrite 1,4 million de Palestiniens et où des combats font rage depuis près de cinq mois entre l'armée israélienne et le Hamas.
L'offensive israélienne a fait 29.782 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont lancé une attaque sans précédent sur le sud d'Israël, entraînant la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts.
Le Premier ministre israélien est confronté à une pression croissante de l'opinion publique sur le sort des otages toujours détenus à Gaza et les manifestations contre son gouvernement ont repris. Les Israéliens doivent voter mardi pour des élections municipales, prévues initialement fin octobre mais reportées à deux reprises en raison de la guerre.
Gazaouis affamés
Les gouvernements étrangers et les humanitaires ont multiplié les avertissements contre une offensive sur Rafah qui entraînerait de nombreuses victimes et aggraverait encore la catastrophe humanitaire. Des Palestiniens de Gaza ont raconté à l'AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d'abattre des animaux de trait pour se nourrir alors que les rares convois d'aide atteignant le nord sont pillés par la population.
"Nous mourrons de faim", a lancé à l'AFP Abdallah Al-Aqra, 40 ans, réfugié à Gaza-ville. Il a affirmé que l'armée avait tiré dimanche "sur les gens affamés qui tentaient d'avoir de la farine" apportée par un camion d'aide.
Deux ONG, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont accusé lundi Israël de continuer à limiter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza malgré la demande en janvier de la Cour internationale de justice (CIJ). L'armée jordanienne a déclaré lundi avoir effectué une série de largages d'aide humanitaire, de nourriture et d'autres fournitures "directement à la population" palestinienne de la bande de Gaza assiégée, dont un par un avion de l'armée française.
Le gouvernement de l'Autorité palestinienne a remis lundi sa démission au président Mahmoud Abbas, alors que les appels s'intensifient en faveur d'une réforme du leadership politique palestinien dans le cadre de "l'après-guerre" à Gaza. Depuis 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.
LA GUINÉE FORTEMENT RALENTIE POUR SON DEUXIÈME JOUR DE GRÈVE ILLIMITÉE
La Guinée vit mardi son second jour de grève illimitée à la veille du procès en appel d'un responsable syndical dont la libération a été érigée par les syndicats en prérequis à toute négociation avec la junte au pouvoir.
La Guinée vit mardi son second jour de grève illimitée à la veille du procès en appel d'un responsable syndical dont la libération a été érigée par les syndicats en prérequis à toute négociation avec la junte au pouvoir, a constaté un correspondant de l'AFP.
Dans la capitale Conakry, les écoles, banques et assurances sont fermées. Un service minimum est assuré dans les centres de santé et les administrations. Les rues sont presque vides. Les treize centrales syndicales du pays sont en grève depuis lundi afin d'obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique, le respect d'un accord lié à l'amélioration des conditions de vie des fonctionnaires et la libération d'un syndicaliste de presse.
Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), qui appelait à manifester contre la censure, a été condamné vendredi à six mois de prison dont trois avec sursis. Le collectif d'avocats qui le défend a indiqué dans un communiqué avoir été informé lundi qu'avec une célérité rare, le procès en appel avait été audiencé mercredi.
Le porte-parole du mouvement syndical, Amadou Diallo, a toutefois déclaré à l'AFP qu'il attendait la "satisfaction totale et entière de toutes (leurs) revendications" pour mettre fin à la grève. Il a assuré qu'aucune rencontre avec les autorités n'était prévue mardi. Des heurts sporadiques dans la banlieue de Conakry ont fait deux morts lundi.
Cette mobilisation fait figure de test pour les centrales syndicales, soutenues par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, et la junte qui interdit toute manifestation, musèle l'opposition et cherche à faire taire toute critique à son égard. Les militaires au pouvoir ont supprimé des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et brouiller des fréquences radio.
Ce mouvement de contestation, devenu exceptionnel depuis la prise de pouvoir de Mamadi Doumbouya en 2021, est lancé dans un climat de tension sociale grandissante et en l'absence de gouvernement, depuis que la junte a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons.
La junte a consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu'elle allait rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.
COLLÉGIEN TUÉ PAR BALLE À CONAKRY, LE RÉCIT GLAÇANT DE SA MÈRE
La manifestation qui a débuté dans la journée du lundi 26 février 2024, suite au mot d’ordre de grève du mouvement syndical a été marquée par des répressions policières ayant entraîné la mort d’un adolescent de 17 ans.
La manifestation qui a débuté dans la journée du lundi 26 février 2024, suite au mot d’ordre de grève du mouvement syndical a été marquée par des répressions policières ayant entraîné la mort d’un adolescent de 17 ans. Il s’agit de Mamady Kéita, un collégien qui a été atteint par balle dans l’après-midi de ce lundi au quartier Tamouya, situé à Sonfonia-Gare II.
Pour comprendre les circonstances de sa mort et ses derniers moments avant d’être tué, Guinéenews s’est rendu dans sa famille où nous avons rencontré sa mère, Taïbou Diallo.
"Hier soir, je lui ai dit que le lendemain, je devrais me rendre à Donka pour le rendez-vous médical de mon bébé, son petit frère. Le matin à 6 heures 20 minutes, je l’ai réveillé et lui ai donné 10 mille GNF pour qu’il achète le petit déjeuner pour les enfants. Je leur ai dit de rester dans la cour jusqu’à mon retour. Je vais faire vite, récupérer les résultats du bébé et revenir. C’est pendant que j’étais à l’hôpital, en attendant les résultats des examens médicaux du bébé que j’ai reçu l’appel d’un ami de Mamady, m’informant que mon fils a été tiré d’une balle dans le dos. Il était venu acheter du pain à la boutique pour le petit déjeuner. J’ai appelé, on m’a dit qu’ils envoyaient le corps à Donka où j’étais et d’y attendre. C’est pendant qu’on transportait à l’hôpital qu’il a rendu l’âme."
Selon les informations, Mamady Kéita devrait affronter le BEPC cette année et se débrouillait également dans le domaine de l’électricité. « Mon fils devait passer le BEPC cette année et n’avait que 17 ans. Aujourd’hui, il est tué par balle. Que justice soit faite ! En ce qui concerne, je ne pardonnerai jamais à l’assassin qui a tiré sur mon fils», a déclaré la mère de la victime, inconsolable.
Par Hamidou ANNE
MATI DIOP, SYMBOLE DU SÉNÉGAL QUI GAGNE
Notre compatriote Mati Diop est lauréate de l’Ours d’or de la Berlinale 2024 pour son documentaire Dahomey. Le film évoque la question de la restitution de vingt-six œuvres d’art à la République du Bénin dans le cadre notamment du rapport Sarr-Savoy
Notre compatriote Mati Diop est lauréate de l’Ours d’or de la Berlinale 2024 pour son documentaire Dahomey. Le film évoque la question de la restitution de vingt-six œuvres d’art à la République du Bénin dans le cadre notamment du rapport Sarr-Savoy.
En 2019, Atlantique, le premier long-métrage de la réalisatrice, film étrange sur le sujet de l’émigration avec Thiaroye, en banlieue dakaroise, comme cadre, a reçu plusieurs distinctions dont le prestigieux Grand Prix au Festival à Cannes.
A Berlin, a été sacrée une cinéaste de talent et une femme engagée, mais aussi et surtout une Sénégalaise qui rend fier notre pays. L’Ours d’or à la Berlinale est une consécration à un si jeune âge et augure une belle carrière dans le 7ème art
A mon grand regret, le prix de Mati Diop est passé presque inaperçu dans la presse nationale engluée dans les péripéties du report, du dialogue et des agitations politiciennes auxquelles toutes les structures de notre pays consacrent beaucoup trop de temps. Le Sénégal se doit d’honorer Mati Diop car elle a réussi quelque chose de grand et parce qu’elle symbolise ce que nous appelions à partir de 2002 «Le Sénégal qui gagne». En effet, à la suite de l’épopée des Lions du football au Mondial en Corée du Sud et au Japon, cette expression a fait fureur. L’Equipe nationale A avait d’entrée battu la France, tenante du titre, avant de se hisser en quarts de finale ; une première pour une Nation africaine depuis le Cameroun de 1990. Depuis, le Sénégal collectionne les titres continentaux au football et est devenu une Nation familière des grands rendez-vous internationaux.
Mati Diop est un symbole de la culture de ce Sénégal qui gagne dans la foulée du renouveau du cinéma sénégalais. Au Fespaco, en 2013, Tey de Alain Gomis avait remporté l’Etalon d’or et l’Etalon de bronze était revenu à La Pirogue de Moussa Touré. A Ouaga, en 2021, Moly Kane, avec Serbi, obtient le Poulain d’or du meilleur court métrage fiction. La liste de nos satisfactions au cinéma ces dernières années est non exhaustive.
Mati Diop nous vaut une si belle satisfaction et nous convainc que peut-être dans ce pays tout n’est pas perdu. La vulgarité et la médiocrité n’ont pas encore totalement enseveli le Sénégal. A côté du Sénégal des casseurs et de leurs commanditaires, il y a celui des gens qui travaillent dans le silence de la discrétion et ainsi par leurs succès œuvrent à préserver la place de notre pays sur la carte du monde.
Mati Diop a dédié son prix aux militants sénégalais pour la démocratie et aux Palestiniens actuellement sous les bombes israéliennes. Son message, parce que son talent a été reconnu et récompensé par ses pairs, a plus de force que les pétitions d’individus à la quête d’une gloire éphémère sur le dos de cadavres d’enfants.
Mati Diop est le Sénégal qui gagne et qui propulse chez le petit enfant à Pikine ou à Sinthiou Diongui une ambition un jour d’être lui aussi célébré à Berlin, à Cannes ou à Carthage. On y arrive par la hardiesse dans le travail et la solitude de l’effort en plus, bien entendu, des conditions favorables à l’éclosion des talents nationaux. En chaque fils du Sénégal sommeille un rêve. L’Etat a l’obligation de permettre aux enfants de notre pays de devenir les prochains Souleymane Bachir Diagne, Fatou Diome, Sadio Mané, Mati Diop, Mbougar Sarr, Astou Traoré, Germaine Acogny…
L’exemplarité est nécessaire pour une Nation. D’où l’importance de célébrer les succès de Mati Diop afin d’en faire un exemple pour tous ces enfants qui rêvent de devenir un jour acteurs ou cinéastes. Dans la même veine de l’exemplarité, il faut que la République punisse ceux-là qui n’ont offert aux jeunes du Sénégal comme modèles que le pillage et l’incendie des biens publics, l’insulte aux hauts fonctionnaires, la violence et la mort. C’est cela la Justice. Et c’est ainsi qu’on insuffle le patriotisme et le républicanisme dans le cœur de chaque enfant du Sénégal..
Voir Mati Diop sur cette scène rayonnante et radieuse, fière et digne, est enfin, à titre personnel, très émouvant. Car je pense à son oncle Djibril Diop Mambéty, à Wasis et Idrissa Diop. Notre pays a un immense potentiel créatif à offrir au monde pour le rendre plus beau et plus habitable. Je pense aussi à la transmission et je me remémore cette phrase de Jaurès : «C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source.»
par Amadou Tidiane Wone
DIALOGUE OU MONOLOGUE ?
Au lieu de prendre la pleine mesure des risques imprévisibles qu’il fait courir au pays, le président se livre à son jeu favori : diviser pour régner. Ce pays vaut beaucoup de sacrifices que cela !
Dans une démarche solitaire insondable, le président de la République, Macky Sall, avance. Seul. Vers la fin de son dernier mandat. Ramant à contre-courant du processus électoral normal et normé qui fonctionne au Sénégal depuis notre accession à l’indépendance, il écrit des pages d’histoire inédites, inattendues d’une personnalité, parvenue au pouvoir par des mécanismes démocratiques éprouvés.
En effet, quoique ponctué de moments de fièvre, de tensions exacerbées parfois, le modèle démocratique sénégalais s'est construit et amélioré progressivement, par l’engagement sincère d’acteurs politiques mûrs et responsables. Au fil du temps, et à la faveur de crises parfois violentes, des hommes et des femmes, du pouvoir comme de l’opposition, sont toujours parvenus à dépasser les stratégies personnelles de courte vue, pour mettre en perspective la survie de notre nation. Cela nous a valu des consensus forts sur le Code électoral et sur les principaux mécanismes de conquête et de gestion du pouvoir. Contre vents et marées, le modèle sénégalais s’est affirmé comme une référence à travers le monde, malgré quelques zones d’ombres à éclairer...
Hélas ! En ce début d’année 2024, force est de constater, pour le regretter, que pour la première fois à ma connaissance, un président de la République sortant aura mis en œuvre des mesures dont le Conseil constitutionnel, lui-même, aura contesté la légalité. En l’occurrence, le décret présidentiel portant annulation du décret convoquant le corps électoral le 25 février 2024 est déclaré nul et non avenu. Le Conseil constitutionnel, gardien ultime de l’inviolabilité de la Constitution a dit le droit. Ses décisions ne sont susceptibles d’aucun recours.
Quelles conséquences aurait dû en tirer le chef de l’Etat ?
Tout simplement, prendre un nouveau décret en tenant compte des jours perdus par son annulation et arrêter une nouvelle date. En lieu et place, le président Macky Sall s’est engagé dans un baroud d’honneur aux conséquences actuelles graves et à venir insondables.
Au lieu de prendre la pleine mesure des risques imprévisibles qu’il fait courir au pays, le président se livre à son jeu favori : diviser pour régner ! Au cours d’une conférence de presse taillée sur mesure, le président Macky Sall a convoqué la classe politique sénégalaise, la société civile, les chefs religieux, et toute autre personnalité disponible, à le retrouver à Diamniadio pour… dialoguer ! Alors que le seul problème qui se pose est la fixation d’une date pour l’élection présidentielle ! Esquive, contournement de la décision du Conseil constitutionnel, pied de nez aux 19 candidats qui se sont investis pour satisfaire à toutes les exigences de droit pour figurer dans la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle ? Aucune de ces hypothèses n’honore la fonction présidentielle ! Et il va falloir que le pays se mobilise pour dire NON !
Sur les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel seulement deux ont répondu à l’invitation du président de la République. Toutes les personnalités qui ont rempli la salle ne sont que des figurants dans le contexte d’un débat, entre candidats retenus et président sortant pour s’accorder sur une date en vue de l’élection présidentielle. Le quorum n’est donc pas atteint ! Le dialogue s’est réduit à un monologue entre alliés. Une distribution minutée de la parole à des inconditionnels et autres partenaires en enfumage ne risque pas de faire illusion. Ce pays vaut beaucoup de sacrifices que cela !
Respectons le Conseil Constitutionnel !
Respectons les 19 candidats et les citoyens sénégalais qui leur ont accordé leurs parrainages !
Respectons les convenances républicaines !
« Quand l’injustice devient loi, la résistance est un devoir ».
Il est donc temps de se dresser et de dire fermement et résolument :
- Non à une loi d’amnistie qui ne saurait intervenir préalablement à un état des lieux précis de la situation du pays. Aucun crime de sang ne saurait, non plus être absous. Les violences perpétrées sur des citoyens sans défense doivent faire l’objet d’enquêtes sérieuses et des sanctions exemplaires prises.
- Non à un report des élections présidentielles au-delà du 2 avril 2024 !
EXCLUSIF SENEPLUS - Monsieur le président, vous vous révélez comme vous êtes : joueur et buté. Vous êtes encore engoncé dans vos attitudes dogmatiques nées de vos croyances que vous êtes le « buur » du Sénégal et que nous sommes vos sujets
M. le président, vous êtes constamment dans la manœuvre. Cela n’a pas changé. Il a suffi de vous écouter juste cinq minutes, lors de votre interview fleuve et insipide, pour nous en rendre compte.
En vous écoutant, il me revint à l’esprit le curieux apophtegme du chien qui feignait d’être un lion. Comme vous le savez, ou peut-être pas, la fin ne fut pas joyeuse.
Vous possédez l’art consommé d’apaiser les feux par ci, et d’en allumer d’autres par là. La tension était un peu retombée quand le Conseil constitutionnel (CC) a retoqué aussi bien la loi de prorogation de votre mandat jusqu’au 15 décembre votée à l’Assemblée nationale, que votre décret d’annulation de convocation des élections au 25 février. Vous aviez fait publier un communiqué annonçant que vous respecteriez pleinement la décision du CC. Ne voilà-t-il pas que vous remettez le couvert avec votre ancienne antienne de dialogue et fait monter la tension à nouveau.
Vous vous révélez comme vous êtes : joueur et buté. Joueur, parce que vous cherchez à gagner du temps – allez savoir pourquoi ; buté, parce que vous ne renoncez pas à votre idée première, celle de rester en poste au-delà du 2 avril bien que vous affirmiez le contraire. « Mon mandat s’épuise le 2 avril et je le respecterai », dites-vous, mais tout votre corps, vos yeux, vos mains, vos rictus expriment le contraire.
Cela fut une constante lors de vos magistères : dire une chose et faire le contraire, dire une chose et trainer les pieds pour la faire, ou comme disent mes concitoyens, clignoter à droite et tourner à gauche. C’est l’étiquette qui vous colle à la peau. Lors de cette interview, fort médiocre au demeurant tant vous avez voulu en aseptiser les contours, on voit poindre à l’évidence les attributs dont on vous affuble : rancunier et suffisant.
C’est clair, vous ne ferez pas la part belle au Conseil constitutionnel qui a eu l’outrecuidance de vous recaler. Vous ne donnerez pas de date. Na. Vous prendrez le temps de réunir des gens aux intérêts opposés, pour leur demander de trouver une date de consensus pour la tenue de l’élection. On est sûr que cette date ne sortira pas de ces agapes dont on ne connait ni le format, ni les règles de décision.
Ces dialogues semblent être la solution miracle que vous sortez du chapeau, à chaque écueil. Votre façon usuelle de botter en touche, ou de justifier des décisions déjà prises. Pour ne pas proposer de date, vous êtes prêt à laisser entendre que vous libèrerez Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye et les autres détenus.
Quand on sait ce que vous coûte ces libérations, on comprend mieux à quel point vous tenez à grappiller quelques mois au pouvoir. Pourquoi faire demeure la plus grosse énigme. On ne comprend pas, à partir du moment où votre religion, de quitter le pouvoir au 2 avril est faite, pourquoi vous cherchez à glaner des jours, des mois en plus ? Que représentent quelques mois au regard de vos 12 ans passés au pouvoir ? Est-ce juste pour embêter le Conseil constitutionnel ? Y aurait-il autre chose ? Se donner du temps pour élaborer votre loi d’amnistie que vous voulez bâcler, comme d’habitude serait-on tenté de dire, et profiter de ce rififi pour laver à grande eau des comparses mouillés jusqu’au cou dans des affaires diverses ?
L’amnistie est votre dernière trouvaille que vous agitez comme une sucette pour faire passer votre volonté d’outrepasser les règles édictées par le CC. Pour vous, une amnistie sans justice est tout à fait possible. Que vous le désiriez et l’exprimiez, est, en soi, une raison suffisante pour l’adopter. Convoquer l’amnistie de la deuxième guerre pour justifier la vôtre est un terrible aveu d’inculture. Nous devrions décidément apprendre à mieux choisir nos présidents !
On vous voyait vous étrangler presque de rage, en accusant les soi-disant partenaires de se joindre à ce concert de salissures sur votre personne. Vous ne savez pas que vous êtes un serviteur. C’est votre plus grand drame. Vous êtes encore engoncé dans vos attitudes dogmatiques nées de vos croyances que vous êtes le « buur » du Sénégal et que nous sommes vos sujets. Cela vous prive visiblement de vos capacités objectives d’analyse des conséquences de vos décisions malencontreuses. C’est cela qui explique que vous vous offusquez de notre « ingratitude » alors que vous posez des actes indécents jour après jour. Quand vous déclarez que vous êtes un démocrate, on atteint le sommet de la démesure. Combien ont dû s’étouffer d’entendre cela ! La démocratie se mesure par les actes posés, M. le président et ce n’est surement pas vous le juge ! Non, vous n’êtes pas un démocrate. Vous ne supportez pas la contradiction et les actes que vous posez : les arrestations à tour de bras, les coupures de réseaux mobiles, la suppression de signal de média-télé, les interdictions de marches pacifiques que sais-je encore, vont en l’encontre de l’État de droit. Même le respect du calendrier électoral, élément basique dans une démocratie, vous est cher.
L’équation qui vous était posée au soir du 15 février était fort simple : choisir une date d’élection en tenant compte de la contrainte de date de fin au 2 avril 2024. À la sortie de l’entretien, vous l’avez rendue plus compliquée, en la rendant plus floue, vous y avez introduit des variables nouvelles nullement validées par le CC : dialogue avec des acteurs qui n’ont rien à y voir : des « spoliés » qui rêvent de revenir dans la course ; des partis politiques – il y en a 371 - ; des syndicats ; des religieux et tout cela au pas de charge en moins de deux jours. Prenez votre temps M. le président, le Sénégal attendra, suspendu à votre bon vouloir.
Dans tout les cas, sachez que le 2 avril, avec toutes les mouches qui bourdonnent autour de vous, nous vous dirons : par ici la sortie.
Dr Tidiane Sow est coach en communication politique.