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22 avril 2025
International
L’ANCIEN PRESIDENT NICOLAS SARKOZY CONDAMNE A UN AN DE PRISON DONT SIX MOIS AVEC SURSIS
La cour d’appel de Paris a condamné, mercredi 14 février, Nicolas Sarkozy en appel à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012.
La cour d’appel de Paris a condamné, mercredi 14 février, Nicolas Sarkozy en appel à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012. L’ancien président, va se pourvoir en cassation, la plus haute juridiction judiciaire nationale, dit Me Desry, son avocat.
Si la Cour a maintenu la culpabilité de l’ancien président, elle a en revanche revu sa peine légèrement à la baisse. Les six mois de prison ferme de la peine infligée à l’ancien président (2007-2012) seront aménagés, a précisé la présidente de la cour en lisant sa décision, ajoutant que la cour était « revenue au quantum requis en première instance par le ministère public ». Nicolas Sarkozy n’a montré aucune réaction particulière et a quitté le tribunal sans faire de déclaration, rapporte Laura Martel, depuis le palais de justice de Paris.
En septembre 2021, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu Nicolas Sarkozy coupable d’avoir largement dépassé le plafond légal des dépenses et l’avait condamné à un an de prison ferme pour financement illégal de campagne. Le tribunal avait toutefois demandé que cette peine soit directement aménagée, à domicile, sous surveillance électronique. Treize autres personnes avaient aussi été condamnées à des peines allant jusqu’à trois ans et demi de prison, dont une partie avec sursis. Nicolas Sarkozy et neuf autres personnes ont fait appel et ont été rejugées du 8 novembre au 7 décembre dernier.
Campagne
Dans ce dossier, les investigations ont révélé que pour masquer l’explosion des dépenses de sa campagne – près de 43 millions d’euros pour un maximum autorisé de 22,5 millions – un système de double facturation avait été mis en place imputant à l’UMP, sous couvert de conventions fictives, une grosse partie du coût des meetings. Contrairement à ses co-prévenus, l’ex-chef de l’État n’est pas mis en cause pour ce système de fausses factures.
Nicolas Sarkozy a, comme lors du premier procès contesté « vigoureusement toute responsabilité pénale », contesté « vigoureusement toute responsabilité pénale » dénonçant « fables » et « mensonges ». Son avocat, Me Vincent Desry, a plaidé sa relaxe, assurant que l’ex-chef de l’État n’avait « jamais eu connaissance d’un dépassement » du plafond légal des dépenses électorales et « jamais engagé de dépenses ». Il a estimé qu’il avait été « impossible » au ministère public de « démontrer l’élément intentionnel » ni « l’élément matériel » de l’infraction reprochée.
Pourvoi en cassation
L’ancien président s’est pourvu en cassation contre sa condamnation, a annoncé à la presse son avocat, Vincent Desry. « Monsieur Nicolas Sarkozy est pleinement innocent, il a pris acte de cette décision, il a décidé de se pourvoir en cassation. Il maintient donc son combat, sa position dans cette affaire », a précisé Me Desry devant la presse.
Nicolas Sarkozy n’en a pas fini avec la justice puisqu’il a été condamné l’année dernière en appel à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire des écoutes. Un pourvoi en cassation est en cours dans cette affaire. Il sera aussi jugé l’an prochain, notamment pour corruption dans l’affaire du financement présumé de sa campagne par l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi et mis en examen depuis octobre dernier dans un autre volet de cette affaire. Avec AFP
par Thierno Alassane Sall
L'INSUPPORTABLE APPEL À L'IMPUNITÉ
Diouf et Wade sont mal placés pour parler de dialogue et d'amnistie. Les deals en cours vont aboutir à l'impunité généralisée. La paix sans la vérité est une fausse paix qui prépare de futures explosions
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade sont mal placés pour parler de dialogue et d'amnistie.
L'assassinat de Babacar Sèye, alors vice-président du Conseil constitutionnel, est l'un des crimes les plus odieux de l'histoire politique du Sénégal. Ce crime est resté en réalité impuni, et ses commanditaires ont pu opérer un braquage sur l'État et la République à cause de leurs dialogues.
Les dialogues et les lois d'amnistie du passé ont créé, non pas les conditions d'un nouveau départ vers le progrès, la justice et un développement économique partagés, mais le pillage à grande échelle de notre pays.
Les cris de ceux qui se noient en mer, dans une fuite incessante et désespérée, ne sont sans doute pas parvenus aux illustres oreilles des "pères de la démocratie sénégalaise". Voici le Sénégal que vous nous avez légué.
Imbus de cette démocratie de l'impunité et de la non-reddition des comptes, voilà les mêmes à l'œuvre pour maintenir un système inique. Hier le père, aujourd'hui le fils gâté, veulent mettre le pays à terre pour avoir refusé de se conformer aux dispositions de l'article 28 de la Constitution. Et dans leur funeste projet, ils ont trouvé en Macky Sall, naguère ennemi irréductible, un allié de circonstances pour leurs ambitions personnelles et claniques.
Prôner la paix devrait commencer par dire la vérité, comme le rappelle l'Archevêque de Dakar.
Le 3 avril 2024 aurait dû constituer un nouveau départ : libérer les prisonniers injustement retenus, juger tous ceux contre qui pèsent de lourdes présomptions, restaurer une justice équitable. Les deals en cours vont aboutir à l'impunité généralisée.
Je le répète : les conditions d'un dialogue sincère et inclusif passent par le respect de la Constitution et le départ de Macky Sall. Soutenir le contraire reviendrait à valider tous les coups d'état perpétrés dans la sous-région ainsi que leurs dialogues sous les bruits de bottes et les détonations des armes.
La paix sans la vérité est une fausse paix qui prépare de futures explosions.
LES USA EXIGENT DES ÉLECTIONS RAPIDES
Le Secrétaire d'État américain Antony Blinken a demandé au président Macky Sall, lors d'un entretien téléphonique ce mardi 13 février 2024, que les élections aient lieu « comme prévu » dans le respect du calendrier constitutionnel
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 13/02/2024
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a exhorté le Sénégal à tenir des élections "aussi vite que possible", lors d'un entretien téléphonique avec le président Macky Sall ce mardi, selon les déclarations du porte-parole du département d'État Matthew Miller.
"M. Blinken a parlé avec le président du Sénégal ce matin pour réitérer notre inquiétude quant à la situation là-bas et dire clairement que nous voulons voir les élections avoir lieu comme prévu - nous voulons leur tenue aussi vite que possible", a déclaré M. Miller lors d'un point de presse.
Cet appel intervient dans un contexte de tensions politiques au Sénégal, où la présidentielle prévue pour le 25 février prochain a été reporté, faisant naître une crise politique avec des protestations réprimées par les forces de l'ordre. L'opposition redoute à travers ce report de dernière minute une tentative du chef de l'État de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son second et dernier mandat constitutionnel.
En pressant le Sénégal à organiser des élections "le plus tôt possible", Antony Blinken a exprimé de manière ferme la volonté des États-Unis de voir le processus électoral respecté dans les délais constitutionnels. Cette prise de position est révélatrice de "notre engagement en faveur de la démocratie et de l'État de droit au Sénégal", a souligné le porte-parole américain.
Le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, qui affirme sur l’insistance du journaliste que le Secrétaire d’Etat Blinken a demandé à Macky d’organiser l’élection le 25 Février #FreeSenegalpic.twitter.com/vKxCt6xRnX
En moyenne, 24% des femmes dans le monde quittent le marché du travail au cours de la première année suivant la naissance de leur premier enfant. Cinq ans plus tard, 17% restent absentes. Le nombre passe à peine à 15% dix ans après.
C’est ce que révèle un groupe de chercheurs de la London School of Economics (LSE) et de l'université de Princeton dans une nouvelle étude inspirée des travaux de l’économiste américaine, Claudia Goldin, lauréate du Nobel d’Économie en 2023.
Menée dans 134 pays représentant 95% de la population mondiale, l’étude dévoile l’impact dévastateur de la maternité sur la carrière et l’indépendance économique des femmes à travers le monde.
Pour aboutir à cette réalité implacable, les auteurs ont comparé dans chaque pays concerné, des mères et des pères à des personnes sans enfant, du même âge, du même niveau d'éducation et avec le même statut matrimonial entre autres.
De grandes disparités
La situation est particulièrement prégnante dans les pays développés. L’écart de participation au marché du travail entre hommes et femmes s’y explique à 80% en moyenne par le départ de ces dernières après la naissance d’un premier enfant.
Ce taux tombe à 10% dans les pays pauvres. Une telle disparité est due à certains facteurs propres à chaque milieu. Face au coût prohibitif de la garderie et à des horaires parfois peu flexibles, les mères sont appelées à sacrifier leur travail pour le bien-être de l’enfant, au moins temporairement, dans les pays occidentaux.
C’est moins le cas dans les pays pauvres où le principal facteur de départ du travail n’est pas l’accouchement, mais le mariage. L’étude de la London School of Economics relève à cet effet que l’écart de participation au marché du travail à Maurice et en Zambie s’explique pour près de la moitié des cas par le mariage.
"Pénalité de la maternité"
Le phénomène appelé "pénalité de la maternité" (la baisse moyenne de la probabilité d'emploi d'une femme au cours des dix années suivant la naissance de son premier enfant) par les auteurs, contribue aux inégalités salariales entre sexes.
Une différence de salaire hommes-femmes estimée à 14% au sein de l’OCDE selon une étude de PriceWaterhouseCooper publiée en mars 2023. Soit un recul de 2,5 points de pourcentage seulement depuis 2011.
S’occuper de sa progéniture implique bien souvent pour la femme de quitter son emploi, au moins pour un moment. Elle doit par la même occasion faire une croix sur toute perspective d’augmentation de salaire ou de promotion pendant cette période.
par Makhtar Diouf
CONJUGUONS DIOUF ET WADE AU PASSÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Ils viennent approuver le coup d’Etat constitutionnel en bons connaisseurs, car ils ont été tous deux des forcenés du pouvoir. Personne ne les a entendu sur les exactions commises par Macky Sall
Abdou Diouf et Wade viennent de nous rappeler à eux et pas de belle manière. Ces deux anciens présidents, qui comme leur prédécesseur Senghor préfèrent passer leur retraite chez l’ancien colonisateur, étant les seuls à le faire en Afrique.
Voilà qu’ils viennent approuver le coup d’Etat constitutionnel de Macky Sall en acceptant de prolonger son mandat jusqu’en 2025. Ils le font en bons connaisseurs car ils ont été tous deux des forcenés du pouvoir.
Ils donnent l’occasion de procéder à une brève revisite de l’histoire politique récente du Sénégal.
Abdou Diouf a exercé le pouvoir durant 17 années dans l’illégalité. Le ‘’ très démocrate’’ Senghor lui cède le pouvoir sans consultation populaire. Après avoir terminé le mandat de Senghor en cours, il est ‘’élu’’ en 1983, ‘’réélu’’ en 1988 et en 1993 avec son Code électoral qui autorise à voter sans présentation de pièce d’identité, sans isoloir. Majhemout Diop, président du PAI, candidat à la présidentielle de 1983, est crédité de zéro voix dans le bureau où il a voté en compagnie de son épouse et de quelques amis militants.
Le Code électoral d’Abdou Diouf permet à des militants de son parti PS de se remplir les poches de bulletins de vote pour voter plusieurs fois toute la journée. Au point qu’au lendemain des élections, la blague que des Sénégalais se lancent à Dakar est : « Tu as voté combien de fois ? »
Abdou Diouf a eu ces mots, rapportés par le journal ‘’Sud-Hebdo’’, ancêtre de ‘’Sud Quotidien’’ : « Ce que veut l’opposition, c’est un Code électoral sur mesure qui lui permet de gagner haut la main les élections ».
Ce que voulait l’opposition, c’était un Code électoral républicain, assurant des élections régulières, transparentes. Ce Code électoral obtenu au bout d’années de luttes a régi la présidentielle de 2000 qui a envoyé Abdou Diouf à la retraite.
Son tombeur Wade est le premier président du Sénégal démocratiquement élu. Mais après les deux mandats que lui confère la Constitution, il a voulu s’octroyer un troisième mandat. Pour cela, il loue les services de deux mercenaires juristes (un Américain, un Français) qui viennent à Dakar, à un coût exorbitant sur nos maigres ressources : voyage en première classe, hôtel de luxe, rémunération. Leur mission est de décréter que la Constitution permet à Wade de se présenter une troisième fois. Ce qu’ils font. Comme ce sont des Occidentaux, leur parole doit être d’or auprès des populations. Toujours ce complexe de l’extérieur ! Les cinq membres du Conseil constitutionnel de l’époque les approuvent moyennant des cadeaux luxuriants, selon la rumeur, ‘’Radio Cancan’’, comme disait Senghor.
Les manifestations contre la troisième candidature de Wade sont ponctuées par des morts (mais bien en-deçà du bilan de Macky Sall).
Wade va à la présidentielle pour la troisième fois. Les Sénégalais déçus par sa gestion désastreuse avec sa promesse de ‘’Sopi’’ et indignés par son forcing de troisième mandat l’envoient rejoindre Abdou Diouf à la retraite en France lors de l’élection de 2012.
Personne n’a entendu Abdou Diouf et Wade sur les exactions commises par Macky Sall, et que, eux, n’avaient jamais commises. Ils viennent maintenant essayer de sauver le soldat Macky Sall, le second président du Sénégal élu démocratiquement. Hitler aussi avait été élu démocratiquement.
Ce faisant, ils n’ont fait que s’aligner sur la position récente et scandaleuse de leurs partis PS et PDS qui sont aussi à conjuguer au passé. Des partis politiques avec leurs démembrements AFP, Rewmi, APR, qui ne représentent plus rien dans le pays. Des have been.
par Abdou Diouf
DIOUF APPELLE À LA RETENUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien président sort de sa réserve : le Conseil constitutionnel reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie. C'est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration exclusive de l'ancien président Abdou Diouf, datée du 13 février 2024, à propos de la situation socoipolitique nationale.
"Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, depuis que j'ai quitté le pouvoir le 1er avril 2000, je me suis toujours abstenu de tout commentaire sur la vie politique sénégalaise, fidèle en cela à la ligne républicaine tracée par le président Léopold Sédar Senghor.
J'ai décidé de rompre le serment que je m'étais fait car notre pays vit une crise institutionnelle sans précédent.
Je constate, avec regret et tristesse, que la lettre publiée avec ma signature et celle du président Abdoulaye Wade suscite, beaucoup d'incompréhension.
Je tiens à préciser afin qu'il n'y ait aucune équivoque, que le Conseil constitutionnel que j'ai créé en 1992 reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie. C'est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous concernant le calendrier électoral et le respect de la durée du mandat présidentiel.
Je demande donc au peuple sénégalais, à sa classe politique et à ses dirigeants de faire preuve de retenue et d'intégrité en appliquant à la lettre les dispositions de notre Constitution tout en préservant les libertés publiques acquises de haute lutte dans la construction de notre démocratie.
Je renouvelle au peuple sénégalais ma sincère et indéfectible affection ainsi que ma reconnaissance pour les longues années de confiance à son service."
VIDEO
LE SUMMUM DU RENONCEMENT À L'ÉTAT DE DROIT
Il y a une banalisation de la mort au Sénégal. Le dialogue ne saurait se substituer à la marche de la démocratie. Le régime refuse de jouer le jeu démocratique. La classe politique n'est pas à la hauteur de la société - ENTRETIEN AVEC FELWINE SARR
Le philosophe et économiste Felwine Sarr tire la sonnette d'alarme. Invité de l'émission d'ITV Sénégal, il a livré une analyse sans concession de la crise politique que traverse le pays depuis le report des élections présidentielles par le président Macky Sall.
Pour Felwine Sarr, la décision du chef de l'État est clairement "anticonstitutionnelle". "C'est un coup d'État institutionnel, il n'avait pas le droit de prendre un tel décret", assène-t-il. En réaction, une large mobilisation de la société civile s'est levée pour défendre l'État de droit.
Mais Sarr déplore également "l'alliance conjoncturelle" entre le pouvoir et l'opposition du PDS, qui a permis l'adoption de la loi repoussant les élections. "Des choix anti-patriotiques qui vont à l'encontre des intérêts de la nation", fustige-t-il.
Désormais, tous les regards se tournent vers le Conseil constitutionnel, qui doit trancher sur la validité de cette loi controversée. Selon Felwine Sarr, les "juges constitutionnels" ont "la responsabilité historique de rétablir l'ordre constitutionnel".
L'intellectuel lance donc un vibrant "cri d'alarme" et espère "un retour à la raison" du pouvoir. Faute de quoi, le Sénégal s'enfoncerait dans une crise encore plus profonde.
ALERTE CONTRE LES TENTATIVES DE PRESSION SUR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La déclaration de Diouf et Wade est une grave immixtion dans le processus décisionnel du Conseil Constitutionnel. L'implication de Wade est problématique. Seul le Conseil constitutionnel peut statuer sur un report - SURSAUT CITOYEN ET DEMAIN SÉNÉGAL
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de presse des organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal, daté du 13 février 2024, à propos de la situation sociopolitique nationale marquée par une récente sortie des anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade dans la crise née du report décrié de la présidentielle du 25 février.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Les organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal rejettent fermement les implications juridiques et politiques de la récente déclaration datée du 11 février 2024 et qui serait attribuée aux anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Elles considèrent qu'il s'agit là d'une tentative d'influencer indûment la décision du Conseil constitutionnel du Sénégal.
En effet, cette déclaration résonne comme une grave immixtion dans le processus décisionnel de la plus haute juridiction du pays qu'elle tente d'orienter vers la validation du coup d'État constitutionnel que récuse l’écrasante majorité des Sénégalaises et des Sénégalais.
De surcroît, l’engagement supposé de l’ex-président Abdoulaye Wade dans cette affaire est particulièrement problématique au vu du conflit d’intérêts évident lié à l'implication de son fils au cœur de la controverse. Il est donc impératif qu'il se réserve de toute prise de parole ou d'initiative pouvant influencer les décisions judiciaires attendues, pour garantir l'indépendance et la souveraineté du Conseil constitutionnel.
Nous, organisations citoyennes, soutenues par un large secteur de la population, réaffirmons notre opposition à l'adoption de la loi constitutionnelle n° 04/2024 par l'Assemblée nationale, le 5 février 2024, laquelle contrevient aux principes de notre Constitution en envisageant une prolongation non justifiée du mandat présidentiel à travers le report de l’élection.
Nous estimons que, par ce vote, l'Assemblée nationale s’arroge indûment des prérogatives qui relèvent exclusivement du Conseil constitutionnel, seul habilité à statuer sur le report de l‘élection présidentielle et ce, dans un cadre rigoureusement défini et sans déroger à la clause constitutionnelle intangible de non-révision de la durée du mandat présidentiel.
Nous insistons sur la nécessité de préserver les piliers intangibles de notre charte fondamentale et appelons le Conseil constitutionnel à exercer pleinement son rôle de garant de la légalité constitutionnelle. Cela passe inéluctablement par l'invalidation de la loi n° 04/2024, porteuse de risques inhérents à des révisions constitutionnelles opportunistes et susceptibles de porter atteinte à l'intégrité de notre gouvernance démocratique ainsi qu’à la stabilité institutionnelle de notre pays."
PAR Bassirou Sakho
POUR QUE LE SÉNÉGAL NE DEVIENNE PAS UN MAQUIS SALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue
Dans une atmosphère tendue, marquée par des manifestations et des répressions, la décision du gouvernement de différer le scrutin prévu initialement le 25 février 2024 a ravivé les flammes d'un débat national sur l'état de la démocratie et la liberté d'expression au Sénégal.
Depuis son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall fait face à des critiques croissantes concernant sa gestion des opposants politiques. Des figures emblématiques de l'opposition, telles que Khalifa Sall et Karim Wade, ont été écartées par des moyens judiciaires controversés, alimentant les accusations d'un système judiciaire instrumentalisé.
Dans ce contexte tumultueux, Ousmane Sonko, avec son discours vibrant et son engagement pour une gouvernance transparente, est apparu comme le porte-étendard d'une jeunesse sénégalaise désireuse de changement. Sa récente condamnation, pour le même motif que le célèbre athénien Socrate de corrompre la jeunesse, perçue par beaucoup de Sénégalais comme politiquement motivée, a exacerbé les tensions, entraînant le pays dans une série de manifestations. La décision soudaine de reporter les élections, officiellement justifiée par une "crise institutionnelle", a été interprétée par une partie de la population et des observateurs internationaux comme une tentative de maintenir le statu quo. Les affrontements qui ont suivi entre les forces de l'ordre et les manifestants ont mis en lumière les défis profonds auxquels est confrontée la démocratie sénégalaise.
Le Sénégal, à la croisée des chemins, est aujourd'hui l'épicentre d'une lutte pour l'avenir démocratique, un combat qui dépasse les frontières du pays pour interroger la solidité des institutions démocratiques dans l'ensemble de l'Afrique. Elle porte en elle le risque d'une escalade de la violence, pouvant entraîner le pays dans un cercle vicieux de répression et de résistance.
Au-delà des frontières, cette instabilité menace d'isoler le Sénégal sur la scène internationale, les partenaires étrangers étant généralement réticents à s'engager dans des relations avec des pays en proie à des tensions politiques. Sur le plan économique, l'incertitude politique freine les investissements et peut conduire à un ralentissement économique, affectant le développement du pays et le bien-être de sa population.
J’appelle ici à une réflexion sur l’importance cruciale de préserver les principes démocratiques et d’assurer une transition pacifique du pouvoir, essentielle à la stabilité et au développement du continent.
Face à cette situation complexe, des solutions envisageables se dessinent pour sortir le pays de l'impasse. Une médiation nationale, réunissant l'ensemble des acteurs politiques, la société civile, et des observateurs internationaux, se présente comme une première étape vers la réconciliation. Ce processus de dialogue constructif vise à rétablir la confiance entre les différentes parties, favorisant ainsi un climat apaisé. La présence d'observateurs internationaux pourrait garantir la transparence et l'équité du processus, tout en offrant une reconnaissance internationale des efforts entrepris.
La clarification et le respect d'un calendrier électoral sont également cruciaux. Le rétablissement d'un calendrier clair, défini de manière consensuelle, permettrait d'assurer le retour à un fonctionnement constitutionnel normal et de restaurer la confiance dans le processus démocratique. Cette étape est fondamentale pour garantir que toutes les parties se sentent engagées dans un processus électoral juste et transparent. Enfin, la mise en oeuvre de réformes profondes pour renforcer l'indépendance judiciaire et garantir la liberté de presse est essentielle. Une justice indépendante est le pilier d'une démocratie saine, capable de protéger les droits de tous les citoyens et de maintenir un équilibre des pouvoirs. De même, une presse libre est indispensable pour assurer une information objective et diversifiée, permettant aux citoyens de prendre des décisions éclairées. Ces réformes sont des étapes clés pour reconstruire la confiance dans les institutions et promouvoir un dialogue ouvert et constructif.
Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue. Le Sénégal, avec l'appui de la communauté internationale, a l'opportunité de prendre un nouveau départ vers une stabilité durable et un développement inclusif.
par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade
LA VOIX DES ANCIENS PRÉSIDENTS
Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade |
Publication 12/02/2024
C'est avec beaucoup de tristesse que nous vivons les récents événements qui secouent notre cher Sénégal et qui viennent d'emporter trois de nos jeunes compatriotes. Nous présentons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches.
Nous nous adressons à vous en tant qu'anciens présidents de la République du Sénégal, pères, avec Léopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé. Nous avons su discuter et dialoguer dans l'intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix et les vies. Vous n'avez pas le droit de faire moins que nous.
Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs.
Nous venons de nous entretenir longuement au téléphone avec le président de la République, monsieur Macky Sall, qui nous a réaffirmé son engagement, pris devant la nation le 3 juillet dernier, de ne pas briguer un troisième mandat et de quitter le pouvoir aussitôt après l'élection présidentielle. Il a pris l'engagement de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du Sénégal, nous lui avons demandé d'organiser dans les plus brefs délais le dialogue national qu'il a annoncé et qui, comme nous le souhaitons ardemment, devra déboucher sur une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l'État de droit.
Nous appelons l'ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l'opposition, ainsi que les responsables de la société civile, à participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables. Ils ont le devoir de garantir que notre
Sénégal restera un modèle de démocratie pour 'lAfrique. L'Histoire les jugera.