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16 avril 2025
Opinions
Par Mounirou FALL
CEDEAO, 50 ANS APRES…QU’EN RESTE-T-IL ?
Cinquante ans est une étape clé de la vie de tout être humain, souvent considérée comme un tournant majeur. Depuis le 28 mai 1975, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts… avec de bons et moins bons résultats (mise en place du TRIE).
Cinquante ans est une étape clé de la vie de tout être humain, souvent considérée comme un tournant majeur. Moment où l’on a acquis de la maturité et une expérience certaine, mais aussi de dresser un bilan de ses accomplissements et envisager de nombreux défis qu’il reste à atteindre. Depuis le 28 mai 1975, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts… avec de bons et moins bons résultats (mise en place du TRIE). Cependant, la situation est grave actuellement avec le transfert dans le Sahel de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et le massacre de Tinzawaténe. Entendons-nous bien, il n’est pas question de « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
L a CEDEAO a certes beaucoup de limites, cependant son potentiel et réalisations à son actif sont nombreux . Tous les analystes s’accordent sur le fait que les volets politique et diplomatique demeurent le talon d’Achille de l’organisation sous régionale. La survie de la CEDEAO ne se fera que par le reformatage du logiciel de fonctionnement à travers le renforcement du Parlement de la Communauté (adoption d’un système parlementaire), de sa société civile (qui ne se confinera plus aux seconds rôles d’observateur), mais aussi l’indépendance de la Cour de justice ainsi qu’une atténuation de la toute-puissance prépondérance de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement
L’avenir de la CEDEAO devrait être abordé dans les différents aspects que peut prendre le besoin de destin commun :
• l’intégration géographique par la mise en commun de la gestion des ressources naturelles de chaque pays ;
• l’intégration économique et la mise en place d’un vaste marché commun pour 415 millions d’habitants ;
• l’intégration monétaire qui devrait faciliter les échanges dans la zone ; ou encore
• l’intégration par l’harmonisation des règles de droit des entreprises
Face à ces défis, la CEDEAO est aujourd’hui confrontée à une implosion avec plus de quatre coups d’Etats militaires (Guinée, Burkina FASO, Niger et Mali), face à trois coups d’Etats civils constitutionnels (Togo, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau), une monnaie – mort-née avec l’ECO. Cependant, le plus difficile reste la protection des populations civils qui ont payé un lourd tribut - entre 2021 et 2022 où, en moyenne chaque jour 18 civils sont tués dans les exactions dans les trois pays Mali-Burkina Faso et Niger. Ce phénomène qui continue encore aujourd’hui avec le massacre de Tinzawaténe.
Comment se présente la CEDEAO aujourd’hui en théorie ? Depuis le début de l’intégration, de nombreuses approches ont été développées pour conceptualiser le système politique de la Communauté.
Ce système politique comporte des éléments relevant d’un État, d’une organisation internationale, voire d’une fédération d’États, sans pour autant permettre à l’observateur de facilement évaluer l’ensemble des processus sous l’une de ces notions. Si les premiers efforts de l’analyse de la construction ouest africaine ont été pensés dans la lignée du fonctionnalisme, calquée surle modèle de la Communauté Européenne, selon lequel une « institution est créée pour accomplir une fonction précise », les cadres conceptuels se sont multipliés tout au long des cinquante dernières années. Depuis le début des années 2010, l’intégration dans l’espace CEDEAO est un échec sur les plans politiques et devenu encore plus complexe caractérisée par la critique publique de plus en plus visible des « démocraties illibérales» faits de « déficit démocratique et de résurgence des coups d’Etats militaires et civils par les tripatouillages des constitutions ».
Le déficit de démocratie a produit la résurgence du populisme, qui dessert les idéologies du souverainisme et du panafricanisme. Et l’on assiste aussi à une jonction que tout semblait opposer : les mouvements néo panafricains et les mouvements citoyens. Sur la forme tout d’abord, les premiers apparaissent virulents, clivants, (tel le mouvement France dégage) là où les seconds cultivent le registre légaliste - une mutation en partis politiques avec des modes d’action non violents basées sur le constat d’une dystopie du modèle de développement en vigueur. Sur le fond surtout, les premiers identifient la source des malheurs dans la subordination du pays à l’Occident, les seconds dans la subordination à une oligarchie corrompue. Domination externe pour les uns, domination interne pour les autres.
ADOPTER UNE NOUVELLE CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX
Cette « Charte » à adopter pour le cinquantenaire de la CEDEAO, serait l’issue pour ne pas mourir de sa belle mort. Il faut resserrer les rangs. En effet, avec les départs de la Mauritanie tout d’abord, puis de trois Etats importants dans le dispositif communautaire, leur retour dans la famille reste conditionné par des progrès à réaliser qui devrait constituer le terreau commun de tous les Etats membres. Si certains principes et valeurs sont érigés en gouvernail, les fondements de l’intégration de la CEDEAO. Avec quelle place au Parlement, à la société civile ? Comment mitiger le rôle pré pondérant des Chefs d’Etats ? Comment expliquer la coopération entre États et la manière dont celle-ci doit fonctionner sont des sujets nombreux, et plusieurs concluent que la CEDEAO est, au vu de sa situation hybride sur le plan politique, un « objet politique non identifié », et que l’intégration est, dès lors de nature sui generis. Le pari est de « normaliser » selon les critères endogènes, les bases politiques de la CEDEAO, de l’intégration au travers des différentes leviers que sont : le Parlement, la jeunesse, la Société civile par interaction comme dans un cadre de Fora citoyens pour fournir une base théorique, politique et légale qui devra répondre d’abord à la question des raisons pour lesquelles les États acceptent d’intégrer un ensemble régional comme la CEDEAO, et ainsi d’abandonner une partie de leur souveraineté.
Un troisième axe est le recours aux relations internationales pour expliquer l’intégration, qu’il s’agisse des approches d’intégration comparée, domaines où de nombreuses et fructueuses opportunités s’ouvrent actuellement. Sur le plan théorique, les concepts ne manquent pas : Fonctionnalisme, inter gouvernementalisme ou fédéralisme (comme c’est le projet au niveau de la Confédération des Etats Sahéliens -AES) présentent à la fois les atouts et les faiblesses. Le cadre conceptuel et la manière dont se construira l’intégration au niveau de la CEDEAO devra mettre à plat l’existant et sans complaisance analyser et opter pour l’Action. Les autres concepts de constructivisme, institutionnalisme, gouvernance, transfert de politiques publiques fournissent des explications concurrentes ou complémentaires, sans fournir une base globale d’analyse.
Au-delà des théories et concepts de l’intégration, qui présentent toutes des forces et limites, il est important de voir que ces théories et concepts ne sont non pas concurrents mais complémentaires. Il s’agit de changer et d’adapter aux besoins des populations le paradigme de référence. Cela constitue un sérieux challenge, mais il faut reconnaître que cette approche serait le premier pas qui permettra même au profane de connaître chacune des composantes de l’intégration en Afrique de l’Ouest et ainsi d’enrichir par ce pluralisme méthodologique sa propre analyse de l’intégration. A condition que le discours va-t-en-guerre affiché par la Commission de la CEDEAO sur instruction de ces Chefs d’Etats qui, eux-mêmes, ont perpétré des « coups d’Etats constitutionnels » soit définitivement abandonné.
Mounirou Fall (correspondance particulière)
Texte Collectif
MÉDIAS SÉNÉGALAIS, LA MORT PROGRAMMÉE
La presse sénégalaise ne saurait accepter cette entreprise de dénigrement orchestrée pour la décrédibiliser. Il s’agit de noircir le décor et procéder ensuite à une sélection artificielle, en fonction de ses intérêts politiques immédiats
Lorsqu’au soir de l’élection présidentielle, dimanche 24 mars 2024, au moment où les stations FM, les télévisions et les médias en ligne relayaient les données et chiffres, les résultats qui ont porté Bassirou Diomaye Diakhar Faye au pouvoir, pas un seul citoyen sénégalais, homme politique de l’actuelle équipe à la tête du Sénégal, ne pouvait médire la presse. Journaux, radios, télévisions, sites d’informations, d’un seul élan, ont transmis les résultats rassemblés aux quatre coins du Sénégal.
Combien étaient-ils à traquer les chiffres, bureau de vote par bureau de vote, à la recherche de la bonne information ? Des centaines de journalistes, envoyés sur le terrain par leurs organes de presse pour transmettre en direct les résultats et signaler le moindre dysfonctionnement, servant même souvent d’alerte aux autorités, sans aucune assistance publique ? Combien de millions de personnes étaient-ils, scotchés à leurs téléphones portables ou radios et télés, à s’abreuver de résultats donnés par ces «valeureux journalistes» sur le terrain ? Et combien ont sursauté de joie, à la publication de ces résultats, avant même que les commissions et institutions légalement habilitées ne le fassent ? Combien cela leur a-t-il coûté de savourer un tel «délice» ? Combien cela nous a-t-il coûté ?
Imaginons simplement un instant ce que serait cette élection du 24 mars 2024 et les autres qui l’ont précédées durant ce quart de siècle politiquement très mouvant au Sénégal, sans ce dispositif de relayage de l’information et de veille sur quasiment tout le territoire national ? Imaginons ce qui pourrait se passer dans la tête de certaines forces tapies dans l’ombre, si aucune information ne venait accompagner l’acte citoyen de vote ? La presse, nous a-t-on dit, au lendemain de cette échéance tant redoutée du fait de risques majeurs pour la stabilité de notre pays et des enjeux visibles ou cachés, a fait du bon travail. Vingt quatre ans (24 ans) après la présidentielle de 2000, qui avait consacré le point terminus de 40 ans de régime socialiste, elle a, encore une fois, été au rendez-vous de ce grand moment d’histoire. Good Job ! Un compliment comme un écho dans la nuit !
On aura beau caricaturer, manipuler, falsifier l’histoire, on ne pourra pas dénuer aux médias le rôle capital qu’ils ont joué ces dernières décennies, dans l’affermissement de la démocratie, par l’éveil du citoyen, en lui permettant d’accéder, surtout avec les langues locales, aux outils qui lui ont permis d’affûter sa conscience citoyenne.
Nous avons en vérité connu des moments cruciaux, dans l’histoire de notre jeune démocratie, où le curseur a souvent viré au rouge, mais la presse a toujours répondu présent, relevant les défis avec professionnalisme, sans avoir besoin d’aucun guide, sinon son sens éthique et l’intériorisation de l’éthique professionnelle et de responsabilité, conformément à l’héritage de nos aînés dont la plupart repose en paix, pour l’éternité. Aurions-nous agi autrement que la face de ce pays aurait été changé. Mais comme le dit si bien l’adage peulh, «le lait de la vache trait tous les jours en abondance, finit par ne plus avoir de saveur». Les Sénégalais que nous sommes, habitués à voir la presse assurer durant ces grands rendez-vous d’histoire, en oublient le rôle majeur que les médias jouent dans la stabilisation des institutions de la République et surtout la sauvegarde de l’État de Droit. Si un des pères fondateurs de la Nation américaine a pu dire qu’il préférait un État sans gouvernement plutôt que sans presse, c’est parce qu’il sait que celle-ci est un des piliers de la démocratie.
Depuis bientôt trois mois, la presse sénégalaise vit une des phases les plus sombres de son histoire. Une campagne de diabolisation a été actionnée pour présenter les médias, ainsi que ceux qui les animent, comme des citoyens irrespectueux des lois, ne s’acquittant d’aucune de leurs obligations, surtout fiscales. Parallèlement, une campagne est menée pour mettre à mal les éditeurs de presse avec leurs confrères, en créant un fossé entre ceux qu’on appelle «patrons de presse» et leurs collaborateurs.
La presse sénégalaise ne saurait accepter cette entreprise de dénigrement orchestrée à dessein pour la décrédibiliser. Nous sommes aguerris pour avoir expérimenté les méthodes des pouvoirs précédents pour comprendre ce qui se trame. Il s’agit de noircir le décor et procéder ensuite à une sélection artificielle et une liquidation des entreprises de presse privée, en fonction de ses intérêts politiques immédiats. L’objectif visé n’est autre que le contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias. C’est tout simplement la liberté de presse qui est menacée au Sénégal.
Face à cette situation (blocage des comptes bancaires, production d’état exécutoire de saisie de matériels de production, rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires, gel des paiements, mise en demeure, refus de concertation), nous organisons une journée sans presse, ce mardi 13 août 2024, pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale.
Les régimes passent, la presse demeure !
Le conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse du Sénégal (Cdeps)
par Alioune Tine
SORTIR LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE DE SON STATUT D'ÉTAT PARIA
Président Doumbouya, il faut travailler à réconcilier ton peuple martyr. Il faut pacifier la société, libérer tous les détenus politiques, organiser le retour de tous les exilés politiques et ensemble organiser un retour à une vie institutionnelle normale
La disparition de deux leaders de la société civile guinéenne dans un État de droit au XXIe est inacceptable pour l'opinion africaine et pour l'opinion mondiale. Cette disparition engage la responsabilité directe des plus hautes autorités de l'État guinéen, qui doivent respecter leurs obligations internationales et continentales en matière de droits humains.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l'homme a déjà réagi. Les autorités guineennes pratiquent l'autisme comme si la Guinée ne faisait pas partie de la Communauté internationale. Il faut que la Commission Africaine des Droits de l'homme et des Peuples réagisse aussi, et use de son pouvoir d'interpellation et d'investigation pour que l'opinion publique soit édifiée sur la situation de Fonike Mengue et Billo Ba. Leurs familles et leurs proches vivent dans l'angoisse et des souffrances indicibles, ils ont besoin de savoir, on a besoin de savoir nous aussi, s'ils sont en vie, si oui, où se trouvent-ils, dans quelles conditions ?
Dans un État organisé ces questions ne doivent même pas se poser. La Guinée a besoin de sortir de son statut d'État paria, pays invivable pour ses dissidents politiques, invivable pour l'opposition politique en exil, un ancien président en exil et un ancien président en prison, invivable pour la société civile dissidente. Il est temps de réfléchir sur les perversions d'un pouvoir d'État guineen de cette nature, avec des autorités politiques qui répètent les mêmes tyrannies, les mêmes oppressions.
Président Doumbouya, il faut absolument changer de cap, c'est ce qu'on attend des dirigeants et leaders de ta génération. Il faut changer le cour de l'histoire par le dialogue franc, sincère entre toutes les filles et les fils de la Guinée. Président Doumbouya, il faut travailler à réconcilier ton peuple martyr. Président Doumbouya, il faut pacifier la société, libérer tous les détenus politiques, organiser le retour de tous les exilés politiques et ensemble organiser un retour à une vie institutionnelle normale. C'est la voie de la paix, de la justice et de la sagesse.
PAR Ousseynou Nar Gueye
OUSMANE SONKO, NE DÉCHIREZ PAS LE TISSU SOCIAL DE NOTRE PAYS
. La tectonique des plaques que vous avez voulu susciter avec votre affaire de voile musulman généralisé dans toutes les écoles de ce pays, publiques comme privées, laïques comme confessionnelles, ne vous grandit pas
"On ne tolèrera plus qu'aucune école interdise le port du voile'" : M. Ousmane Sonko, avec cette mâle déclaration, vous avez planté un bien vilain coup de poignard dans le dos de la République du Sénégal, tout Premier ministre que vous en soyez.
Et les contorsions sémantiques interminables de votre ministre de l'Éducation Moustapha Mamba "Guirassi", après qu'il soit allé tenter, ventre à terre, de jouer au sapeur-pompier chez l'autorité ecclésiastique, n'y changent rien.
Le mal est fait et il est profond. Le malaise est là et il est aigu. M. Ousmane Sonko : en pompier-pyromane, vous avez déchiré le tissu social de notre pays, pour cette affaire de textile symbolique à mettre sur la tête de certaines de nos petites têtes crépues, prétendument, selon vous, dans toutes les écoles du Sénégal.
Par inclination naturelle, je suis de l'école qui veut que les écoles publiques ou écoles privées, laïques ou confessionnelles, sont maîtresses chez elles et de leur règlement intérieur.
J'estime qu'on a trop fait entrer la société dans l'espace de l'école, au motif de faire "vivre leur milieu" aux élèves.
Après, les spécificités d'un Sénégal, juxtaposition de communautés en même temps que nation, pousseront de plus en plus à la prise en charge de ces spécificités communautaires dans tous les espaces sociaux. Par pur populisme.
"Je suis convaincu, au nom de la liberté, qu’on ne saurait accepter l’interdiction du port du voile dans les écoles de la République. Et selon ma compréhension, les établissements visés ne le souhaitent pas. Pire, l’État du Sénégal, en concertation avec le Diocèse a réglé cette question depuis 2019", écrit mon jeune frère énarque Hamidou Anne sur cette polémique. Que nenni, Hamidou.
On nous parle de tolérance dont il faudrait faire montre ?
Tolérance égale condescendance, pour moi.
On ne tolère que ceux à qui on se croit supérieurs. Pas ceux à qui on se croit égaux.
On nous parle de liberté ?
Mais enfin : chacun a la liberté d'inscrire ses enfants dans l'école, collège ou lycée dont le règlement intérieur est conforme à ses choix de vie et à ses convictions spirituelles. Il y a bien suffisamment d'écoles au Sénégal.
Même les bars, les restaurants et les boîtes de nuit, qui ont besoin d'un agrément de l'État pour exercer, peuvent refuser l'accès de leur lieu à un client potentiel, pour raison de "dress-code" contrevenant, laissé à la libre appréciation de ces boites de nuit, restaurants et bars.
Votre gouvernement GOS veut imposer l'acceptation du port du voile à ces écoles parce que votre État leur donne des subventions ? Eh bien, les bars, restaurants et night-clubs ont aussi eu vos subventions publiques, pendant le Covid-19.
Ousmane Sonko, apprenez à respectez les "accommodements raisonnables" entre communautés spirituelles de notre pays. Pas des "accommodements raisonnables" au sens canadien, qui consiste à donner de l'espace à chaque communauté dans le champs public.
Mais plutôt des "accommodements raisonnables", au plein sens sénégalais du terme, qui consiste à ne pas empiéter sur les plates-bandes d'aucune communauté socio-religieuse.
A cet égard, quand on a voulu construire une église à Tivaouane, les habitants ont brûlé le chantier et la famille maraboutique de Tivaouane a fustigé le projet de construction d'église. Tivaouane n'est pourtant le titre foncier d'aucune famille, fût-elle maraboutique.
De même, il ne vient à l'idée d'aucun chef d'État du Sénégal de former son gouvernement sans y inclure au moins deux ministres de confession chrétienne, et plus précisément, catholique.
M. Ousmane Sonko, respectez nos équilibres socio-communautaires. La tectonique des plaques que vous avez voulu susciter avec votre affaire de voile musulman généralisé dans toutes les écoles de ce pays, publiques comme privées, laïques comme confessionnelles, ne vous grandit pas. Et ses répliques sismiques n'épargneront personne, si le tremblement de terre que vous souhaitez advient .
Mais comme vous avez pu le voir, les communautés concernées ne se laisseront pas faire. Car, communautés majoritaires comme communautés minoritaires de ce pays sont d'égale dignité, au sein de la République sénégalaise. Que ce soit en termes de droits quantitatifs comme qualitatifs.
Tenez-vous le pour dit, après l'avertissement sans frais que vous avez reçu du clergé catholique, du laïcat catholique, et aussi de la part de larges pans de notre pays, y compris de (dignitaires) musulmans.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste (Tract.sn) et communicant.
Ibrahima Hamidou Dème
LA JUSTICE TOUJOURS SOUS TUTELLE
La première séance du Conseil supérieur de la magistrature du nouveau régime n’a malheureusement pas tenu ses promesses de rupture. Les décisions prises perpétuent la présence hégémonique de l’Exécutif et la posture pusillanime des magistrats
Faut-il le rappeler, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) est l’institution constitutionnelle chargée de garantir l’indépendance de la justice. Il doit être le gardien des garanties statutaires des magistrats, de la transparence dans la nomination des magistrats et du respect du principe sacro-saint de l’inamovibilité du juge.
La première séance du Csm du nouveau régime, qui s’est tenue hier, après les Assises de la justice, n’a malheureusement pas tenu ses promesses de rupture vertueuse.
Les décisions qui y sont prises perpétuent, en effet, la présence hégémonique de l’Exécutif et la posture pusillanime des magistrats. Les critères d’affectation des magistrats doivent être objectifs. Ils ne doivent aucunement dépendre des décisions favorables ou défavorables rendues à l’égard d’un homme politique.
Il faut du courage et de la volonté politique d’opérer des ruptures vertueuses du côté de l’Exécutif et un sens élevé des devoirs de leurs charges de la part des magistrats.
Mais, tant que le chef de l’Etat ne tiendra pas sa promesse d’être au-dessus de la mêlée en veillant au fonctionnement régulier des institutions, tant que les magistrats oublieront leur rôle constitutionnel de pouvoir et de gardien vigilant des droits et libertés, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et l’Etat de droit tant espérés ne seront qu’un leurre.
PAR Moustapha Diop
APPEL À DES SOLUTIONS ÉDUCATIVES ADAPTÉES À TOUBA
Les "Daara" assurent une éducation religieuse précieuse, mais cette formation, à elle seule, ne suffit pas à préparer nos enfants aux exigences du monde moderne. Les enfants de Touba ont le droit que d'accéder à une éducation gratuite
À Mesdames, Messieurs les autorités religieuses et administratives,
Chers concitoyens,
Je m'adresse à vous en tant qu'enseignant et habitant de Touba, une ville profondément enracinée dans ses valeurs religieuses et spirituelles, mais également une ville en pleine croissance démographique, où les besoins en matière d'éducation se font de plus en plus pressants.
Depuis de nombreuses années, Touba ne bénéficie pas d'écoles publiques, une situation qui place de nombreuses familles dans une position difficile. En effet, bien que notre ville compte 109 écoles privées reconnues, beaucoup de parents n'ont pas les moyens financiers d'y inscrire tous leurs enfants. Il en résulte que nombre de jeunes à Touba, n'ayant pas accès à une éducation gratuite, se retrouvent confrontés à des choix difficiles.
Certains parents, ayant des ressources limitées, envoient leurs enfants dans les écoles de Mbacké, situé à 7 km de Touba, ou encore dans les villages environnants tels que Kéré Mbaye, Kéré Ndao, Touba Fall, Darou Fall, entre autres. D'autres, ne pouvant assurer une scolarité pour leurs enfants à Touba, les confient à des proches vivant dans des localités où l'éducation publique est disponible. Ce fut mon cas : j'ai dû faire mes classes de CM1 et CM2 dans un village à 18 km de Touba, loin de mes parents. J'ai ensuite poursuivi mon collège à Mbacké, dans une famille d'accueil, et pour le lycée, j'ai dû me déplacer quotidiennement entre Touba et Mbacké.
Cette situation n'est pas viable à long terme et ne reflète pas l'égalité des chances à laquelle tous les enfants de notre pays ont droit. Les enfants de Touba ont autant le droit que ceux des autres villes d'accéder à une éducation gratuite, dans leur ville de résidence.
C'est pourquoi, je souhaite attirer votre attention sur la nécessité d'une solution durable et respectueuse des valeurs religieuses de Touba. Si pour des raisons religieuses, Touba ne peut accueillir d'écoles publiques françaises, je propose que les autorités religieuses et l'État du Sénégal collaborent pour créer des écoles spécifiques à Touba, gratuites et adaptées à notre contexte religieux. Ces écoles pourraient offrir une éducation à la fois conforme à nos traditions religieuses et ouverte aux métiers d'avenir, afin de préparer les jeunes à une insertion professionnelle réussie.
À l'heure actuelle, les "Daara" assurent une éducation religieuse précieuse, mais cette formation, à elle seule, ne suffit pas à préparer nos enfants aux exigences du monde moderne. Il est crucial d'offrir aux enfants de Touba une éducation complète, qui leur permettra de trouver un emploi après leur scolarité, sans qu'ils soient contraints de partir loin de leur famille pour recevoir une éducation.
Je suis convaincu que cette proposition pourrait être bénéfique pour l'avenir de notre ville et de ses jeunes, tout en respectant les valeurs qui nous sont chères. J'espère que mon appel sera entendu et que des mesures seront prises pour que l'éducation à Touba ne soit plus un privilège, mais un droit accessible à tous.
Je vous remercie de l'attention que vous porterez à cette requête.
Avec mes salutations respectueuses,
Moustapha Diop est enseignant et habitant de Touba.
par Jean Pierre Corréa
IMPERTINENCE…SANS PERTINENCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Premier ministre, en tant qu’homme public, si vous parlez souvent, vous vous confondez avec le bruit médiatique. La fréquence rapide de vos interventions diminue l’intensité du désir de vous entendre
« Une ambition dont on n’a pas le talent est un crime ».
L’homme que j’ai la chance d’être, fruit joyeux d’une mère Saint-Louisienne et d’un père Ziguinchorois, villes qui ont la particularité de n’avoir qu’un seul cimetière où reposent dans une même et éternelle quiétude, musulmans et chrétiens, et qui a grandi à l’époque où Mgr Hyacinthe Thiandoum pouvait offrir à son ami Seydou Nourou Tall un terrain de l’Évêché pour qu’il y fasse construire la Grande Mosquée de sa tarikha, sans qu’il fût le moins du monde question de convoquer l’alors inutile à préciser « Dialogue Islamo-Chrétien », ne va surtout pas rajouter son humble avis à cette dangereuse mais pas si innocente querelle, allumée par notre Premier ministre au sujet d’un voile que 5 ou 6 Libanaises sur des milliers d’élèves avaient naguère tenté d’imposer au Cours Supérieur Sainte Jeanne D’Arc, alors qu’elles avaient toutes latitudes à s’en orner le front au Cours supérieur Mariama Niasse, par exemple bien sûr. Evidence…Biblique…ou Coranique… Ou Vice-versa… Il est utile de m’en arrêter là…
Tout a été dit et écrit sur le sujet lors de cette folle semaine, envahie par une actualité gazeuse et inflammable qui, dans un pays sérieux aurait dû tourner autour des inondations fétides, des jeunes qui sont engloutis dans « le ventre de l’Atlantique », d’une économie à l’arrêt, paralysée par manque de visibilité stratégique, d’emplois et d’employabilité des jeunes, et d’agriculture enfin tournée vers l’auto-suffisance alimentaire, sans oublier de nous informer sur la manière dont toutes ces urgences allaient être prises en compte par une gestion patriotique de notre pétrole et de notre gaz, en leur garantissant des solutions idoines et porteuses d’avenir. Mais bon, puisque « Le Projet » en est toujours au stade des « ressources humaines à caser », pourquoi ne pas distraire Ndoumbélane avec « l’Agenda » ? Le problème est dans l’émetteur, qui semble-t-il serait en train de perturber les récepteurs, la fréquence désordonnée des signaux envoyés, ôtant de plus en plus de pertinence à la force que lui conférait naguère sa turbulente… impertinence, et ne diffusant bientôt, s’il n’y prend garde un tintamarre aussi gênant que les « concerts de casseroles » qui avaient assourdi la fin de règne de Macky Sall.
Le signal et le bruit
Monsieur le Premier ministre, vos propos surprennent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, et la séduisante impertinence qui vous caractérisait, est à présent vidée de la pertinence de vos messages, déguisés d’oukases délivrés les sourcils évoquant d’antipathiques portes de prisons. Il vous faudra plus qu’une DPG devant nos députés pour emporter l’enthousiasme des Sénégalais pour votre « Projet »… Il vous sera nécessaire de travailler vos adresses à vos concitoyens, pas seulement à vos partisans, du fait que votre écriture médiatique, la syntaxe que vous choisissez, qui composent la partie analogique de votre message, ne sont pas sans influence sur la construction de votre image.
Quel est le rapport entre le « Signal » et « le Bruit » ? Ce que l’on perçoit d’un signal, c’est la différence de son intensité avec celle d’un bruit ambiant. Les citoyens sénégalais, bombardés de messages sortis d’embardées sémantiques, vivent dans le bruit permanent de vos messages. Or, Monsieur le Premier Ministre, en tant qu’homme public, si vous parlez souvent, vous vous confondez avec le bruit médiatique, et la fréquence rapide de vos interventions, diminue considérablement l’intensité du désir de vous entendre, ainsi que l’attention avec laquelle un homme chargé de vos hautes fonctions devrait être écouté. Et si, par extraordinaire, vous vous taisez pendant un moment, le désir de vous entendre, compte tenu que vous êtes Premier ministre d’un gouvernement qui de surcroît a un excellent porte-parole, va dès lors s’aiguiser et l’attention que les Sénégalais vont prêter à vos paroles expurgées de la fougue des tréteaux, va être considérable. Bénéfice immédiat, la différence entre le signal que vous émettrez et le bruit ambiant, sera très importante et dispersera plus d’impacts et de sens dans l’opinion. C’est ce qui vous donnera, en toute puissance, le statut de leader, par rapport aux acteurs politiques souvent agités, et trop présents dans les médias, dont les messages font partie intégrante du bruit public, et de ce qu’on appelle « La Rue Publique ».
Monsieur le Premier ministre, parlez peu et maîtrisez vos interventions… Ne vous démonétisez pas. Et vous verrez qu’après avoir tendu le désir qu’a l’opinion de vous écouter plus que de vous entendre sur les questions urgentes qui assaillent notre pays, le rendant aussi attractif que fragile, vous saurez délivrer vos diverses interventions sur une courte période, renforçant leurs impacts et rendant plus évident et attrayant le statut de leader qu’une importante partie du peuple Sénégalais a déposé en votre personnage.
Monsieur le Premier ministre, extirpez-vous du bruit et de la fureur… Même s’il est drôle, que, sauf votre respect, qu’en pulaar, le mot « Brouhaha » se dit « Son’kö » … ça ne s’invente pas… Découvrez le fait qu’entre émetteur et récepteur, il n’est pas bon qu’existent des parasites. Votre « Projet » mérite mieux que des larsens… Non ?
Par Bamba Niakhal Sylla
LE CHEMIN DE LA TRANSFORMATION
Même si la période de trois mois d’exercice du pouvoir ne suffit pas à mettre en place une politique gouvernementale, encore moins d’évoquer un bilan, elle demeure néanmoins suffisante pour imprimer une orientation et dégager quelques perspectives.
Même si la période de trois mois d’exercice du pouvoir ne suffit pas à mettre en place une politique gouvernementale, encore moins d’évoquer un bilan, elle demeure néanmoins suffisante pour imprimer une orientation et dégager quelques perspectives. La prudence observée par les nouvelles autorités peut donner l’impression d’une gouvernance hésitante, probablement encalminée par l’ampleur des défis à relever. Est-ce le calme qui précède l’orage fécondant du changement ? l’accalmie imposée par le temps de l’imprégnation des dossiers et de la connaissance des méandres de l’Etat, comme déjà évoqué ? La volonté des autorités de se conformer au Projet sera d’autant plus partagée que la vision qui le sous-tend se déclinera dans ses modalités de mise en oeuvre concrète sur les deux axes de la politique nationale et internationale.
La transformation sociale, politique et économique radicale défendue par le PASTEF exige pour sa mise en oeuvre la conjonction d’au moins quatre conditions incontournables : (1) la détermination à toute épreuve, (2) la connaissance des réalités sociales et politiques, (3) la compétence à travers l’expertise et le leadership et enfin (4) le courage, dans un contexte politique national et international périlleux.
1. Si la détermination du pouvoir actuel ne souffre véritablement d’aucune contestation, il importe toutefois qu’elle soit constamment nourrie, entretenue et préservée des forces corruptrices du « système ». Or la perception répandue du système à travers les individus et les lobbies qui le composent est potentiellement trompeuse. Ceux-ci ne sont que la face émergée de l’iceberg.
Par sa nature composite, le système est structurant et se décline tous azimuts. Il se manifeste dans la rigidité des protocoles, dans l’obséquiosité des conseillers présidentiels, dans la flagornerie des courtisans facétieux, du jour comme du soir. Il est tapi dans le décorum et les lambris dorés des palais de la république. Il est dans les pas cadencés de la garde républicaine, qui vous sublime au point de vous déifier. Il est dans les salons feutrés des palaces visités, les sièges douillets des Maybachs présidentiels, les vrombissements stridents des longs cortèges républicains. Il est dans l’hyper présidentialisme de notre constitution monarchisant, héritée de l’ancien colonisateur ; il est encore plus insidieux lorsqu’il se propage dans le corps social telle une métastase, en altérant les repères éducatifs et les bases culturelles, notamment en 1 favorablement la richesse illicite issue de la prévarication ; Toutes choses qui ont la puissance de transformer l’individu, parfois à son corps défendant, en un abject monarque en république bananière. « On ne pense ni aux mêmes choses ni de la même façon selon que l'on vit dans une chaumière ou dans un palais » aimait à répéter Sankara, empruntant à Karl Max cet aphorisme mainte fois vérifié. En être conscient est le premier rempart à dresser pour s’en prémunir, en s’entourant sans doute de rituels protecteurs, en s’aménageant des moments de recueillement et de méditation, des retraites spirituelles régulières, mais aussi à travers la promotion et l’animation d’un espace démocratique propice à la critique, aux échanges et à l’expression libre des idées.
En vérité, le « système » dont il est question est encore plus complexe, car il n’est que l’incarnation locale d’un « Système » plus englobant, conçu et élaboré au niveau international, auquel il est assujetti. Par conséquent, combattre le Système, c’est d’abord l’appréhender dans sa totalité : sa dimension locale et ses ramifications internationales. Pour être efficace, la détermination doit s’inscrire dans une démarche de mobilisation sociale et citoyenne organisée à l’échelle du pays, à l’instar des expériences mondiales de politique de transformation sociale d’envergure. La révolution culturelle et agraire chinoise s’est organisée autour de mouvements de jeunesses, les gardes rouges, qui avaient pour mission de lutter contre les forces réactionnaires et d’accélérer l’aggiornamento culturelle en luttant contre les « quatre vieilleries » : vielles coutumes, vieilles idées, vieilles cultures et vieilles habitudes, considérées comme autant d’obstacles à l’avènement du socialisme populaire.
La révolution bourgeoise française a engendré, quant à elle, des clubs politiques, des structures d’incubation d’idées réformistes inspirées des clubs Jacobins, où se distinguera plus tard la figure emblématique de Robespierre.
La révolution bolchevik de 1917 s’est accompagnée d’une campagne d’instruction des adultes portée par des organisations de masses affiliées au parti communiste. A Cuba, la révolution avait pour fer de lance les Comités de Défense de la Révolution (CDR) qui oeuvraient à la promotion des acquis de la révolution dans l’agriculture, l’éducation, la santé, etc. et qui ont à leur actif la percée fulgurante de la méthode d’alphabétisation « Yo, Si Puedo » universellement reconnue pour son efficacité et ses résultats. Cette forme d’organisation inspira plus tard Thomas Sankara lors de son accession au pouvoir. Ces expériences diverses de mobilisation populaire, nonobstant leur efficacité et parfois leurs carences, illustrent l’importance de l’inclusion et de la participation des masses laborieuses et de la jeunesse prédominante dans les processus de développement ambitieux, de changements radicaux à l’échelle des nations.
Dans le contexte spécifique du Sénégal, outre la redéfinition nécessaire des missions des démembrements de l’administration centrale en vecteurs du changement, l’urgence revient au déploiement de la coalition des partis porteurs du Projet sur l’ensemble du territoire national. Dans cette perspective, il serait sans doute indiqué de réfléchir sur des formes d’organisation populaires innovantes, adaptées aux réalités sociales, culturelles et anthropologiques du pays.
2. La connaissance des réalités sociales et politiques est la condition préalable de l’efficacité de l’action politique. Le mimétisme des élites africaines est la tare congénitale qui a pendant longtemps brimé l’esprit d’initiative et de créativité sur le continent. Il s’explique en grande partie par la perte de la confiance en soi voulue et entretenue par l’africanisme européocentriste, fer de lance idéologique du néocolonialisme occidental.
Le dénigrement systématique de toute pensée révolutionnaire africaine, la falsification de l’histoire du continent à coup de publications tendancieuses, de matraquage idéologique, de propagande médiatique et de corruption des élites du continent, ont pendant longtemps exercé une influence négative dans les productions intellectuelles africaines, sciemment orientées vers des problématiques banales et insipides, sans intérêt véritable pour le destin de l’Afrique. On assiste aujourd’hui à un renversement de paradigme avec la prise de conscience massive de la jeunesse africaine acquise à l’influence des penseurs réformistes africains et diasporiques. Les politiques économiques et sociales appliquées sur le continent ne peuvent plus continuer à faire abstraction des réalités locales, en répétant de manière psittacique le catéchisme apocryphe du développement économique. Ces politiques conçues de l’extérieur pour les Africains, avec la complicité des organisations multilatérales, ont contribué au maintien voire à la consolidation de la main mise extérieure sur les ressources du continent.
3. La compétence : si la détermination et la connaissance sont nécessaires à l’action politique, elles ne sont pas pour autant suffisantes. La compétence à travers l’expertise et le leadership, sont le pendant de la détermination dans l’action politique. La compétence existe, à condition de savoir la dénicher, non pas dans la logique perverse de la transhumance, mais plutôt dans une approche purement utilitaire, technique voire technocratique, débarrassée des considérations partisanes. Elle est disponible à l’échelle du pays, dans le continent, en diaspora voir à l’échelle mondiale, à la seule condition qu’elle concoure à la préservation et à la défense des intérêts nationaux et au développement du pays. La compétence peut aussi se trouver dans les camps adverses de l’échiquier politique. Elle peut être sollicitée dans le cadre d’une politique d’ouverture, probablement nécessaire pour relever ensemble les défis immenses du développement.
Le consensus qu’induit cette ouverture est aux antipodes de la pratique dégradante et avilissante de la transhumance politique, car il reposerait sur l’adhésion à un projet et à des principes, et non à l’infame débauchage de personnalités politiques et intellectuelles aux convictions volatiles, promptes à renier leurs idéaux pour des strapontins ministériels ou des positions de sinécure.
4. Enfin, le courage est la véritable locomotive du changement, en particulier dans le contexte africain, où les velléités d’indépendance réelles manifestées dans le passé ont très souvent été réprimée dans le sang par l’ancien maitre colonial, avec la complicité de leurs agents locaux, comme l’illustre le tableau de chasse macabre de la Françafrique : Ruben Um Nyobée, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba, Barthélemy Boganda, Hamani Diori, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, etc., tous assassinés pour le seul tort d’avoir voulu accéder à une pleine souveraineté de leur pays. Avoir l’ambition de défendre sa souveraineté c’est assurément s’exposé à des manoeuvres de déstabilisation criminelles. Outre la nécessité de se protéger et de renforcer notamment par la diversification du partenariat international, le meilleur rempart à la déstabilisation demeure le soutien massif de la population à la politique gouvernementale. A cet égard, la confédération des pays de l’AES a démontré que l’union des Etats pouvait constituer un puissant bouclier protecteur face aux velléités d’agression.
La menace d’invasion qui pesait sur le Niger par les troupes de la CEDEAO s’est rapidement dissipée face à la solidarité inconditionnelle des deux autres pays de l’alliance, conformément aux dispositions de la charte du Liptako Gourma. Le discours moins incisif des nouvelles autorités en responsabilité des affaires de l’Etat contraste avec la verve révolutionnaire entretenue durant la phase de conquête du pouvoir. Cela peut aisément se comprendre. Aussi, le rythme des réformes engagées peut paraitre peu soutenu par rapport à l’ampleur des urgences et à l’étendue des défis, pendant que certaines déclarations, particulièrement à l’endroit de l’AES, sont simplement incomprises. Ces préoccupations légitimes ne doivent pas pour autant se traduire en un soupçon de renoncement ou en des invectives désobligeantes, car aucun élément palpable ne conforte l’idée d’un changement de cap.
Au contraire, l’heure est plutôt à la solidarité et à la mobilisation, à la réflexion et à la créativité, pour soutenir les reformes promues par le PASTEF, qui ont suscité l’adhésion de millions de Sénégalais et d’Africains. Le rappel des engagements aux autorités est une exigence démocratique mais aussi un acte patriotique, car la réussite du Projet sera une fierté nationale et continentale. Ce qui peut apparaitre comme des hésitations peut aussi être compris comme le temps de la réflexion et de l’apprivoisement du nouvel environnement du pouvoir. Mais d’ores et déjà, la résistance victorieuse portée contre la folle dérive autocratique de l’ancien régime, avec ce qu’il charriait d’arbitraire, de tyrannique, d’impunité, de mauvaise gouvernance, de népotisme, de clientélisme, somme toute, de mépris du peuple, ouvre des perspectives crédibles vers une gouvernance sobre et intègre de la politique intérieure du pays.
Sur le plan international, la visibilité de la politique gouvernementale se pose, notamment sur les questions de souveraineté économique, militaire et politique, qui ont une incidence majeure sur la politique intérieure de redressement économique et social. Là également les interrogations légitimes ne doivent pas se traduire en un procès en renoncement en tout état de cause prématuré, car le temps des négociations diplomatiques, avec ses exigences de discrétion, s’accommode difficilement des tambours médiatiques.
Une bonne communication gouvernementale sera sans doute nécessaire pour aplanir les incompréhensions, mais aussi pour soutenir la mobilisation et animer la dynamique du changement promu. Pour le reste, le temps nous édifiera.
Par Khady Gadiaga
LA MATURITÉ CONSOMMÉE DES SÉNÉGALAIS
Si la démocratie reste le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple... Pourquoi les choses de la politique nous rendent complètement schizo, englués que nous sommes dans une confusion aliénante, dans la mélasse de la ploutocratie d'une classe ...
Si la démocratie reste le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple... Pourquoi les choses de la politique nous rendent complètement schizo, englués que nous sommes dans une confusion aliénante, dans la mélasse de la ploutocratie d'une classe politique et affidés tombés dans la décadence ?
L'imminence des prochaines législatives et le spectre de la reddition réveillent les démons de l'adversité politique. Le combat politique fait malheureusement la part trop belle à des oppositions personnalisées, à des rejets obsessionnels. Les nécessités de la lutte frontale enfantent alors des regroupements hétéroclites motivés par le seul désir de détruire la même cible, en l'occurrence le chef du gouvernement, Ousmane SONKO.
Les représentations sont de ce fait radicalement manichéennes, la désignation immanquablement disqualifiante de l’adversaire politique. L'affaire relève donc moins de la politique, comme on a voulu le faire croire, que de cette science annexe de la littérature : la démonologie.
Oui, les démons sont plus que jamais à l'œuvre parmi nous. Ces forces du mal, la toute-puissance du nihilisme, font feu de tout bois pour déstabiliser un régime à peine bourgeonnant.
Mais, ceux qui avancent sont ceux qui questionnent constamment leurs méthodes et leurs pratiques.
La société veut que des pouvoirs supérieurs, plus actifs et plus libres, soient là pour étudier ses besoins, y satisfaire, démêler de loin les périls qui l’attendent, porter des remèdes à la source même des maux, propager les dispositions qui préviennent les crimes, changer celles qui y conduisent, empêcher enfin que la conservation de l’ordre social n’exige sans cesse l’intervention de la force matérielle, bientôt funeste et impuissante quand on lui donne trop à faire. Voilà l'esprit du jub, jubbal, jubbanti.
Les Sénégalais. malgré tous les cas de chaos fomentés par l'ancien régime yakaariste, se sont accrochés mordicus à des élections pour désigner l'équipe gouvernante la plus apte à gérer les destinées du pays. Ils ont indubitablement tourné le dos à une certaine élite, qui n'a jamais privilégié la volonté générale et la défense du bien commun qui sont en réalité le but démocratique recherché.
Il ne sera plus dorénavant question de la recherche de la personne la plus apte à diriger les affaires d'état, d'élection aristocratique au service d'intérêts oligarchiques. La volonté populaire ne sera plus mangée à la soupe des intérêts particuliers....
Le peuple a décidé que la chose publique sera plus que jamais le purgatoire des politiciens de bas étage. Un phénomène, s'il est maintenu, est même le signe le plus sûr qu’on est sur la voie du changement.
STOPPONS L'OTANISATION DU TERRORISME AU SAHEL
L’embuscade terroriste de Tinzawatène au Mali dans laquelle sont tombés des dizaines de militaires a provoqué la riposte combinée de l’AES et la rupture des relations diplomatiques du Mali avec l’Ukraine.
L’embuscade terroriste de Tinzawatène au Mali dans laquelle sont tombés des dizaines de militaires a provoqué la riposte combinée de l’AES et la rupture des relations diplomatiques du Mali avec l’Ukraine. L’ambassade ukrainienne au Sénégal s’est fendue d’une propagande élogieuse sur son site provoquant un communiqué dénonciateur du Ministère de l’intégration africaine et des affaires étrangères de notre pays. Force est de constater que ces provocations coïncident avec le blocage du décaissement de la levée de fonds de 230 milliards de francs CFA du nouveau pouvoir sénégalais par les institutions de Bretton Woods. N’est-ce pas là des manœuvres pour déstabiliser la transition actuelle au Sénégal après la victoire électorale du camp souverainiste ? Ces faits indiquent une Otanisation du terrorisme djihadiste dans le Sahel et plus généralement en Afrique.
De l’échec de l’occupation militaire du Sahel
Kadhafi a été tué et la Libye divisée par l’agression militaire illégale de l’OTAN dont l’objectif était de mettre fin au financement par l’argent des pétrodollars libyens souverains d’une banque africaine souveraine qui mettait en cause l’assujettissement des Etats africains au FMI et la Banque Mondiale, d’un satellite africain qui rompait la dépendance audiovisuelle africaine, etc. Faisant d’une pierre deux coups, la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique en ont profité pour infester le Sahel de terroristes djihadistes qui veulent transformer nos États en Califats et de séparatistes armés pour le Mali.
Alliés contre le communisme et les Etats laïcs indépendantistes, les impérialistes françafricains, eurafricains et usafricains et les terroristes djihadistes, une fois atteint l’objectif commun de détruire l’indépendance nationale et la séparation entre citoyenneté politique et foi religieuse, leurs contradictions les opposent. C’est ainsi que les impérialistes étatsuniens ont sorti du chapeau leurs théories de « guerres de civilisations, des religions, des cultures » pour planifier leur soi-disant « guerre contre le terrorisme ».
Et pourtant l’armée malienne fut interdite d’entrer à Kidal conformément à la promesse faite aux séparatistes de l’Azawad par l’impérialisme français lors de la destruction de la Libye. Le vieux projet français de balkanisation qu'est l’OCRS (organisation commune des régions sahariennes) mis en échec par la solidarité panafricaine entre le FLN algérien et l’US-RDA entre 1960 et 1962 est de nouveau réactualisé contre l’unité territoriale et l’unité nationale du Mali. Contre ce projet colonial d’alors Modibo Keita avait déclaré au moment de la cessation des hostilités en Algérie le 19 mars 1962 : « Aussi, notre reconnaissance est grande, qui s'est exprimée par la solidarité inconditionnelle de la République du Mali avec les frères de l'Algérie Combattante. C'est dire combien notre joie est immense, devant la victoire de ceux auprès desquels dès 1960, le peuple du Mali s'est considéré mobilisé. La victoire du Front de Libération qui a su imposer le respect de la souveraineté et de l'intégrité de l'Algérie Africaine est aussi celle de tous ceux qui, comme les Maliens, n'ont rien ménagé pour en assurer le succès. Victoire du Front de Libération Algérienne, victoire de l'Afrique Combattante, mais aussi victoire des peuples épris de paix au premier rang desquels le peuple de France qui voit mettre un terme aux sacrifices inutiles de ses cadres et de sa jeunesse et à l'hémorragie financière ».
Il est temps après la reconquête de Kidal et la fin de fait de "l'accord d'Alger" que l’Algérie, qui a écrasé les forces djihado-terroristes de sa décennie noire, renvoie l’ascenseur de la solidarité panafricaine au Mali. Les ressources pétrolières partagées entre ces deux pays doivent faire l’objet d’une négociation gagnant-gagnant tout comme celles gazières entre le Sénégal et la Mauritanie.
Les démocratures néocoloniales qui se sont succédé du coup d'État françafricain militariste de Moussa Traoré à IBK en passant par l’ADEMA ont fini par chuter lors du parachèvement du soulèvement populaire qui a précédé le coup d'État souverainiste des 5 colonels. La nouvelle expérience souveraine en cours a aussitôt été rejoint par le Burkina et le Niger, pays aussi confrontés aux métastases djihado-terroristes et dans lesquels il y avaient des mobilisations populaires contre l’insécurité et l’inféodation néocoloniale des démocratures successives.
Les sanctions et menaces de guerre de la CEDEAO/UEMOA sous l’égide de l’impérialisme français contre ces pays membres ont révélé au grand jour la nature néocoloniale de ces institutions d’intégration panafricaine sous régionale et provoqué le départ puis la création de la Confédération AES.
L’expulsion des militaires françafricains, eurafricains et usafricains de l’AES met fin à l’occupation militaire de ces Etats du Sahel et leur permet d’avoir une souveraineté stratégique sur le plan militaire, de la coopération économique, diplomatique et militaire. Si la guerre contre le terrorisme demeure l’équation urgente numéro un à résoudre, seule une politique souveraine et démocratique de large rassemblement des forces vives patriotiques permettra dans la durée de préserver l’intégrité territoriale et l’unité nationale mises en danger par le projet de recolonisation impérialiste.
Stop à l’otanisation du terrorisme
On l’a vu en Syrie, les impérialistes USA et UE ont armé les fanatiques religieux panislamistes pour s’attaquer à l’État laïc indépendant mais ont été vaincu grâce à l’unité nationale démocratique multiconfessionnelle citoyenne entre les musulmans Sunnites, Chiites, Alaouites, les Chrétiens, etc. La séparation entre religion et citoyenneté, entre liberté religieuse privée et personnelle et citoyenneté politique collective a été le facteur principal en plus de l’appui militaire décisif de la Russie bourgeoise, économique, diplomatique de la Chine communiste et stratégique des Etats indépendantistes du Sud global comme Cuba socialiste, le Venezuela de Chavez/Maduro, le Brésil de Lula/Dilma, le Nicaragua, la Bolivie d’Evo/MAS, la Corée du nord, le Vietnam, les BRICS, etc.
Une fois leur double jeu démasqué et leurs militaires expulsés, les mêmes impérialistes refont maintenant un remake contre les États de l’AES. L’OTAN et ses laquais fascistes partisans de Bandera mis en échec en Ukraine, cherchent manifestement à exporter l’affrontement sur la terre africaine du Sahel.
Les impérialistes ne renoncent jamais à leur objectif de briser le vent souverainiste qui souffle sur l’Afrique. L’instrumentalisation néocoloniale de l’UEMOA/CEDEAO contre l’AES ayant été éventrée, la souveraineté nationale malienne, burkinabé et nigérienne ayant expulsé les bases militaires françaises et étatsuniennes et le bâclage de l’évacuation non concertée des camps de la MINUSMA ayant été contré, la défaite de l’OTAN en Ukraine se profilant, il s’agit maintenant de transférer l’affrontement sur la terre africaine du Sahel pour tuer dans l’œuf à la fois le multilatéralisme et le souverainisme montants contre l’unilatéralisme hégémonique séculaire de l’Occident US/UE/Israël/Japon impérialiste.
Les communiqués des nazis alliés de l’OTAN en Ukraine et la provocation de l’ambassade ukrainienne à Dakar sont aussi en réalité une tentative de semer la méfiance et la zizanie entre le Sénégal et l’AES, en particulier avec le Mali. Si l’Ukraine fasciste pro-OTAN persiste dans ce jeu sordide, il faudra une rupture diplomatique du Sénégal souverainiste.
Les impérialistes confrontés à la montée du souverainisme et du panafricanisme en Afrique cherchent coûte que coûte à opposer l’expérience souverainiste militariste malienne et partant du Burkina et du Niger formant la Confédération AES à celle souverainiste civile du Sénégal. C’est l’éternelle tactique du diviser pour régner.
Rassembler dans chaque pays le camp souverainiste dans sa diversité et faire converger les expériences souverainistes d’États dans leur diversité sur la base de l’unité, critique, unité sont deux tâches pour un traitement correct des contradictions secondaires internes au mouvement national panafricain dans l’intérêt de vaincre la contradiction principale entre nos peuples et l’impérialisme.