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26 novembre 2024
Opinions
Par Alassane Seck GUEYE
LE PRESIDENT SALL ENFIN VISITE PAR LA GRACE !
Depuis l’annonce du report de la présidentielle du 25 février dernier par le président de la République, Macky Sall, et à quelques heures du démarrage de la campagne électorale, le Sénégal était sur une corde raide
Depuis l’annonce du report de la présidentielle du 25 février dernier par le président de la République, Macky Sall, et à quelques heures du démarrage de la campagne électorale, le Sénégal était sur une corde raide. Dans une situation des plus périlleuses qui demandait beaucoup d’habileté pour s’en sortir. Des scénarii particulièrement alarmants étaient ainsi évoqués par des observateurs et autres « experts » en tout, faisant craindre de voir le Sénégal plonger dans une zone de turbulences. Surtout avec la volonté prêtée au Président sortant de s’opposer au Conseil constitutionnel en imposant aux sept sages un bras de fer qui allait se terminer par la dissolution de cette juridiction créée en 1992 par le deuxième président de la République du Sénégal. Abdou Diouf justement qui invitait récemment les autorités à se conformer aux décisions du juge constitutionnel. Beaucoup d’hypothèses avaient été ainsi émises avec une probable crise institutionnelle et des risques de voir le Sénégal se retrouver sans président ou le chef de l’Etat démissionner pour être suppléé par le président de l’Assemblée nationale. Des horizons pour le moins sombres qui allaient installer le pays dans un brouillard. Et plutôt que de suivre les recommandations du Conseil constitutionnel qui l’invitait à organiser l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais », Macky Sall avait préféré organiser un dialogue « national » qui s’est révélé être une véritable scène de théâtre avec la bouderie de 17 sur les 19 figurant dans la liste arrêtée par le Conseil constitutionnel.
Transformant ainsi un dialogue en monologue malgré l’éclaircie représentée par les positions du clergé catholique et de quelques acteurs du monde des affaires qui avaient expliqué les risques encourus par le pays de voir la présidentielle repoussée ou ne pas être tenue avant la fin du mandat du Président Sall. Les débats avaient aussi porté sur le projet de loi d’amnistie qui a divisé une bonne partie de l’opinion, la classe politique et de la société civile. Et qui a été finalement voté hier par les députés. Les détracteurs de cette loi la considéraient comme un moyen de promouvoir l’impunité des crimes commis durant la période noire allant de mars 2021 à février 2024. Des crimes dont les auteurs ne sont toujours pas identifiés faute d’enquête sérieuse malgré les assurances du chef de l’Etat après son discours de sortie de crise lors des évènements de mars 2021. Des auteurs qui courent toujours et qui risquent de ne jamais payer leurs crimes avec le vote hier de la loi d’amnistie par une forte majorité des députés du pouvoir soutenus par ceux du Parti démocratique sénégalais malgré l’opposition de leurs collègues du groupe Yewwi Askan wi et notamment du parti Pastef. Une loi qui constitue une grande insulte pour la mémoire des victimes. La journée d’hier a été également marquée par le rejet par le Conseil constitutionnel de toutes les propositions du dialogue dit national et acté la participation à l’élection présidentielle des 19 candidats retenus par les 7 sages. Pour le juge constitutionnel, fixer le scrutin au 2 juin reviendrait à « créer un vide institutionnel non prévu par la Constitution», contredisant le «principe à valeur constitutionnelle de sécurité juridique et de stabilité des institutions ».
Ce faisant, c’est-à-dire en rejetant les conclusions du dialogue « national », il brise le rêve des militants du Parti démocratique sénégalais de voir leur leader, Karim Wade, participer à cette élection qui est partie pour être des plus palpitantes de l’histoire du Sénégal indépendant. Reste maintenant à savoir quelle sera la position du parti du père Wade qui va, peut-être, se sentir floué après avoir voté la loi sur l’amnistie tout en rêvant de voir le processus électoral repris. En effet, c’est alors que le sort de la loi d’amnistie se jouait à l’Assemblée nationale que le chef de l’Etat a dissous le gouvernement et nommé l’ancien ministre de l’Intérieur, M. Sidiki Kaba , Premier ministre en remplacement de Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir BBY. Il s’agit, explique-t-on, de lui donner plus de temps pour se consacrer à sa campagne électorale. Il lui faudra aussi beaucoup s’investir pour rallier à sa bannière beaucoup de cadres de la formation au pouvoir qui ont manifesté leur opposition à sa candidature.
C’est également au cours du même Conseil des ministres d’hier que le Président Sall a décidé de se conformer à la volonté du Conseil constitutionnel de voir l’élection présidentielle tenue « dans les meilleurs délais ». S’inclinant, il a annoncé que l’élection présidentielle se tiendra ce 24 mars. Après la folle journée d’hier, on peut dire que le Président Sall, dont l’image se trouve très écornée, commence à retrouver ses esprits. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Vivement que le Sénégal tourne cette page, la plus douloureuse de son histoire politique. Et espérons aussi que la réconciliation promise se traduira dans les faits durant la campagne électorale qui va s’ouvrir. Malgré tout, les plus grands perdants restent les victimes des manifestations politiques et leurs familles. L’histoire retiendra tout de même que tout est parti d’une histoire de fesses montée de toutes pièces et qui a été à l’origine de dizaines de morts en plus d’importants dégâts matériels. On n’avait assurément pas tort d’écrire dans ces colonnes, au plus fort de cette crise, que le vagin de Adji Sarr ne valait pas que ce pays brûle ! Et voilà, il faut maintenant éteindre l’incendie et réparer les dégâts provoqués par cette chatte…
PAR Jean Pierre Corréa
LE ROI EST NU
Il voulait juste une seule chose, sécuriser les siens pendant que le peuple était diverti par une date. Macky Sall a eu son amnistie pour ses protégés qui devenaient plus dangereux que ses adversaires
On pouffe de rire lorsqu’on entend le surnom qui est donné au futur-ex-président de la République, Macky Sall, qu’à force de manigances politiques déroutantes, au vrai sens du terme, les Sénégalais ont appelé « El Tactico » …
Depuis un an maintenant, ses méninges en surchauffe, ont projeté le Sénégal dans une zone dangereuse, dont les contours sont en train de se dessiner et d’offrir l’image universelle d’un pays en totale déliquescence institutionnelle.
On a coutume de dire au Sénégal que le quotidien national « Le Soleil » n’éclaire jamais. Et bien, pour une fois, le jour de « l’interview » accordée à quelques confrères par Macky Sall, quand son Directeur Général, ébouriffé et hirsute comme jamais, lui a posé la question incongrue s’il en est de l’éventuelle protection de ses partisans au soir de son départ, cette question, aux allures de bourde, était la question essentielle qui de fait s’agitait sous le crâne présidentiel.
Le roi voulait juste une seule chose, sécuriser les siens pendant que le peuple était diverti par une date. Macky Sall a eu son amnistie pour ses protégés qui devenaient plus dangereux que ses adversaires. Au risque de faire gagner le « gouvernement de Mermoz » contre celui du Sénégal, il a mis notre pays en crise institutionnelle permanente qui nous propulse en tête des Républiques quasi bananières, dont les bailleurs et partenaires au développement se détournent et que les agences de notations déconseillent de fréquenter.
Le roi est nu, il a délégué son autorité à un gang de comploteurs du soir, qui en totale incompétence et par goût de l’intrigue politique est en train de plonger le Sénégal dans une zone de turbulence inédite.
Programme des élections incompréhensible, autorité illisible, gouvernement en vacances, candidat de la coalition sortante déshabillé, une loi d’amnistie votée alors que le gouvernement n’existe plus, campagne électorale en plein carêmes chrétiens et musulmans réunis, scrutin le jour de Pâques, le plus important du calendrier chrétien, on se demande quel bordel est installé dans les cerveaux de ces intrigants pour être parvenus à un tel niveau de complexité et d’incurie politicienne.
Le problème est qu’ils nous ont installé au bord du gouffre et que bientôt certains vont nous promettre…un grand pas en avant. On connaît la suite.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
CES BRAVES SAGES QUI NE SE TROMPENT JAMAIS
Les Sénégalais doivent choisir entre 19 candidats dont certains ne méritaient pas d’être là tout en étant privés de la possibilité de porter leur choix sur d’autres dont le Conseil a jugé qu’ils ne méritaient pas de solliciter leurs suffrages
Tous aux urnes le 24 mars prochain et que le meilleur gagne ! Le meilleur ? Heu… en tout cas le bienheureux qui aura eu la chance non seulement de figurer dans la liste définitive proclamée par le Conseil constitutionnel en janvier dernier mais aussi de recueillir la majorité des suffrages des Sénégalais. Ils étaient 20 happy few, 20 candidats à figurer sur cette sainte liste mais l’un d’entre eux, une femme, a été rattrapée par sa double nationalité et a dû renoncer d’elle-même à se présenter à l’élection présidentielle. D’elle-même car qu’il soit compris et entendu que les sept prétendus « Sages » du Conseil constitutionnel ne peuvent pas se tromper. D’ailleurs, ils ne se trompent jamais. Ils sont comme le Pape dont l’infaillibilité constitue un des dogmes de l’Eglise. Ainsi, même lorsqu’il est apparu clairement que cette candidate démissionnaire en fin de compte avait effectivement une double candidature, et avait donc fait un parjure en faisant sa déclaration sur l’honneur, les membres du Conseil constitutionnel sont restés droits dans leurs bottes et escarpins et fait comme si de rien n’était en rendant leur décision suite au recours introduit par des députés et des candidats validés pour contester le report des élections. Les prétendus « Sages », donc, dans leur décision demandant au président de la République d’organiser la présidentielle « dans les meilleurs délais » avaient en même temps dit qu’elle devait se faire, cette élection, avec les 20 candidats figurant sur la liste qu’ils avaient validée. Ce bien que sachant parfaitement qu’une candidate avait avoué avoir deux nationalités ! Il en faut visiblement beaucoup plus pour ébranler nos braves « Sages » dans leurs certitudes. Des « Sages » responsables de tout le bazar que nous vivons actuellement pour avoir invalidé avec une légèreté déconcertante et une injustice révoltante un candidat, Karim Meïssa Wade en l’occurrence, qui avait pourtant prouvé avant qu’ils ne statuent qu’il avait renoncé à sa nationalité française ! Mais apparemment nos « sages » ne voulaient rien voir, rien entendre ni rien comprendre, KMW devait être éliminé, un point c’est tout !
De la même façon, et puisqu’ils sont infaillibles, c’est être bien optimiste, voire prétentieux, que de leur demander de réexaminer certaines candidatures auparavant retoquées par eux. Voire d’accepter un report de la présidentielle jusqu’au mois de juin. Drapés dans leur dignité outragée par des accusations de corruption portées contre deux d’entre eux et gardant un chien de la chienne du président Macky Sall coupable d’avoir encouragé ses députés à approuver la commission parlementaire chargée d’enquêter sur leurs vilenies, les « sages » ont donc entrepris de se venger de lui, depuis lors. En le désavouant systématiquement y compris quand il prend des mesures qui vont dans la bonne direction comme ses tentatives de rouvrir le processus électoral, à tout le moins de donner une seconde chance à des candidats injustement recalés par le Conseil constitutionnel — lequel, répétons-le, ne se trompe jamais ! — dont le logiciel de vérification des parrainages a fait des ravages. Or, les Sept ont à ce point commis des bêtises que le processus, franchement, méritait d’être corrigé. Sur ce point, le président Macky Sall a 1000 fois raison ! Hélas, on assiste à une formidable conjuration contre lui qui est le fait des magistrats du Conseil soudain considérés comme des héros et soutenus par des ONG aux financements douteux, une société civile politique, une opposition haineuse, une communauté internationale complotiste. N’en jetons plus.
Comme les Inquisiteurs face à Galilée
Revenons à nos Sept qui n’ont pas eu la curiosité de vérifier la sincérité des déclarations sur l’honneur faites par les candidats préqualifiés à l’issue de l’étape des parrainages s’agissant de leur situation fiscale. Pas plus qu’ils n’ont cherché à savoir si tous ces candidats parlaient et écrivaient couramment la langue française. C’était trop leur demander ! Eux, ce qui les intéressait, c’était d’éliminer Karim Wade et ils l’ont fait. Pour le reste, n’allez pas demander au bon Dieu sa barbe. Et puis, après avoir arrêté leur liste immuable, ils sont allés se laver les mains comme l’avait fait le procurateur romain Ponce Pilate qui avait condamné à mort Jésus Christ. Sauf que ce dernier avait ressuscité le dimanche de Pâques ! Et Karim Wade aussi, qui sait… Encore une fois, leur liste de candidats, c’est comme les Tables de la loi remises par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï en feu et sur lesquelles sont gravées les dix commandements. Les noms des 19 candidats sont gravés dans la pierre comme lesdits commandements. Circulez, il n’y a rien à modifier, les décisions du Conseil constitutionnel sont insusceptibles de recours. Même si ce sont des conneries… Ça nous rappelle Galilée obligé par le tribunal de l’Inquisition, pour sauver sa vie, à abjurer sa découverte selon laquelle le Soleil est au centre du système solaire et aussi que la terre tourne sur elle-même. Il avait murmuré tout bas la phrase restée célèbre : « et pourtant, elle tourne ! » Ce qui avait été considéré comme une hérésie par les inquisiteurs de l’époque est pourtant devenu une vérité scientifique admise universellement ! Comme les Sept « sages » de notre Conseil constitutionnel, les braves inquisiteurs avaient la science infuse et ne pouvaient pas se tromper.
Les Sénégalais sont donc obligés de choisir entre 19 candidats dont certains ne méritaient vraiment pas d’être là tout en étant privés de la possibilité de porter leur choix sur d’autres dont le Conseil constitutionnel a jugé qu’ils ne méritaient pas de solliciter leurs suffrages. Ce quand bien même ils sont beaucoup plus représentatifs que la plupart des privilégiés qualifiés par Badio Camara et sa camarilla. Par leur volonté, un parti aussi grand que le Pds n’aura pas de candidat. Mais puisque le dernier mot leur revient, y compris lorsqu’ils se trompent lourdement comme c’est le cas pour cette élection présidentielle, il ne reste plus aux moutons de Panurge que nous sommes que de se rendre docilement aux urnes le 24 mars prochain. Ce tout en sachant que leurs choix seront tronqués ou truqués par la volonté de nos braves et infaillibles prétendus « sages » du Conseil constitutionnel… Mais au fait, notre Youssou Ndour national ne disait-il pas que « Nit ku dul juum aamul ? » Il aurait pu ajouter : « ludul wa Conseil constitutionnel » !
PS : Au moins 16 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel sont vent debout contre toute reprise du processus électoral. Normal : ils craignent qu’en cas de repêchage de Karim Wade et, surtout, d’Ousmane Sonko, ils ne récoltent que des miettes. C’est humain.
Par Mame Diarra SOW
POUR SAUVER LA REPUBLIQUE...UNE VALSE EN DEUX TEMPS ENTRE LE PRESIDENT ET LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Nous sommes tous indignés de voir notre charmant Sénégal, un pays où il fait toujours grand soleil, baigné dans les vagues de l’océan et ventilé par les alizés de l’Atlantique être au bord de l’abime.
Grande tristesse, gros chagrin et forte indignation. Comment ne pas s’indigner devant tant de souffrance pour reprendre la philosophie humaniste du grand résistant de la seconde guerre mondiale Stéphane HESSEL dans son célèbre opuscule « INDIGNEZ VOUS ».
Nous sommes tous indignés de voir notre charmant Sénégal, un pays où il fait toujours grand soleil, baigné dans les vagues de l’océan et ventilé par les alizés de l’Atlantique être au bord de l’abime. Le pays de l’hospitalité et de la « Teranga » où il fait bon vivre voler en éclats en interne et jeté en pâture à l’extérieur. Tout le monde en pâtit. De la politique à l’économie en passant par le social. Tout est mis en berne. La République du Sénégal est malade. Les sénégalais souffrent. Ils vivent dans l’inquiétude et l’angoisse.
La cause
L’annonce par le Président de la République du report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février sine die. INEDIT !
La justification
Une forte crise préélectorale qui présageait d’un chaos post électoral. Un processus électoral fortement décrié : manquements et dysfonctionnements, accusations et coaccusations de double nationalité et de soupçon de corruption des juges constitutionnels, de validations et d’invalidations irrégulières et tutti quanti… Pléthore de contestations sur le processus en cours s’enchevêtrant et s’emballant les uns sur les autres.
Le Président de la République gardien de la Constitution dans une logique précautionneuse d’anticipation « Gouverner c’est prévoir » crut décider du meilleur avec le report de l’élection présidentielle du 25 février pour garantir l’organisation d’une élection libre, transparente et inclusive et s’inscrire dans la longue tradition démocratique d’un pays qui vote depuis 1848 et qui au demeurant a même envoyé son cahier de doléances aux États Généraux de la révolution française de 1789; et éviter le pire à savoir tout risque de chaos post électoral qui mettrait en péril notre République.
Toutefois une masse critique de citoyens sénégalais de l’intérieur comme de la diaspora ont considéré que le report sine die et inédit était le seuil critique à ne pas franchir, la ligne rouge à ne pas atteindre. Surtout Une classe politique farouchement opposée au report a estimé que le Président de la République du Sénégal venait de franchir le Rubicon.
De ces contestations démocratiques naquirent des détestations républicaines divisant et fracturant notre chère nation. Le Président de la République malgré sa posture de Président sortant non-candidat et sa réitération à ne pas briguer un 3ème mandat, il y eut une réédition des violentes manifestations de mars 2021 et juin 2023. Et la « chienlit » verbatim Général de Gaulle fit irruption. Le désordre électoral déjà constaté avec une inflation de candidatures plus d’une centaine (100) s’amplifia. Le chaos démocratique tant redouté commença à prendre place. Et le tumulte républicain assourdissant s’installa. En un laps de temps, l’image de notre aimable Sénégal s’est soudainement assombrie, passant de la lumière à l’ombre.
L’image noire d’un corps social en souffrance, assis sur un volcan et une chape de nuages sur la tête le mettant dans une atmosphère cataclysmique.
Crise institutionnelle ou crise insurrectionnelle ? On est dans un pays dévasté avec des pertes humaines et des dégâts matériels. Des corps mutilés et des ouvrages éventrés. Une République balafrée. Une nation fracturée. Un vivre ensemble en ruines avec des coeurs brisés, des âmes éteintes, des corps blessés et des esprits torturés.
L’on constate avec désolation et indignation qu’une avalanche de commentaires et un déferlement de chroniques se sont abattus sur le Sénégal. Amis et ou partenaires se tournent tristement vers le Sénégal. Notre pays est devenu sinistrement attractif. Partageant le tryptique de l’actualité brulante GAZA_UKRAINE_ SENEGAL. L’on note avec amertume qu’une fade lumière grise est braquée sur le Sénégal. Tous les yeux sont rivés sur la jeune et exemplaire République du Sénégal et toutes les oreilles restent pendues à ses convulsions démocratiques et l’évolution de son processus électoral pour le choix de son futur 5ème Président de la République.
Force est de constater que l’émotion a été mondiale. Le monde surtout occidental a eu peur. Toutes les grandes démocraties ont exprimé leur solidarité à l’endroit du peuple sénégalais. Il faut dire qu’il y va de leur intérêt vital de ne pas laisser le seul écrin démocratique en Afrique de l’Ouest se briser. Il y va de leur intérêt stratégique de préserver l’exception démocratique sénégalaise, l’un des rares pôles de stabilité et de sécurité qui n’a jamais été contaminé par l’épidémie de coups d’état militaires et de régimes autoritaires.
L’on comprend mieux la préoccupation pressante et insistante des occidentaux car notre stabilité sociale commande leur paix publique. Les phénomènes de crise migratoire mortelle et de terrorisme sanglant du Sahel disséminés en Occident consécutifs à la déstabilisation de la Libye montrent à suffisance leur intérêt à préserver la stabilité de notre cher continent. C’est dire que leur solidarité n’est ni gratuite ni fortuite. La chute de la démocratie sénégalaise c’est la déstabilisation achevée de l’Afrique de l’Ouest et l’insécurité croissante de l’Occident.
L’on comprend davantage leur solidarité si affirmée et si puissante avec son lot de leçons démocratiques qu’ils oublient le principe sacrosaint de la noningérence dans les affaires intérieures des pays africains pleinement souverains. Tout en ignorant dans le même temps tous les autres régimes autoritaires où il y a vraiment nécessité à enseigner leur modèle démocratique des droits de l’homme (Chine, Corée du Nord, Russie pour l’actualité…)
La décision du Conseil Constitutionnel arriva. Et vint à son heure. La décision Numéro 1/C/2024 du 15 février 2024 du Conseil Constitutionnel invalidant la loi instituant le report de l’élection présidentielle et abrogeant le décret s’y rattachant fut salutaire pour la République et la vie de la nation.
A priori, grâce à cette décision symbolique la mort de la République fut enterrée. Notre République laïque éminemment croyante renait de ses cendres avec l’aide d’Allah notre Seigneur. La nation en agonie revit et se revigore. Les citoyens se mettent à cesser de pleurer. Ils commencent à sécher leurs larmes et à enterrer cette funeste séquence avec la multiplication de manifestations pacifiques. Grace à cette décision essentielle, la réalité de l’État de droit refait surface. D’une part avec l’injonction du Conseil Constitutionnel à l’endroit du pouvoir exécutif au premier chef le Président de la République d’organiser les élections dans « les meilleurs délais »; et d’autre part avec la réaffirmation de l’État de droit illustré par la séparation des pouvoirs exécutif, judiciaire et parlementaire.
Mais un grand paradoxe surgit dans le dénouement de cette crise devenue inextricable
Car à posteriori, la décision censée préciser et éclairer la lanterne des sénégalais a engendré confusion et incertitude. Un débat sémantique sur la notion de meilleurs délais. Des interprétations diverses et divergentes de ladite décision engendrent une accentuation de la crise et une radicalisation des positions
Quant au Président de la République dans son rôle et dans ses prérogatives constitutionnelles il prit acte et se conforma lui aussi à ladite décision Erga Omnes avec l’autorité de la chose jugée. Il initia la tenue d’un dialogue national pour un consensus fort sur le choix de la date de l’élection et le modus opérandi du processus.
Aujourd’hui plus qu’hier, après la première décision du Conseil du 15 Février et les recommandations du dialogue national ainsi que la position réaffirmée et ferme du Président de la République de quitter ses fonctions au terme de son mandat le 2 Avril 2024, le problème reste entier. Les difficultés s’accumulent, les oppositions s’amoncellent dans une dynamique de dégringolade démocratique et dans un esprit de décadence républicaine sans pareille mesure. Et la République se voit mourir de sa belle mort et le monde entier la regarde périr. Dans cet imbroglio juridico politique et ce flou sémantique entourant la date de l’élection ou le jour J sacré de la République, le Sénégal est encore au bord de l’abime, il demeure au bord du précipice et tout pourrait basculer à tout moment.
Seule la valse à deux temps entre le Président de la République et le Conseil Constitutionnel sauvera notre République
Le salut de la République viendra de leur réalisme et de leur double sens de la responsabilité et de l’histoire.
Le réalisme c’est faire le constat que le report est acté depuis le 25 février et que le jeu est déjà fait. Et qu’il faut décider de manière concrète en tenant compte que l’élection ne pourra en aucun cas se tenir avant le 02 avril. En écho à l’illustre pensée du Général De Gaulle « il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités »
Concernant le Conseil Constitutionnel ma conviction citoyenne est qu’il sera le Sauveur de la République. Nul doute que la décision attendue sera à la hauteur de la gravité du moment. Nul doute qu’elle sera historique. Nul doute que le Conseil constitutionnel dans ses prérogatives exceptionnelles de créateur de droit de notre vivre ensemble à ce moment exceptionnel gratifiera la République d’une décision exceptionnelle empreinte de droit légal et de culture républicaine. Une décision qui garantit l’État de droit et l’unité nationale. Une décision qui dit la norme juridique et qui favorise la paix sociale.
Après avoir été à l’écoute d’un pays aussi fracturé et d’une nation si déchirée, Les sept « sages » dans leur sagesse ne sacrifieront pas le pays sur l’autel d’un calendrier républicain dogmatique. Rien ni personne n’ébranlera leur sagesse. Malgré la pression pressante et oppressante des politiques il demeure le maître des horloges. Alors nul doute qu’il s’agira d’une décision de compromis et de synthèse qui redonnera confiance aux sénégalais dans leur démocratie et qui réhabilitera le Sénégal dans son rôle de modèle démocratique.
C’est dire que les « 7 sages » dans leur rôle de créateur de droit dans cette séquence inédite; avec leur neutralité bienveillante et à équidistance du jeu politique viseront de manière concomitante la légalité et la stabilité du pays. Nul doute qu’ils mettront en oeuvre un format institutionnel de sortie de crise et une transition pertinente exonérant la république de tout vide institutionnel et l’instabilité y afférent. Avec comme seul double objectif l’État de droit et la concorde nationale.
S’agissant du Président de la République son devoir républicain dans cette crise n’est pas seulement de fixer la date de l’élection dans les meilleurs délais mais d’organiser les meilleures élections, d’assumer et d’assurer la meilleure passation du pouvoir républicain dont il est dépositaire.
L’ultime chantier du Président de la République et l’aboutissement de son oeuvre c’est de s’investir personnellement et fortement, se retroussant les manches à tout lieu et tout temps dans sa position de non participant, pour la tenue des meilleures élections dans un climat de concorde nationale et de paix sociale.
Le devoir républicain du Président c’est certes de fixer la date de l’élection mais avec un préalable majeur : parler à son peuple, converser avec les citoyens, leur dire et redire l’importance de préserver la concorde nationale. Et après avoir dit, faire en poursuivant la dynamique de réconciliation engagée
Le devoir républicain du Président c’est de finir sa mission républicaine comme un Président d’anthologie portant en bandoulière les meilleures élections et la meilleure transition démocratique du Sénégal qui seront inscrites dans le Panthéon de la démocratie; et pouvoir franchir successivement la porte de sortie du Sénégal et la porte d’entrée de la cour des grands hommes.
In fine, dans mon appel à l’indignation, ma conviction citoyenne est que cette séquence fut elle douloureuse sera un choc salutaire à l’épreuve d’une maturité démocratique. La République en sortira plus forte et plus robuste pour poursuivre le chemin du progrès au bénéfice d’un peuple sénégalais fier et digne avec une démocratie qui renoue avec son rôle de modèle universel.
Mame Diarra SOW
Citoyenne
Texte Collectif
HOMMAGE A PAPE FALL
Exilé en France, comme il se considérait, il n’était pas résigné pour autant ! Il n’a jamais cessé de lutter, se consacrant exactement à son idéal au service de ses concitoyens sénégalais et français par le biais de la transmission des savoirs
En ce 12ème anniversaire de la disparition de Abdoulaye Fall, mon frère, notre frère, je profite de cette opportunité pour lui rendre hommage pour sa bienveillance à notre égard et la source d’inspiration qu’il est pour nous. Je rends aussi hommage au camarade qu’il était depuis son adolescence, convaincu que la lutte pour la démocratie et la justice valait bien plus que toute autre lutte. Il était infatigable dans cette quête. Passeur hors pair, il l’a été au Sénégal pour l’accès à la culture, à la démocratie par le biais l’alphabétisation de ceux qui en étés privés, par l’enseignement, par les mouvements de jeunesse etc. Exilé en France, comme il se considérait, il n’était pas résigné pour autant ! Il n’a jamais cessé de lutter, se consacrant exactement à son idéal au service de ses concitoyens sénégalais et français par le biais de la transmission des savoirs. Les Assises Nationales du Sénégal ont été pour lui de rendre, sans rancune mais avec enthousiasme, ce que le Sénégal lui a donné. Il était une passerelle ! Repose en paix mon très cher frère !
Bougouma Fall, Lyon, frère de Pape Fall.
A NOTRE CHER PAAP FAAL, Buuba Diop
Nous nous sommes connus en France dans l’Aesf (Association des Etudiants Sénégalais en France) donc dans la Feanf donc dans l’Ugees.. Aesf avec ses faits et gestes dont les luttes de ligne et ses services aux communautés dont le Clet comite liaison étudiants et travailleurs. Puis est né le Front culturel patriotique l’éducation émancipatrice. Le 6 mars est pour nous annonciateur du 9 mars dans l’Anafa et la Paalae pour commémorer les âmes illuminées. Chaque année Paap est célébré et sa famille a participé à certaines éditions dont celle dans le Nord du pays. Paap est pour nous l’incarnation de la générosité consciente un souffle rassurant et discret étouffe parfois parce que maîtrisé indice d’éducation informelle formelle et informelle. C’est le partage en histoire aussi en dialogue des civilisations des générations le partage des bonnes pratiques. Nous formulons le vœu que les nouvelles générations de combattants pour les causes justes s’inspirent de son action et de sa pensée. Nous te saluons cher frère au regard serein inspiré et taquin. Jaajefati ba beneen
PAPE FALL, UNE SINGULARITE REMARQUABLE, Aziz Dieng
La présence accueillante, la fidélité inébranlable de cet ami m’ont marqué autant que ses qualités de constance, de retenue et une intuition exceptionnelle qui lui permettait de démasquer les faux sérieux. Il a utilisé l’humour avec finesse, en tant qu’arme de séduction et de détachement. Dans les débats et les combats les plus intenses, il avait le talent de déstabiliser avec son humour et son sourire, empreints d’humanisme, rappelant la célèbre maxime de Churchill sur l’humour comme le lien le plus direct entre deux êtres. Pour moi, voilà en quoi résidait sa singularité.
Aziz Dieng est sociologue.
A BODDY MILES, Yaya Camara
Pape je l’ai connu dans les années 70 sous le nom de Boddy Miles car il état batteur dans l’orchestre formé par mon frère et quirépétait dans notre garage !!! Je peux dire que l’engagement de Pape était un sacerdoce, un activiste avant l’heure. Je garde une image de Pape sortant de prison l’air pas content on avait l’impression qu’il n’était pas satisfait de sa sortie et dire que Pape a préparé son bac en prison, un camarade qui a toujours combattu l’opportunisme. Je me rappelle nos week-ends à Lyon on les passait dans les foyers Sonacotra pour l’alphabétisation, l’accompagnement des travailleurs immigrés dans leurs démarches administratives etc… Il était un vrai humaniste.
PAPE, LE POUVOIR DU SILENCE - Babacar Sall
En Pape Fall, je garde le souvenir d’un homme qui avait le pouvoir du silence, de la discrétion et de l’action accomplie. Je le croisais dans des réunions, toujours en retrait, mais attentif et préférant la parcimonie, l’efficience et l’économie de la parole. C’est en échangeant avec notre ami commun Mansour Gueye que j’ai découvert qu’il était en réalité, l’homme de l’édifice, le charpentier de ces initiatives collectives. Sans s’en vanter, œuvrant sans relâche pour le succès de l’action sociale et politique, il laissera derrière lui le souvenir d’un grand homme, bâtisseur de progrès. En cela, sa mémoire est une ressource majeure pour les entrepreneurs d’espérance et pour tous ceux qui sont en quête d’un modèle de référence.
Babacar Sall est sociologue et écrivain.
PAPE FALL, 12 ANS DEJA, Lamine Ndour
Pape Fall 12ans déjà ! Je ne n’arrive pas à réaliser ce temps sachant que pour moi Pape est toujours parmi nous à travers nos conversations et discussions avec nos épouses, amis sur différents sujets du moment d’ordre familial, sociétal, politique ; les idées de Pape et sa vision sont toujours citées. Que dire pour lui rendre hommage ! Un homme de conviction de cœur qui aime son pays le Sénégal et un grand panafricain ce qui explique tous les combats qu’il a mené jusqu’au dernier moment de sa vie. Je l’ai connu dans les années 80 en milieu étudiant depuis on ne s’est jamais quitté même si par moment pour des raisons professionnelles on n’était pas dans les mêmes régions en France on gardait toujours le contact et le destin a fait que sur les derniers moments de sa vie nos deux familles se sont retrouvées dans la région parisienne où il a fini sa vie. Fall comme je l’appelais et lui m’appelait Ndoura avec beaucoup d’humour était un homme rempli d’humanité, d’un calme et d’une sérénité déconcertante face des situations difficiles c’était son côté leader dans nos mouvements. J’ai beaucoup appris à ces côtés. Paix à son âme !
MA PART DE TEMOIGNAGE SUR LE CAMARADE PAPE FALL, Nouha Cissé
Je remercie sincèrement le camarade Benjamin Faye sur le témoignage vrai sur le défunt camarade Pape Fall. Son image postée en profil aux goupes Xarebi Mrdn et Débats des cents fleurs est la marque d’une reconnaissance posthume méritée. Pensant que tout ce qui a été dit et fait était largement suffisant, je me suis abstenu de toute forme de contribution. Mais le devoir de camaraderie et d’amitié entre mon épouse et moi et le couple Fall (Pape et Martine) commande mon témoignage.
J’ai connu Pape Fall en 1975 à Rufisque pendant que je dispensais des enseignements d’histoire à mes heures libres, à titre bénévole et gratuit, au bénéfice des auditeurs de l’ACAPES de Rufisque. Pape partageait la même cohorte de candidats libres au baccalauréat avec des instituteurs préparant des concours professionnels. Mamadou Castro étaient de ceux-là. Admis au bac alors que Castro le fut pour l’inspectorat de l’enseignement, Pape Fall me retrouva en faculté, au département d’histoire où j’étais moniteur. En 1977, il a été au nombre des jeunes camarades étudiants de la faculté des lettres avec lesquels notre courant a conduit (dirigé) la grève contre le décret de Senghor portant sur “ l’engagement triquinquenal auquel les étudiants étaient farouchement opposés. Avec Pape Fall nous avions animé quasi quotidiennement “les piquets de masses”, une trouvaille du courant, pour l’agitation et la mobilisation autour des différents mots d’ordre. Pape a poursuivi et diversifié la qualité de son engagement politique, ce que ma dame, Seynabou Male, a pu vérifier a l’occasion d’une visite au couple Fall en France. Prolongeant la camaraderie et l’amitié entre nos deux familles, Pape et sa dame Martine nous ont réservé une visite mémorable faite d’échanges intenses sur le courant et les grandes questions de l’époque entre autres. C’était en 1981. Pape était un camarade, un ami. Le couple Fall nous a adoptés comme aînés, amis et camarades. C’est un devoir pour moi de porter un témoignage sur ce grand monsieur arraché à notre affection et à la lutte.
BIG BROTHER, Saidou Ndiaye
Grand frère , 12 ans déjà ! Que ça passe vite mais je me rappelle ma première année à Lyon avec la manif devant la préfecture pour exiger un RDV pour les cartes de séjour au lieu d’une attente sous le froid glacial « premier arrivé, premier servi ». Tu m’avais pris à tes côtés pour former le cordon de sécurité face aux flics armés jusqu’aux dents et c’est ce matin d’automne qu’est née ma fibre revendicative de mes droits et plus tard, ma fibre associative. Je ne te remercierai jamais assez car tu m’as ouvert la voie de l’essentiel, le partage. Dommage que pour des raisons de « m’as-tu vu », je ne t’ai pas suivi comme ton adjoint lors des assises nationales mais tu as su mener ta mission convenablement. Comme Dieu fait bien les choses, il me t’a arraché pour me donner ton frère Zac avec qui je partage des moments inoubliables. Puisse Allah SWT t’accorder une place dans son paradis firdawci. Tu resteras à jamais dans mon cœur avec tous ces moments de bonheur partagés. RIP BIG BROTHER
UN HOMME EXEMPLAIRE, Sidy Fall MSU*
C'est une très belle initiative pour le vaillant feu Pape. Fall
Il était pour nous un homme exemplaire. Il est resté fidèle à ses idées jusqu'à la mort.
POUR UNE DEMOCRATIE PARTICIPATIVE, Mamadou Saliou Diallo
Par Mamadou Saliou Diallo dit Zale, ancien membre du Comité France des Assises
Douze ans déjà que que Pape Fall n’est plus !
La communauté sénégalaise de France a perdu un homme exceptionnel qui n’a jamais ménagé ses efforts pour l’enracinement d’une culture civique et d’une conscience citoyenne au Sénégal.
Infatigable défenseur de la démocratie participative, Pape Fall a sillonné la France d’est en ouest et du nord au sud pour rencontrer et convaincre nos concitoyens de l’importance de la démocratie participative dans notre pays, mais aussi dans toute l’Afrique.
O Pape Fall, au moment où nous te rendons cet hommage, notre pays a mal.
Notre pays va mal.
Notre pays subit des soubresauts.
Notre pays hésite.
Mais le combat que tu as inlassablement mené, avec Mansour et toute l’équipe des Assises nationales du Sénégal en France reste toujours d’actualité mais ne sera pas vain.
Le lion rouge rugira de nouveau pour dissiper les ténèbres pour faire apparaître le soleil de nos espoirs, le soleil de ton espoir.
Cher Pape Fall, tu es parti trop tôt, mais le souvenir de ton combat reste toujours ancré en chacun de nous. Que Allah dans sa grande miséricorde t’accueille dans son Paradis Amine.
Tes compagnons de lutte pour la démocratie ne t’oublieront jamais, car comme disait le poète Birago Diop : « les morts ne sont pas morts ».
Repose en paix Pape Fall.
Mamadou Saliou Diallo est Conseiller municipal délégué de Rouen, ancien président de l’association des sénégalais de Rouen et Agglomération, ancien membre du Comité France des Assises Nationales du Sénégal.
par Ndeye Astou NDIAYE
SE RELEVER, RENDRE IMPÉRATIVEMENT JUSTICE ET SE RECONSTRUIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les fondements de notre vie collective sont désintégrés. Il est impératif de repenser l'organisation du désordre avant que le pays ne sombre. Les Sénégalais doivent se parler avant la prise de fonction du futur président
Le Sénégal traverse actuellement une crise sociétale dépassant les seules considérations politiques, juridiques, marquée par d'importantes et surprenantes divisions. Il est impératif de repenser l'organisation du désordre avant que le pays ne sombre dans l'abîme. Les attaques contre la Constitution, les menaces, les agressions physiques, psychologiques les tentatives d'assassinat, le non-respect des droits humains et les intimidations, bien qu'elles portent gravement atteinte à la démocratie et à l'État de droit, sont malheureusement devenues une banalité au Sénégal.
Par conséquent, conscients de la gravité de la situation actuelle, des voix s’élèvent pour dénoncer fermement la violence perpétrée à l'encontre de dignes citoyens. nes de la Nation, et surtout le non-respect du corps spécifiquement, de celui de la femme et du jeune. Face à ces actes répugnants et intolérables qui s’accélèrent depuis quelques années, un engagement affirmé en faveur des normes sociales, des droits humains, et de la sacralité de la vie humaine doit être au rendez-vous.
Chaque individu, quel que soit sa trajectoire, ses positions ou son statut social a le droit fondamental à la sécurité, à la liberté d’exercice de sa profession et à la protection contre toute violence. Paradoxalement, le Sénégal est rentré dans un cycle de véhémences inouïes. Cet état de fait ne peut être analysé de façon dissociée aux abus d’un pouvoir politique en place.
Depuis 2016, les prolongements du référendum sont corrompus. Dans ce dernier se trouvaient quinze points dont il est possible d’en cibler ici quelques à savoir : la modernisation du rôle des partis politiques, la reconnaissance de nouveaux droits aux citoyens, la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel faisant preuve désormais d’intangibilité, l’élargissement des compétences du Conseil constitutionnel, l’élargissement des pouvoirs de l’Assemblé nationale en matière de contrôle de l’action publique et d’évaluation des politiques publiques, l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine…entre autres propositions acquiescées par les citoyens. N’empêche, à scruter le tableau pour une analyse, il est difficile de percevoir une factualité de ces dispositions. Que leurres et lueurs !
Sans être nihiliste, le Sénégal a connu des changements significatifs en matière de construction de routes et de voies, d’édifices nationaux, de mises en place de moyens de transports etc. N’empêche, cela a été au détriment de la perte des piliers de notre société qui baigne dans un conflit indubitable voire dans une crise qui telle une bombe à retardement, a explosé ce 3 février 2024. Ce samedi après-midi a été l’occasion pour le président Macky Sall, de fouler totalement, l’âme de notre contrat social : la Constitution de notre République.
Après la mesure de la perception de 2058 Sénégalaises et de Sénégalais, enquêtés sous formes d’entretiens individuels et collectifs, de récits de vie, sur différentes questions s’agissant de la situation du pays telles, leur condition de vie (santé, éducation, alimentation, accès à la justice…), de libertés individuelles et de sécurité, 79,3% d’entre eux, mettent en avant les difficultés d’accès à la nourriture saine, la faillite de l’éducation, le manque de respect vis-à-vis des hommes religieux, la dépravation des mœurs, leur sentiment de crainte surtout face à ce que certains appellent les forces « occultes », l’insécurité galopante notamment dans les quartiers dits « chics » de Dakar, dans les villes comme Thiès, Kaolack et Louga ainsi que dans les communes de Khombole, de Bambey, de Nguékhokh et de Kébémer[1].
Un discours non reluisant, souvent bilieux, la légitimation de la loi du talion, c’est en général ce qu’il est possible de tirer des discours des uns et des autres et de façon plus prégnante relevant des jeunes âgés entre dix-huit ans et quarante ans. Qu’ils ne soient pas étonnant que la violence une des conséquences du « désordre social » enflamme notre quotidien ! Un homme politique français arguait, il y a quelque temps que « c’est l’injustice qui génère le désordre ». Mais à qui une société confie la gestion de l’ordre au sens pluriel du terme ? A différentes entités selon le type d’ordre, mais tous, peuvent rentrer dans l’État à travers un contrat social bien défini.
Sans pour autant qu’on ne vire sur une analyse marxiste, il est à noter qu’Althusser définissait deux moyens de diffusion d’idéologie et de répression de l’État à savoir : l’Appareil idéologique (AIE) et l’Appareil répressif (ARE). Dans une doctrine démocratique, ces deux piliers se régulent et s’équilibrent afin que l’un ne l’emporte pas sur l’autre. Mais en même temps, de l’un découle, le caractère de l’autre. L’armée, la prison, la police, les juridictions et certaines administrations dans une dictature, une tyrannie ou un régime autoritaire créent un sentiment de terreur, de crainte, d’absence de confiance, de psychose…[2] alors que dans une République démocratique, ces institutions rassurent, garantissent la sécurité des uns et des autres en réprimant , délinquants ou criminels. Dans quel cas se trouve actuellement le Sénégal ?
Ce pays a une réputation de territoire stable politiquement, dans lequel les citoyens votent depuis 1870 et organise des présidentielles depuis 1963. Aller choisir un chef de l’État devient dès lors, routinière, malgré quelques troubles et dissonances[3] qui n’ont jamais occasionné l’abrogation d’un décret convoquant le collège électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne pour la présidentielle.
De dignes filles et fils, intellectuels de tout bord se battent, font couler encre ou sang pour le maintien d’un contrat social qui évoluent et qui prend en compte tous les changements contextuels : l’ex-ante colonisation, la colonisation initinere ou encore celle ex-post. Le monde enviait le rôle que peuvent jouer les institutions, en perpétuelle renforcement.
Comme un château de cartes, tout bascule depuis quelques temps inopinément. Tout une réputation mondiale est mise à nu, déshabillée du fait de quelques femmes et hommes avec à leur tête le chef de l’État, Monsieur Macky Sall.
Ce qui réveille un ensemble de maux qui sommeillaient depuis quelques années et que les citoyennes et citoyens sénégalais croyaient au moins, panser avec l’organisation d’une élection présidentielle démocratique. Que nenni !
La procédure semble entaché, être saboté par certains pendant que d’autres souhaitaient le respect du calendrier républicain. Qu’il y ait eu des manquements ou pas, dans le processus, le droit se devait d’être dit. Le juge part de son intime conviction, là où la vérité appartient à Dieu, lorsqu’on en croit un ou plusieurs. La strate de la citoyenneté permet, elle, d’avoir confiance en ces institutions, ces pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire définis par la Constitution dont la haute juridiction est l’un des garants avec le peuple. Le président sortant, Macky Sall a rompu ce pacte, le 3 février 2024 de façon indélébile. De même, dans la pratique, le contrat social est au plus mal depuis qu’injustement et de façon systématique des individus sont interpelés, violentés, traumatisés, tués à balle réelle, attaqués, kidnappés, par des forces de l’ordre ou des brigands souvent appelés des nervis, au services de quelques hommes politiques. Les images et les récits parlent d’elles-mêmes.
Ces actes ont de lourdes conséquences sur l’état d’esprit des Sénégalaises et Sénégalais qui se curent avec le fameux « œil pour œil, dent pour dent ». Le pays se voit divisé, les âmes inertes, insensibles à force d’avoir un quotidien rythmés d’injustice. Quelques points à relever.
En effet, les journalistes sont des piliers de la démocratie et de l'État de droit, et il est impératif de garantir leur sécurité en toutes circonstances. Mais, ceux-là sont sectionnés entre les pro et les anti-régimes. Pourtant, ils sont des garants du pluralisme politique, de l’accès à l’information juste et vraie, principe sacré en démocratie. Les manifestations de cette division éclot davantage pendant une période ardue, où le monde cherchait à vaincre le Covid-19 qui faisait des dizaines de milliers de morts. C’est à partir de cette période et jusqu’à présent, que le Sénégal vit des affres terribles avec répercussions manifestes que seul un « lël » ou « un ndëp » national, une commission « vérité , justice et réconciliation » « Pencum Dëg, yoon, ak Juboole » ou peut-être « Waxtaan Sunu Biir » comme le propose notre compatriote Khadim Ndiaye, pourrait venir à bout.
Il était attendu du président Macky Sall de sortir des ruses et de la tyrannie politiques pour jouer la carte de l’l’élégance et de la finesse. Mais le sieur ne semble pas être fort en ces nobles pratiques. Que le Conseil constitutionnel, ressorte donc sous son plus beau costume en disant à nouveau le droit afin d’éviter tout probable vide juridique, le lendemain du 2 avril 2024. Ce serait une aporie que le Sénégal en arrive là !
La crise s’est installée en réveillant des démons qui sommeillaient dans notre société, Que cette République ne s’embourbe pas! Le peuple est en mesure de sauver ce qui reste des institutions ! La page des violences doit être fermée avec l’organisation incessante d’une élection ! Il est temps de résoudre cette équation politico-juridique, pour passer à un soin de soi et de l’autre réparateur, base de toute refondation de nos institutions. Car notre pays vit des moments difficiles avec un embrouillamini à tous les niveaux. La ribambelle de troubles, d’actes d’injustices, d’arrestations arbitraires, de maltraitances, laisse malheureusement pointer une véritable crise qui part du politique pour s’acheminer dans les entrailles de la société. Le mal est très profond !
Et c’est encore l’occasion de demander au président Macky Sall de prendre toutes ses responsabilités face aux effets de cette « non-décision. [4]» Et qu’il ne perde pas de vu que des citoyens sénégalais, au prix de sang versé par d’autres, lui ont fait confiance en 2012 puis en 2019, en faisant de lui le quatrième Président de notre si chère et valeureuse République. Difficile d’oublier Mamadou Diop et tant d’autres !
Mais apparemment, il n’en est pas assez conscient. Il feint d’ignorer qu’entre 2018 et 2024, le Sénégal compte plus de soixante-dix victimes, toutes tuées du fait de leur engagement ou par ce qu’elles n’étaient pas au bon endroit et au bon moment. L’on semble oublier que la dignité humaine est un principe inaliénable qui doit être respecté en toutes circonstances. Les actes de barbarie à l’encontre de la dignité humaine des femmes, des enfants utilisés par les forces de l’ordre comme bouclier humain, malmenés au moment des arrestations, des journalistes agressés, empêchés de faire leur travail, informer et d’autres défenseurs de la République- pris pour des ennemis - portent atteinte à cette dignité et sapent les fondements mêmes de notre société. Le corps est sacré et inviolable.
Cette proposition de refondation doit être fortement appuyée. Les Sénégalais doivent impérativement, échanger, se parler avant la prise de fonction du futur président. Une large consultation des populations est nécessaire. Il est question de mettre en place des structures avec de larges possibilités d’expression. Les plaies sont encore béantes et cette prise de parole fera partie du processus de guérison. Les propositions qui sortiront de ce "ndëp" national pourraient servir à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’État de droit, à repenser les forces de défense et de sécurité (qui ont besoin d’être formés en respect des droits humains au niveau national comme international), le système carcéral (faut-il toujours enfermer et oublier les détenus ?), un service militaire pour les jeunes de dix-ans, le régime présidentialiste, etc. Les fondements de notre vie collective sont complétement désintégrés.
De même, puisqu’il ne faut pas réinventer la roue, il est impératif de penser à inclure les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions. Les deux constituent un base de travail. Elles doivent simplement être réajustées en considération des fractures de ces dernières années.
Aucune excuse, aucun motif ne peut justifier les atteintes et violations physiques. Les femmes, en particulier, doivent être traitées avec respect et considération en tant qu'êtres humains à part entière. Elles constituent l’autre pan qui donne sens à toute nation pendant que la jeunesse permet de libérer le futur même de cette nation.
Les autorités compétentes, les forces de défense et de sécurité, les institutions gouvernementales, la société civile et chaque citoyen se doit plus que jamais de s’engager pour mettre fin à cette période de vifs heurts. Nous appelons à la Justice, à la Reconsidération du soi humain, à la Solidarité et à l'Empathie envers toutes et tous.
Pour finir, restant dans cette logique de droit et de sauvegarde des principes de la Charte fondamentale, citoyennes et citoyens du Sénégal se doivent d’être debout pour sauver ce qui reste de nos institutions. Que l’élection présidentielle se tienne rapidement avant le 2 avril ! Que la justice soit rendue à toutes les victimes de quelque bord que ça soit ! Que l’ordre soit rétabli afin de fermer définitivement ce chapitre de notre histoire qui nous aura quand même permis de nous retrouver toutes et tous autour de l’essentiel, le Sénégal. A la refondation des socles de notre contrat social !
Senegaal Sunu Yitté !
[1] Données extraites d’une étude en cours intitulée « Pouvoirs confiés ou confisqués et répercussions sur l’ordre social et les droits humains au Sénégal de 2012 à2 024 »
[2] Démocratie et Autoritarisme, Paris, Ed. Cerf, 2012
[3] Se rappeler des troubles de 1988, 1993, 2011-12
[4] Non-decisions and Power: The Two Faces of Bachrach and Baratz, American Political Science Review, Volume 69, Issue 3, September 1975, pp. 889 - 899
Par Mama SECK
CE MACKY SALL NE LE 3 FEVRIER 2024 EST MECONNAISSABLE
Aucun Président ne s’est jamais abaissé de façon aussi abjecte devant les tyrans et ennemis de la République. Je comprends vite, mais il faut m’expliquer longtemps.
J’écris en tant que Sénégalais, obséquieux supporter du Président Macky Sall, de surcroît opposant de la limitation des mandats. J’écris aussi parce que je suis confus et en quête de compréhension de ce nouveau Macky Sall né le 3 février 2024. J’admire ses qualités et respecte ses efforts. J’ai combattu les nihilistes, mais je ne sais plus à quel Macky Sall me vouer. J’aime Macky et son équipe parce qu’ils nous représentent et nous ont pour la plupart représentés dignement. Du moins, je pense qu’ils représentent ce qu’il y a de meilleur en nous, les personnes que nous voulons être. Il a bâti sa réputation sur le franc-parler, la bravoure ceddo et le politiquement correct. Aucun Président n’a fait plus que lui pour notre sécurité nationale, et il fait maintenant le contraire en semant le chaos derrière lui et partir. Son appel à l’apaisement, c’est de la capitulation. C’est l’une des performances les plus honteuses d’un Président sénégalais de mémoire d’homme. Aucun Président ne s’est jamais abaissé de façon aussi abjecte devant les tyrans et ennemis de la République. Je comprends vite, mais il faut m’expliquer longtemps.
Comment la libération de gens accusés de terrorisme est un acte de sécurité nationale ? D’ailleurs, ces mêmes gens sont ceux qui louent les qualités de Poutine qui a dit : «je crois que c’est le rôle de Dieu de leur pardonner, nous, notre boulot, c’est de les envoyer vers Dieu», en réponse à la question suivante : «Le pardon est-il envisageable pour les terroristes?» M. Biden dont l’ingérence indiscrète de son ambassadeur au Sénégal n’est plus à démontrer, a fait écho, le 26 août 2021, aux sentiments de George W. Bush d’il y a plus de 20 ans, au lendemain du 11 septembre, en déclarant : «A ceux qui ont perpétré cette attaque, ainsi qu’à tous ceux qui veulent du mal à l’Amérique, sachez ceci : nous ne pardonnerons pas, nous ne pardonnerons pas. Nous n’oublierons pas. Nous vous traquerons et vous ferons payer. Je défendrai nos intérêts et notre Peuple par tous les moyens à ma disposition.» Mais au cours de ces quatre dernières semaines, Macky a illustré quelque chose d’important sur la lâcheté des politiciens.
C’est de la lâcheté que de faire des pieds et des mains pour mobiliser les Forces de l’ordre, puis les dénigrer des années plus tard en amnistiant ceux qui les ont attaqués dans leurs casernes. Tout comme il est lâche d’insulter la famille de deux jeunes filles brûlées vives dans un attentat terroriste en effaçant les faits, comme si ces êtres humains n’avaient jamais existé. Il est tout aussi lâche de ridiculiser ceux qui ont combattu à ses côtés pendant douze ans en pensant qu’il n’y a aucune conséquence à cela.
Un lâche est le genre d’homme qui transforme une occasion charnière et sacrée de commémoration telle qu’une élection en une caresse sanglante de son ego, parce qu’en fin de compte, son estime de soi est tellement détruite qu’il a besoin d’une attention constante, quelles que soient les circonstances. Un lâche est celui qui déclare sur Twitter qu’il abandonne le navire sans assurer un transfert du pouvoir en douceur, sans heurt et conformément à la législation- une vertu indéniable de la démocratie sénégalaise qui permet des changements pacifiques de gouvernement. Un lâche amnistie les intimidateurs dans un effort d’adoucir son image maintenant que sa Présidence est terminée. Alors oui, Macky Sall fait preuve de lâcheté. Je suis musulman et cet enseignement religieux s’adresse à l’homme et chef d’Etat qu’il est et a demandé à être : «O croyants ! Préservez vos personnes et vos familles d’un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres.» (S66/V6) Si le Président Sall s’imagine qu’il peut abandonner sans conséquences graves le Sénégal situé dans une région dangereuse, un pays qui l’a façonné et lui a tout donné, il se trompe.
Cet acte assimilable à une trahison est un coup porté à la crédibilité du Sénégal, et il faudra des années pour la réparer. C’est comme un mauvais père qui abandonne sa progéniture parce qu’il méprise la mère. C’est une chose que tous les Sénégalais devraient déplorer. En regardant un patriote comme Sadio Mané s’effondrer et reprendre le jeu, ouvrir le score avant de quitter ses coéquipiers, nous savons que nous ne pourrions pas nous relever comme il l’a fait. Mais nous en rêvons et nous l’admirons. Le courage, c’est ce qu’il a, et c’est ce que nous pensions que Macky Sall avait. Macky doit prendre exemple sur Nianthio et le soldat amputé qu’il a toujours exhibé comme modèle et source de motivation pour les Lions.
Oui au respect de la République et ses institutions !
Non à l’amnistie !
Mama SECK
Citoyen sénégalais d’abord avant d’être un supporter du Président Macky Sall
Sicap-Liberté 6, Dakar, Sénégal
Par Mohamed GUEYE
MEME DANS LE BUSINESS, L’AMNISTIE CHANGE LA DONNE
Aujourd’hui, l’attention des Sénégalais, et de tous ceux qui s’intéressent à ce pays, est tournée vers l’Assemblée nationale où est voté le projet de loi qui amnistie tous les crimes et délits commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024.
Aujourd’hui, l’attention des Sénégalais, et de tous ceux qui s’intéressent à ce pays, est tournée vers l’Assemblée nationale où est voté le projet de loi qui amnistie tous les crimes et délits commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024. Une période durant laquelle des tensions politiques ont entraîné la mort de plus de 50 personnes, certaines dans des conditions les plus atroces, le saccage de plusieurs biens et propriétés, et l’emprisonnement de plus d’un millier d’individus, hommes et femmes. Ce projet de loi est passé par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, qui l’a approuvé sans opposition significative, bien que personne, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition, ne semble vouloir s’en faire l’avocat, en dehors de son initiateur, le président de la République Macky Sall.
Car il faut dire que son adoption est une tache noire dans l’histoire de ce pays. En dehors du fait que la loi va être adoptée après le report de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février dernier, avant d’être renvoyée à une date inconnue à ce jour, elle va effacer des crimes dont certains auteurs, comme l’indique son article premier, n’ont même pas été jugés. Bref, on a ici une loi qui promeut le déni de justice. On peut difficilement après cela, assurer que le Sénégal est un Etat de Droit.
Le système judiciaire sénégalais est loin d’être parfait -s’il en existe un dans le monde-, mais il a toujours été un pilier sur lequel des citoyens ont pu se reposer en cas de litiges. De plus, la séparation des pouvoirs a été érigée en dogme dans ce pays, qu’il a toujours semblé impensable que le pouvoir exécutif ou le Législatif viennent à interférer dans des décisions de Justice. Il semble que le chef de l’Etat sénégalais ait décidé depuis le 3 février dernier, de s’essuyer les pieds sur ledit dogme. On peut alors se demander quelles conséquences cela présage pour notre pays.
On sait ce que le déni de Justice peut entraîner dans un pays. En Afrique du Sud, Nelson Mandela et Desmond Tutu avaient, à la fin du régime d’Apartheid, imaginé une Commission de la vérité et réconciliation, qui avait eu pour tâche de recueillir et d’entendre des plaintes des victimes qui ne pouvaient espérer justice auprès des tribunaux traditionnels du fait du caractère du préjudice qu’ils avaient subi. Ce modèle a été copié dans de nombreux pays. Même le Rwanda, qui sortait d’une sanglante guerre civile opposant les deux principales ethnies du pays, avait dû réactiver ses tribunaux traditionnels, les «Gacaca», pour entendre de nombreuses personnes soupçonnées d’avoir pris part au génocide des Tutsis.
La Gambie proche du Sénégal, a suivi un modèle similaire pour tenter de donner voix à plusieurs victimes présumées des crimes de l’ère Yahya Jammeh. C’est dire que la soif de justice est inextinguible. Malheureusement, emporté par une vision matérialiste du monde, c’est un aspect que Macky Sall a toujours choisi de mettre de côté dans sa politique.
On peut rappeler qu’avant son arrivée au pouvoir en 2012, la tension préélectorale en 2011 avait coûté la vie à 14 personnes. Le chef de l’Etat, qui avait hérité de cette situation, n’avait pas jugé utile d’initier des enquêtes pour en déterminer les causes et découvrir les coupables. Ou si de telles enquêtes avaient été entamées, on doit déplorer qu’elles n’aient jamais abouti, ni leurs conclusions rendues publiques. La seule action notée de cette séquence a été l’hommage rendu à l’étudiant Mamadou Diop, qui avait perdu la vie à la Place de la Nation, et dont la famille avait reçu une certaine indemnisation. Pour le reste, les commerces pillés, les victimes décédées ou grièvement blessées, cela a été passé par pertes et profits.
Macky Sall démontrait ainsi qu’il se plaçait dans la continuité de l’action de son mentor, qu’il venait de remplacer. N’a-t-on pas vu dans ce pays, une tragédie qui a fait près de 2000 victimes, laissée à l’oubli dans le fond des océans et les victimes muselées ? Il a fallu le confinement mondial dû au Covid-19 pour que le président de la République daigne enfin assister aux commémorations du naufrage du bateau Le Joola le 26 septembre 2021. Son horreur de rendre justice a été encore plus marquée depuis les violences engendrées par la confrontation engagée avec Ousmane Sonko et ses partisans, de mars 2021 à nos jours. Si, bien entendu, l’Exécutif n’a jamais fait état des morts et blessés lors des manifestations, il n’a non plus rien fait dans le sens d’indemniser les personnes dont les biens ont été saccagés. La société de transports urbains Dakar Dem Dikk appartenant à l’Etat, on peut dire que chacun de ses bus brûlés est remplacé par l’argent public. De même que pour ce qui concerne les installations du Brt. Mais que dire des nombreuses enseignes d’Auchan pillées, de son personnel molesté ? Comment consoler les nombreux employés des stations-services de Total et autres, qui se sont retrouvés en chômage technique après le saccage de leur outil de travail, sans que les assurances ne les aient indemnisés ?
Cette attitude de l’Etat a quelque part été favorisée par une certaine complaisance des partenaires internationaux, qui ont été laxistes face à l’inobservance ou l’application minimale des lois et règlements dans certaines circonstances. On sait que parmi les attributions du compact par le Millennium challenge américain, le respect de l’Etat de Droit est important. Le Sénégal passant pour un modèle démocratique dans la sous-région, les Américains n’ont jamais été vraiment regardants sur la question. Pour la plupart, on se contentait du fait qu’il n’y a pas de prisonniers politiques dans ce pays, pour l’exonérer de certains écarts. De même, nos tribunaux peuvent se permettre de rendre certaines décisions totalement incompréhensibles, surtout en ce qui concerne des litiges financiers, cela ne semblait choquer que les intéressés. Mais on peut parier que le vote de cette loi d’amnistie pourrait changer beaucoup de choses.
Il faut, en effet, commencer à intégrer le fait que désormais, nous sommes dans un pays où aucune décision n’est inscrite dans le marbre. Il suffirait de l’humeur d’un chef d’Etat, et de la malléabilité de sa majorité mécanique à l’Assemblée, pour remettre en cause n’importe quelle décision de Justice, ou n’importe quel droit que l’on pensait définitivement acquis. Avec un tel risque, combien d’investisseurs accepteraient de risquer leur mise dans un tel pays ?
Par Ameth Ndiaye
LA PERTINENCE D’UNE LOI D’AMNISTIE A L’EPREUVE DE L’ARTICLE 9 DE LA CONSTITUTION
Une lecture constitutionnaliste du décret n° 2024-683 ordonnant la présentation à l’Assemblée nationale du projet de loi portant amnistie autorise de soulever deux remarques majeures
Mes amis pénalistes me pardonneront certainement cette incursion furtive dans leur pré carré. Cependant, une lecture constitutionnaliste du décret n° 2024-683 ordonnant la présentation à l’Assemblée nationale du projet de loi portant amnistie autorise de soulever deux remarques majeures.
Première remarque, une relecture rassérénée de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 offre une nouvelle grille d’analyse relativement à la loi d’amnistie. Son article 9 est, à plus d’un titre, illustratif d’une certaine évolution. Présent dans notre Constitution depuis 1959, l’article 9 actuel est passé par différentes étapes. On retrouve sa substance, déjà, dans les dispositions de l’article 2 du Titre II de la Constitution de 1959 (Loi n° 59-003 du 24-01-1959 adoptée à Saint-Louis par l’Assemblée constituante). A partir de 1960, à la faveur de la Loi du 26 août 1960 (Loi n° 60-045 A.N. du 26 août 1960 portant révision de la Constitution de la République du Sénégal), ces dispositions trouvent leur Siége à l’article 6, alinéa 4, de la Constitution. La révision de la Constitution de 1963 (Loi n°63-22 du 7 mars 1963 portant révision de la Constitution de la République du Sénégal) laissera inchangées les dispositions de l’article 6, alinéa 4. Le texte de la Constitution du 22 janvier 2001 aménagera un nouvel article 9 ainsi libellé : « alinéa 1 : Toute atteinte aux libertés et toute entrave volontaire à l’exercice d’une liberté sont punies par la loi. » ; « alinéa 2 : Nul ne peut être condamné si ce n’est en vertu d’une loi entrée en vigueur avant l’acte commis. La défense est un droit absolu dans tous les Etats et à tous les degrés de la procédure ».
Jusqu’au 07 août 2008 la possibilité de voter une loi d’amnistie, de plein droit, souffrait difficilement la contradiction. A partir de cette date l’économie de cette situation va être bouleversée par le rajout à l’article 9 d’un troisième (3e) alinéa. Dans cet alinéa le constituant dérivé, ici le Congrès (Assemblée nationale et Sénat) va disposer : « alinéa 3 : Toutefois, les dispositions de l’alinéa précédent ne s’opposent pas à la poursuite, au jugement et à la condamnation de tout individu en raison d’actes ou omission qui, au moment où ils ont été commis, étaient tenus pour criminels d’après les règles du droit international relatives aux faits de génocide, crimes contre l’humanité, crime de guerre ». L’emploi de l’adverbe coordonnant ‘’Toutefois’’ semble désormais empêcher qu’on ne généralise trop la portée de l’alinéa 2 de l’article 9 sus indiqué. Indéniablement, il apporte une limitation et une restriction. La radicalité attachée à la loi d’amnistie en prend un coup sérieux.
Deuxiéme remarque, c’est le lieu de souligner que le Sénégal peut se vanter d’être le 1er pays au monde à ratifier le Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI). En effet, notre pays a procédé à la signature du Statut de Rome le 18 juillet 1998, sous l’impulsion du Président Abdou Diouf. Le 2 février 1999, l’Etat du Sénégal déposait son instrument de ratification. Cela lui a valu l’insigne honneur de présider l’Assemblée des Etats-Parties au statut de Rome de la Cour pénale internationale (2014-2017).
Cependant, cette adhésion n’en emporte pas moins des conséquences juridiques substantielles. D’abord, la CPI, juridiction permanente, peut exercer sa compétence à l’égard des personnes pour les crimes les plus graves ayant une portée internationale. La Cour est complémentaire des juridictions pénales nationales (Article 1). Dès lors, rien empêche la CPI, en cas de carence des juridictions pénales nationales, de mettre en branle sa compétence, de plein droit. Ensuite, l’article 7 du Statut de Rome semble saisir opportunément la situation sénégalaise. Les crimes contre l’humanité évoqués dans ledit article présente un intérêt singulier. Ils permettent, ces crimes, de pointer, entre autres, le curseur sur le meurtre, la torture, la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, les disparitions forcées de personnes, etc. L’acuité et l’actualité de telles préoccupations ne sont plus à démontrer. Enfin, faut-il le rappeler, c’est fort de toutes ces préoccupations que le Sénégal en accord avec l’Union africaine (UA) a créé en 2013 les Chambres africaines extraordinaires (CAE). Ce tribunal africain avait en charge de juger les crimes internationaux commis au Tchad pendant le règne de Hissène Habré, du 07 juin 1982 au 1er décembre 1990.
A la lumière de toutes ces considérations, il appert que le vote d’une loi d’amnistie au Sénégal n’engage nullement le Droit international des droits de l’homme. En effet, la loi d’amnistie, depuis le 07 août 2008, n’absout plus les personnes reconnues coupables de crimes contre l’humanité. La révision de 2008 réduit drastiquement la portée de la loi d’amnistie en préparation. Rien n’interdirait demain à la Cour pénale internationale, une fois retenue la qualification de crimes contre l’humanité, de déclarer sa compétence dans certaines affaires sénégalaises, commises entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, soumises à son office. Et, peu importe que celles-ci soient commises au Sénégal ou à l’étranger !
GAZ DU SENEGAL : QUEL ARBITRAGE ENTRE LE CASH DES EXPORTATIONS ET LES BESOINS DOMESTIQUES ?
Les rideaux viennent d’être tirés sur le Forum des pays exportateurs de gaz (Gecf) à Alger, avec l’admission du Sénégal et de la Mauritanie comme membres de cette organisation.
Les rideaux viennent d’être tirés sur le Forum des pays exportateurs de gaz (Gecf) à Alger, avec l’admission du Sénégal et de la Mauritanie comme membres de cette organisation. Fondée en 2001 et regroupant 12 pays, le Gecf revendique 70% des réserves prouvées de gaz et plus de la moitié des exportations mondiales de Gaz naturel liquéfié (Gnl), à l’aune de la transition énergétique.
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (Aie), d’ici 2050, la demande de gaz naturel devrait croitre de manière soutenue, de l’ordre de +34 %, faisant considérablement augmenter sa part dans le mix énergétique mondial, cela même dans le contexte de volatilité sur les marchés du gaz depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Ce trend haussier du gaz place nombre de pays africains, parmi lesquels le Sénégal, devant le dilemme d’un arbitrage. Un choix est à opérer entre, d’une part, des exportations rémunératrices sur les prochaines décennies ; et, d’autre part, le nécessaire réarmement industriel en relevant les défis en termes de réduction des facteurs de production comme l’accès équitable à une énergie bon marché (électrification rurale, baisse du coût des importations de fuel, gaz-to-power). Dit de manière plus triviale : doit-on utiliser notre gaz pour le vendre à l’étranger et profiter ainsi d’un marché haussier en engrangeant de substantielles devises, rééquilibrant au passage notre commerce extérieur, structurellement déficitaire ? Ou alors, doit-on utiliser notre gaz pour accélérer l’accès à une énergie bon marché pour tous les Sénégalais.es, partout sur le territoire national, en atteignant par exemple un taux d’électrification de 100% des villes et villages ?
Cet arbitrage est hautement stratégique dans le sens où se dessine ainsi une amorce de l’industrialisation qui manque tant à l’économie duale du Sénégal – un secteur primaire très peu compétitif et productif, mais qui emploie près de 70% de la main d’œuvre ; un secteur tertiaire boursoufflé, dominé par les services et l’informel (97% de l’économie selon l’Ansd) ; un secteur secondaire encore embryonnaire, alors qu’il demeure le gisement légitime de l’emploi massif. Cet arbitrage se fera également sur l’opportunité d’investissement dans les infrastructures de transport du gaz, véritable nœud gordien du secteur gazier. En effet, le besoin en infrastructures gazières pour l’Afrique est estimé à 250 milliards US ; rien que le coût des gazoducs, ces énormes pipelines transportant le gaz, est de 90 milliards US, sachant que la mobilisation de financements pour des projets fossiles reste ardue. Pour le Sénégal, dans le cadre du projet Grand Tortue Ahmeyim (Gta), partagé à moitié avec le voisin mauritanien, il est prévu une production de 2,5 millions de tonnes de mètre cube de Gnl dans la première phase. Celle-ci serait entièrement dédiée à l’exportation. En revanche, le projet de la Centrale à Gaz du Cap des Biches de 350 millions de USD justement ambitionne de baisser le coût de l’électricité en convertissant les centrales de la Senelec au gaz. On attend de voir les prochains pions avancés pour décrypter où le curseur sera placé.