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28 novembre 2024
International
Par Mamadou DIOUF
MOMAR COUMBA DIOP, UN DÉFRICHEUR DE SOURCES ET DE RESSOURCES DOCUMENTAIRES
Il appartient à mon passé, mon présent et bien sûr mon futur. Je le croyais fermement. Diabel comme il signait parfois ses messages, c’est le bourdonnement quotidien à mes oreilles, de celui qui s’était assigné le rôle de l’aîné d’un cadet sans discipline
On m’a annoncé la mort de Momar Coumba, j’étais assis à l’aéroport John F. Kennedy, en train d’attendre mon vol pour Toronto et Ottawa. J’étais en route, ironie de l’histoire, pour le XXIIe Congrès International des Sociologues de Langue Française. Le thème retenu : « Sciences, Savoirs et Sociétés ». La violente collision entre cette invitation qui semble destinée à Momar et l’annonce de sa disparition m’a proprement bouleversé. Un retournement qui a ramassé les souvenirs, les éclats de rire et les querelles dans les vents tourbillonnants de la bourrasque. Je n’arrivais pas à m’y faire. Je ne pouvais conjuguer Momar au passé. En effet, il appartient à mon passé, à mon présent et bien sûr à mon futur. Je le croyais fermement. Diabel comme il signait parfois ses messages, c’est le bourdonnement quotidien à mes oreilles, de celui qui s’était assigné un rôle, celui de l’aîné d’un cadet sans discipline, espiègle et plutôt rebelle. Je lui ai très tôt concédé ce statut, tout en me moquant de sa rigueur rugueuse, toujours à propos, solidement documentée et puisée aux meilleures sources. Il était un lecteur vorace. Une passion que nous partagions. Livres et journaux, tracts et pamphlets étaient l’objet d’un traitement minutieux. Momar ne se contentait pas de les lire et de les exploiter pour ses travaux, il les archivait et les ouvrait à la consultation, notamment des jeunes chercheurs.
Ses opinions étaient toujours informées. Il avait toujours un projet de recherche, un livre ou un article à produire, des relectures à faire et des commentaires sur les écrits de collègues, les mémoires de politiciens et de syndicalistes. N’a-t-il pas inauguré la publication des autobiographies et récits de vie des politiciens avec les ouvrages du politicien sénégalais de son terroir, Linguère, Magatte Lo, L’Heure du choix (1986) ; Sénégal : syndicalisme et participation responsable (1987) et Sénégal, le temps du souvenir (1991). A la suite de ce travail, sa méticulosité, son expertise de bibliothécaire et la qualité des soins apportée aux références, en termes de présentation et de précision ont fait de Momar l’éditeur technique formel et substantiel des œuvres de la bibliothèque politique sénégalaise.
Pourtant la chronique du décès de Momar était annoncée. J’ai refusé d’y accorder une quelconque crédibilité. Il avait été malade mais sa vaillance et sa discipline lui avait permis de triompher de cette terrible maladie. Cette incroyable victoire était portée par une énergie créatrice. En attestent les ouvrages qu’il a dirigés, les articles écrits ou co-écrits. En revanche, la maladie lui a volé son enseignement et l’encadrement d’étudiants qui avaient été accompagnés par l’ouverture de nouvelles pistes pour la recherche sociologique. L’interruption de nos messages quotidiens – Momar m’envoyait des informations, des journaux, sénégalais et français, ses jugements péremptoires, ses indignations, ses appréciations plaisantes et ses mises en garde, au quotidien - m’avait inquiété. J’ai contacté son neveu Mor. Il a eu la décence de me dire qu’il était malade et m’a suggéré de contacter sa fille, Isseu Majiguène. Elle m’a dit l’état dans lequel se trouvait son père. Je demeurais convaincu qu’il allait encore s’en sortir. Le sourire entendu au coin des lèvres. Sa pause préférée.
Je ne sais pas comment j’ai rencontré Momar, au début des années 1980. Une rencontre qui a eu lieu à l’Université de Dakar, probablement dans la « cafétéria » de Kane, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. C’est probablement Mohamed Mbodj Inge et feu Salif Diop qui avaient fréquenté avec lui, le lycée Blaise Diagne qui ont facilité le contact. Progressivement une amitié à toute épreuve s’est établie entre le Jolof-Jolof et l’enfant des comptoirs. Elle est devenue la ressource principale de notre collaboration intellectuelle. Celle-ci a été alimentée par les héritages multiples, sociaux, politiques, religieux et disciplinaires. Les legs de Momar s’ancrent dans les traditions familiales du Jolof, les engagements islamiques confrériques et politiques ainsi que les turpitudes du quartier des HLM et du lycée Blaise Diagne. Sa maladie avait accentué la posture sereine et la tranquille assurance qu’il affichait.
Momar était, avec ma mère, l’autre personne qui m’appelait Modou. Pourquoi m’appelait-il ainsi restera une énigme. Une énigme pour moi parce que le nom se logeait dans la géographie de son intimité et de ses relations qui lui étaient propres : des territoires bien délimités, les amis, la famille, les collègues. D’une loyauté à toute épreuve, il choisissait minutieusement ses amis. Il était intransigeant et sélectif. Son sacerdoce, c’était sa famille, ses frères et ses sœurs, ses neveux, ses oncles., ses enfants. Parfois, il en faisait une sociologie pleine d’humour et d’amour. Je voudrais spécialement mentionner son neveu Mor et son défunt cousin, El Hadj Lo. Ses enfants étaient sa fierté. Il ne s’est pas sacrifié pour eux. Il les a accompagnés et éprouvait un grand plaisir à leur réussite. Un père présent et irremplaçable pour Ada, Mamy et Gnilane qui l’émerveillaient.
Installé au carrefour de plusieurs héritages, Momar est devenu l’aiguilleur des humanités et des sciences humaines sénégalaises. Nul chercheur autre que lui n’est parvenu à créer des réseaux de chercheurs, assurer une coordination et une évaluation systématique des contributions qui dévoilent avec minutie, les trajectoires de la société et de l’État au Sénégal. Au moins deux générations de chercheurs venant de différents horizons disciplinaires et thématiques ont été mobilisées dans les entreprises épistémologiques de Momar. Il était un guide, un défricheur de sources et de ressources documentaires. Il savait polir les chapitres des autres et identifier les dispositifs autour desquels s’élaborent des pensées et se mobilisent des pratiques, à l’usage des jeunes chercheurs. L’extraordinaire hommage à la contribution incomparable de Momar Coumba Diop aux opérations de la sociologie sénégalaise et plus généralement aux humanités et sciences humaines a été brillamment mis en valeur par ses collègues qu’il a mobilisé dans toutes ses entreprises éditoriales, dans Comprendre le Sénégal et l’Afrique aujourd’hui. Mélanges offerts à Momar Coumba Diop (2023). Sa maitrise parfaite des leçons qu’il tirait de sa fréquentation assidue des travaux d‘Abdoulaye Bara Diop, de Boubacar Ly, de René Girard, de Jean Copans, de Donal Cruise O’Brien, de Boubacar Barry, Abdoulaye Bathily et d’Amady Aly Dieng avait poussé le sociologue Momar Coumba Diop sur les pistes de l’histoire, de l’anthropologie et de la psychologie. Son braconnage théorique sans frontière, ni terrains interdits est la raison pour laquelle, Amady Aly Dieng nous avait qualifié de « néo wébériens », à la sortie du Sénégal sous Abdou Diouf (1990). Un penseur libre et sans tabous politiques, il enjambait allègrement les frontières idéologiques et épistémologiques. Un rebelle dont la seule cause était la clarté de l’argument, la rigueur de l’argumentation et les preuves qui les alimentent.
Les Mélanges offerts à Momar dessinent une lumineuse cartographie de sa production intellectuelle. Je me contenterai de suivre une trajectoire avec des points d’incandescence qui illustrent, sans conteste son rôle pionnier. A la suite de Donal Cruise O’Brien, The Mourides of Senegal (1971), Saints and Politicians (1975), de Jean Copans, Philippe Couty, Jean Roch et Guy Rocheteau, Maintenance sociale et changement économique au Sénégal : 1- La doctrine du travail chez les Mourides (1972), de Philippe Couty, Les Mourides et l’arachide (1982), de Jean Copans, Les marabouts de l’arachide (1985), il inaugure avec sa thèse de troisième cycle, La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine (1980), les fonctions et activités des dahiras urbains. Un travail suivi par son essai, La littérature mouride : essai d’interprétation thématique (1980). Il commence à suivre à la trace, l’émergence des mourides dans le secteur informel, les métamorphoses organisationnelles, politiques et vestimentaires et leurs effets sur la ville et le pays. Momar ouvre de nouveaux chantiers qui aujourd’hui dominent les études mourides.
On peut reconstituer assez facilement le travail archéologique auquel se dévoue Momar Coumba Diop à l’entame de sa carrière, avec sa thèse et son essai sur la littérature mouride. Non seulement il nous offrait une lecture très serrée des travaux de ces prédécesseurs, il précisait les figures multiples, variées et instables de l’économie politique et imaginaire des paysanneries, de leurs relations avec les appareils confrériques et avec l’État. Un détour qui circonscrivait le territoire de sa contribution la plus décisive aux études sénégalaises, les manifestations urbaines du mouridisme et les imaginations qui leur sont adjointes. Il participait ainsi aux débats qui ont secoué les études africaines autour du (néo) patrimonialisme, du « soutien mercenaire » et les tours et détours des stratégies des entrepreneurs politiques et sociaux.
La sociologie de l’État et des élites prolonge son travail sur les paysanneries. Un registre qui est inauguré par le premier volume dont il assure la direction, Sénégal, Trajectoires d’un État (1990). Un ouvrage qui établit l’agenda des études sénégalaises Tet met à l’affiche une nouvelle génération de chercheurs, solidement établis dans leurs disciplines et comme lui, plutôt iconoclastes. Je pense à François Boye et à Paul Ndiaye. Suivent, Le Sénégal et ses voisins (1994) à la révision de laquelle il s’était attelé ces dernières années ; Les successions légales en Afrique. Les mécanismes de transfert du pouvoir en Afrique (1990) ; Les figures du politique en Afrique. Des victoires héritées aux pouvoirs élus (1999), un essai et un livre qui mettent à l’épreuve les usages politiques et théories relatives au Sénégal en situations africaines. Il ne quitte pas, pour autant, durant cette première période le terrain sénégalais, publiant, Le Sénégal sous Abdou Diouf. État et Société (1990), avec D. Cruise O’Brien et M. Diouf, La construction de l’État au Sénégal (2002) qui revient sur les débats et controverses ouverts par les thèses de Cruise O’Brien relatives au « contrat social sénégalais », à la « success story » et aux leaders confrériques considérés comme la société civile sénégalaise. Un écho des plus importants des études urbaines mourides initiées par Momar sont les travaux de Cheikh Anta Babou, de Mansour Tall sur les migrations, le travail et les opérations économiques des membres de la confrérie.
La symphonie majeure, plutôt le xassaid majeur – Momar adorait les xassaid des Hizbut Tarqiyyah dont il m’envoyait régulièrement des copies – sont, Le Sénégal contemporain (2002), Le Sénégal à l’heure de l’information - technologies et société (2003), La société sénégalaise entre le local et le global (2003), Gouverner le Sénégal - entre ajustement structurel et développement durable (2004) et Le Sénégal sous Abdoulaye Wade - le sopi à l’épreuve du pouvoir(2013). Elle assure une présence de Momar qui continuera de nous sommer de continuer à creuser le sillon. Il nous contraint à relever le défi qui a animé son projet intellectuel, l’établissement ferme des humanités et des sciences sociales sénégalaises.
Repose en paix jeune homme !
Que nos prières t’accompagnent.
MARINE LE PEN DANS LE VISEUR DE LA JUSTICE FRANCAISE
Les investigations ont été lancées à la suite d'un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), a indiqué mardi le parquet de Paris, confirmant une information de la chaîne de télévision BFMTV.
Les investigations ont été lancées à la suite d'un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), a indiqué mardi le parquet de Paris, confirmant une information de la chaîne de télévision BFMTV. Après une enquête préliminaire, une information judiciaire a été ouverte le 2 juillet pour « prêt d'une personne morale à un candidat en campagne électorale, acceptation par un candidat en campagne de prêt d'une personne morale, détournement de biens par des personnes exerçant une fonction publique, escroquerie commise au préjudice d'une personne publique, faux et usage de faux », a détaillé le parquet.
Les investigations, confiées à la brigade financière de la police judiciaire parisienne, « se poursuivent donc désormais sous la direction d'un magistrat instructeur », a-t-il ajouté.
La commission chargée de contrôler la régularité des dépenses des candidats - qui sont plafonnées et dont une partie est remboursée par l'État français - avait adressé ce signalement en 2023. Aucun détail n'a été donné sur la nature des soupçons.
« Ma cliente n'a jamais été entendue à quelque titre que ce soit sur aucun fait en lien avec ce reproche général, a réagi dans un communiqué l'avocat de Marine Le Pen, maître Rodolphe Bosselut. Elle fait face aujourd'hui à une campagne médiatique à laquelle elle ne peut même pas répondre, ni se défendre, à défaut de griefs précis portés à sa connaissance qui pourraient faire l'objet d'une réponse circonstanciée », a-t-il ajouté. Il a précisé avoir demandé « en vain » des précisions au parquet.
De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, cette figure clivante de l'afro-activisme est accusé d'être un « relais de la propagande russe » et de servir « une puissance étrangère »
(SenePlus) - Le militant panafricaniste controversé Kémi Seba a officiellement été déchu de la nationalité française, selon un décret paru mardi 9 juillet au Journal officiel et rapporté par l'AFP. Cette décision vient sanctionner le passé trouble de celui qui est de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, 42 ans, condamné à plusieurs reprises en France pour incitation à la haine raciale.
Membre fondateur du groupuscule dissout la Tribu Ka dans les années 2000, dont le discours antisémite assumé prônait la séparation des Noirs et des Blancs, Kémi Seba a écopé de sa première condamnation pour incitation à la discrimination raciale en 2006. Depuis, ses prises de positions virulentes et hostiles à l'Occident lors de conférences et manifestations en France et en Afrique lui ont valu d'autres sanctions judiciaires.
Plus récemment, en mars dernier, la préfecture de l'Essonne avait tenté d'interdire une de ses conférences, alors qu'une procédure de déchéance de nationalité était déjà en cours à son encontre, décision temporairement suspendue par le tribunal administratif. Furieux, Kémi Seba avait publié une vidéo où il brûlait symboliquement son passeport français, selon le journal L'Essor de la gendarmerie national.
Aujourd'hui à la tête du collectif Urgences panafricanistes, très actif sur les réseaux sociaux, Kémi Seba reste une figure controversée de la nébuleuse décoloniale en France. Ses prises de position hostiles au franc CFA en Afrique lui ont valu maintes altercations avec les autorités de pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou la Guinée, où il a régulièrement été expulsé ou refoulé. En 2021, le député Renaissance Thomas Gassilloud l'avait même accusé de "relayer la propagande russe" et de "servir une puissance étrangère".
LES PAYS DE L'AES MAINTIENNENT LEUR RUPTURE AVEC LA CEDEAO
En dépit de la main tendue de l'organisation ouest-africaine, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a été on ne peut plus clair : ce départ est acté de façon "irréversible"
(SenePlus) - Selon une déclaration du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à l’ORTM lundi soir, le départ des trois pays d’Afrique de l’Ouest de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est désormais acté de manière irréversible. Cette annonce intervient au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui a désigné les présidents sénégalais et togolais comme médiateurs dans les discussions à venir avec les trois États.
Les régimes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger avaient en effet annoncé en janvier leur retrait de l'organisation ouest-africaine aux 15 membres qu’ils accusent d’être manipulée par la France et de ne pas les soutenir suffisamment dans leur lutte contre le jihadisme. Ils reprochent notamment à la Cédéao les sanctions économiques et diplomatiques qu’elle avait imposées face aux coups d'État tout en concédant aujourd'hui qu'elles ont largement été levées.
"Nos chefs d'État ont été très clairs à Niamey en indiquant que le retrait des trois pays de la Cédéao est irrévocable et a été fait sans délai", a ainsi rappelé Abdoulaye Diop cité par l'AFP, affirmant qu’il faut désormais "cesser de regarder dans le rétroviseur". Si le Mali reste ouvert à une coopération avec ses voisins et d'autres organisations régionales, le ministre a assuré que "le chemin qui est engagé n'est pas réversible".
Cette détermination à sortir définitivement de la Cédéao fait écho aux craintes soulevées par le départ des trois États, notamment quant aux conséquences sur la circulation des personnes et des biens au sein de l'espace communautaire ouest-africain. Abdoulaye Diop a d'ailleurs fustigé l’éventualité de voir des visas rétablis pour les ressortissants maliens, burkinabè et nigériens se rendant dans les autres pays membres, y voyant "des méthodes de faire peur aux populations".
Par Penda MBOW
MOMAR COUMBA DIOP, L’ARISTOCRATE DE LA PENSÉE
La dimension intellectuelle de l’individu primait chez ce grand penseur. Sociologue de renommée internationale, mentor passionné, il a consacré sa vie aux savoirs et à la production de connaissances sur le Sénégal et l'Afrique
Momar Coumba Diop, devant la profondeur de la pensée d’Achille Mbembe, le surnommait l’aristocrate de la pensée. Mais faisant face au côté prolixe des travaux de Momar, sa perspicacité, sa domination des sciences sociales, ses multiples initiatives, il nous revient de déceler en lui, le véritable aristocrate de la pensée. Un homme de savoir, féru de culture mais d’une humilité et générosité extrêmes.
En vrai esthète, il aimait l’art, le beau, les habits raffinés et pouvait chanter la beauté de la femme sénégalaise. Rien n’échappait à l’oeil de l’érudit qu’il était ! Nous venons de perdre un véritable frère. Au moment, où nous aurions commenté les résultats des élections législatives françaises, tel un couperet, la nouvelle tomba : Momar Coumba Diop, le grand sociologue est décédé ! Dès que l’appel de son frère Yabsa s’afficha sur l’écran de mon portable- il était 18H 45- nous comprîmes tout de suite que le pire était arrivé car vers 13h, nous avions parlé à sa fille Mamy qui veillait à son chevet à Paris. Cela fait plus d’une semaine que nous le savions aux soins palliatifs mais nous refusions obstinément la réalité : Momar ne pouvait pas mourir comme ça; nous en avions perdu notre énergie. Il est parti un peu trop tôt car il avait encore des chantiers à achever . Par exemple celui de la réédition de cet ouvrage collectif si important : « le Sénégal et ses voisins ou encore l’histoire de l’Université de Dakar».
La vie de Momar se résumait à la production scientifique sur le Sénégal contemporain, l’édition chez Khartala et la relecture sans complaisance des textes de ses collègues, des jeunes chercheurs. Nous concernant, il fut un formateur en permanence, tel un mentor de la jeune assistante au département d’Histoire à partir de 1986. Dans les années 90, Momar, avec insistance nous orienta vers le CODESRIA . « Tu iras aux études sur le genre et Aminata Diaw vers la gouvernance ».
D’ailleurs nous finîmes par y diriger deux gender Institute. Il veillait aussi sur nos lectures d’honnête citoyenne. ‘As- tu lu, Penda les travaux d’Abdoulaye Ly par exemple, le premier docteur d’Etat en Histoire? interrogea t-il. Sachant que notre période d’études et d’enseignement est le Moyen âge et ayant une vocation « politique », il nous suggéra d’étudier continuellement selon sa perspective, celle de la période contemporaine. Parfois, il s’agit d’auteur qui sort complètement de notre champ intellectuel comme le philosophe italien Domenico Losurdo. Ce dernier est aussi historien.
En tant que communiste, il a produit une contre histoire du libéralisme remarquable! Momar appelait affectueusement ses collègues ; Mamadou Diouf devenait Modou, Djibril Samb Djiby, Mamadou Mbodji , Mamaadou, Mahtar Diouf, Abdoulaye Bathily, Boubacar Barry, Charles Becker, Mouhammed Mbodj , Ebrima Sall ou encore Ibou Diallo…
La dimension intellectuelle de l’individu primait chez ce grand penseur. Pour lui, par exemple Aminata Diaw , philosophe fut forte, même Abdoulaye Ly l’avait écrit soulignait-il. Il aimait Gaye Daffé avec lequel, il a entretenu une relation de complicité et qui le qualifiait d’intellectuel passionné et discret. Il aimait travailler avec Francois Boye, Alfred Inis Ndiaye, etc. Ibrahima Thioub fit une remarque fort appropriée après son départ à la retraite en 2015. « L’évaluation des nombreuses contributions reçues a confirmé l’existence d’une véritable famille intellectuelle qui s’est créée durant les trois décennies au cours desquelles Momar Coumba Diop , en puissant inspirateur de recherches, a impulsé sans relâche la production des savoirs sur le Sénégal et l’Afrique».
Momar fut le premier à avoir attiré notre attention sur les travaux de l’anthropologue et activiste sud africain Archie Mafeje de l’Ougandais Mahmoud Mamdani, penseur de la liberté académique ou encore de notre regretté Sam Moyo du Zimbabwe, qui nous fit saisir l’enjeu de la terre , Afrique australe.
Momar vouait une grande admiration pour Tandika Mkandawere, un des plus grands secrétaires exécutif du CODESRIA Nous échangions beaucoup sur la vie politique au Sénégal et l’ouvrage qu’il a co-publié avec Mamadou Diouf, le Sénégal sous Abdou Diouf, en 1992 est un incontournable pour comprendre les mutations rapides de la société sénégalaise on encore, l’ouvrage collectif qu’il a dirigé le Sénégal, trajectoire d’un Etat. Il a beaucoup aidé le Ministère de l’Economie avec plusieurs études prospectives, des analyses, etc. Momar Coumba, un esthète qui aimait le beau, l’art, le raffinement. Il a inculqué à ses enfants , Mamy , Gnilane, Ada, une excellente éducation. Il aimait beaucoup sa famille, ses frères et sœurs. Il vouait à feu son père , El hadj Nieul Diop et sa mère Madjiguène Diop, un respect quasi religieux. Une grande complicité le liait à son oncle feu Maguatte Lo, grand homme politique et ministre sous LS Senghor. Il a étroitement travaillé avec ce dernier au moment où il rédigeait ses mémoires. Momar va nous manquer et j’espère que l’Etat du Sénégal lui décerner à titre posthume, l’ordre national du Lion. Décoration méritée et qu’il a tant attendue.
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MAIN BASSE SUR LES MEDIAS AFRICAINS
Vincent Bolloré renforce son emprise sur le continent noir. Des tribunaux aux plantations, en passant par les chaînes de télévision, son influence s'étend comme une ombre. La journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur cette stratégie tentaculaire
Dans un entretien saisissant pour l'émission « Décrypter l'Afrique » du Média, la journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur l'empire grandissant de Vincent Bolloré en Afrique. Loin de se retirer du continent comme annoncé, le milliardaire français renforce son emprise, particulièrement dans le secteur des médias.
Au cœur de cette stratégie : Canal Plus. La chaîne, déjà présente dans 25 pays africains, s'apprête à avaler le géant sud-africain MultiChoice. Cette acquisition donnerait à Bolloré le contrôle de 65% du marché de la télévision payante sur le continent. Un monopole de fait qui soulève de sérieuses questions sur la liberté de l'information et l'influence politique.
Pigeaud souligne les antécédents troubles de Bolloré en France, où ses médias sont accusés de propager des discours controversés. Que fera-t-il en Afrique avec un tel pouvoir médiatique ? L'inquiétude est grande, notamment en Afrique du Sud, où des voix s'élèvent contre cette concentration sans précédent.
Mais l'influence de Bolloré ne s'arrête pas aux médias. La journaliste rappelle les démêlés judiciaires du groupe, notamment autour du port de Douala au Cameroun, où des accusations de manipulation d'une cour d'arbitrage ont récemment refait surface.
Enfin, Pigeaud pointe du doigt les intérêts persistants de Bolloré dans l'agro-industrie africaine via la société SOCFIN. Les conditions de travail et l'impact environnemental de ces plantations sont tels qu'un fonds de pension norvégien envisage de se désengager, jetant une lumière crue sur les pratiques du groupe.
MASSOUD PAZESHKIAN ÉLU PRÉSIDENT DE L'IRAN
Le nouveau président iranien, chirurgien de profession, succède, à 69 ans, à Ibrahim Raïssi, qui est décédé dans un accident d’hélicoptère survenu en mai dernier.
Dakar, 8 juil (APS) – Le candidat réformateur Massoud Pazeshkian a été déclaré vainqueur du second tour de l’élection présidentielle iranienne, avec un score de 53,6 % des votes devant le conservateur Saïd Jalili.
Le nouveau président iranien, chirurgien de profession, succède, à 69 ans, à Ibrahim Raïssi, qui est décédé dans un accident d’hélicoptère survenu en mai dernier.
Il a remporté l’élection présidentielle avec 16 millions de suffrages, soit 53,6 % des votes, contre 44,4 % pour Saïd Jalili.
Massoud Pazeshkian va prêter serment en août prochain, selon IRNA, l’agence de presse officielle iranienne.
Il aura ensuite à présenter ses ministres pour un vote de confiance, dans un délai de quinze jours, affirme la même source.
Ministre de la Santé de 2001 à 2005, M. Pazeshkian représente depuis 2008 la région de Tabriz (nord-ouest) au Parlement iranien.
‘’Le chemin devant nous est difficile. Il ne sera facile qu’avec votre collaboration, votre empathie et votre confiance. Je vous tends la main’’, a-t-il réagi sur son compte X à la suite de la proclamation des résultats.
NIGER, LE DÉPART DES SOLDATS AMÉRICAINS DE NIAMEY EST ACHEVÉ
Six aéronefs - deux hélicoptères Raptor et quatre drones - ainsi que 1.593 tonnes de matériel ont également décollé du pays depuis mai.
Le départ des soldats américains de la base de Niamey au Niger est terminé et sera suivi d'ici le 15 septembre par celui des forces basées à Agadez (nord), conformément aux exigences du régime militaire au pouvoir, ont annoncé les deux pays dimanche soir.
"Le ministère de la Défense nationale de la République du Niger et le département de la Défense des Etats-Unis d'Amérique annoncent que le retrait des forces et des équipements américains de la base aérienne 101 de Niamey est désormais achevé", ont-ils indiqué, dans un communiqué commun. "Grâce à une coopération et une communication efficaces entre les forces armées nigériennes et américaines cette opération s'est achevée avant la date prévue et sans aucune complication", précisent-ils.
Un dernier vol avec les soldats de la base de Niamey devait décoller à 23h locales (22h GMT). Au total, 766 militaires américains ont quitté le Niger à ce jour, a appris l'AFP lors d'une cérémonie à la base militaire de Niamey, en présence du colonel Maman Sani Kiaou chef d’état major de l’armée de terre du Niger et du général Kenneth Ekman du département américain de la Défense.
Les forces américaines au Niger étaient estimées à 950 éléments au total. Six aéronefs - deux hélicoptères Raptor et quatre drones - ainsi que 1.593 tonnes de matériel ont également décollé du Niger depuis mai.
"Les forces américaines vont désormais se concentrer sur le retrait de la Base Aérienne 201 d'Agadez. Les responsables nigériens et américains sont résolus à assurer un retrait sûr, ordonné et responsable d'ici le 15 septembre 2024", détaillent encore les deux pays dans leur communiqué.
Les Etats-Unis étaient engagés au Niger pour lutter contre les jihadistes qui frappent régulièrement le pays dans des attaques sanglantes. A Agadez, ils disposaient d'une importante base de drones. En mars, les autorités de Niamey avait dénoncé l'accord de coopération militaire qui les liait aux Etats-Unis, et le processus avait début deux mois plus tard.
Depuis le coup d'Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, le régime militaire nigérien revoit de fond en comble sa politique étrangère, en martelant faire de sa souveraineté une priorité. Les soldats français engagés dans la lutte antijihadistes ont été chassés en premier, dès la fin 2023.
Dans le même temps, Niamey s'est rapproché notamment de la Russie qui a acheminé des instructeurs et du matériel militaire, en avril et en mai. Ils se sont également rapprochés de leurs voisins, le Burkina Faso et le Mali, aussi gouvernés par des régimes militaires avec lesquels ils ont formé une confédération.
LES DÉFIS DE L'ALLIANCE DES ÉTATS DU SAHEL ET L'AVENIR DE LA LIBRE CIRCULATION
L'AES se positionne comme un nouvel acteur régional, visant à promouvoir la sécurité et le développement économique. Cependant, les défis restent nombreux, notamment en matière de coordination diplomatique;
Le premier sommet des chefs d'État de l'Alliance des États du Sahel (AES), tenu à Niamey ce 6 juillet 2024, marque une étape significative dans la coopération régionale entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Présidé par le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, cet événement a réuni le Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso et le Colonel Assimi Goïta du Mali, autour du thème « L'Alliance des États du Sahel : un espace souverain, de sécurité et de prospérité ».
Les discussions ont porté sur divers sujets, notamment la situation géopolitique de la sous-région, la sécurité, et les questions de développement. Les chefs d'État ont critiqué la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour son rôle perçu dans la dégradation des valeurs de fraternité et de solidarité entre les nations de la région. Ils ont également salué la résilience de leurs populations face aux sanctions économiques imposées par l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) sous l'égide de la CEDEAO.
Sur le plan sécuritaire, les dirigeants de l'AES ont discuté des attaques terroristes et de leurs conséquences économiques, sociales et humanitaires. Ils ont exprimé leur compassion aux victimes et leurs familles, tout en félicitant les Forces de Défense et de Sécurité pour leur courage et leur professionnalisme. L'accent a été mis sur les succès enregistrés grâce à la mutualisation des moyens des trois États, illustrée par la libération de la ville de Kidal au Mali, symbole de la souveraineté retrouvée.
Opérationnalisation et développement
L'adoption du traité instituant la confédération AES marque un pas vers une intégration plus poussée entre les pays membres. La création d'une Force Conjointe des États du Sahel (FC/AES) est une initiative clé pour lutter contre les groupes armés terroristes et la criminalité transnationale. En matière de développement, les chefs d'État ont souligné la nécessité de mutualiser leurs moyens pour mettre en place des projets structurants dans des secteurs stratégiques comme l'agriculture, l'énergie, et les infrastructures.
L'Alliance des États du Sahel se positionne comme un nouvel acteur régional, visant à promouvoir la sécurité et le développement économique. Cependant, les défis restent nombreux, notamment en matière de coordination diplomatique et de gestion des implications de leur retrait de la CEDEAO.
La création d'une Banque d'Investissement de l'AES et d'un Fonds de stabilisation sont des initiatives prometteuses pour soutenir le développement et la résilience économique de la région. Une volonté qui semble présager leur sortie de l’UEMOA. De plus, la mise en place d'une stratégie de communication efficace afin d’assurer une information saine et accessible aux populations, utilisant les langues nationales et les médias publics et privés.
Le premier sommet de l'AES à Niamey a jeté les bases d'une coopération renforcée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. La route vers une intégration régionale plus approfondie et une prospérité partagée est encore longue, mais les initiatives prises lors de ce sommet représentent des avancées significatives. La question de la libre circulation des personnes reste un point de vigilance, nécessitant une attention continue pour préserver les acquis de l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest.
Pour le journaliste malien Mohamed Dagnako, cette croisée des deux sommets en dit long sur les visées des deux alliances. Au terme des sommets de l'AES et de la CEDEAO, le constat est là : il y a ceux qui érigent des murs (AES) et ceux qui cherchent désespérément à établir un pont (CEDEAO).
Impact sur les citoyens : libre circulation et visa
Une déclaration récente de M. Touray, président de la Commission de la CEDEAO, a suscité des inquiétudes quant à la libre circulation des personnes suite au retrait de l'AES de la CEDEAO. Mais, contrairement aux informations erronées circulant, aucune mesure formelle n'a été prise pour instaurer une obligation de visa pour les ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger voyageant dans certains pays de la CEDEAO.
La possibilité d'une telle mesure, évoquée par M. Touray, soulève néanmoins des questions importantes sur l'avenir des échanges entre les citoyens de l'AES et les autres pays de la CEDEAO. La libre circulation est un pilier fondamental de l'intégration régionale, permettant non seulement le commerce et le travail transfrontalier, mais aussi le renforcement des liens culturels et sociaux.
LES SOLDATS ALLEMANDS QUITTENT LE NIGER
Après les troupes françaises et américaines qui ont déjà quitté le pays où elles étaient engagées dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes, ce sera bientôt au tour des Allemands d’ici fin août.
Après les troupes françaises et américaines qui ont déjà quitté le pays où elles étaient engagées dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes, ce sera bientôt au tour des Allemands d’ici fin août.
La base aérienne de l’Allemagne à Niamey ne sera plus fonctionnelle au-delà du 31 août 2024, ont annoncé des médias dont Deutsch Weller et Der Spiegel.
Ils ont indiqué que le gouvernement fédéral a affirmé son intention de ne pas prolonger sa présence militaire au Niger.
La Bundeswehr, l’armée allemande, prévoit un retrait ordonné de la quarantaine de militaires déployés au Niger.
Les médias ont expliquée que la décision de retrait fait suite à l’échec des négociations entre le Niger et l’Allemagne, en vue du maintien en fonction de cette base aérienne.
Niamey aurait soumis une éventuelle prolongation à des exigences jugées inacceptables par Berlin.
« En effet, les militaires au pouvoir souhaiteraient un accord de défense et de sécurité, sans aucune mention de garanties sécuritaires pour les troupes stationnées à l’aéroport de Niamey, ni la garantie d’autorisation sans complication de décollage et d’atterrissage d’avions », ont expliqué nos confrères de DW.
La partie nigérienne exige également un partenariat « d’égal à égal » avec la formation de militaires nigériens par l’armée allemande, voire la livraison d’armes à l’armée nigérienne.
Avant l’Allemagne, la France et les USA ont dû retirer leurs troupes de ce pays sahélien, cible d’attaques de groupes armés terroristes.