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28 novembre 2024
International
LA CRAINTE QU’INSPIRE UNE VICTOIRE DU RN AUX LEGISLATIVES EST FONDEE
La perspective d’une arrivée à la tête du gouvernement français du Rassemblement national (RN) nourrit une certaine crainte chez les immigrés africains de France, qui redoutent un durcissement des lois sur l’immigration
Paris, 6 juil (APS) – La perspective d’une arrivée à la tête du gouvernement français du Rassemblement national (RN) nourrit une certaine crainte chez les immigrés africains de France, qui redoutent un durcissement des lois sur l’immigration, a déclaré à l’APS, le Franco-togolais, Patrice Anato, défait dès le premier tour des législatives dans la circonscription de Seine-Saint Denis.
”La crainte pour les immigrés africains de voir le Rassemblement national arriver au pouvoir est bien fondée. Cela inquiète parce que le fond idéologique reste le même’’, a-t-il indiqué lors d’un entretien.
Historiquement, le parti fondé par Jean Marie Le Pen était restée négationniste, antisémite et raciste. Et certains propos émanant de certains hommes et femmes actuellement démontrent que la formation politique n’a pas changé, a laissé entendre Patrice Anato, qui briguait un siège de député sous la bannière d’Ensemble pour la République (pouvoir sortant)
”Les sondages restent des sondages, mais il y a une forte probabilité que le Rassemblement national obtienne la majorité à l’Assemblée nationale et peut être même une majorité absolue”, a-t-il fait valoir.
Selon l’ancien député à l’Assemblée nationale française, les estimations montrent que le RN peut avoir la majorité absolue ou relative. En tout état de cause, le RN arrivera devant toutes les formations ou coalitions au soir du dimanche 7 juillet, le jour du second tour des législatives.
La crainte qu’inspire cette perspective est justifiée, car l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national sera un saut vers l’inconnu pour les migrants africains qui ne savent pas si la formation d’extrême droite a vraiment changé, a-t-il fait observer.
Il a ainsi évoqué certains aspects du programme du RN dont les immigrés redoutent l’application au sujet notamment du durcissement des lois sur l’immigration.
De l’avis de Patrick Anato, l’essentiel du programme du Rassemblement national fait peur aux Africains de France.
Il souligne toutefois que le RN pourrait, s’il parvenait au pouvoir, être rattrapé par la réalité de la politique.
Il a ainsi cité l’exemple de la présidente du Conseil en Italie, parvenue au pouvoir avec d’une certaine manière les mêmes idées. Giorgia Méloni avait promis un durcissement de la lutte contre l’immigration en Italie, mais a changé de fusil d’épaule une fois au pouvoir. Elle devenue beaucoup plus calme sur certaines considérations sur l’immigration.
‘’Si demain le RN arrive au pouvoir dimanche 7 juillet, la réalité de la politique va les rattraper, car faire partir de France tous les immigrés, c’est fragiliser l’économie français’’, a fait valoir le candidat malheureux aux législatives.
Il a par exemple insisté sur le fait que beaucoup d’immigrés évoluent dans des secteurs délaissés par les Français. ‘’Si on prend en compte ces facteurs, on peut se dire que tous ces slogans du RN ne pourront pas être mis en œuvre’’, a-t-il soutenu.
PAR Djibril Mbaye
LETTRE À MON FRÈRE BLANC
EXCLUSIF SENEPLUS - Je ne reconnais plus la France. Sur les sentiers sinueux qui font l’histoire, elle a, me semble-t-il, perdue deux de ses trois filles : « égalité » et « fraternité ». Celle qui portait la robe de justice
Bonjour Lionel comment tu vas ? J’espère que maman et Rémy se portent bien.
C’est moi Djibril, ton frère « Nioul *».
L’heure à laquelle je tapote sur mon clavier te renseigne sur mon insomnie et sur mon état de détresse psychologique.
En fait, j’ai été réveillé par un terrible cauchemar dans lequel, un couple de diables est venu frapper à ma porte. Lorsque j’ai ouvert, j’ai vu cette vieille femme, trois fois cornue, le nez crochu, les yeux exorbités, la gueule baveuse et remplie d’une forêt de crocs de formes et de tailles différentes. Derrière elle, son fils, moins hideux, presque humain, à qui elle intima aussitôt l’ordre qui me fait encore trembler : « jordane, fous-moi dehors cette négraille !!», dans une voie électronique d’intelligence artificielle. Je fus réveillé par une salve applaudissements. Ouf, nous étions au théâtre… dans le cauchemar !
Depuis la décision de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, ces cauchemars me sont récurrents. Il m’arrive souvent, maintenant, de me réveiller en pleine nuit pour cogiter sur ma relation avec la France et le sens de notre vie ici. Je ne te cacherais ni mon inquiétude, ni ma préoccupation.
En effet, nous sommes loin des années-fac avec notre inconscience et nos délires, nos bonheurs et plaisirs simples et nos mille questions sur un avenir alors lointain.
Je me souviens de nos sentiments forts d’affections, de solidarité et de camaraderie désintéressés. Je me souviens de notre innocence imperméable à toute idée de xénophobie. Mais c’était il y a plus de trois décennies et nous sommes déjà immergés dans cet avenir qui nous semblait si insaisissable, qu’il échappait aux jumelles de notre vision pourtant jeune et précise et à notre prodigieuse imagination d’alumni.
L’histoire est passée par là. Et comme l’histoire consiste en une transformation de l’ensemble des êtres humains, nous avons dû vraiment changer, et les Français aussi.
Je ne reconnais plus la France. Sur les sentiers sinueux qui font l’histoire, elle a, me semble-t-il, perdue deux de ses trois filles :« égalité » et « fraternité ». Celle qui portait la robe de justice et celle qui, de son irrésistible et enviable charme, invitait à la convivialité et forçait le respect.
Je me fais un sang d’encre !
Et si je me fais du mauvais sang, c’est d’abord pour mes enfants. Surtout pour le grand qui comprend déjà tout.
Ensuite, c’est pour ces millions d’enfants que la France a conçus dans une relation consentie, d’amour et parfois de raison aussi, que certains politiciens malhonnêtes présentent comme adultérine, illégitime et déshéritable.
Comme tu le sais, ils sont nés ici et sont tous Français. Ils ne connaissent que la France. Aujourd’hui, en regardant l’actualité, il m’arrive de regretter de ne les avoir pas rapprochés davantage du Sénégal, là où tout a commencé. Ils auraient pu avoir au moins une bouée de sauvetage face à cette France qui semble naufrager dans le déni de leur légitimité.
Je m’en veux aujourd’hui et confesse mon impardonnable absence de réalisme.
Par contre, j’assume les avoir laissés vivre librement leur francité, avec leurs camarades, amis et concitoyens français. À travers qui, je nous revois jeunes étudiants à la faculté de droit.
Je ne suis pas étonné du fait que la jeunesse française « de souche » soit moins réceptive à l’appel du racisme et de la haine envers l’étranger. Je pense qu’à cet âge, ils sont encore préservés de la phobie de la différence. Ils sont isolés et égoïstes. Ils vivent dans le confort de leur bulle artificielle. Ils sont insouciants et n’ont pas encore conscience de la violence des relations sociales.
Les démons de la différence ne les courtisent que plus tard, lorsqu’adultes, ils se frottent à la réalité de la vie et qu’ils sont confrontés à la lutte pour l’insertion, la réussite ou la survie.
Quand les ambitions se réveillent et s’affrontent. C’est en ce moment que les plus faibles cherchent un alibi, un bouc émissaire. Et « l’autre », l’étranger, vulnérable parce que hors de chez lui, qui ne leur ressemble pas, apparaît dès lors comme le coupable idéal.
Cette situation est la résultante des rapports que ces jeunes, devenus adultes ont eu et continuent d’avoir avec les autres composants de la société. C’est le fruit des rapports sociaux.
Karl Marx ne semble pas dire le contraire, dans une très fameuse 6ème thèse sur Fuerbach. Il considère que l’essence humaine n’est pas une abstraction liée à l’individu isolé. Mais que dans son essence, elle est le résultat de l’ensemble des rapports sociaux.
Donc, la société et les autres, ont leur part de responsabilité dans la dépravation des rapports et le climat délétère actuel.
Je pense donc, mon cher frère, que la France aura besoin, au lendemain de ces élections, d’une véritable remise en question de ses politiques économique, sécuritaire, sanitaire et sociale.
En effet, ces questions qui taraudent les Français comme l’inflation, la sécurité et l’immigration, la santé et j’en passe, restées sans réponse, ont eu raison de la sérénité de ce pays. Elles devront être purgées avec franchise, réalisme et efficacité.
Aujourd’hui, entendre M. Bardella dire que l’immigration met en péril l’identité nationale et que le droit du sol serait remis en cause en cas de victoire, m’interroge. Même si je sais que la France restera un État de droit et que le Conseil constitutionnel veillera à retailler considérablement les ambitions malsaines de ces politiciens professionnels.
Je ne sais pas comment l’entend mon fils Bachir. Il me faudrait en discuter avec lui. Savoir réellement ce qu’il pense des hommes politiques qui portent en fusil d’épaule la question migratoire comme la principale névralgie de la France, indissociable de son nerf défaillant : l’étranger !.
Se sent-il stigmatisé, se sent-il prêt à affronter toute sa vie durant, ce doigt, ces regards, ces projecteurs et cette actualité pointés sur lui, sur nous, en permanence ?
En tout cas, moi qui ne suis pas Français, mais trois fois père de Français, qui adore la France, je sens dans ma chair et ma dignité d’être humain, cet omni-niant crachat, jeté sur le visage des immigrés.
Je ne serais pas surpris qu’il le vive mal, car une nationalité, c’est sacré !
C’est une histoire extraordinaire entre une femme, un homme et sa terre natale, ses origines, ses fibres, son histoire et même son esprit. Cela ne se choisit pas à la légère. En réalité, la plupart du temps, c’est la nationalité qui vous choisit, plus que vous ne la choisissiez. Et quand elle vous prend, vous n’avez pas la force de lui échapper.
D’ailleurs c’est la raison pour laquelle je n’ai jamais senti la nécessité de solliciter une naturalisation. Pour ce qui justifie mon séjour en France, un titre périodique suffit largement. Le sentiment de fierté et d’amour avec ma terre d’origine, le lien historique et social et l’honnêteté et la franchise à l’égard de la France, ont fini de me convaincre de rester Sénégalais, résident en France.
C’est pourquoi rejeter les millions d’étrangers nés français et particulièrement abjecte.
C’est la négation de leur identité intrinsèque. Ils ne viennent pas souiller une identité nationale. Ils sont cette identité même. Ils en sont la substance et la force. N’en déplaise aux ennemis de la diversité.
Ces hommes politiques ignorent-Ils l’apport des immigrés, la demande du patronat français en main d’œuvre étrangère pour les années à venir ? Savent-ils vraiment combien de Français sont émigrés en Afrique et dans le monde et y vivent tranquillement ? Comme ces dizaines de milliers d’immigrés sénégalais qui d’après une étude récente sont plus diplômés que les Français. Une configuration inattendue pour nombre de politiciens, qui ne doit pas être abordée en termes de concurrence à l’employabilité des Français, mais en termes de plus-value et d’expertise apportées à la France.
Et puis Lionel, cette situation apporte la réplique à ta boutade qui m’amuse 30 ans après. Tu m’avais dit textuellement : « Si j’échoue au DEUG, j’émigre au Sénégal, parce qu’au Sénégal, être blanc est un diplôme ». Mdr!
Bref, autant de questions qui m’empêchent de dormir pleinement, mon déjà très court sommeil… si les diables me laissent tranquille.
Et puis je t’embête avec mes questions bêtes et décousues. Des questions qui m’embêtent et qui, sûrement, ne te laissent pas indifférent.
Mon cher frère « toubab », ton « salut les niouls* » me manque, comme cette belle époque, qui a fait les plus beaux jours de ma vie. J’espère que tu n’as pas trop changé. Tant que tu resteras à droite ou au centre ça va. Évite les extrêmes ! Ça rend aigris et moche.
Pour ma part, j’ai demandé à tout mon entourage de ne pas voter pour ceux qui ne les apprécient pas. C’est la moindre des politesses.
J’espère qu’on se verra cette année.
En attendant, je vous embrasse tous. Dis à maman que je pense fortement à elle et à Rémy de m’appeler.
Bises
Djibril, ton frère, « nioul».
Nioul ou Ñul : noir, en wolof, langue nationale du Sénégal.
par Abdoul Aziz Diop
CENT ILLISIBLES JOURS AVEC DIOMAYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les deux inspecteurs des Impôts n’obtinrent pas de l’ancien premier ministre Amadou Ba ce dont un autre ancien premier ministre, Mamadou Lamine Loum, gratifia le régime du président Abdoulaye Wade
Invité, le dimanche 2 juin 2024, de l’émission « Objection » sur la radio Sud FM, deux mois après la prestation de serment du président Bassirou D. D. Faye, l’historien Mamadou Diouf trouva « prématurées les critiques » faites au président Faye et à son premier ministre Sonko. Le Professeur Diouf expliquait que le délai de 100 jours requis est celui au terme duquel les critiques sont fondées. À la décharge du nouveau régime, Mamadou Diouf disait même tolérer « l’amateurisme et les erreurs » des trois premiers mois d’exercice du pouvoir par le tandem Faye-Sonko.
Dans 12 jours au plus, c’est-à-dire 100 jours après la troisième alternance politique au Sénégal, les critiques pour cause d’amateurisme et d’erreurs au sommet s’expliqueront alors moins par la durée que par l’absence de méthode.
Pas de programme, pas de méthode
En matière de gouvernance, l’ossature du programme sur lequel un.e candidat.e à l’élection présidentielle a fait campagne en dit long sur la méthode d’exercice du pouvoir.
Le programme est le document pensé et élaboré dans lequel un.e candidat.e atteste d’une bonne connaissance du pays, mis en exergue dans un état exhaustif des lieux, et propose un plan pour la transformation du réel trouvé sur place. Second volet de tout programme dont le premier volet est le diagnostic, le plan fait état de la vision, correspondant à la réponse à la question bien connue de base : « Quel sera le visage du pays transformé au bout de 25 ans au moins ?» Ledit plan présente ensuite les valeurs (conditions subjectives du succès) qui sous-tendent l’action et montre la disponibilité incontestable des ressources financières et humaines (conditions objectives du succès). Vision et conditions (subjectives et objectives) supposent un agenda au terme duquel le produit fini (un Sénégal nouveau et souhaité) est livré à la collectivité tout entière. Dans cette optique, les projets - il y en a plusieurs, pas un seul - renvoient aux modalités pratiques d’exécution du plan. À titre d’exemple, le Plan Sénégal émergent (PSE) est exécuté à travers les Projets d’Actions Prioritaires (PAP).
Après avoir longuement abusé les citoyens (militants, sympathisants, indépendants, etc.) de ce qu’ils appellent tous les deux « le Projet », Diomaye et Sonko arrive au pouvoir en empruntant le chemin inverse à celui d’un programme tel que nous l’avons présenté ici. L’amateurisme et les erreurs dans le jugement et l’action au quotidien s’expliquent alors par la méconnaissance de la situation du Sénégal au 2 avril 2024. Les deux inspecteurs des Impôts et des Domaines Bassirou D. D. Faye et Ousmane Sonko n’obtinrent pas de l’ancien premier ministre Amadou Ba ce dont un autre ancien premier ministre, Mamadou Lamine Loum, gratifia le régime du président Abdoulaye Wade, à savoir la situation du Sénégal au 2 avril 2000. Autre temps, autres bonnes mœurs que les profanes du politique - tous des inconditionnels de Sonko - fustigent sans en avoir la moindre idée.
Illisibilité
En l’absence totale de programme et de méthode, nous ne savons des cent premiers jours du nouveau régime que les fuites en avant dont le premier ministre est passé maître depuis son entrée en fonction. C’est du chef du gouvernement lui-même que tout le monde apprend que le ministre de l’Intérieur a agi seul dans l’opération de déguerpissement des occupants de la voie publique dans plusieurs localités du pays. En même temps, l’annonce d’une descente à la mythique plage Anse Bernard - au lieu de Hans au goût de Sonko - n’aura de sens que si tous les entrepreneurs du domaine maritime sont traités à la même enseigne. On en est bien loin ! C’est du moins ce qu’explique un opposant stupéfié par le séjour long du chef du gouvernement à l’hôtel Azalaï aux frais du contribuable sénégalais déjà averti du dépeçage fiscal drastique au cours des prochaines semaines.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le président de la République dit ne pas faire de son maintien au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) une obsession au moment même où les amateurs de la VAR diffusent la vidéo de l’opposition farouche de Sonko à l’idée d’un tel maintien. Ajouté à ce qui est dit, l’accusé de réception si peu clair des conclusions des Assises de la Justice, commanditées par le président, en dit assez sur les cent illisibles jours de Diomaye comme président de tous les Sénégalais.
En attendant « le Projet » et la méthode qui va avec.
Abdoul Aziz Diop est le fondateur de Pacte institutionnel pour la défense des institutions de la République et de la démocratie.
par Madieye Mbodj
ACCÉLÉRER LE PAS SUR LE CHEMIN DE LA RUPTURE
Le 24 mars 2024 marque une précieuse victoire d’étape, mettant face-à-face deux visions de l’avenir du pays : Jub- Jubal- Jubbanti, ou Dëng - Dëngal - Dëngalaat ? Il ne faut pas baisser la garde. Le difficile reste à venir
1. Après moi, le déluge ! Ce DG, sur les traces encore fraiches de son mentor de président de la République sortant, peut-il décemment attendre le 29 mars 2024 (après les résultats de la présidentielle) pour anticiper, en toute connaissance de cause, sur son limogeage certain et signer un accord d’établissement avec les syndicats, accord irréaliste à coup sûr, mais sciemment conclu avec la volonté de léguer à son successeur une patate chaude sur un terrain bourré de mines ? Sans oublier les augmentations à l‘emporte-pièces des salaires et primes, d’autres largesses suspectes et contrats de travail de la vingt-cinquième heure ? Promotion des intérêts des travailleurs ou volonté cynique de sabotage et combat politicien d’arrière-garde : après moi, le déluge ! N’est-ce pas cette même logique qui montre le bout du nez derrière cette volonté de jeter de l’huile sur le feu dans les relations entre marchands ambulants et commerçants d’un côté, nouvelles autorités de l’autre, relativement à la nécessité de corriger des situations de désordre et d’encombrement anarchique de la voie publique, entretenues des décennies durant à force de gestion laxiste et clientéliste ?
2. Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre ou bruitages autour d’une crise institutionnelle factice ? La majorité actuelle à l’Assemblée nationale, faisant fi à la fois de la loi organique et de la norme législative communautaire supranationale, s’est permise de renvoyer aux calendes grecques le débat d’orientation budgétaire fixé au 29 juin dernier, sous le prétexte spécieux que le Premier ministre Ousmane Sonko refuserait de présenter sa DPG devant les députés, démontrant ainsi selon eux, la vacuité du tant vanté Projet du duo Jomaay mooy Sonko, mais aussi et surtout le ‘’manque de respect’’ de l’institution parlementaire de la part du Premier ministre. C’est alors bizarrement au président Bassirou Diomaye Faye, pourtant il n’y a guère décrié par le « Macky » et ses thuriféraires, taxé de « terroriste pur et dur, salafiste impénitent, anti-confréries et anti-chefs religieux », que l’on vient demander d’assumer son rôle de « garant du bon fonctionnement de nos institutions », et patati et patata !!! Dans une contribution en date du 10 juin dernier, intitulée : « Quand les pilleurs de la République voient à présent le monde à l’envers », je mettais déjà le doigt, entre autres, sur diverses manœuvres désespérées visant à « créer une fausse rivalité, animosité, zizanie ou bisbille entre le président et le Premier ministre - en pure perte d’ailleurs pour qui connait réellement ces deux leaders, imbus de valeurs et de principes éthiques, pleinement convaincus ensemble de la pertinence du Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère, dans une Afrique de progrès ». Quant au nouveau cap fixé, le gouvernement précisait déjà il y a plus de deux mois : « La première phase du plan d’action pluriannuel du Projet sera inscrite dans le projet de loi de finances initiale 2025, qui sera soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale, au début du mois d’octobre prochain » (Communiqué du Conseil des ministres du 24 avril 2024).
Démarche ne saurait être plus claire et plus respectueuse de la séparation des pouvoirs et des prérogatives reconnues à l’Assemblée nationale. Quel acteur politique, quel journaliste, quel citoyen un tant soit peu honnête et sérieux ne saurait faire la différence entre, d’une part, la formulation d’un projet de société ou d’un programme à caractère stratégique soumis au vote du peuple souverain et, d‘autre part, l’exercice de planification opérationnelle de la mise en œuvre d’un tel programme, sur la base - soit dit en passant - du diagnostic de l’état des lieux réel, des dégâts et autres retards accumulés, renvoyant ici, comme mentionné plus haut, aux différentes phases du plan d’action pluriannuel à décliner à partir du projet de loi de finances 2025, à soumettre au vote de l’Assemblée nationale, normalement à l’occasion de la session budgétaire d’octobre à décembre prochains ?
Par ailleurs, l’Article 55 de la Constitution dispose : « Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. » Que dit le règlement intérieur actuel de l’Assemblée quant aux modalités et procédures ? Rien ! Il se trouve en effet que, sous le régime du Macky, le poste de Premier ministre a d’abord été maintenu en 2012, ensuite supprimé en 2019 puis rétabli en 2021, tout cela au gré des calculs de petite politique de courte vue, sans même que les dispositions de droit conséquences n’aient été prises à chaque fois. C’est ainsi qu’après avoir supprimé du règlement intérieur toute référence au Premier ministre et à la DPG, notamment par l’envoi à la corbeille des Articles 97, 98 et 99, nos doctes donneurs de leçon n’ont pas hésité à recourir à la fraude en distribuant aux députés une fausse version du règlement Intérieur. Dites alors aux citoyens sénégalais, entre ceux qui s’emploient à dissimuler et à cautionner la forfaiture et la fraude sur les textes de l’Assemblée et celui qui ne réclame que leur rétablissement et application conformes, qui en droit et en fait, ne respecte pas l’institution parlementaire ?! Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, il appartient clairement au président de l’Assemblée et à sa majorité de modifier en bonne et due forme le règlement intérieur, en vue de fixer la date de la DPG, et c’est tout. N’est-ce pas d’ailleurs, mesdames et messieurs de l’APR-BBY, le chemin le plus court et le plus efficace pour ‘’confondre’’ le Premier ministre Sonko, si jamais il était habité d’une quelconque « peur » de décliner sa feuille de route devant l’hémicycle ?
3. N'est-il pas temps alors de dissoudre l’Assemblée nationale ? Beaucoup de bruits ont été distillés ces derniers jours sur d’illusoires possibilités pour les députés d’empêcher le président de la République de prononcer la dissolution de l’Assemblée. L’Article 87 de la Constitution dispose : « Le président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du Premier ministre et celui du président de l’Assemblée nationale, prononcer, par décret, la dissolution de l’Assemblée nationale. Toutefois, la dissolution ne peut intervenir durant les deux premières années de législature… L’Assemblée nationale dissoute ne peut se réunir… Le mandat des députés n’expire qu’à la date de la proclamation de l’élection des membres de la nouvelle Assemblée nationale. » Sous cet éclairage, les dernières élections législatives ayant eu lieu le 31 juillet 2022 et les résultats définitifs officiels ayant été proclamés par le Conseil Constitutionnel en sa séance du 11 août 2022, la dissolution de l’actuelle 14ème législature devrait pouvoir intervenir soit le 31 juillet, soit le 11 août 2024, sauf à recourir aux « pouvoirs exceptionnels » que confère l’Article 52 de la Constitution au président de la république dans des situations d’exception explicitement précisées. En tous les cas, en la matière, l’avis du Conseil constitutionnel fera foi, et aucune tentative d’obstruction ou de blocage ne saurait prospérer.
4. Faire focus résolument sur les demandes populaires : L’exigence est de renforcer l’organisation du peuple et la mobilisation citoyenne, d’accélérer le pas sur le chemin de la rupture et de la mise en œuvre du Projet, afin de répondre mieux et plus vite aux attentes populaires légitimes.
Le 24 mars 2024 marque une précieuse victoire d’étape de la dynamique de révolution démocratique, sociale et citoyenne en marche dans notre pays, mettant face à face deux visions, deux orientations, deux voies et deux camps qui continuent de se confronter à propos de la gestion et de l’avenir de notre pays : Jub- Jubal- Jubbanti, ou Dëng - Dëngal - Dëngalaat ? La question de savoir qui l’emportera n’est pas définitivement résolue : il ne faut donc pas baisser la garde, le plus difficile étant encore devant nous. Les tenants ouvertement partisans du régime déchu continuent de plastronner dans les administrations centrales et locales, dans les collectivités territoriales, à l’Assemblée nationale, et restent encore nichés dans plusieurs autres stations ou institutions budgétivores, assis bien souvent sur de confortables matelas financiers indus, leur permettant de continuer à actionner divers lobbys et relais, médiatiques, économiques ou socio-culturels, sans négliger ces pratiques, mentalités et habitudes négatives sédimentées dans le corps social de chez nous, jusqu’à être considérées comme des normes intangibles de notre vivre-ensemble !
Pour briser net les manœuvres de diversion, d’intoxication, de manipulation ou de division, et endiguer les menaces de déstabilisation ou tentatives effrénées en vue d’un hypothétique retour en arrière, il est plus impératif que jamais, d’une part de renforcer l’organisation et la mobilisation populaires sous l’impulsion et la direction d’un parti Pastef plus que jamais solide et debout, d’autre part d’accélérer le pas sur le chemin de la rupture systémique pour la mise en œuvre du Projet. Dans ce cadre, renforcer la liaison avec les masses par les actions de terrain, l’information et la communication, l’organisation et les activités citoyennes ; dynamiser le parti de la base au sommet dans la perspective en particulier de la préparation et de la tenue du premier congrès ainsi que de la participation victorieuse aux prochaines échéances électorales ; mettre en œuvre tous les moyens légaux disponibles en vue de rendre effective la reddition des comptes : les nombreux rapports des corps de contrôle doivent être exploités dans la transparence et la célérité, les auteurs des crimes économiques et financiers doivent rendre gorge, tout comme les auteurs et responsables des crimes de sang doivent être identifiés et châtiés à la hauteur de leurs ignominies. Les avaleurs de terres et de plages doivent restituer aux communautés et aux citoyens spoliés ce qui appartient à tous. Jub-Jubal-Jubbanti : ce viatique ne cible pas seulement les autres ; de notre côté, des insuffisances voire erreurs de parcours sont parfois inévitables : le cas échéant, il faut savoir les corriger et les dépasser suivant la démarche dialectique : unité-critique-nouvelle unité ! D’autant plus vrai que nous-mêmes, nous portons les stigmates du système vaincu, d’où l’impératif : « Changer nous-mêmes pour changer le Sénégal et l’Afrique » ! Notre pays, sur la voie du patriotisme, de la souveraineté et du panafricanisme, a besoin de compter pleinement sur toutes ses ressources, humaines et matérielles, afin de se mettre définitivement sur la trajectoire du travail, de l’éthique et de la fraternité, de la vérité, de la justice et de l’intérêt général, pour une prospérité partagée, au service des générations présentes et futures. Nous le pouvons si nous le voulons, et si nous y œuvrons avec fermeté, lucidité et esprit d’ouverture, opiniâtreté, ténacité et persévérance.
PREMIERE RENCONTRE DES DIRIGEANTS DE L’AES A NIAMEY
Après avoir créé l’Alliance des États du Sahel, le Mali, le Burkina Faso et le Niger envisagent de former une confédération. Les trois dirigeants se retrouvent ce samedi dans la capitale nigérienne.
Après avoir créé l’Alliance des États du Sahel, le Mali, le Burkina Faso et le Niger envisagent de former une confédération. Les trois dirigeants se retrouvent ce samedi dans la capitale nigérienne.
Ce samedi 6 juillet, les présidents du Burkina Faso et du Mali seront les hôtes de leur homologue du Niger à Niamey. Les trois dirigeants se rencontreront lors du premier sommet des dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), comme annoncé ce jeudi par les comptes officiels du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte au pouvoir au Niger.
Bien que l’ordre du jour du sommet n’ait pas été précisé, il est attendu que les chefs d’État examinent les textes fondamentaux régissant le fonctionnement de la future confédération en gestation entre les trois pays.
Lors d’un conclave en mai dernier à Niamey, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont adopté les textes, qui doivent être soumis aux dirigeants de ce bloc sahélien.
Lors de la 36e édition du Forum de Crans Montana, qui s’est tenu du 26 au 29 juin à Bruxelles, en Belgique, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a indiqué que les trois pays sont dans une « dynamique de construction d’une intégration régionale, d’une autre approche, une intégration qui, de notre point de vue, doit être une véritable intégration des peuples et non une intégration d’États ou de chefs d’État ».
Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans leurs pays respectifs, les présidents du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont signé, en septembre 2023, la charte du Liptako-Gourma instituant l’AES. Trois mois plus tard, les trois pays ont annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), accusant l’institution régionale d’être instrumentalisée par des puissances étrangères. Les trois régimes militaires se sont également retirés du G5 Sahel, créé en 2014 avec la Mauritanie et le Tchad.
PAR Yoro Dia
DE LA THÉORIE DE LA RUPTURE À LA PRATIQUE DE LA CONTINUITÉ
Il est heureux que Diiomaye ait choisi de renforcer les axes diplomatiques classiques du Sénégal, au lieu de suivre les gourous aventuriers théoriciens d’une diplomatie d’un panafricanisme de Gauche et qui sont les maîtres à penser du Premier ministre
En matière de politique extérieure, il y a eu plus de continuité que de rupture. Le président Bassirou Diomaye Faye n’a fait que poursuivre les grandes lignes tracées par son prédécesseur le Président Sall, en refusant de suivre la diplomatie parallèle et concurrente de son Premier ministre. La cartographie des premières sorties du président Faye montre qu’il suit les pas de son prédécesseur dont la politique de bon voisinage a transformé le cercle de feu autour du Sénégal en un cercle de paix. Cette politique repose sur deux postulats : deux Etats liés par des intérêts économiques lourds sont rarement en conflit (c’est le cas actuellement entre la Mauritanie et le Sénégal). Deux Etats démocratiques sont rarement en conflit (le cas actuellement entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau). C’est pourquoi il faut saluer la décision du président de réserver sa première sortie à la Mauritanie, ensuite à la Gambie, la Guinée-Bissau, puis à la Coté d’Ivoire, l’autre poumon de l’Uemoa avec le Sénégal.
Le président Diomaye Faye renforce les ponts de la confiance jetés sur les fleuves Gambie et Sénégal par Macky Sall. Donc, il est heureux que le président Diomaye Faye ait choisi l’avant-garde économique (pétrole et gaz avec la Mauritanie) et démocratique (Gambie, Guinée-Bissau), plutôt que l’arrière garde politique des Etats putschistes de l’Aes qui sont les références de son Premier ministre. Il est heureux que le président Faye ait choisi de renforcer les axes diplomatiques classiques du Sénégal, au lieu de suivre les gourous aventuriers théoriciens d’une diplomatie d’un panafricanisme de Gauche et qui sont les maîtres à penser de notre Premier ministre.
L’histoire des relations internationales se réduit au fond à un débat entre deux immigrés allemands refugiés aux Usa pour fuir le nazisme, à savoir Hans Morgenthau, théoricien de l’intérêt national, et Leo Strauss et sa théorie de la «clarté morale». Grace à nos diplomates chevronnés (qui ont dû être diplomatiquement vexés quand on les a conviés pour écouter Pierre Sané et Ngagne Demba Touré blablater sur le panafricanisme de Gauche), le président Faye a pris la sage décision de privilégier la doctrine de l’intérêt national, en lieu et place de la théorie et de l’idéologie fumeuse du panafricanisme de Gauche dont l’objectif est de légitimer la forfaiture des putschs par l’idéologie. La France qui a été la première sortie du président hors du continent confirme qu’il y a aussi plus de continuité que de rupture et est une preuve supplémentaire que le souverainisme version Pastef n’est rien d’autre qu’un refoulement d’un désir de reconnaissance de la France.
Si le président Diomaye Faye est bien présent en Afrique de l’Ouest, le Sénégal a disparu des radars de la scène internationale, comme par exemple le G7 où il était traditionnellement invité depuis la présidence de Wade, ou la question de Haïti qui est au monde noir ce qu’Israël est au monde juif. A défaut de s’engager activement comme le Kenya qui est si loin de Haïti historiquement et géographiquement, le Sénégal, qui est si proche de Haïti sur tous les plans, se couvre d’un silence retentissant. La voix du pays de Senghor devrait au moins se faire entendre sur «Haïti où la Négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité», comme dit Césaire. Non seulement la voix de Wade s’était fait entendre lors du terrible séisme de 2006, mais le Sénégal avait tenu son rang en volant au secours de la première République noire (1804), Patrie du Roi Christophe dont la tragédie a été immortalisée par Douta Seck.
La politique extérieure d’un pays se définit aussi par le sens de l’histoire de son président et la connaissance des valeurs du pays. Nous devons rester une terre d’asile démocratique, n’en déplaise aux putschistes de la sous-région qui instrumentalisent des manifestations devant nos ambassades. On n’a pas à être gênés ou à s’excuser d’être une vieille terre de liberté et de démocratie du continent. Nous devons aider les Etats de l’Aes à se hisser à notre niveau de démocratie, mais pas céder au nivellement par le bas avec le panafricanisme de Gauche. Nous sommes une exception, et nous devons en être plus que fiers.
LE GOUVERNEMENT ENTERRE DÉFINITIVEMENT LE PROJET ACWA POWER
Le ministre de l'Hydraulique a confirmé la rupture du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise saoudienne Acwa Power pour la construction d'une usine de dessalement, jugeant ce projet obsolète et trop onéreux
400 mille m3/jour ! C’est ce que l’usine de dessalement d’eau de mer, que l’entreprise saoudienne Acwa Power devait construire, devait apporter à la fourniture d’eau. Ça ne sera plus le cas. Le contrat a été cassé. C’est ce que Cheikh Tidiane Dièye, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, a annoncé.
Le contrat liant l’Etat du Sénégal et l’entreprise saoudienne Acwa Power, devant déboucher sur la construction d’une usine de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 400 mille mètres cubes par jour, a été cassé. C’est le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement qui l’a annoncé. Invité de l’émission «Débat de fond», animée par Momar Diongue sur la 2sTv, Cheikh Tidiane Dièye a expliqué les raisons qui l’ont poussé à rompre ce contrat. «Après analyse, nous nous sommes rendu compte que d’ici 4 ans, le besoin va dépasser 400 mille mètres cubes par jour. C’est une solution courtermiste et chère. En plus, la technique utilisée va se répercuter sur le prix de l’eau. Qui va devenir plus cher pour le consommateur. Il n’y a pas d’étude environnementale pour mesurer l’impact. Sur 30 ans, le Sénégal va verser entre 20 et 40 milliards par année», a détaillé le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement. Pour Cheikh Tidiane Dièye, le projet est une «décision politique de l’ancien président de la République» dont il «ignore l’objectif», car étant signé «seulement 6 jours avant la passation de pouvoir et qui va engager le Sénégal sur 30 ans et contre l’approbation des techniciens sénégalais». Pour autant, Cheikh Tidiane Dièye a anticipé sur les conséquences d’une telle décision. «C’est la meilleure décision pour le pays. C’est le plus important. Les travaux n’ont pas commencé, donc il n’y a pas de préjudice financier. J’en ai parlé avec les autorités saoudiennes. Je les ai rassurées quant à la poursuite de nos relations. On a d’autres projets susceptibles de les intéresser. Nos avocats travaillent actuellement sur le dossier», a-t-il affirmé pour prévenir les éventuelles sanctions qui peuvent découler de cette rupture de contrat.
Faut-il le préciser, dès sa prise de fonction, Cheikh Tidiane Dièye avait annoncé, lors d’une visite de terrain, que le contrat avec Acwa Power allait être revu.
Le contrat, qui prévoyait le financement, la construction et l’exploitation d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande-Côte, dans le Pôle urbain du Lac Rose, avait été signé le 27 mars passé, soit 4 jours avant la fin du mandat de Macky Sall. «La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et la société Acwa Power fait partie des choses que nous allons revoir. Nous allons regarder le contenu technique du contrat et le contenu juridique. Nos services ont commencé à l’étudier. On va l’auditer pour voir ce qu’il faut en tirer. Rien ne se fera si ce n’est dans l’intérêt supérieur des Sénégalais. Le besoin en eau est réel. L’ancien régime a pris une option, alors qu’il y en avait plusieurs. Nous allons le regarder, si nous constatons que ce n’est pas la meilleure option pour le Sénégal, nous ne nous gênerons pas à le remettre en question», avait annoncé Cheikh Tidiane Dièye.
La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et Acwa Power est l’achèvement du processus débuté en 2022. Un mémorandum d’entente, matérialisant la volonté des deux parties, a été signé en septembre, suivi de l’accord de co-développement la même année. Il entre dans le cadre de la coopération multidimensionnelle entre la Répu¬blique du Sénégal et le Royaume d’Arabie Saou¬dite. A terme, l’usine devait avoir une capacité finale de 400 000 m3/jour mobilisables en deux phases. Le montant du contrat est de 459 milliards de francs Cfa.
L'ONDE DE CHOC DU RN VU DE DAKAR
Alors que le parti de Marine Le Pen pourrait accéder au pouvoir, la diaspora française et les binationaux redoutent un avenir incertain pour les liens entre les deux nations. Entre inquiétudes économiques et peurs sociétales, les réactions fusent
(SenePlus) - La percée historique du Rassemblement national, parti d'extrême droite présidé par Marine Le Pen, au premier tour des élections législatives françaises du mois de juin suscite inquiétudes et interrogations au Sénégal. Selon un reportage du Point Afrique, les résultats obtenus par le RN sont largement commentés dans le pays, tant par les résidents français que par les nombreux binationaux franco-sénégalais.
"Le RN court depuis des années derrière le pouvoir mais je ne suis pas certaine qu'ils gagneront", estime Adji, une commerçante dakaroise interrogée par le journal. À l'instar de nombre de ses compatriotes, elle doute de la capacité du RN à mettre en œuvre son programme, notamment sur des sujets aussi sensibles que l'immigration. "La France n'est pas un petit pays, il ne faut pas le donner à n'importe qui...", prévient-elle, craignant que Marine Le Pen "gâte" le pays.
Ces inquiétudes sont exacerbées par l'image renvoyée par certains discours et positions du RN, jugés xénophobes et islamophobes au Sénégal. "Depuis des années, il y a une stigmatisation en France à travers les médias et les réseaux sociaux, des étrangers, des Arabes, des musulmans", déplore Camélia, une Franco-Marocaine résidant au Sénégal, pointant du doigt le "bouc émissaire" trouvé dans l'immigration.
Pourtant, le reportage relaie aussi le point de vue plus positif d'autres Sénégalais sur le RN. À l'image de Daouda, persuadé qu'une victoire de Marine Le Pen serait "bien pour la France", séduit par son discours souverainiste défendant les intérêts nationaux français. Certains y voient même la fin potentielle de "l'ingérence française" en Afrique.
Quelle que soit l'issue du second tour des législatives, cette percée inédite du Rassemblement national interroge beaucoup sur l'avenir des relations entre le Sénégal et la France. Premier investisseur étranger dans le pays avec plus de 200 entreprises, la France craint des tensions diplomatiques. "La diminution de son pouvoir sur le continent peut s'accentuer", souligne Adji.
Les binationaux sont également inquiets. "Il y a une multiplication des repats ces dernières années car ils refusent de vivre dans un pays où ils sont rejetés", explique Mamadou. Ce Franco-Sénégalais craint aussi la remise en cause possible de leur statut. Camélia ajoute: "Je m'inquiète pour ma famille et mes amis racisés".
Au Sénégal, si l'on garde espoir dans la démocratie française, nombreux sont ceux qui suivront attentivement les prochains mois afin de mieux cerner les répercussions éventuelles de cette poussée de l'extrême droite sur la relation bilatérale.
LUDOVIC BARON, L'EXPATRIÉ FRANÇAIS QUI A CONQUIS LE WOLOF
Français de 27 ans installé au Sénégal il y a un peu plus d'un an et qui maîtrise la langue locale au point que ses vidéos d'apprentissage sont devenues virales sur internet
Ludovic Baron, un Français de 27 ans installé au Sénégal il y a un peu plus d'un an et qui maîtrise la langue wolof au point que ses vidéos d'apprentissage du wolof sont devenues virales sur internet.
RDC : 25 MILITAIRES CONDAMNES A MORT POUR FUITE DEVANT L’ENNEMI
Vingt-cinq militaires congolais accusés de « fuite devant l’ennemi » lors des récents combats contre les rebelles du M23 ont été condamnés à mort mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo, à l’issue d’un procès d’une journée
Vingt-cinq militaires congolais accusés de « fuite devant l’ennemi » lors des récents combats contre les rebelles du M23 ont été condamnés à mort mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo, à l’issue d’un procès d’une journée, a-t-on appris auprès d’un de leurs avocats.
Au total, 31 prévenus (27 militaires et 4 femmes civiles, épouses de militaires) ont comparu dans ce procès en « flagrance » (comparution immédiate) devant le tribunal militaire de garnison de Butembo (Nord-Kivu) siégeant en audience foraine près de la ligne de front, dans le village d’Alimbongo.
Ils étaient poursuivis pour « fuite devant l’ennemi », « dissipation de munitions de guerre », « violation des consignes » et « vol », a indiqué à l’AFP Me Jules Muvweko, un des avocats de la défense.
À l’issue de l’audience, « 25 militaires, dont deux capitaines, ont été condamnés à la peine de mort », a déclaré Me Muvweko, en annonçant l’intention de la défense de faire appel de ces condamnations.
Les autres accusés, dont les quatre femmes, ont été acquittés faute de preuves, a-t-il précisé.
Depuis la fin de la semaine dernière, les rebelles du M23 (« Mouvement du 23 mars »), soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de plusieurs localités sur le front nord du conflit, notamment Kanyabayonga.
Située à une centaine de kilomètres de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, Kanyabayonga est considérée comme un verrou contrôlant, vers le nord, les accès aux villes de Butembo et Beni, fiefs de l’importante tribu Nande et grands centres commerciaux du pays.
Depuis fin 2021, le M23, rébellion congolaise majoritairement tutsi, a conquis avec l’appui d’unités de l’armée rwandaise de larges pans de territoire du Nord-Kivu, jusqu’à encercler presque entièrement Goma.
La déroute de l’armée congolaise et de ses milices supplétives face à cette progression rebelle a attisé chez les autorités des soupçons d’infiltration des forces de sécurité.
De nombreux militaires, y compris des officiers supérieurs, des députés, sénateurs et personnalités du monde économique dans l’Est de la RDC ont été arrêtés et accusés de « complicité avec l’ennemi ».
En mars, Kinshasa a en outre annoncé sa décision de lever un moratoire sur l’exécution de la peine de mort qui était en vigueur depuis plus de 20 ans en RDC. Selon le gouvernement, cette mesure, très critiquée par les organisations de défense des droits de l’Homme, cible notamment les militaires accusés de trahison.
Début mai, huit militaires congolais, dont cinq officiers, avaient été condamnés à mort, à Goma, pour « lâcheté » et « fuite devant l’ennemi ».