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19 avril 2025
Opinions
par Mody Niang
POINT DE VUE D'UN CITOYEN SUR LES 100 JOURS DE DIOMAYE
Face aux dérives du système de rémunération des fonctionnaires et aux avantages indus accordés, il est urgent que le nouveau pouvoir engager une réforme en profondeur pour être à la hauteur des changements promis
Le vendredi dernier (5 juillet 2024), j’ai envoyé un long message à Monsieur Amadou Ba, depuis quelque temps, je crois, député à l’Assemblée nationale. Je pensais qu’il était plus disponible que les autres et qu’il réagirait à mon message. Malheureusement, lui aussi a fait comme les autres. Comme les autres, le temps ne le lui a pas peut-être permis. Le message n’ayant rien de secret, j’ai décidé de le rendre public, sous forme d’une contribution. Je précise d’ores et déjà que je ne suis un spécialiste de rien du tout. Je ne suis qu’un citoyen de bonne volonté qui a tenu, depuis une cinquantaine années, à cultiver modestement sa part du jardin national qu’est le Sénégal, notre Sénégal à nous tous et à nous toutes. Ce qu’on appelle les cent jours de nos nouveaux gouvernants ne me laissent alors pas indifférent.
J’ai commencé donc mon message par féliciter Monsieur Amadou Ba, même si je le voyais plus loin. C’est vrai que le poste de député du peuple lui convient parfaitement. Peut-être même que demain, il pourrait être à la tête de l’Assemblée nationale, ce qui serait une excellente chose pour cette institution. En attendant, comme il est plus proche que moi de nos gouvernants, j’ai voulu passer par lui pour donner mon humble avis sur la manière dont ils conduisent les affaires publiques depuis ce 2 avril 2024.
D’abord, je pense humblement, et beaucoup de compatriotes avec moi, que le rythme de la reddition des comptes est lent. C’est vrai que l’Inspection générale d’État a été mobilisée pour auditer, dit-on, prés de soixante-dix structures, y compris certainement beaucoup de ministères. C’est un bon choix, puisque les résultats leur permettront de s’entourer de toutes les garanties et de clouer ainsi le bec à certains de nos compatriotes de l’autre côté de la barrière qui seront prompts à crier : « Encore la chasse aux sorcières ». Mais, en attendant, les dizaines et dizaines de dossiers qui dorment sur la table de l’ancien président-politicien et sur celle du Procureur de la République, doivent être exploités. Y compris d’ailleurs ceux qui épinglent lourdement les vingt-deux restants de la liste dressée par les enquêteurs de l’ancienne CREI. Vingt-deux présumés délinquants qui ont honteusement détourné des centaines de milliards. Certains de ces nombreux dossiers ont été publiés et, depuis lors, aucun des mis en cause n’a été convoqué par la justice, en tout cas pas à ma connaissance.
Or, de nombreux compatriotes attendent avec impatience que les premiers délinquants soient envoyés en prison et dépouillés des biens qu’ils ont honteusement volés au peuple. J’ai aussi parfois des problèmes devant certaines nominations. L’exemple qui retient mon attention parmi tant d’autres, c’est la récente nomination d’un compatriote comme PCA de l’APIX. Mon frère Alla Kane m’a envoyé une vidéo que j’ai transférée à Amadou Ba. Elle nous rappelle qui est réellement ce nouveau promu, ou qui il était. Quand j’ai écouté la vidéo, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d’ailleurs un court message à Alla Kane, que j’ai ensuite transféré à Amadou Ba. Le voici d’ailleurs, pour que personne n’en ignore : « Mon frère, toi qui es plus prés d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Cette nomination doit faire mal aux vrais patriotes qui ont porté le Projet Pastef pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui dont la vidéo nous présente un certain passé ».
Á mon humble avis, nos nouveaux gouvernants doivent s’attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd’hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres, et surtout de deux d’entre eux. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres de l’APR bien connus. J’ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse.
Nos gouvernants doivent aussi d’ores et déjà se pencher sérieusement sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique. Aujourd’hui, les recrutements, les augmentations de salaires et octrois d’indemnités diverses ne s’appuient, pour l’écrasante majorité, sur aucune base légale. L’une des conséquences, c’est que la masse salariale devient de plus en plus insupportable. Si on n’y prend garde, elle pourra aller jusqu’à absorber jusqu’à 50% du budget. Ce serait injuste puisque les agents de l’État ne dépassent pas 160.000, soit moins de 1% de la population. Il faut donc penser d’ores et déjà à remettre tout ce système à plat, donc le réformer profondément. Dans cette perspective, des Assises, comme celles en cours sur la justice, doivent être rapidement organisées. Elles devraient avoir pour objectifs, notamment de mettre un terme à l’iniquité qui caractérise ce vieux système, que le vieux président-politicien et son successeur et sosie ont mis sens dessus dessous, surtout avec ces diverses indemnités qu’ils attribuaient à tout va, et à la tête du client. Une réforme profonde de ce système est nécessaire, réforme qui ne peut pas se faire sans des sacrifices. Des sacrifices qui doivent d’abord venir de nos gouvernants.
Dans un pays qui fait partie des vingt-cinq les plus pauvres et les plus endettés du monde, les salaires les plus élevés ne devraient pas dépasser trois à quatre millions. De même, le nombre et le montant des diverses indemnités devraient être notablement diminués. Dans un pays comme le nôtre, avec son taux de pauvreté et de chômage particulièrement élevé, on ne devrait pas se permettre d’attribuer des indemnités au premier venu, des indemnités de 800.000 à un million de francs. Du temps des Socialistes – il faut le leur reconnaître – l’essentiel de ces indemnités étaient attribuées à des corps spécialisés.
Nos gouvernants devraient aussi avoir le courage de repenser ce qu’on appelle les « fonds communs », qui enrichissent rapidement certains fonctionnaires et autres agents de l’État. Les justifications qu’on en donne jusqu’ici deviennent de plus en plus inacceptables. Et que personne ne m’oppose ces droits dits acquis. Acquis par rapport à quoi ? Et puis, quel mérite les bénéficiaires de ces « fonds » ont-ils de plus que les médecins affectés dans les localités parfois des plus déshéritées du pays et qui, avec des moyens limités, y abattent un travail presque de titan, notamment en y faisant reculer notablement les maladies les plus craintes, surtout par les femmes et les enfants ? En quoi sont-ils plus méritants que les proviseurs, les professeurs, les surveillants et autres qui, chaque année, font les meilleurs résultats aux différents examens ? Ces questions méritent quand même d’être posées. Il convient aussi de le signaler : ces privilégiés de la République – ils le sont réellement – ne ratent pas leurs parts du gâteau, à chaque lotissement de l’une de nos réserves foncières. Ils se les ont d’ailleurs pratiquement toutes partagées, avec d’autres privilégiés de la République et se retrouvant, les uns et les autres, avec plusieurs luxueuses maisons, presque toutes des R + . . . . . . Pendant ce temps, de jeunes couples sont à la recherche désespérée d’une seule parcelle de 150 m2. Nous ne comprendrions pas qu’un gouvernement de ruptures ne prenne pas ses responsabilités devant une telle situation.
Une autre priorité, c’est de réformer profondément l’administration, notamment en la dépolitisant et en l’allégeant, au niveau central comme au niveau décentralisé ou territorial. Il y a trop de directions générales, de directions, de présidences de conseil et de surveillance. Il y a trop de secrétaires généraux de ministères. Au moment où les Socialistes quittaient le pouvoir, il n’y en avait pas plus de cinq. Aujourd’hui, tous les ministères en nomment, y compris ceux qui pouvaient vraiment s’en passer1. On peut faire la même remarque concernant les directions de l’administration générale et de l’équipement (DAGE). Un secrétaire de l’administration générale et de l’équipement (SAGE) suffit bien pour certains ministères.
Au niveau territorial, on remarque les mêmes excès : notre pays compte trop de régions, de départements et d’arrondissements. Du moins, c’est mon humble avis. Nous devrions nous contenter de dix régions au plus. Des régions et des départements ne le sont que de nom. Pour ne m’arrêter que sur un exemple, le Département de Médina Yoro Foulah n’en est vraiment pas un. Il manquerait pratiquement de tous les équipements. Jusqu’à une date récente, il ne compterait pas un seul kilomètre de goudron. Il peut en être de même d’ailleurs des Départements de Ranérou-Ferlo (Matam), de Saraya et de Salémata (Kédougou), qui ne sont pas loin de cette situation. Et que dire de nos communes ? Elles sont plus de cinq cents, dont la plupart ne le sont, elles aussi, que de nom. Nombre d’entre elles ont du mal à réunir le budget qui leur fait vivre.
En outre, le personnel qui les gère est loin d’être à la hauteur. Des secrétaires municipaux en particulier, on en trouve qui n’ont aucune idée du budget, ni du reste du fonctionnement général d’une commune. La communalisation intégrale n’est pas forcément un bon choix. Je connais, dans un département, deux communes qui sont côte à côte et qui feraient à elles deux, une commune qui serait à peine viable. Le système communal devrait donc occuper une bonne place dans les réformes nécessaires que nos nouveaux gouvernants devraient prendre, et qu’ils prendront sûrement. Les dizaines de projets de loi annoncés par la primature s’inscriraient peut-être dans cette perspective.
Enfin, le 24 mars 2024, le peuple sénégalais s’est levé comme un seul homme, comme une seule femme, pour nous débarrasser enfin de cette famille dite libérale, qui nous en a fait voir de toutes les couleurs en matière de mal gouvernance. Il a accordé sa confiance au candidat de la Coalition « Diomaye Président », celui d’Ousmane Sonko dont la victoire, éclatante et sans bavure, a relégué loin derrière le pauvre candidat de de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Cette victoire a suscité un énorme espoir qui ne doit jamais être déçu. Nos nouveaux gouvernants doivent tout mettre en oeuvre pour que ce ne soit jamais le cas, notamment en menant des réformes profondes qui nous débarrassent progressivement et définitivement de ce système odieux, nous empoisonnant l’existence depuis le 7 mars 1963 et, en particulier, depuis le 1er avril 2000.
1 Du temps du vieux président-politicien et de son successeur et sosie, je préférais « y compris des plus squelettiques ». Peut-être que nous n’en sommes pas encore là.
PAR Oumou Wane
LA GUERRE DE 100 JOURS
Je ressens le besoin d’une presse qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines que la presse pourra assumer pleinement son rôle
Depuis l’avènement du nouveau gouvernement en avril, une certaine presse semble s’être engagée dans une véritable croisade démagogique contre les initiatives d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Des articles récents illustrent parfaitement cette dérive populiste et sensationnaliste qui gangrène notre paysage médiatique.
Prenons d’abord l’article qui évoque la proposition de vendre l’avion présidentiel pour financer des cliniques mobiles. À première vue, cette idée pourrait séduire par son apparente simplicité et son potentiel symbolique. Cependant, ce raisonnement repose sur un simplisme trompeur. Vendre un avion présidentiel n’est pas une simple transaction ; c’est une décision mêlant symbolisme politique et pragmatisme financier. Réduire ce sujet à une solution miracle pour améliorer notre système de santé, c’est ceder à la démagogie la plus grossière. Les réformes de santé devraient être jugées sur leur durabilité et leur structuration, plutôt que sur des gestes symboliques destinés à flatter l’ego d’une presse avide de titres accrocheurs.
Ensuite, les critiques indignes sur le sac et les chaussures d’une des premières dames Faye, révèle une autre facette de ce journalisme dévoyé. Les médias semblent plus préoccupés par les querelles personnelles et les critiques acerbes que par une analyse approfondie des politiques publiques. Ce type de journalisme détourne l’attention du public des véritables enjeux. Au lieu de se concentrer sur les insultes et les invectives, les médias devraient encourager un débat constructif et éclairé sur les défis et les solutions pour notre pays.
Il est navrant de voir les médias se vautrer dans la démagogie, préférant les titres chocs et les controverses stériles aux analyses sérieuses et aux critiques constructives. Le rôle des médias est d’informer et d’éclairer, non de fomenter des polémiques inutiles qui n!apportent rien au débat public. En adoptant une attitude plus responsable, les médias pourraient jouer un rôle crucial dans le développement et la stabilité du Sénégal. Au lieu de cela, ils alimentent une atmosphère de méfiance et de confusion, tentant d’empêcher le gouvernement de se concentrer sur ses priorités et de prouver sa valeur.
Depuis l’investiture de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, le nouveau gouvernement a annoncé des réformes ambitieuses. La décision de réaliser un état des lieux économique et financier pour dresser la situation générale des finances publiques est tout à fait nécessaire. Cette démarche, empreinte de pragmatisme et de vision, pourrait marquer le début d!une transformation systémique de notre pays, en phase avec les promesses de campagne de Faye et Sonko.
Cependant, certains médias semblent continuer à suivre une ligne éditoriale peu constructive. Cela soulève des questions sur leur capacité à jouer leur rôle de contre-pouvoir et à informer le public de manière objective. En tant que citoyen, je ressens le besoin d’une presse qui ne se contente pas de relayer des critiques, mais qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité.
Il est temps que la presse sénégalaise se ressaisisse et prenne conscience de son rôle fondamental dans notre société. En se détournant de la démagogie et en revenant à un journalisme de qualité, les médias peuvent véritablement contribuer à la construction d’un Sénégal prospère et juste. Les cent premiers jours du nouveau gouvernement sont cruciaux, et j’espère sincèrement que les médias joueront le jeu en offrant une couverture équilibrée et éclairée des réformes en cours.
Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines et en adoptant une approche journalistique digne de ce nom que la presse pourra assumer pleinement son rôle de quatrième pouvoir, garantissant ainsi un avenir prometteur pour notre pays. Les grandes figures littéraires telles que Victor Hugo, en son temps, ont utilisé leur plume pour éclairer et élever les consciences. Il est temps que la presse sénégalaise s’inspire de ces illustres exemples et reprenne sa place en tant que phare de la vérité et de la justice dans notre société.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa7
par Nioxor Tine
PARACHEVER LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE
Malgré l'espoir suscité par l'alternance, le respect des engagements en faveur d'une refondation institutionnelle reste à confirmer. L’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut en poser les jalons
Le 30 juillet 2024, une Coalition de la Société Civile a tenu une conférence de presse, pour interpeller l’Exécutif sur le respect des engagements pris lors de la signature du pacte national de bonne gouvernance, dans le cadre de la problématique des conclusions nationales et des recommandations de la C.N.R.I.
Les enjeux de parachèvement de nos souverainetés politique, économique et monétaire ainsi que ceux liés à la refondation institutionnelle, agitent le landerneau politique, depuis plusieurs décennies et figuraient, en bonne place, dans le programme de la CA2000, ayant été paraphé par le candidat Abdoulaye Wade et les partis du pôle de gauche, à la veille de la première alternance.
Si le président Wade a eu le mérite historique d’organiser le référendum du 7 janvier 2001, après un large débat national, dans un délai de 8-9 mois, avec, à la clé, une nouvelle Constitution, il faut déplorer que les modifications de la charte fondamentale de notre pays n’aient, en rien, remis en cause ni la dépendance néocoloniale, ni le pouvoir présidentiel monarchique hérité du régime socialiste.
Quant à Macky Sall, un chef expéditif devant l’éternel, maître dans l’art du reniement, du louvoiement et des tergiversations, il empruntera des voies de contournement tortueuses, pour maintenir le statu quo institutionnel, contrairement aux engagements pris devant le peuple des Assises. C’est ainsi qu’après sa victoire survenue le 25 mars 2012, il faudra au président plusieurs mois pour annoncer, lors de la journée des Institutions célébrée le 14 septembre 2012, la mise en place d’une commission nationale de réforme des institutions (CNRI), chargée de prendre en charge 11 problématiques (cf. lettre du 5 novembre 2012 traitant de la commande du chef de l’Etat à la CNRI) inspirées essentiellement des conclusions des Assises nationales et du programme du Yoonu Yokkute.
Le président de cette CNRI, (qui s’avèrera n’être qu’un leurre pour gagner du temps), remettra son rapport au président de la République, le 13 février 2014, presque deux ans, jour pour jour, après l’élection de Macky Sall à la tête de notre pays. On assista alors à une levée de boucliers de la part des militants de l’APR, qui rejetaient les points-clé du rapport, raillant au passage ce qu’ils estimaient être des prétentions infondées d’intellectuels, sans aucune assise électorale, de limiter les prérogatives de leur leader plébiscité par un score flatteur, lors de son accession au pouvoir.
Pas étonnant, dès lors, que le président Sall ait attendu quatre longues années pour soumettre, lors de la consultation référendaire du 20 mars 2016, son projet de réforme constitutionnelle, caractérisé principalement, par le fait qu’il passe sous silence les problématiques liées à l’équilibre et à la séparation des pouvoirs.
On connaît la suite. Le refus de résoudre les dysfonctionnements institutionnels identifiés, depuis plusieurs décennies, allait exacerber les contradictions et conduire le régime de Benno Bokk Yakaar à commettre des forfaitures politiques en série, avec l’objectif inavoué de détruire les fondamentaux démocratiques de notre Nation. On peut citer pêle-mêle, le sabotage du processus de décentralisation par l’acte 3, la déstructuration de notre système électoral (loi sur le parrainage), la mise en coupe réglée du Parlement avec des abus itératifs de majorité, la routinisation des violences verbales et physiques et les intrusions intempestives des FDS au sein du Parlement. Mais ce que les historiens retiendront de l’ère de Benno Bokk Yakaar, ce sera l’instrumentalisation de la Justice doublée d’une criminalisation systématique des activités politiques les plus banales, qualifiées de terroristes et d’atteintes aux droits humains élémentaires, donnant lieu à des arrestations de masse.
Les acteurs politiques d’un certain âge avaient la très nette impression d’un retour de quarante années en arrière, à l’époque de la glaciation senghorienne, dans un contexte de parti unique.
C’est tout le mérite de l’opposition sénégalaise, particulièrement du parti Pastef, d’avoir opposé une résistance farouche à ces velléités dictatoriales, confirmées par le putsch constitutionnel du 3 février 2024, que les masses populaires sénégalaises ont fermement rejeté, permettant ainsi au conseil constitutionnel d’invalider les décret et loi illégaux, censés reporter la date de l’élection présidentielle.
Pour avoir davantage mis l’accent sur des préoccupations électoralistes avec des candidatures fantaisistes, au lieu de privilégier les contenus programmatiques et une démarche unitaire, l’opposition a favorisé un vote utile massif en faveur du Pastef, qui avait porté tout le poids de la lutte et dont le candidat a été élu dès le premier tour, avec 54, 28% des voix.
Rappelons, que lors de l’élection présidentielle de 2012, le cas de figure était différent et que le président Macky Sall devait affronter Abdoulaye Wade, au deuxième tour, en partant du maigre score de 26,58% !
A l’époque, M. Mamadou Ndoye, figure de proue du Sursaut Citoyen, avait publié une tribune intitulée « Urgences et responsabilités historiques de la gauche sénégalaise », dans laquelle, il plaidait, pour que la gauche sénégalaise puisse peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour, un accord politique clair et précis avec le candidat Macky Sall. Il n’avait malheureusement pas été entendu et on connait la suite, à savoir le règne calamiteux de Macky Sall et de sa Coalition unanimiste et grégaire.
Cette fois-ci, la situation semble être plus favorable, comme le prouvent le parcours du Pastef, depuis sa naissance et la signature du pacte national de bonne gouvernance, qui est dans le sillage des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions.
Néanmoins, certains signes ne cessent d’inquiéter.
Il y a d’abord cette propension à user, de manière pragmatique, des manières de faire et même des lois léguées par le pouvoir apériste alors qu’elles sont théoriquement appelées à disparaître. Nous citerons les interdictions quasi-systématiques des manifestations des travailleurs, les condamnations unilatérales des initiatives de résistance populaires comme Ubbi Deuk, les déguerpissements des marchands ambulants sans mesures d’accompagnement et des lois portant sur le délit d’offense au chef de l’Etat et sur la diffamation…etc.
Certes, des aspects positifs comme les initiatives dans le domaine du foncier, incluant le domaine privé maritime sont à saluer.
En réalité, nous ne remettons pas en cause la bonne foi du duo Diomaye-Sonko, mais l’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut poser les jalons d’une nouvelle gouvernance, en adoptant une approche inclusive, c’est-à-dire en y associant toutes les bonnes volontés. Le camp patriotique, qui rejette, à juste titre la transhumance, doit néanmoins édifier un large front pour la défense des valeurs, qu’il se targue d’incarner. Il ne faudrait pas commettre la même erreur que le Grand Maodo (qui a d’ailleurs fait son autocritique), en se coupant des forces acquises au renouveau démocratique de notre Nation.
Une nouvelle charte fondamentale, qui devra être adoptée par référendum est une nécessité incontournable, qui symbolisera la naissance d’une nouvelle République au service des intérêts populaires.
Le président est de retour à Paris, à l’occasion de l’ouverture officielle des Jeux Olympiques 2024. Ça lui fera, en moins de deux mois, son deuxième séjour en France
Le président Bassirou Diomaye Faye est de retour à Paris, à l’occasion de l’ouverture officielle des Jeux Olympiques 2024. Ça lui fera, en moins de deux mois, son deuxième séjour en France. La première fois, c’est la première Première dame qui l’accompagne ; à la seconde, c’est la deuxième épouse.
Bien entendu, compte tenu du niveau du débat public, ça s’est beaucoup questionné sur le… sac à main de Madame Diomaye Faye, deuxième du nom. On peut s’estimer heureux, le débat aurait pu tomber bien plus bas.
Les effets de l’application stricte de l’article 80 observée ces derniers temps ?
Toujours est-il que l’on assistera à un questionnement philosophique de haute facture sur le sac à main de Madame la deuxième Première dame : est-ce un Céline original, très classe, qui coûterait près de trois millions de nos misérables francs Cfa ou une vulgaire imitation achetée dans un bazar de Sandaga ?
Dans le premier cas, on peut toujours se demander quels secrets de femme peut bien garder un sac qui coûte aussi cher ; foin du misérabilisme, il faut bien que les deniers du contribuable rehaussent le standing de nos dirigeants. Ils n’auront pas enduré le parcours du combattant dont un passage par la case prison, pour ensuite venir jouer les crève-la-faim.
De toutes manières, ce n’est pas dans le style de l’homme : le modeste inspecteur du fisc qu’il est, malgré ses environ trois cent mille francs de salaires mensuels, ne meurt pas de faim ; son pied-à-terre dakarois, qu’il occupe malgré lui, loin des coups de pilon de son Ndiaganiao matinal, selon le journal officiel, coûterait après expertise, terrain et constructions, l’un dans l’autre, pas loin des 275 millions, en vulgaires Cfa.
Passons sur son champ de plus de quatre hectares et autres propriétés de moindre envergure… La question que tout le monde se pose, en cachette bien entendu, article 80 oblige : comment cela peut-il se faire ?
Mauvaise pioche
On devrait plutôt se demander pourquoi tous les Sénégalais moyens n’ont pas ce patrimoine. C’est sans doute au «Projet» d’y remédier. Ses prophètes ont pour cela cinq ans de stage et cinquante ans de mirage.
Faudrait souhaiter bien du plaisir à leur 54% d’électeurs ?
Et puis, trêve de pinailleries : tout ceci est derrière lui désormais. Il y a le modeste salaire du fonctionnaire sorti de geôle pour devenir président de la République qui fait des bonds de crapaud entre mars et avril 2024, flirtant avec les cinq millions mensuels ; bien entendu, les fonds «politiques» comptent pour du beurre qui devrait fondre au soleil ; quant à sa modeste Ford à 19 millions (toujours en p’tits Cfa qu’on devrait larguer selon le «Projet» d’avant mars 2024) par un coup de baguette mackyavélique, elle se transforme en un parc automobile et une flotte aéronautique…
Tout ça pour dire que Madame la deuxième Première dame, laquelle est dans notre histoire, suprême honneur, la première deuxième dame sénégalaise, devrait pouvoir collectionner les sacs Céline, les robes Dior, les bijoux Van Cleef and Arpels, les lunettes Rayban, les escarpins Louboutin, fleurer bon les senteurs Chanel sans que des esprits chagrins ne s’en indignent.
C’est vrai, des escarpins, des bijoux, des sacs et des tailleurs, les stylistes sénégalais en produisent. Mais Madame la deuxième Première dame n’est pas obligée de s’en encombrer : des goûts et des couleurs, dit-on…
Il se trouve quand même dans la plèbe, quelque manant zélé qui tient à ce que la modestie présidentielle soit préservée. Rappelez-vous, la petite promenade républicaine, un jour de semaine, aux heures de bureau, pour faire comme n’importe quel musulman sénégalais : acheter à chaque épouse une respectable bête à cornes torsadées pour presque rien. C’est aussi cela l’esprit : foin du gaspillage !
Et donc, pour préserver l’image du président de la République qui préfère les coups de pilon du petit matin bucolique de Ndiaganiao au clairon de la Garde rouge présidentielle urbaine, un souk de Sandaga présentera sur les réseaux sociaux le modèle en contrefaçon du Céline avec une détermination touchante, exposant Madame la deuxième Première dame au risque de voir une brigade parisienne de défenseurs de la propriété intellectuelle foncer sur elle en pleine soirée de gala pour saisir son sac…
On s’égare. Revenons au séjour parisien du couple présidentiel.
On s’épargnera la saillie de son Premier ministre qui attend que son employeur soit en France pour poser le débat surréaliste de la réhabilitation de la dignité africaine via la réécriture de l’histoire des «tirailleurs africains», redevenus sénégalais pour l’occasion.
Un sujet qui aurait pu fâcher, tout comme sa tirade contre le Président français à l’occasion de la visite de l’opposant Jean-Luc Mélenchon.
M. Ousmane Sonko, que le doute raisonnable n’habite pas, pour la seconde fois, concernant la France, entre par effraction dans les relations internationales et la diplomatie, lesquelles, dans les usages comme dans la Constitution, relèvent du domaine réservé du chef de l’Etat.
Si ce n’était que ça…
Quel que soit le bout par lequel on la prend, l’affaire des tirailleurs sénégalais morts à Thiaroye en 1944 est une affaire franco-française. Des Nègres originaires des colonies décident de servir la France ; pas seulement pour la guerre de libération de leur pays contre l’Allemagne ; bien avant cela, pour que les comptoirs du Sénégal deviennent une colonie du même nom, il se trouve des autochtones enthousiastes à l’idée de rallier les troupes françaises, histoire d’achever la mission civilisatrice.
Ils seront les spahis, en remplacement des Algériens et autres, qui vaincront les roitelets locaux dont le mauvais goût sera de se prendre pour des résistants ; ils feront respecter l’ordre colonial sans se faire beaucoup de scrupules quant à la méthode. Ils seront des armées qui libèrent la France en 1945, tout comme des troupes en déroute qui ramènent des estropiés et des dépressifs d’Indochine et d’Algérie.
Sur la même lancée, les «souverainistes» locaux, sous la houlette de Guy Marius Sagna, pressent les maires de «décoloniser» l’esprit de nos villes. Il y a des noms de rues qui ne sonnent pas africain. C’est le remake des débaptisations de «l’école nouvelle» des années 80, et du débat plus récent sur la statue de Faidherbe à Saint-Louis qu’il faut ôter des yeux des gens honnêtes. Le pont du même nom, que Gustave Eiffel a construit, pourrait, par la même occasion, être démonté et rentrer en France, n’est-ce pas ?
Oubli fâcheux…
Prière de ne pas ricaner
Le président de la République d’un pays sérieux est un Vrp, en déroulé «Voyageur représentant placier». A chacun de ses voyages, il vend la science, le savoir-faire de ses compatriotes, la qualité de vie qui attend les touristes bien inspirés de visiter son beau pays.
Lors d’un voyage officiel, le Président Senghor aurait offert à l’Empereur du Japon d’alors, Hirohito, une fresque des tapisseries de Thiès qui aurait ravi le souverain nippon, lequel, en retour, aurait passé commande d’œuvres de plasticiens sénégalais… Le Premier des Sénégalais de la période des indépendances, convaincu que le Sénégal serait la capitale du monde noir, ne manque alors jamais de mettre en valeur le talent de ses artistes. C’est ainsi qu’une fresque murale des tapisseries de Thiès orne le hall des Nations unies à New York.
Dans ses déplacements, le président Senghor ne manque pas d’offrir le spectacle des troupes de danse sénégalaises, en plus de ses remarquables plaidoyers pour la culture, le tiers-monde, le métissage et la civilisation de l’universel.
A Paris, une ville qu’il connait depuis sa folle jeunesse, en réponse au «sourire Banania» qui orne dans les années quarante la capitale pour vendre de la poudre de cacao, une fois président de la République, au milieu des années soixante-dix, il sonnera la charge vengeresse à travers une trentaine d’œuvres de peintres sénégalais dont les œuvres balafreront la capitale française.
Les voyages du président Senghor étaient autant de plaidoyers pour la culture, le savoir, le savoir-vivre et le savoir-faire sénégalais. Quand il prend la parole, depuis l’autre bout de la planète, ça résonne partout, jusque dans notre fierté. On n’imagine pas un exilé camerounais se vanter de lui administrer quelque leçon que ce soit.
Question impie : pourquoi le président Diomaye Faye voyage-t-il donc tant ?
Par Thierno Birahim FALL
POUR UNE SOUVERAINETE ALIMENTAIRE REUSSIE
Je m’adosse sur mon expérience de 27 années passées dans l’administration et un peu plus de 10 dans les organismes et la consultation. Mais ce que je retiens surtout, c’est mon expérience d’exploitant agricole qui a débuté depuis 1984
Je me permets de faire cette contribution pour à la fois m’ acquitter de mon devoir de citoyen , susciter le débat et la réflexion des acteurs de ce domaine parmi lesquels on peut compter beaucoup de collègues qui comptabilisent une très grande expérience et qui affichent une disponibilité . Je m’adosse sur mon expérience de 27 années passées dans l’administration et un peu plus de 10 dans les organismes et la consultation. Mais ce que je retiens surtout, c’est mon expérience d’exploitant agricole qui a débuté depuis 1984.
Comme liminaire, la première partie développée certes ne concerne pas les spécialistes du domaine mais aiderait les non-spécialistes à mieux saisir les contours de ce domaine Ainsi je retiendrai dans mon analyse la notion de développement rural regroupant spéculations animales, végétales, l’eau et les forêts et même dirais-je, la pèche continentale comme on nous l’a appris dans les écoles d’agriculture et les facultés agronomiques puisque reflétant plus la réalité des terroirs.
C’est cette complémentarité qui fonde l’agriculture pratiquée de tout temps par les anciens par la pratique de l’assolement et la rotation, la mise en jachère des terres, l’amendement organique grâce à l’aménagement des pâturages car il ne sert à rien de faire de grandes superficies pour ne pas respecter les principes d’une bonne agriculture et vouloir obtenir de bons rendements.
UNE BONNE AGRICULTURE SUPPOSE LE RESPECT DE CERTAINES REGLES, A SAVOIR :
Un sol bien amendé pour retenir l’eau et les engrais, pour à la fois favoriser la vie microbienne, aérer le sol pour un bon développement racinaire et fournir en lui-même, les éléments nutritifs. De l’engrais sans amendement est une perte. L’engrais minéral n’est qu’un complément du disponible pour couvrir les besoins de la plante Une bonne fertilisation doit débuter par une analyse du sol pour savoir la nature des composantes de ce sol, sa disponibilité en matières minérales et organiques et autres éléments nutritifs. C’est la complexité de cette démarche et son coût qui a fait que la recherche a préconisé certaines formules pour faciliter son utilisation.
De l’eau en quantité et qualité suffisante et pour les cultures dépendant de la pluie, c’est la répartition qui est le facteur déterminant. Des semences de bonne qualité. Ici, ce sont les semences certifiées qui sont visées. D’ailleurs l’association des ingénieurs de l’agriculture (ASIA) a fait une réflexion approfondie et produit des recommandations qui précisent de façon claire les dispositions à mettre en œuvre pour régler cette question qui taraude les esprits et qui est le grand goulot d’étranglement pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire.
L’APPLICATION DE BONNES PRATIQUES CULTURALES
Une exploitation et une adaptation des techniques en fonction de l’environnement (l’ensoleillement dans son intensité et sa durée, le vent, la pluie, l’humidité etc.). Puisque ces éléments agissent sur la plante et la réaction est différente selon les espèces, car chaque plante a sa personnalité et réagit différemment au milieu. Tout producteur ou spécialiste de l’agriculture est météorologue. De tout temps, les agriculteurs scrutent les étoiles, observent le changement saisonnier, la réaction des arbres au climat, en résumé les phénomènes édaphiques pour préparer leur campagne. Ces principes campés, analysons la situation actuelle de l’agriculture.
Commençons par les structures Pour ceux de l’Etat, nous ciblons la recherche, les directions techniques des ministères du secteur, les structures d’appui.
Concernant la recherche, il y a une absence de financement adéquat et suffisant orienté sur les contraintes de développement .Des structures de pilotage pas à la hauteur. Le choix de la présidence du conseil et des administrateurs n’est pas en conformité avec les capacités que doivent détenir des dirigeants en charge de ces structures pour une meilleure définition et orientation des programmes de recherche.
Pour les directions : Direction de l’agriculture (DA), Direction des végétaux (DPV), Direction de la prévision et statistique agricole (DAPSA) On note pour l’agriculture une insuffisance notoire de personnel à tous les niveaux d’exécution, de moyens logistiques et d’équipement (direction régionale, service départemental) et une absence de ligne hiérarchique, les directions régionales ne dépendent pas de la direction, ce qui pose déjà un problème de coordination.
La DAPSA focalisée essentiellement sur les statistiques alors que l’essence même de l’érection de cette direction était de mener des études sur le secteur rural pour permettre une meilleure connaissance et une bonne orientation des actions. Il faut souligner que la direction de l’agriculture a toujours disposé d’une direction chargée des études.
La DPV, quant à elle, traine les mêmes maux que les directions étudiées plus haut
On note surtout de la part des directions une absence de contrôle et de suivi des activités, en résumé une absence de matérialisation des tâches régaliennes de l’Etat. Pour cela, on peut citer quelques actes de défaillance telle que la régularisation de la vente des produits phytosanitaires, activités effectuées par des personnes sans formation ni autorisation. De même pour la commercialisation des semences de toutes espèces, qui demande une autorisation et une carte pour exercer cette activité. Je rappelle seulement que des lois ont été votées pour cela. La difficulté dans le contrôle et la certification de semences.
L’absence de coordination efficace et efficiente pour le cabinet qui doit coordonner les structures régionales, les directions, les programmes et projets entrainant une dispersion et une inefficacité des actions au niveau des ministères, beaucoup de projets sous tutelle directe de la hiérarchie et avec des structures intervenant dans le secteur.
L’absence de mémoire institutionnelle à tous les niveaux par la présence de personnes physiques ayant longtemps séjourné dans les structures, d’archives ou de documentation.
Les structures d’encadrement : Elles ont remplacées par des structures d’appui comme l’Ancar alors que le niveau du monde rural n’a pas encore atteint ce niveau, entrainant du coup la non prise en compte de leurs besoins. L’encadrement s’avère aujourd’hui plus que nécessaire au regard des besoins de pénétration des nouvelles techniques et innovations.
Les structures coopératives mise en place depuis l’indépendance, ont été affaiblies par les coopératives mises en place par le gouvernement d’Abdoulaye Wade, structures qui n’ont pas prospéré. Ces structures affaiblies ont été remplacées par des structures de substitution mises en place avec l’avènement de la privatisation du développement rural demandant à l’Etat de se retirer de la production. Ces structures de remplacement qui sont généralement des organisations faitières sont pour la plupart généralement faibles institutionnellement (absence ou insuffisance de ressources humaines, matérielles et financières etc. …)
DISPOSITIONS URGENTES A PRENDRE
Renforcer et réorganiser les structures de l’Etat et celles de l’encadrement • Redéfinir les lignes hiérarchiques entre les directions nationales, Les directions régionales et les projets pour plus d’efficacité et de coordination .
• Revoir les missions de la recherche par une orientation des programmes axés sur les besoins et contraintes du développement rural , tout mettant à leur disposition les financements nécessaires et un réaménagement des structures de management conseil d’administration et autres structures
• Revoir les approches de l’encadrement pour l’adapter au mieux aux besoins des producteurs
• Rendre disponibles les facteurs de productions, semences certifiées en mettant en place des schémas de production adéquats et une épuration des opérateurs et multiplicateurs puisqu’on ne dispose pas de semences certifiées ou en quantité faible. Une expérience et une expertise est encore disponible qu’il faudra remobiliser
• Les engrais : c’est impératif qu’on ait une usine ou une reprise de celle existante ; Il est anormal qu’on se retrouve avec des campagnes agricoles sans engrais ou une insuffisante quantité disponible comme ce qui a été le cas pour la campagne 2022/2023. C’est l’occasion de rappeler qu’ en matière de fertilisation, il y a une démarche à suivre comme décrit plus haut , ce qui renvoie à la nécessité de voir d assez près le phosphatage de fond puisqu’ il y a eu des actions dans le passé qui n’ont pas atteint les résultats escomptés L’institut de pédologie doit pouvoir amener sa contribution • Dynamiser, responsabiliser et impliquer les structures coopératives dans les prises de décisions et l’exécution des programmes
• Demander aux organismes de financement et aux Sociétés financières décentralisées (SFD) de s’adapter aux conditions de développement du secteur en adoptant des conditions souples et à des taux supportables pouvant permettre une rentabilité des projets financés. Le rôle de l’état est attendu à ce niveau
• Revoir le programme de mécanisation et de motorisation et d’équipement du monde rural. Des recherches sont importantes à mener pour proposer des outils à la dimension des fermes agricoles et des façons culturales adoptées, n’oublions pas que la majeure partie des fermes agricoles sont de petite taille. Un recensement des techniques, outils et méthodes culturales utilisés est nécessaire. je retiens quelques exemples qu’on peut citer comme les semis d’oignons et de pommes de terre. Celle d’oignon se fait par un passage en pépinière qui prend 45 jours et le repiquage qui est manuel avec les délais de reprise, ce qui se résume en une perte de temps énorme alors que le semis direct permet des gains de temps dans le calendrier , une économie des dépenses et une possibilité d’intensifier son calendrier cultural. Tout cela est possible avec un outillage adapté, ce qui n’est pas le cas. Il reste entendu que toutes les mesures ne seront d’effet que si les personnes chargées d’animer ces structures ont la pleine conscience qu’ils doivent jouer leur rôle en toute responsabilité et compétence sans se préoccuper de se gérer au lieu de gérer les structures qu’ils dirigent, ce à quoi on assiste actuellement
CONCLUSIONS
Cette modeste contribution a pour but d’enfoncer des portes ouvertes car chacun des points évoqués doit être détaillé. Aussi elle ouvre la réflexion aux techniciens pour leur contribution à ce débat pour orienter celle-ci sur l’essentiel. L’autre élément qui devrait suivre dans le court et moyen terme, serait de dresser les orientations du secteur, j’entends le développement rural dans ses parties hydraulique, forêt, les composantes animale, végétale et l’aquaculture afin de faire suivre à cette orientation, la définition d’une politique agricole pour mieux cerner le développement agricole
Thierno Birahim FALL
Ingénieur Agronome de classe exceptionnelle
Retraité et Exploitant agricole
Par Amadou Tidiane Wone
QUI PAYE LES CHRONIQUEURS ?
L’espace médiatique sénégalais est propice à toutes sortes d’usurpation d’identités
L’espace médiatique sénégalais est propice à toutes sortes d’usurpation d’identités. La complaisance des professionnels de l’information et de la communication, voire le laxisme dont ils ont fait preuve, quant à la protection du prestige, des valeurs éthiques et déontologiques de leurs métiers, ont laissé entrer dans la bergerie toutes sortes de loups. Voraces, sans foi ni loi. Au fil du temps, des usurpateurs qui pensent qu’il suffit de parler le plus fort, pour avoir raison, se sont imposés comme les baromètres normatifs de l’opinion publique ! En fait, ils imposent leurs avis et orientent, à leur guise, les tendances de l’opinion du plus grand nombre. La quantité faisant rarement bon ménage avec la qualité, cela aboutit à des plateaux, de télévision et de radio, qui ressemblent plus à un ring où les coups (bas ?) sont donnés à coup de hurlements et de vociférations… J’admire ceux qui peuvent regarder plus de deux minutes certaines « émissions » dont la toxicité explique, largement le niveau de pauvreté morale vers lequel nous plongeons, collectivement.
La question en titre s’impose. Puisqu’il est généralement admis que « qui paye commande », il faut savoir qui paye, comment et à quelles fins. Car, l’information étant un Pouvoir, il est également temps, à l’instar de tous les Pouvoirs de se pencher sur les limites et les conditions préalables d’exercice des métiers qui donnent accès à sa manipulation ! Des sujets touchants aux croyances d’autrui et aux mœurs, ainsi qu’aux valeurs sociales qui cimentent la Nation, doivent être encadrés et les dérives y afférents fortement sanctionnées. L’honneur des citoyens, et leur vie privée, doivent être protégés des langues de fiel destructrices, impunément. La liberté d’expression n’est pas la liberté d’agression ! La tenue et la retenue sont des vertus indispensables pour qui prétend apporter un plus au débat public. Rendre intelligible sa pensée, sans offenser ni nuire à autrui, est le minimum prérequis d’un professionnel de la communication.
Haro donc sur les insulteurs ! Haro sur les mauvais « influenceurs » cette nouvelle espèce dont les prétentions sont circonscrites au nombre de vues sur les plateformes digitales… Ils sont rares, voire inexistants, ceux dont les discours pourraient changer leur quartier…Que dis-je ? Certains n’ont aucune influence dans leur propre maison ! Vanité et prétention ! Mégalomanie et luxure …Les ingrédients d’une société en perpétuelle représentation sont réunis pour faire de l’espace public sénégalais une arène de la déchéance morale où s’affrontent les moins que rien autour de presque rien !
Il va falloir choisir entre regarder et laisser faire ou réagir collectivement !
Au demeurant, combien de sénégalais font de belles choses dont personne ne parle ? Il y’a tellement de réussites individuelles, ou collectives, qui mériteraient notre attention et notre soutien pour produire des leaders qui pourraient tirer votre pays vers le haut ! Il y’a tellement de savants délaissés, au profit de brèves vidéos qui flattent nos bas instincts et nous immobilisent une journée entière ! Nous sommes ainsi littéralement dévorés par les minutes qui s’égrènent …. Inexorablement. Ces moments perdus blanchissent nos cheveux, assombrissent notre vue, bref dévastent notre santé et notre bien-être… Et bienvenue aux fléaux des temps modernes : diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires et que sais-je encore ? Toutes ces malédictions de la sédentarité que favorisent l’irruption et la dissémination du téléphone portable. Le plus grand diffuseur des prêt-à-penser que nous livrent, à domicile, les réseaux dits « sociaux » …Asociaux oui ! Tant les liens humains se désagrègent au gré des algorithmes qui favorisent, ou discriminent, les rencontres en fonction des paramètres et des objectifs du concepteur de telle ou telle application…
Rien n’est gratuit !!! Malgré les apparences. Nos données personnelles font l’objet de transactions fort lucratives. Et nous travaillons…gratuitement pour les fondateurs et propriétaires de Facebook, Tik Tok, Instagram et toutes ces plateformes digitales qui vendent des illusions d’être. En effet, personne n’y publie ses échecs ni ses photos les plus moches : Tout est mis en scène sous ce que l’on considère le meilleur angle pour se valoriser et tromper les autres, en commençant par soi…Fake world ! Et tout le monde sourit de la même manière, une moue universelle est née : les lèvres jointes comme pour poser un bisou sur qui verra passer la photo de quelque part sur les réseaux planétaires… Illusion sur illusion !
Pour revenir à notre réflexion de ce matin, le métier de chroniqueur et tous les sous métiers dérivés doivent impérativement être normés. A tout le moins des séminaires de mise à niveau, au CESTI ou dans d’autres institutions spécialisées, doivent être exigibles avec des attestations en bonne et due forme. Des modules, sur la déontologie, la précision des faits évoqués à l’antenne qui doivent être vérifiables, le commentaire restant libre. Les limites à ne pas dépasser sur la vie privée d’autrui et, tant d’autres prérequis, pourraient bonifier la qualité du débat public et le rendre plus fécond.
Le statut et les salaires, les conventions collectives et tous les textes réglementaires qui doivent encadrer l’exercice de tous ces nouveaux métiers sont des impératifs de sécurité publique pour nos jeunes nations en construction.
Jub, Jubbal Jubbanti ne doit pas rester un slogan de plus, creux et sans impact sur le réel ! C’est une tâche collective qui nous interpelle… Individuellement !
La victoire du peuple en 2024, c’est aussi celle de l’exigence d’une nouvelle gouvernance qui passera par une remise en ordre, systématique, du chaos consécutif à des années de laisser aller, laisser faire…
STOP
Amadou Tidiane Wone - Baba
Par Idrissa Doucouré
SOUVERAINETE OU SOUMISSION ?
Les nouvelles autorités, investies d'une mission sacrée, doivent relever un défi monumental : redéfinir la souveraineté nationale dans un monde en proie aux évolutions géopolitiques, complexes et insaisissables.
Il était une fois, sous le soleil éclatant et bercé par les vagues de l'Atlantique, un peuple fier et résilient. Le Sénégal, terre de Téranga, se trouve à un carrefour crucial de son histoire. Les nouvelles autorités, investies d'une mission sacrée, doivent relever un défi monumental : redéfinir la souveraineté nationale dans un monde en proie aux évolutions géopolitiques, complexes et insaisissables.
Le monde est un village planétaire, dit-on. Mais que signifie réellement cette expression aujourd'hui ? Les puissances économiques mondiales, véritables maîtres du jeu, ne sont-elles pas les véritables décideurs de notre destin ? L'argent, ce nerf de la guerre, ne dicte-t-il pas les règles du jeu ?
Le diktat continue. Le Sénégal attendait un décaissement de 230 milliards du FMI, bloqué car notre ministre des finances doit s'expliquer sur un Eurobond mobilisé récemment sans l'approbation des "gendarmes du monde". Pourquoi accorder la moindre considération à ces apprentis dictateurs mondiaux ? Avons-nous besoin de faire approuver nos programmes de développement par les institutions de Bretton Woods ?
Depuis l'avènement du nouveau pouvoir, combien de conférences hors d’Afrique, combien de défilés d’experts internationaux venus rencontrer nos nouveaux décideurs ? Face à une pression économique et populaire croissante, le pouvoir cédera-t-il à la tentation des emprunts conditionnés ? N'est-ce pas là un début de renoncement à un élan souverainiste affirmé, ou le signe d'un réalisme face aux nombreux défis qui assaillent le nouveau regime?
Le rôle du peuple est crucial. La pression pour la réduction des prix du riz, de l'huile, du pain, montre que le peuple doit comprendre les enjeux. Mais en a-t-il la lecture et la patience?
Ces grands changements nécessitent un soutien massif et inébranlable. Comme l'a dit Nelson Mandela, "La liberté ne peut être atteinte que par la lutte collective de ceux qui sont opprimés." La mobilisation populaire est essentielle pour soutenir les nouvelles autorités, résister aux diktats extérieurs et menaces internes, orchestrées par les mauvais perdants et leurs suppôts.
Pour réussir cette transformation systémique, des concertations populaires sont impératives. Ces dialogues permettront de mieux gérer les attentes, de définir ensemble les objectifs à atteindre et de mesurer les efforts nécessaires. "Le sacrifice est le prix que nous payons pour la liberté." Il est temps de redéfinir nos relations internationales, non seulement avec la France, mais aussi avec l'Allemagne, la Chine, et d'autres puissances, pour un équilibre plus juste.
Il est aussi crucial de faire confiance à l'expertise nationale pour mobiliser les ressources et trouver des solutions pour la prospérité de notre pays. Les talents sénégalais, présents dans tous les domaines, doivent être mis à contribution pour bâtir un avenir radieux.
En conclusion, nous lançons un appel vibrant à tous les segments de la société sénégalaise : unissons-nous pour que l'agenda de souveraineté du Sénégal devienne une réalité. Que les autorités marquent une rupture nette avec les pratiques du passé, en instaurant plus d'équilibre et de réciprocité dans nos relations internationales. Ensemble, nous pouvons transformer notre pays et faire de la souveraineté une véritable force motrice pour notre développement. Le Sénégal de demain se construit aujourd'hui, et c'est ensemble que nous y parviendrons.
Par Youssoupha BA
LA « DEFRANCISATION » EN MARCHE...
Depuis son entrée en politique, en 2014, M. Ousmane Sonko, leader du parti Pastef et actuel Premier ministre, a placé le souverainisme au cœur de sa politique de transformation économique et sociale.
Depuis son entrée en politique, en 2014, M. Ousmane Sonko, leader du parti Pastef et actuel Premier ministre, a placé le souverainisme au cœur de sa politique de transformation économique et sociale.
Pour lui, seule cette doctrine peut faire sortir le Sénégal et l’Afrique de leur situation d’arriération mais aussi rompre les chaines de la servitude qui les assujettissent à l’Occident. Pour nous projeter vers un avenir meilleur, il fallait donc revoir, à défaut de le couper carrément, le link avec l’ancien colonisateur, ne dépendre que de nous- mêmes avant de nous ouvrir vers le reste du monde.
Pour réaliser ce rêve auquel peu de nos compatriotes croyaient, il lui fallait dans un premier temps avoir le courage d’élever la voix pour se faire entendre ici et ailleurs. Au fil du temps, écouter Ousmane Sonko c’est comme prêter oreille aux grands panafricanistes qui ont longtemps porté le combat pour la liberté du continent noir.
Le jeune leader politique, à force d’arguments convaincants, est devenu ainsi l’icône de tout un continent particulièrement de sa frange jeune. Dès lors, son accession au pouvoir dans le sillage du président Bassirou Diomaye Faye était perçue comme un pas important pour affranchir les pays africains de leur dépendance monétaire, de l’exploitation de leurs ressources, de la présence des bases militaires étrangers sur leurs territoires, du copiage des textes qui régissent leurs constitutions, de l’utilisation de la langue d’autrui dans l’éducation, du déséquilibre à grande échelle sur les contrats miniers et autres etc.
Conscient qu’un tel changement de paradigme pouvait contribuer à freiner sa puissance économique, et sa domination au sens large, l’ennemi était résolu à faire échouer cette entreprise révolutionnaire. Après moult tentatives plombées par le soutien indéfectible de son peuple debout à ses côtés, ce qui fut le rêve de Sonko finit par se réaliser au prix de plusieurs dizaines de morts avec comme seule consolation pour l’Occident l’invalidation de sa candidature, lui le héros et chantre du souverainisme africain.
Sa candidature invalidée, Ousmane Sonko a tout de même réussi contre vents et marées à faire participer à l’élection présidentielle son frère siamois et plus que jumeau, Bassirou Diomaye Faye. Une fois installé dans ses nouvelles fonctions, le nouveau Président, plutôt que de commencer par la France comme le faisaient ses prédécesseurs, a choisi d’effectuer des visites de prise de contact dans les pays voisins du Sénégal, comme pour montrer que rien ne sera plus comme avant désormais.
Sa visite effectuée beaucoup plus tard chez l’ancien colonisateur, loin d’être motivée par un souci d’aller tendre la main, lui a permis d’y tenir un discours qui rassure quant à sa volonté d’instaurer des rapports plus équilibrés — un partenariat gagnant-gagnant—avec la France. De quoi donner espoir à une jeunesse qui, pour une fois, peut entretenir le rêve de trouver le bout du tunnel sans braver la mort.
La forte présence des entreprises françaises au Sénégal, le pillage à outrance de nos ressources halieutiques, la mainmise sur les secteurs stratégiques de notre économie ainsi que la présence de bases militaires françaises dans notre pays sont en phase d’être revisités.
Concernant la révision de notre charte fondamentale, des réformes majeures dont certaines calquées sur nos réalités socio culturelles sont annoncées. Idem pour le fonctionnement de notre administration qui, de plus en plus, fait l’objet de changements en profondeur pour la rendre plus efficace et davantage efficiente.
Mais le plus salutaire, en tout cas le plus symbolique, dans cette volonté de se dépêtrer de la domination de l’ancien colonisateur, c’est l’annonce de l’introduction des langues nationales dans notre système éducatif et de celle de l’anglais dès le cycle élémentaire. Voilà autant d’actes posés par l’actuel régime qui mènent tout droit vers une «défrancisation» tant espérée et qui a tardé à se concrétiser. A qui la faute si cette « francisation » a continué de prévaloir 64 ans après notre accession formelle à l’indépendance ? Il vaut mieux travailler à réaliser la « défrancisation » plutôt que de chercher les vrais responsables de cette aliénation.
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
HARO SUR LA CHIENLIT !
Ce pays est malade. Il souffre de ses hommes et femmes, et particulièrement de sa classe politique. Ces vendeurs de chimères sont pires que le plus mortel des virus Et comme des porcs, ils bouffent à tous les râteliers sans retenue.Voraces et jamais repus
Ce pays est malade. Il souffre de ses hommes et femmes, et particulièrement de sa classe politique. Ces vendeurs de chimères sont pires que le plus mortel des virus. Et comme des porcs, ils bouffent à tous les râteliers sans retenue. Voraces et jamais repus. Ces gens de peu de vertu n’ont aucune notion de la dignité.
Galsen souffre également de la déliquescence de ses pratiques surannées, ses errements et ses complaisances. De son hypocrisie qu’on nomme « Masla » et qui est, elle aussi, à l’origine de tous les maux de notre société. Et de tout ce qu’elle exhale comme puanteurs. Des (mauvais) comportements que l’on couvre du voile d’une fausse pudeur pour se donner bonne conscience. Ce qui autorise une bonne partie de la population à exceller dans des turpitudes qui font, malheureusement, le lit de la mauvaise gouvernance.
Durant douze ans, des gens ont sciemment pillé les ressources du pays. Et, plutôt que de les sanctionner, celui qui avait ce pouvoir régalien a préféré fermer les yeux pour ne pas voir la face immonde de sa gouvernance, couvrant les rapines de ses collaborateurs pour des raisons électoralistes. Certains d’entre eux ont profité de son silence complice pour s’enrichir sans retenue et sans aucune pudeur. Les mêmes qui continuent de l’ouvrir en indisposant la communauté par leur manque de pudeur.
La corruption a métastasé dans toutes les sphères de la société, n’épargnant aucun segment jusqu’à gangrener l’école, pourrie par la triche. Une école où sévissent souvent des enseignants dépourvus de moralité, qui pervertissent et engrossent des adolescentes au moment où des filles dament pourtant le pion aux garçons dans tous les concours.
Sauf ceux de danse, genre « leumbeul », où les garçons sont désormais des virtuoses ! Le monde à l’envers… Les mêmes pratiques désinvoltes de nos compatriotes se retrouvent aussi sur nos routes. Elles sont à l’origine des centaines de morts dans des accidents de la circulation. Des routes où des voyous dictent leurs propres codes. Ils sont souvent protégés par d’autres plus exécrables qu’eux et qui se disent syndicalistes, réclamant le droit de tuer en toute impunité avec leurs guimbardes. Qui pour mettre de l’ordre dans ce qui paraît être une chienlit ?
Par Pathé NDOYE
L’ACCIDENTOLOGIE DES POIDS-LOURDS EN QUESTION
Les nombreuses vies laissées sur la route défrayent la chronique et hantent la nuit des Sénégalais. Quelles en sont les causes ? Quelles mesures envisagées pour atténuer ce fléau faute de pouvoir l’éradiquer pour de bon. Avis d’un expert !
Les nombreuses vies laissées sur la route défrayent la chronique et hantent la nuit des Sénégalais. Quelles en sont les causes ? Quelles mesures envisagées pour atténuer ce fléau faute de pouvoir l’éradiquer pour de bon. Avis d’un expert !
Dans le monde, les accidents de la route tuent environ 1,3 million de personnes chaque année, soit plus d’une personne toutes les deux minutes. Plus de 90 % de ces décès ont lieu dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ce phénomène, qui représente la deuxième cause de mortalité pour la tranche d'âge 5-29 ans et la troisième pour celle des 30-44 ans, touche essentiellement des jeunes adultes à 73 % masculins.
Si aucune mesure efficace n’est prise immédiatement, les experts de l’OMS estiment, dans le Plan mondial de la Décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030, que les accidents de la circulation entraineront 2,4 millions de décès par an, devenant ainsi la cinquième grande cause de mortalité dans le monde.
Le Sénégal, à l’instar d’autres pays, est confronté au phénomène de l’insécurité routière. Pour preuve, plus de 700 décès sont enregistrés par an sur les routes avec des conséquences économiques et socioculturelles impactant les politiques de développement durable du pays. Selon les statistiques de l’OMS sur les accidents routiers en 2021, le Sénégal fait partie des pays dont le taux de mortalité sur les routes reste le plus élevé avec 21 décès pour 100.000 habitants contre une moyenne de 15 dans le monde et 19,4 en Afrique avec 11,6 au Rwanda. Pour ce même indicateur, l’Europe enregistre 6,7 décès pour 100.000 habitants avec 4,7 en France et 2,4 en Suisse. Entre 2021 et 2024, cet indicateur n'a cessé de se dégrader.
Au Sénégal, plus de 40 décès, à la suite d’accidents routiers, sont comptabilisés durant ces quatre derniers mois :
- 29 juillet 2024 : 12 morts à Kébémer, à la suite d’une collision entre un minibus et un camion ;
- 25 juillet 2024 : 06 morts à Ndouloumadji, à la suite d’une collision entre un minibus et un camion ;
- 17 juin 2024 : 08 morts lors des départs liés à la célébration de la fête de Tabaski sans compter les accidents sur les trajets de retour ;
- 25 avril 2024 : 14 morts à Kounghuel, à la suite d’un renversement de bus en surcharge de passagers.
Pourtant, les statistiques existent, le diagnostic de ce phénomène a été fait et les principales causes sont connues mais la fréquence des accidents de la route semble défiée les autorités en charge du transport et de la sécurité routière.
Outre la tragédie humaine, les accidents de la route enferment les pays dans un cercle vicieux de pauvreté. Selon la Banque mondiale, le coût des accidents de la route représente 8 % du PIB annuel du Sénégal (7,8 % de celui de la Côte d'Ivoire)
La recrudescence des accidents impliquant des poids lourds (PL) au Sénégal devient de plus en plus inquiétante en raison des impacts socio-économiques qui se déclinent en termes de pertes de vie humaine, de dégâts matériels importants, etc.
Dès lors, cette situation interpelle tout un chacun dans la double perspective de l’analyse et de la recherche de solutions. Les causes de ces accidents sont certes multiples, mais, pour l’essentiel, sont à retenir au regard de leur récurrence :
• les facteurs humains à l'origine de la majorité des accidents PL (plus de 90% des cas enregistrés) : incompréhension ou non-respect du code de la route, somnolence, mauvaise répartition du chargement, dépassement des limites de charges autorisées, défaut de maitrise du véhicule, accumulation de fatigue, absence de feux de circulation, conduite en état d’ivresse, téléphone au volant, non port de la ceinture de sécurité, etc.
• les facteurs matériels, notamment les défaillances techniques qui conduisent inévitablement aux accidents graves (plus de 7% des accidents) : éclatements de pneumatiques généralement usés, défaut du système hydraulique de freinage, panne subite des organes, etc.
• les facteurs liés à infrastructure (+2%) tels que la conception, la construction et la qualité d’entretien de la voie: nids de poules sur la chaussée, absence d'équipements de sécurité (signalisation horizontale et verticale, dispositifs de retenue), problème de géométrie de la route (manque de visibilité, pentes transversales inversées, largeur de voirie insuffisante dans les virages, etc.), etc.
• les autres facteurs, relatifs aux conditions météorologiques et phénomènes exogènes, totalisent : moins de 1% des accidents : animal errant sur la route, piétons distraits, etc. Il ressort de l'analyse de ces facteurs :
• un problème du niveau de formation des apprenants à la conduite des poids-lourds formés sur le tas sans certification reconnue. Cette situation découle principalement de la cherté des coûts de formation, de la rareté des structures de formation agréées et des moniteurs d’auto-écoles non expérimentés, etc.
• l’enseignement du code de la route dispensé le plus souvent à des concitoyens pas ou insuffisamment alphabétisés. Ce faisant, il est essentiellement centré sur l’apprentissage des panneaux de signalisation au détriment de la sensibilisation sur la responsabilité des conducteurs et les dangers inhérents au non-respect des règles de sécurité.
• le manque de rigueur à la délivrance des permis de conduire poids-lourds dont la refonte des process d’évaluation devient urgente. Il s’y ajoute que les conditions d'attribution des certificats de visite technique encouragent la circulation d'épaves roulantes exposant dangereusement l'intégrité physique des usagers et des riverains de la route. Plus de 30% des véhicules en circulation n’effectue pas le contrôle technique. Aussi, un certificat de contrôle technique, valide en un temps, ne l’est pas forcément pendant tout le reste de l’année.
• l’insuffisance des contrôles réglementaires : nous croisons fréquemment sur la route des poids-lourds en infraction (défaut de chargement, niveau de vétusté inquiétant, remorque déséquilibrée, etc.) ayant dépassé des postes de contrôle.
Pourtant, en cas de verbalisation à la suite d’une infraction (surcharge, mauvaise répartition des marchandises, feux défectueux, etc.), le conducteur a tendance à poursuivre son trajet avec le véhicule en état d’infraction après s’être acquitté de l’amande.
Pour limiter ce fléau dévastateur, la situation actuelle nécessite forcément, de la part des usagers de la route, l’acquisition et l’adoption d’un comportement civique. Dans cet esprit, ces mesures ci-dessous sont très fortement recommandées:
− régulation et suivi des autoécoles pour l’encadrement de la formation des apprenants à la conduite;
− durcissement des conditions d’attribution du certificat de visite technique et du permis pour les poids- lourds, en sanctionnant, avec toute la rigueur requise, tout un passe-droit ;
− augmentation de la fréquence des contrôles de la régularité administrative (permis, assurance, certificat de contrôles technique, etc.), de l’état des véhicules (pneumatiques, freins, feux, etc.) et des écarts de comportement (tests d’alcoolémie, de prise de substance inappropriées pour la conduite, etc.) ;
− attention plus soutenue vis-à-vis de la politique de renouvellement du parc national de poids-lourds pour éradiquer la circulation des véhicules en état d’épave ;
− professionnalisation du secteur de la mécanique automobile de poids-lourds et appui à l’installation d’entreprises de vente de pièces détachées certifiées et de réparation mécanique avec des technologies de diagnostic avancées ;
− formalisation des contrats de travail des conducteurs de Poids-lourds avec la mise en place d’un système de protection sociale garantissant de bonnes conditions de travail et permettant d’éviter aux chauffeurs âgés d’emprunter les routes pour subvenir aux besoins primaires;
− l’implantation d’aires de services sur les axes routiers privilégiés par les conducteurs de Poids-lourds. Ces aménagements doivent offrir toutes les commodités aux acteurs de la route pour leur permettre de poursuivre leur trajet dans de bonnes conditions (salles de repos ou de détente, baies d’entretien et de réparation, point de restauration, etc.).
Ces mesures devraient être prises en urgence, afin de lutter de façon durable contre la recrudescence des accidents de circulation des poids – lourds fort coûteux pour le Sénégal.
Sur les moyen et long termes, il sera nécessaire de revoir la stratégie de transport des marchandises. Cette revue devra privilégier la réalisation de lignes ferroviaires de fret reliant les ports existants et les divers points de distribution du territoire national. Ces infrastructures ferroviaires, pour être efficaces requièrent l’implantation de plateformes logistiques au niveau des gares stratégiques. Sur le plan financier, des économies importantes pourront être comptabilisées car le trafic de marchandises par voie routière coûte trois fois plus cher que par voie ferroviaire.