SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Opinions
par Djibril Sambou
LE SÉNÉGAL DOIT-IL CONTINUER AVEC LE FCFA ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé avec une monnaie communautaire. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour le développement
Le programme de Diomaye président intitulé « pour un Sénégal souverain, juste et prospère » a eu le mérite de poser le débat, en campagne électorale, sur l’abandon du franc CFA. Mes collègues économistes ont tendance à aborder le sujet en utilisant des concepts que le Sénégalais lambda ne peut facilement comprendre. C’est pourquoi, dans cette contribution, je vais essayer d’aborder le sujet de façon très simple, en évitant autant que possible le jargon monétaire. Mais avant, je voudrais m’appesantir un peu sur l’importance de la monnaie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la monnaie n’est pas un seulement sujet technique, c’est aussi un sujet politique qui touche à la souveraineté et à l’indépendance d’un pays. La monnaie bien gérée joue un rôle fondamental dans le développement économique en fournissant la stabilité, la flexibilité et la souveraineté nécessaires pour favoriser la croissance à long terme et améliorer le bien-être économique des citoyens.
Historique du Franc CFA
D’abord, il convient de souligner que le FCFA est une monnaie étrangère. Pour être plus précis, elle n’appartient pas au Sénégal ou aux autres pays de la Zone franc. C’est un bien de la France. En effet, le franc des colonies françaises d'Afrique (Franc CFA) a créé par un décret du gouvernement français. Ce décret a été promulgué le 26 décembre 1945, alors que le Sénégal était encore une colonie. C’est pour cette raison que l’Assemblée nationale du Sénégal ne peut d’ébattre de réformes relatives au franc CFA. Cela est entièrement dévolue au Parlement français. C’est aussi pour cette raison que les billets de FCFA (de mauvaise qualité) sont fabriqués en France, plus précisément à Chamalières, près de Clermont-Ferrand, pour maintenir l’expertise monétaire et les emplois en Hexagone.
Ensuite, beaucoup de personnes ignorent que la création du FCFA était d’inspiration nazie. Durant la période d’occupation, les Allemands avaient imposé à la France un système monétaire qui reposait principalement sur l’ouverture d’un compte d’opérations à la Banque centrale Allemande et une pseudo monnaie (des « pseudo Marks») avec une parité fixe avec le franc français. Ce système permettait aux nazis, par un simple jeu d’écritures comptables, de s’accaparer gratuitement les richesses de la France occupée. Cette pratique monétaire choisie et imposée par le vainqueur n’était que l’expression d’une politique délibérément punitive à l’encontre de la France défaite. Les Allemands avaient aussi ouvert des comptes d’opérations pour chacun des autres pays occupés et demandaient à ces pays de leur exporter des biens et services qu’ils voulaient. En échange, les Allemands, par un simple jeu d’écritures comptables, créditaient les comptes d’opérations avec les « pseudo Marks » de la domination. Les banques allemandes ne reconnaissaient pas ces « pseudo Marks » qui ne pouvaient pas être utilisés en Allemagne. Les nazis avaient des représentants à la Banque de France pour contrôler les décisions monétaires. Ce qui leur a permis de vassaliser et de piller les ressources de la France occupée. À la fin de la guerre, la France était complètement ruinée par le système monétaire imposé par les nazis. Elle devait donc se reconstruire et s’assurer du monopole sur les matières premières de ses colonies, en empêchant la moindre concurrence avec le marché mondial. C’est pourquoi, dès sa sortie du système monétaire nazie, la France va imposer le FCFA (sa pseudo monnaie) en 1958 à ses colonies d’Afrique pour s’octroyer des pouvoirs d’achat exorbitant en pays conquis, s’assurant ainsi l’exploitation gratuite de toutes les richesses africaines. Ayant subi un enrichissement sans cause par le biais d’une pseudo monnaie, la France va appliquer intégralement ce système à toutes ses colonies avec une dose de cynisme incroyable. C’est comme si elle voulait se venger, non pas sur l’Allemagne, mais sur ses colonies d’Afrique. C’est ce système monétaire nazie, avec une pseudo monnaie à parité fixe et des comptes d’opérations, qui est l’ancêtre du franc CFA.
Par ailleurs, même si le FCFA a, plus d’une fois, changé de nom à la suite de réformes cosmétiques, l’acronyme est demeuré. Aujourd’hui, seules les anciennes colonies françaises dont la population est composée majoritairement de noirs continuent d’adopter cette monnaie coloniale. Des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, Madagascar et la Mauritanie ont quitté cette monnaie coloniale dès leur indépendance et ont adopté leur propre monnaie. La Guinée en avait fait de même. Aucun de ses pays n’est revenue sur sa décision de quitter le giron monétaire colonial. À noter que par l’opération secrète dénommée Persil, la France a saboté la nouvelle monnaie guinéenne dès sa mise en circulation car elle voyait d’un mauvais œil le rejet du FCFA par un pays d’Afrique noir francophone. L’opération Persil a permis de démultiplier la monnaie guinéenne et de l’a déverser par les airs dans tout le pays. La conséquence a été l’asphyxie de l’économie de la Guinée puisse que beaucoup de travailleurs qui avaient ramassé des liasses de billets étaient restés chez eux et ne travaillaient plus. Le Togo indépendant avait voulu quitter la monnaie coloniale, mais le président Olympio a été assassiné à la suite d’un complot ourdi par les services secrets français. Conséquemment, cet assassinat avait définitivement enterré le projet quasiment achevé de création du franc togolais. Le FCFA est actuellement la monnaie commune de 14 pays d’Afrique noire francophone.
Le 11 janvier 1994 à Dakar, la France imposait une dévaluation du franc CFA. Cette diminution de valeur de 50% avait permis de remplir, en devises, les caisses du compte d’opérations du Trésor français contre le bien-être socio-économique des Sénégalais et des africains.
Le 21 décembre 2019 à Abidjan, la France, soutenue par la Côte-d’Ivoire, annonçait un projet de réforme comportant le changement de nom du FCFA qui devait devenir l'Éco en juillet 2020, le retrait « virtuel » des administrateurs français de la Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la fin du compte d'opérations et du dépôt des devises au Trésor français. En réalité cette réformette visait à saborder la création d’une monnaie unique de la CÉDÉAO et à calmer la jeunesse africaine opposée au FCFA. Le projet de réforme n'est pas entièrement à terme du fait que la pandémie de COVID-19 ne permettait pas l’avènement de l’Éco qui devait inéluctablement s’accompagner d’une dévaluation.
Fonctionnement du franc CFA
En Afrique de l’Ouest, le FCFA est théoriquement géré par la banque centrale (BCEAO). Cette banque ne fonctionne pas comme une vraie banque centrale, mais comme une super banque commerciale qui s’enrichie au dépend des banques commerciales. En effet, avec la parité fixe du FCFA et la fabrication des billets en France et par la France, la BCEAO ne possède pas toute l’expertise requise en matière de gestion monétaire. Qui plus est, elle ne rend pas des services à l’économie et à la société, et sa « politique monétaire » est dictée par les institutions françaises. En réalité la BCEAO est une succursale de la Banque centrale européenne par l’entremise du ministère français des finances (Bercy) et de la Banque de France. Aucune décision majeure ne peut être prise par la BCEAO ou par la Conférence des chefs d’États sans l’accord des institutions françaises. Les autres faiblesses de la BCEO sont liées à son manque d'indépendance, sa capacité limitée à répondre aux chocs économiques, le manque de transparence dans sa gouvernance, ainsi que son exposition aux influences des institutions financières internationales.
Le FCFA se distingue par son arrimage à l’euro avec une parité fixe. Cela signifie que la valeur du FCFA fluctue en fonction de celle de l’euro sur le marché des changes. Il se distingue également par la convertibilité illimitée « garantie » par le Trésor français, en contrepartie d’une centralisation des réserves de change (stock de devises et d’or des africains) dans les comptes d’opérations. Cela signifie que la France encaisse dans son Trésor public, c'est à dire le budget de l’État (et non pas la Banque de France), l’argent provenant des exportations du Sénégal et des autres pays de la Zone franc. En réalité, la convertibilité illimitée est un leurre car la France ne dispose pas de quantité illimitée de devises à prêter.
Quand les pays de la Zone franc importent des produits ou services, ils sont obligés d’emprunter des devises à la France. Celle-ci puise dans les comptes d’opérations pour leur prêter leurs propres devises avec des intérêts en sus. C’est pour cela les pays africains prennent la France comme un bienfaiteur alors qu’elle les endette avec l’argent qu’ils ont durement gagné. C’est cet endettement des pays africains par la France et par des capitaux africains que j’appelle l’esclavagisme monétaire voulu et subi.
La confiscation des stocks de devises et d’or, sous prétexte de garantir le franc CFA, a pour conséquences principales le surendettement des pays comme le Sénégal et l’impossibilité de s’industrialiser. En réalité, le FCFA est garanti par les africains eux-mêmes à travers leurs dépôts de devises et d’or en France. La France utilise l’argent des africains pour financer ses découverts budgétaires et à amortir sa dette.
Comme autre contrepartie de la garantie du franc FCA, le Sénégal et les autres pays de la Zone franc doivent déposer leurs états financiers en France à la fin de chaque année fiscale. C’est une manière de rendre compte à la France, propriétaire-garant du FCFA. Ce qui permet à ce pays étranger de peser sur les décisions budgétaires des pays africains. Il y a aussi que le FCFA n’est convertible que dans sa Zone. Tout comme le Dalasi gambien n’est convertible que dans sa Zone, c’est-à-dire sur le territoire gambien. Le franc n’est pas du tout une monnaie convertible. La France prétend garantir le FCFA, alors qu’aucune banque sur son territoire n'accepte cette pseudo monnaie. Il est quand même étonnant que la France garanti ce qui n’a aucune valeur sur son territoire.
La France impose également la libre transférabilité. Cela signifie que tout l’argent gagné par les entreprises, en particulier françaises, peut être converti en devises, sans aucune perte de change et transféré en France le même jour, sans aucune restriction. Plus clairement, la libre transférabilité n’est rien d’autre qu’une fuite savamment organisée des capitaux de la Zone franc vers l’étranger. En réalité, c’est ce qui travesti le taux de croissance enregistré par les pays de Zone franc et accentue le chômage et la pauvreté. Cela est illustré par le plus récent classement de l’indice de développement humain (IDH). Dans le classement IDH des pays africains, le sept majeur ne comporte aucun pays de la Zone franc. Dans ce classement aussi la moitié des dix derniers pays est constituée de pays de la Zone franc. Je me passe des comparaisons avec la Corée du Sud qui, en 1960, avait pratiquement le même niveau de développement que le Sénégal.
La maîtrise de l'inflation est le point le plus vanté par les adeptes du FCFA. L'inflation est exaltée comme étant la plus basse dans la Zone franc que dans la plupart des autres pays du continent. Cependant, nous constatons que le panier de la ménagère est plus cher, par exemple, au Sénégal qu’en Gambie et en Côte-d’Ivoire qu’au Ghana. La comparaison du coût de la vie suite la même tendance alors que le taux d’inflation est beaucoup plus élevé en Gambie et au Ghana. Quel paradoxe! Ces deux pays ont la particularité de posséder leur propre monnaie. L’économiste que je suis ne peut s’empêcher de questionner la pertinence des données et la méthode utilisées par la BCEAO pour calculer le taux d’inflation. Je souhaite que cette institution rendre public ses données et sa méthode de calcul pour plus de transparence. Quel serait le taux d’inflation dans l’hypothèse où les pays de l’Afrique de l’Ouest de la Zone franc éliminait toutes les subventions à la consommation ?
Autres avantages que la France tire du franc CFA
La France peut utiliser le FCFA comme un levier pour accéder aux marchés régionaux des pays membres, en facilitant les échanges commerciaux et en favorisant les investissements français dans la région. En outre, la France, à travers ses accords avec les pays membres, exerce une influence sur la politique monétaire de la région, ce qui peut être bénéfique pour ses intérêts économiques et géopolitiques. Le FCFA sert également d'outil pour maintenir une influence politique et économique dans les pays africains membres, renforçant ainsi les relations bilatérales entre la France et ces pays. Enfin, la France peut utiliser la planche à billets de son usine de Chamalières pour financer ses entreprises installées dans un pays de la Zone Franc. Ceci est d’autant plus facile que contrairement à l’Euro, les billets de FCFA sont numérotés par des lettres (la lettre K identifie les billets émis pour le Sénégal). Elle peut émettre des FCFA pour son propre compte, les envoyer dans un pays cible en Afrique pour les convertir là-bas en Euro et rapatrier facilement la somme en France.
Le FCFA contribue à vassaliser le Sénégal et à maintenir la pauvreté
Le Sénégal a accepté de renoncer à sa souveraineté monétaire au profit, non pas de la CÉDÉAO, mais de la France. Pour ce faire, le pays paie un loyer au propriétaire-garant du FCFA, et ce, à chaque opération financière qui rapporte des devises (dollars, euro, yen, yuan, etc.). En d’autres termes, ce loyer ou titre de garanti du FCFA se traduit par une renonciation à toutes les devises que gagne le Sénégal, au profit de la France.
Lorsque le Sénégal exporte, par exemple des produits aux États-Unis, il est payé en dollars. Supposons que lors d’une opération d’exportation le Sénégal gagne 100 M$. Parce que le Sénégal doit payer un loyer à la France sur cette opération, les Américains vont transférer la totalité du montant à la France. Ce pays dépose une moitié de la somme (50 millions de dollars) au Trésor Français. L’autre moitié est encore confisquée par le Trésor française, cette fois-ci, pour permettre la fabrication des billets de FCFA qui seront envoyés au Sénégal à place des 500M$. À noter que le Sénégal ne recevra pas l’équivalent exact de cette somme car la France va défalquer les frais d’impression et de transport des FCFA à destination de la BCEAO. Sur cette opération de commerce extérieur sénégalais, la France a légalement confisqué la totalité des 100M$ et le Sénégal a volontairement cédé ses devises à la France. C’est ce qu’on appelle la servitude volontaire, coté sénégalais ou l’enrichissement sans cause, côté français. En suivant le même procédé, la France récupère également toutes les devises que les émigrés sénégalais envoient au pays et même les emprunts en devises du gouvernement auprès des bailleurs de fonds.
Supposons maintenant que le Sénégal décide d’acheter du pétrole pour un montant total de 20M$. Le pays doit emprunter cette somme à la France. Ce pays va prêter 20M$ au Sénégal pour acheter le pétrole. Donc chaque opération d’importation du Sénégal en dehors de la Zone franc se traduit par une augmentation de sa dette.
Il est donc illusoire de penser que le Sénégal pour se développer avec ce système monétaire qui limite le bien-être socio-économique de ses citoyens et qui ne fait que servir les intérêts de la France. Ce système est unique au monde. L’ancien vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio, avait raison de dire que « La France est l'un des pays qui, en imprimant de l'argent pour 14 États africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les réfugiés partent et meurent en mer ou arrivent sur nos côtes. »
En définitive, l’usage du CFA justifie et légalise les sacrifices inouïs imposés sans cesse aux peuples africains par leurs chefs d’États et le gouvernement français. Les pays qui ont quitté cette monnaie se portent beaucoup mieux qu’avant. Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé en utilisant une monnaie communautaire. Les pays de l’union européenne se sont d’abord développés, chacun avec sa propre monnaie, avant de migrer ensuite vers une union monétaire. Celle-ci ne profite qu’au pays économiquement dominant de la zone. Dans le cadre de la CÉDÉAO, une monnaie communautaire profiterait plus au Nigéria qui représente à lui seul 60 % du PIB de cette région. La monnaie incarne la souveraineté d’un peuple et est un outil précieux de développement social, économique et culturel. Pas de monnaie, pas d’économie solide, pas d’indépendance politique et financière. Il est donc pertinent que le candidat Bassirou Diomaye Faye qui prône la souveraineté de son pays puisse inclure dans son programme la création d’une monnaie nationale. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour permettre le développement. Pour produire les effets recherchés, la monnaie nationale doit être accompagnée par des institutions solides, une bonne gouvernance budgétaire, politique, social et économique. Elle requière également d’être gérée de manière transparente par une banque centrale totalement indépendante du pouvoir exécutif, et ce, pour éviter un usage abusif de la planche à billets.
par Abdoul Mbaye
LES ENJEUX D’UN MODÈLE MONÉTAIRE POUR UNE AFRIQUE FACE À SES DÉFIS
Mon souci sur cette question du Franc CFA reste d’éviter de l’enfermer dans des querelles politiciennes et des réformettes. Elle doit provoquer des réponses réalistes à la construction de souverainetés et de croissances partagées
Les promesses électorales sont souvent faciles à faire par slogans et propos populistes. Celles sur la monnaie se doivent d’être plus prudentes car elles peuvent en 24 heures détruire une économie et appauvrir des millions de personnes.
J’ai récemment répondu à la question d’un journaliste me demandant ce que je pensais du Sénégal sortant de la zone CFA. Ma réponse décrivait en quelques mots et à grands traits ce que pourraient en être les conséquences immédiates, et parfois dès l’appréhension de ce risque par les agents économiques sous forme d’anticipations. Cela ne veut pas dire que je sois contre la nécessaire réforme d’un dispositif qui présente des limites sérieuses.
J’en ai exposé quelques unes et des pistes de réponses à plusieurs reprises. Je partage ce texte datant de déjà deux années qui est celui de ma dernière intervention publique sur le sujet.
Mon souci sur cette question majeure reste d’éviter de l’enfermer dans des querelles politiciennes faciles et des réformettes pour essayer de les éteindre. Elle doit par contre provoquer des réponses réalistes à la construction de souverainetés et de croissances partagées au sein d’un espace panafricain.
Conférence organisée par le Forum des Initiatives citoyennes
Dakar – Terrou Bi – le 26 mai 2022
Intervention de M. Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Je commencerai par féliciter le « Forum Initiatives citoyennes » pour cette initiative particulière, venue à point nommé sous la forme d’un débat sur une question essentielle et d’actualité ; aussi parce que je suis convaincu que les initiatives citoyennes constituent la juste voie du futur entre les propositions relevant de dogmes et d’idéologies d’une part, du populisme d’autre part.
Je voudrais également saluer tous ceux qui sont présents et ont préféré un « remue-méninge » plutôt qu’un repos de jour férié.
Puisqu’il s’agit d’introduire et de contribuer à provoquer un débat, je tâcherai d’être le plus synthétique possible, réservant le retour à des détails plus précis en réponse à d’éventuelles questions qui ne manqueront pas d’être posées.
Le thème de la conférence est un appel à des propositions. Les miennes vous sont proposées en deux chapitres principaux :
En première partie, et parce que les systèmes monétaires n’ont pas attendu notre conférence pour s’inventer, je retiendrai que le modèle existe déjà sans être optimal, et proposerai un fil conducteur pour le transformer en exemple.
En seconde partie, des propositions porteront sur les ruptures nécessaires pour transformer le modèle retenu en exemple attrayant (dans l’objectif de son possible élargissement) ou à imiter (dans le souci de sa reproduction dans d’autres sous régions de notre Continent).
Le modèle existe sans être optimal en raison des leçons de l’histoire récente qui détermine les prochains défis de notre planète que je vois défis de souveraineté dont le caractère crucial a été mis en exergue par la crise du covid 19 puis la guerre Ukraine-Russie. La nouvelle géopolitique planétaire accouchera d’un nouvel ordre ou nouvel équilibre mondial. La périphérie de ce monde, essentiellement occupée par l’Afrique, s’éloignera encore davantage de la route de la prospérité. Le développement autocentré est le nouveau chemin. Il n’est possible que dans le cadre de nations regroupées pour devenir fortes ensemble.
L’heure est d’ailleurs déjà celle des grands ensembles dictant leurs règles et exigences, fussent-elles idéologiques, géopolitiques, économiques et commerciales. Le modèle ne peut être celui du format réduit, mais plutôt celui du regroupement et de l’intégration entre pays au sein d’une région ou d’une sous-région. Sans toutefois perdre de vue que l’ambition du périmètre trop étendu peut créer de l’inefficacité et de la lenteur mesurée en termes de décades perdues.
Le modèle monétaire que nous recherchons aujourd’hui ne peut donc être que d’intégration monétaire d’une part, et ne peut cependant servir un ensemble en termes de progrès économique global qu’en existant dans le cadre d’une intégration économique d’autre part.
C’est le modèle qu’offrent au monde l’UEMOA et l’UMOA depuis au moins 1994 lorsque la création de l’Union Économique a été retenue comme indispensable pour consolider et préserver l’Union Monétaire après le choc de l’unique dévaluation que le franc CFA ait connu. C’est ce modèle qui a ensuite été imité par l’Union européenne. Il n’est cependant pas le modèle parfait.
Ce modèle reste en effet à mes yeux imparfait et figé. C’est pourquoi il a été longtemps soumis à de vives critiques. Celles-ci ont imposé les réformes de décembre 2019. Mais je pense que ces réformes sont insuffisantes lorsqu’elles n’ont pas correspondu à de simples leurres.
Il me semble par conséquent nécessaire de faire le choix de véritables ruptures qui pourraient nous conduire vers le juste modèle en mesure de créer un mouvement global d’émergence économique partagé entre les différents membres d’une union économique et monétaire constituée. L’objectif étant bien entendu que chaque membre gagne davantage en union que seul. C’est également ce principe qui doit permettre la mesure de la réussite du projet.
Toutes les réformes ou ruptures que je souhaite proposer pour cheminer vers un modèle monétaire optimal le sont à l’aune des défis de souverainetés, qu’il s’agisse de la protection, du renforcement ou de la recherche de souverainetés en dyptique :
1-souveraineté globale de l’ensemble concerné, et
2-souveraineté individuelle de chaque pays membre.
Pourquoi ?
Revenons à la guerre Russie-Ukraine, et avant cela au gel des avoirs de pays que l’on cherche à détruire (exemple de l’Iran).
Les avoirs à l’étranger sont constitutifs des réserves en devises, elles-mêmes contrepartie essentielle de l’émission monétaire et instrument indispensable pour le commerce et la croissance d’une nation.
Le blocage de ses avoirs est devenu une arme de combat majeure pour contraindre un pays souverain à baisser les armes, à abandonner des postures jugées par lui d’intérêt national.
Les réserves apparaissent comme l’élément majeur de souveraineté d’un État. En dépendent :
La sécurité militaire (achat armements),
La sécurité alimentaire (achat de produits alimentaires essentiels ou en complément de productions nationales),
La sécurité sanitaire (achats médicaments et équipements)
et même la sécurité intérieure mise en cause par les conséquences d’un manque de devises en termes de pénurie et de hausse des prix.
La politique monétaire se doit donc de replacer le rôle des réserves et celui de leur nature comme primordial avant même ce qu’elles produisent comme monnaie dont elles ne sont qu’une des contreparties.
Plus près de nous, au sein de la zone UEMOA, des décisions de sanction ont été prises par la Conférence des chefs d’état de l’Union (9 janvier 2022) endossant celles de la CEDEAO contre le Mali. Ces sanctions ont été prises en l’absence des représentants de cet état, comme moyen d’agir contre de nouveaux pouvoirs nationaux et donc comme attentat à une souveraineté nationale (sans jugement de valeur à porter) ; elles l’ont donc été en violation de la règle principale de l’unanimité des Traités devant permettre la prise de décisions par les organes supérieurs en charge de la gouvernance des institutions communes. Cela doit par conséquent conduire à une double réflexion :
Sur l’exposition au diktat des autres pays membres ligués contre lui d’un pays membre d’une union monétaire, alors qu’il a renoncé à son pouvoir régalien de battre monnaie au profit de la Banque centrale unique ;
Sur l’exposition de l’ensemble des pays membres à des sanctions contre leur organisation décidées de l’étranger.
Imaginons que demain, les pays occidentaux pourraient par exemple décider de geler les avoirs chez eux des pays UMOA parce que ces derniers ne soutiendraient pas suffisamment la cause LGBTQ.
Quelles ruptures nécessaires pour transformer le modèle retenu en exemple ?
Ayant retenu que l’UEMOA et l’UMOA étaient des modèles, bien entendu améliorables, proposés au reste de l’Afrique et du monde, permettez que la suite de mon intervention les prenne comme références pour toutefois aboutir à des principes et recommandations qui conserveront leur caractère général à l’échelle au moins africaine.
Des constats faits en introduction de ma présentation et des problématiques majeures identifiées, je tire les conclusions suivantes avec
D’une part le souci d’un intérêt pour l’essentiel, notamment la sauvegarde de la souveraineté en toutes circonstances,
Et d’autre part le refus de privilégier les réformettes légères, quelque puisse être la force de leur exigence.
Ainsi, il faut réaffirmer avec force que le franc CFA est bien une monnaie africaine, ayant cours légal au sein de pays africains. Elle est une monnaie commune à 8 pays africains. Elle est donc en sus panafricaine et ce n’est pas rien. Elle a même été modèle mondial inspirant l’Euro, cette dernière répétition n’est pas inutile.
Mais sa nature de monnaie africaine n’est pas synonyme de souveraineté assurée ni pour l’ensemble des membres constitués en union, ni pour chacun d’eux pris séparément (exemple récent du Mali).
Il faut donc le réformer.
Des réformes ont été annoncées en décembre 2019. Mais elles sont caractéristiques d’une fausse réforme parce que parfois insuffisante et parfois tromperie.
Sous la pression de la jeunesse africaine et d’un débat également entretenu par des universitaires, le 21 décembre 2019 les changements suivants ont été annoncés par le président de la France et celui de la Conférence des chefs d’états de l’UEMOA
En réponse aux activistes :
Le changement de la dénomination du franc CFA au cours de l’année 2020 ;
Le choix d’intégrer la nouvelle zone d’émission de la future monnaie de la CEDEAO qui s’appellera « Eco » ;
La fin de la présence de ressortissants français dans les instances de gouvernance de la zone UMOA ;
En réponse aux économistes et à la communauté des détenteurs de francs CFA :
Le maintien de la parité fixe par rapport à l’Euro (dans l’attente de l’intégration à la zone Eco) ;
Le maintien d’une « garantie illimitée » du franc CFA par la France mais excluant la contrainte de dépôt obligatoire d’une partie des réserves de la BCEAO dans les livres du Trésor français.
Les engagements pris et relevant de l’État français ont été respectés. Ils ont donné lieu à la signature d’un nouvel accord de coopération liant l’État français et les États membres de l’UMOA signé le 21 décembre 2019.
Ceux pris par le président du Conseil des ministres de l’UMOA ne l’ont pas été : ils concernaient le passage du franc CFA vers l’Eco en 2020. C’est une première déception : les engagements pris devant son ou les peuples d’une Communauté doivent être respectés !
Je propose de passer au crible des souverainetés les points de cette réforme qui fut annoncée majeure :
Le changement de la dénomination du franc CFA au cours de l’année 2020 ;
Il était important d’y donner suite car correspondant à une demande forte ; mais force est de reconnaître que le passage vers la dénomination Eco fut annoncé comme un leurre visant à « calmer le jeu » car cela était impossible dans de tels délais. Cette promesse de nouvelle dénomination devrait être tenue ; la seule problématique significative est celle du coût des remplacements des signes monétaires.
Toutefois retenons qu’un changement de dénomination n’apportera aucun gain en termes de souveraineté. Le faire croire est un autre leurre.
Le choix d’intégrer la nouvelle zone d’émission de la future monnaie de la CEDEAO qui s’appellera « Eco » ;
Ce fut un second leurre fait pour calmer les activistes en affichant une volonté de rejoindre l’Afrique en s’éloignant de la France ; mais ceux qui prenaient cet engagement savaient pertinemment que ce projet entamé en 2009 ne serait pas tenu avant très longtemps. Relevons qu’il n’y aurait pas eu d’évolution en termes de souveraineté.
La fin de la présence de ressortissants français dans les instances de gouvernance de la zone UMOA ;
C’est certes un acquis mais qui reste toutefois mineur, puisque des rapports écrits (art 5 de l’Accord de coopération du 21/12/2019) se substituent à des présences physiques. Les rencontres physiques étant organisées sur demande (art 6), le retour d’un représentant de la France étant prévu en cas de crise (art 8). Il n’y a donc pas d ‘évolution majeure en termes de souveraineté.
Le maintien de la parité fixe par rapport à l’Euro (dans l’attente de l’intégration à la zone Eco) ;
C’est un maintien de dépendance par la parité ; il n’y a donc pas de gain de souveraineté. Et dans l’hypothèse d’un franc CFA qui serait surévalué par rapport à l’Euro, c’est le choix de privilégier le commerce avec la zone Euro, donc un frein à une indépendance commerciale accrue.
Le maintien d’une « garantie illimitée » du franc CFA par la France mais excluant la contrainte de dépôt obligatoire d’une partie des réserves de la BCEAO dans les livres du Trésor français;
La suppression du compte d’opérations n’empêche pas la nécessité de détenir des réserves en euros ; la garantie illimitée est le maintien d’une illusion qui crée un lien de dépendance, et donc affaiblit le degré de souveraineté. Cette posture de garant conservé par la France contribuera à ralentir la marche vers l’Eco en maintenant la suspicion des autres États membres de la CEDEAO. Soulignons enfin qu’une monnaie émise par une banque centrale compétente n’a pas besoin de garant financier.
Ces constats conduisent ainsi à l’interrogation suivante : où se trouveraient donc les vraies réformes en sus du changement de dénomination du franc CFA qui ne serait d’ailleurs qu’une petite réforme bien que symbolique, et au coût élevé ?
Évoquons d’abord les réformes créant ou renforçant une souveraineté globale :
Mettre fin à la garantie illimitée par la France. Parce qu’elle n’existe pas dans les faits, elle n’est pas nécessaire sauf si nous admettons l’incompétence de la BCEAO à défendre la monnaie qu’elle émet depuis plus de 60 ans d’indépendance. Pour se prémunir contre le risque possible d’une conjoncture particulièrement défavorable et surprenante qui épuiserait les réserves de la BCEAO en quelques jours, il suffirait de remplacer cette « pseudo garantie » par des accords de prêts à court terme avec des institutions majeures internationales ;
Rendre l’essentiel des réserves (sauf celles nécessaires aux opérations de clearing périodiques) comme insusceptibles d’être bloquées sous quelque prétexte que ce soit. Il faudrait donc les conserver principalement en or ou métaux précieux sur les territoires nationaux et les constituer essentiellement grâce aux productions nationales de ces métaux.
Faire le choix d’une parité flexible par rapport à un panier de devises plutôt que par rapport au seul Euro.
A présent les réformes créant ou renforçant la souveraineté nationale :
Il n’y a pas de distinction à faire entre une perte de souveraineté acceptable et celle qui ne le serait pas. A l’intérieur de la zone monétaire commune, il est indispensable d’adopter un mode de gouvernance partagée et collégiale de la Banque centrale commune. L’édifice construit doit reposer sur le principe que le renoncement à sa monnaie nationale conduit à faire de la banque centrale commune sa banque centrale nationale. Il faut rejeter le principe d’une Banque centrale qui serait systématiquement gouvernée par un ressortissant proposé par l’état économiquement le plus fort. C’est d’ailleurs le seul moyen de faire évoluer l’UMOA vers une zone Eco en rassurant les nouveaux partenaires sur l’acceptation de ce principe fort.
Il faut réaffirmer l’indépendance totale des institutions de l’UEMOA vis à vis des politiques ; également le principe des prises de décisions à l’unanimité (Conférence Chefs d’État) accordant à chaque État membre un droit de veto.
Il faut concevoir des contraintes à créer au niveau des États affaiblissant le stock de réserves commun pour qu’en contribuant à la construction de la souveraineté globale ils créent ou renforcent la leur propre. Le seul respect des critères de convergence ne suffit pas sans contraintes organisant le retour vers leur respect.
Enfin des réformes de politiques monétaires et de change peuvent contribuer à la construction ou au renforcement de certaines indépendances et donc sécurités. Je pense en particulier à la sécurité alimentaire en rapport avec le développement de l’agriculture (l’un des enjeux majeurs nés d’une vive croissance démographique), et aux sécurités sanitaires et même militaires qui dépendent du développement industriel.
A ce titre, le seul objectif de lutte contre l’inflation ne saurait suffire à la Banque centrale commune.
L’objectif affirmé doit également être de faire de l’UEMOA puis de la CEDEAO une nouvelle puissance économique sous régionale puis régionale en trouvant les bons compromis entre la lutte contre l’inflation d’une part, et le soutien à la croissance et à l’emploi d’autre part.
Car si la lutte contre l’inflation est indispensable pour protéger le pouvoir d’achat des populations et la valeur externe de la monnaie émise, la croissance qui crée la richesse et l’emploi dépend avant tout de l’investissement et par conséquent de toute une stratégie nationale reposant sur un bon environnement des affaires et des systèmes de financement adéquats.
Dans le souci de garantir un environnement économique globalement favorable à l’investissement, la politique monétaire se donnerait donc un objectif principal de maintien de la hausse des prix dans des limites raisonnables. Pour le projet CEDEAO /ECO, l’objectif de hausse des prix serait mis en réduction progressive par rapport au taux de 10%, norme retenue pour l’accès à la zone Eco.
Cependant pour aider l’investissement porteur d’émergence économique, la politique monétaire devra également veiller à assurer des taux de crédit bas à l’investissement, dans un cadre protégé par une réglementation des changes adéquate contribuant à éviter les effets pervers de taux faibles sur la position extérieure globale de la zone d’émission de la monnaie.
Bien évidemment de telles postures de principes et de priorités pourront être remises en cause par des conjonctures spécifiques.
Pour terminer, je souhaite également aborder la question du périmètre optimal d’une union monétaire.
Au nom d’un panafricanisme présenté comme de principe, il faut éviter de créer des ensembles inefficaces où on se retrouve « entre frères » pendant un siècle sans jamais véritablement avancer.
La construction d’une nouvelle zone monétaire sous la forme d’une communauté monétaire achevée utilisant une monnaie unique ne saurait être un objectif en soi. Ce doit être un objectif au service d’une intégration économique retenue comme moyen d’accélérer la croissance de la zone concernée au profit de l’ensemble de ses membres.
Il convient de retenir que le principal obstacle à une telle intégration économique est constitué en Afrique de l’Ouest par des structures de production et de consommation qui les relient davantage au reste de l’économie mondiale qu’à d’autres économies africaines voisines ou éloignées.
Les productions minières, agricoles et de services, constitutives de l’essentiel des PIB des différents pays membres, ne s’échangent pas pour l’essentiel au sein de la zone. Cela est en partie la conséquence des politiques coloniales qui n’avaient d’autres rationalités que de mettre les économies des colonies au service des besoins des métropoles. On peine encore aujourd’hui, après plus de 60 années d’indépendance politique, à s’extraire de cette spécialisation coloniale.
La juste solution à l’intégration économique se trouve donc dans la mise en œuvre de politiques agricoles et industrielles coordonnées au niveau régional, visant à satisfaire des marchés nationaux intégrés. La monnaie doit être un des instruments facilitant le fonctionnement de ces marchés échangeant des productions nationales.
Soulignons qu’une telle démarche est aussi un projet de construction de souveraineté globale.
On peut donc retenir que la qualité et la stabilité de la future monnaie ainsi que sa protection contre l’inconvertibilité, dépendront moins du respect de critères de convergence que d’une véritable intégration des économies constituant sa zone d’émission.
Une autre problématique est sous-jacente à cette inversion de priorités qui place l’intégration économique et commerciale avant l’intégration monétaire : cherchant à délimiter le périmètre optimal de la nouvelle zone de communauté monétaire ECO, il n’est pas certain que celle de l’UMOA soit plus justifiable sur le plan économique qu’une nouvelle zone présentant un contour différent. L’UMOA ne doit pas se présenter comme « zone monétaire optimale » face aux autres membres de la CEDEAO.
Tout au plus peut-elle faire valoir sa grande expérience en matière de gouvernance d’une zone d’intégration économique et de communauté monétaire avec un statut de « zone monétaire achevée » par la mise en place d’institutions et de mécanismes idoines. C’est en ce sens qu’elle peut être acceptée comme modèle, mais modèle à parfaire comme nous l’avons relevé.
Dans une perspective d’intégration économique, la coordination des politiques agricoles, industrielles et des services, alliant objectifs de transformation locale de nos productions, création d’industries dans un souci de complémentarité mais aussi de compétition et de concurrence, doit être la base sur laquelle se greffent une monnaie et une politique monétaire communes.
C’est seulement ainsi que l’Afrique pourra prétendre jouer un rôle économique majeur à l’échelle mondiale dont dépendra ses souverainetés, le respect de ses partenaires et la préservation de sa dignité retrouvée.
J’insiste sur ce mot : c’est cette dignité que réclame la jeunesse africaine. Il ne faut pas laisser les populistes profiter de cette forte requête en proposant des réformettes monétaires inefficaces. Mais il est grand temps que les dirigeants africains, actuels ou futurs, le comprennent s’ils souhaitent résister au vent de grand changement dont les premiers souffles se sont déjà levés.
Je vous remercie de votre attention."
par Thierno Alassane Sall
LETTRE AUX SÉNÉGALAIS
À toutes ces femmes, à tous ces hommes, je dis : je vous ai entendus. J’appelle chacune et chacun de vous à faire le choix de la probité, de la responsabilité, de la compétence. Afin qu’au soir du 24 mars 2024 s’ouvre, au Sénégal, une nouvelle ère
Dimanche, nous allons voter pour l’avenir de nos enfants et pour changer le destin de notre nation.
Le Sénégal, notre pays, est le fruit de plusieurs combats menés par nos illustres prédécesseurs. C’est un creuset de plusieurs legs historiques, culturelles, sociales, économiques et juridiques.
Le Sénégal est la terre où s’est déroulée la révolution Torodo conduite par Thierno Souleymane Baal ayant mis fin à la domination des Maures et à la traite des esclaves. C’est le territoire qui a enregistré un acte héroïque, à jamais gravé en lettres d’or dans notre histoire, le « Talaatay Nde r», où les femmes de Nder ont préféré la mort, plutôt que la vie dans le déshonneur et l’humiliation de la captivité. C’est le pays qui a été héroïquement défendu par d’illustres résistants tels que Aline Sitoé Diatta, qui s’était érigée farouchement contre la colonisation française ; Maba Diakhou Bâ, qui s’était investi dans la protection des populations les plus faibles et l’unification du pays ; Alpha Molo Baldé, qui a vaincu les troupes Mandingues de l’empire du Gabou pour défendre l’intégrité territoriale. C’est la terre de la tolérance et du vivre ensemble, cultivés et entretenus par les différents Cheikh qui se sont succédés à la tête des confréries soufies Qādiriyya, Tijāniyya, Lāhīniyya et Mourīdiyya ainsi que par les archevêques ayant assuré la guidance de la communauté chrétienne. De façon plus contemporaine, plusieurs acteurs politiques d’envergure ont combattu la domination coloniale, puis parachevé le processus de décolonisation et asseoir les bases d’une Nation intégrée avec un État structuré.
Cet héritage est l’aboutissement de sacrifices, d’efforts, d’abnégation et d’initiatives créatrices de plusieurs générations de femmes et d’hommes. Il crée des liens entre nos illustres devanciers et nous. Il s’impose donc à nous tous. C’est un legs que nous avons le devoir de préserver, de fructifier, puis de transmettre aux générations à venir.
Malheureusement, force est de constater que cet héritage est en train de s’éroder à une vitesse exponentielle pour donner lieu à une nation divisée, antagoniste, clivante et intolérante. Le climat social et politique délétères qui prévalent aujourd’hui sont révélateurs de l’existence de de l’affaiblissement de nos valeurs culturelles. Cela prouve, si besoin est, la faillite des personnes entre les mains desquelles sont déposées les destinées du pays.
En plus de cette déchéance révélatrice de l’effritement des valeurs et porteuse de menaces sur la pérennité de notre commune volonté de vivre ensemble, cette situation charrie des difficultés croissantes pour les Sénégalaise et les Sénégalais dans leur vie quotidienne. Une grande partie de la population a vu ses conditions de vie se dégrader. Les politiques économiques et sociales mises en œuvre sont loin de poser les bases d’une émergence.
Le Sénégal connaît une baisse de son activité économique comme en atteste la chute du taux de croissance au cours de ces dernières années. Les nominations partisanes de personnes inexpertes, l’absence d’une culture du suivi et de l’évaluation des effets et impacts des politiques et programmes ainsi que tant d’autres facteurs ont fini de rendre inopérants, voire inefficaces les différentes initiatives mises en place au profit des PME qui constituent l’essentiel de notre tissu économique. En dépit des slogans et des discours d’autoglorification du gouvernement, la mise en œuvre des différents programmes annoncés n’a pas permis d’améliorer le bien-être des populations. Au-delà de la pauvreté monétaire, les conditions de vie des Sénégalais sont très difficiles. Les populations sont confrontées à des tensions inflationnistes qui ont provoqué la cherté de la vie, particulièrement celles des produits alimentaires. Ces tensions inflationnistes se sont considérablement faites ressentir sur le panier de la ménagère. La souveraineté alimentaire tant chantée par le gouvernement n’est pas au rendez-vous. Les niveaux du chômage et du sous-emploi sont élevés, et la plupart des Sénégalais travaillent dans l’informel. Le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes, « Xëyu ndaw ñi », a été élaborée dans la précipitation en réponse à une situation de crise sociale aiguë post-émeute survenue en mars 2021. D’où plusieurs lacunes importantes dans sa conception et dans sa mise en œuvre. Ce qui n’a permis l’atteinte des objectifs initialement visés. Le déficit budgétaire est important et ne cesse de se creuser. Ce qui conduit systématiquement l’État à recourir à des emprunts importants pour boucler ses budgets et, subséquemment, à accroitre considérablement l’endettement du pays. La gouvernance administrative, économique et financière est défaillante en charriant une absence de reddition systématique des comptes, une corruption devenue gangrène et une faible imputabilité.
Je mesure, personnellement et de visu, ce délitement généralisé. Le constat est le même partout dans le pays : les Sénégalais sont fatigués et se sentent délaissés !
Les souffrances de mes concitoyens ont toujours été ma boussole, guidant chacun de mes pas, en tant que citoyen, dans ma vie professionnelle ou d'homme politique. Mon engagement envers ce pays est inébranlable, animé par la loyauté et la dévotion d'un patriote et d'un républicain. Mon dévouement est indéniable envers le Sénégal. J’ai une profonde passion pour ce pays.
Chers compatriotes,
J’ai été destinataire de nombreux messages émanant de citoyens appartenant à tous les segments de la population sénégalaise, qu’ils soient militants ou apolitiques. À toutes ces femmes, à tous ces hommes, je dis : je vous ai entendus.
Mon offre programmatique est articulée autour des réalités du pays, du vécu quotidien de nos compatriotes, de l’état de la situation économique, sociale, culturelle, industrielle, démocratique, sécuritaire et diplomatique du Sénégal. Mes propositions pour changer le destin de notre pays s’enracinent dans nos valeurs et s’adossent sur les règles qui organisent et déterminent le fonctionnement d’une République. Elles sont innovantes, créatrices de plus-value et porteuses d’ambitions généreuses pour le Sénégal et les sénégalais. Elles visent à consolider les acquis et à préparer notre pays à entrer, de plain-pied, dans le cénacle des pays qui comptent.
Si le peuple sénégalais me fait confiance, en me portant à la magistrature suprême de notre pays, la mise en œuvre de mon programme permettrait d’assurer, au terme de mon mandat quinquennal :
un meilleur fonctionnement de nos institutions : la normalité républicaine sera retrouvée et les mœurs de la vie politique assainies ;
un Sénégal qui entre, de plain-pied, dans l’ère numérique en utilisant toutes les potentialités et opportunités de développement qu’elle offre ;
une souveraineté économique retrouvée en donnant priorité aux entrepreneurs nationaux et en parvenant à l’autosuffisance alimentaire ;
un capital humain mieux valorisé avec des programmes de formation, de santé publique et de protection sociale plus adaptés et couvrant plus de risques sociaux ;
une sécurité intérieure renforcée et un leadership sous-régional retrouvé.
Chers compatriotes,
L’élection présidentielle de 2024 est une étape cruciale dans la vie de notre pays. Elle est la plus ouverte depuis notre accession à la souveraineté internationale. Le changement sera à notre portée. Voilà pourquoi j’appelle chacune et chacun de vous à faire le choix de la probité, de la responsabilité, de la compétence. Afin qu’au soir du 24 mars 2024 s’ouvre, au Sénégal, une nouvelle ère démocratique, de justice, de transparence, de travail et de prospérité.
Je vous remercie.
Vive la République
Vive le Sénégal
Par Moussa KAMARA
A NOS CARTES !
Dimanche prochain 24 mars, les Sénégalais vont élire leur cinquième Président de la République. Une élection est une sélection. Selon qu’il triomphe au premier ou au second tour, ce président sera bien ou mal élu.
Dimanche prochain 24 mars, les Sénégalais vont élire leur cinquième Président de la République. Une élection est une sélection. Selon qu’il triomphe au premier ou au second tour, ce président sera bien ou mal élu.
Les électeurs figurant dans le fichier national sont bien différents et variés. La plupart des jeunes votants se sont déjà signalés numériquement pour décliner urbi et orbi leur préférence. Le secret du vote, ils s’en moquent éperdument !
Aujourd’hui il suffit de lire un article ou un post pour savoir pour quel candidat roule l’auteur. Ainsi va le pays à l’heure de l’Internet.
Le bétail électoral, terme galvaudé qui désigne ceux qui votent sans lire le programme de leur candidat mais bien pour des raisons parentales ou financières, n’est pas prêt de disparaitre. On a titré ici une fois que les Sénégalais votaient avec les pieds. Parce très peu d’entre eux votent normalement en partie en raison du fait que c’est un pays où la langue officielle est le français que très peu d’entre eux maitrisent correctement.
L’ère numérique semble sonner la revanche de tous les exclus de la société. Ces exclus de la société sont de gros revanchards qui en veulent depuis toujours à l’Etat et à l’élite. Evidemment, cela ne signifie pas forcément l’absence de bonne graines dans les états-majors de l’Opposition et dans les foules drainées lors des meetings de la campagne.
Cette présente campagne très différente des autres par le nombre inédit de candidats et sa durée écourtée ne m’a ni emballé ni séduit.
Suivre une vingtaine de candidats à la télé me semble un supplice impossible à tenir. En trois minutes il est impossible de dérouler un programme électoral pour convaincre. Qu’à cela ne tienne, à part les indécis qui ne choisissent qu’à la dernière minute, tous ceux qui iront voter savent déjà qui ils vont choisir. Ousmane Sonko et Macky Sall qui se combattent par procuration se démènent, publiquement pour l’opposant et subtilement pour l’encore Président.
Chacun des deux a donc un candidat. L’opposant a vu son poulain accepté illico presto parle peuple pastéfien, opposant irréductible.
Le génie de ce peuple a consisté à vendre le slogan Diomaye-Sonko c’est pareil. Evidemment ce slogan ne passe pas partout. Y’en a que ça ne convainc pas. Il est très facile d’embarquer des gens déjà convaincus. Par contre, il a fallu au pouvoir plusieurs messes pour embarquer le gros des troupes qui ne misaient point sur le candidat désigné.
En tout état de cause les dés sont jetés à quelques heures de l’élection. Le 24 ou au second tour, à 20 heures, le nouveau Président sera connu et le lendemain le peuple vaquera à ses besoins.
Par Kaccoor Bi
LES PLUS BELLES DEFAITES DU CHEF
Cette volonté de réduire son opposition à sa plus simple expression et cette frénésie à dissoudre un parti et mettre ses principaux leaders au gnouf pour les réduire au silence constituent assurément les plus belles défaites du chef
Cette volonté de réduire son opposition à sa plus simple expression et cette frénésie à dissoudre un parti et mettre ses principaux leaders au gnouf pour les réduire au silence constituent assurément les plus belles défaites du chef qui va quitter le pouvoir le 2 avril prochain par une porte dérobée de l’Histoire. S’il n’y a pas un second tour à l’issue de l’élection dimanche soir, il pourrait remettre les clefs de la République à son successeur. Sinon, c’est au président de l’Assemblée nationale qu’il les donnera pour quelques jours. Et dans sa retraite en qualité d’ancien président et loin de ses flagorneurs qui sont déjà au service de son Champion, il comprendra le caractère évanescent du pouvoir et que rien de ce qu’il a entrepris pour piétiner ses adversaires n’en valait la peine.
Quand il dit qu’il n’a rien à se reprocher, cela ne peut pas effacer cette tache noire qui le poursuivra partout et qu’il aurait bien pu éviter s’il avait écouté les gens avisés qui lui prodiguaient de sages conseils pour maintenir la paix dans ce pays. Des gens qu’il toisait avec dédain. Résultat des courses, tous les « terroristes » sur qui pesaient de très lourdes charges pouvant leur valoir des dizaines d’années de prison ont tous recouvré la liberté. Et sur les pages de l’Histoire de notre République, il sera écrit que c’est sous son magistère que deux milliers de détenus politiques ont recouvré la liberté sans avoir été jugés.
L’autre tache noire qui le poursuivra comme l’œil de Caïn, c’est la soixantaine de morts qui ont jonché son magistère sans qu’une enquête sérieuse ait été faite pour en identifier et sanctionner les auteurs. Les nombreuses bavures de ses forces de défense et de sécurité ont été abondamment commentées par la presse internationale, entachant ainsi l’image de notre belle démocratie.
En plus de l’admonestation faite à la République par les dirigeants des grandes démocraties du monde et dont le Chef n’est pas près de se remettre. Tout cela fait trop pour un homme qui était chouchouté par la même communauté internationale qui lui faisait miroiter de hautes charges à son départ du pouvoir. On peut alors le comprendre quand il se dit peiné des critiques venant de ces milieux européens et américains. Voir aujourd’hui des gens qu’il a voulu réduire au silence drainer des foules au point que le camp de son champion épie leurs gestes, commentant leurs actions et se met même dans une outrancière manipulation. On peut alors s’écrier avec désespoir : Tout cela pour ça ! L’autre pied de nez, celui qui l’achèvera, sera bien sûr de voir les « bannis » au pouvoir. Ce qui pourrait bien arriver…
par Jean Pierre Corréa
QUÉMANDONS LES PROGRAMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Pouvait-on en 15 jours faire de la monnaie un thème de campagne électorale ? Suffit-il de présenter Diomaye Faye comme un stagiaire pour gagner ? Pourquoi ont-ils été sourds à ce qui plombe vraiment le développement du pays ?
La campagne électorale a donc fini de battre son plein. Mais pourquoi nous a-t-elle semblée tellement convenue, et qu’elle a laissé les Sénégalais, au pire, circonspects, et au mieux, amusés.
Les Sénégalais ont-ils besoin d’un programme ? Ils le vivent tous les jours « le programme », ils l’ont sous les yeux, et ils attendent juste celui qui va décliner et incarner tout le spectre de la justice sociale.
Où sont les programmes qui vont réenchanter l’avenir ? Où est le petit frère du mot de deux syllabes qui emporta 40 années de socialisme : SO-PI ? Où est l’idée de « la marche bleue » que n’a pas su faire naitre par exemple « la déferlante Diomaye attendue » ?
Quémandez le prograamme !
De quoi avons-nous entendu parler lors de cette campagne électorale fast-track ? Du protocole du Cap Manuel, du brouhaha fait par le candidat-fantôme qui depuis le Qatar, nous tympanise de ses élucubrations, alors qu’il ne nous a jamais dit qu’il voulait présider ardemment à nos destinées, ce dont son papa rêve tout seul dans son sommeil, sans oublier la dualité de la coalition Diomaye, qui s’est étoffée de tous les « has been » revanchards, donnant à cette force qui se voulait nouvelle, une allure de déjà vu, à savoir la propension de notre classe politique à toujours être en position gourmande de se partager le gâteau, pardon, le gaz et le pétrole…
Oui, on a beaucoup entendu les misères faites au candidat du pouvoir sortant par des hommes qui ont peur de faire partie du pouvoir sorti, ces hommes du gouvernement de Mermoz, comme on les appelle… Leurs manœuvres ont vampirisé l’expression de leur candidat, c’est bien dommage, pour tout le monde, bref, pourquoi avons-nous eu l’impression de quémander leurs programmes ?
Alors qu’il est clair que les foules qu’on voit lors des passages des caravanes politiques, ne se retrouveront jamais dans les urnes, nous sommes confrontés à ces paroles performatives, destinées à nous persuader de la réalité de leurs contenus, hurlées du haut des podiums par ces candidats rusés, qui affirment que tout sera plié en leur faveur dès le premier tour… Cela sans avoir à aucun moment proposé des programmes qui soient propres à réenchanter notre Sénégal, dont les populations ont surtout soif de concorde et de paix.
Si ces prédictions quasiment surnaturelles ne se confirmaient pas, imaginent-ils les dangereuses conséquences qu’en tireraient les partisans des vaincus ?
Pouvait-on en 15 jours, faire de la monnaie, un thème de campagne électorale ? Suffit-il de présenter Diomaye Faye comme un stagiaire pour gagner des suffrages ?
Qui a entendu Aliou Dia du PUR, parler de ses réalisations qu’il a su faire dans d’autres pays et qui fonctionnent ? Qui a écouté les propositions de Boubacar Camara, et qui les a rapprochées de celles de Khalifa Sall, pour en fin de compte imaginer qu’entre tous ces hommes, il est possible de bâtir ensemble un nouveau Sénégal ?
Le secret des pays qui se sont développés réside dans les valeurs et vertus du travail, mais aussi dans l’affirmation fière et assumée d’un certain patriotisme, d’un engagement citoyen, et d’exigences civiques basées sur le respect des autres, le tout disposé dans un Etat égalitaire et méritocratique.
Ils ont omis de nous faire rêver…
Pourquoi tous ont été sourds à ce qui plombe vraiment le développement de notre pays ?
Leur est-il insupportable de constater que des millions de jeunes ont les baskets à Dakar et la tête en Espagne, qu’ils ont besoin d’un mur pour tenir droit et pouvoir espérer que leur inactivité peut devenir espoir ?
Il leur est par contre tout à fait insupportable de voir émerger des idées qui arrivent à convaincre la jeunesse que les opportunités sont ici, chez nous. Qui dit à ces jeunes que le continent qu’ils fuient, est la proie des puissances étrangères, justement parce qu’il a de la valeur ?
En vérité, c’est la crise du sens que traverse le Sénégal depuis plusieurs années qui explique notre crise économique et sociale, parachevée par la perte du sens de la parole publique. Laquelle n’a plus de sens ni de valeur.
Ces hommes nous offraient, qui sait, de « Restaurer la promesse républicaine » et de proposer aux Sénégalais un « désir d’avenir ». Ces derniers le manifestent, ce désir, dans des réseaux citoyens qui appellent à ce partage de valeurs que leur intelligence les autorise à exiger.
Dimanche c’est cela qui se joue. Pas seulement l’expression dangereuse d’une colère aveugle qui nous propulserait dans une obscurité difficile à dissiper dans ce brouhaha doctrinal.
Qu’au moins, ils sachent préserver la paix… C’est trop leur demander ?
Par Félix NZALE
LA CULTURE... HELAS !
La campagne électorale arrive à son terme. Tout a été dit, rien n’a été dit. Nos candidats ont majoritairement laissé les Sénégalais sur leur faim de programmes visions sérieusement élaborés.
La campagne électorale arrive à son terme. Tout a été dit, rien n’a été dit. Nos candidats ont majoritairement laissé les Sénégalais sur leur faim de programmes visions sérieusement élaborés.
En deux semaines de campagne, il y a un aspect essentiel qui n’a pas (ou très peu) été pris en compte : la culture. Élément vital d'une société dynamique, elle contribue à la réussite éducative, développe les capacités de réflexion critique et améliore l’apprentissage. Elle a été totalement passée sous silence.
Notre société est pourtant en crise parce que la culture est en crise. Et cette crise qui nous frappe est avant tout une crise de mots. Ce sont eux qui définissent le sens que nous donnons à nos perspectives et qui nous permettent de les construire ensemble. Or, leur fragilité actuelle remet en question notre capacité à nous parler. Comment élaborer une parole collective à la hauteur de notre ère, des contextes changeants et des enjeux ? Vaste programme !
Au Sénégal, il y a longtemps que la confusion s’est établie entre ce qui relève de la culture et ce qui relève de certains aspects purement ludiques et récréatifs. D’ailleurs, c’est pour n’avoir pas compris que la culture c’est la vie avec la pensée que le Président Macky Sall, sitôt installé au pouvoir en 2012, a nommé Youssou Ndour à la station de ministre de la Culture. Avant de s’en débarrasser rapidement sous la pression notamment de nombreuses autorités dont le Président Abdou Diouf qui ne voulait surtout pas voir le chanteur à la tête de ce département alors que le Sénégal accueillait – en 2014 - le Sommet de la Francophonie. C’est dire que la culture est une affaire trop sérieuse pour être laissée à des défaillants intellectuels. Elle est le fondement de toute stratégie de développement et de construction des imaginaires.
Répétons-nous : la culture est en crise. Comment la soigner alors même que ce qui fonde notre capacité à dire notre monde et à penser nos trajectoires - le sens des mots - est affaiblie ? Des candidats à la présidentielle, les hommes de culture, des Arts et des Lettres s’attendaient à des points de vue.
Cela dit, fondre l’Education et la Culture en un ministère ne serait sans doute pas une idée saugrenue. En tout état de cause, il nous faudrait rapidement, dans la perspective du «Sénégal qui vient», réinventer la critique comme possibilité d’ébranler les discours convenus et les idées reçues. Cela passe par une nouvelle réflexion sur notre rapport aux mots et au langage. C’est un enjeu fondamental pour continuer à produire une pensée dynamique et critique et sortir d’une période de confusion générale du sens.
par Makhtar Diouf
LE FRANC CFA OU LE CHAOS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Garantie théorique, dévaluations récurrentes : derrière la façade de la stabilité, cette monnaie a en réalité freiné le développement du continent africain. Un lourd héritage dont il est temps de s'affranchir
D’éminents économistes africains et français ont attiré l’attention sur le franc Cfa avec des éclairages pertinents. Mais bon nombre d’Africains francophones sont sceptiques, résistants au changement, pensant que le franc Cfa est la panacée, et que les pays africains de la zone franc (pazf) sont incapables de prendre en mains leur destinée monétaire. Sans le franc Cfa, ce sera le chaos. Ils sont comme cet esclave dont parlait Cheikh Anta Diop : libéré par son maître, il va jusqu’à la porte, puis revient ; il ne sait pas où aller, il a perdu tout repère, toute idée d’émancipation, pensant que la servitude est sa condition naturelle.
Par conséquent, le devoir d’information et de sensibilisation doit continuer. Commençons par attirer l’attention sur l’historique du franc Cfa, dans ses aspects techniques, mais d’abord dans son côté crapuleux jonché de délits et de crimes, pour voir qui y tenait vraiment et pourquoi.
La face crapuleuse de l’historique du franc Cfa
Deux présidents français pourtant assez différents, le général de Gaulle et Nicolas Sarkozy ont fait du franc Cfa un cactus : qui s’y frotte s’y pique. Comme le montrent les exemples suivants.
Guinée : Faux monnayage contre Sékou Touré
Lorsque Sékou Touré proclame l’indépendance de la Guinée en 1958 et sort de la zone franc en 1960 pour créer sa monnaie nationale (syli, franc guinéen) il devient pour de Gaulle l’homme à abattre. Le témoignage nous vient d’un de ses hommes de main pour les affaires africaines, surnommé « ministre de l’Afrique », Maurice Robert, un des piliers de la Françafrique, moins connu que Jacques Foccart dont il est un proche collaborateur. Il est chargé du secteur Afrique du Sdece (Service de documentation extérieure d’espionnage et de contre-espionnage).
En 2004, un an avant sa mort, il libère sa conscience en publiant un ouvrage (Entretiens avec Jacques Arnault) intitulé Maurice Robert, ministre de l’Afrique. Voici ce qu’il écrit sur leurs rapports avec Sékou Touré :
Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition... Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération “Persil”, par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie... Cette méthode du faux monnayage est en revanche redoutablement efficace : les billets (fabriqués en France), de très bonne qualité, font tabac à Conakry, où le climat humide détériore la monnaie (guinéenne) imprimée à Prague, et inondent le marché guinéen. Cette phase de l’opération ‘’Persil’’ est un succès, ce qui ne fut pas le cas des autres.
Les ‘’autres cas’’, c’est l’armement et l’entraînement de mercenaires pour faire tomber Sékou Touré, comme l’écrit Maurice Robert, ajoutant que sa liquidation physique avait même été envisagée.
Le faux monnayage est un délit contre lequel la police internationale Interpol dont le siège est à Lyon a été créée en 1923. De Gaulle s’y est livré contre Sékou Touré, pour défendre son franc Cfa.
Togo : Sylvanus Olympio assassiné
Sylvanus Olympio n’a pas le profil du « président africain ami de la France ». Par ses origines lointaines (Brésil, Nigéria). Par sa formation : diplômé de la London School of Economics and Political Science, ancien cadre de la multinationale Unilever. Il est polyglotte : anglais, français, allemand (né à Lomé sous l’occupation allemande).
En mai 1960, il déclare à l’Agence France Presse : Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. Selon Maurice Robert, à l’Elysée, Olympio est considéré comme plus dangereux que Sékou Touré. Début janvier 1963, il décide de quitter la zone franc pour créer une monnaie togolaise indexée sur le deutchmark allemand. Le 13 de ce mois, il est criblé de balles à 7 h du matin, alors que la radio France Inter a annoncé sa mort une heure plus tôt. Selon le vétéran togolais Goodwin Teteh, il a été tué par des militaires français. L’ambassadeur de France au Togo Henri Mazoyer avait demandé à un légionnaire français Gnassingbé Eyadéma (futur président) d’endosser le crime contre paiement de 300 000 francs, une fortune à l’époque.
Mali : Coup d’État contre Modibo Keita
Au Mali, le président Modibo Keita quitte la zone franc en 1962 et crée une monnaie nationale. En 1968 il est renversé par un coup d’Etat qui installe au pouvoir un autre ancien légionnaire de l’armée française Moussa Traoré qui fait revenir le Mali dans la zone franc. Modibo Keita meurt en détention en 1977 dans des conditions non élucidées. Selon certaines sources, il aurait été empoisonné à petits feux dans son alimentation.
Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo enlevé et déporté
A la suite des élections controversées de 2010 en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo au pouvoir se voit refuser les caisses de la BCEAO pour les besoins de son administration. Il décide de quitter la zone franc et de créer une monnaie ivoirienne, ce qui aurait sonné le glas du franc Cfa. Aussitôt le 3 avril 2011, Sarkozy lui envoie son armée pour l’enlever et le déporter aux Pays-Bas (Cour pénale internationale). Il installe au pouvoir A. Ouattara, ancien cadre du FMI, ancien sous-gouverneur puis gouverneur de la BCEAO, intégriste du franc Cfa.
Libye : Khadafi assassiné
Le journaliste américain Sydney Blumenthal est le conseiller technique de Hilary Clinton, ministre des affaires étrangères (Secretary of State) sous l’administration Obama 2009 - 2013. Il envoie à celle-ci secrètement par courrier électronique privé ‘’email’’ (ce qui est illégal) plus de 3 000 mémos. En 2015, la justice américaine découvre l’affaire qui fait scandale (Hilary email-gate). Un de ces mémos du 2 avril 2011 révèle les véritables raisons de l’intervention française en Libye sur ordre de Sarkozy et de l’assassinat de Khadafi le 20 octobre 2011 :
Selon des sources autorisées, Khadafi disposait d’une masse de 143 tonnes d’or et du même montant d’argent équivalent à plus de 7 milliards de dollars qu’il comptait utiliser pour créer une monnaie africaine qui aurait entre autres été une alternative au franc Cfa. C’est lorsque Sarkozy a été informé de ce plan par ses services de renseignement qu’il a déclenché l’attaque en Libye en soutien des ‘’rebelles’’. Il déclare alors que Khadafi est une menace pour la sécurité financière du monde et que la France a décidé d’assumer son rôle devant l’histoire.
Cette monnaie africaine devait aussi « mettre fin à la tyrannie du dollar, monnaie de compte du pétrole » et c’est Hilary Clinton de mèche avec Sarkozy qui a persuadé Obama d’intervenir aussi en Libye avec le mensonge amplement médiatisé d’action humanitaire contre Khadafi qui « était en train de massacrer son peuple ».
Pourquoi diantre cet acharnement de gouvernements français à défendre le franc Cfa jusqu’au crime ? Quel est le mobile du crime ? Et si François Mitterrand avait mis sur une piste ? Dans un ouvrage de 1957 Présence française et abandon, l’ancien ministre des colonies (1950-51), écrivait : Sans l’Afrique il n’y aura pas d’Histoire de France au 21ème siècle ... Déjà la France sait combien l’Afrique lui est nécessaire » (p. 237).
Dans l’antre du franc Cfa
Pour pénétrer l’antre du franc Cfa, sans risque d’erreur ou de subjectivisme, prenons comme boussole deux ouvrages écrits par des Français ardents défenseurs de la zone franc : Bernard Vinay, ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale, auteur de Zone franc et coopération monétaire, ministère de la Coopération, 1980 ; Patrick et Sylviane Guillaumont, professeurs d’Economie à l’université de Clermont- Ferrand, consultants des autorités monétaires françaises, auteurs de Zone franc et développement africain, 1984.
Bernard Vinay dit d’emblée que la zone franc est une organisation unique au monde (p.3) et qu’elle repose sur trois principes : parité du franc Cfa avec le franc français en libre convertibilité ; centralisation des devises africaines (réserves de change) au Trésor français avec garantie du franc Cfa ; libre circulation des capitaux. Le pivot de la zone franc est la centralisation des devises. C’est pour cela que la zone franc a été créée en 1939 par la France avec toutes ses colonies d’Afrique et d’Indochine pour se constituer un fonds de guerre.
Compte d’opérations et garantie de la France
Selon B. Vinay, La France s’engage à fournir sur simple demande des francs français avec lesquels les agents économiques des pays partenaires pourront, soit régler leurs achats de biens et services, soit acquérir sur le marché des changes de Paris toutes les devises dont ils pourraient avoir besoin...
Que deviennent alors les devises des pays africains au Trésor français ? :
Les conventions que les banques centrales (de la zone franc) ont passées avec le Trésor français leur font obligation de centraliser toutes leurs ressources de change en francs français dans les ‘’ comptes d’opérations’’ que cet organisme leur a ouverts ... La Banque de France devait se porter acheteur de la monnaie dont le cours en francs français risquait en fonction d’un excédent des demandes sur les offres de dépasser la limite haute. Dans ces conditions les opérations de change sur le marché des changes de Paris pouvaient conduire la Banque de France à intervenir et éventuellement à accumuler des ressources de change provenant de cessions par des agents économiques des pays partenaires de la zone franc (p.225).
Ce qui signifie que les devises africaines ne sont pas des stocks dormants au Trésor français. Elles sont converties en francs français pour soutenir le cours du franc français au jour le jour, contribuant ainsi, autant que possible, à la stabilité de cette monnaie.
Rappelons qu’en juillet 1944, 44 pays se réunissent à Bretton-Woods aux Etats-Unis pour se pencher sur l’instabilité monétaire. Le Fmi et la Banque mondiale sont créés. Une mesure moins connue qui y est prise est la fin de l’étalon- or (émission de monnaie gagée sur l’or). Les Américains dont l’économie n’a pas été affectée par la guerre qui a eu lieu en Europe ont l’économie la plus puissante et peuvent imposer le dollar comme gage de toute émission monétaire. C’est l’avènement du ‘’gold exchange standard’’ (étalon change or) : l’émission du dollar est gagée sur l’or, mais l’émission des autres monnaies est gagée sur le dollar jugé aussi bon que l’or (« as good as gold »), à un taux fixe autour d’une marge de fluctuation de plus ou moins 1 pour cent (passé à plus ou moins 2,25 pour cent). Ces monnaies doivent être soutenues sur le marché des changes par des opérations d’achats et de ventes de devises pour rester dans ces limites afin d’éviter la dévaluation.
Le gouvernement du général de Gaulle, par son représentant Pierre Mendès-France, signe l’accord de 1944, mais ne le ratifie qu’un an après, le 26 décembre 1945, après avoir la veille (25 décembre) créé le franc Cfa (Colonies françaises d’Afrique, par la suite Communauté financière africaine). Ce qui est édifiant.
La garantie a-t-elle été effective ?
Suivons B. Vinay : La garantie est virtuelle aussi longtemps que les instituts d’émission (africains) disposent de réserves (p. 116) ... Lorsque les pays de la zone franc disposent de réserves de change, cette garantie est purement nominale puisqu’elle n’est pas mise à contribution (p.117).
P. et S. Guillaumont présentent l’évolution des avoirs extérieurs des pays de l’Uemoa (p. 68 – 69) : de 1963 à 1979 ils ont été créditeurs et en progression. Et ils écrivent : Lorsque le solde est positif, il constitue un gain de devises pour la France (p. 57).
Lorsque le solde du compte d’opérations des pays de l’Uemoa devient négatif en 1979, la France s’écarte pour faire passage au Fmi qui intervient pour la première fois dans ces pays avec des financements assortis de conditionnalités : les programmes d’ajustement structurel. P. et S. Guillaumont en rendent ainsi compte :
La conditionnalité du Fmi modérait les risques que pouvait faire courir à la France l’automaticité du recours au compte d’opérations (p. 209).
Quels risques pour la France ? Pour une fois qu’il lui est donnée l’occasion de faire jouer sa garantie, elle se décharge sur le Fmi tout en ayant durant des décennies conservé les devises des pays africains convertis en francs français. (C’est la France qui en 1962 avait parrainé l’admission de ses anciennes colonies au Fmi). S’il est vrai que les avoirs extérieurs des pazf n’ont jamais atteint 10 pour cent des avoirs extérieurs français, la Banque de France les utilisait tout de même sur le marché des changes pour soutenir le cours du franc français. Autre mise à contribution des pays africains. Lorsqu’en 1940 les Allemands occupent Paris, les autorités françaises de peur de les voir s’emparer des lingots d’or de la Banque de France en transfèrent une partie sur l’axe Dakar-Thiès-Kayes.
Franc Cfa et développement
L’argument sempiternellement avancé pour le franc Cfa est la stabilité. Quelle stabilité ? Sûrement pas politique, au regard du record détenu de coups d’Etat. Au plan économique, dans l’Uemoa, 6 pays sur 8 sont classés PMA (pays moins avancés). La stabilité se réduit en fait à l’octroi de crédits au compte-gouttes aux économies africaines, pour soi-disant éviter l’inflation. Entre la restriction poussée et la profusion de crédits il y a bien un optimum qui n’a pas été mis en œuvre pour que la monnaie puisse contribuer au développement de ces pays.
Lisons B. Vinay : Les politiques de crédit expansionnistes sont généralement inadaptées dans ces pays. Les structures de production sont insuffisamment diversifiées, et en tout état de cause manquent d’élasticité : elles ne sont pas prêtes à répondre à une croissance rapide de la demande provoquée par le développement du crédit. Un développement rapide du crédit est de ce fait plus enclin sur le plan intérieur à peser sur les prix qu’à générer l’activité (p. 95).
Autrement dit, il faut laisser les pays africains dans le statu quo du sous-développement. Il ajoute : Les banques centrales de la zone franc ont pendant longtemps fixé des taux d’intérêt parmi les plus bas du monde (p.98). Une bonne manière d’encourager la fuite de capitaux vers des sites plus rémunérateurs.
Le cheminement avec le franc Cfa a été parsemé d’autres embûches non favorables au développement. Par exemple, les entreprises françaises ont longtemps disposé d’un quasi-monopole sur les importations de produits manufacturés des pazf. Avec l’osmose entre le franc français et le franc Cfa, traiter avec un fournisseur français, c’est comme aller faire ses courses au marché du quartier. Alors que son concurrent allemand peut être plus compétitif en prix et qualité, mais éloigné par les complexités de change monétaire, et aussi la langue.
Les dévaluations du franc français, 8 fois depuis 1948, compte tenu de la parité fixe avec le franc Cfa, ont entraîné des pertes importantes pour les pazf. Surtout au niveau de la dette contractée en d’autres devises. Des milliards de francs sont ainsi partis en fumée.
Il n’est pas étonnant que le franc Cfa n’ait pas contribué au développement des pazf. Les derniers Rapports 2018 et 2019 sur l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement sont accablants. Les 8 pays de l’Uemoa figurent tous dans le peloton de queue, derrière le Cap Vert et la Mauritanie, pays hors zone franc. L’indice de développement humain prend en compte le revenu par tête, mais aussi les indicateurs d’éducation et de santé. Parmi les 12 premiers pays africains figure un seul de la zone franc, le Gabon classé 7ème grâce à son revenu par tête généré par d’importants pétrodollars et une faible population d’un peu plus de 2 millions d’habitants.
Les obstacles au développement des pays africains de la zone franc sont certes nombreux. Mais le franc Cfa en est un. Le sort de l’homme se joue sur la monnaie, écrivait Jacques Rueff, conseiller monétaire du général de Gaulle, dans son livre L’âge de l’inflation (1963).
Quand la France lâche du lest
L’appartenance à la zone franc a longtemps fait fi de la souveraineté des membres africains. Comme le dit B. Vinay :
Jusqu’en 1973, les gouverneurs généraux des banques centrales étaient désignés par le gouvernement français (p. 126). Après l’africanisation des postes de direction, un accord entre la France et les pays membres stipule que deux administrateurs désignés par le gouvernement français participent au Conseil d’administration de la Bceao dans les mêmes conditions et avec les mêmes attributions que les administrateurs désignés par les Etats membres (p.127)... Il est des circonstances où les décisions des conseils d’administration ne peuvent être prises qu’avec l’appui effectif de la représentation française (p. 129).
La sortie de Madagascar et de la Mauritanie en 1973 n’a pas été sans effet sur les mesures de concession partielle de souveraineté qui allaient suivre. Sans doute pour ne pas donner des idées à d’autres. Le premier Africain gouverneur de la Bceao est nommé en 1974, et en 1977-78, le siège est transféré de Paris à Dakar. Il est créé la Banque ouest-africaine de développement (siège Lomé, avec capital réparti entre Bceao, Etats Uemoa, pays européens dont France, Chine...) pour, contrairement à la Bceao, s’intéresser aux problèmes de développement.
L’année 2019 a été marquée par des attaques sans précédent contre le franc Cfa : manifestations, écrits documentés d’intellectuels africains appuyés par des démocrates français, accusations de responsables politiques italiens contre la France dans sa politique avec les pays africains ... La coupe était devenue trop pleine. Ce qui a conduit au projet de remplacer le franc Cfa par l’éco, avec comme principales mesures la fin de la détention des réserves de change de l’Uemoa en France et de la représentation française dans la Bceao.
Du franc Cfa à l’éco
Le projet éco court circuite le projet initial de dirigeants africains de la sous-région qui consistait à procéder en deux étapes : dans un premier temps, au niveau de l’Uemoa remplacer le franc Cfa par une monnaie indépendante de la France, adopter une monnaie commune entre les pays à monnaies autonomes, pour dans un second temps fusionner les deux monnaies dans le cadre de la Cedeao, à l’horizon 2005.
Les pays de la Cedeao hors zone franc ont été pris de court par l’initiative eÉco dans laquelle la main française n’est pas absente. La France depuis de Gaulle a toujours tenu à éloigner ses anciennes colonies d’un Nigeria qu’elle ne peut pas contrôler. C’est pour tenir le Nigeria à distance que Mitterrand avait en 1994 créé l’Uemoa (ne pas confondre avec Umoa) en remplacement de la Ceao moribonde. Ceci, à la suite de la décision des chefs d’Etat de ne plus avoir que la Cedeao comme communauté d’intégration dans la sous- région.
Dans l’immédiat, les pays Uemoa doivent lancer leur expérience de monnaie autonome, quitte à ce que des pays de la Cedeao viennent y adhérer par la suite individuellement.
Pour une monnaie ouest-africaine non-Cfa
Faut-il brûler le palais présidentiel de Dakar parce qu’il a été la résidence des gouverneurs de l’Afrique occidentale française ? Personne n’y pense. Alors, gardons notre BCEAO, expurgée de ses scories coloniales, pour mener notre première expérience de monnaie commune indépendante.
Quid des critères de convergence ?
Les critères de convergence (CDC) sont des normes présentées comme devant être respectées par chacun des pays engagés dans une expérience de monnaie commune : taux d’inflation, taux de déficit budgétaire, taux d’endettement, à ne pas dépasser. Le traité de Maastricht de 1992 instituant l’Union européenne en remplacement de la Communauté économique européenne incorpore les CDC sur conseil de l’économiste canadien Robert Mundell, théoricien de la ‘’zone monétaire optimale’’ (article publié en 1961 dans American Economic Review).
Cependant, au moment de lancer la monnaie commune euro en janvier 2000, la moitié des pays membres ne remplit pas les exigences des CDC. Mais il faut faire vite et on ferme les yeux. L’histoire de l’euro est par la suite truffée de manipulations et maquillages de statistiques par certains membres pour se conformer aux CDC.
Il est certes préférable dans une zone monétaire que chaque économie fonctionne avec une bonne maîtrise de l’inflation, du déficit budgétaire, de l’endettement ..., pour éviter de grandes disparités. Mais il n’y a pas lieu de faire des critères de convergence une obsession, de s’y focaliser au point de bloquer l’avènement de monnaies communes africaines. Depuis les années 1960, l’inflation est devenue le cauchemar des pays occidentaux. La lutte contre l’inflation est ainsi le premier objectif de politique économique dans ces pays développés. Cet objectif, quelle que soit son importance, peut-il constituer la priorité des priorités dans des pays africains qui cherchent à se développer ?
Mythe autour de la convertibilité
Certains Africains se confortent dans la possibilité de pouvoir convertir leurs francs Cfa en d’autres monnaies. Encore que cette convertibilité soit limitée, même entre le franc Cfa d’Afrique de l’Ouest et le franc Cfa d’Afrique centrale. Il existe actuellement dans le monde 180 monnaies différentes, dont 18 totalement convertibles sans restriction, le reste étant constitué par des monnaies partiellement convertibles et des monnaies non convertibles. Ce sont les gouvernements et leurs banques centrales qui chaque année décident du degré de convertibilité de leurs monnaies, tenus d’en informer le Fmi.
Les monnaies classées les plus convertibles (dollar US, euro, franc suisse, livre sterling, yen japonais) sont certes celles de grandes puissances économiques. Mais la monnaie du Kenya, le shilling, est totalement convertible, alors que le réal, monnaie du Brésil émergent, n’est que partiellement convertible. Pourtant le produit intérieur brut du Brésil fait 27 fois celui du Kenya, et le revenu par tête d’habitant 4,5 fois (chiffres 2019). En Chine, il a été décidé que la monnaie le renminbi (unité de compte yuan) ne soit que partiellement convertible.
Ce n’est pas la monnaie qui fait elle-même sa convertibilité. C’est le gouvernement qui en décide. Il n’existe aucun critère unanimement établi pour conférer la convertibilité à une monnaie. On aurait tort de penser que la convertibilité, même limitée, du franc Cfa est un gage de monnaie forte qu’il serait aventureux d’abandonner.
Atouts d’une monnaie Uemoa non-Cfa
Les pays de l’Uemoa sont parfaitement en mesure de battre monnaie par la Bceao sans ingérence de la France. Ce ne sont pas les atouts qui manquent.
(1) Selon le ‘’Rapport sur la politique monétaire de l’Uemoa, Bceao, juin 2019’’, le montant des réserves de change est de 8 874,5 milliards francs Cfa en mars 2019, soit un taux de couverture de l’émission monétaire de 77,1 pour cent et près de 5 mois d’importations de biens et services. Ce qui est largement suffisant pour émettre une monnaie solide et crédible.
(2) Un facteur important d’une expérience monétaire est l’indépendance de la banque centrale. Une banque centrale commune à un groupe d’Etats est une garantie. Elle ne peut être manipulée par un seul chef d’Etat jusqu’à déclencher une spirale inflationniste.
(3) La Bceao dispose d’une quarantaine d’années d’expérience en sol africain. Les banques centrales des pays africains à monnaies autonomes n’avaient pas une telle expérience en matière de gestion monétaire au moment de s’affranchir de la tutelle monétaire coloniale. Pourtant, par leurs performances économiques ces pays n’ont rien à envier aux pazf.
(4) La monnaie commune non-Cfa ne risque pas d’être perturbée par le voisinage avec les monnaies inconvertibles des pays frontaliers. L’insularité géographique a été un facteur non négligeable de la réussite monétaire du Cap Vert, à la différence de la Guinée-Bissau qui a fini par adopter le franc Cfa.
Le gouverneur de la banque centrale de Mauritanie dans une interview à ‘’La Tribune Afrique’’ en juillet 2018 déclarait : « Nous avons quitté le Franc Cfa et nous ne le regrettons pas ». Il ajoutait que l’inflation y est bien maîtrisée autour de 3 pour cent. Rappelons que lorsque la Mauritanie crée sa propre monnaie (ouguiya) en 1973, ses avoirs extérieurs au Trésor français ne sont que de 3. 136 millions francs Cfa, le montant de loin le plus faible des membres de la Bceao où le montant total est de 72.192 millions francs Cfa, soit 4 pour cent seulement.
Ce que le Cap Vert et la Mauritanie ont fait individuellement, pourquoi les 8 pays de l’Uemoa ne peuvent pas le faire, et en mieux, avec une banque centrale commune indépendante des Etats et sans tutelle extérieure ? Les citoyens de cette zone monétaire peuvent se rassurer. Il n’y a pas péril en la demeure.
Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Une nouvelle monnaie n’a jamais et nulle part été plébiscitée par les populations. La défiance à l’égard de l’euro avant son lancement, ‘’euro-scepticisme’’ a prévalu dans tous les pays de l’Union européenne. Les Suédois ont par référendum rejeté l’adhésion de leurs pays à l’euro. Pour les Britanniques, il n’était pas question d’abandonner la livre sterling. L’euro a tardé à être accepté par des Européens habitués à leurs monnaies nationales, et a encore ses détracteurs. Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Suède, Tchéquie, bien que membre de l’UE n’ont pas encore adopté l’euro.
Il en sera de même avec la nouvelle monnaie non-Cfa. C’est partout le phénomène humain psychologique de résistance au changement.
L’appréhension des populations à l’égard d’une nouvelle monnaie a surtout prévalu tant que la mass monétaire était constituée pour l’essentiel par la monnaie liquide dite fiduciaire (billets et pièces métalliques). Cette inquiétude peut être dissipée en partie avec l’avènement de la monnaie électronique qui permet les transactions (paiement de factures, envois d’argent, achats sur Internet... etc.) sans contact physique avec des signes monétaires.
Pour plus d’indépendance, la nouvelle monnaie non-Cfa, peu importe le nom à lui donner, devra être indexée à un panier de monnaies et non au seul euro. Cela évitera en tout cas à la nouvelle Bceao dêtre présentée comme la Banque centrale européenne en Afrique de l’Ouest.
NB. J’avais publié ce texte il y a quelques années. Je le remets en selle pour coller à l’actualité sur le problème monétaire, pour appuyer les excellentes contributions de Ndongo Samba Sylla et de Pierre Sané sur la même question. Je compte sous peu rédiger un texte sur la perspective de monnaie nationale au Sénégal. Il fallait d’abord déblayer le terrain.
Par le Prof Mary Teuw NIANE
FACE A LA PANIQUE DE LA VIEILLE CLASSE POLITIQUE, LE PEUPLE JUBILE
À une journée de la clôture de la campagne électorale, les représentants de la vieille classe politique paniquent, ils tirent tous sur DIOMAYE. Même sa frêle ombre leur fait peur !
À une journée de la clôture de la campagne électorale, les représentants de la vieille classe politique paniquent, ils tirent tous sur DIOMAYE. Même sa frêle ombre leur fait peur !
Ils voient déferler les foules volontaires que ni l’argent et encore moins la peur n’ont déplacé pour accueillir avec joie et détermination DIOMAYE et SONKO.
Ils voient l’affection et l’amour naturels des Sénégalais de tout âge envers DIOMAYE.
Ils voient combien les jeunes collent à leurs idoles dont la prison a démultiplié la popularité.
SONKO et DIOMAYE n’ont pas besoin d’argent pour rassembler les foules, pour drainer cette ferveur incommensurable que l’argent ne produit pas, que les ruses et les leurres d’une campagne ne peuvent faire éclater.
C’est le produit de la fidélité à leurs idées, de l’attachement aux intérêts des populations et aux bases de la souveraineté nationale.
C’est parce que DIOMAYE est le peuple sénégalais que le peuple Sénégalais le lui rend.
À un jour de la clôture de la campagne électorale, la vieille classe politique et ses alliés paniquent. Ils tirent sur tout ce qui ressemble à Diomaye.
Les soi-disants candidats de l’opposition soft jettent un à un le masque.
En fait, ils ne sont opposés qu’à BASSIROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE.
Ils n’étaient là que pour la galerie, pour tenter la diversion, et chercher maladroitement à détourner des voix qui devraient aller ver DIOMAYE.
Car pour cette caste de pilleurs des deniers publics, de mange-mil, de défenseurs intéressés des intérêts étrangers, de spoliateurs fonciers, de prête-noms, de candidats à la continuité du régime du Président-putschiste, il n’y a qu’un adversaire, le candidat du PROJET, le candidat DIOMAYE.
En ces dernières heures de campagne, la peur s’est vraiment emparée du camps de l’anti-Senegal.
Les mallettes d’argent fonctionnent à merveille, les frontières vont s’ouvrir, la circulation inter région va être légalisée, les hommes et femmes non républicains de l’administration vont être réquisitionnés pour valider l’expulsion de représentants dans les bureaux de vote, prolonger à des heures indues le vote dans certaines localités.
Ils sont prêts à tout pour que DIOMAYE ne passe pas au premier tour.
Soyons encore plus déterminés qu’eux à nous opposer à tous leurs vils projets, leurs ruses, leurs intimidations, leurs tentatives de corruption, pour que se réalise la victoire de DIOMAYE au premier tour.
Le peuple sénégalais rêve tout simplement d’un Sénégal meilleur, juste et prospère.
Le dimanche 24 mars 2024 sera le jour où le Soleil lèvera vraiment à l’Est, où enfin le rideau de fumée qui enveloppe notre pays depuis les indépendances se déchirera.
Il va alors naître le Sénégal que nous aimons, le Sénégal dont nous aspirons.
Vivement que DIOMAYE soit élu dès le premier tour !
Par Ibou FALL
DIOMAYE N’EST PAS SONKO
Ce n’est pas le foudre de guerre qui peut faire chavirer l’opinion à coups de formules-chocs. Lorsqu’il se lance dans la campagne et que le Pros daigne lui laisser le micro, ses prestations ressemblent plus à celles du MC qui annonce la star
Nous sommes dans la dernière ligne droite et le sort en est jeté. Ça tombe bien : Bassirou Diomaye Faye, le candidat de, euh, substitution, et son mentor, l’ex-futur favori de cette truculente présidentielle, Ousmane Sonko, sortent enfin de prison, alors que ça commence à désespérer dans les bicoques indignées et sur les réseaux sociaux exaspérés.
Un candidat en prison que l’on n’a pas l’occasion d’entendre ni de voir à l’œuvre, on fait quoi avec : on vote aveuglément, pour le venger d’une hérésie administrative ou, alors, on le zappe prudemment ?
Dès le lendemain, les deux lurons font face à la presse. Il y a du nouveau depuis le Cap Manuel : changement de programme et d’ennemi ; osons le jeu de mots, de cap… Bien entendu, le crachoir, c’est Ousmane Sonko qui le tient.
Certes, l’ancien président (putatif) de la République Ousmane Sonko alias Pros, n’est pas le candidat ; il est juste là pour soutenir son petit frère en campagne, le déjà «Président» Diomaye, à qui il conseille il y a quelques jours (comprenez qu’il lui en intime l’ordre) de se tailler la barbe qu’on devine broussailleuse après tant de mois dans neuf mètres carrés de taule surpeuplés et se faire une tête d’honnête homme avant de retrouver la liberté et les électeurs.
Ce sont des détails qui vous foirent une campagne présidentielle… Heureusement qu’il pense à tout, le Pros !
Lui, pendant tout ce temps, les doigts de pieds en éventail, se la coule douce dans une suite carcérale au service de chambre irréprochable. Une faveur de la République pour le retaper après sa suicidaire grève de la faim dont l’issue serait fatale à la Nation. Dans la tourmente, on voit à l’époque ses deux épouses face à la caméra, devant le micro de l’intrépide Pape Alé Niang, plaider la clémence de Madame la «Darling Kôr» nationale alors que nos droits-de-l’hommiste locaux menacent d’apocalypse la République au bord de l’irréparable. Pour récompenser ses deux conjointes de leur solidarité à toute épreuve et leur alléger les tâches, d’ailleurs, il vient d’en rajouter une troisième.
Quand on aime, on ne compte pas…
Le président sortant, Macky Sall, que le Pros combat farouchement dès sa réélection en 2019 pour empêcher son troisième mandat (ou son deuxième quinquennat, c’est selon), est finalement quelqu’un de bien, à en croire le conférencier sublime.
La nouvelle cible se nomme Amadou Ba, une vieille connaissance.
Ils sont collègues depuis belle lurette et Ousmane Sonko, du haut de ses fonctions de simple inspecteur des Impôts, lui intime souvent l’ordre de rester dans l’orthodoxie quand les mains baladeuses d'Amadou Ba, à l’époque Directeur général des Impôts et domaines, qui est également son prof à l’Ena à ses heures perdues, cherchent à s’en mettre plein les poches.
Manifestement, le micro, les caméras et les flashes du parterre de journalistes qui lui boivent les paroles, ça lui manquait ; il est sapé comme un nabab et additionne les bravades. Le grand boubou à la couleur éclatante, la chéchia, la voix de stentor et le geste ample lui donnent de la superbe. Même quand il profère une énormité, son aplomb en bouche un coin, et personne n’ose douter.
A ses côtés, Bassirou Diomaye Faye fait un peu terne dans son p’tit costume sombre. Avec sa voix chevrotante, quand bien même il émet une évidence, elle est sujette à caution. Il a l’allure du rescapé auquel il manque des compléments nutritifs et la mine de l’intrus qui se demande ce qu’il peut bien faire dans cette galère.
Chienne de vie.
Né en 1980, il est un produit de l’école catholique, où l’on cultive la discipline, l’humilité, l’effort ; il quitte son Ndiaganiao natal muni du Bfem, destination le lycée Demba Diop de Mbour ; après quoi, il débarque à Dakar avec le Bac en poche en 2000 ; après sa Maîtrise en Droit, quatre ans plus tard, il réussit à intégrer l’Ena sur concours et en ressort en 2007. Depuis, il arpente les couloirs des Impôts et domaines où sa carrière fait de modestes petits pas.
Il n’est manifestement pas quelqu’un qui saute les étapes ou gravit les escaliers quatre à quatre. Ce n’est pas, non plus, l’exhibitionniste qui présente ses épouses ou ses enfants à la populace, comme le fait Ousmane Sonko pour que l’opinion s’indigne des injustices de la police de Antoine Félix Diome et de la Maréchaussée du Général Moussa Fall
On ne sait rien de BDF, vraiment. Il rase les murs jusque-là
C’est bien pourquoi, quand les événements le propulsent au-devant de la scène, malgré lui, il tombe comme un cheveu dans la soupe électorale de cette Présidentielle.
D’abord, lorsqu’il outrage les magistrats en les comparant à des anthropophages, tout le monde est sidéré : d’habitude, il n’a jamais un mot plus haut que l’autre. Ses rares apparitions à la télé, à l’époque où le Pros multiplie les faits divers, c’est pour défendre son mentor. Il est prêt à jurer sur un Coran que Pros est victime d’un sordide complot.
Lui, il ne tance personne, il tente de convaincre.
A n’en pas douter, ce n’est pas le foudre de guerre qui peut faire chavirer l’opinion à coups de formules-chocs. Lorsqu’il se lance dans la campagne et que le Pros daigne lui laisser le micro, ses prestations ressemblent plus à celles du Mc qui annonce la star. Le micro et les caméras ne doivent pas l’aimer.