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26 novembre 2024
Opinions
Par Ciré Clédor Ly
LE PEUPLE S’EST EXPRIMÉ, IL A FAIT LE CHOIX DE LA RUPTURE
Plus qu’une élection, c’est une révolution et un référendum pour la souveraineté totale et la prise en charge par le peuple Sénégalais de son propre destin
Plus qu’une élection, c’est une révolution et un référendum pour la souveraineté totale et la prise en charge par le peuple Sénégalais de son propre destin.
C’est l’aboutissement d’une lutte sans compromissions, d’une jeunesse déterminée qui a réussi à déraciner un système, un baobab qui a toujours exhibé ses biceps.
C’est aussi la victoire d’un homme, Ousmane Sonko, qui est gardien du temple et l’artisan pour la réalisation du projet de société qui a emballé toute une nation, forcé le respect de l’Afrique et du monde progressiste.
Le peuple Sénégalais, ce grand peuple, vient de résoudre la contradiction principale, qui était de terrasser le mammouth, le néocolonialisme et les compradores.
Bassirou Diomaye Faye a porté avec dextérité le projet Pastef avec à ses côtés le grand timonier et le peuple Sénégalais qui l’a validé.
C’est tout un Etat qu’il y aura à construire, mais les patriotes qui regorgent de compétences aiguës, de forces physiques et de technicités, sont pressés de servir sans réserves et ils relèveront à coup sûr le défi.
Enfin la délivrance !!!
PAR Samba Gadjigo
LIBERTÉ
En cette veille des élections présidentielles du 24 mars 2024 qui marquent un tournant décisif dans l’histoire de notre peuple, il me plait de partager avec tous les patriotes sénégalais ce poème de feu Ousmane Sembène
En cette veille des élections présidentielles du 24 mars 2024 qui marquent un tournant décisif dans l’histoire de notre peuple, il me plait de partager avec tous les patriotes sénégalais ce poème intitulé Liberté de feu Ousmane Sembène (1923-2007). Ce poème inaugural de la carrière littéraire et artistique de Sembène, publié à Marseille en 1956, demeure plus que pertinent aujourd’hui dans notre combat pour la construction d’une Nation africaine réunifiée, indépendante, libre, prospère, juste et ancrée dans nos valeurs.
Ousmane Sembene
Action Poétique, Marseille, 1956
Extrait :
Ne pleure pas, frère,
Ne pleure plus.
Que ta nudité ne soit pas de l'ignorance.
Que ton savoir
Ne te fasse pas oublier ton devoir.
Il y a seulement quelques—années,
On se le murmurait.
Maintenant, des milliers de gens en sont hantés.
C'est par de multiples exemples
Que ces révoltes muettes sont dispersées.
J'entends les gémissements des jeunes,
Les pleurs des orphelins,
Les plaintes des mères dont le lait se tarit.
La patience de nos aînés.
Le tout est un nuage qui recèle
La force et la tempête.
Est-ce de l'indifférence ? de la résignation ?
Non. . .c'est de l'attente,
Quoi ? . . .
Ce vent-qui écrase les bourgeons,
Sur son passage, entre le clair matin et l'aube,
Ce souffle néfaste qui prolonge l'obscurantisme,
Cette nuit d'ignorance s'évaporant,
Trouveront réunis la force des âmes et les volontés,
Rassemblées en un seul fagot.
Je ne me plains pas, frères,
Ne pleurez plus, frères,
La faiblesse et la stérilité de l'occupant sévissent.
Il ne sait que distribuer des coups,
Propager des calomnies.
Cette aube naissante
Fera ployer la force des armes
A ce Zénith qui nous verra libre.
Je rends hommage
A notre Afrique tout entière—Notre pays—
Qui se fond et se confond en nous,
Nos légendes, nos mythes,
Ce pays est nôtre.
Ses poètes, nous les chercherons,
Ses philosophes, nous les retrouverons,
Sa nature vierge, nous l'exploiterons,
Des monuments pour ses héros, nous en construirons.
Ses fils d'hier—vendus—reviendrons.
Son peuple d'aujourd'hui—nous,
Nous taillerons dans la brutalité,
La servilité,
Une nation.
Nos fils se promèneront libres,
Dans un univers libre.
Hommage à l'Afrique libre.
par Karim Wade
NE JOUEZ PAS AVEC LE FEU, VOTEZ DIOMAYE FAYE
Amadou Ba est aux abois. Le PDS et ses militants ne seront pas son prétexte pour justifier la confiscation de la volonté populaire. Le PDS déposera dès la semaine prochaine une plainte contre Amadou Ba, Madiambal Diagne et X pour faux
Après avoir éliminé ma candidature à l’élection présidentielle du 24 mars 2024 en recourant à la corruption comme le prouve l’audio qui circule sur les réseaux sociaux (cliquer sur le lien https://youtu.be/k8Ra9-x_rRM?si=b5yvZrjnSj6CCRQL), le candidat Amadou Ba, avec la complicité du journaliste affairiste Madiambal Diagne du « Quotidien », verse maintenant dans le faux et l’usage de faux en brandissant un document qui émanerait d’un Comité Directeur du PDS et selon lequel notre parti et plusieurs de ses fédérations soutiendraient Amadou Ba. Il s’agit là d’une information fausse et mensongère.
Nos vaillants militants et responsables du PDS savent très bien que ce document est un faux puisque le Comité Directeur ne s’est pas réuni récemment. Amadou Ba est aux abois. Il se livre à une tentative désespérée car il sait qu’il a déjà perdu l’élection tellement il est impopulaire et rejeté par la grande majorité des Sénégalais. Le PDS et ses militants ne seront pas son prétexte pour justifier le vol de l’élection et la confiscation de la volonté populaire.
Toutes les 59 fédérations du PDS ont décidé d’appliquer les directives du Secrétaire Général National, Maître Abdoulaye Wade, et de se mobiliser massivement pour faire élire le candidat Bassirou Diomaye Faye au premier tour.
Le PDS déposera dès la semaine prochaine une plainte contre Amadou Ba, Madiambal Diagne et X pour faux, usage de faux et faux en écriture.
La manœuvre malhonnête d’Amadou Ba démontre son manque de considération pour le PDS et de respect envers notre Secretaire Général National, le président Abdoulaye Wade. J’alerte les militants de l’APR et BBY qui, il y a encore une semaine, combattaient vigoureusement la candidature d’Amadou Ba. Les tentatives de manipulation de leur candidat leur donnent un avant-goût de ce qu’il leur réservera après le départ du président de la République Macky Sall.
Ne jouez pas avec le feu ! Votez pour Bassirou Diomaye Faye !
PAR Aminata K. Dioukhané
LA VÉRITABLE RUPTURE, C’EST ÉLIRE UN PRÉSIDENT AUX MAINS LIBRES POUR GOUVERNER
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression
De quoi le Sénégal a-t-il besoin pour les années à venir ? D’un président libéré de toute contingence politique. Car les calculs politiciens du régime en place pour se maintenir au pouvoir, combinés aux pratiques « des oppositions » pour le conquérir, nous ont conduit à la crise politique actuelle.
Cette liberté totale d’action du futur président ne sera possible que pour un président qui se limiterait à un seul mandat de 5 ans. Le Sénégal se trouve aujourd’hui dans une impasse politique et il lui faut imaginer des solutions politiques de sortie de cette crise. Il lui faut innover dans la manière de faire la politique et d’exercer le pouvoir.
Imaginons un président élu par les Sénégalais pour un mandat de 5 ans. Ce président ne consacrera pas de temps à des intérêts partisans, mais se concentrera entièrement sur le bien-être du peuple sénégalais.
Imaginons un mandat unique de 5 ans qui serait une garantie pour un exercice du pouvoir concentré et efficace porté par un président de la République défenseur de la Constitution, des libertés individuelles et collectives, et de l'égalité ; un président qui assurerait le strict respect de la séparation des pouvoirs et refuserait toute manipulation de la justice dans des affaires délicates. Et surtout un président qui travaillerai à apporter les réformes politiques, économiques et sociétales qui aujourd’hui s’imposent.
Enfin imaginons un président qui rompra pour la première fois dans l’histoire du Sénégal avec la quête d’un second mandat, source de tension et de compromis, voire de compromission.
Mahammed Boun Abadallah Dionne sera le premier président du Sénégal aux mains libres
Un seul mandat de 5 ans pour un président libre et efficace : c’est une rupture dans les pratiques politiques du Sénégal et c’est une innovation. Voilà la véritable rupture anti système qui pourrait permettre de transformer durablement le Sénégal. Voilà la véritable révolution dont le Sénégal, qui traverse une crise politique, a besoin. Et cette rupture commence tout simplement par montrer que la conservation du pouvoir à tout prix n’est pas le but ultime de la politique. Le 5ème président de la République du Sénégal pourrait être le premier à se détourner de la politique politicienne pour se concentrer sur la gouvernance de la cité. Celui qui pourra guérir le Sénégal de ses pathologies politiques. Réparer le Sénégal et unir les Sénégalais.
Nous ne devrions jamais oublier ceci : le Sénégal se trouve dans la situation actuelle à cause d’une guerre entre pro et anti 3ème mandat, une guerre qui aura duré 5 années. Nous ne devrions pas nous tromper : seule une rupture dans les pratiques politiques peut apporter des transformations profondes au Sénégal. Et le fait de se limiter à un mandat en serait le premier jalon.
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression. Sans attaches politiques partisanes, car sans parti politique, il a régulièrement déclaré à ses partisans et sympathisants : « je ne cherche pas de militants mais des compagnons, je ne cherche pas de foule apathique mais des citoyens engagés et participatifs ».
Il affirme clairement son intention lors de ses diverses prises de parole : après avoir exercé la fonction de Premier ministre pendant 5 ans, quitté le gouvernement pendant les 5 années suivantes, il sollicite le suffrage des sénégalais pour les 5 prochaines années pour terminer sa mission. Sa démarche le positionne en outsider, mais un outsider expérimenté et rassurant, capable de réformer le système de l'intérieur. C’est le paradoxe Dionne. En tant qu'outsider, il s'est détaché de son parti d'origine pour se présenter sous la bannière de la Coalition Dionne2024. Son expérience en tant que Premier ministre et ses compétences avérées d'homme d'État lui confèrent une connaissance approfondie des mécanismes du pouvoir et de la marche de l’État.
5 années pour réparer, réconcilier, travailler ensemble et transmettre à la jeune génération
Les arguments en faveur d’un seul mandat ne manquent pas : liberté d’action du président sans la pression de la réélection et possibilité de se concentrer sur l'accomplissement de ses objectifs à long terme sans être distrait par des calculs politiques à court terme ; absence de pression politique afin de pouvoir prendre des décisions basées uniquement sur l’intérêt du pays ; contribution au renouvellement démocratique. Plus précisément, il pourra se concentrer sur les réformes proposées par son programme et la réconciliation des sénégalais.
Les principaux arguments contre, à savoir, le manque d’expérience ou la perturbation des projets en cours, peuvent être balayés d’un revers de la main : Mahammed Boun Abdallah Dionne est le candidat qui a le plus d’expérience gouvernementale et celui qui a participé à la conception et à la mise en œuvre d’une grande partie des projets du PSE.
Est-il besoin de rappeler qu’au Sénégal comme dans beaucoup d’autres pays en Afrique, la vie sociale et économique tourne autour de la politique car les possibilités de s’enrichir ou d’accéder à des postes prestigieux sont concentrés autour du régime en place et de l’élite que ce régime produit.
S’engager à exercer un seul mandat, c’est aussi autoriser les sénégalais à s’éloigner de la quête des dividendes économiques et sociaux liés à la politique, auxquelles les pratiques politiques les ont malheureusement habitués.
S’engager à exercer un seul mandat c’est travailler à réparer le Sénégal épuisé par ces années de combat pour la conservation du pouvoir du côté du régime ou pour sa conquête du côté « des oppositions ».
Ces cinq années seront essentielles pour nous remettre du traumatisme causé par la lutte acharnée pour le pouvoir que nous avons traversée et pour réfléchir sur nous-mêmes et définir notre cap. Ensemble. Avec un président expérimenté, rassembleur, capable de transcender les clivages, d'apaiser les tensions et d'agir rapidement et efficacement dès son élection, nous pourrons avancer. Une période durant laquelle nous aurons l'opportunité de nous questionner sur nos aspirations collectives tout en collaborant pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.
par Adama Dieng
HAÏTI : IL EST TEMPS D’AGIR MAINTENANT AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ?
Le 1er janvier 1804, date qui devait marquer l'épilogue d'une révolution épique et historique contre les autorités coloniales françaises, Haïti proclamait son indépendance sous la houlette de Jean-Jacques Dessalines. Anciennement Saint-Domingue, « Haïti », le « pays des montagnes » en langue taïno, devient ainsi la première nation noire indépendante de l'hémisphère occidental, et bien plus tard, membre fondateur des Nations Unies, de l'Organisation des États américains, de l’Association des États de la Caraïbe et de l’Organisation internationale de la Francophonie.
219 ans plus tard, le 1er janvier 2023 exactement, une tribune intitulée « Prise en otage, Haïti se meurt. Agissons maintenant » que j'avais initiée a été publiée. Je remercie sincèrement les personnalités éminentes des cinq continents qui ont cosigné cette tribune, parmi lesquelles des chefs d'État actuels et anciens, le président de la Commission de l'Union africaine et des intellectuels de renom.
Plus d’un an après la publication de la tribune, on se demande si le cri du cœur que nous avons lancé a été clairement entendu. En effet, depuis lors, la situation en Haïti s'est profondément détériorée et est devenue encore plus désespérée. Néanmoins, reconnaissance, appréciation et encouragement doivent être offerts à toutes les entités et personnalités, telles que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, et le gouvernement de la République du Kenya, sous la direction du président William Ruto, qui se sont depuis lors engagées à poursuivre leurs efforts à soutenir le peuple haïtien dans ses moments les plus difficiles où il en a besoin. En octobre dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement en Haïti d'une mission multinationale dirigée par le Kenya pour tenter de rétablir l'ordre face à la spirale de la violence des gangs et à l'effondrement de l'ordre public.
Cependant, ce déploiement, déjà retardé par une procédure judiciaire kenyane, pourrait être rendu plus difficile par les complications politiques et les réalités en Haïti même. Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Tchad et la Jamaïque ont officiellement notifié aux Nations Unies leur intention de fournir du personnel à une force internationale. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déployé des efforts remarquables en faveur de la paix en Haïti. Par ailleurs, l'évolution la plus récente semble indiquer que le gouvernement du Bénin, sous la direction du président Patrice Talon, serait également prêt à engager ses forces pour contribuer à la stabilisation de ce pays caribéen si emblématique pour de nombreux pays africains. En effet, Haïti, terre plongée dans les traditions africaines, est intrinsèquement liée à l'Afrique à travers l'histoire, la culture et la spiritualité.
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ? L’humanité doit écouter et répondre aux cris du peuple haïtien. Le Premier ministre d'Haïti, Ariel Henry, a annoncé sa démission il y a quelques jours. La communauté internationale appelle à la mise en place d'un gouvernement de transition qui pourrait libérer le pays de la violence.
Dans un pays ruiné et débordé, dont les services de base nécessaires à l’existence de la population, notamment les hôpitaux, les écoles et les entreprises, se sont effondrés, des gangs criminels contrôlent la majeure partie de la capitale tandis que les gens tentent désespérément de s’échapper et de chercher refuge dans les pays voisins ; pour un pays où l'accès à l'aéroport principal est bloqué ; son palais présidentiel et ses commissariats ont été pris d'assaut ; pour un pays dont les deux principales prisons ont été attaquées, entraînant la fuite de plus de 4 000 prisonniers ; pour un membre de la famille des nations, peut-être l’un des plus fragiles, qui saigne devant nous tous avec un risque élevé de guerre civile totale; pour Haïti, une inertie ou une hésitation persistante équivaudrait à un crime de non-assistance. Le Conseil de transition réclamé par la communauté internationale sera, espérons-le, composé de personnalités des principaux partis politiques, du secteur privé, de la société civile et des groupes religieux. Mais aucun des dirigeants n’a de mandat légitime. Certains sont même sous les sanctions des Nations Unies ; ils sont tous très divisés ; d'autres ont été inculpés de graves crimes dans leur pays et à l'étranger.
L’héroïque peuple haïtien, mille fois meurtri, trahi à maintes reprises, mérite plus et mieux, malgré la complexité de la situation actuelle. L'Alliance Panafricaine pour la Transparence et l'Etat de Droit (PATROL), dont l'objectif est de favoriser la transparence et le respect de l'État de droit et d'agir comme moteur de développement, est prête à user de ses bons offices et à servir de canal de communication afin de faciliter le rapprochement entre les différentes parties en Haïti. Le Conseil d'administration, l'organe directeur central de notre organisation, composé de personnalités de premier plan dans les domaines de la transparence, de la justice et des réformes de l'état de droit, de la gouvernance et des droits de l'homme du monde entier, a confirmé que PATROL est prête à jouer un rôle de catalyseur et de conseil dans la promotion des réformes de la justice compatibles et adaptées au système judiciaire national et à la culture d’Haïti. Nous voulons être à l’écoute et disponibles pour le peuple haïtien - les Haïtiens de l’intérieur et ceux de la diaspora - et servir toutes les parties souhaitant œuvrer pour un retour de la stabilité et la restauration d'institutions de gouvernance crédibles et légitimes.
Plus spécifiquement, PATROL serait honoré de contribuer humblement à l'avenir d'Haïti en renforçant le système de justice pénale, en luttant contre l'impunité et la corruption, en améliorant le système pénitentiaire et en soutenant la sécurité et les droits de l'homme. Il est temps d’agir sans calculs politiques ou géopolitiques. À cet effet, PATROL est prête à s'engager et à travailler avec des partenaires locaux et internationaux pour faire avancer et atteindre ces objectifs.
Haïti a survécu aux profonds tourments de la traite transatlantique des esclaves. Haïti a survécu aux énormes ravages causés à la fois par la nature et par l'homme, tels que les tremblements de terre, la déforestation disproportionnée, la pauvreté abjecte et la misère, des institutions de gouvernance faibles, voire absentes, l'instabilité politique et des conditions humanitaires désastreuses, y compris une épidémie de choléra importée au pays. Haïti, une nation dotée de magnifiques auteurs, poètes, grands artistes et musiciens, a également survécu aux gangs, à la violence sexuelle et aux orgies de violence. Haïti a continué à survivre à des cauchemars récurrents. Ce à quoi ce peuple merveilleux, cette terre extraordinaire ne survivra pas, c’est le manque d’action efficace, qui serait une autre trahison aux proportions épiques. L’humanité doit agir et agir rapidement pour soutenir le peuple haïtien pour la reconquête de son pays sur la base de la justice, de l’équité et du progrès socio-économique. Aidons sincèrement, généreusement et courageusement les Haïtiens à reprendre leur destin en main et à vivre en paix.
En effet, nous pourrions tous être coupables de ne pas avoir porté assistance à ce peuple remarquable en danger.
Pour la « Perle des Antilles », l’humanité a les moyens de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas là d’un vœu pieux.
Adama Dieng est président fondateur de PATROL
Ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU/Conseiller spécial pour la prévention du génocide.
Ancien Expert Indépendant sur la Situation des Droits de l'Homme en Haïti.
Ancien Greffier du Tribunal Pénal International pour le Rwanda.
Ancien membre du conseil d'administration de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale.
par Ousmane Ndoye
POURQUOI VOTER POUR KHALIFA DIMANCHE
Notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles
C’est aujourd’hui une lapalissade de dire que les élections sont piégées au Sénégal. Les trois dernières élections présidentielles qui se seront tenues de 2012 à ce dimanche 24 mars 2024 auront fait l’objet de manipulations qui en ont, sans nul doute, affecté leurs résultats. En 2012, le forçage de la candidature de Wade a favorisé l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. En 2019, ce dernier, toujours avec la méthode favorite de l’instrumentalisation des institutions, a éliminé les candidats Khalifa Sall et Karim Wade, pour se faufiler au 1er tour.
En 2024, il tentera le même coup de Wade en mixant son propre ingrédient de neutralisation de candidats, mais la résistance forte du peuple sénégalais l’amena à renoncer à briguer un 3e mandat et faussa son système de sélection de candidats à l’élection présidentielle.
En définitive, si le combat du peuple a fait échec au projet de Macky, il reste que la victoire porte un goût d’inachevé, avec la non-participation d’Ousmane Sonko, qui était un des favoris de l’élection, et son remplacement à la dernière minute par son camarade Diomaye Faye, moins connu des Sénégalais. Ainsi notre élection présidentielle de 2024, pour ne pas dire notre démocratie, est encore piégée. Que faire face à ce piège ? Pour qui voter dimanche ?
Le désir de changement est, et à juste titre (nul besoin de revenir sur les justifications tant la gouvernance de Macky Sall a été destructrice pour le pays), le sentiment le mieux partagé par le peuple sénégalais. Notre expérience des élections nous conforte dans l’idée que, comme dans le passé, le vote utile sera à l’œuvre dans cette élection et nous conduit inexorablement dans un choix entre Khalifa et Diomaye, pour porter le flambeau du changement.
Pour nous, quel que soit celui qui sera choisi, le prochain mandat ne pourra être qu’un mandat de transition : transition vers un vivre-ensemble mieux organisé, avec des institutions fortes, indépendantes et respectables, une effectivité des principes de redevabilité à tous les niveaux de l’Etat, une administration publique restructurée, et une citoyenneté plus éveillée et exigeante.
En effet, le legs Macky Sall est particulièrement lourd, avec un endettement faramineux de plus de 14 000 milliards de FCFA (contre 3 000 milliards en 2012), des investissements couteux en subventions d’exploitation et à la rentabilité économique souvent douteuse (ex. TER), une désorganisation de l’administration et un système éducatif et de santé à l’agonie. Ce legs ne pourra être transformé en « émergence » ou en « développement » en l’espace de 5 ans, et ceci malgré les recettes tirées de l’exploitation du pétrole et du gaz qui ne changeront pas fondamentalement le profil budgétaire du pays.
Aussi, au regard de la situation dans laquelle le Sénégal se trouve, la question du choix se pose surtout en ces termes : faire un saut dans l’inconnu avec un candidat que nous ne connaissons pas bien et espérer qu’il saura naviguer et sortir le bateau Sénégal dans le creux de la vague où l’a mené Macky Sall ; ou choisir un candidat avec qui nous avons eu du vécu, avec qui nous avons travaillé et dont nous connaissons les forces et les faiblesses.
Nous avons retenu cette seconde option en portant notre choix sur Khalifa Sall pour être le prochain président du Sénégal et mener les réformes majeures inspirées des conclusions des Assises nationales, et sur lesquelles nous nous sommes entendues, pour avoir un meilleur vivre-ensemble. Parmi les réformes les plus importantes, on notera une réforme constitutionnelle qui consacre l’effectivité de la séparation des pouvoirs ; l’incompatibilité entre la fonction de président de la République et la fonction de chef de parti politique ; la réforme du Conseil supérieur de la magistrature présidé par le Président de la Cour Suprême ; le renforcement de la Cour des Comptes en la dotant de pouvoir d’initiation de poursuites judiciaires ; l’institution du référendum d’initiative citoyenne ; l’abolition des dispositions attentatoires aux libertés, en particulier toutes celles qui rendent obligatoires la détention sur simple réquisition du procureur ; la fixation des parts minimales pour les dépenses d’éducation, de santé, de l’agriculture selon les standards internationaux ; l’adoption d’une nouvelle réglementation (montant, gestion et contrôle) des Fonds spéciaux conforme à la bonne gouvernance et aux meilleurs standards en vigueur ; et la mise en place d’un système de compétition transparente pour l’accès aux emplois de l’État.
Ces réformes, et bien d’autres, inclues dans le programme du candidat Khalifa permettront, nous pouvons certainement en convenir, d’asseoir des fondations solides pour enclencher un véritable processus de développement économique et social du Sénégal.
Comme toujours quand il s’agit de choisir un candidat, il restera la question de la personne, de ses capacités, de ses valeurs et convictions. Notre expérience de Khalifa Sall est qu’il est un homme qui respecte ses engagements. Dans nos débats budgétaires à la Mairie de Dakar, il tenait toujours à respecter les engagements pris avec les populations, mais également avec les conseillers municipaux que nous étions, en particulier sur les investissements de la Ville de Dakar dans les secteurs éducatif et de la santé. Khalifa a également de grandes capacités de résistance aux différentes pressions venant de toutes parts, en témoigne son adoption de la budgétisation participative, y compris dans les investissements de la Ville de Dakar au niveau des communes, malgré les résistances de plusieurs de ses alliés maires de commune. Sur ce plan, les commerçants qui occupaient de manière anarchique les rues de la ville de Dakar nous confirmeraient certainement sur la capacité de Khalifa à mener jusqu’au bout les initiatives nécessaires à l’intérêt général.
En conclusion, notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles et effectivement appliquées pour la justice, la paix et un plus grand respect des droits humains de tous, contribuant à mobiliser tout notre peuple dans l’effort de développement économique et social du pays. Notre conviction est qu’à cette étape historique, cet homme est Khalifa Sall.
Bon vote et vive le Sénégal !
Ousmane Ndoye est Secrétaire national chargé de l’administration LD Debout.
par Fatou Kassé-Sarr
MAHAMMED BOUN ABDALLAH DIONNE, LES RAISONS D’UN CHOIX
Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Dionne incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie , mettre en œuvre des réformes...
L’incarnation d’un slogan : l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni, un Sénégal juste
Tels sont les slogans du candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne. Un slogan est une promesse. Ce que l’on sait du candidat de la coalition DIONNE2024 est-il une incarnation de sa promesse ? Cette interrogation revêt une importance cruciale, car en en période électorale, chaque candidat lance des slogans, souvent pour dire aux sénégalais ce qu’ils ont bien envie d’entendre. Je pense que les promesses contenues dans un slogan de campagne, doit refléter la personnalité, le parcours de celle ou celui qui l’incarne et qui prétend vouloir diriger l’avenir de tous les Sénégalais.
Un profil porté sur l’industrialisation : quel intérêt ou quel avantage pour diriger le Sénégal ?
Un tel profil est l’ADN qui façonne sa vision. Cela signifie donc qu’il est pleinement conscient de la nécessité de faire passer un nouveau cap au Sénégal : celui de l’industrialisation, de l’exploitation et de la transformation locale de toutes les richesses du pays. La notion de souveraineté et l’objectif de création d’emplois, dans chaque secteur et territoire concernés sont donc au cœur du programme. Mahammed Boun Abdallah Dionne possède le profil qu’il faut pour relancer l'économie, mener des réformes industrielles et créer des emplois au Sénégal grâce à son expérience et ses compétences avérées. En tant qu'ancien Premier Ministre et homme d'État, Dionne a démontré sa capacité à gérer des responsabilités gouvernementales de manière efficace et stratégique. Son engagement envers le Sénégal, illustré par sa longue carrière politique et son dévouement constant au service du pays, fait de lui un leader crédible et dévoué. Dionne a dirigé la mise en œuvre la première phase du Plan Sénégal Émergent (PSE) pendant son mandat de Premier ministre, enregistrant des progrès significatifs dans divers secteurs clés tels que les infrastructures, l'éducation, la santé et l'inclusion sociale. Car c’est durant cette période que le Sénégal a lancé des réformes avec de meilleurs résultats. Son parcours professionnel diversifié, allant de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) à la BCEAO, en passant par des postes au ministère sénégalais de l'Industrie, démontre sa connaissance approfondie des enjeux économiques et industriels. Sa formation en ingénierie informatique et en sciences économiques renforce son expertise dans ces domaines cruciaux pour le développement économique du pays.
La sobriété : le vrai leadership est-il dans l’action ou dans le bruit ?
La capacité reconnue de DIONNE à apaiser les tensions et à assurer la stabilité politique est un atout majeur pour relancer l'économie sénégalaise. Elle est en adéquation avec sa promesse de réconcilier et réparer le Sénégal. Son calme se reflète jusque dans sa campagne. Au point que certains déplorent qu’il ne fasse pas autant de bruit que les autres candidats. Me poussant à me poser les questions suivantes : le bruit et la fureur sont-ils les moteurs du choix ? Le Sénégal, aujourd’hui n’a-t-il pas besoin de sérénité en lieu et place des invectives ? La qualité d’un candidat se mesure-t-elle à la quantité d’argent qu’il est prêt à déverser ? Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Ce qui a d’ailleurs déjà commencé préfigure d’une continuité des tensions dans un Sénégal qui a besoin de reprendre son souffle. Les Sénégalais ont besoin de se remettre au travail, les entreprises sont fatiguées, les jeunes n’en peuvent plus. La lutte pour le pouvoir a ceci qu’elle est souvent violente, agressive, car le pouvoir tel que pratiqué dans des pays où la séparation des pouvoirs n’est pas claire, et où l’hyperprésidentialisme est une règle, choisir revient quasiment à élire un président de la République qui concentre tous les pouvoir entre ses mains, c’est-à-dire un « souverain ». Cette campagne restera dans les annales : le niveau de désinformation, de manipulation a atteint des niveaux inquiétants et avec une facilité tout aussi inquiétante. Avons-nous le désir de poursuivre sur cette voix du tumulte ?
Un mandat unique, une transition centrée sur l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni
La décision de Mahammed Boun Abdallah Dionne de se limiter à un seul mandat a de quoi surprendre dans ce contexte où conquérir le pouvoir pour se l’accaparer semble devenir l’objectif premier. Pourtant la logique de cet engagement mérite d’être examinée pour en saisir l’intérêt. C’est d’abord un objectif clair de consacrer les 5 années à réparer, réconcilier le pays tout en lançant son processus urgent d’industrialisation. Un seul mandat de 5 ans : c’est aussi une approche qui permet de se libérer des pressions politiques liées à une réélection potentielle, lui offrant ainsi la liberté nécessaire pour prendre des décisions sans contraintes et pour le collectif. C’est un point qui mérite que l’on sarrète un moment. Nous avons constaté ce qui a gangréné la politique au Sénégal : les stratégies et manœuvres pour maintenir un personnel politique dans le but de gagner élection sur élection. Le résultat en est une politisation extrême de l’administration et des postes de gouvernement, avec un partage en fonction du poids local de tel ou tel. Ce phénomène est assez problématique puisqu’il institue de fait la conditionnalité qui est de maintenir sa base pour garder son poste. Ensuite on transhume vers une herbe plus verte ailleurs. Une véritable catastrophe et les conséquences sont entre autres celles d’une société qui se délite. Courant mars dernier DIONNE a lancé un appel à toutes les forces vives sans exclusive, car il n’a pas l’intention de diriger seul, camp contre camp. Car sa vision et sa méthode consistent à consulter les forces vives, mener des réformes en collaboration avec toutes les forces politiques sans exclusive, par ce que sont d’abord des sénégalais. C’est un trait de sa personnalité, une manière de mener des projets pour laquelle il est reconnu.
Ensuite un seul mandat de 5 ans, c’est aussi une transition : car le Sénégal a sincèrement besoin d’une pause dans le tumulte, pour se recentrer sur l’essentiel.
En s’engageant à ne pas chercher de second mandat, le candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne envoie un message fort de responsabilité et d’engagement envers le peuple sénégalais. Une démarche qui pourrait encourager une culture politique plus axée sur les résultats et les actions concrètes plutôt que sur la simple conservation du pouvoir. En fin de compte, cette posture pourrait renforcer la confiance des citoyens dans le leadership politique et ouvrir la voie à des changements significatifs et durables pour le Sénégal.
Et si jamais il est tenté de renier sa promesse, les mécanismes existent pour contester, lui rappeler et l’obliger. Les évènements récents ont prouvé au monde entier que les Sénégalais n’oublient pas certaines promesses et qu’ils sont particulièrement attachés à leurs institutions. Le monde a pu voir avec admiration que leur capacité à protéger leurs droits et leurs institutions est d’autant plus forte lors de l’élection présidentielle. Pour eux trahir les promesses liées à cette élection est non négociable.
Les orientations programmatiques de Mahammed Boun Abdallah Dionne, déclinées dans ses slogans, laissent entrevoir un type de gouvernance concentré sur la réforme profonde du Sénégal, de la gouvernance à la question des valeurs, en passant par l'industrialisation génératrice d'emplois pour tous ces jeunes qui se jettent à la mer par désespoir, alors que le potentiel inexploité est là au vu et au su de tous. L’histoire politique du monde, et au Sénégal nous prouve que le vote contre où le vote de colère, peut conduire à des choix malheureux que nous finissons par regretter. Les populismes font leur grand retour à travers le monde avec l’arrivée au pouvoir des extrêmes, mais aussi, aidés des nouveautés de ce siècle qui sont les moyens modernes de désinformation et de manipulation des opinions. Les populismes ont de cela qu’ils savent user des colères et des frustrations pour fédérer. Et les mécontents, à juste titre, sont nombreux. On note également que la stratégie du populisme est aussi, savamment utilisée par des élites pour garder leur pouvoir en jouant sur les peurs, cette fois peur de perdre des privilèges ? Le 24 mars 2024, j’ai trouvé ma réponse à ces questions que je me suis posées : voulons-nous d’un Sénégal réconcilié et au travail dans l’efficacité, dans l’unité ? Le dégagisme est-il un argument de vote ?
J’ai choisi Mahammed Boun Abdallah Dionne, car aussi bien dans son parcours que dans sa personnalité, il peut être celui qui incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie sénégalaise, mettre en œuvre des réformes industrielles et créer des opportunités d'emploi pour les citoyens du Sénégal.
Fatou Kassé-Sarr est Directrice Générale de Labell’Com, vice-Présidente de la Commission Culture CoalitionDionne2024.
Par Dr Cheikh GUEYE
CHERS CANDIDATS, LA VRAIE RUPTURE SERA SOCIÉTALE !
On est encore en train de passer à côté, de rater le train de l’histoire, d’une histoire qui bégaie à chaque alternance ou changement de régime. Les programmes déjà publiés arrivent trop tard pour faire l’objet de débats scientifiques sur leur faisabilité
On est encore en train de passer à côté, de rater le train de l’histoire, d’une histoire qui bégaie à chaque alternance ou changement de régime. Les programmes déjà publiés arrivent trop tard pour faire l’objet de débats scientifiques sur leur faisabilité et leur financement et souffriront d’un manque d’appropriation de la grande majorité des citoyens. En tout état de cause, ils se ressemblent beaucoup dans le caractère superficiel des constats, dans la faiblesse des visions et dans leurs contenus. Au demeurant, je souhaite personnellement qu’il y ait une victoire de l’un ou l’autre camp au deuxième tour de l’élection, pour que le nouveau régime soit le produit d’alliances fortes et durables, avec des projets conjugués et cohérents, et présente les garanties d’une surveillance mutuelle entre acteurs. Ce schéma me semble plus adapté à la situation et au besoin d’asseoir une large base sociale des grandes réformes dont le Sénégal a besoin.
Vers une co-gestion du pouvoir quelle que soit la mouvance gagnante ?
L’ère des messies et des pouvoirs solitaires est derrière nous. Le Sénégal doit s’inscrire dans une dynamique vertueuse d’une trentaine d’années, avec leadership collectif moralement exemplaire et généreusement bienfaisant, dont le comportement ruisselle vers les services étatiques et les citoyens. Les résultats futurs de l’élection présidentielle de 2024 risquent d’être une invite claire à la co-gestion et à la mise en place de coalitions transpartisanes et de gouvernements négociés. Notamment si on passe au régime parlementaire. Les résultats des dernières élections législatives consacrant une multiplicité de groupes parlementaires aux forces moins déséquilibrées qu’auparavant, étaient déjà un indicateur d’une redistribution des cartes après l’élection présidentielle qui avait donné au Président Macky Sall, son second et dernier mandat. Concomitamment, s’observe une recomposition du paysage politique qui se dessinait depuis une dizaine d’années avec la fin de l’ère des partis post-indépendances (PS, PDS, notamment) qui ont incarné la «bipolarisation» du jeu électoral le débat politique. L’émergence ou la résurgence d’une mouvance souveraino-nationaliste, décoloniale et moralisatrice est le fait majeur de ce nouveau temps. J’ai l’impression qu’en dehors du candidat de Benno Bokk Yaakar, au moins 15 des 18 autres candidats s’emploient à démontrer leur légitimité, leur capacité et leur volonté de rupture.
Ne pas rater la vraie révolution : les réformes sociétales encore oubliées ?
En dehors des aspects économiques qui vont exorbiter des programmes des candidats, la véritable révolution que les candidats risquent de rater concerne les aspects sociétaux. Comment reconstruire le sénégalais dans sa meilleure version et refaire nation ? Comment ressouder les liens religieux et ethniques malmenés par les disputes politico-juridiques de ces dernières années ? Comment sauver et reconstruire le cercle familial en déliquescence voire en voie de disparition ? Comment revenir à une véritable vision de refondation du système éducatif à la place des réformettes parcellaires observées depuis les assises nationales de l’éducation de 2013 ?
De manière plus globale, les candidats ne doivent pas occulter la nécessité fondamentale d’une refonte constitutionnelle pour une République vraiment sénégalaise avec une constituante impliquant toutes les couches de la communauté nationale. Si d’autres pays ont attendu des manifestations dramatiques de la crise de l’Etat dans son lien avec la nation (guerres civiles, coups d’état militaire ou constitutionnels, djihadisme, régionalisme exacerbé, revendications de périphéries territoriales par rapport aux centres de décision), le Sénégal a l’opportunité ici et maintenant, d’identifier les lignes de ruptures de la société et les facteurs d’inerties, les conflits latents entre acteurs et groupes et de trouver des mécanismes d’amélioration des fondements de notre vivre ensemble.
La vraie révolution sera de s’intéresser aux véritables déterminants du malaise des sénégalais, de leur dualité paradoxale d’être des grands croyants déclarés et des mauvais citoyens dans l’espace public, d’être si intenses en pratiques cultuelles et d’avoir des comportements aussi blâmables dans leurs relations à l’autre.
La vraie révolution sera de réconcilier les valeurs et les pratiques par des politiques publiques qui redonnent à la famille sa vocation de protection et de transmission des codes de notre culture légendaire de convivialité dans un contexte de révolution numérique qui redéfinit les liens entre les hommes, éloignant les proches et rapprochant les éloignés.
La vraie révolution sera d’oser restreindre pour nos enfants les applications et outils qui les détruisent de l’intérieur et de manière insidieuse leur faisant embrasser des cultures qui sont aux antipodes de leurs valeurs religieuses et de leur identité (homosexualité, drogue, etc.).
La vraie révolution sera d’institutionnaliser les chefferies religieuses en reconnaissant leur rôle d’éducation et d’encadrement spirituels et moraux pour légitimer et objectiver les appuis nécessaires au renforcement de leurs capacités d’organisation et d’action dans des fonctions bien précisées et contractualisées.
Mais pour retrouver une cohésion nationale, dans ses dimensions verticale (conjonction entre les composantes de la nation et leurs institutions), horizontale (renforcement des liens entre composantes sociales et religieuses entre elles) et transversale (prise en charge des problématiques sociétales au sein des institutions supérieures), il faut des mesures et stratégies pour reconnecter le sénégalais avec lui-même, ses principes et valeurs de civilisation. Cette perspective essentielle est consubstantielle à toute révolution nationale. Elle passe par un plan spécial pour les daaras (300 milliards sur 5 à 7 ans) pour commencer à rattraper son retard historique sur le système éducatif classique, l’introduction ou le renforcement de l’éducation religieuse et morale dans les différents segments et secteurs éducatifs et les médias, la mise en place d’un Conseil Supérieur des Religieux (CCR) pour anticiper sur les conflits intra et interreligieux et constituer une force de médiation indispensable dans une société en mutations rapides et conflictuelles.
Dieu, l’oublié de la campagne électorale
Une des marques du milieu politique sénégalais, c’est l’absence de Dieu dans la présentation de la «profession de foi» des leaders et dans l’engagement des candidats. Qui est candidat pour rechercher uniquement l’agrément de Dieu ? Qui considère qu’être candidat est un acte de foi? Que signifie le service à l’autre et à la communauté dans la démarche spirituelle des candidats ? Que nous disent-ils sur leur statut spirituel dans ce qu’il va avoir comme impact sur leur éthique de gestion, leurs vertus et leur comportement devant le vice et les tentations ? Ont-ils conscience qu’ils jouent leur place au paradis ?
A l’inverse, les citoyens savent-ils qu’en contribuant à un mauvais choix de candidat pour le Sénégal, ils partageront avec l’élu concerné les pêchés qu’il aura commis ? Cette dimension spirituelle est peut-être le plus grand absent de la campagne électorale et du jeu politique sénégalais, et ceci pourrait expliquer certains comportements et pratiques aux antipodes de nos valeurs, notamment la tortuosité, les renoncements par rapport à ses convictions et à ses engagements. Globalement, les enjeux sociétaux sont déterminés par nos comportements individuels et collectifs qui, eux-mêmes, dépendent pour beaucoup de nos imaginaires et de nos croyances. Le leadership vertueux dépend du niveau d’exigence morale des citoyens et à l’inverse, la vertu des citoyens dépend de l’exemplarité éthique du leader. La clé du changement souhaité au Sénégal réside ainsi dans cette conjonction heureuse que nous peinons à atteindre.
La recherche scientifique pour le développement de systèmes alimentaires durables et résilients, de systèmes de soins s’appuyant sur la prévention et la production locale de médicaments, la transformation locale de nos ressources naturelles, des systèmes de protection sociale et de solidarité nationale performants, la mise en adéquation entre les politiques sectorielles et les réalités sociales et culturelles, la préférence nationale et les boucles locales de production et de consommation vont constituer les défis majeurs des prochaines années. Mais les ruptures économiques vers la souveraineté et le patriotisme économique ne doivent jamais faire oublier que l’économie doit servir l’homme et que la paix, la convivialité et la stabilité valent mieux que le pétrole, le gaz, et l’or.
par Lamine Niang
POURQUOI CHOISIR BASSIROU DIOMAYE FAYE
Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main
Nous sommes dans la dernière semaine de la campagne électorale. Dimanche, le 24 mars 2024, les Sénégalais iront aux urnes pour élire leur nouveau président de la République. Dix-neuf candidats sont en lice pour occuper ce fauteuil si convoité. L’élu présidera ainsi aux destinées de notre Nation les cinq prochaines années. C’est un moment crucial dans la vie d’un peuple et un mauvais choix dans les urnes pourrait être extrêmement regrettable. Ces douze dernières années, nous n’avons cessé de crier sur tous les toits notre vive colère et nos profondes frustrations. Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main en prenant une décision suffisamment éclairée dans le secret de l’isoloir.
De tous les candidats qui concourent à cette course présidentielle, nous estimons que Bassirou Diomaye est le mieux indiqué pour diriger le Sénégal. De toute évidence, l’homme fait actuellement la meilleure campagne électorale en s’appuyant sur l’efficace machine de sa grande Coalition. En compagnie de son frère de parti et leader charismatique de Pastef, Ousmane Sonko, sa caravane draine partout des foules sur son passage et leurs discours enflammés sont bien accueillis par un public surexcité et conquis.
Cependant, au-delà de l’effet de masse et du concours de popularité, les électeurs devront faire un choix objectif et dépouillé de toute émotivité. Les témoignages élogieux d’Ousmane Sonko sur Bassirou Diomaye Faye auraient pu suffire pour convaincre tout électeur sceptique, mais notre compagnonnage avec Bassirou Diomaye, ces dernières années, à travers l’aventure de Jotna Media Group, nous a permis de découvrir d’autres facettes de l’homme. À l’échelle de la gestion d’un pays, cela peut paraitre anecdotique, mais cette relation politico professionnelle nous renseigne suffisamment sur ses qualités. Au-delà du parcours académique et professionnel qui singularise chaque candidat, nous estimons que l’élection présidentielle du 24 mars doit également se jouer sur un élément fondamental qui passe malheureusement sous le radar. Il s’agit des valeurs.
Un homme de parole
Dans l’un de nos derniers articles, en appelant vivement à la libération du candidat Bassirou Diomaye Faye, nous rappelions la haute portée de l’acte de voter et que celui-ci, loin d’être une simple formalité citoyenne, doit nécessairement s’appuyer sur ce que l’électeur aura d’abord entendu de la bouche de chaque candidat avant de pouvoir faire un choix éclairé. Par conséquent, rien n’est plus injuste et antidémocratique dans une compétition électorale que de priver de parole un candidat au profit des autres. Justement, Bassirou Diomaye est un homme de parole. En effet, il est fréquent d’entendre de la part des candidats des promesses, les unes plus mirobolantes que les autres, dans le simple but d’obtenir le vote de l’électeur. Cependant, toutes les personnes qui ont travaillé avec Diomaye peuvent témoigner qu’il ne dit jamais à son interlocuteur ce qu’il a envie d’entendre. Cela peut paraitre froid et déstabilisant, mais Bassirou s’assure d’argumenter et de prendre le recul nécessaire avant d’émettre un avis. Ses positions ne dépendent point de l’affinité qui le lie à l’autre ou de la simple volonté de plaire, mais elles procèdent toujours d’une mûre réflexion.
Lorsque nous lancions Jotna Media Group, Bassirou Diomaye Faye, à la suite de notre sollicitation, nous avait promis de tenir une chronique hebdomadaire pour appuyer la nouvelle chaîne médiatique. Malgré ses lourdes charges professionnelles et politiques qui lui laissent peu de temps libre, il s’organisait toujours pour être présent tous les samedis à l’enregistrement de l’émission. Nous avons pu tourner avec lui une quarantaine de numéros. Lorsqu’il a compris qu’il ne pouvait plus honorer ses engagements, Diomaye nous a clairement expliqué qu’il allait céder sa place à quelqu’un d’autre tout en nous conseillant su le choix des meilleurs profils pour lui succéder. De la générosité et une grande fiabilité.
Un humanisme naturel et la tête sur les épaules
L’épisode Ndingler a révélé Bassirou Diomaye Faye à beaucoup de Sénégalais lorsque le puissant industriel Babacar Ngom cherchait à faire main basse sur les terres des habitants de Ndingler et que Bassirou s’y était farouchement et publiquement opposé. Le pays a suivi les différentes péripéties de cette affaire, devenue un débat national, qui avait contraint d’ailleurs le président-directeur général de SEDIMA à faire une sortie largement médiatisée (fait rarissime) pour tenter de se défendre. Si le propriétaire de la SEDIMA, du haut de sa toute-puissance financière, avait réussi à obtenir le soutien de la quasi-totalité de la presse qui le faisait passer pour le bon samaritain devant les villageois, en travestissant volontairement la réalité, Diomaye ne s’est laissé nullement impressionner ou intimider, bien au contraire. En portant sur ses épaules ce combat pour la restitution des terres à leurs propriétaires, il a réussi à mobiliser une grande vague de solidarité des Sénégalais pour ce qui paraissait pourtant aux yeux de beaucoup de personnes comme une bataille de David contre Goliath.
L’exploitation du pétrole et du gaz sénégalais va susciter beaucoup d’appétits et de convoitises des multinationales et de certaines puissances occidentales. Et si des pays ont échappé à la malédiction des ressources naturelles grâce à une bonne gouvernance de leurs hydrocarbures, permettant ainsi un partage équitable des richesses aux populations, c’est parce qu’ils ont des dirigeants suffisamment patriotes et capables de négocier au profit exclusif de leur pays. Cela nécessite d’avoir les épaules assez solides pour faire face à toutes les formes de pression, d’où qu’elles puissent venir. Ce qui s’est passé à Ndingler et la posture héroïque de Diomaye devant cette affaire nous donnent un aperçu de la solidité des épaules de l’homme dans la protection et la défense des intérêts exclusifs de ses compatriotes.
De plus, pour les mauvaises langues qui tentaient un raccourci politique dans sa prise de position, Diomaye précisait dans l’une de ses chroniques que : « c’est d’abord une question éminemment humaine, ensuite d’incapacité notoire chez moi à regarder l’injustice sans m’indigner.» En effet, plutôt que de faire étalage de ses connaissances en fiscalité ou d’aborder des thèmes purement techniques, Diomaye faisait toujours le choix de traiter de sujets sociaux dans ses chroniques. Il reste extrêmement sensible au sort du monde rural et à l’injustice que vivent les couches les plus vulnérables de la société. Entre les conséquences désastreuses de la Centrale à charbon sur les populations de Bargny et le traitement salarial injuste des agents de sécurité (ASP), chaque chronique était une occasion pour lui d’exprimer son indignation sur ce que vit le Sénégalais d’en bas avant de formuler des solutions.
Une écoute active et une ouverture à la contradiction
Avant de devenir Secrétaire général du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye était le responsable de la diaspora et coordonnateur du Mouvement des cadres patriotes. La diaspora et les cadres sont deux groupes assez particuliers d’une organisation politique. Si l’une est composée de Sénégalais de l’extérieur caractérisés par leur expérience unique acquise au contact d’autres cultures et d’autres méthodes de travail, l’autre regroupe des Sénégalais, aussi bien à l’intérieur du pays que dans la diaspora, qui se singularisent par leur riche parcours académique et professionnel. Diriger cumulativement ces deux branches d’une formation politique requiert des prédispositions à l’écoute et une grande ouverture d’esprit. Tous les témoignages recueillis convergent vers les mêmes observations : Bassirou Diomaye sait écouter attentivement son interlocuteur même s’il n’est pas d’accord avec lui. Il sait en prendre sur les épaules, mais il faut toujours être prêt à entendre sa réplique qui, du reste, demeure toujours convaincante et respectueuse. Si les cadres lui ont fait totalement confiance également, c’est parce qu’il a les qualités intellectuelles qui forcent le respect et l’admiration des membres du MONCAP.
En somme, nous pouvons dire que nous avons enfin la possibilité de confier notre pays à un homme qui, en plus de son intégrité professionnelle confirmée par son passage sans faille à l’Inspection des impôts et domaines depuis une quinzaine d’années, jouit d’une grande probité morale. Mieux, il dispose surtout de grandes qualités humaines. Des qualités enseignées dans les grandes écoles de gestion à tous les futurs leaders.
Lamine Niang est administrateur de Jotna Media.
par Djibril Sambou
LE SÉNÉGAL DOIT-IL CONTINUER AVEC LE FCFA ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé avec une monnaie communautaire. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour le développement
Le programme de Diomaye président intitulé « pour un Sénégal souverain, juste et prospère » a eu le mérite de poser le débat, en campagne électorale, sur l’abandon du franc CFA. Mes collègues économistes ont tendance à aborder le sujet en utilisant des concepts que le Sénégalais lambda ne peut facilement comprendre. C’est pourquoi, dans cette contribution, je vais essayer d’aborder le sujet de façon très simple, en évitant autant que possible le jargon monétaire. Mais avant, je voudrais m’appesantir un peu sur l’importance de la monnaie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la monnaie n’est pas un seulement sujet technique, c’est aussi un sujet politique qui touche à la souveraineté et à l’indépendance d’un pays. La monnaie bien gérée joue un rôle fondamental dans le développement économique en fournissant la stabilité, la flexibilité et la souveraineté nécessaires pour favoriser la croissance à long terme et améliorer le bien-être économique des citoyens.
Historique du Franc CFA
D’abord, il convient de souligner que le FCFA est une monnaie étrangère. Pour être plus précis, elle n’appartient pas au Sénégal ou aux autres pays de la Zone franc. C’est un bien de la France. En effet, le franc des colonies françaises d'Afrique (Franc CFA) a créé par un décret du gouvernement français. Ce décret a été promulgué le 26 décembre 1945, alors que le Sénégal était encore une colonie. C’est pour cette raison que l’Assemblée nationale du Sénégal ne peut d’ébattre de réformes relatives au franc CFA. Cela est entièrement dévolue au Parlement français. C’est aussi pour cette raison que les billets de FCFA (de mauvaise qualité) sont fabriqués en France, plus précisément à Chamalières, près de Clermont-Ferrand, pour maintenir l’expertise monétaire et les emplois en Hexagone.
Ensuite, beaucoup de personnes ignorent que la création du FCFA était d’inspiration nazie. Durant la période d’occupation, les Allemands avaient imposé à la France un système monétaire qui reposait principalement sur l’ouverture d’un compte d’opérations à la Banque centrale Allemande et une pseudo monnaie (des « pseudo Marks») avec une parité fixe avec le franc français. Ce système permettait aux nazis, par un simple jeu d’écritures comptables, de s’accaparer gratuitement les richesses de la France occupée. Cette pratique monétaire choisie et imposée par le vainqueur n’était que l’expression d’une politique délibérément punitive à l’encontre de la France défaite. Les Allemands avaient aussi ouvert des comptes d’opérations pour chacun des autres pays occupés et demandaient à ces pays de leur exporter des biens et services qu’ils voulaient. En échange, les Allemands, par un simple jeu d’écritures comptables, créditaient les comptes d’opérations avec les « pseudo Marks » de la domination. Les banques allemandes ne reconnaissaient pas ces « pseudo Marks » qui ne pouvaient pas être utilisés en Allemagne. Les nazis avaient des représentants à la Banque de France pour contrôler les décisions monétaires. Ce qui leur a permis de vassaliser et de piller les ressources de la France occupée. À la fin de la guerre, la France était complètement ruinée par le système monétaire imposé par les nazis. Elle devait donc se reconstruire et s’assurer du monopole sur les matières premières de ses colonies, en empêchant la moindre concurrence avec le marché mondial. C’est pourquoi, dès sa sortie du système monétaire nazie, la France va imposer le FCFA (sa pseudo monnaie) en 1958 à ses colonies d’Afrique pour s’octroyer des pouvoirs d’achat exorbitant en pays conquis, s’assurant ainsi l’exploitation gratuite de toutes les richesses africaines. Ayant subi un enrichissement sans cause par le biais d’une pseudo monnaie, la France va appliquer intégralement ce système à toutes ses colonies avec une dose de cynisme incroyable. C’est comme si elle voulait se venger, non pas sur l’Allemagne, mais sur ses colonies d’Afrique. C’est ce système monétaire nazie, avec une pseudo monnaie à parité fixe et des comptes d’opérations, qui est l’ancêtre du franc CFA.
Par ailleurs, même si le FCFA a, plus d’une fois, changé de nom à la suite de réformes cosmétiques, l’acronyme est demeuré. Aujourd’hui, seules les anciennes colonies françaises dont la population est composée majoritairement de noirs continuent d’adopter cette monnaie coloniale. Des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, Madagascar et la Mauritanie ont quitté cette monnaie coloniale dès leur indépendance et ont adopté leur propre monnaie. La Guinée en avait fait de même. Aucun de ses pays n’est revenue sur sa décision de quitter le giron monétaire colonial. À noter que par l’opération secrète dénommée Persil, la France a saboté la nouvelle monnaie guinéenne dès sa mise en circulation car elle voyait d’un mauvais œil le rejet du FCFA par un pays d’Afrique noir francophone. L’opération Persil a permis de démultiplier la monnaie guinéenne et de l’a déverser par les airs dans tout le pays. La conséquence a été l’asphyxie de l’économie de la Guinée puisse que beaucoup de travailleurs qui avaient ramassé des liasses de billets étaient restés chez eux et ne travaillaient plus. Le Togo indépendant avait voulu quitter la monnaie coloniale, mais le président Olympio a été assassiné à la suite d’un complot ourdi par les services secrets français. Conséquemment, cet assassinat avait définitivement enterré le projet quasiment achevé de création du franc togolais. Le FCFA est actuellement la monnaie commune de 14 pays d’Afrique noire francophone.
Le 11 janvier 1994 à Dakar, la France imposait une dévaluation du franc CFA. Cette diminution de valeur de 50% avait permis de remplir, en devises, les caisses du compte d’opérations du Trésor français contre le bien-être socio-économique des Sénégalais et des africains.
Le 21 décembre 2019 à Abidjan, la France, soutenue par la Côte-d’Ivoire, annonçait un projet de réforme comportant le changement de nom du FCFA qui devait devenir l'Éco en juillet 2020, le retrait « virtuel » des administrateurs français de la Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la fin du compte d'opérations et du dépôt des devises au Trésor français. En réalité cette réformette visait à saborder la création d’une monnaie unique de la CÉDÉAO et à calmer la jeunesse africaine opposée au FCFA. Le projet de réforme n'est pas entièrement à terme du fait que la pandémie de COVID-19 ne permettait pas l’avènement de l’Éco qui devait inéluctablement s’accompagner d’une dévaluation.
Fonctionnement du franc CFA
En Afrique de l’Ouest, le FCFA est théoriquement géré par la banque centrale (BCEAO). Cette banque ne fonctionne pas comme une vraie banque centrale, mais comme une super banque commerciale qui s’enrichie au dépend des banques commerciales. En effet, avec la parité fixe du FCFA et la fabrication des billets en France et par la France, la BCEAO ne possède pas toute l’expertise requise en matière de gestion monétaire. Qui plus est, elle ne rend pas des services à l’économie et à la société, et sa « politique monétaire » est dictée par les institutions françaises. En réalité la BCEAO est une succursale de la Banque centrale européenne par l’entremise du ministère français des finances (Bercy) et de la Banque de France. Aucune décision majeure ne peut être prise par la BCEAO ou par la Conférence des chefs d’États sans l’accord des institutions françaises. Les autres faiblesses de la BCEO sont liées à son manque d'indépendance, sa capacité limitée à répondre aux chocs économiques, le manque de transparence dans sa gouvernance, ainsi que son exposition aux influences des institutions financières internationales.
Le FCFA se distingue par son arrimage à l’euro avec une parité fixe. Cela signifie que la valeur du FCFA fluctue en fonction de celle de l’euro sur le marché des changes. Il se distingue également par la convertibilité illimitée « garantie » par le Trésor français, en contrepartie d’une centralisation des réserves de change (stock de devises et d’or des africains) dans les comptes d’opérations. Cela signifie que la France encaisse dans son Trésor public, c'est à dire le budget de l’État (et non pas la Banque de France), l’argent provenant des exportations du Sénégal et des autres pays de la Zone franc. En réalité, la convertibilité illimitée est un leurre car la France ne dispose pas de quantité illimitée de devises à prêter.
Quand les pays de la Zone franc importent des produits ou services, ils sont obligés d’emprunter des devises à la France. Celle-ci puise dans les comptes d’opérations pour leur prêter leurs propres devises avec des intérêts en sus. C’est pour cela les pays africains prennent la France comme un bienfaiteur alors qu’elle les endette avec l’argent qu’ils ont durement gagné. C’est cet endettement des pays africains par la France et par des capitaux africains que j’appelle l’esclavagisme monétaire voulu et subi.
La confiscation des stocks de devises et d’or, sous prétexte de garantir le franc CFA, a pour conséquences principales le surendettement des pays comme le Sénégal et l’impossibilité de s’industrialiser. En réalité, le FCFA est garanti par les africains eux-mêmes à travers leurs dépôts de devises et d’or en France. La France utilise l’argent des africains pour financer ses découverts budgétaires et à amortir sa dette.
Comme autre contrepartie de la garantie du franc FCA, le Sénégal et les autres pays de la Zone franc doivent déposer leurs états financiers en France à la fin de chaque année fiscale. C’est une manière de rendre compte à la France, propriétaire-garant du FCFA. Ce qui permet à ce pays étranger de peser sur les décisions budgétaires des pays africains. Il y a aussi que le FCFA n’est convertible que dans sa Zone. Tout comme le Dalasi gambien n’est convertible que dans sa Zone, c’est-à-dire sur le territoire gambien. Le franc n’est pas du tout une monnaie convertible. La France prétend garantir le FCFA, alors qu’aucune banque sur son territoire n'accepte cette pseudo monnaie. Il est quand même étonnant que la France garanti ce qui n’a aucune valeur sur son territoire.
La France impose également la libre transférabilité. Cela signifie que tout l’argent gagné par les entreprises, en particulier françaises, peut être converti en devises, sans aucune perte de change et transféré en France le même jour, sans aucune restriction. Plus clairement, la libre transférabilité n’est rien d’autre qu’une fuite savamment organisée des capitaux de la Zone franc vers l’étranger. En réalité, c’est ce qui travesti le taux de croissance enregistré par les pays de Zone franc et accentue le chômage et la pauvreté. Cela est illustré par le plus récent classement de l’indice de développement humain (IDH). Dans le classement IDH des pays africains, le sept majeur ne comporte aucun pays de la Zone franc. Dans ce classement aussi la moitié des dix derniers pays est constituée de pays de la Zone franc. Je me passe des comparaisons avec la Corée du Sud qui, en 1960, avait pratiquement le même niveau de développement que le Sénégal.
La maîtrise de l'inflation est le point le plus vanté par les adeptes du FCFA. L'inflation est exaltée comme étant la plus basse dans la Zone franc que dans la plupart des autres pays du continent. Cependant, nous constatons que le panier de la ménagère est plus cher, par exemple, au Sénégal qu’en Gambie et en Côte-d’Ivoire qu’au Ghana. La comparaison du coût de la vie suite la même tendance alors que le taux d’inflation est beaucoup plus élevé en Gambie et au Ghana. Quel paradoxe! Ces deux pays ont la particularité de posséder leur propre monnaie. L’économiste que je suis ne peut s’empêcher de questionner la pertinence des données et la méthode utilisées par la BCEAO pour calculer le taux d’inflation. Je souhaite que cette institution rendre public ses données et sa méthode de calcul pour plus de transparence. Quel serait le taux d’inflation dans l’hypothèse où les pays de l’Afrique de l’Ouest de la Zone franc éliminait toutes les subventions à la consommation ?
Autres avantages que la France tire du franc CFA
La France peut utiliser le FCFA comme un levier pour accéder aux marchés régionaux des pays membres, en facilitant les échanges commerciaux et en favorisant les investissements français dans la région. En outre, la France, à travers ses accords avec les pays membres, exerce une influence sur la politique monétaire de la région, ce qui peut être bénéfique pour ses intérêts économiques et géopolitiques. Le FCFA sert également d'outil pour maintenir une influence politique et économique dans les pays africains membres, renforçant ainsi les relations bilatérales entre la France et ces pays. Enfin, la France peut utiliser la planche à billets de son usine de Chamalières pour financer ses entreprises installées dans un pays de la Zone Franc. Ceci est d’autant plus facile que contrairement à l’Euro, les billets de FCFA sont numérotés par des lettres (la lettre K identifie les billets émis pour le Sénégal). Elle peut émettre des FCFA pour son propre compte, les envoyer dans un pays cible en Afrique pour les convertir là-bas en Euro et rapatrier facilement la somme en France.
Le FCFA contribue à vassaliser le Sénégal et à maintenir la pauvreté
Le Sénégal a accepté de renoncer à sa souveraineté monétaire au profit, non pas de la CÉDÉAO, mais de la France. Pour ce faire, le pays paie un loyer au propriétaire-garant du FCFA, et ce, à chaque opération financière qui rapporte des devises (dollars, euro, yen, yuan, etc.). En d’autres termes, ce loyer ou titre de garanti du FCFA se traduit par une renonciation à toutes les devises que gagne le Sénégal, au profit de la France.
Lorsque le Sénégal exporte, par exemple des produits aux États-Unis, il est payé en dollars. Supposons que lors d’une opération d’exportation le Sénégal gagne 100 M$. Parce que le Sénégal doit payer un loyer à la France sur cette opération, les Américains vont transférer la totalité du montant à la France. Ce pays dépose une moitié de la somme (50 millions de dollars) au Trésor Français. L’autre moitié est encore confisquée par le Trésor française, cette fois-ci, pour permettre la fabrication des billets de FCFA qui seront envoyés au Sénégal à place des 500M$. À noter que le Sénégal ne recevra pas l’équivalent exact de cette somme car la France va défalquer les frais d’impression et de transport des FCFA à destination de la BCEAO. Sur cette opération de commerce extérieur sénégalais, la France a légalement confisqué la totalité des 100M$ et le Sénégal a volontairement cédé ses devises à la France. C’est ce qu’on appelle la servitude volontaire, coté sénégalais ou l’enrichissement sans cause, côté français. En suivant le même procédé, la France récupère également toutes les devises que les émigrés sénégalais envoient au pays et même les emprunts en devises du gouvernement auprès des bailleurs de fonds.
Supposons maintenant que le Sénégal décide d’acheter du pétrole pour un montant total de 20M$. Le pays doit emprunter cette somme à la France. Ce pays va prêter 20M$ au Sénégal pour acheter le pétrole. Donc chaque opération d’importation du Sénégal en dehors de la Zone franc se traduit par une augmentation de sa dette.
Il est donc illusoire de penser que le Sénégal pour se développer avec ce système monétaire qui limite le bien-être socio-économique de ses citoyens et qui ne fait que servir les intérêts de la France. Ce système est unique au monde. L’ancien vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio, avait raison de dire que « La France est l'un des pays qui, en imprimant de l'argent pour 14 États africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les réfugiés partent et meurent en mer ou arrivent sur nos côtes. »
En définitive, l’usage du CFA justifie et légalise les sacrifices inouïs imposés sans cesse aux peuples africains par leurs chefs d’États et le gouvernement français. Les pays qui ont quitté cette monnaie se portent beaucoup mieux qu’avant. Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé en utilisant une monnaie communautaire. Les pays de l’union européenne se sont d’abord développés, chacun avec sa propre monnaie, avant de migrer ensuite vers une union monétaire. Celle-ci ne profite qu’au pays économiquement dominant de la zone. Dans le cadre de la CÉDÉAO, une monnaie communautaire profiterait plus au Nigéria qui représente à lui seul 60 % du PIB de cette région. La monnaie incarne la souveraineté d’un peuple et est un outil précieux de développement social, économique et culturel. Pas de monnaie, pas d’économie solide, pas d’indépendance politique et financière. Il est donc pertinent que le candidat Bassirou Diomaye Faye qui prône la souveraineté de son pays puisse inclure dans son programme la création d’une monnaie nationale. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour permettre le développement. Pour produire les effets recherchés, la monnaie nationale doit être accompagnée par des institutions solides, une bonne gouvernance budgétaire, politique, social et économique. Elle requière également d’être gérée de manière transparente par une banque centrale totalement indépendante du pouvoir exécutif, et ce, pour éviter un usage abusif de la planche à billets.