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26 novembre 2024
Opinions
Par Mamadou Oumar Ndiaye & Abdoulaye Bamba Diallo
MONSIEUR LE PRESIDENT ET MAITRE DU JEU, SORTEZ-NOUS DONC DE L’IMPASSE ACTUELLE
Les élections doivent se tenir à date échue mais dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, le président Macky Sall est le seul à détenir la clé.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, monsieur le président, permettez-nous de préciser que Dieu a fait que nous sommes les deux seuls membres encore vivants de ce qu’on a appelé « les quatre mousquetaires » qui ont posé l’acte fondateur de la presse privée nationale. D’un secteur dédaigné, marginalisé et méprisé, nous avons contribué à le rendre attractif au point d’en faire ce qu’elle est aujourd’hui à savoir un pan important de notre économie qui a vu naître de grands groupes employant des milliers de travailleurs. Avec nos aînés feus Sidy Lamine Niasse et Babacar Touré, devant la mémoire desquels nous nous inclinons, nous avons mené bien des combats et obtenu des acquis qu’il n’est point besoin de mentionner ici car ce n’est pas l’objet de ce texte. Au crépuscule de note vie professionnelle, et sans doute biologique, nous n’avons plus de challenge à relever et n’aspirons plus à rien — pas en tout cas en termes d’avantages matériels et financiers ou de fonctions. La seule chose qui nous préoccupe, c’est ce pays que nous aimerions léguer à nos enfants dans l’état dans lequel nous mêmes l’avons trouvé du point de vue de la stabilité et de la paix. Au moment où les canons tonnent en Ukraine et où les répercussions de ce conflit qui éclate au sein même de l’Europe se font ressentir jusque chez nous sous forme de crises alimentaire et énergétique, il nous a donc paru important de prendre notre plume pour vous interpeller, monsieur le président de la République, afin de vous demander solennellement de poser le geste qui évitera à ce pays des convulsions qui ont fait tant de mal ailleurs. Au moment où votre homologue français Emmanuel Macron vient de demander à ses compatriotes de lui donner une majorité forte à l’Assemblée nationale « pour éviter d’ajouter un désordre intérieur français à un désordre international », nous ne saurions trop vous supplier, monsieur le président, de créer les conditions d’élections législatives inclusives. Qu’elles se tiennent le 31 juillet ou plus tard, l’essentiel étant qu’aucune force représentative ne soit laissée en rade.
Connaissant votre patriotisme et votre amour ardent de ce pays que vous avez transformé de manière si spectaculaire en dix ans seulement, les derniers des Mohicans que nous prétendons être sommes sûrs que vous ne pouvez pas faire moins que le roi Henry IV qui, en 1593, pour mette fin à l’effusion de sang français dans d’interminables guerres de religion, avait abjuré le protestantisme pour se convertir au catholicisme. En le faisant, il avait prononcé une phrase que l’Histoire a retenue : « Paris vaut bien une messe ». Eh bien, monsieur le président, le Sénégal quant à lui vaut bien le repêchage d’une liste !
Le Sénégal est-il en passe de devenir un Far West où la loi du plus fort est toujours la meilleure ?
Si ce n’est pas encore le cas, le champ politique national est devenu une arène de gladiateurs où la loi est piétinée en permanence. Ni la majorité présidentielle, ni l’opposition multipolaire, ni la société civile n’accordent la primauté au Droit et à l’État légal en accordant l’allégeance qui sied aux institutions, à leurs représentants et à l’autorité républicaine.
Si le pays n’est pas en danger, la société, elle, se sent menacée par la violence verbale des hommes politiques et les positions de défiance fortement teintées de provocation qu’aiment à livrer les plus intolérants de ceux-ci. Si la République n’est pas en péril, les institutions sont, elles, martyrisées par la défiance permanente que de nombreux acteurs sociaux affichent à leur endroit en ayant, en constance, recours à la vitupération, à la contestation si ce n’est à des accusations permanentes d’infamie et de trahison à l’endroit de leurs adversaires.
Le pays va mal !
Le pays va mal comme l’entonne en refrain le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly. Il va mal à cause de ses élites dirigeantes. De la majorité comme de l’opposition. À cause du monde intellectuel et de la société savante qui se sont emmurés dans le silence depuis la première alternance de l’an 2000.
Le pays vit son époque et subit d’une manière violente et frontale les convictions qui caractérisent cette actuelle période de l’Histoire de l’Humanité. Une ère de mutation et de changements radicaux avec une pandémie déferlant sur la planète depuis la fin 2019 qui a entraîné une première crise économique devenue récession depuis le début de cette année 2022 avec la campagne d’Ukraine.
Pire qu’un bouleversement, le nouveau monde multipolaire qui sort des limbes interpelle les nations qui pensent avoir une place à conserver, un rôle à jouer, une influence à propager s’ils ne veulent pas devenir des pays vassaux ou des États suzerains d’un des nouveaux impériums naissants. Car le monde de l’après Seconde Guerre mondiale, divisé en deux blocs entre l’Est et l’Ouest, que la chute du Mur de Berlin et l’implosion de l’ancienne Union Soviétique ont remplacé entre 1989 et 1991, s’est, lui aussi, terminé avec la débandade américaine en Afghanistan l’année dernière.
Le monde se redéfinit et chacun cherche ses marques et se bat pour son existence alors qu’au Sénégal toute l’élite ne semble être préoccupée que par des positions de pouvoir et des postures de rentiers. Tous les maux de la société, tous les problèmes du pays sont occultés ou passent au second plan devant les permanentes, incessantes revendications et réclamations d’une faible minorité d’acteurs politiques ne parlant en tout lieu et en tout temps que de places à prendre, de positions à consolider mais jamais de l’avancée du désert et de la déforestation, les deux périls les plus prégnants. Sans oublier l’érosion côtière et le pillage de nos ressources halieutiques menaçant l’existence de millions de personnes vivant sur la bordure maritime du Sénégal et contraintes à l’exil professionnel auprès de nos pays limitrophes.
L’école sénégalaise en déperdition, la jeunesse déboussolée et désabusée, l’effondrement du faible tissu industriel hérité de l’époque coloniale complètement asphyxié par les importations massives de produits de piètre qualité en provenance de la Chine, de la Turquie, de Dubaï ne semblent point être des sujets d’intérêt pour nos acteurs politiques. Pour eux, il n’y a que le code électoral et le fichier électoral, les arrêts de la Cour suprême, les décisions du Conseil constitutionnel qui méritent engagement, bataille, confrontation, invectives, rodomontades et bras de fer.
À tel point, d’ailleurs, que la dernière actualité politique vient à nouveau d’installer le pays dans l’impasse avec ce combat frontal entre le ministère en charge des élections, le Conseil constitutionnel et l’opposition politique la plus radicale et la plus extrémiste qui veut remettre au goût du jour les combats de rue des années Sopi ou, pire encore, déboucher sur une insurrection.
N’étant ni juristes, ni constitutionnalistes, s’engager sur ce débat visqueux entre professionnels du Droit n’est pas notre exercice. Néanmoins, quelque chose nous turlupine dans ces dernières décisions entre l’administration en charge d’assurer la mise en conformité par les acteurs politiques des étapes du processus électoral, et les dernières décisions du juge politique, le Conseil constitutionnel.
Dans notre entendement, l’application du parrainage est un filtre pertinent et justifié car avec une jungle politique où plus de quatre cents partis foisonnent, il est normal de trouver un correctif démocratique pour éviter un chaos électoral avec des listes à n’en plus finir. Sur ce chapitre, nous pensons que le parrainage n’est pas un frein à l’expression citoyenne ou démocratique. Bien au contraire, cela est une attestation de la signifiance ou non de l’existence de véritables courants de pensée et de forces politiques et non l’encouragement à des expressions politiques sans contenu et n’exprimant que des calculs opportunistes.
L’introduction de la parité par le président Wade a été une réelle avancée citoyenne et démocratique. Elle a l’avantage d’avoir apporté deux correctifs majeurs en faveur de la composante féminine de notre nation. Tout en rétablissant l’égalité citoyenne entre les hommes et les femmes dans le champ politique, la parité a, aussi, dans son ADN l’équité en favorisant l’implication de la gent féminine dans l’arène politique. On peut bien comprendre et accepter la compréhension d’un juriste comme Me Wade qui, tout en reconnaissant les mêmes droits à l’homme et à la femme (tels Adam et Eve) a tenu, en plus, à inscrire dans le marbre la parité différente de la mixité ou de la discrimination positive avec la règle des quotas. La loi sénégalaise sur la parité indique que, sur toute liste élective, il faut aligner alternativement et impérativement un homme et une femme ou vice versa.
Ainsi donc, si notre système démocratique retient comme mode d’expression que le suffrage doit opposer des sensibilités politiques non uniformes donc s’étalonne sur la pluralité, cela veut bien dire que le principe c’est bien la participation et non l’élimination.
Alors, on ne peut comprendre que l’administration en charge de veiller à la régularité et à la conformité des dossiers de candidature avec les tables de la loi refuse à une liste de porter des correctifs sur celle-ci après y avoir décelé erreurs, anomalies ou inexactitudes.
Heureusement que dans un premier temps, la sagesse du Conseil constitutionnel a permis de rectifier une erreur sur la liste départementale de Yewwi à Dakar. Voilà pourquoi, nous trouvons incompréhensible la seconde décision de ce même Conseil consistant à invalider la liste majoritaire de Yewwi Askan Wi pour doublon et celle des suppléants de Benno Book Yakaar pour non-respect de la parité en faisant suivre deux femmes sur leur liste et non une femme et un homme sur la liste des suppléants. Ces deux faits notés par le Conseil constitutionnel paraissent plus relever d’une erreur ou d’une méprise plutôt que d’une faute ou d’une tentative de fraude ou d’irrégularité.
Le Président Abdou Diouf et l’invention de la Table ronde
Le pays a besoin d’apaisement, le pays a besoin de sérénité et de quiétude. Le déni de réalité et le refus du bon sens sont aussi toxiques que la surenchère et l’insoumission aux règles communes et à l’autorité.
Les élections locales de janvier dernier sont là pour nous rappeler que chaque fois que le bon sens fonde l’interprétation des lois, il n’y a de péril nulle part dans la cité. Alors peut-on imaginer une élection nationale comme celle des législatives à dix-huit mois de la prochaine présidentielle sans la participation de l’opposition la plus combative du moment et qui, certes, fait peur à de larges couches de la population mais représente tout de même une sensibilité politique réelle avec des positions souvent extrémistes ? Ce qui serait lourd de danger et périlleux pour les temps à venir serait que la politique déserte les seules enceintes (les assemblées territoriales et nationales) où elle est habilitée à s’exprimer pour être confinée dans la rue.
Dans la Rome antique, les combats des gladiateurs se déroulaient dans les arènes du Colisée tandis que les Sénateurs, eux, s’affrontaient sur le plan politique au Sénat. Deux combats, certes, mais au format et à l’expression différents. Au Colisée, la loi de la force prévalait tandis qu’au Sénat la force de la loi prédominait même si les joutes orales pouvaient faire penser à un combat de gladiateurs.
Le président Abdou Diouf, à la suite de la présidentielle tumultueuse de février 88, a su inventer la Table ronde nationale suivie d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie ayant accouché du code électoral consensuel de 1992 pour vaincre les périls et les menaces qui pesaient sur le pays à l’époque.
Le président Wade a eu le génie en 2000, en s’installant sur le fauteuil présidentiel, d’éviter la chasse aux sorcières et les règlements de comptes. Il a substitué la Cena à l’Onel et a rapporté la demande d’autorisation de marche pour les manifs afin d’éviter l’application de la loi du plus fort et de la justice des vainqueurs.
Le président Macky Sall, nouveau maître du jeu, est le seul à pouvoir nous sortir de cette impasse actuelle. Un véritable imbroglio où la raideur des postures et la vanité des egos ne contribuent qu’à faire monter la tension et la surenchère et polluer les rapports au sein de la classe politique. La violence verbale a dépassé les limites de la décence avec des accusations bêtes et méchantes comme celles du député Cheikh Abdou Bara Dolly. Le combat politique avec sa passion et ses excès ne devrait jamais dépasser les règles de bonnes manières et de civilités qui s’imposent à tout acteur de la société quel que soit son statut, son titre ou son rang.
La loi est faite pour être appliquée. Elle doit l’être dans toute sa rigueur à ceux qui d’une manière lucide et préméditée cherchent à faire mal à autrui ou à enfreindre la loi.
Le maître du jeu n’a lui qu’une obligation : celle d’être à la hauteur de la situation en jaugeant avec pertinence les situations que traverse la société. Les excès et les bravades de l’opposition radicale et extrémiste et la rigidité dans l’interprétation par l’administration et le Conseil constitutionnel des lois et règlements mettent en selle le président de la République, seul maître du jeu.
Les élections doivent se tenir à date échue mais dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, le président Macky Sall est le seul à détenir la clé.
Post scriptum : Qu’on nous permettre d’ajouter que le péril djihadiste qui secoue le Sahel et les menaces terroristes qu’il fait peser sur notre sous-région ont été contenus jusqu’à présent. Le président Macky Sall qui, depuis quelques années, a mis à la disposition des forces de défense et de sécurité du pays des équipements et des armements de dernière génération fait sienne la vérité de Cheikh Anta Diop. À savoir que la sécurité précède le développement. Le préalable sécuritaire rempli et adapté au contexte sous régional a fait que la montée en gamme des différents corps d’armée de nos Diambars — à preuve par l’annonce, cette semaine même, de l’acquisition de trois patrouilleurs ultraperformants pour notre Marine — s’exprime avec efficacité dans tous les théâtres d’opération à l’intérieur comme à l’extérieur du pays (Mali, Gambie, Casamance). Les récents succès de l’armée Nationale dans la partie Sud du Sénégal contre les derniers félons rescapés du MFDC et leurs complices infiltrés dans toutes les strates de la société sont là pour nous le rappeler. Ainsi, la perspicacité et le pragmatisme du président Sall lui ont permis de faire suivre le développement après avoir assuré le préalable sécuritaire. PUDC, Puma, Promovilles, TER, grands chantiers et infrastructures surgissent dans tous les endroits du territoire national. Ainsi, dans la partie méridionale du pays des routes comme celle de la boucle du Boudié, des ponts comme ceux de Marsassoum et Emile Badiane ont été construits ou réhabilités. Une élection pouvant nous entraîner dans le déchirement et le chaos ne vaut, donc, pas que des efforts comme tous ces investissements et réalisations opérés depuis quelques années en fassent les frais à cause de potentiels contentieux pré ou post électoraux. L’actualité de ce qui se déroule en Ukraine devrait nous servir de leçon.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
DEGLU WAXU MAG
Le président Macky Sall apprend avec deux ans de retard et un énorme gâchis que c’est par là, c’est-à-dire le dialogue qu’il mène aujourd’hui avec Ousmane Sonko, qu’il aurait dû commence
En juin 2022, au lendemain de la scandaleuse annulation par le Conseil constitutionnel — décidément récidiviste en la matière ! — de la liste nationale des titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi aux élections législatives de juillet de la même année, Laye Bamba Diallo et moi avions rédigé en commun un éditorial. L’objectif était de demander au président de la République, en sa qualité de maître du jeu, non seulement d’apporter des correctifs à cette injustice qui venait d’être faite à la composante la plus radicale de l’opposition mais aussi, plus généralement, de prendre des mesures de nature à apaiser la situation. De se hisser à la hauteur de la situation, ou au-dessus de la mêlée, pour jouer son rôle d’arbitre. Nous lui avions donné l’exemple du roi français Henri IV qui, pour mettre fin à l’effusion de sang français provoquée par les guerres de religions, s’était converti au catholicisme en s’écriant « Paris vaut bien une messe ! »
Entre les lignes, nous suggérions au Président de tendre la main à l’opposition afin de régler tous les contentieux par le biais d’un dialogue. Nous lui avions rappelé à cette fin la table ronde organisée en son temps par le président Abdou Diouf en 1992 afin de définir de nouvelles règles consensuelles du jeu électoral. Des règles qui, pour l’essentiel, tiennent toujours. Je reproduis d’ailleurs dans ce journal cet éditorial commun qui nous avait valus les foudres du président de la République. Il ne nous les avait pas exprimées directement mais les retours que j’ai eus personnellement de ce texte c’est que Macky Sall était entré dans une colère noire contre ma modeste personne en particulier et s’était écrié : « Ne me parlez plus de celui-là ! »
De fait, depuis la parution de ce fameux éditorial, je n’ai jamais eu le moindre contact, ni direct, ni indirect, avec lui. Personnellement, j’avais aggravé mon cas, si l’on peut dire, puisque j’avais rédigé par la suite plusieurs papiers pour lui demander de négocier directement avec Ousmane Sonko !
Les sécurocrates prennent les commandes !
Bref, à l’époque, le président de la République ne voulait pas parler de négociations, de dialogue, de concertations ni même de rencontre avec Pastef et Sonko. Il entendait se donner les moyens d’écraser ce parti et ses militants, son leader en tête, comme des mouches. Sur les conseils de ses sécurocrates, il est allé acheter — à coups de dizaines de milliards — des armes sophistiquées, des équipements de maintien de l’ordre et de cybersurveillance dernier cri, a recruté à tour de bras des policiers et des gendarmes, maintenu les militaires qui devaient être libérés, rappelé sous les drapeaux des soldats retraités, octroyé toutes sortes de primes pour maintenir ou augmenter le moral de la troupe.
Gonflé à bloc par des courtisans qui lui disaient que c’est un « thieddo », c’est-à-dire le descendant d’une lignée qui préfère la guerre à toute autre chose, Macky Sall a endossé les habits de Samba Guélaguédji, ce fabuleux héros qui s’enhardissait à mesure que les balles tonnaient. Il s’est vu comme un chevalier Bayard sans peur et sans reproche et a multiplié — ou tenté — les expéditions guerrières tout au long de son magistère. Au nom de cette conception guerrière de l’Histoire, il a envoyé notre armée guerroyer en Gambie pour y rétablir… la démocratie. Il a aussi voulu l’enrôler dans la coalition internationale formée par le prince Mohamed Ben Salman d’Arabie Saoudite pour combattre les rebelles houthis au Yémen. Plus récemment, il avait déjà mobilisé un contingent pour aller déloger les putschistes nigériens !
Pour en revenir au sujet de ce papier, après que le président Macky Sall s’est surarmé, une véritable chasse à l’opposant s’est alors ouverte, une traque contre les jeunes gens qui commettaient le « crime » de militer à Pastef ou d’exprimer une quelconque sympathie pour son leader. Encore une fois, plutôt que de trouver une solution politique à une crise éminemment politique, le président a voulu la régler par la répression et sur les plans sécuritaire et judiciaire. Bien évidemment, des entrepreneurs de la tension et des rentiers de la peur ont profité de cette situation pour s’enrichir à milliards…
Plus de 50 morts, environ 1800 prisonniers politiques, des milliards de francs de dégâts matériels et une économie à l’agonie plus tard, le président se rend compte à la fin de son magistère de l’impasse dans laquelle il s’était engagée. Avec, je l’ai dit, les encouragements de ses sécurocrates et de ses faucons qui, au fond, sont les seuls gagnants dans cette répression tous a azimuts qui a déferlé sur notre pays deux ans durant.
Dire pourtant que le président de la République aurait pu faire l’économie de la crise que nous vivons depuis 2021 et de tous les dégâts humains et matériels de son bras de fer avec Pastef ! De ce bilan immatériel, aussi, qui assombrit son magistère. Deux ans de gâchis pour se rendre compte de la vanité — voire de la prétention — de réduire l’opposition à sa plus simple expression.
Mieux vaut tard que jamais et le président Macky Sall apprend avec deux ans de retard et un énorme gâchis que c’est par là, c’est-à-dire le dialogue qu’il mène aujourd’hui avec Ousmane Sonko, qu’il aurait dû commencer. Ah, s’il avait écouté les « grands » que nous sommes et s’était abstenu de traiter leur éditorial de juin 2022 par le mépris !
PS : Je n’ai pas discuté de ce papier avec Laye Bamba Diallo et l’assume donc entièrement tout seul. Lui travaillant pour le service public, il ne faudrait surtout pas que mes écrits puissent lui porter préjudice !
par Makhtar Diouf
DIEU EST MORT
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans son analyse de la mort de Dieu selon Hegel, Roger Garaudy développe l'idée que l'homme prend la place du divin, incarné dans la figure du président-dieu africain qui se prend pour une divinité absolue
C’est de la philosophie classique allemande que nous vient l’expression Dieu est mort (‘’Gott ist tot’’ en langue allemande). D’abord avec G.W. Hegel (Phénoménologie de l’esprit, 1807), puis avec F. Nietzsche (Le gai savoir, 1882).
Mais les deux philosophes n’en n’ont pas tout à fait la même conception. C’est celle de Hegel qui se rapporte davantage au texte présenté ici.
Philosophe de la mort de Dieu
En 1970, Roger Garaudy, Professeur de philosophie à l’université de Poitiers en France, 12 ans avant sa conversion à l’Islam, publie un ouvrage intitulé : dieu est mort. Il prend soin d’écrire tout en lettres minuscules : dieu est mort, par roger garaudy.
C’est principalement à Hegel que Garaudy consacre les 435 pages de son ouvrage. Dans le chapitre intitulé ‘’La méthode de Hegel’’, à la page 196, Garaudy écrit :
Cette méthode conduit à mettre l’homme à la place de Dieu …Dieu est mort en un double sens. D’abord parce que par la méthode spéculative hégélienne, l’homme a pris la place de Dieu. Mais plus profondément encore, à l’inverse du mysticisme de l’unité, pour créer le monde, Dieu doit mourir comme unité absolue.
A la page 232, Garaudy reprend :
Ce thème central : Dieu est mort, qui commande toutes les avenues de la pensée hégélienne oriente la dialectique du développement de la conscience de soi.
Mais le Dieu qui est mort, ce n’est pas le Dieu des religions monothéistes. Dieu ne meurt pas. Il ne dort ni ne somnole.
Le dieu qui meurt, c’est le dieu terrestre en chair et en os. C’est celui qui s’auto-décrète Dieu dans sa conscience jusqu’à finir par y croire.
Notre dieu terrestre autoproclamé peut être un artiste, un sportif, un politicien devenu président.
Dieu du spectacle
Lorsqu’il est artiste ou sportif, il a ses fans qui se conduisent à son égard comme des croyants, qui l’idolâtrent. Dans les télévisions occidentales, on voit de jeunes gens tomber en syncope à l’apparition physique de leur artiste de la chanson ou du cinéma. Au point que des journalistes parlent de ‘’monstre sacré’’, de ‘’dieu du stade’’.
Cependant, ce dieu du spectacle ou du sport n’est investi que d’un seul pouvoir, le pouvoir de séduction que lui confère son talent. Il ne dispose d’aucune force de coercition. Il est inoffensif. Il peut se montrer arrogant, vaniteux, mais il ne peut pas être méchant et n’a aucun intérêt à l’être.
Comme tout être humain, il ne peut échapper aux érosions physiques du temps sur son corps, les ‘’injures du temps’’, pour devenir une ‘’ancienne gloire’’, un ‘’has been’’ jusqu’à sa mort cliniquement constatée (arrêt cardio-respiratoire).
Dieu de la politique. Président-dieu
Le chef d’Etat qui se prend pour Dieu est une espèce non rare dans nos contrées d’Afrique. C’est le président-dieu, pris ici comme ‘’type idéal’’, comme cela se fait dans les sciences sociales.
Comme l’avait dit Hegel, il a pris la place de Dieu. Il se prend pour Dieu dont il pense avoir hérité des attributs. Il se considère comme une divinité incarnée en lui. Il exerce sur ceux qui pour lui sont ses sujets un pouvoir absolu. Le terme ‘’absolu’’ vient du latin absolutus qui signifie ‘’indépendant de’’, ‘’détaché de’’, ‘’autonome’’. Dans un régime sui se déclare républicain et démocratique, la Constitution ne lui confère qu’un seul pouvoir, l’exécutif. Mais il règne aussi sur les pouvoirs législatif et judiciaire. Il n’a de compte à rendre à personne, même s’il n’ose pas se proclamer Dieu publiquement dans une société de croyants.
Pourtant, ce président-dieu n’est pas le meilleur dans son pays, ni en piété (surtout pas), ni en caractère, ni en éducation, ni en politesse, ni en savoir. Il peut avoir été porté au pouvoir par le suffrage universel de façon régulière et transparente, ou par un coup d’Etat civil ou militaire. C’est véritablement lui qui a pris la place de Dieu Le Miséricordieux, mais dans une autre direction : artisan du mal, dictateur, autocrate, répressif, tyran.
Il dispose de l’appareil d’Etat dans ses deux dimensions : l’appareil idéologique d’Etat (radio, télévision, presse écrite), média-mensonge qui ne fonctionne que pour sa propagande, alors que propriété publique ; l’appareil d’Etat répressif (police, gendarmerie, prisons, magistrats aux ordres) qui ne fonctionne qu’à la violence, avec son lot de prisonniers politiques torturés, de pacifiques jeunes manifestants abattus par balles réelles, ensuite vilipendés terroristes.
Il est le président-dieu, convaincu qu’il a droit de vie et de mort sur ceux qui osent le contrarier. Et il ne s’en prive pas avec son escadron de tortionnaires et de tueurs.
Avec l’ampleur et la fréquence des catastrophes qui s’abattent sur son pays (incendies de quartiers et de marchés, feux de brousse, noyades, disparitions de navires de pêcheurs en mer, accidents de la route, effondrements de dalles de plafonds, crimes de toutes sortes, suicides …etc.) certains en arrivent à penser que le président-dieu est un aay gaaf (un porte- malheur, une poisse).
Le président-dieu est aussi un fieffé et invétéré menteur surtout vis-à-vis de la soi-disant communauté internationale (qui n’a aucun statut juridique, qui n’est qu’un club impérialiste entre les Etats-Unis et l’Union européenne, avec Israël, pour dominer le monde) où il couvre tous ses méfaits sous le voile de la ‘’légalité républicaine’’.
Mais la vérité s’impose toujours, comme en fait état ce proverbe africain : Le mensonge a beau se lever très tôt le matin, la vérité qui ne se lève qu’en début d’après-midi finit par le rattraper avant la tombée de la nuit.
Une autre tare du président-dieu : le respect de la parole donnée n’est jamais sa tasse de thé. Le Coran (61 : 2) l’interpelle et lui fait comprendre que le non-respect de la parole donnée est une abomination.
Bien entendu, le président-dieu se confond avec l’Etat, comme le roi de France Louis XIV qui aurait dit : L’Etat c’est moi.
Lorsqu’un contentieux l’oppose à un de ses sujets, le président-dieu, voulant se donner une figure de démocrate aux yeux de l’opinion extérieure, saisit sa justice et enrôle ‘’des avocats de l’Etat’’ payés sur l’argent public.
Ce qui relève de la supercherie. Un Etat se compose de quatre éléments : territoire, population, histoire avec sa culture, gouvernement. Le gouvernement vient en dernier, parce que les trois premiers peuvent exister sans gouvernement, alors que le gouvernement ne peut pas exister sans les trois premiers. L’avocat d’Etat n’a de sens que lorsque l’adversaire en procès est d’une autre nationalité.
Les personnes qui ont connu le président-dieu avant son accession au pouvoir sont déconcertées, décontenancées, médusées, abasourdies par son comportement, ses actes. Il leur est devenu méconnaissable. Elles arrivent à se demander si c’est le pouvoir qui l’a changé, ou bien si le pouvoir n’a fait que le révéler tel qu’il est.
Il se trouve qu’il a de qui tenir.
Machiavel et le président-dieu
Le penseur italien Nicolo Machiavel (1469 – 1527) est l’auteur du livre Il Principe (‘’Le Prince’’, 1513). C’est de la traduction anglaise de Daniel Donno The Prince (1981), 90 pages, que sont tirés ses propos présentés ici.
Machiavel donne des conseils au prince chef d’Etat. Il pose la question :
Est-il préférable d’être aimé ou d’être craint, ou bien l’inverse ?
Il conseille au prince une attitude de fermeté, mais qui n’attise pas la haine :
Le mieux est d’être aimé et craint en même temps ; mais comme les deux arrivent rarement ensemble, quiconque est obligé de choisir trouvera plus de sécurité à être craint qu’à être aimé (p.60).
Le prince doit tenir du lion la force et du renard la ruse (p.62).
Machiavel demande au prince de piétiner tout ce qui relève de la morale et de l’éthique en politique pour ne faire prévaloir que ce qu’on appelle aujourd’hui la raison d’Etat. Il ne doit pas se sentir obligé de tenir ses promesses :
Un prince sage ne peut pas et ne doit pas accomplir sa promesse lorsqu’elle est contraire à son intérêt, et que les raisons qui l’ont amené à faire la promesse à promettre n’existent plus (p.62).
Pour ne pas se compromettre, le prince doit déléguer ses tâches impopulaires sur un de ses proches collaborateurs, (p. 67), devant lui servir comme on dit aujourd’hui, de fusible.
Le prince doit démontrer qu’il aime le talent et ainsi récompenser ses sujets méritants… Il doit aussi veiller à amuser le peuple par des festivités, des spectacles (p. 79).
Dans les pays africains, c’est le football qui maintenant remplit ce rôle à merveille. Le président-dieu en fait son fonds de commerce politique pour divertir la jeunesse à qui sa politique qui n’est pas de développement n’arrive pas à procurer des emplois. Le président-dieu rivalise avec ses pairs africains sur les montants de primes accordées à leurs footballeurs et les salaires payés aux entraîneurs, les salaires les plus élevés payés sur le budget de l’Etat. Ce qui est une aberration dans un pays goorgorlou. La construction de complexes sportifs coûteux a priorité sur l’élimination définitive des écoles dites ‘’abris provisoires’’ qui étouffent, anéantissent de potentiels génies.
Un point auquel Machiavel accorde une grande importance est le choix des collaborateurs du prince :
Un point qui n’est pas de moindre importance pour le prince est le choix des ministres, car de leur compétence ou de leur incompétence dépendra sa capacité de juger… la première erreur qu’un dirigeant puisse commettre est dans le choix de ses ministres (p. 79 - 80).
Un autre point que Machiavel dit ne pas négliger est :
Ce fléau contre lequel le prince n’est pas protégé s’il n’est pas prudent ou s’il n’est pas bien conseillé : ce sont les flatteries dont les cours des princes sont encombrées (p. 81).
‘’Machiavélisme’’ est devenu synonyme de ‘’cynisme’’. Le Prince de Machiavel a été considéré par certains commentateurs comme un ‘’manuel républicain’’, par d’autres comme un ‘’manuel pour gangsters’’.
Même s’il n’a pas lu le livre Le Prince, c’est comme si Machi-avel est le conseiller du président- dieu (en langue italienne, le ch se prononce k).
Le président-dieu et son destin
La grande différence entre le président-dieu et les dieux du sport et du spectacle est que ces derniers ne meurent qu’une fois, de mort clinique.
Le président- dieu lui, meurt deux fois. Avant la mort clinique, il subit la mort politique, parfois brutalement, parfois après un long coma politique. Tout cela survient subitement, comme un orage dans un ciel serein, sans nuage, par temps ensoleillé. Le président-dieu se rend alors compte qu’il n’est pas puissant. Ses courtisans s’en rendent compte et s’activent dans la débandade, le sauve qui peut. Il n’était donc qu’un tigre en papier, pour parler comme Mao Zedong.
Le président-dieu n’est pas non plus sans rappeler la grenouille de La Fontaine, qui, de la taille d’un œuf, a voulu se faire aussi grosse que le bœuf et finit par éclater.
Il n’y a de puissance qu’en Dieu. Le Seul Unique Dieu qui intervient avec son kounn fa yakounn (‘’’Soit, et il est’’). Il interdit le chirk (lui associer quelqu’un ou quelque chose) qui est le péché le plus grave, impardonnable. Qui s’y frotte s’y pique.
Phiraona, le monarque de l’Egypte ancienne que relate le Coran, se proclamait Dieu. Il avait demandé à son chef de chantiers Hamann de lui construire une bâtisse dont la hauteur devait le mettre au niveau du Dieu de Moussa (Moise). Il n’a raconté à personne ce qui lui est arrivé.
Dieu ne meurt pas. Celui qui meurt, et meurt deux fois, c’est le président, chef d’Etat qui a voulu se prendre pour Dieu. Il ne tire aucune leçon de ce qui est arrivé à d’autres avant lui. Parce qu’il n’est pas du niveau d’intelligence que certains lui prêtent et dont il se réclame. Plutôt maître Aliboron.
Par Amadou Tidiane WONE
DIALOGUE OU MONOLOGUE ?
Dans une démarche solitaire insondable, le Président Macky Sall avance, seul vers la fin de son dernier mandat. Ramant à contre-courant du processus électoral normal et normé qui fonctionne au Sénégal depuis notre accession à l’indépendance...
Dans une démarche solitaire insondable le Président de la République, Macky Sall avance. Seul. Vers la fin de son dernier mandat. Ramant à contre-courant du processus électoral normal et normé qui fonctionne au Sénégal depuis notre accession à l’indépendance, il écrit des pages d’histoire inédites, inattendues d’une personnalité, parvenue au pouvoir par des mécanismes démocratiques éprouvés.
En effet, quoique ponctué de moments de fièvre, de tensions exacerbées parfois, le modèle démocratique sénégalais s’est construit et amélioré progressivement, par l’engagement sincère d’acteurs politiques mûrs et responsables. Au fil du temps, et à la faveur de crises parfois violentes, des hommes et des femmes, du Pouvoir
comme de l’opposition, sont toujours parvenus à dépasser les stratégies personnelles de courte vue, pour mettre en perspective la survie de notre nation. Cela nous a valu des consensusfortssur le Code électoral et sur les principaux mécanismes de conquête et de gestion du pouvoir.
Contre vents et marées, le modèle sénégalais s’est affirmé comme une référence à travers le monde, malgré quelques zones d’ombres à éclairer…
Hélas ! En ce début d’année 2024, force est de constater, pour le regretter, que pour la première fois à ma connaissance, un Président de la République sortant aura mis en œuvre des mesures dont le Conseil Constitutionnel, lui-même, aura contesté la légalité. En l’occurrence, le décret présidentiel portant annulation du décret convoquant le corps électoral le 25 février 2024 est déclaré nul et non avenu. Le Conseil Constitutionnel, gardien ultime de l’inviolabilité de la Constitution a dit le Droit. Ses décisions ne sont susceptibles d’aucun recours.
Quelles conséquences aurait dû en tirer le Chef de l’Etat ?
Tout simplement, prendre un nouveau décret en tenant compte des jours perdus par son annulation et arrêter une nouvelle date. En lieu et place, le Président Macky Sall s’est engagé dans un baroud d’honneur aux conséquences actuelles graves et à venir insondables.
Au lieu de prendre la pleine mesure des risques imprévisibles qu’il fait courir au pays, le Président se livre à son jeu favori : diviser pour régner ! Au cours d’une conférence de presse taillée sur mesure, Le Président Macky Sall a convoqué la classe politique sénégalaise, la société civile, les chefs religieux, et toute autre personnalité disponible, à le retrouver à Diamniadio pour… dialoguer !
Alors que le seul problème quise pose est la fixation d’une date pour l’élection présidentielle ! Esquive, contournement de la décision du Conseil Constitutionnel, Pied de nez aux 19 candidats qui se sont investis pour satisfaire à toutes les exigences de droit pour figurer dans la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle ? Aucune de ces hypothèses n’honore la fonction présidentielle ! Et il va falloir que le paysse mobilise pour dire NON !
Sur les 19 candidats retenus par le Conseil Constitutionnel seulement deux ont répondu à l’invitation du Président de la République. Toutesles personnalités qui ont rempli la salle ne sont que des figurants dans le contexte d’un débat, entre candidats retenus et Président sortant pours’accorder sur une date en vue de l’élection présidentielle. Le quorum n’est donc pas atteint ! Le dialogue s’est réduit à un monologue entre alliés. Une distribution minutée de la parole à des inconditionnels et autres partenaires en enfumage ne risque pas de faire illusion. Ce pays vaut beaucoup de sacrifices que cela !
Respectons le Conseil Constitutionnel !
Respectons les 19 candidats et les citoyens sénégalais qui leur ont accordé leurs parrainages !
Respectons les convenances républicaines !
« Quand l’injustice devient loi, la résistance est un devoir ». il est donc temps de se dresser et de dire fermement et résolument : – Non à une loi d’amnistie qui ne saurait intervenir préalablement à un état des lieux précis de la situation du pays. Aucun crime de sang ne saurait, non plus être absous. Les violences perpétrées sur des ci-
toyens sans défense doivent faire l’objet d’enquêtes sérieuses et des sanctions exemplaires prises.
Non à un report des élections présidentielles au-delà du 02 avril 2024 !
Ayons le Sénégal à cœur !
Par Mamadou Ndiaye
PROMESSES
Les Sénégalais s’éprennent pour leur pays. Le ciment de cet attachement n’est autre que la liberté qui reste le dénominateur commun autour duquel se fonde l’unité du peuple et de la nation.
Les Sénégalais s’éprennent pour leur pays. Le ciment de cet attachement n’est autre que la liberté qui reste le dénominateur commun autour duquel se fonde l’unité du peuple et de la nation.
Face aux crises et aux situations complexes, ils savent taire leurs divisions sans laisser libre cours à leurs élans, sans sombrer dans l’abjection. Ce sursaut, salutaire en soi, dépasse les orgueils et transcende les égoïsmes en privilégiant la confrontation des idées, des projets, le débat contradictoire pour le jaillissement de la lumière. Il est possible de tolérer la virulence mais pas la purulence !
Un tel retour à l’orthodoxie démocratique bute toutefois contre des obstacles qui ont surgi récemment pour rendre délicate la conjoncture politique. A date échue, l’élection présidentielle prévue le 25 février n’a pas eu lieu. Au grand regret des citoyens. Le décret l’abrogeant a été retoqué par le Conseil constitutionnel, invitant l’administration à organiser le vote dans les « meilleurs délais ».
D’ordinaire mieux informé que le commun des mortels, le président de la République agit en connaissance de cause. Il ne verse ni dans l’approximation ni dans l’incertitude. La prudence et la clairvoyance gouvernent son action qui ne saurait souffrir d’ambiguïté voulue ou feinte.
Les trois pôles de pouvoirs engagés dans la gestion de cette complexité ont d’abord fait prévaloir leurs prérogatives respectives. Pour autant l’équilibre n’a pas été rompu même s’il s’est révélé fragile par moments.
Au contraire, il en est sorti revigoré donnant de nos institutions une vitalité renouvelée au détour d’une convocation de la loi fondamentale comme vecteur et socle de la stabilité de la nation sénégalaise. Aucune d’elle ne s’est rachetée une conduite. Du moins pour l’instant. Aucune d’elle ne s’est non plus munie d’une boussole à l’envers pour brouiller le chemin à suivre. C’est à saluer.
A l’évidence, les Sénégalais s’en réjouissent en dépit de leurs divergences. Ils dissimulent à peine une fierté rentrée qui en dit long sur l’esprit de dépassement dont toutes les générations confondues sont dépositaires. Par devers tout, ils gardent au fond d’eux leur bon sens, mais aussi et surtout, leur libre arbitre.
Ces deux attributs, largement partagés et jalousement préservés au gré des variations des cycles politiques, confèrent à notre démocratie sa crédibilité et sa vitalité intrinsèque même si, par ailleurs, des assauts irréfléchis tentent, ici ou là, de la saborder. La confiance qu’elle inspire n’est nullement ruinée. Bien entendu les acquis, ne masquent pas les moulins à balivernes qui prospèrent sur les réseaux sociaux.
Les bruits n’étouffent pas la raison surtout en ces temps troubles. En se ressaisissant, les citoyens, de quelque bord qu’ils soient, trouvent moyen d’échanger, donc de dialoguer avec pour souci majeur de sauver le pays. Ils ont conscience que la vigilance s’impose devant les périls et les menaces qui l’assaillent.
Or, l’union sacrée peut être la parade. Elle se décline en plusieurs versions. L’une d’elles s’est traduite par le dialogue politique auquel le président sortant conviait les « forces vives » pour trouver une solution de sortie de crise.
Certains ont répondu favorablement à l’appel présidentiel. D’autres pas. Les arguments des uns et des autres se valent bien que dérivant d’une lecture différenciée d’une même conjoncture politique sévissant au Sénégal et nulle part ailleurs ! Et si ce « dialogue » n’était qu’un repli stratégique ?
Mieux, la conjugaison des volontés aurait un effet dissuasif sur d’autres volontés qui avancent masquées dans le but de fragiliser la démocratie sénégalaise en craquelant son image reluisante sur la scène mondiale.
Les médias étrangers et les officines malveillantes n’avaient d’yeux que pour le Sénégal, perçu comme le dernier réduit démocratique qui allait basculer. Dans quoi ? Ils ne le disent pas. Mais l’interprétation de leurs rêves sur un divan livrerait bien des « secrets enfouis ».
Ainsi avaient-ils débarqué en grand nombre. Vite déçus, certains sont repartis sans déplier bagages. Illusions sitôt nées, déjà perdues ! La maturité atteinte par le peuple, érigée en modèle aux dires d’observateurs sérieux, freine ou décourage les sombres desseins et les arrière-pensées, véritables mobiles d’actes manqués.
Face au danger, le Sénégal s’organise pour prendre son élan visible (et même perceptible) au plan des infrastructures et des plateformes de décollage économique. L’attrait qu’exerce notre pays s’accentue avec l’exploitation imminente de ses ressources d’hydrocarbures et la mise en perspective de son émergence à l’horizon 2035.
Dès lors, gouverner c’est prévoir. Il faut un trésor de moralité pour gérer avec sagesse une ressource aussi convoitée que le pétrole. Cela fait appel à des concertations préalables afin de couper court aux soupçons, aux intrigues, aux colères ou aux révoltes qui se répandent comme un poison dans un corps vivant.
Sous d’autres cieux, il est arrivé que les intérêts contradictoires débouchent sur des affrontements terrifiants. Ce qui donne le sentiment que les passions et les crispations sont les composantes du jeu politique. Nous en sommes loin au Sénégal. Fort heureusement.
Toutefois, ce n’est pas une raison pour baisser la garde. La démocratie d’opinion s’est déjà installée chez nous avec l’essor des moyens de communication de masse : radio, télévision, internet et sondages. Cette forme de démocratie constitue une plateforme permanente des pressions en tous genres.
Certains médias qui s’en délectent prennent le relais pour amplifier ces « fausses délibérations », croyant naïvement faire œuvre utile. En vérité, l’opinion est à courte vue. Elle est pressée et par habitude s’accroche aux raccourcis. En clair, elle privilégie le présent et néglige l’avenir.
D’où la crainte de tomber sous la patte des tyrannies qui distillent la terreur. Dans ces conditions, l’arbitraire gomme les équilibres. Il en résulte un esprit d’accaparement. Lequel provoque des ruptures qui se règlent par des moyens autres que… politiques.
Tous les pays pétroliers d’Afrique ont connu (ou vécu) ce sort peu enviable, il est vrai. Le Tchad, la Centrafrique, la RD Congo, le Congo Brazzaville, l’Angola, le Mozambique, le Nigeria sont des exemples typiques de ce déficit de gestion prévisionnelle. Ils accusent un tel retard consécutif à une violence inouïe que la ressource est perçue comme une malédiction.
Le Sénégal peut-il conjurer ce mauvais sort ? A-t-il les moyens d’inverser la perception négative collée à l’or noir pour en faire plutôt une bénédiction divine ?
Dans bien des domaines, les pouvoirs publics interagissent avec d’autres acteurs pour anticiper sur les facteurs de crispation. L’opinion est régulièrement alimentée en informations, ce qui la dissuade de colporter des rumeurs ou de changer d’humeur au gré des manipulations orchestrées par des forces sombres tapies à l’ombre et réputées « invisibles » ou « occultes ».
Par Hamidou ANNE
MATI DIOP, SYMBOLE DU SÉNÉGAL QUI GAGNE
Notre compatriote Mati Diop est lauréate de l’Ours d’or de la Berlinale 2024 pour son documentaire Dahomey. Le film évoque la question de la restitution de vingt-six œuvres d’art à la République du Bénin dans le cadre notamment du rapport Sarr-Savoy
Notre compatriote Mati Diop est lauréate de l’Ours d’or de la Berlinale 2024 pour son documentaire Dahomey. Le film évoque la question de la restitution de vingt-six œuvres d’art à la République du Bénin dans le cadre notamment du rapport Sarr-Savoy.
En 2019, Atlantique, le premier long-métrage de la réalisatrice, film étrange sur le sujet de l’émigration avec Thiaroye, en banlieue dakaroise, comme cadre, a reçu plusieurs distinctions dont le prestigieux Grand Prix au Festival à Cannes.
A Berlin, a été sacrée une cinéaste de talent et une femme engagée, mais aussi et surtout une Sénégalaise qui rend fier notre pays. L’Ours d’or à la Berlinale est une consécration à un si jeune âge et augure une belle carrière dans le 7ème art
A mon grand regret, le prix de Mati Diop est passé presque inaperçu dans la presse nationale engluée dans les péripéties du report, du dialogue et des agitations politiciennes auxquelles toutes les structures de notre pays consacrent beaucoup trop de temps. Le Sénégal se doit d’honorer Mati Diop car elle a réussi quelque chose de grand et parce qu’elle symbolise ce que nous appelions à partir de 2002 «Le Sénégal qui gagne». En effet, à la suite de l’épopée des Lions du football au Mondial en Corée du Sud et au Japon, cette expression a fait fureur. L’Equipe nationale A avait d’entrée battu la France, tenante du titre, avant de se hisser en quarts de finale ; une première pour une Nation africaine depuis le Cameroun de 1990. Depuis, le Sénégal collectionne les titres continentaux au football et est devenu une Nation familière des grands rendez-vous internationaux.
Mati Diop est un symbole de la culture de ce Sénégal qui gagne dans la foulée du renouveau du cinéma sénégalais. Au Fespaco, en 2013, Tey de Alain Gomis avait remporté l’Etalon d’or et l’Etalon de bronze était revenu à La Pirogue de Moussa Touré. A Ouaga, en 2021, Moly Kane, avec Serbi, obtient le Poulain d’or du meilleur court métrage fiction. La liste de nos satisfactions au cinéma ces dernières années est non exhaustive.
Mati Diop nous vaut une si belle satisfaction et nous convainc que peut-être dans ce pays tout n’est pas perdu. La vulgarité et la médiocrité n’ont pas encore totalement enseveli le Sénégal. A côté du Sénégal des casseurs et de leurs commanditaires, il y a celui des gens qui travaillent dans le silence de la discrétion et ainsi par leurs succès œuvrent à préserver la place de notre pays sur la carte du monde.
Mati Diop a dédié son prix aux militants sénégalais pour la démocratie et aux Palestiniens actuellement sous les bombes israéliennes. Son message, parce que son talent a été reconnu et récompensé par ses pairs, a plus de force que les pétitions d’individus à la quête d’une gloire éphémère sur le dos de cadavres d’enfants.
Mati Diop est le Sénégal qui gagne et qui propulse chez le petit enfant à Pikine ou à Sinthiou Diongui une ambition un jour d’être lui aussi célébré à Berlin, à Cannes ou à Carthage. On y arrive par la hardiesse dans le travail et la solitude de l’effort en plus, bien entendu, des conditions favorables à l’éclosion des talents nationaux. En chaque fils du Sénégal sommeille un rêve. L’Etat a l’obligation de permettre aux enfants de notre pays de devenir les prochains Souleymane Bachir Diagne, Fatou Diome, Sadio Mané, Mati Diop, Mbougar Sarr, Astou Traoré, Germaine Acogny…
L’exemplarité est nécessaire pour une Nation. D’où l’importance de célébrer les succès de Mati Diop afin d’en faire un exemple pour tous ces enfants qui rêvent de devenir un jour acteurs ou cinéastes. Dans la même veine de l’exemplarité, il faut que la République punisse ceux-là qui n’ont offert aux jeunes du Sénégal comme modèles que le pillage et l’incendie des biens publics, l’insulte aux hauts fonctionnaires, la violence et la mort. C’est cela la Justice. Et c’est ainsi qu’on insuffle le patriotisme et le républicanisme dans le cœur de chaque enfant du Sénégal..
Voir Mati Diop sur cette scène rayonnante et radieuse, fière et digne, est enfin, à titre personnel, très émouvant. Car je pense à son oncle Djibril Diop Mambéty, à Wasis et Idrissa Diop. Notre pays a un immense potentiel créatif à offrir au monde pour le rendre plus beau et plus habitable. Je pense aussi à la transmission et je me remémore cette phrase de Jaurès : «C’est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source.»
Par Thierno Homere SECK
ET LE PEUPLE SENEGALAIS EN SUBIRA ENCORE JUSQU’A QUAND ?
Ils allument le feu et ensuite viennent jouer aux sapeurs-pompiers : pyromanes ça suffit
Dans une de mes contributions reprise par Leral.net le vendredi 08 juillet 2016, je parlais du film qui s’est joué dans l’affaire Karim Wade lors de sa libération et de son éloignement du pays en catimini.
Encore une fois, un autre scénario se joue entre les politiciens véreux sur le dos des populations et contre ce pays. Les politiciens doivent savoir que les négociations au Cap Manuel doivent commencer et se faire à la base d’abord avec les populations. Les compromis et les compromissions entre deux protagonistes politiciens ne doivent pas déteindre négativement sur le vécu des citoyens sénégalais si ce n’est que pour l’intérêt de ces derniers. Autrement, ce sont les leurs, à eux traitants nocturnes du Cap. J’exhorte les politiciens de toutes les obédiences de tenir en compte le peuple qui depuis est pris en otage.
Ils allument le feu et ensuite viennent jouer aux sapeurs-pompiers : Pyromanes ça suffit.
La situation que vit notre chère nation est vraiment inédite et lugubre ; de telle sorte qu’on se pose beaucoup de questions sur ce qui se passe et ce qui va se passer. Cette crise institutionnelle qui oppose deux entités majeures de notre nation est la conséquence d’une série de pagailles engendrées par des personnes opportunistes et egocentriques qui ne s’inquiètent aucunement de la misère que vivent la majeure partie des sénégalais ; Ignobles et irréfléchis, ces prédateurs dans tous les sens, doivent être mis hors d’état de nuire au pays et ses citoyens.
Les malheureux événements qui se sont passés ces dernières années ne sont que la cause de la guéguerre qui sévit au sommet de l’état, de la chasse inexplicable d’opposants et du clientélisme politique qui écarte la compétence et le mérite pour promouvoir la médiocrité. Certains dirigeants n’en font qu’à leur tête et ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Ainsi La politique au Sénégal peut se définir comme ‘’ se sucrer sur le dos des populations’’. Et qu’il s’agisse du pouvoir ou de l’opposition, chacun se rue vers le sommet et importe peu la manière. Mais et le PEUPLE dans tout ça ?
Le peuple est en train de subir les conséquences d’un combat de gladiateurs. C’est LUI qui endosse, qu’on tue, qu’on emprisonne.
Les conséquences du bras de fer entre politiques minent l’éducation : combien d’heures ont été perdues sur le calendrier scolaire entre grèves et débrayages ? combien de générations d’étudiants sont en train d’être sacrifiés vu l’interruption de leur cursus avec des campus sociaux et pédagogiques fermés ?
En terme socio-économique, prenons juste le cas de ces femmes-là autonomes, battantes , mais pauvres dont la plupart sont des piliers de famille ; qu’elles soient des zones rurales, de la banlieue, ou des centres urbains, leurs activités génératrices de revenus sont foulées aux pieds, perturbées et menacées avec toutes ces manifestations parfois mortelles. Qui va nourrir leurs progénitures ?
Les marchands ambulants et les conducteurs de motos Jakarta, juste pour ne citer que le cas banal de sénégalais lambda « des Goorgolous » vivant au jour le jour, sont aussi fortement affectés par cette situation. Quand on se projette vers une journée de marche autorisée ou pas, les motos sont interdites de circuler, les marchands ambulants évitent les balles perdues et autres types de bavures ainsi connaissent-ils des journées chômées et non payées ou plutôt des journées non gagnées avec d’invendus de produits j’allais dire.
Que du stress, que de la psychose, que de l’insécurité, que du manque à gagner bref que du chaos dans tous les sens : la joie de vivre, cette solidarité ancienne, la chaleur humaine qui sont nos forces sociales sont en train de disparaitre dans ce pays de la Téranga.
Nous avons tous droit à une information juste mais aujourd’hui c’en est tout autre. La presse est muselée, bâillonnée et brutalisée l’exemple de la journaliste malmenée par la police et relayé par la plupart des réseaux sociaux en est une récente illustration mais non des moindres.
Beaucoup d’exemples pourraient bien être évoqués ici comme conséquences néfastes de la situation actuelle du Sénégal.
Les leaders d’opinions, dans tous les domaines, les différents pouvoirs exécutif, judiciaire, législatif doivent nécessairement se remettre en cause pour agir en conséquence de ce pourquoi ils ont été portés aux fins de leur mission, devoir par le Sénégal.
La chapelle doit être remise au beau milieu du village. Ainsi à chacun son rôle et le troupeau sera bien gardé.
Ensemble pour demain
Thierno Homere SECK
Par Kaccoor Bi
VIEILLES RELIQUES
Des rapaces qui mettent toujours leurs intérêts personnels au-dessus de tout. Ils sont nocifs pour la société, pour eux-mêmes et pour celui à qui ils prodiguent des conseils qui l’ont mené droit dans le mur. Ou au bord du précipice, comme le disait WADE
En langage figuré, on pourrait dire que le grand show du dialogue du Chef a été assuré par de la camelote. Ou des vieilles reliques, si on préfère. Les mêmes qui trainent dans ce genre de conclaves, débitant des niaiseries et soufflant à l’oreille du Chef après leur discours pour exposer leurs problèmes personnels.
Des déchets ambulants qui, pour la plupart, n’ont rien apporté de positif ni de constructif au développement de ce charmant pays. Ils ont plutôt profité des libéralités de tous les pouvoirs sans jamais être repus et sont pires que des vautours.
Pendant plus de deux heures, ils se sont succédé au micro pour dire des platitudes, indiquant des pistes brouillées pour faire plaisir à une personne qu’ils savent sur le départ mais dont ils voudraient encore profiter de la générosité.
Des rapaces qui mettent toujours leurs intérêts personnels au-dessus de tout. Ils sont nocifs pour la société, pour eux-mêmes et pour celui à qui ils prodiguent des conseils qui l’ont mené droit dans le mur. Ou au bord du précipice, comme le disait le Père Wade.
Les plus audacieux disent parler au nom d’une communauté, s’accrochant à des titres éculés dont la nouvelle génération se fout royalement avec leurs grands airs de paons. Vous voulez des dessins ? Ils représentent ce qu’il y a de plus misérabiliste en termes de valeur et d’éthique et sont prêts à ravaler leurs propres vomissures.
Ce qu’on attendait d’eux, c’est finalement un membre de l’Eglise catholique qui l’a exprimé en termes clairs et avec un grand courage. Et c’était pour dire au Chef ce que 16 candidats à la présidentielle sur les 19 validés par le Conseil constitutionnel ainsi qu’une bonne partie du peuple attendent de lui. Une seule exigence, donc : qu’il nous rende ce que nous lui avons confié durant 12 ans sans qu’il soit ni le meilleur ni le mieux né des 17 millions de Sénégalais. Ce en organisant la présidentielle avant la fin de son mandat.
Qu’est-ce que cela pourrait lui coûter d’indiquer une date — n’importe laquelle — afin qu’on en finisse avec ce jeu trouble qui ne profite qu’à cette racaille qui sait qu’elle n’est rien sans lui et qui revendique sans fausse pudeur avoir, non pas des convictions pérennes, mais un homme — en l’occurrence lui, le Chef, dans ses veines. Quelle insulte à la progéniture de ces misérables !
A celui qui se croit indispensable et qui dit en avoir assez, marquant ainsi dédaigneusement sa reconnaissance à son peuple, on est tenté de lui rappeler que les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.
Bon vent à lui !
par Amadou Tidiane Wone
DIALOGUE OU MONOLOGUE ?
Au lieu de prendre la pleine mesure des risques imprévisibles qu’il fait courir au pays, le président se livre à son jeu favori : diviser pour régner. Ce pays vaut beaucoup de sacrifices que cela !
Dans une démarche solitaire insondable, le président de la République, Macky Sall, avance. Seul. Vers la fin de son dernier mandat. Ramant à contre-courant du processus électoral normal et normé qui fonctionne au Sénégal depuis notre accession à l’indépendance, il écrit des pages d’histoire inédites, inattendues d’une personnalité, parvenue au pouvoir par des mécanismes démocratiques éprouvés.
En effet, quoique ponctué de moments de fièvre, de tensions exacerbées parfois, le modèle démocratique sénégalais s'est construit et amélioré progressivement, par l’engagement sincère d’acteurs politiques mûrs et responsables. Au fil du temps, et à la faveur de crises parfois violentes, des hommes et des femmes, du pouvoir comme de l’opposition, sont toujours parvenus à dépasser les stratégies personnelles de courte vue, pour mettre en perspective la survie de notre nation. Cela nous a valu des consensus forts sur le Code électoral et sur les principaux mécanismes de conquête et de gestion du pouvoir. Contre vents et marées, le modèle sénégalais s’est affirmé comme une référence à travers le monde, malgré quelques zones d’ombres à éclairer...
Hélas ! En ce début d’année 2024, force est de constater, pour le regretter, que pour la première fois à ma connaissance, un président de la République sortant aura mis en œuvre des mesures dont le Conseil constitutionnel, lui-même, aura contesté la légalité. En l’occurrence, le décret présidentiel portant annulation du décret convoquant le corps électoral le 25 février 2024 est déclaré nul et non avenu. Le Conseil constitutionnel, gardien ultime de l’inviolabilité de la Constitution a dit le droit. Ses décisions ne sont susceptibles d’aucun recours.
Quelles conséquences aurait dû en tirer le chef de l’Etat ?
Tout simplement, prendre un nouveau décret en tenant compte des jours perdus par son annulation et arrêter une nouvelle date. En lieu et place, le président Macky Sall s’est engagé dans un baroud d’honneur aux conséquences actuelles graves et à venir insondables.
Au lieu de prendre la pleine mesure des risques imprévisibles qu’il fait courir au pays, le président se livre à son jeu favori : diviser pour régner ! Au cours d’une conférence de presse taillée sur mesure, le président Macky Sall a convoqué la classe politique sénégalaise, la société civile, les chefs religieux, et toute autre personnalité disponible, à le retrouver à Diamniadio pour… dialoguer ! Alors que le seul problème qui se pose est la fixation d’une date pour l’élection présidentielle ! Esquive, contournement de la décision du Conseil constitutionnel, pied de nez aux 19 candidats qui se sont investis pour satisfaire à toutes les exigences de droit pour figurer dans la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle ? Aucune de ces hypothèses n’honore la fonction présidentielle ! Et il va falloir que le pays se mobilise pour dire NON !
Sur les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel seulement deux ont répondu à l’invitation du président de la République. Toutes les personnalités qui ont rempli la salle ne sont que des figurants dans le contexte d’un débat, entre candidats retenus et président sortant pour s’accorder sur une date en vue de l’élection présidentielle. Le quorum n’est donc pas atteint ! Le dialogue s’est réduit à un monologue entre alliés. Une distribution minutée de la parole à des inconditionnels et autres partenaires en enfumage ne risque pas de faire illusion. Ce pays vaut beaucoup de sacrifices que cela !
Respectons le Conseil Constitutionnel !
Respectons les 19 candidats et les citoyens sénégalais qui leur ont accordé leurs parrainages !
Respectons les convenances républicaines !
« Quand l’injustice devient loi, la résistance est un devoir ».
Il est donc temps de se dresser et de dire fermement et résolument :
- Non à une loi d’amnistie qui ne saurait intervenir préalablement à un état des lieux précis de la situation du pays. Aucun crime de sang ne saurait, non plus être absous. Les violences perpétrées sur des citoyens sans défense doivent faire l’objet d’enquêtes sérieuses et des sanctions exemplaires prises.
- Non à un report des élections présidentielles au-delà du 2 avril 2024 !
EXCLUSIF SENEPLUS - Monsieur le président, vous vous révélez comme vous êtes : joueur et buté. Vous êtes encore engoncé dans vos attitudes dogmatiques nées de vos croyances que vous êtes le « buur » du Sénégal et que nous sommes vos sujets
M. le président, vous êtes constamment dans la manœuvre. Cela n’a pas changé. Il a suffi de vous écouter juste cinq minutes, lors de votre interview fleuve et insipide, pour nous en rendre compte.
En vous écoutant, il me revint à l’esprit le curieux apophtegme du chien qui feignait d’être un lion. Comme vous le savez, ou peut-être pas, la fin ne fut pas joyeuse.
Vous possédez l’art consommé d’apaiser les feux par ci, et d’en allumer d’autres par là. La tension était un peu retombée quand le Conseil constitutionnel (CC) a retoqué aussi bien la loi de prorogation de votre mandat jusqu’au 15 décembre votée à l’Assemblée nationale, que votre décret d’annulation de convocation des élections au 25 février. Vous aviez fait publier un communiqué annonçant que vous respecteriez pleinement la décision du CC. Ne voilà-t-il pas que vous remettez le couvert avec votre ancienne antienne de dialogue et fait monter la tension à nouveau.
Vous vous révélez comme vous êtes : joueur et buté. Joueur, parce que vous cherchez à gagner du temps – allez savoir pourquoi ; buté, parce que vous ne renoncez pas à votre idée première, celle de rester en poste au-delà du 2 avril bien que vous affirmiez le contraire. « Mon mandat s’épuise le 2 avril et je le respecterai », dites-vous, mais tout votre corps, vos yeux, vos mains, vos rictus expriment le contraire.
Cela fut une constante lors de vos magistères : dire une chose et faire le contraire, dire une chose et trainer les pieds pour la faire, ou comme disent mes concitoyens, clignoter à droite et tourner à gauche. C’est l’étiquette qui vous colle à la peau. Lors de cette interview, fort médiocre au demeurant tant vous avez voulu en aseptiser les contours, on voit poindre à l’évidence les attributs dont on vous affuble : rancunier et suffisant.
C’est clair, vous ne ferez pas la part belle au Conseil constitutionnel qui a eu l’outrecuidance de vous recaler. Vous ne donnerez pas de date. Na. Vous prendrez le temps de réunir des gens aux intérêts opposés, pour leur demander de trouver une date de consensus pour la tenue de l’élection. On est sûr que cette date ne sortira pas de ces agapes dont on ne connait ni le format, ni les règles de décision.
Ces dialogues semblent être la solution miracle que vous sortez du chapeau, à chaque écueil. Votre façon usuelle de botter en touche, ou de justifier des décisions déjà prises. Pour ne pas proposer de date, vous êtes prêt à laisser entendre que vous libèrerez Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye et les autres détenus.
Quand on sait ce que vous coûte ces libérations, on comprend mieux à quel point vous tenez à grappiller quelques mois au pouvoir. Pourquoi faire demeure la plus grosse énigme. On ne comprend pas, à partir du moment où votre religion, de quitter le pouvoir au 2 avril est faite, pourquoi vous cherchez à glaner des jours, des mois en plus ? Que représentent quelques mois au regard de vos 12 ans passés au pouvoir ? Est-ce juste pour embêter le Conseil constitutionnel ? Y aurait-il autre chose ? Se donner du temps pour élaborer votre loi d’amnistie que vous voulez bâcler, comme d’habitude serait-on tenté de dire, et profiter de ce rififi pour laver à grande eau des comparses mouillés jusqu’au cou dans des affaires diverses ?
L’amnistie est votre dernière trouvaille que vous agitez comme une sucette pour faire passer votre volonté d’outrepasser les règles édictées par le CC. Pour vous, une amnistie sans justice est tout à fait possible. Que vous le désiriez et l’exprimiez, est, en soi, une raison suffisante pour l’adopter. Convoquer l’amnistie de la deuxième guerre pour justifier la vôtre est un terrible aveu d’inculture. Nous devrions décidément apprendre à mieux choisir nos présidents !
On vous voyait vous étrangler presque de rage, en accusant les soi-disant partenaires de se joindre à ce concert de salissures sur votre personne. Vous ne savez pas que vous êtes un serviteur. C’est votre plus grand drame. Vous êtes encore engoncé dans vos attitudes dogmatiques nées de vos croyances que vous êtes le « buur » du Sénégal et que nous sommes vos sujets. Cela vous prive visiblement de vos capacités objectives d’analyse des conséquences de vos décisions malencontreuses. C’est cela qui explique que vous vous offusquez de notre « ingratitude » alors que vous posez des actes indécents jour après jour. Quand vous déclarez que vous êtes un démocrate, on atteint le sommet de la démesure. Combien ont dû s’étouffer d’entendre cela ! La démocratie se mesure par les actes posés, M. le président et ce n’est surement pas vous le juge ! Non, vous n’êtes pas un démocrate. Vous ne supportez pas la contradiction et les actes que vous posez : les arrestations à tour de bras, les coupures de réseaux mobiles, la suppression de signal de média-télé, les interdictions de marches pacifiques que sais-je encore, vont en l’encontre de l’État de droit. Même le respect du calendrier électoral, élément basique dans une démocratie, vous est cher.
L’équation qui vous était posée au soir du 15 février était fort simple : choisir une date d’élection en tenant compte de la contrainte de date de fin au 2 avril 2024. À la sortie de l’entretien, vous l’avez rendue plus compliquée, en la rendant plus floue, vous y avez introduit des variables nouvelles nullement validées par le CC : dialogue avec des acteurs qui n’ont rien à y voir : des « spoliés » qui rêvent de revenir dans la course ; des partis politiques – il y en a 371 - ; des syndicats ; des religieux et tout cela au pas de charge en moins de deux jours. Prenez votre temps M. le président, le Sénégal attendra, suspendu à votre bon vouloir.
Dans tout les cas, sachez que le 2 avril, avec toutes les mouches qui bourdonnent autour de vous, nous vous dirons : par ici la sortie.
Dr Tidiane Sow est coach en communication politique.