SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 avril 2025
International
L'OPPOSITION REFUSE LE CHANTAGE AU COUP D'ÉTAT DU POUVOIR
Alors que la société civile tente de rapprocher les positions, certains médiateurs préconisent la libération de Sonko et Diomaye Faye. Mais pour Amadou Ba, "nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie contre la forfaiture de Macky Sall"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Alors que la tension politique monte au Sénégal après le report des élections par le président Macky Sall, l'opposition dénonce les avertissements du chef de l'État sur de prétendues "forces organisées" qui menaceraient la stabilité du pays. Selon elle, le pouvoir cherche à "contraindre ses rivaux à accepter un dialogue jugé insincère" en utilisant "le chantage au coup d'État".
Le président Macky Sall a en effet mis en garde dans une interview à l'agence AP contre "d'autres forces organisées" susceptibles de "déstabiliser le pays" si l'opposition ne participe pas à un "dialogue national". Une sortie jugée "troublante" alors que circulent des rumeurs d'une intervention militaire si la crise politique devait s'aggraver après la fin du mandat présidentiel le 2 avril.
Pour Amadou Ba, mandataire du candidat emprisonné Bassirou Diomaye Faye cité par Le Monde, "le pouvoir sénégalais use du chantage au coup d'État pour contraindre ses rivaux". "Macky Sall a créé le chaos avec cette crise institutionnelle artificielle et meurtrière. Parler d'un potentiel coup d'État est totalement irresponsable et dangereux", dénonce-t-il. La coalition issue de l'ex-parti Pastef rejette aussi toute offre de concertation tant que le calendrier électoral n'est pas rétabli.
Alors que la société civile tente de rapprocher les positions, certains médiateurs préconisent la libération d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Mais pour Amadou Ba, "nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie contre la forfaiture de Macky Sall". Dans ce contexte explosif, les imams appellent à la mobilisation pour le retour au calendrier initial, tandis que l'opposition à l'étranger manifeste également son mécontentement.
KARIM WADE BOUSCULE LA PRÉSIDENTIELLE, MALGRÉ L'EXIL
Depuis sa base qatarie, l'ancien ministre a lancé une offensive diplomatique et politique qui lui a permis d'influer sur les élections à distance. Portrait d'un opposant toujours influent en dépit de l'éloignement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Écarté de la présidentielle au Sénégal, Karim Wade est parvenu, depuis son exil au Qatar, à bousculer le processus électoral dans son pays. S'appuyant sur "plusieurs responsables acquis à sa cause", aussi bien à Dakar que depuis Doha, l'opposant a fait adopter la création d'une commission d'enquête et le report de la présidentielle.
Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, les relations entre Karim Wade et le président Macky Sall seraient même "de nouveau au beau fixe", après les tensions liées à la condamnation de Wade en 2015. "Ils se parlent régulièrement", affirme un proche du chef de l'État cité par Jeune Afrique. Un rapprochement "facilité par le gouvernement qatari", où Karim Wade réside depuis sa libération de prison en 2016.
Au sein du PDS, Karim Wade s'appuie sur des figures comme Saliou Dieng, secrétaire général adjoint, et Maguette Sy, secrétaire national chargé des élections. Il peut également compter sur des alliés politiques tels que le député Moustapha Cissé Lô, qui a joué un rôle dans l'adoption de la commission d'enquête.
Depuis Doha, l'opposant bénéficie de l'appui du gouvernement qatari. Il a aussi conservé son statut de conseiller de l'émir du Qatar, lui offrant une influence régionale. Ses conseillers de longue date, comme Abdoulaye Racine Kane ou Alioune Aïdara Sylla, l'ont également rejoint dans son exil.
Cité par Jeune Afrique, un "proche" de Karim Wade analyse: "Karim ne peut laisser de place à la rancune, quand la conquête du pouvoir est à l'ordre du jour". Révélant la capacité de l'opposant à mobiliser un large réseau au service de ses ambitions politiques, malgré son exil forcé.
LES HANDICAPÉS EXIGENT JUSTICE ET PROTECTION RENFORCÉE
Khadime Rassoul Badji, jeune homme handicapé, a été brutalisé par la police lors d'une manifestation à Ziguinchor. Soulevée par ce cas de violence policière, l'ANHMS condamne avec véhémence son traitement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
L'Association Nationale des Handicapés Moteurs du Sénégal (ANHMS) a publié un communiqué le 11 février pour condamner avec véhémence les brutalités policières exercées sur un de ses membres lors des manifestations qui ont eu lieu le 9 février à Ziguinchor.
Selon le communiqué, Khadime Rassoul Badji, un jeune homme handicapé, a fait l'objet de violences policières d'une extrême gravité alors qu'il manifestait pacifiquement et portait les couleurs nationales. Il a été embarqué de force dans son fauteuil roulant vers le commissariat central où il est actuellement détenu.
"Le comportement de la police de Ziguinchor est aux antipodes du respect dû à tout être humain, quelque soit sa situation et une violation flagrante des dispositions de la Convention Internationale Relative aux Personnes Handicapées et ratifiée par l’Etat du Sénégal", dénonce le président de l'ANHMS Yatma Fall.
Pour appuyer sa condamnation, l'association cite les propos éclairés de l'ancien préfet de police de Paris Maurice Grimaud: "Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans les locaux de police pour y être interrogés".
L'ANHMS exige la libération immédiate et sans condition de Khadime Rassoul Badji. Elle se réserve également le droit d'engager des poursuites judiciaires si une telle situation venait à se reproduire. L'association appelle enfin au calme pendant cette période troublée et invite les personnes handicapées à la plus grande vigilance.
Collectif d'universitaires sénégalais
APPEL AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Nous disons non au bafouement de nos idéaux démocratiques, au piétinement de nos valeurs de liberté, de dignité, non à l'avalissement de nos institutions. Nous exigeons le respect scrupuleux de la Constitution
Monsieur le président, le samedi 3 février, vous avez décidé d'abroger le décret portant convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle.
Le lundi 5 février, les députés de la majorité ont reporté la date de cette élection de 10 mois.
Ces actions illégales, illégitimes, injustifiables et inacceptables sont le dernier acte d'une longue série de manquements graves portés à notre démocratie.
Manifestations interdites, emprisonnements massifs et arbitraires, régimes de terreur, coupures d'Internet, suspensions de médias.
Ces actes constituent une atteinte extrêmement grave aux droits et libertés des citoyens et des citoyennes et par conséquent à la stabilité politique et sociale du Sénégal qui a pourtant toujours été un exemple de démocratie en Afrique.
Ces actes portent les germes d'une crise institutionnelle sans précédent, d'une profonde érosion de la confiance dans notre personnel politique et d'une dangereuse récréation du Sénégal dans sa trajectoire démocratique.
C'est la raison pour laquelle nous enseignants et chercheurs de toutes les universités publiques du Sénégal exigeons la cessation de toutes les formes de violations de notre loi fondamentale, des normes communautaires et des droits et libertés.
Nous disons non au bafouement de nos idéaux démocratiques, au piétinement de nos valeurs de liberté, de dignité, non à l'avalissement de nos institutions politiques et sociales.
Nous exigeons le respect scrupuleux de la Constitution, de la démocratie et de la République.
Nous exigeons le respect du peuple.
Monsieur le président, nous exigeons le rétablissement immédiat du calendrier électoral, la garantie du bon fonctionnement des institutions, l'équilibre des pouvoirs et le respect des droits humains, car ces éléments constituent une nécessité absolue et une urgence nationale.
Jean-Louis Corréa, Agrégé des Facultés de Droit, UNCHK (ex-UVS)
El Hadj Samba Ndiaye, Agrégé des Facultés de Droit, UCAD
Mame Penda Ba, Professeure de Sciences politiques, UGB
Abdou Sène, Professeure en Mathématiques appliquées, UNCHK (ex-UVS)
Abdoul Aziz Diouf, Agrégé de Facultés de Droit, UCAD
Idrissa Ba, Professeur d'Histoire, UCAD
Maryama Khadim Mbacké, Enseignant-chercheur en Génie des procédés, UAM
MACKY SALL VA AMNISTIER LES CRIMES DE 2021 ET 2023
Le président lève la suspension de Walf TV dans l'espoir d'apaiser les esprits. Autres actions à venir : le projet d'amnistie à présenter prochainement en Conseil des ministres et la poursuite du dialogue national pour sortir de l'impasse politique
La reprise du signal de la télévision Walfadjri rentre dans un plan général de réconciliation préparé par Macky Sall. Le gouvernement va présenter mercredi un projet d’amnistie couvrant les émeutes de 2021 et de 2023. Cela, afin de préparer la voie au dialogue souhaité par le Président.
La reprise du signal de Walf Tv se veut être le premier signe de la décrispation de l’espace social et politique que souhaite lancer le président Macky Sall. Le chef de l’Etat souhaiterait convaincre le plus de monde possible à venir au dialogue qu’il a appelé, dans l’idée de sortir de l’impasse politique où se trouve le pays, et qui conduit à des affrontements mortels, opposant les Forces de défense et de sécurité (Fds) à des citoyens dans plusieurs localités du pays, en particulier les grandes agglomérations.
Pour preuve de sa bonne foi, le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de préparer un projet de loi d’amnistie pour les évènements ayant conduit aux émeutes de mars 2021 et de juin 2023. Ce sera l’occasion sans doute de permettre aux nombreuses personnes détenues dans les prisons du pays de recouvrer la liberté.
S’agissant de ce point, Le Quotidien a appris par ailleurs que le chef de l’Etat avait d’ailleurs présenté l’idée en Conseil des ministres le mercredi dernier 7 février. Néanmoins, plusieurs ministres avaient eu besoin de plus de clarifications, ce qui a conduit à repousser le projet, pour prendre le temps de bien en expliquer les motivations à tous les acteurs. Cela s’est tout de même reflété d’une certaine manière dans le communiqué de ce dernier Conseil des ministres, qui indique ceci : «Le président de la République a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d’une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d’autre part, la crédibilité de nos institutions. Dans ce contexte, le chef de l’Etat a décidé d’engager les voies et moyens de mettre en œuvre un processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la Nation. Dans cette dynamique, le président de la République, garant de l’unité nationale et du fonctionnement régulier des institutions, a demandé au gouvernement, notamment à la Garde des sceaux, ministre de la Justice, de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l’espace public dans la perspective du dialogue national et de l’organisation de la prochaine élection présidentielle.»
L’idée derrière ce texte est, comme dit plus haut, de faire montre «d’esprit de pardon et de réconciliation», pour dépasser les clivages actuels, afin de reprendre le plus rapidement possible le processus électoral.
Le chef de l’Etat a dû penser que les explications fournies aux uns et aux autres ont sans doute permis de lever les obstacles liés à la compréhension de certains membres du Conseil des ministres, et que le prochain pourra donc être présenté dès le mercredi prochain 14 février pour être adopté avant son envoi devant les députés
LES CALCULS POLITICIENS FRAGILISENT LE CLIMAT DES AFFAIRES
Le report de la présidentielle jette le trouble. Nombre de patrons redoutent les conséquences d'un nouvel embrasement sur leur activité. Car au Sénégal, les petits métiers du secteur informel représentent 97% des emplois
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/02/2024
Derrière son bureau de la banlieue de Dakar, Racine Sarr supervise avec inquiétude ses équipes. Le report de l'élection présidentielle sénégalaise, annoncé par le chef de l'Etat Macky Sall, jette le trouble sur les activités de cet entrepreneur et sur l'ensemble de l'économie du pays.
"C'est un énorme gâchis d'argent", déplore le patron de la plateforme d'import-export Shopmeaway, interrogé par France 24. A l'instar d'Ousmane Diallo, qui évoque déjà "20 000 euros de pertes" après l'annulation d'un contrat avec un candidat, de nombreux acteurs économiques dénoncent les répercussions immédiates de cette décision sur leur business.
Mais au-delà des impacts financiers à court terme, c'est surtout l'incertitude sur la durée de cette crise politique que redoutent les chefs d'entreprise sénégalais. Car en tant que deuxième économie ouest-africaine, la stabilité du Sénégal est un atout majeur pour rassurer les investisseurs internationaux.
"Notre rôle est d'être un vecteur de confiance. Celle-ci est bien sûr liée à la stabilité politique du pays", souligne Racine Sarr. Or, selon l'économiste Thierno Thioune, "sur le moyen-long terme, [les troubles] affectent la confiance et donc les partenariats et les investissements internationaux".
Un constat avéré par le passé récent. Lors des émeutes de 2021 et 2023 déclenchées par l'affaire Ousmane Sonko, des entreprises comme Auchan avaient été la cible de manifestants. Et ces perturbations avaient alors eu "un impact immédiat sur le business sénégalais", note M. Thioune.
Dans les bureaux de Racine Sarr, situés non loin du quartier de l'opposant emprisonné, les affrontements avaient même mis en péril le travail des équipes. "Le gaz lacrymogène entrait dans nos bureaux", se remémore l'entrepreneur.
Comme lui, nombre de patrons redoutent les conséquences d'un nouvel embrasement sur leur activité. Car au Sénégal, ce sont aussi les petits métiers du secteur informel, représentant 97% des emplois selon la Banque mondiale, qui sont les premiers touchés par les perturbations.
Or le climat social s'annonce tendu jusqu'aux prochaines élections, repoussées au 15 décembre. De quoi susciter l'inquiétude des entrepreneurs, à l'image de Racine Sarr qui déplore que "des calculs politiciens mettent en péril les intérêts de tous". Face aux incertitudes, le poumon économique ouest-africain retient son souffle.
Par Madiambal DIAGNE
LES INDÉCENTES INJONCTIONS AUX JUGES DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Il faudrait bien que ceux qui voudraient renverser la table des négociations, sachent que leur jusqu’au-boutisme pourrait mener à une situation extrême d’un putsch militaire
Un groupe de cinq professeurs de Droit, émérites, des références, des sommités universitaires, Serigne Diop, Abdel Kader Boye, Babacar Guèye, Alioune Badara Fall et Alioune Sall, ont publié une sorte de lettre ouverte aux membres du Conseil constitutionnel. Ils leur font la leçon de Droit, leur expliquant comment juger le recours introduit au niveau de cette haute juridiction par des députés de l’Assemblée nationale, attaquant la loi constitutionnelle qui fixe le report de l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. Cette élection présidentielle était initialement prévue pour le 25 février 2024. Ces enseignants de Droit public, qui signent leur texte avec laeurs prestigieux titres et qualités académiques, considèrent «la justiciabilité incontestable de la loi constitutionnelle n°04/2024 devant le Conseil constitutionnel». En langage moins ésotérique, ils expliquent que le Conseil constitutionnel est compétent pour juger de cette loi constitutionnelle. C’est dire que le Conseil constitutionnel devrait réviser sa jurisprudence constante selon laquelle il ne saurait juger d’une loi constitutionnelle, d’autant que ses missions sont strictement encadrées par la loi organique qui fixe ses attributions et compétences.
«Cent fois le Conseil constitutionnel sera saisi pour examiner une loi constitutionnelle, cent fois il se déclarera incompétent» - Serigne Diop
Cette haute juridiction ne saurait être appelée à se prononcer dans d’autres cas que ceux limitativement prévus par les textes. Le Conseil constitutionnel ne tient, ni de la Constitution ni d’aucune disposition de la loi organique, le pouvoir de statuer sur une révision constitutionnelle. On voit clairement le premier biais de l’injonction contenue dans la note de cours des éminents universitaires. En effet, ils admettent, par l’intitulé-même de leur texte, le caractère et l’impérium d’une «loi constitutionnelle». Il ne saurait d’ailleurs en être autrement car le texte en cause a été adopté, par le Constituant, selon les formes d’une loi constitutionnelle, c’est-à-dire à la majorité requise de plus des 3/5 des membres de l’Assemblée nationale. Aussi, dans le fond, le texte change des dispositions de la Constitution et toutes choses égales par ailleurs, une disposition légale qui en change une autre, revêt naturellement la même autorité ou le même caractère. Il apparaît alors étonnant de demander au Conseil constitutionnel de s’arroger le droit ou le pouvoir d’examiner une loi constitutionnelle. Autres temps, autres mœurs car dans les mêmes circonstances, Serigne Diop enseignait que «cent fois on saisira le Conseil constitutionnel au motif d’apprécier une loi constitutionnelle, cent fois le Conseil constitutionnel se déclarera incompétent !».
On peut rappeler les grands débats durant le règne du président Abdoulaye Wade, en l’occurrence lors de l’adoption de la loi constitutionnelle instaurant un viceprésident de la République au Sénégal ou de la loi constitutionnelle instituant le Sénat, ou encore de la loi constitutionnelle sur l’intérim du président de la République par le président du Sénat, ou encore de la loi constitutionnelle modifiant la durée du mandat du président de la République. Le contrôle des lois constitutionnelles s’est systématiquement heurté au refus du juge de l’exercer ! Comme par hasard et pour on ne sait quelle raison, il faudrait que le Conseil constitutionnel se transforme ou se renie pour l’exercer dans le cas d’espèce ! Inciterait-on à une sorte de rébellion des juges, mais une rébellion qui ne serait certainement pas fondée sur une posture de légalité ou d’orthodoxie républicaine ? Le Conseil constitutionnel a pu être atteint dans son honorabilité avec les folles accusations de corruption portées par une partie de la classe politique contre certains de ses membres. Pour autant, il ne saurait se mettre dans une logique de « gouvernement des juges ».
On retiendra que c’est cette situation de récurrence des décisions d’incompétence du Conseil constitutionnel qui avait poussé des voix à s’élever pour demander l’accroissement des compétences du Conseil constitutionnel ou de l’interprétation qu’il en fait, et donc préconisaient de le transformer en Cour constitutionnelle comme au Bénin. Ainsi aurait-il la plénitude de ses compétences et statuerait en toutes circonstances. Depuis sa décision du 26 mars 2003, le Conseil constitutionnel français se déclare systématiquement incompétent pour statuer sur la conformité à la Constitution d’une révision constitutionnelle.
L’autre argument qui rend dubitatif est que les cinq éminents professeurs arguent que la loi constitutionnelle ne saurait modifier des dispositions intangibles ou immuables consacrées par la Constitution. En langage plus simple, il existerait dans la Constitution des dispositions qu’aucun Constituant souverain ne devrait plus pouvoir changer. Le Constituant qui a élaboré la Constitution de 2016 aurait-il plus de légitimité ou d’autorité pour ne plus permettre à un autre futur lointain Constituant de l’année 3016 par exemple, de fixer de nouvelles dispositions selon les mêmes règles ou procédures ? Ce Constituant de 2016 s’était pourtant permis de modifier des dispositions fixées antérieurement par d’autres aussi légitimes constituants !
En France, ils tomberaient sous le coup de la loi pénale
Il faut dire que c’est le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, un autre professeur de Droit public, Ismaïla Madior Fall, qui a été le premier à chercher à faire revenir les juges constitutionnels sur les bancs de la Faculté des sciences juridiques. Il a fait une note explicative intitulée «comprendre le report de l’élection présidentielle du 24 février 2024», et dans laquelle il s’est permis de répondre à sa propre question : « Est-ce que le Conseil constitutionnel peut censurer la loi constitutionnelle ?» Ainsi, explique-t-il, dans l’esprit d’une justice « prédictive », que la haute juridiction ne saurait faire autrement que d’avaliser la loi constitutionnelle. Il s’est également évertué à leur montrer que le décret pris par le président de la République, le 3 février 2024, suspendant le processus électoral, relève de la catégorie des actes de gouvernement qui bénéficient de l’injusticiabilité constitutionnelle. On peut dire qu’il a bien tort d’engager le débat pour provoquer les réactions examinées ci-dessus. Si le Conseil constitutionnel le suit dans «sa plaidoirie», on pourra toujours dire que les juges ont subi une influence, une pression de la part des autorités gouvernementales. Au demeurant, toutes ces prises de position participent de certaines formes d’influence, du reste inacceptables, sur les juges. On peut en outre interroger la question de la rationalité affective qui peut peser sur le délibéré des juges.
En effet, quand votre ancien professeur de Droit, que vous respectez, que vous pouvez vénérer, vous indique la « bonne » voie à suivre pour trancher un contentieux, assurément, toute personne peut avoir tendance à être sensible à cette injonction. On a bien vu que cela devient une habitude au Sénégal, que les différents professeurs de Droit s’autorisent à écrire publiquement, dans les journaux, le factum à la place du Conseil constitutionnel ou de tout autre juge. De telles prises de position peuvent constituer de véritables déterminants qui peuvent fortement conditionner un juge. Aussi, la suspicion qui va entourer la décision que prendront les juges sera renforcée. Est-il besoin de rappeler que les juges ne sont que des êtres humains avec des sentiments.
Aux Etats-Unis d’Amérique, une caricature voudrait que « la Justice reflète ce que le juge a mangé au petit-déjeuner ». Dans l’esprit de protéger davantage les juges de ces formes de pression, le législateur sénégalais devrait songer à adopter une loi comme celle existant en France. L’article 434-16 du Code pénal français dispose : «La publication, avant l’intervention de la décision juridictionnelle définitive, de commentaires tendant à exercer des pressions en vue d’influencer les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d’instruction ou de jugement, est punie de six mois d’emprisonnement et de 7500 € d’amende. Lorsque l’infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.»
Au Sénégal, cette interdiction n’est faite qu’à l’endroit des magistrats. Il n’est nullement question d’une remise en cause d’un quelconque droit de critique d’une décision de Justice. La doctrine enrichit l’œuvre de Justice par cet exercice. Ce droit de critique, et parfois de contestation, demeure aussi une faculté encadrée par la loi, encore qu’elle ne saurait être exercée qu’après le prononcé du verdict. Le faire avant procède indubitablement d’une forme de discrédit de la Justice.
L’heure de choisir entre la peste et le choléra
On ne le dira jamais assez, la décision de Justice, quelle que soit sa portée, ne permettra pas de régler définitivement la question éminemment politique du report de l’élection présidentielle. Il apparaît que le rendez-vous initial du 25 février 2024 sera fatalement manqué. La question est moins de savoir si Macky Sall est un démocrate ou est le pire des dictateurs que la terre n’ait jamais connus. Il s’agit de sortir le Sénégal d’une impasse. Les acteurs publics ne pourront alors qu’essayer de s’y faire avec un nouveau calendrier électoral. Il faudra forcément accepter une autre date pour l’élection du président de la République. Le refus obstiné de discuter pour s’accorder sur la date du 15 décembre 2024 ou sur une autre date, présente assurément de graves risques pour la paix civile et la stabilité institutionnelle et le système démocratique. Il faudrait bien que ceux qui voudraient renverser la table des négociations, sachent que leur jusqu’au-boutisme pourrait mener à une situation extrême d’un putsch militaire (Que Dieu nous en préserve !). Mais si par malheur cela arrivait, au lieu du 15 décembre 2024, l’élection se tiendrait au meilleur des cas en 2027. Il suffit en effet d’observer autour du Sénégal, que tous les régimes putschistes qui avaient promis de courtes transitions sont restés au pouvoir depuis plusieurs années et ne songent pas encore à organiser des élections.
AU COEUR DE LA MÉDIATION POUR LE RÉTABLISSEMENT DU SIGNAL DE WALF TV
Macky Sall n'aurait pas validé le retrait de la licence de la chaîne de télévision. Contrairement à ce qu'affirme le communiqué du ministre Bocar Thiam, Cheikh Niasse a démenti avoir présenté des excuses pour obtenir le retour de la licence
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 11/02/2024
Selon les informations de Walf, le signal de la chaîne de télévision ainsi que sa licence d'exploitation, qui avaient été coupés la semaine dernière, ont été rétablis dimanche à 20 heures à la suite d'une audience entre le PDG de Walf, Cheikh Niasse, et le président de la République Macky Sall au Palais.
C'est l'architecte Pierre Goudiaby Atépa qui aurait appelé Cheikh Niasse pour l'informer de cette entrevue prévue à 16h30 avec le chef de l'État, selon les dires de ce dernier rapportés lors d'un plateau spécial sur Walf TV. D'autres personnalités de la société civile sénégalaise, comme Alioune Tine, auraient également participé à la médiation entre les deux parties.
Lors de cet entretien, le président Macky Sall a exprimé sa surprise quant au retrait définitif de la licence, laissant entendre qu'il n'était pas au courant de la décision du ministre de la Communication. Ce dernier n'était d'ailleurs pas présent à l'audience au Palais. Le chef de l'État aurait alors ordonné directement au ministre de rétablir le signal de Walf TV.
Contrairement à ce qu'affirme le communiqué dudit ministre, Cheikh Niasse a démenti avoir présenté des excuses pour obtenir le retour de la licence. Il a insisté sur le fait que Walf TV avait une ligne éditoriale propre que le président de la République était tenu de respecter.
Ces informations, non confirmées de source officielle, proviennent directement du média Walf TV, dont le signal a été rétabli depuis, après une semaine de coupure.
VIDEO
LA CÔTE D'IVOIRE S'OFFRE UN TROISIÈME SACRE HISTORIQUE À DOMICILE
Dans une finale 100% ouest-africaine, les Éléphants ont rattrapé leur début de tournoi chaotique en triomphant du Nigeria (2-1). Menés au score, ils ont renversé la dynamique grâce à Kessié & Haller, couronnant le travail du jeune sélectionneur Emerse Faé
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 11/02/2024
La Côte d'Ivoire a remporté la Coupe d'Afrique des Nations 2023 en battant le Nigeria 2-1 en finale, dimanche au stade Alassane Ouattara d'Abidjan. "Cette fois ce n'est pas un miracle", écrit l'AFP, les Éléphants ayant mérité leur victoire grâce à des buts de Franck Kessié et Sébastien Haller.
Pourtant, le Nigeria avait ouvert le score contre le cours du jeu d'un coup de tête du capitaine William Troost-Ekong. Mais les Ivoiriens "n'avaient jamais été maîtres de leur sujet" selon l'agence, forgeant leur victoire "au long d'une trajectoire qui restera dans l'histoire du football". Quasi-éliminés après une défaite 4-0 contre la Guinée équatoriale, ils sont passés aux tirs au but contre le Sénégal et à dix contre onze face au Mali, marquant à chaque fois dans les derniers instants.
En finale, "ils ont toujours cherché à jouer et ne se sont jamais découragés", note l'AFP. Après une frappe manquée de Max-Alain Gradel, c'est d'un corner que "est venu le centre de Simon Adingra pour l'égalisation" signée Franck Kessié. Puis Sébastien Haller, qui n'avait pas joué une minute du 1er tour après une blessure, a donné l'avantage aux siens d'une tête pachydermique (81è).
Cette victoire couronne le travail du sélectionneur Emerse Faé, qui a "réussi une entrée de mammouth" en devenant champion d'Afrique seulement quatre matches après avoir remplacé Jean-Louis Gasset, selon l'Agence France Presse. Ses choix tactiques ont payé, relançant des joueurs d'expérience. Le pays hôte s'impose pour la première fois depuis l'Egypte en 2006, mettant fin à cinq finales sans but marqué.
Victor Osimhen est lui inconsolable, rêvant de mener le Nigeria au titre à l'image de ses idoles Jay-Jay Okocha et Nwankwo Kanu. Mais "on ne pouvait pas arrêter la charge de ces Éléphants", conclut l'AFP.
par Kamou
MACKY SALL, LA RECETTE DE L’INDIGNITÉ DE LA FONCTION PRÉSIDENTIELLE
Macky Sall a une conception violente, répressive, carcérale et corruptive de l’Etat. Ce qui l’intéresse, c’est ce qu’il veut et tous les voies et moyens pour y arriver sont admis chez lui
Que Macky Sall, depuis qu’il ne disposait pas encore des pleins pouvoirs, ne respectait pas les règles, que le droit, il en a cure ; qu’il ne se conforme aux textes et lois que si c’est en sa faveur ; que dame justice est une touaille qu’il utilise à sa guise, un rouleau de ronderche avec lequel il s’essuie ; qu’une bonne place au pinacle de l’histoire ne l’intéresse pas ; m’enfin, que c’est un génocidaire de la démocratie, sont dorénavant des choses connues de toutes et de tous.
Cependant, il faut le dire, si, en 2012, le peuple sénégalais s’était vaillamment mobilisé, aux prix d’une dizaine de vies humaines, pour le départ d’Abdoulaye Wade – l’autre promoteur de la destruction massive du Sénégal, bien qu’aujourd’hui javellisé – celui qui allait être choisi pour une deuxième alternance, Macky Sall, présentait déjà des indices d’une appétence pour l’autocratie et de sa phobie pour la démocratie.
En effet, alors maire de Fatick et ministre des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique dans le gouvernement de son géniteur politique, manifestement et sciemment, il violait le code électoral en votant sans pièce d’identité lors des élections régionales, municipales et rurales le 12 mai 2002, on peut également citer sa proximité avec le journal Il est Midi, spécialisé dans le dénigrement et aux calomnies des opposants de l’époque dont il est réputé être le sponsor, une rigidité face aux collaborateurs qui lui tenaient tête entre autres comportements inacceptables en démocratie.
Mais peut-on reprocher au peuple sénégalais, en proie à un ancêtre qui nourrissait l’ambition de léguer le Sénégal à son enfant gâté, d’avoir tiré la mauvaise carte ? Non, c’était plutôt, à celui qui a été choisi dans ces situations de turbulences, de se dresser en serviteur de ce peuple, tant meurtri et trahi.
Macky Sall, très vite après son installation dans le fauteuil présidentiel et ainsi disposant de tout l’appareil d’Etat, montra toute la plénitude de son autoritarisme et son inconscience de l’importance de sauvegarder les acquis démocratiques, obtenus après des décennies de lutte par des générations d’hommes et de femmes.
Les arrestations arbitraires et abusives, la répression sanglante, la confiscation et la restriction des libertés, les forfaitures, le clientélisme et les intimidations constituaient la première offre de son régime vis-à-vis du peuple. Et les plus avertis en matière d’analyse de l’espace politique sénégalais et de son histoire détectaient déjà les prémices de toute cette violence physique et psychologique quand il affirmait publiquement, d’un ton rigide, sa volonté de « réduire l’opposition à sa plus simple expression » ; propos scandaleux en démocratie. En réalité, Macky Sall a une conception violente, répressive, carcérale et corruptive de l’Etat. Ce qui l’intéresse, c’est ce qu’il veut et tous les voies et moyens pour y arriver sont admis chez lui. Qu’ils soient antidémocratiques, violents, infamants, indécents, peu importe, c’est quelqu’un qui n’a honte de rien.
Pendant les 12 ans qu’il a passé à la tête du Sénégal, Macky Sall s’est construit la carapace d’un homme sadique, d’une rare violence, qui est capable de broyer toutes les dissidences qui se dressent sur son chemin. Toutes les catégories sociales subiront les foudres de cette violence. Sur le champ politique, si au cours de son premier mandat, il s’est juste contenté, avec moins d’effort, de vassaliser les partis politiques classiques : emprisonner Karim Wade, traquer les responsables du PDS, domestiquer le PS et l’AFP etc., c’est au second mandat qu’il croisera le fer avec une jeune opposition chapeautée par Ousmane Sonko et le Pastef.
Si aujourd’hui, il semble prendre le dessus en mobilisant tous les moyens de l’Etat avec un investissement colossal sur le matériel et recrutement massif dans les différents corps des forces de défense et de sécurité, celle-ci a permis à l’opinion nationale, continentale et mondiale de connaitre la large palette de la cruauté de l’homme et de ses hommes de main. Ces jeunes acteurs politiques se sont battus dans la dignité, l’honneur en bandoulière avec les moyens de leur époque malgré la violence de la répression et les emprisonnements massifs.
Ces trois dernières années, depuis 2021, c’est plus d’une cinquantaine de vies humaines, souvent jeune, qui est perdue dans la seule volonté de Macky Sall de détruire les réfractaires à ses désirs, de tenir le pays entre ses mains et de partager le butin que constitue le Sénégal avec ses proches.
Depuis son arrivé au pouvoir, en 2012, Macky Sall, ne serait-ce que par accident, n’a jamais parlé de Philosophie, de Littérature, d’Arts, de Sociologie, d’Anthropologie ou de Sciences, les quelques fois qu’il s’était essayé à l’Histoire, nous avions tous assisté à la catastrophe que cela a constitué : les desserts coloniaux. Les choses de l’esprit, il en est déficient et déficitaire.
Le 3 février 2024, sentant la fin du festin par une débâcle, il pose un acte inédit dans l’histoire du Sénégal : il reporte l’élection présidentielle jusqu’au mois de décembre 2024. Le fond est ainsi percé par le tyran.
Cette décision inique de Macky Sall est l’expression du mépris qu’il a toujours manifesté à l’égard du peuple sénégalais. Il va se dire, dans ses délires mystiques, que parmi les 18 millions de Sénégalais, personne n’est fichu de gouverner ce pays et qu’il en est le seul capable. Autrement dit, que nous sommes tous des minables qui ne pourrons autre chose que se conformer à ses désidératas à défaut de nous réprimer voire nous tuer. Et le peuple sénégalais est le seul, dans sa complexité et son unité, à relever ce défi qu’il lui a lancé. Ainsi, on a le choix entre une mobilisation totale pour son départ et un esclavagisme moderne auquel il nous réduira pour, au moins, ces 20 ou 30 prochaines années. Choisissons