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26 novembre 2024
Opinions
Par Mohamed Lamine LY
LE DIALOGUE DE DIAMNIADIO, UN POISON POUR LA DEMOCRATIE
A observer les dernières convulsions du régime du Benno-APR, à travers le dialogue tragicomique de Diamniadio, on se dit qu’assurément, tous les ingrédients sont réunis, pour faire de cette fin de règne rocambolesque de Macky Sall, un thriller politique..
A observer les dernières convulsions du régime du Benno-APR, à travers le dialogue tragicomique de Diamniadio, on se dit qu’assurément, tous les ingrédients sont réunis, pour faire de cette fin de règne rocambolesque de Macky Sall, un thriller politique palpitant.
Triste sort que celui de cet alchimiste maladroit, dont la bombe est en train de lui exploser entre les mains !
Sa fâcheuse propension, à enfreindre les règles de droit à des fins politiciennes, a dépassé les limites de la décence et de l’élégance républicaines.
Tout ça pour atteindre l’objectif utopique de réduire l’Opposition à sa plus simple expression !
Il en est maintenant réduit à violer ouvertement la Loi, en se drapant du manteau pudique de la République. Son fameux dialogue (sa dernière valse) est un symbole achevé du système tant décrié par les nouvelles vagues de jeunes patriotes. Il pourrait être aisément confondu à un rassemblement regroupant, hormis quelques personnalités naïves ou candides, trois générations de « gangsters » politiques, pris en flagrant délit de trafic d’influence et d’instrumentalisation des Institutions.
Nous n’irons pas jusqu’à parler d’association de malfaiteurs – comme les fameux juges inquisiteurs du Macky, si prompts à distribuer des chefs d’accusation aussi graves et nombreux qu’infondés – mais la salle du CICAD était remplie de centaines de personnalités en rébellion contre la décision n°1/C/2024 du 15 février 2024 du Conseil constitutionnel.
Pour beaucoup moins que ça, des citoyens, des travailleurs ou des passants ont été férocement réprimés et envoyés en prison pour plusieurs mois !
Quelle peut-être la légitimité d’une telle instance ad hoc, dont le postulat de départ repose sur la négation de la décision actant l’annulation du report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024 ?
Comble d’outrecuidance présidentielle !
En suggérant à ses troupes dociles, que la prochaine présidentielle pourrait se tenir avant l’hivernage prochain, après toute une série d’évènements religieux, le premier magistrat de la Nation n’a rien fait d’autre que de saboter l’injonction des Sept Sages, en ignorant royalement le deadline fixé par le Conseil constitutionnel, au 2 avril. En effet, c’est la date, à laquelle doit s’achever le deuxième et dernier mandat du président Macky Sall, insusceptible de prolongation, selon l’article 103 de la Constitution.
Cette défiance à l’endroit du Juge électoral suprême, de la part d’un président en fin de mandat (un canard boiteux, qui s’ignore), n’est qu’une récidive, en l’espace de trois semaines du putsch constitutionnel du 3 février dernier.
Est-ce un effet boomerang ou la loi du karma à l’œuvre ? Il est, en tout cas, troublant de constater que le maître d’œuvre d’une gouvernance tyrannique caractérisée par une judiciarisation outrancière de la vie politique depuis 12 ans n’arrive plus à sauver les apparences. Il se met, de manière éclatante et perceptible par tous, en conflit avec la Loi, plus précisément la Constitution, dont il est pourtant censé être le gardien.
Ne sommes-nous pas en face d’un cas de manquement grave du Président de la République, manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ? Sous d’autres cieux, cela conduirait à diligenter une procédure de destitution ou d’impeachment.
Par ailleurs, la validation des conclusions grotesques issues du pseudo-dialogue politique, qui constituent un poison mortel, ouvrirait la boîte de Pandore. Le conseil constitutionnel, en cédant aux caprices du « Prince tourmenté », se ferait hara-kiri ou scierait la branche sur laquelle le pouvoir judiciaire national est assis. En outre, ce serait un enterrement de première classe pour notre système politique, qui perdrait simultanément son caractère républicain et sa nature démocratique.
Le peuple sénégalais connu pour sa résilience et son haut niveau de maturité politique attendait justement le 25 février 2024 pour solder pacifiquement le contentieux, qui l’oppose à la junte civile au pouvoir, qui considère les normes démocratiques et républicaines comme un corset contraignant. C’est ce qui explique que la paix civile ait prévalu jusque-là, dans notre pays.
Le moment est venu pour les pontes du Benno-APR de retrouver la raison. Leur préférence pour un style de management tyrannique, dans lequel, la répression policière et le traitement abusivement judiciaire des questions politiques ont été mis en avant, a montré ses limites. Tout indique que le camp présidentiel divisé va au-devant d’une déroute électorale mémorable.
Il est déjà trop tard pour effacer les traces de tous les crimes, délits et forfaitures commis durant la décennie écoulée, par le biais d’une loi d’amnistie rétrograde.
Il ne leur reste plus qu’à se conformer –sagement- aux décisions du conseil constitutionnel pour tenter de sauver notre système électoral voire notre Démocratie, qu’eux-mêmes ont mis à mal par les manipulations incessantes (loi sur le parrainage, report d’élections, invalidation de listes de candidats, éviction judiciaire de concurrents politiques…).
Après les élections et quel qu’en soit le vainqueur, ce sera le moment de procéder aux ruptures tant attendues, au moins depuis la tenue des Assises nationales, à commencer par une véritable refondation institutionnelle avec l’abolition définitive de l’hyper-présidentialisme obsolète.
Par Nioxor TINE
L’HEURE DE L’ALTERNATIVE A SONNE !
Il faut se rendre à l’évidence ! Autrefois présenté comme un havre de démocratie et de paix, notre pays est en train de se transformer en dictature, devant l’indifférence générale de la communauté internationale
Autrefois présenté comme un havre de démocratie et de paix, notre pays est en train de se transformer en dictature, devant l’indifférence générale de la communauté internationale, la même, qui détourne le regard, quand l’armée israélienne pilonne les modestes demeures palestiniennes de Gaza.
Autre similitude avec l’oppression israélienne sur les territoires arabes occupés depuis 1948, le métier d’opposant est devenu périlleux en terre sénégalaise, où il est assimilé à une entreprise séditieuse, de la même façon que la lutte palestinienne est confondue à du terrorisme par l’Etat colonial, intolérant et raciste d’Israël et ses soutiens (ou complices) occidentaux.
Enfin, prenant prétexte des émeutes du 1er juin 2023 déclenchées par le verdict arbitraire de corruption de la jeunesse pris à l’encontre d’Ousmane Sonko, les autorités de notre pays renversant la devise de l’UCAD, Lux mea lex, ont choisi l’obscurantisme, c’est-à-dire de saboter l’enseignement dans nos Universités, sous prétexte de risques sécuritaires.
Dans cet ordre d’idées et devant le refus persistant des autorités d’ouvrir des enquêtes judiciaires, il ne serait pas superflu de s’interroger sur l’identité des casseurs ayant opéré à l’UCAD, et plus particulièrement de questionner les fausses accusations d’incinération de livres portées contre l’Opposition !
En effet, le bon sens voudrait, que ceux qui instrumentalisent des secteurs de la Justice et du Ministère de l’Intérieur pour emprisonner des centaines de militants politiques soient les mêmes, qui ferment les Universités et orchestrent des autodafés de livres, comme naguère Goebbels, sous le troisième Reich.
En réalité, le régime du Benno Bokk Yakaar, qui considère le campus comme un foyer de contestation par excellence, a pris la mauvaise habitude de fermer l’UCAD, chaque fois qu’il planifie des coups fourrés.
Ce fut le cas lors de l’arrestation, le 28 juillet dernier, du président Ousmane Sonko. Il s’agit, cette fois d’évincer, de la prochaine compétition électorale, en usant de procédures judiciaires ou du parrainage piégé, tous les candidats représentant une menace pour l’impossible victoire de leur camp.
Pour preuve, la manière cavalière dont le processus électoral est géré par le président sortant et ses acolytes du « Benno éparpillé », qui laisse augurer de lendemains incertains dans notre pays.
Devant le silence assourdissant et désapprobateur d’une opinion publique désabusée, les politiciens du Benno, qui semblent être venus d’une autre planète, se croient tout permis.
De fait, les prisons sénégalaises sont remplies à ras-bord de plus d’un millier de détenus politiques n’ayant fait qu’user de leurs droits constitutionnels d’expression, de manifestation et de résistance.
La déliquescence de nos institutions a atteint un tel niveau, que les acteurs politiques sérieux devraient d’abord se préoccuper de la sauvegarde de l’Etat de droit et de la Démocratie avant la tenue d’élections, qui de surcroît portent les germes d’une désintégration du tissu national.
En effet, la récente posture de la Direction Générale des Elections, qui prétend pouvoir invalider une candidature, rôle dévolu au Conseil constitutionnel, éclaire d’un jour nouveau, les obscurs desseins d’un régime cherchant, coûte que coûte à éliminer ses adversaires les plus sérieux.
Jusque-là, le pouvoir apériste s’arrangeait, en usant, en amont, de divers procédés frauduleux, coercitifs ou corruptifs pour instrumentaliser l’administration territoriale ou la magistrature et leur faire prendre des décisions arbitraires ou rendre des jugements illégaux revêtus du sceau trompeur de l’impartialité.
Avec ce refus flagrant et manifeste d’appliquer une décision de justice, la personnalité centrale en charge de l’organisation des prochaines élections présidentielles, vient de franchir une nouvelle étape dans le coup d’Etat électoral en gestation.
En outre, il installe un profond malaise, qui accentue le déficit de confiance au sein de la classe politique, qui a atteint la côte d’alerte. Pire, l’incapacité des partis d’opposition, à faire solidairement front contre cette stratégie du fait accompli du pouvoir, conduit à l’exacerbation des contradictions en leur sein.
Il y a, d’un côté, les forces modérées acquises au principe de la pérennisation d’un système prétendument républicain, ayant participé au pseudo-dialogue national et de l’autre des forces dites radicales prônant la rupture avec la soumission servile aux puissances étrangères et la gabegie ambiante depuis plus de 60 ans.
Il faut prendre en compte le fait que le contexte sous-régional et la géopolitique internationale (BRICS, Ukraine) militent pour des politiques de rupture d’avec le système obsolète de domination du monde par les puissances occidentales et pour des partenariats mutuellement avantageux.
La pléthore de candidatures observée, que certains considèrent, à tort, comme un signe de vitalité démocratique, outre qu’elle justifie et/ou réhabilite la loi scélérate sur le parrainage, risque de brouiller les cartes au profit exclusif du régime du Yakaar désenchanté.
Les nouveaux leaders de la scène politique commettraient une erreur fatale en jouant la carte de la neutralité dans la confrontation entre le régime de Benno Bokk Yakaar profondément inféodé aux intérêts de l’impérialisme occidental et les nouvelles forces politiques, qui sont en train de payer un lourd tribut pour leur engagement patriotique.
Ignorer cette évidence conduira soit à l’installation d’un pouvoir autocratique à la congolaise ou à l’avènement d’un nouveau régime ayant certes des desseins progressistes, mais qui aura des difficultés à les matérialiser, faute d’une base sociale suffisamment large.
Un vaste front pour le rétablissement de l’Etat de droit, l’organisation d’élections transparentes, régulières et inclusives doit être mis sur pied. A défaut, notre pays risque d’être plongé dans le chaos.
Les jeunesses africaines, font, d’ores et déjà, sous nos yeux et quotidiennement, à travers l’émigration clandestine, la démonstration qu’elles sont prêts à tous les sacrifices, pour s’extirper de l’enfer néocolonial.
Elles n’accepteront pas les combines de la vieille classe politique, sous quelque modalité que ce soit, pour perpétuer le système de domination françafricain. Ils ne veulent ni de restauration d’ordres anciens ni de nouvelle alternance trompeuse, car l’’heure de l’alternative a sonné.
Ses ultimes et vaines manœuvres tendant à changer les règles du jeu, non plus en cours mais bien en fin de partie, prouvent à ceux qui en douteraient encore qu’il a perdu pied et donc tout contact avec le réel
Le président sortant Macky Sall, longtemps considéré comme un « maître du jeu politicien », se trouve désormais pris à son propre jeu. Réputé expert en manipulation du Parti-Etat pour asseoir son pouvoir personnel, le voici désormais acculé au double jeu en réaffirmant que « force doit rester à la loi » tout en se jouant de la loi fondamentale qu’est censée être une Constitution taillée et retaillée sur mesure…à des fins autocratiques !
Cependant, notre « monarque constitutionnel » se trompe à la fois de pays et d’époque, car l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Si le continent tout entier, avec sa diaspora d’Occident et d’Orient, ont les yeux rivés sur la crise électorale majeure en cours dans la plus vieille colonie française d’Afrique, c’est simplement parce qu’elle met à nu les contradictions fondamentales du monde contemporain. L’effondrement manifeste du prétendu « modèle démocratique ouest-africain » vient confirmer qu’il ne saurait y avoir d’exception aux lois de l’histoire, ni au Sénégal, ni ailleurs en Afrique et nulle part dans le monde…
Jugeons-en, faits à l’appui. Comment un jeune politicien « libéral », élu au suffrage universel direct, aurait-t-il pu, en une douzaine d’années de pouvoir « républicain », se convertir en un dictateur sanguinaire et impitoyable ?
Répondre à la question par des lieux communs tels que « le pouvoir rend fou… » ou que « la politique est l’art par excellence du mensonge et de la duperie » serait un peu court pour éclairer l’opinion africaine ou étrangère. Tandis que si l’on rappelle, d’abord, que le premier président de la « République arachidière » du Sénégal, L. Senghor, fondateur du système du parti-Etat, a régné vingt ans avant d’installer son dauphin, A. Diouf qui à son tour règnera aussi deux décennies, avant d’être congédié alors qu’il sollicitait un mandat supplémentaire.
Et qu’ensuite, l’avènement de Me A. Wade marquera la simple substitution de l’Etat-PDS au défunt Etat-PS, malgré l’adoption référendaire d’une « nouvelle » Constitution en 2001. En effet, hormis l’étiquetage idéologique autocollant du parti-Etat avec passage du « socialisme démocratique » au « libéralisme démocratique », rien n’a changé au fond dans la nature autocratique du pouvoir personnel du président. A tel point qu’au terme de ses deux mandats, Me Wade a tenté, sous le couvert d’une énième manipulation constitutionnelle, d’imposer un troisième mandat grâce à sa chambre d’enregistrement parlementaire au bénéfice de son fils Karim, alors « ministre du ciel et de la terre » ! Seul un soulèvement populaire, aussi massif qu’inattendu, nous a sauvés de cette forfaiture « libérale ».
Enfin, last but not least, à défaut de son propre fils, c’est son héritier politique, Macky Sall, qui va accéder à la « magistrature suprême ». Ce dernier ne va pas tarder à chausser les bottes de son maître, notamment en récusant la nécessaire « refondation de l’Etat et de la société » à laquelle il avait pourtant formellement souscrit, en signant sans réserve la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales. Une preuve éloquente en sera fournie ultérieurement avec la révélation par un jeune expert fiscal du nom d’Ousmane Sonko, dans son ouvrage « Pétrole et Gaz au Sénégal : Chronique d’une spoliation » (2017). L’on apprendra ainsi qu’à peine installé au « Palais du gouverneur Général », le nouveau chef de l’Etat, prenant connaissance des termes du contrat liant son gouvernement à la sulfureuse société privée Petrotim du tristement célèbre Frank Timis, s’était contenté de substituer le nom de son frère Aliou Sall à celui du fils de son prédécesseur, Karim Wade, comme gérant de cette funeste entreprise de pillage ! Tel est le point de départ de la confrontation sans merci qui va opposer l’ex-Inspecteur des Impôts et Domaines, devenu le seul et unique député de la Coalition « Ndawi Askan Wi », (2017) au président Macky Sall.
Depuis lors, cette adversité ira grandissante au point qu’au terme de cette législature, durant laquelle la figure du singleton Sonko s’était peu à peu imposée comme le principal, sinon l’unique représentant de l’opposition véritable.
C’est alors que l’option fut retenue de s’attaquer frontalement à ce trublion et à ses partisans de Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité). D’où une série de provocations politico-judiciaires, s’accompagnant d’une vague de répression sauvage, qui se solderont par des dizaines de morts par armes à feu et des centaines de prisonniers politiques, sous des prétextes aussi divers que fantaisistes (mars 2021) …
D’autant plus qu’en 2022, au moment du renouvellement de l’Assemblée nationale, la totalité des candidats titulaires de la liste nationale de « Yewwi Askan Wi » (YAW), la coalition qu’il dirigeait, s’est vu arbitrairement disqualifiée. En dépit de ce coup de Jarnac, à l’issue de ce scrutin législatif biaisé, la majorité sortante s’est pour la première fois retrouvée en ballotage défavorable, avec de nombreux suppléants de la liste YAW élus. Fait sans précédent dans les annales parlementaires du pays…
A partir de ce tournant historique imprévu, la panique s’est définitivement emparée du chef du parti-Etat APR, qui prit la funeste décision d’en finir une fois pour toutes avec cette menace mortelle pour son régime, mais au contraire porteuse d’espoir pour le peuple et surtout la jeunesse. Aussi, dès juin 2023, va-t-il déclencher une cascade d’opérations de démantèlement de Pastef et de liquidation de sa direction politique : meurtres en séries et emprisonnements massifs à travers tout le pays, interdiction et dissolution du parti, fermeture de son siège national, tentatives de saisie de ses comptes et moyens audio-visuels, etc.
Toujours est-il que cette campagne de terreur blanche ciblant exclusivement les cadres et militants de Pastef va se solder par un échec lamentable, dans la mesure où elle aura un effet exactement contraire à celui recherché : renforcer et consolider l’esprit de résistance dans les rangs du parti, et amplifier le soutien et la solidarité au sein des populations ; sans oublier l’attention et la sympathie dans l’opinion africaine et internationale.
D’autant plus, qu’au fur et à mesure de l’approche de l’élection présidentielle, les pressions combinées de nos concitoyens et autres compatriotes africains, auxquelles est venu s’ajouter le désenchantement, feint ou sincère, de ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale, ont finalement contraint le président sortant à renoncer publiquement à sa candidature à un troisième mandat anticonstitutionnel, mettant ainsi fin à son honteux « ni oui, ni non », tout en réaffirmant son prétendu « droit à postuler ». Comprenne qui pourra…
Quoiqu’il en soit, désormais « hors du jeu », tout en persistant à se comporter en « maître du jeu », voilà un président sortant qui, déjà sur le pas de la porte de sortie, entend continuer à modifier les règles du jeu en cours de partie… Ses ultimes et vaines manœuvres tendant à changer les règles du jeu, non plus en cours mais bien en fin de partie, prouvent à ceux qui en douteraient encore qu’il a perdu pied et donc tout contact avec le réel. Pourquoi libérer sans jugement des centaines de prisonniers politiques et en même temps embastiller Ngagne D. Touré ? Comment ose-t-il nous inventer à un énième « dialogue », après avoir fait ce que bon lui semble des « consensus » précédents ? Pourquoi, attend-il d’être sur le départ pour nous servir un « projet de loi d’amnistie » qui rappelle étrangement une certaine « loi Ezzan » de triste mémoire, alors que chacun sait qu’il s’agit essentiellement, sinon exclusivement, d’une amnistie pour soi visant à blanchir d’abord sa propre personne, les siens ainsi que la clique de prédateurs insatiables qui l’entoure ? Au demeurant, la présence à ses côtés ou sinon aux commandes, de son ex-mentor, ancien chef du précédent parti-Etat, avec son rejeton reclus dans la sinistre pénombre qatarie, notamment pour les ultimes coups fourrés juridico-politiciens, tout ceci devrait suffire à récuser toute offre politique provenant des camps dits « libéral » ou « socialiste », quelle qu’elle soit. Vous avez déjà fait la démonstration de votre incurie notoire.
La seule, unique et ultime décision que vos concitoyens attendent de vous est d’annoncer la date du premier tour du scrutin présidentiel, dans les limites temporelles fixées par le CC. Tout le reste n’est que balivernes ou menteries !
L’hypothèse la plus vraisemblable est que le président sortant et ses cliques dirigeantes ancienne et nouvelle, sont en train de se jouer de nous, ou, comme on dit vulgairement, de sa payer notre tête.
De qui donc le président sortant se moque-t-il ? Réponse imminente dans les jours à venir.
par Madieye Mbodj
TOURNER LA PAGE DE LA MÉTHODE MACKY SALL
Le pouvoir Macky-APR-BBY est de plus en plus isolé, paniqué et en mauvaise posture : user de dilatoire, divertir, diviser, puis choisir le bon moment pour attaquer et réprimer, telle est la méthode favorite du Macky
Dans un premier communiqué de février 2024, les partis de ‘’la Gauche du Macky’’ regroupée au sein de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS), mettaient en garde contre tout report de l’élection présidentielle du 25 février, report à leurs yeux « juridiquement impossible et politiquement inopportun ».
En effet, précisaient-ils fort justement, « il n’existe dans le pays aucune crise institutionnelle, aucune interruption du fonctionnement régulier des institutions pouvant justifier un tel report » ! Mais curieusement depuis lors, la CDS a choisi de ne piper mot, sous le prétexte de « chercher des informations » avant toute nouvelle prise de position !
Pourtant, le Comité Central du PIT, parti membre de ladite entité, dans sa résolution générale en date du 18 février 2024, enfonce le clou en soulignant « la grave crise politico-judiciaire inédite et complexe liée à l’élection présidentielle, provoquée et nourrie par diverses manœuvres entreprises pour le report de l’élection présidentielle en violation des dispositions de la Constitution » !
Mais les militants du PIT qui animent le Comité de la Plateforme de Réflexion /CPR Dooleel PIT, n’ont pas tardé à réagir, en dénonçant la prétendue « stratégie de large rassemblement » d’un parti qui se fait « le porte-parole de la violence d’Etat, de la dictature rampante, de la démission nationale et de la liquidation de nos acquis démocratiques » (CPR-Communiqué du 25 février 2024).
Comment la direction d’un parti prétendument de gauche peut-elle aspirer à « faire véritablement barrage aux velléités impérialistes et néocoloniales », tout en se faisant le chantre d’un « compagnonnage subalterne avec les franges réactionnaires de la bourgeoisie politico-bureaucratique » (Idem, ibidem) ? N'est-ce pas tout simplement de l’inconséquence, pour ne pas dire pire ?
Sur le même registre, quel crédit peut-on accorder aux thuriféraires du pouvoir et à leur président devenus subitement les promoteurs zélés de l’inclusivité, en même temps que « les défenseurs de la souveraineté nationale », opposés d’une part, à toute mainmise impérialiste sur nos ressources pétrolières et gazières, d’autre part aux ’’intrusions des médias étrangers d’occident dans notre vie politique intérieure’’ ?
Le débat pourtant est clair et l’invite du Conseil constitutionnel (C.C) à l’endroit du président de la République et de ses services compétents, demande explicitement, dans la décision du 15 février : i) de garantir le respect des institutions et de leurs décisions, conformément aux dispositions de la Constitution ; ii) d’organiser l’élection dans les meilleurs délais et, en tout état de cause, avant le 2 avril 2024, date de la fin constitutionnelle du mandat présidentiel en cours,; iii) de ne mettre en compétition à cette élection que les 19 candidats dûment validés par la décision du C.C en la matière.
Si le représentant de l’église n’a fait que rappeler ces vérités dans son intervention, ferme sur les principes, à l’occasion du cérémonial d’ouverture, ce 26 février 2024, du « énième dialogue national » du président Sall, ce dernier quant à lui fait montre d’une position bien singulière en matière d’application des lois de la république. Rappelons qu’il a pourtant publiquement prêté serment, en jurant « devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, » (Article 37 de la Constitution).
Le chef de l’Etat-Parti APR-BBY aurait dû simplement préciser : les dispositions de la Constitution et des lois qui arrangent mon camp et mes intérêts ! Car tout le monde sait, à commencer par le président lui-même, qu’en l’état actuel de notre loi fondamentale, « les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles » (Article 92 de la Constitution).
Que valent alors tous les discours enjôleurs sur la sacralité de la loi, les envolées lyriques sur la démocratie, l’État de droit, la République, la transparence, la justice ou l’inclusivité et le dialogue, si seuls comptent en réalité les calculs, le bon-vouloir, les désirs et ‘’la vérité’’ du Monarque de la République (« Le président-Dieu, notre dieu terrestre autoproclamé », pour reprendre les termes du professeur Makhtar Diouf) ? Qui donc a décidé, sans consultation, d’arrêter le processus électoral par un décret illégal pris à quelque 10 heures du démarrage officiel de la campagne ? Qui a donné son onction au vote d’une proposition de loi anticonstitutionnelle prolongeant la durée du mandat présidentiel en cours ? Deux textes déclarés d‘ailleurs nuls et non avenus par le Conseil constitutionnel ! A quoi bon chanter les ‘’vertus africaines’’ de la paix et du dialogue, hors souci de la vérité, de la justice, de la dignité et de l’honneur ?
Trêve alors d’hypocrisie et de balivernes sur des catégories trompeuses et fourre-tout du genre « classe politique » et « société civile », utilisées par certains milieux ou porte-voix du pouvoir dans le dessein cynique de faire croire à l’opinion publique : ‘’ils sont tous pareils'’ ! Tous corrompus, tous sans foi ni loi, tous mus par leurs seuls intérêts, et patati et patata ! Ces gens-là naturellement voient le monde, et tout le monde, à leur propre image, et profondément vautrés dans le confort douillet de leurs insolents privilèges, ils prient tous les jours pour que rien ne bouge, que rien ne change ! Changeons nos mentalités et nos comportements, changeons nous-mêmes pour changer le Sénégal et l’Afrique ! Tels de vrais charlatans au pouvoir, nos adeptes de la politique politicienne ont artificiellement créé une crise institutionnelle, mal ficelée du reste, en installant d’abord la suspicion au sein des « sept Sages » du C.C, puis en cherchant à opposer ce dernier au Parlement, à travers un simulacre de ‘’Commission d’enquête’’, (mise sur pied en ‘’mode fast track’’ sur la base de simples soupçons de corruption, non étayés - le présumé corrupteur étant curieusement d’ailleurs le Premier ministre et candidat désigné du pouvoir APR-BBY !), puis à travers le vote d’une ‘’loi constitutionnelle’’, jusqu’au tout dernier plat réchauffé de ‘’dialogue national’’ au Centre Abdou Diouf de Diamniadio ! Autant de stratagèmes cousus de fil blanc en accord avec leurs nouveaux alliés et complices du clan des Wade-PDS ! Effet de boomerang, pan sur le crâne : à force de ruses, la crise artificielle est aujourd’hui devenue une vraie crise, dont nul ne sait vraiment comment en faire sortir indemne notre cher pays le Sénégal !
Mais ni les faux dialogues, ni les lois d’amnistie faisant fi de la démarche de principe : vérité, justice, réconciliation, ne sauront rencontrer l’agrément des forces progressistes, démocratiques, sociales et citoyennes de notre pays, sa jeunesse en tête, qui continue de lutter contre la misère sociale, le chômage, la vie chère, pour la libération de tous les détenus politiques, pour une école et une santé de qualité, etc., avec l’espoir et la perspective d’un Sénégal meilleur dans une Afrique unie, libre et prospère. Comme le dit un adage de chez nous, wiiri wiiri, jaari ndaari : après douze longues années de wër-wërloo avec les peuples du Sénégal et de l’Afrique, il urge de tourner la page de « la méthode Macky Sall », la méthode de tous les adeptes du système néocolonial de servitude volontaire, de prédation et d’autocratie. Il est venu en effet le temps où le Sénégal de « la deuxième République des Senghor-Diouf-Wade-Macky » est mûr pour céder la place au « Sénégal de la troisième République », juché sur les épaules des Conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), nourries de toutes les expériences, positives comme négatives, tirées de nos parcours de lutte depuis 1960, 1968, 1988, 2000, 2011, 2021 jusqu’à 2024, pour n’en citer que quelques étapes marquantes. Le pouvoir Macky-APR-BBY est de plus en plus isolé, paniqué et en mauvaise posture : user de dilatoire, divertir, diviser, puis choisir le bon moment pour attaquer et réprimer, telle est la méthode favorite du Macky. Aux patriotes, démocrates et progressistes d’en tirer les conséquences, pour rester plus que jamais organisés, unis, mobilisés et déterminés, dans la confiance, la sérénité et la vigilance, jusqu’à la victoire finale.
Madieye Mbodj, membre de la Coalition Diomaye Président.
Par Ndiaga SYLLA
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT MACKY PAR LA PROCEDURE D’EMPECHEMENT !
Au début du cycle électoral, le dialogue est instauré pour la définition d’un cadre juridique consensuel. La tradition de dialogue sénégalaise, connue de tous, a déjà permis de modifier la Constitution et le Code électoral..
Au début du cycle électoral, le dialogue est instauré pour la définition d’un cadre juridique consensuel. La tradition de dialogue sénégalaise, connue de tous, a déjà permis de modifier la Constitution et le Code électoral... A présent, il est demandé au Président de la République de respecter le droit fondamental de suffrage, réaffirmé par le Conseil constitutionnel. Le calendrier électoral a été proposé, comme par le passé, par ses services compétents (DGE) dans le respect des délais constitutionnels et légaux en tenant compte d’autres paramètres qu’il invoque à la fin du monologue.
Il devient subitement metteur en scène :
Scène 1 : 2 journalistes militants, chefs de médias officiels régentent une interview à la stalinienne avec une méprise de la communauté internationale.
Scène 2 : 2 ministres, juristes et militants pour contourner la décision du Conseil constitutionnel qui s’impose à tous.
L’incohérence de ses actes inquiète sérieusement ! Par-delà la démission envisagée puis l’amnistie qui visent à légitimer une volonté de rebattre les cartes, il y a lieu de se demander s’il n’est pas venu le temps de faire constater l’empêchement... Cela serait peut-être dû à la psychose de la fin du pouvoir ou de fortes pressions.
Il faut donc sauver notre grand-frère qui était pourtant attaché au respect du calendrier électoral !
Ndiaga SYLLA
Expert électoral
Par Mohamed GUEYE
LES VOIES DE DEVELOPPEMENT TRACEES DANS LE DESERT
Beaucoup, surtout les Africains, oublient que dans les années 1970, et même bien après, le niveau de vie des habitants de Dubaï, Abu Dhabi et autres, n’était pas plus élevé que celui de chez eux
Un débat malsain a commencé à pointer le nez au Sénégal à la suite d’un banal incident à l’aéroport, mettant aux prises une sorte de célébrité musicale étrangère avec des membres de la police des frontières. Certains ont commencé même à agiter des termes proches de la théorie du Grand remplacement, si chère aux racistes occidentaux dont Eric Zemmour est l’un des plus ardents porte-voix. Au moment où les pays d’Afrique ont tellement des problèmes existentiels, certains trouvent toujours le moyen de leur en ajouter. Ils oublient que les pays et les peuples qui ont confiance en eux-mêmes n’ont pas peur de l’étranger. Il suffit pour s’en rendre compte, de prendre l’exemple des Emirats arabes unis (Eau).
Une fédération de 7 (sept) émirats désertiques, dans les années 1970, à la fin du protectorat britannique, décident de se fédérer, à l’initiative de l’Emir d’Abu Dhabi, pour, entre autres, résister aux ambitions du royaume d’Arabie Saoudite. Il s’agit des émirats d’Abu Dhabi, de Dubaï, d’Ajman, de Sharjah, de Fujaïrah, de Ras Al Qayman et d’Oum Al Qaywan. La capitale politique est à Abu Dhabi, bien que Dubaï soit le centre du rayonnement économique. Pour une population totale d’environ 11 millions d’habitants répartis sur 83 600 km², on compte plus de 8 millions d’étrangers, soit plus de 80% de la population. Et pourtant, on n’y entend pas se développer des discours racistes et xénophobes. Les résidents indiquent que toute manifestation de xénophobie ou tout délit ou toute expression de ségrégation due à la race ou à la religion sont punis avec toute la rigueur de la loi. Et cette rigueur n’est pas juste une figure de style. Une grosse réussite quand on sait que près de 200 nationalités se côtoient et cohabitent depuis des années. Mais surtout, la réussite d’une politique dynamique tournée vers le développement du pays grâce à l’ouverture et aux échanges avec le monde entier.
Quand les émirs ont décidé de faire de leur pays une zone de tourisme de luxe et d’échanges économiques, ils ont compris qu’ils avaient besoin, pour réussir cette ambition, de s’ouvrir au monde entier, afin de récolter les capitaux nécessaires à leurs ambitions, mais aussi et surtout, rassembler les capacités de toutes les personnes susceptibles de servir leurs intérêts. Ils ont ainsi accueilli toutes sortes d’expertises, allant de banquiers à des femmes de ménages ou des gardiens de maison, en passant par des architectes, des enseignants, des pilotes d’avion, et même des commerçants, des négociants, ainsi que de nombreux métiers dont on puisse avoir besoin. Ce conglomérat d’aspirations diverses se fait dans des conditions les plus strictes. Un étranger ne réside aux Emirats que dans des conditions très strictes. On ne va pas chercher du travail dans ce pays ; on n’y va qu’après avoir obtenu un travail, qui conditionne d’ailleurs l’obtention d’un permis de séjour. Il est quasiment impossible pour un étranger d’obtenir la nationalité émirienne, à moins de pouvoir démontrer des services exceptionnels ou des capacités hors du commun. Une fois son travail perdu, et sans possibilité de retrouver un poste après un certain délai, il est fortement conseillé à tout étranger de quitter le territoire au plus vite. Ces conditions permettent aux autochtones de vivre dans une certaine aisance et avec la certitude d’une protection sociale les plus étendues au monde. D’ailleurs, vu que les étrangers occupent presque tous les emplois du pays, seules des fonctions dans les domaines de la sécurité nationale, la surveillance du territoire, la grande administration publique… sont réservées aux nationaux. Et cela ne pose de problèmes à personne.
Bien sûr, les étrangers, surtout les migrants pauvres, ne chantent pas toujours avec entrain le refrain de la prospérité aux Emirats, pays d’inégalités sociales les plus prononcées, surtout face aux étrangers les plus pauvres. Il n’empêche qu’il en arrive tous les jours et de presque partout. Et comme au Moyen-Orient, les potentats aiment se mesurer par rapport à la munificence de leurs palais, à la beauté de leurs villes et à l’opulence de leurs pays, le modèle économique des Emirats a tendance à s’imposer tout autour du Golfe Persique et dans les autres capitales arabes.
L’une des clés importantes de sa réussite, c’est la discipline et l’autorité dont font montre les dirigeants du pays. Une fois qu’ils se sont donné des objectifs et ont tracé leurs plans de développement, ils ont tout mis en œuvre pour que rien ne fasse dérailleur leur grande ambition. En accueillant autant d’étrangers dans leur pays, ils savaient qu’ils devaient s’ouvrir aux autres sans perdre leur âme pour autant. Ainsi, si le grand nombre de mosquées rappelle aux étrangers que l’on est dans un pays à très grande majorité musulmane, la pratique des autres religions n’est pas restreinte, même s’il n’est encouragé de faire du prosélytisme dans des lieux publics. La religion n’est pas interdite, mais il n’est pas non plus recommandé d’afficher publiquement sa pratique religieuse. Une chose importante dans un pays où plus de 33% des Hindous, la majorité de la population, ne sont pas des musulmans ou s’ils le sont, ne pratiquent pas le même islam que celui des gens du Golfe. Et l’on ne parle pas des Népalais bouddhistes, des Philippins et Coréens chrétiens, ou des Africains de l’Est, qui ont leur forme de christianisme.
Cela suppose une police omniprésente, dans une région où les tensions politiques ne manquent pas. L’efficacité des services de renseignements est redoutable et n’est pas prise à la légère. La moindre pensée dissidente est réprimée sans pitié, mais très souvent dans la discrétion. Des journalistes assurent que ce n’est pas en suivant les médias locaux que l’on saura exactement ce qui se passe à Dubaï ou à Abu Dhabi. La grande chaîne qatarie, Al Jazeera, sait filtrer ses émissions destinées à être diffusées dans les grandes villes émiraties. C’est la condition pour elle de continuer à être captée chez ses voisins.
Tout cela permet aux touristes de circuler à toute heure du jour et de la nuit en toute quiétude, de se rendre presque partout sur le territoire sans avoir à se faire du souci pour sa vie ou ses biens. Ce qui fait que les gens qui vont à Dubaï, même sans voir des policiers dans les rues, ne songent jamais à être agressés car les délits sont sanctionnés le plus durement possible. Le seul motif d’inquiétude des étrangers, de passage ou en résidence, est souvent de savoir s’ils ont assez de moyens pour se permettre la vie de luxe qui est exposée devant leur nez.
Or, beaucoup, surtout les Africains, oublient que dans les années 1970, et même bien après, le niveau de vie des habitants de Dubaï, Abu Dhabi et autres, n’était pas plus élevé que celui de chez eux. La différence est que quand les chefs bédouins se sont rassemblés pour décider d’ouvrir leur pays aux étrangers sous certaines conditions, les nôtres préféraient aller quémander de l’argent aux Occidentaux, en promettant pour certains, à ces dirigeants occidentaux, de leur en refiler une bonne partie sous formes de rétro-commissions. La conséquence est qu’au moment où un pays comme le Sénégal perd son littoral à la suite d’une pression foncière inconsidérée et d’une érosion côtière non maîtrisée, les villes de Dubaï et d’Abu Dhabi gagnent du terrain sur la mer en construisant des villes sur polder, verdissent leurs anciennes terres arides grâce au dessalement de l’eau de mer et en pratiquant de l’arrosage au goutte à goutte à grande échelle. Au point de créer plus de 50 km de forêt sur les 120 km de distance qui séparent les deux plus grandes villes de la fédération, et d’y implanter de la faune sauvage…
Cela fait qu’au moment où certains pays veulent se gargariser du terme «émergence» pour les décennies à venir -si tout va bien-, des pays dits développés et industriels vont à Dubaï pour chercher à s’inspirer et tenter de copier le modèle de développement admirablement tracé à partir des sables du désert.
Par Mamadou NDAO
VOUS AVEZ DIT DIALOGUE ?
A vrai dire, le rituel, quelque soit son format a perdu de sa superbe a force d’être répétitif, depuis que le chef de l’Etat a fait ses adieux au peuple dans son dernier message du 31 décembre 2023.
Le Président Macky Sall a pris la parole ce jeudi 22 Février pour s’adresser aux sénégalais et cette fois (fait rare pour être signalé) à travers la presse nationale. C’est bien, même si les plus sceptiques pensent qu’il ne s’adressait pas en vérité à nos compatriotes.
A vrai dire, le rituel, quelque soit son format a perdu de sa superbe a force d’être répétitif, depuis que le chef de l’Etat a fait ses adieux au peuple dans son dernier message du 31 décembre 2023.
Le Prétexte aussi me semble mal choisi , car l’opportunité lui avait été donnée de se prononcer sur la suite qu’il comptait donner à la décision du Conseil Constitutionnel. Celle-ci l’invitait à organiser le scrutin présidentiel « dans les meilleurs délais », donc à proposer une nouvelle date avant le terme de son mandat s’entend, après avoir mis le processus électoral sens dessus -dessous, avec le report de fait, de la date du scrutin.
Que lui restait -il à faire, sinon de concert avec les protagonistes du processus électoral, au sens du Conseil Constitutionnel, à savoir les candidats et les structures en charge des élections, de fixer la date du scrutin avant la fin de son mandat.
En lieu et place, M. Macky Sall propose un dialogue national, et en fait l’annonce lors de son entretien avec la presse. En vérité Macky Sall ne s’adressait pas aux sénégalais. Il cherchait vaille que vaille à desserrer l’étau.
L’analyse de son discours qui surfait sur des non-dits, des annonces et des esquives en est la parfaite illustration. La réaction quasi automatique de l’ambassade des Etats Unis pour saluer sa décision de quitter le pouvoir le 02 avril en est la preuve éclatante, alors qu’elle était d’une évidente banalité. Pouvait-il faire autrement ?
Bref, ce dialogue souffre d’une anomalie congénitale. Outre le fait que le concept est aujourd’hui tellement galvaudé qu’il ne fait plus sens, le dialogue fait face à un problème de timing, pour régler une question terrible : Comment faire pour écarter la responsabilité de Macky Sall dans ce qui est arrivé ?
Aussi, instituer un dialogue après la décision du Conseil Constitutionnel pour remettre en cause celle-ci, notamment la liste des candidats déjà publiée, est manifestement inenvisageable. Le président lui-même le sait et il l’a dit. Ce serait renier sa parole, et plus grave de la part du Président de la république, une violation de son serment, passible de poursuite pour haute trahison. C’est ce qu’il envisage de faire en ouvrant le dialogue, dont il réduit déjà les contours à une mosaïque d’acteurs qui n’y ont pas leur place au sens de l’invite du Conseil Constitutionnel. Il ya fort à parier que le consensus qu’il en attend ne sera pas au rendez-vous.
Ensuite, organiser un dialogue dans ces conditions en indiquant que s’il n’y a pas de consensus, on renvoie le dossier au même Conseil Constitutionnel, est une contradiction flagrante, qui masque une volonté de prolonger, de fait, son mandat.
Il faut le rappeler, c’est le Conseil Constitutionnel avec la même composition, dont le président de la République , s’est servi comme prétexte en raison, selon lui d’un soupçons de corruption qui pèse sur deux de ses membres des pour justifier son décret du 03 février qui abroge le décret de convocation du corps électoral et de l’initiative de la commission d’enquête parlementaire,
Si on suit la logique de Macky Sall, une institution soupçonnée de corruption peu encore, à ses yeux, arbitrer en toute légitimité, entre les acteurs du dialogue qui la contestent dans le but de le faire revenir sur sa propre décision, elle-même insusceptible de recours. On croit rêver face à une telle incohérence.
Un tel Conseil s’exposerait à son propre désaveu, il commettrait un déni qui serait une première dans l’histoire de la justice, pis il renforcerait les soupçons qui pèsent à tort ou à raison sur lui.
Quel juge accepterait d’aller dans le sens des désidérata de Macky Sall, président sortant qui risquent de plonger le pays dans une totale impasse ?
Mamadou Ndao
Juriste
Consultant expert en communication
Diplômé des Universités de Paris 1 Panthéon Sorbonne et Montpellier 1
Liberté 6 Dakar
Par Abdou Khadre Gaye
TEST DE PATRIOTISME
Lorsque le dialogue supplée la discorde, les grincements de dents et les injures, vous faites quoi ? Vous applaudissez ou bien vous pleurez ?
Lorsque le dialogue supplée la discorde, les grincements de dents et les injures, vous faites quoi ? Vous applaudissez ou bien vous pleurez ?
En vérité, chers compatriotes, vous êtes en train de lire un test de patriotisme à question unique. Un vrai. Votre réponse permettra de savoir si vous êtes un bon patriote, un mauvais ou un antirépublicain. Le texte qui suit est la réponse que j’ai apportée à ma propre question, et un peu trop longue, il est vrai. En effet, lorsque j’ai testé mon test, quelqu’un a répondu par un petit cœur tout rouge. Un autre par deux mots : « Je danse ». Un autre encore : « Je fais une prière de deux prosternations » ou « Je ramasse un caillou » ou « Je garde le silence pour ne pas exploser de colère », etc. J’ai aussi noté des réponses qu’il est préférable de taire, dont certaines, véritables chapelets d’insultes, sont aussi longues que la mienne : vous connaissez mieux que moi nos concitoyens et cette atmosphère délétère dans laquelle ils baignent et qui les met en colère contre tout et tout le monde, les incitant à la vulgarité. Mais, et je le pense sincèrement, tout cela est superficiel : ils ne sont pas mauvais, quant au fond. Lisez quand même, avant de donner votre réponse : le texte est inspirant.
« Le Sénégal est le pays du dialogue », disait le président-poète, chantre de la négritude. « Le Sénégal est le pays du dialogue », dit le président-ingénieur, inventeur du TER1 et du BRT2 , suivant les conseils de Diouf et Wade, respectivement grand commis de l’État et apôtre du Sopi 3 . Dialogue ! réclament les « recalés » et les « spoliés » du parrainage. Dialogue ! exigent les dénonciateurs des travers du processus électoral, jamais constaté dans l’histoire politique du Sénégal indépendant…
Dialogue ! Dialogue ! Dialogue ! Mais, je vous en supplie, mes chers compatriotes, que le penco4 ne soit pas un paaco5 , comme le craignent les enfants de Ngor, terre de la dignité. Qu’il ne soit pas un tapale, simple « tape à l’œil » pour tromper le monde. Qu’il soit sincère. Qu’il soit inclusif. Qu’il soit total. Qu’il soit aussi rayonnant que le flambeau d’un guide, que l’étoile du berger, que le soleil à l’assaut du zénith… Qu’il soit comme le rêve d’un cœur en quête du bien-être au profit d’un peuple en détresse. Qu’il soit l’annonciateur du jour.
Dialogue ! Dialogue ! Dialogue ! Mais, je vous en supplie, mes chers compatriotes, que le penco4 ne soit pas un paaco5 , comme le craignent les enfants de Ngor, terre de la dignité. Qu’il ne soit pas un tapale, simple « tape à l’œil » pour tromper le monde. Qu’il soit sincère. Qu’il soit inclusif. Qu’il soit total. Qu’il soit aussi rayonnant que le flambeau d’un guide, que l’étoile du berger, que le soleil à l’assaut du zénith… Qu’il soit comme le rêve d’un cœur en quête du bien-être au profit d’un peuple en détresse. Qu’il soit l’annonciateur du jour.
Je sais que nous sommes le peuple de la teranga6 . Mais trop de cette belle vertu identitaire l’enlaidit, trop peu la tue. Alors, bas les extrémismes. Bas les « dialogueurs » jouant les vers de terre, et qui rampent, et qui se laissent écraser. Bas les pourfendeurs du dialogue, égoïstes et exclusivistes. Certains parmi eux, comble de paradoxe ! qui hier seulement appelaient à la désobéissance civile, appellent aujourd’hui au respect du Conseil constitutionnel...
Mais sommes-nous toujours le pays du dialogue, sommes-nous toujours le peuple de la teranga ? Je ferme les yeux et je réponds : « Oui ». Car, si je les laissais ouverts, j’aurais répondu plutôt : « Nous sommes devenus le pays du gatsa-gatsa7 ».
Que n’a-t-on pas vu chez nous, ces dernières années ? Que n’a-t-on pas entendu ? « Mourez, et vos mères engendreront à nouveau ! », « Attaquez les domiciles des pontes du pouvoir, vous y trouverez l’argent volé au peuple ! » Et des jeunes de se lancer dans la vendetta, s’attaquant à des institutions et à des biens privés et publics. « Qui fréquente le pouvoir ou dit du bien de lui est mauvais et devient mon ennemi ! », « Tout ce qui fait mal à mon ennemie me fait du bien ! » Et le mensonge, la délation et la calomnie d’envahir l’espace public. Et les insultes, les coups de poing de faire la loi dans l’hémicycle…
On a dénoncé des nervis, des groupes armés et des fabriques de cocktails Molotov. Le feu de quitter la rue et ses pneus pour les pavillons universitaires et les domiciles de dignitaires. On a appelé à la prise d’assaut du palais, au combat de la fin qui sonnera la chute du régime et la déchéance du président. Les attaques, alors, de sortir de l’ordinaire d’une simple bataille de rue. Les images font le tour du monde. On compte les morts. On chiffre les dégâts. Des centaines de jeunes manifestants sont arrêtés ainsi que des leaders… Aujourd’hui, le calme est revenu, mais la tension est là, toujours perceptible. Et le masque de la haine de transformer les sourires en grimace. Et nos enfants, et nos petits enfants de se draper de notre rancœur, de notre laideur, hélas !
Quant au processus électoral, c’est la cacophonie totale : on parle de sabotage du travail des sages, d’élimination abusive de candidats. On accuse le Conseil constitutionnel de corruption. Le Parlement met en place une commission d’enquête. Les juges incriminés portent plainte… Le contentieux est ouvert avant même le démarrage de la campagne. Des éclairs fendillent le ciel électoral sénégalais lourd de menaces. Dans un pareil contexte, si le président appelle au dialogue en vue de l’entente et de la réconciliation des acteurs, j’applaudis et je prie...
1/ TER : Train Express Régional assurant la liaison Dakar- aéroport AIBD
2/ BRT : Bus Rapid Transit circulant sur des voies réservées et reliant la préfecture de Guédiawaye à la gare routière de Petersen à Dakar Plateau
3/ Sopi : Cri de ralliement du PDS (parti démocratique sénégalais), qu’on traduit par « changement »
4/ penco : se concerter en vue d’un accord
5/ paaco : partage égoïste d’un avantage
6/ teranga : honneur lié à l’accueil chaleureux fait à un invité, un visiteur
7/ gatsa-gatsa : littéralement : « si tu me dis ta gueule, je te réponds ta gueule », pour dire finie la tolérance, je ne te pardonne plus rien
Par Pape NDIAYE
DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL AU DIALOGUE…CONSTITUTIONNEL
Certes l’enjeu pour le président Macky Sall, c’était de réunir, d’essayer de dessiner une porte de sortie de crise politique et institutionnelle
Le président de la République, Macky Sall, avait pris acte de la décision du Conseil constitutionnel annulant le report du scrutin du 25 février 2024. Dans leur décision, les sept « sages » lui demandaient d’organiser l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais ». Sans donc refuser de s’exécuter, Macky Sall a choisi de prendre son temps avant de fixer une date pour le scrutin. En effet, il a fait savoir qu’il entendait d’abord organiser un dialogue au cours duquel il allait consulter l’ensemble des acteurs concernés avant d’arrêter une date à soumettre au Conseil constitutionnel. C’est dans cette dynamique qu’il a présidé, avant hier, l’ouverture de son Dialogue national qui s’inscrit dans le cadre des mécanismes juridictionnels normaux de la démocratie et de l’Etat de droit tels que consacrés par la Constitution. Sénégalaise.
Plusieurs candidats spoliés ou recalés à la présidentielle, des membres de la société civile, des représentants milieux professionnels, des leaders de partis politiques, des religieux, des représentants de syndicats, des chefs de village etc. ont pris part à l’ouverture de ce dialogue. Le Président a ainsi réussi à rassembler un ensemble diversifié, bien qu’incomplet, de voix représentatives de toutes les couches de notre société leur offrant une occasion sans précédent d’engager entre elles un débat politique ouvert, constructif et inclusif. Malheureusement, ce dialogue dit national a frustré de nombreux citoyens. Car l’absence de plusieurs acteurs politiques majeurs de l’opposition et de 17 (sur 19) candidats officiellement retenus par le Conseil constitutionnel pour participer à la présidentielle a remis en question la représentativité du dialogue et, par extension, sa capacité à consolider les acquis démocratiques et constitutionnels. Car, pour de nombreux observateurs, le président Macky Sall essaye à travers son dialogue qualifié de national de resserrer ses partisans et alliés autour de sa personne pour se donner un semblant de légitimité pour rester au pouvoir jusqu’au 15 décembre prochain. Ce même si les « dialogueurs » ont proposé la date du 2 juin 2024 comme meilleur délai pour la tenue du scrutin.
Certes l’enjeu pour le président Macky Sall, c’était de réunir, d’essayer de dessiner une porte de sortie de crise politique et institutionnelle. Et surtout reprendre partiellement le processus électoral pour permettre à tous les candidats « spoliés », en particulier Karim Wade du Pds « injustement » écarté pour une prétendue binationalité d’être dans les starting-blocks pour la présidentielle. Ce qui ne sera pas forcément chose facile compte tenu de l’opposition de la société civile et de 16 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel à toute reprise du processus électoral. Or, seule une telle reprise du processus pourrait permettre de réintégrer dans la compétition Karim Wade et Ousmane Sonko.
Tant pis !
Et tant pis si les « validés » du Conseil constitutionnel et autres « va-t-en-mars » c’est-à-dire partisans de l’organisation du scrutin en mars n’arrivent pas à comprendre l’importance d’une commission voire d’assises « Dialogue Vérité et Réconciliation » dans un pays en profonde crise politique. Or, la fixation d’une date pour un scrutin présidentiel doit être flexible, adaptable et sensible aux priorités politiques et économiques ainsi qu’aux évènements religieux comme les Magal, Gamou, Ziarra, Tabaski, Korité, Pâques, Popenguine etc. Des événementiels intervenant à des dates à prendre en compte dans les discussions, ateliers et consultations afin de s’entendre sur une période libre de toute célébration religieuse. Justement, c’est là où se trouve la pertinence d’un Dialogue contrairement à la Justice dont les réalités socio-économiques ne peuvent nullement perturber le calendrier. La preuve, les procureurs profitent généralement de fêtes comme la Tabaski, pour ordonner des arrestations de fugitifs recherchés par les forces de sécurité. Car, généralement, ces gens ne rateraient pour rien au monde l’occasion de passer ces fêtes, surtout, la Tabaski, en famille ! Pour dire que le temps du juridique n’est pas celui du politique. C’est pour cela qu’il y a des moments dans l’existence d’une nation en crise, les mécanismes de Dialogue-Vérité Réconciliation se substituent à la Justice classique, non pas pour amnistier des crimes « graves » mais pour sauver les pays du chaos. Parce qu’un Dialogue- Vérité-Réconciliation réussi contribue à prévenir la résurgence des conflits politiques. Au Sénégal la crise n’a certes pas atteint une gravité telle qu’il faille mettre en place une justice transitionnelle ou un mécanisme de Dialogue-Vérité-Réconciliation. Il est juste question de tenir un dialogue pour baliser la voie d’un Sénégal plus résilient, pacifique, prospère vers une élection présidentielle sans lendemain de violences. Donc, tout un chacun est invité à percevoir ce Dialogue-Réconciliation comme une alternative à la justice pénale ou électorale dont les décisions font toujours l’objet de mille et une contestations.
Par Mamadou Oumar Ndiaye & Abdoulaye Bamba Diallo
MONSIEUR LE PRESIDENT ET MAITRE DU JEU, SORTEZ-NOUS DONC DE L’IMPASSE ACTUELLE
Les élections doivent se tenir à date échue mais dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, le président Macky Sall est le seul à détenir la clé.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, monsieur le président, permettez-nous de préciser que Dieu a fait que nous sommes les deux seuls membres encore vivants de ce qu’on a appelé « les quatre mousquetaires » qui ont posé l’acte fondateur de la presse privée nationale. D’un secteur dédaigné, marginalisé et méprisé, nous avons contribué à le rendre attractif au point d’en faire ce qu’elle est aujourd’hui à savoir un pan important de notre économie qui a vu naître de grands groupes employant des milliers de travailleurs. Avec nos aînés feus Sidy Lamine Niasse et Babacar Touré, devant la mémoire desquels nous nous inclinons, nous avons mené bien des combats et obtenu des acquis qu’il n’est point besoin de mentionner ici car ce n’est pas l’objet de ce texte. Au crépuscule de note vie professionnelle, et sans doute biologique, nous n’avons plus de challenge à relever et n’aspirons plus à rien — pas en tout cas en termes d’avantages matériels et financiers ou de fonctions. La seule chose qui nous préoccupe, c’est ce pays que nous aimerions léguer à nos enfants dans l’état dans lequel nous mêmes l’avons trouvé du point de vue de la stabilité et de la paix. Au moment où les canons tonnent en Ukraine et où les répercussions de ce conflit qui éclate au sein même de l’Europe se font ressentir jusque chez nous sous forme de crises alimentaire et énergétique, il nous a donc paru important de prendre notre plume pour vous interpeller, monsieur le président de la République, afin de vous demander solennellement de poser le geste qui évitera à ce pays des convulsions qui ont fait tant de mal ailleurs. Au moment où votre homologue français Emmanuel Macron vient de demander à ses compatriotes de lui donner une majorité forte à l’Assemblée nationale « pour éviter d’ajouter un désordre intérieur français à un désordre international », nous ne saurions trop vous supplier, monsieur le président, de créer les conditions d’élections législatives inclusives. Qu’elles se tiennent le 31 juillet ou plus tard, l’essentiel étant qu’aucune force représentative ne soit laissée en rade.
Connaissant votre patriotisme et votre amour ardent de ce pays que vous avez transformé de manière si spectaculaire en dix ans seulement, les derniers des Mohicans que nous prétendons être sommes sûrs que vous ne pouvez pas faire moins que le roi Henry IV qui, en 1593, pour mette fin à l’effusion de sang français dans d’interminables guerres de religion, avait abjuré le protestantisme pour se convertir au catholicisme. En le faisant, il avait prononcé une phrase que l’Histoire a retenue : « Paris vaut bien une messe ». Eh bien, monsieur le président, le Sénégal quant à lui vaut bien le repêchage d’une liste !
Le Sénégal est-il en passe de devenir un Far West où la loi du plus fort est toujours la meilleure ?
Si ce n’est pas encore le cas, le champ politique national est devenu une arène de gladiateurs où la loi est piétinée en permanence. Ni la majorité présidentielle, ni l’opposition multipolaire, ni la société civile n’accordent la primauté au Droit et à l’État légal en accordant l’allégeance qui sied aux institutions, à leurs représentants et à l’autorité républicaine.
Si le pays n’est pas en danger, la société, elle, se sent menacée par la violence verbale des hommes politiques et les positions de défiance fortement teintées de provocation qu’aiment à livrer les plus intolérants de ceux-ci. Si la République n’est pas en péril, les institutions sont, elles, martyrisées par la défiance permanente que de nombreux acteurs sociaux affichent à leur endroit en ayant, en constance, recours à la vitupération, à la contestation si ce n’est à des accusations permanentes d’infamie et de trahison à l’endroit de leurs adversaires.
Le pays va mal !
Le pays va mal comme l’entonne en refrain le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly. Il va mal à cause de ses élites dirigeantes. De la majorité comme de l’opposition. À cause du monde intellectuel et de la société savante qui se sont emmurés dans le silence depuis la première alternance de l’an 2000.
Le pays vit son époque et subit d’une manière violente et frontale les convictions qui caractérisent cette actuelle période de l’Histoire de l’Humanité. Une ère de mutation et de changements radicaux avec une pandémie déferlant sur la planète depuis la fin 2019 qui a entraîné une première crise économique devenue récession depuis le début de cette année 2022 avec la campagne d’Ukraine.
Pire qu’un bouleversement, le nouveau monde multipolaire qui sort des limbes interpelle les nations qui pensent avoir une place à conserver, un rôle à jouer, une influence à propager s’ils ne veulent pas devenir des pays vassaux ou des États suzerains d’un des nouveaux impériums naissants. Car le monde de l’après Seconde Guerre mondiale, divisé en deux blocs entre l’Est et l’Ouest, que la chute du Mur de Berlin et l’implosion de l’ancienne Union Soviétique ont remplacé entre 1989 et 1991, s’est, lui aussi, terminé avec la débandade américaine en Afghanistan l’année dernière.
Le monde se redéfinit et chacun cherche ses marques et se bat pour son existence alors qu’au Sénégal toute l’élite ne semble être préoccupée que par des positions de pouvoir et des postures de rentiers. Tous les maux de la société, tous les problèmes du pays sont occultés ou passent au second plan devant les permanentes, incessantes revendications et réclamations d’une faible minorité d’acteurs politiques ne parlant en tout lieu et en tout temps que de places à prendre, de positions à consolider mais jamais de l’avancée du désert et de la déforestation, les deux périls les plus prégnants. Sans oublier l’érosion côtière et le pillage de nos ressources halieutiques menaçant l’existence de millions de personnes vivant sur la bordure maritime du Sénégal et contraintes à l’exil professionnel auprès de nos pays limitrophes.
L’école sénégalaise en déperdition, la jeunesse déboussolée et désabusée, l’effondrement du faible tissu industriel hérité de l’époque coloniale complètement asphyxié par les importations massives de produits de piètre qualité en provenance de la Chine, de la Turquie, de Dubaï ne semblent point être des sujets d’intérêt pour nos acteurs politiques. Pour eux, il n’y a que le code électoral et le fichier électoral, les arrêts de la Cour suprême, les décisions du Conseil constitutionnel qui méritent engagement, bataille, confrontation, invectives, rodomontades et bras de fer.
À tel point, d’ailleurs, que la dernière actualité politique vient à nouveau d’installer le pays dans l’impasse avec ce combat frontal entre le ministère en charge des élections, le Conseil constitutionnel et l’opposition politique la plus radicale et la plus extrémiste qui veut remettre au goût du jour les combats de rue des années Sopi ou, pire encore, déboucher sur une insurrection.
N’étant ni juristes, ni constitutionnalistes, s’engager sur ce débat visqueux entre professionnels du Droit n’est pas notre exercice. Néanmoins, quelque chose nous turlupine dans ces dernières décisions entre l’administration en charge d’assurer la mise en conformité par les acteurs politiques des étapes du processus électoral, et les dernières décisions du juge politique, le Conseil constitutionnel.
Dans notre entendement, l’application du parrainage est un filtre pertinent et justifié car avec une jungle politique où plus de quatre cents partis foisonnent, il est normal de trouver un correctif démocratique pour éviter un chaos électoral avec des listes à n’en plus finir. Sur ce chapitre, nous pensons que le parrainage n’est pas un frein à l’expression citoyenne ou démocratique. Bien au contraire, cela est une attestation de la signifiance ou non de l’existence de véritables courants de pensée et de forces politiques et non l’encouragement à des expressions politiques sans contenu et n’exprimant que des calculs opportunistes.
L’introduction de la parité par le président Wade a été une réelle avancée citoyenne et démocratique. Elle a l’avantage d’avoir apporté deux correctifs majeurs en faveur de la composante féminine de notre nation. Tout en rétablissant l’égalité citoyenne entre les hommes et les femmes dans le champ politique, la parité a, aussi, dans son ADN l’équité en favorisant l’implication de la gent féminine dans l’arène politique. On peut bien comprendre et accepter la compréhension d’un juriste comme Me Wade qui, tout en reconnaissant les mêmes droits à l’homme et à la femme (tels Adam et Eve) a tenu, en plus, à inscrire dans le marbre la parité différente de la mixité ou de la discrimination positive avec la règle des quotas. La loi sénégalaise sur la parité indique que, sur toute liste élective, il faut aligner alternativement et impérativement un homme et une femme ou vice versa.
Ainsi donc, si notre système démocratique retient comme mode d’expression que le suffrage doit opposer des sensibilités politiques non uniformes donc s’étalonne sur la pluralité, cela veut bien dire que le principe c’est bien la participation et non l’élimination.
Alors, on ne peut comprendre que l’administration en charge de veiller à la régularité et à la conformité des dossiers de candidature avec les tables de la loi refuse à une liste de porter des correctifs sur celle-ci après y avoir décelé erreurs, anomalies ou inexactitudes.
Heureusement que dans un premier temps, la sagesse du Conseil constitutionnel a permis de rectifier une erreur sur la liste départementale de Yewwi à Dakar. Voilà pourquoi, nous trouvons incompréhensible la seconde décision de ce même Conseil consistant à invalider la liste majoritaire de Yewwi Askan Wi pour doublon et celle des suppléants de Benno Book Yakaar pour non-respect de la parité en faisant suivre deux femmes sur leur liste et non une femme et un homme sur la liste des suppléants. Ces deux faits notés par le Conseil constitutionnel paraissent plus relever d’une erreur ou d’une méprise plutôt que d’une faute ou d’une tentative de fraude ou d’irrégularité.
Le Président Abdou Diouf et l’invention de la Table ronde
Le pays a besoin d’apaisement, le pays a besoin de sérénité et de quiétude. Le déni de réalité et le refus du bon sens sont aussi toxiques que la surenchère et l’insoumission aux règles communes et à l’autorité.
Les élections locales de janvier dernier sont là pour nous rappeler que chaque fois que le bon sens fonde l’interprétation des lois, il n’y a de péril nulle part dans la cité. Alors peut-on imaginer une élection nationale comme celle des législatives à dix-huit mois de la prochaine présidentielle sans la participation de l’opposition la plus combative du moment et qui, certes, fait peur à de larges couches de la population mais représente tout de même une sensibilité politique réelle avec des positions souvent extrémistes ? Ce qui serait lourd de danger et périlleux pour les temps à venir serait que la politique déserte les seules enceintes (les assemblées territoriales et nationales) où elle est habilitée à s’exprimer pour être confinée dans la rue.
Dans la Rome antique, les combats des gladiateurs se déroulaient dans les arènes du Colisée tandis que les Sénateurs, eux, s’affrontaient sur le plan politique au Sénat. Deux combats, certes, mais au format et à l’expression différents. Au Colisée, la loi de la force prévalait tandis qu’au Sénat la force de la loi prédominait même si les joutes orales pouvaient faire penser à un combat de gladiateurs.
Le président Abdou Diouf, à la suite de la présidentielle tumultueuse de février 88, a su inventer la Table ronde nationale suivie d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie ayant accouché du code électoral consensuel de 1992 pour vaincre les périls et les menaces qui pesaient sur le pays à l’époque.
Le président Wade a eu le génie en 2000, en s’installant sur le fauteuil présidentiel, d’éviter la chasse aux sorcières et les règlements de comptes. Il a substitué la Cena à l’Onel et a rapporté la demande d’autorisation de marche pour les manifs afin d’éviter l’application de la loi du plus fort et de la justice des vainqueurs.
Le président Macky Sall, nouveau maître du jeu, est le seul à pouvoir nous sortir de cette impasse actuelle. Un véritable imbroglio où la raideur des postures et la vanité des egos ne contribuent qu’à faire monter la tension et la surenchère et polluer les rapports au sein de la classe politique. La violence verbale a dépassé les limites de la décence avec des accusations bêtes et méchantes comme celles du député Cheikh Abdou Bara Dolly. Le combat politique avec sa passion et ses excès ne devrait jamais dépasser les règles de bonnes manières et de civilités qui s’imposent à tout acteur de la société quel que soit son statut, son titre ou son rang.
La loi est faite pour être appliquée. Elle doit l’être dans toute sa rigueur à ceux qui d’une manière lucide et préméditée cherchent à faire mal à autrui ou à enfreindre la loi.
Le maître du jeu n’a lui qu’une obligation : celle d’être à la hauteur de la situation en jaugeant avec pertinence les situations que traverse la société. Les excès et les bravades de l’opposition radicale et extrémiste et la rigidité dans l’interprétation par l’administration et le Conseil constitutionnel des lois et règlements mettent en selle le président de la République, seul maître du jeu.
Les élections doivent se tenir à date échue mais dans un climat serein et apaisé. Pour y parvenir, le président Macky Sall est le seul à détenir la clé.
Post scriptum : Qu’on nous permettre d’ajouter que le péril djihadiste qui secoue le Sahel et les menaces terroristes qu’il fait peser sur notre sous-région ont été contenus jusqu’à présent. Le président Macky Sall qui, depuis quelques années, a mis à la disposition des forces de défense et de sécurité du pays des équipements et des armements de dernière génération fait sienne la vérité de Cheikh Anta Diop. À savoir que la sécurité précède le développement. Le préalable sécuritaire rempli et adapté au contexte sous régional a fait que la montée en gamme des différents corps d’armée de nos Diambars — à preuve par l’annonce, cette semaine même, de l’acquisition de trois patrouilleurs ultraperformants pour notre Marine — s’exprime avec efficacité dans tous les théâtres d’opération à l’intérieur comme à l’extérieur du pays (Mali, Gambie, Casamance). Les récents succès de l’armée Nationale dans la partie Sud du Sénégal contre les derniers félons rescapés du MFDC et leurs complices infiltrés dans toutes les strates de la société sont là pour nous le rappeler. Ainsi, la perspicacité et le pragmatisme du président Sall lui ont permis de faire suivre le développement après avoir assuré le préalable sécuritaire. PUDC, Puma, Promovilles, TER, grands chantiers et infrastructures surgissent dans tous les endroits du territoire national. Ainsi, dans la partie méridionale du pays des routes comme celle de la boucle du Boudié, des ponts comme ceux de Marsassoum et Emile Badiane ont été construits ou réhabilités. Une élection pouvant nous entraîner dans le déchirement et le chaos ne vaut, donc, pas que des efforts comme tous ces investissements et réalisations opérés depuis quelques années en fassent les frais à cause de potentiels contentieux pré ou post électoraux. L’actualité de ce qui se déroule en Ukraine devrait nous servir de leçon.