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26 novembre 2024
Opinions
Par Kaccoor Bi
CES «FASCISTES » QUE NOUS AIMONS !
Tant pis à vous autres messieurs et dames qui vous gargarisez depuis mars 2021 de formules du genre « salafistes », « fascistes », « rebelles », « terroristes » et autres mots pour faire peur.
Tant pis pour les grincheux. Il leur faudra bien trouver d’autres épouvantails et formules adaptées qui soient plus choc et pénètrent plus facilement les consciences des masses. Tant pis donc pour ces personnes perchées sur leurs certitudes surannées apprises à l’école occidentale et qui jugent que nous avons fait un mauvais choix en élisant des « fascistes ».
Il leur faudra bien aller se débarbouiller pour voir plus clair et se guérir de leur cécité intellectuelle. Tant pis à vous autres messieurs et dames qui vous gargarisez depuis mars 2021 de formules du genre « salafistes », « fascistes », « rebelles », « terroristes » et autres mots pour faire peur. La cinglante défaite de ce dimanche aurait dû les pousser à se taire. Définitivement ! Mais il leur faudra bien continuer à bêler comme des moutons égorgés.
Bienvenue aux « fascistes» pour une rupture que les Sénégalais attendent depuis plus de 50 ans! Rupture avec des pratiques qui ont complètement déchiqueté l’économie de ce pays.
Fini les passe-droits. L’un de ces messieurs qui croient que la République leur doit tout s’est offusqué du fait que l’élu du peuple ait ignoré les chefs religieux lors de son premier discours.
Faut-il lui rappeler que la République est laïque ? A certains d’entre eux qui se croient mieux nés qu’une bonne partie de cette population, il leur faudra bien se résigner à être sevrés des mamelles de l’Etat pour vivre de leurs propres revenus en payant leurs impôts. Il leur faudra surtout apprendre à travailler.
La rupture consistera également à mettre hors d’état de nuire les affairistes, les laudateurs qui n’ont jamais travaillé de leur vie mais qui exhibent des fortunes incroyables, indécentes.
Bref, les « toog muy dox » comme disent joliment ces si imaginatifs gosses de Pastef ! Il faudra éloigner des couloirs de l’Etat les entremetteurs politiques, soi-disant marabouts et autres autoproclamés communicateurs traditionnels qui ont toujours profité des largesses de l’Etat sans avoir rien fait pour les mériter.
Aux professionnels de la politique qui ne peuvent jamais s’opposer à un pouvoir, se recyclant avec tous les régimes, il leur faudra se faire à l’idée que l’époque de la transhumance est révolue. Ce qui passe par le changement des mœurs politiques. Ce pays a besoin d’être lavé à grande eau pour se débarrasser de toutes les impuretés qui sont à l’origine de notre classement parmi les pays les plus pauvres. Un classement humiliant qui s’explique par la mal gouvernance, l’impunité, la corruption et autres pratiques nauséabondes. Et si les « fascistes » peuvent nous guérir de tous ces maux, autorisez-nous à faire un bras d’honneur à ces grincheux qui veulent les combattre.
Bienvenue dans l’opposition à eux où les fascistes ne penseront pas à les faire taire ou les réduire à leur plus simple expression ! C’est leur droit de contester et personne ne le leur ôtera. C’est ça également la rupture…
Par Assane SECK (Seckane)
SYNERGIE ENTRE CES DEUX MECANISMES DE CHOIX ET DECONCENTRATION
Cette contribution est en rapport avec celle portant sur : «Vice-Présidence de la République : cas de pays africains et des USA».
Bés Bi le Jour |
Assane SECK (Seckane) |
Publication 27/03/2024
Cette contribution est en rapport avec celle portant sur : «Vice-Présidence de la République : cas de pays africains et des USA». En juin 2011, le Président Abdoulaye Wade, avait proposé la mise en place d’une Vice-Présidence au Sénégal. «Dans un gouvernement, un vice-président est une personnalité politique dont la première fonction est de se substituer au président si ce dernier est absent, démissionne, meurt ou n’est pas disponible pour remplir sa mission, peu importe la raison.
Selon le système politique, il est soit élu comme colistier (comme le vice-président des États-Unis), soit élu spécifiquement pour le poste ou bien nommé une fois le président élu». (Wikipédia.org consulté le 17 mars 2024).En Afrique, au moins quinze (15) pays ont des Vice-Présidences de la République.
1.Des pays africains ayant des Vice-présidences de la République
Ces quinze (15) pays africains ont des Vice-président-e-s de la République : Afrique du Sud, Botswana, Burundi, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée équatoriale, Kenya, Libéria, Nigéria, Ouganda, Seychelles, Sierra Léone, Zambie.
2. Synergie entre les mécanismes d’élection ou de nomination d’un-e Vice-Président-e de la République (VPR).
Sept (07) parmi les quinze (15) pays ci-dessus ont des Vice-Président-e-s élu-e-s : Gambie, Ghana, Kenya, Libéria, Nigéria, Seychelles, Zambie. Huit (08) parmi les quinze (15) pays ci-dessus ont des Vice-Président-e-s nommé-e-s : Afrique du Sud, Botswana, Burundi, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Sierra Léone, Ouganda. Dans des pays, la nomination du ou de la VPR par le Président de la République est confirmée par le Parlement. Donc ici nous avons une élection (parlementaire) dans ce processus de nomination. Pour le ou la VPR élu-e par ticket au suffrage universel d’un pays, en cas de vacance, une élection spécifique doit ou devrait être organisée pour élire le ou la nouvelle VPR. Ceci parce que nous sommes en face d’un ticket présidentiel élu au suffrage universel. Nous pensons, très modestement, qu’en cas de vacance en cours de mandat électif et pour éviter une organisation d’élection spécifique pour ce poste, une nomination à confirmer par le Parlement pourrait être possible. Pour ce faire, vu que gouverner c’est prévoir, une disposition de nomination du ou de la VPR à confirmer par le Parlement devrait être prévue dans le texte juridique concerné. Ceci seulement en cas de vacance en cours de mandat et à défaut de pouvoir organiser une élection spécifique pour avoir un nouveau VPR ou une nouvelle VPR. Cette synergie entre l’élection ou la nomination d’un ou d’une VPR permettra de minimiser l’organisation de nouvelles élections en cours de mandat. Elle permettra de parer à une vacance de poste. Elle permettra de contribuer à la stabilité institutionnelle des pays ayant opté d’avoir une VicePrésidence.
3. Déconcentration de pouvoirs
A ce jour, dans les pays ayant une VicePrésidence par nomination ou élection, il n’existe pas de dualité avec la Présidence. Ceci parce que les pouvoirs des VPRs sont bien calibrés. Pour aider davantage le Président de la République (PR) dans ses missions, le Premier ministre (PM) pourrait se voir confier certaines fonctions. Ce dernier étant nommé et remplacé suivant le pouvoir discrétionnaire du Président de la République. Sept (07) parmi les quinze (15) pays ci-dessus ont à la fois une Vice-présidence et une Primature : Burundi, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Kenya (sous le nom de Premier secrétaire du Cabinet) Ouganda, Sierra Léone. Un exemple proche est celui de la Côte d’Ivoire, un géant de l’Afrique ayant remporté, avec ses éléphants, la coupe d’Afrique des nations de football 2023 par des montadas ou des remontadas de sa huitième de finale à la finale. Dans des pays, le PR et le PM cumulent leurs fonctions spécifiques avec des portefeuilles ministériels techniques. Ainsi nous pensons, très modestement et le cas échéant, le PM pourrait cumuler ses fonctions avec celles de la Vice-Présidence de République. Ceci parce que le ou la VPR assure d’abord des fonctions de suppléance pour d’abord aussi le renforcement de la stabilité des pays concernés.
Vive l’ancestrale, solide et vertueuse démocratie sénégalaise !
Assane SECK (Seckane)
Ingénieur technologue en génie sanitaire
Master Professionnel en Environnement (Option Chimie de l’Environnement) Master de Recherche en BioToxicologieseckassane 66@gmail.com
Par Alpha Amadou SY
LA ROCHE TARPEIENNE EST TOUJOURS PRES DE L’URNE
Dans l’immédiat, il revient aux nouveaux dirigeants de consentir à un devoir de mémoire afin de ne jamais oublier les vies sacrifiées, les biens saccagés, les frustrations et stress ayant essaimé dans la dynamique de leur conquête du pouvoir
Le ni oui ni non, qui a retardé la décision de Macky Sall d’affirmer sans ambages son attachement au code d’honneur, serait dicté par le souci de ne pas voir ses partisans se focaliser sur la question de sa succession au détriment de missions qui leur étaient confiées.
Ainsi, le cours politique ayant édifié sur les conséquences désastreuses de ce retard, la curiosité était de savoir dans quelle mesure cette délibération retardée allait permettre au locataire du Palais présidentiel de maitriser sa coalition. Le cours politique vient de délivrer son verdict : à moins de six mois des élections, le choix d’Amadou Ba, Premier ministre, comme dauphin, a déclenché la guerre des clans. Cette atmosphère est marquée par la décision des anciens proches de Macky Sall, au nombre desquels Aly Ngouille Ndiaye, de Boun Abdallah Dionne et Mame Boye Diao, de prendre son contrepied.
Comme si cet éparpillement au sein de la mouvance traditionnelle ne suffisait pas, Macky Sall tenta de reporter la présidentielle à quelques heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale. Cette initiative, considérée par plusieurs citoyens comme relevant de la ruse politicienne, sera à la base d’une crise larvée entre la présidence et le Conseil constitutionnel.
Et paradoxalement, en lieu et place d’une stratégie pour maximaliser les chances de succès du dauphin, se constitua une sainte alliance entre des députés de la majorité et du PDS pour s’en prendre à Amadou Ba, accusé de tentative de corruption de deux membres du Conseil constitutionnel. Qui plus est, la non reconduite au sein du nouvel attelage gouvernemental de ministres supposés proches d’Amadou Ba, le gel des activités des structures de l’APR dans plusieurs localités et la rétention des moyens, donnèrent l’impression que le candidat se devait, à lui tout seul, de porter sur ses frêles épaules la destinée de toute la majorité présidentielle.
Même avec l’engagement devenu plus conséquent du président sortant de soutenir son candidat, à la suite d’un entretien pour la tenue duquel l’ex-Premier ministre a dû suspendre sa campagne, tout ne marcha pas comme sur des roulettes. Et pour cause, les apéristes, jouant plus à qu’ils ne soient réellement impliqués, mettaient en avant moins les compétences intrinsèques de leur candidat que leur volonté de suivre la consigne de M. le président !’ La conjonction de ces facteurs constitua du véritable pain béni pour l’opposition radicale dont le traitement infligé à ses principaux leaders a été perçu par l’opinion nationale et internationale comme une injustice notoire.
Ce contexte a été on ne peut plus favorable à la reconduite de cette leçon magistrale que nous avions formulée en ces termes dans notre livre Les conquêtes de la Citoyenneté, consacré au triomphe de la première alternance politique, en 2000 : la victoire du FAL, malgré l’aporie politique dans laquelle elle avait fini par verser, a su faire émerger une valeur irréductible, à savoir la quête de justice sociale des citoyens lesquels restent persuadés que la roche tarpéienne est toujours près de l’urne.
Sous cet éclairage, le fait que Diomaye Faye, dont la candidature a été déposée quand il était dans les liens de détention, interdit de battre campagne et privé même de temps d’antenne, ait pu néanmoins sortir vainqueur, dès le premier tour de la présidentielle, devient intelligible.
Son succès est d’autant plus impressionnant que maitre Wade n’était venu à bout du pouvoir de Diouf qu’au second tour. Qui plus est, même au plus fort moment de sa déconvenue électorale, le socialiste n’est jamais descendu en deçà des 45%
Évidemment, cette victoire sans appel résulte de l’engagement sans faille des organisations politiques, des différents démembrements de la société civile avec comme fer de lance la F24, d’acteurs du développement d’universitaires et d’intellectuels. Il témoigne des sacrifices multiformes consentis par le Pastef et ses leaders au nombre desquels Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Ce succès est aussi la résultante du remarquable professionnalisme de la presse sénégalaise et de l’esprit républicain qui anime l’essentiel des institutions de la République.
Cependant, cette issue heureuse pour les Sénégalais est à mettre fondamentalement à l’actif de citoyens dont l’objectif le plus partagé était de tourner, dans l’urgence, la page de la présidentielle afin de renouer avec la paix et de remettre le pays au travail.
Ce souci, aux allures d’une obsession, a trouvé son répondant dans la volonté affichée de voir non seulement le scrutin se tenir impérativement, mais d’en finir dès le premier tour. C’est pourquoi, les scores minables, enregistrés par de grandes figures de la vie politique, comme Khalifa Sall et Idrissa Seck, s’expliquent plus par le choix effectif du vote utile que par leur carence d’ancrage politique.
Ainsi, sans se méprendre outre mesure sur la contribution importante du parti des patriotes dans ce succès éclatant, force est de reconnaitre que comme 2000 et 2012, c’est finalement le dégagisme qui a triomphé. Du coup, les programmes proposés n’ont pas été l’objet d’un examen approfondi car écrits en français, avec des citoyens plutôt focalisés à faire prévaloir ce même mot d’ordre vulgarisé en 2000 par le leader de l’AFP, Moustapha Niass : « qu’il parte ! qu’il parte !
Ce retour du même suscite une réflexion profonde pour voir comment le Sénégal est à même d’éviter de faire peur avec son lot de morts et de pertes de biens matériels, chaque fois qu’il est question d’une alternance politique. Dans l’immédiat, il revient aux nouveaux dirigeants de consentir à un devoir de mémoire afin de ne jamais oublier les vies sacrifiées, les biens saccagés, les frustrations et stress ayant essaimé dans la dynamique de leur conquête du pouvoir. En s’acquittant pleinement de cet impératif devoir de mémoire, le nouveau pouvoir assurera aux différentes victimes le plus grand dédommagement.
Fait aussi partie des priorités, la nécessité de sceller et de consolider le contrat de confiance entre le nouveau pouvoir et les citoyens car tout ne peut pas être fait dans le ici et le maintenant. Il est impossible de résoudre les complexes problèmes du Sénégal sans donner du temps au temps. Toutefois, c’est aussi par l’exemplarité des actes qu’il posera quotidiennement que les citoyens pourraient lui retirer ou lui prolonger l’état de grâce.
Cette quête de confiance se pose avec d’autant plus d’acuité que certains s’interrogent sur la capacité de la jeunesse, qui vient de prendre la relève, à assumer le destin du pays. Mais, la question de la gestion vertueuse ne se pose pas en termes de jeune et de vieux car chacune de ces notions renvoie davantage à un état qu’à une qualité. Dès lors, la problématique est celle de l’appropriation de l’esprit républicain, seul à même d’inciter le leader à assumer à bras le corps la mission qui lui est assignée par la Loi fondamentale.
Dans cet esprit, après les scènes de liesse populaire tout à fait légitimes, il importe de s’interroger sur la suite que les principaux leaders du PASTEF comptent donner à cette bourrasque électorale du 24 mars 2024. Lanceront- t- ils un signal fort dans la perspective de rompre d’avec l’homologie entre le Parti et l’État ? Avec le changement de couleur de la prairie, seront-ils disposés à offrir des structures d’accueil aux transhumants, au risque de porter atteinte à l’éthique républicaine non sans frustrer leurs militants de la première heure ?
À ces questions, auxquelles aucune des deux alternances précédentes n’a su donner de réponse, s'ajoute celle ayant trait au duo Sonko/Diomaye. Certes, les deux compères n’ont sans doute pas des contradictions politico judiciaire du genre de celles qui avaient structuré la relation Mamadou Dia et Senghor. Mais, la curiosité est de savoir dans quelle mesure ils sauront faire l’impasse sur leur ego et factoriser à zéro les tentatives de division qui pullulent dans l’arène politique pour déployer une seule et même synergie afin de répondre aux légitimes et pressantes attentes de leurs compatriotes ?
Il reviendra au nouveau cours politique d’en donner les éléments de réponse. Mais, en attendant ce verdict, la formation du nouveau gouvernement et l'adresse à la nation du 3 avril 2024 seront assurément les premiers tests très attendus. Enfin, quoique l’espoir soit permis, il n’est pas superflu, au nom de l’esprit critique qui gouverne le projet démocratique, d’avoir constamment en tète cet enseignement que Sembène Ousmane a placé dans la bouche du doyen Sall, l’un des principaux protagonistes du dernier de l’empire :
« Je suis resté trop longtemps dans l’arène politique pour savoir que les idées généreuses, qui sous-tendent le début d’un pouvoir, s’émoussent, se corrodent à la longue pour devenir du formol ».
par Jean Pierre Corréa
UN PUISSANT TREMBLEMENT D’HOMMES
Le président Diomaye Faye devra apprendre à n’être plus Sonko, mais le président de tous les Sénégalais. Il devra se faire violence et comprendre que « président dou Rakou kenn »
"Un vote est une sorte de prière sur le genre de monde dans lequel vous voulez vivre." George Orwell
Les Sénégalais ont compris, et l’ont fait savoir à leur classe politique devenue sourde à tous leurs énervements sporadiques, que l'une des sanctions pour avoir refusé de participer à la politique était que vous finissiez par être gouvernés par vos inférieurs. Lassés d’un système qui se mordait la queue, ils ont patiemment attendu que leurs cartes soient devenues l’expression de leurs voix et non destinées à servir juste d’expression partisane et sponsorisée par des politiciens qui les oubliaient dès les scrutins révolus. Ce 24 mars 2024, le Sénégal a connu plus qu’un tremblement de terre, il a vécu un puissant tremblement d’hommes et de femmes, tranquilles mais résolus à faire comprendre aux hommes qui nous gouvernent que c’est le peuple qui détenait le pouvoir et qu’il faisait juste par le vote, acte de le déléguer aux hommes susceptibles de rendre leurs rêves possibles.
Et ils ont choisi le projet qui portait les exigences de la rupture, pas celle clamée comme une ritournelle par les républicains de Macky Sall en 2012, mais celle porteuse d’une véritable alternative, et l’homme qui avait été désigné pour l’incarner, Bassirou Diomaye Faye (BDF). Au-delà de ce qui semble être une alternance, ce qui s’est passé ce 24 mars au Sénégal, est une révolution, menée par un peuple qui ne pouvait plus supporter ce régime, qui malgré les indéniables réalisations posées, et déroulées par le si galvaudé PSE, aura surtout manqué d’humanité, d’empathie, de compassion et… d’humilité…
BDF a bénéficié d’un exceptionnel alignement des planètes politiques pour devenir le plus jeune et le mieux élu des présidents Sénégalais, même une pluie fine au moment où le raz-de-marée se précisait est venue bénir son avènement, lui qui 10 jours avant était encore en prison.
Une telle victoire pour quoi faire ?
L’attente est grande, les défis très relevés et l’impatience privera le nouveau président de tout état de grâce, même si les Sénégalais sont prêts à le laisser travailler à dérouler le programme qui les a tant séduits. Il ne suffira pas de débaptiser l’avenue Pompidou pour l’appeler Avenue Samba Ndiaye pour emporter les adhésions de jeunes qui n’en peuvent plus des « entreprises jakarta », mais auxquels il faudra dire sans faiblesse, qu’il faut travailler, se former et cesser d’avoir les baskets à Dakar et la tête à Barcelone.
Le premier discours du président Diomaye Faye a été incontestablement fondateur d’une nouvelle politique, et sa démission de toutes les instances de son parti fleure bon le changement, mais cette déclaration que le monde entier attendait aurait dû être traitée avec moins de bricolages scénographiques, ne serait-ce que de bien l’éclairer et lui donner un bon micro, n’était pas mission impossible et pourtant… Restons dans le fond.
La date de passation des pouvoirs est certes importante, mais la composition de son premier gouvernement est très attendue, ne serait-ce que pour savoir, quelle place y occupera le leader de Pastef, Ousmane Sonko, que les milliers de citoyens sont allés congratuler, ne sachant même pas où habitait notre nouveau chef d’état, cela faisait bizarre…
Le président n’est le petit frère de personne
Mors d’un reportage, un témoin soutenait que «Diomaye est un président qui a un président. Ce n’est pas une insulte. Mais c’est la triste réalité ».
Le président Diomaye Faye devra apprendre à n’être plus Sonko, mais le président de tous les Sénégalais, ses premiers actes le laissent présager, le protocole d’État va corseter quelques-uns de ses élans, mais il devra se faire violence et comprendre que « président dou Rakou kenn ».
Bonne chance monsieur le président Bassirou Diomaye Faye. Le monde entier vous observe. Et vos compatriotes sont pleins d’espoirs…en vos « Solutions ».
Par Abdourahmane DIENG
SUBSTANCE AU-DELA DE L'APPARENCE
Ce n'est pas la façon dont le président de la République se présente qui définit son mérite, mais plutôt la manière dont elle exerce son pouvoir, prend des décisions et agit dans l'intérêt du peuple
Dans les méandres complexes de l'identité africaine, un phénomène persistant et insidieux se dévoile : le complexe d'infériorité envers les Blancs. Profondément enraciné et souvent enfoui dans le subconscient collectif des peuples africains, ce complexe se manifeste de manière subtile mais omniprésente, influençant divers aspects de la vie quotidienne, y compris la langue, la mode et les choix culturels.
1. Héritage Historique :
- L'esclavage, la colonisation et l'exploitation impérialiste ont laissé des cicatrices profondes dans l'histoire africaine.
- La subjugation et la domination par les pouvoirs coloniaux ont alimenté un sentiment d'infériorité envers les Blancs.
- Les stigmates de cette période sombre persistent encore aujourd'hui, façonnant les perceptions et les comportements des Africains.
2. Impact sur la Langue et la Communication :
- La linguistique reflète souvent les dynamiques de pouvoir et d'influence.
- Dans de nombreuses sociétés africaines, l'accent mis sur la maîtrise de la langue coloniale est perçu comme un signe de statut et d'éducation.
- La prononciation des consonnes, en particulier le "r" roulé, est souvent modifiée pour s'aligner sur les normes linguistiques européennes, renforçant ainsi le complexe d'infériorité.
3. Influence sur la Mode et le Style de Vie :
- La mode occidentale est souvent valorisée comme étant plus sophistiquée et moderne.
- Les vêtements traditionnels sont parfois relégués au rang de tenues folkloriques, tandis que les vêtements occidentaux sont arborés avec fierté comme symboles de progrès et de succès.
- Ce penchant pour l'occidentalisation de la mode reflète une quête de validation et d'acceptation par la culture dominante, renforçant ainsi le complexe d'infériorité.
4. Érosion Culturelle :
- L'assimilation des valeurs, des normes et des traditions occidentales conduit souvent à une perte de l'identité culturelle africaine.
- Les pratiques et les croyances ancestrales sont parfois reléguées au second plan au profit de modes de vie importés de l'Occident.
- Cette dilution de la culture africaine contribue à perpétuer le sentiment d'infériorité envers les Blancs, en invalidant les propres richesses culturelles des sociétés africaines.
Le complexe d'infériorité envers les Blancs demeure un défi persistant dans les sociétés africaines, influençant profondément la manière dont les individus se perçoivent et interagissent avec le monde qui les entoure. Pour surmonter ce fardeau historique et culturel, il est impératif de promouvoir une fierté et une acceptation de soi fondées sur la reconnaissance et la célébration de l'identité africaine dans toute sa diversité et sa richesse.
Dans le tumulte constant de la sphère politique, une question surgit fréquemment : l'importance accordée à l'apparence et aux compétences communicationnelles d'un dirigeant. Alors que certains observateurs scrutent chaque tenue du Président de la République, analysant chaque geste et inflexion vocale à la recherche d'indices sur sa capacité à communiquer avec le public, d'autres adoptent une perspective plus pragmatique. Pour ces derniers, l'essentiel réside dans la capacité du chef d'État à remplir ses fonctions avec compétence et efficacité, indépendamment de son apparence ou de ses talents oratoires.
Dans cette optique, il importe peu que le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE soit paré des plus somptueux atours ou qu'il maîtrise l'art de la rhétorique au niveau des plus grands communicants mondiaux. Ce qui compte avant tout, c'est sa capacité à gouverner et à prendre des décisions éclairées dans l'intérêt supérieur de la nation. Son habillement et ses aptitudes en communication peuvent certes jouer un rôle dans la manière dont il est perçu par le public, mais ils ne devraient en aucun cas éclipser son travail substantiel et son engagement envers la bonne gouvernance.
Ainsi, plutôt que de se perdre dans des débats superficiels sur l'apparence ou le style de communication du Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, il convient de porter notre attention sur ses actions, ses politiques et ses résultats. C'est à travers ces prismes que sa compétence et son efficacité en tant que dirigeant doivent être évaluées. L'histoire regorge d'exemples de dirigeants dont l'apparence ou les compétences en communication étaient loin d'être exceptionnelles, mais qui ont néanmoins laissé une empreinte indélébile dans les annales de la gouvernance en raison de leurs réalisations tangibles et de leur leadership éclairé.
En fin de compte, la substance prime sur le style. Ce n'est pas la façon dont le Président de la République se présente qui définit son mérite, mais plutôt la manière dont elle exerce son pouvoir, prend des décisions et agit dans l'intérêt du peuple. En déplaçant notre attention des apparences vers les actions, nous pouvons réaffirmer l'importance de la gouvernance responsable et de la reddition de comptes dans la construction d'un avenir prospère et équitable pour tous.
PAR Farid Bathily
KEVIN HART AU PATHÉON DE L'HUMOUR
L'acteur et comédien Kevin Hart, 44 ans, a reçu le prestigieux prix Mark Twain pour l'humour américain, la plus haute distinction dans ce domaine aux États-Unis. La consécration d’une carrière riche et prolifique
C'est devant une salle comble – environ 2400 personnes – du Kennedy Center que Kevin Hart a été célébré par ses pairs, dimanche 24 mars 2024. L’artiste polyvalent a été récompensé du prix Mark Twain pour l'humour, décerné chaque année aux meilleurs personnages en la matière.
Considéré par beaucoup comme le "Nobel" de l’humour, ce prix est une marque de reconnaissance aux personnes ayant eu le même impact sur la société américaine que le célèbre romancier et essayiste du 19e siècle Samuel Clemens plus connu sous le nom de Mark Twain.
C’est un accomplissement pour Kevin Hart, l’Afro-américain né à Philadelphie, qui en 20 ans, s’est affirmé aussi bien au stand-up (spectacle humoristique solo) qu’au cinéma, avec une maîtrise remarquable.
Roi du rire et du box-office
Son humour saillant axé sur des thèmes touchants à la fois la figure paternelle, le sexe ou encore la condition des Noirs, l’a ainsi hissé dès les années 2010 au rang d’un des comédiens les plus doués de sa génération.
Celui qui fut nommé en 2015 parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde par le magazine Times, a placé 11 différents films au box-office pour des recettes de plus de 4,23 milliards de dollars.
Les choses n’ont toutefois pas été simples pour ce garçon sevré très tôt de l’autorité d’un père souvent absent à cause de ses ennuis avec la drogue. Élevé dans la ferveur religieuse par sa mère, le jeune Kevin a par ailleurs dû surmonter le handicap de son 1,58 mètre, une taille rédhibitoire pour un acteur de stand-up.
Businessman à succès
"Je me suis engagé dans la comédie, je me suis engagé à dire que c'est ça ou rien d'autre, tous mes œufs sont dans le même panier", a-t-il déclaré dimanche à la réception de son prix, entouré de plusieurs personnalités, dont Dave Chappelle – lauréat en 2019 –, Chris Rock ou encore Tiffany Haddish.
Outre ses talents d’artiste, Kevin Hart est également un homme d’affaires à succès. À la tête d’une société de divertissement évaluée à 650 millions l'année dernière, il dispose entre autres, d’une chaîne de restaurants et d’une gamme de compléments alimentaires.
"Toutes les versions de moi plus jeune seraient juste surprises de voir à quel point je suis allé loin", se remémorait dans un entretien au Wall Street Journal début mars, celui qui avait dû renoncer à la présentation des Oscars en 2019 après la résurgence d’anciens tweets homophobes.
Par Hamidou ANNE
FAIRE FACE
L’élection a enfin eu lieu. Le résultat est sans appel : le camp fasciste va gouverner le Sénégal. Ce scrutin bat une nouvelle fois en brèche les théories fantaisistes sur le fichier électoral et la transparence des élections.
Il me revient en ce moment ce beau vers de René Char : «La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.» L’élection a enfin eu lieu. Le résultat est sans appel : le camp fasciste va gouverner le Sénégal. Ce scrutin bat une nouvelle fois en brèche les théories fantaisistes sur le fichier électoral et la transparence des élections. Notre système démocratique est tellement performant qu’il peut permettre l’élection de n’importe qui.
Pire, pour la première fois, un président fantoche aura été élu pour conduire aux destinées de ce grand peuple. Le débat programmatique, conformément à l’hystérisation du débat public depuis trois ans, n’a pas existé. Il y a eu un référendum consécutif à la polarisation du champ politique, à l’issue duquel une marionnette au-dessus de laquelle trône un marionnettiste a gagné. Il faudra expliquer dans les livres d’histoire qu’un homme qui n’a même pas eu la dignité de battre campagne sur son propre nom, un homme qui ne s’est pas assumé et n’a pas assumé sa candidature a été élu, un homme qui reconnaît avoir un chef, a été élu président de la République.
Pour la première fois, le Sénégal s’offre à un mouvement qui profite des infrastructures de la démocratie sans y croire ; un mouvement qui a opté de manière délibérée pour le choix de l’insurrection comme mode d’action politique.
Ils devront incarner des institutions qu’ils ont désacralisées, commander la police, l’Armée et la gendarmerie qu’ils ont insultées et préserver une Justice qu’ils ont vilipendée. Il faudra assumer de régner sur des ruines…
Les raisons de ce basculement dans la tragédie sont nombreuses et profondes. Mais deux me semblent utiles à toujours rappeler : l’opposition républicaine a crédibilisé et légitimé un parti fasciste en nouant des alliances et en gouvernant des municipalités avec lui. La majorité, elle, a précipité cette fin brutale en donnant tous les jours, depuis trois ans, l’impression qu’elle préparait l’arrivée de fascistes au pouvoir. L’amnistie gracieusement offerte à des insurgés et des criminels est le dernier acte d’une volonté manifeste de leur confier le pouvoir pour plonger le pays dans une spirale d’incertitude et de d’abaissement. Le choix de sortir le dirigeant et son candidat en pleine campagne permettait de leur offrir une dynamique, de contribuer à faire de gens peu fréquentables des héros insubmersibles aux yeux de la jeunesse. Après les multiples appels à l’insurrection, les arrestations, les procédures judiciaires, s’ils sortent blanchis de la machine infernale de l’appareil répressif de l’Etat, pour l’opinion c’est soit qu’ils n’avaient de toute façon rien fait, soit qu’ils étaient plus forts que l’Etat, donc qu’il fallait leur donner le pouvoir.
Cette défaite électorale est aussi celle de gens qui, pendant trois ans, ont refusé de se mouiller dans le combat contre les profanateurs de la République alors qu’ils étaient en responsabilité. Amadou Ba est de ceux-là. Il est un homme courtois et décent, mais comme ministre et Premier ministre, et tout simplement comme personnalité politique, sa voix n’a jamais été audible dans le combat contre l’hydre populiste même dans les pires épisodes de violence.
Dimanche, j’ai circulé une grande partie de la nuit dans les rues de Dakar. J’ai croisé des jeunes jubilant, juchés sur des motos Jakarta ou à l’étroit dans des véhicules aux klaxons stridents. Le pays aspirait au changement, il aura obtenu une plongée dans le gouffre. Après les Etats-Unis, l’Italie, le Brésil, l’Argentine, une autre grande démocratie tombe dans l’escarcelle populiste dans un contexte de montée du péril identitaire en Afrique de l’Ouest. Je m’y attendais et je ne cessais de le répéter à des amis très dubitatifs, voire qui moquaient mes soi-disant fantasmes morbides.
Le populisme monte par la colère du peuple des opprimés contre les promesses non tenues de la République. Il agrège des frustrations et flirte avec les passions tristes. Il peut connaître une ascension fulgurante aussi par la lâcheté ou la complicité des élites -politiques, intellectuels, chefs d’entreprise et cadres- qui pensent nourrir la bête pour participer au festin une fois au pouvoir. Elles seront les premières victimes d’un mouvement obscurantiste et intolérant qui aura montré en dix ans qu’il haïssait la raison et le débat contraire, donc la liberté et l’émancipation par le savoir.
Les prochaines victimes de ce nouveau régime seront les masses, qui ont défilé dimanche dans les rues. Les espoirs immenses nourris par dix ans de propositions farfelues et intenables comme sur le franc Cfa, les milliards qui tomberont du ciel, le fait de virer les étrangers et la nationalisation de pans entiers de l’économie seront déçus, car ces gens ne sont ni compétents ni intègres pour gouverner un pays.
L’aventure dans laquelle nous nous engouffrons mènera le pays à la ruine morale et à une plus grande fracture de la communauté nationale. Et les promesses qui ne seront jamais tenues par un président sous tutelle, incompétent notoire, impréparé, nourriront une colère qui lui sera fatale, lui, son chef et son camp.
Un nouveau régime s’installe. Il va réunir une kyrielle d’opportunistes, de haineux et de revanchards. Ce régime, qui a promis l’antisystème, la révolution et, en passant, l’exécution des anciens présidents de la République, comptera dans ses rangs Karim Wade, Aminata Touré, Birima Mangara, Mary Teuw Niane, Moustapha Guirassy, Aïda Mbodj, Habib Sy, Pape Samba Mboup…Je passe outre les curieux personnages -complotistes, charlatans, activistes islamistes- à qui les Sénégalais devront désormais faire confiance pour conduire les affaires de l’Etat.
Un peuple progressiste et républicain est depuis lundi matin orphelin ; il faut lui offrir un refuge et bâtir une maison commune des républicains, des démocrates, des socialistes et de tous les progressistes qui défendent une certaine idée d’un Sénégal comme rempart contre le nationalisme, l’absolutisme, l’intolérance et les atteintes graves à ce qui fait de nous une Nation debout, ouverte et respectée.
Dès la proclamation définitive des résultats, il faut offrir à la moitié des Sénégalais, qui ont refusé de confier le pays à des aventuriers, un horizon, un projet, un discours et un cadre d’expression pour une opposition exigeante sur les principes, intelligente sur la stratégie et innovante sur les méthodes. Dans ce chemin d’espérance qui doit surgir pour faire de la défaite du 24 mars un terreau fertile pour un sursaut vers des victoires futures, je suis prêt à assumer toute ma part de responsabilité.
Par Ibrahima Anne
OUF, ENFIN
L’élection présidentielle qui s’est tenue hier aura battu tous les records en termes de rebondissements. Rien n’aura, en effet, été dans l’ordre des évidences pour cette élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu hier.
L’élection présidentielle qui s’est tenue hier aura battu tous les records en termes de rebondissements. Rien n’aura, en effet, été dans l’ordre des évidences pour cette élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu hier. Programmé, déprogrammé, reprogrammé puis avancé, le scrutin d’hier aura tenu en haleine tout un peuple qui a ainsi vogué de surprise en surprise. D’abord, sur l’identité des protagonistes. Réélu en 2019, le Président Macky Sall a été le premier à avoir jeté un voile sur la configuration et la tenue de la Présidentielle de 2024. D’abord, en ne donnant pas une position tranchée sur son ambition de se présenter pour briguer une troisième candidature. Jusqu’au 3 juillet, Macky Sall a maintenu le flou sur cette intention. Le «ni oui, ni non» ne fera que rajouter à la confusion. Laquelle a été un des déclencheurs d’une situation de tension rarement vécue dans notre pays. La question du troisième mandat fut une ligne centrale dans la plateforme revendicative de l’opposition. Muet sur ses intentions, le Président sortant a gardé son flegme jusqu’au bout. Ni l’opposition qui le bousculait sur tous les couloirs et sur tous les fronts, ni ses partisans qui le poussaient à tenter une troisième confrontation n’ont pu l’obliger à briser le silence. Ce qui fait que, jusqu’au 3 juillet 2024 à 20 heures, nul ne savait ce que le Président allait faire. Finalement, «après y avoir mûrement réfléchi» comme lui-même l’a dit dans son adresse à la Nation, Macky Sall décide de ne pas se représenter.
Dr Bakar DIA, ancien ministre : « le vaccin pose plus de problèmes qu’il n’apporte de réponses »
En face, on a un Ousmane Sonko qui a le vent en poupe. Porté par une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans les politiques publiques, frappée de plein fouet par le chômage et tentée par les envies du large (barça wala barsax), le leader de Pastef donne du fil à retordre au pouvoir. Il est le maître de la rue publique et des réseaux sociaux. Les trending topics l’y mettent en tête de classement. Les affaires dans lesquelles il est mêlé décuplent, paradoxalement, sa côte de popularité auprès d’une frange jeune qui reprend à son compte la théorie de la conspiration et du complot. Ce fort élan de sympathie le porte en triomphe et dope ses capacités de nuisance. Aussi, maniant les foules avec une dextérité jamais égalée, l’ancien inspecteur des impôts et domaines aura été très déterminant dans le choix de Macky Sall de renoncer à un risqué troisième mandat. Le président de la République va le lui faire payer jusqu’au dernier sacrifice. En effet, parallèlement à sa décision de renoncer à une troisième candidature, le chef de l’Etat promet, avant de partir, d’appliquer toutes les décisions de justice. L’allusion aux affaires Sonko tombe sous le sens. Le leader de Pastef, sous le coup de diverses condamnations, est dans le viseur du pouvoir. Il est arrêté, envoyé en prison, son parti dissous. Mettant une croix sur sa «présidentiabilité». La messe est définitivement dite pour le maire de Ziguinchor quand l’administration électorale et le Conseil constitutionnel font fondre ses derniers espoirs.
Macky Sall n’est donc pas partant. Ousmane Sonko, non plus. Le premier objectif de Macky est atteint. Pourtant, il n’y a guère, toute la vie politique sénégalaise était réduite à une bipolarisation Macky Sall-Ousmane Sonko. «Macky dou bokk, Sonko day bokk» était le slogan des pastéfiens. Au finish, on se retrouve avec tous les deux challengers hors course. Alors, il leur faut trouver une solution de rechange. La majorité présidentielle choisit Amadou Bâ quand Ousmane Sonko désigne Bassirou Diomaye Faye comme joker. Le scénario est des plus imprévisibles. Il le sera davantage quand le Président Sall abroge le décret convoquant le corps électoral et observe avec intérêt l’Assemblée nationale jeter les derniers pelletés de sable sur la date du 25 février 2024 qui est définitivement compromise. Il a fallu toute la hardiesse, toute l’intransigeance et tout l’entêtement du Conseil constitutionnel pour que le plan Pds-Apr tombe à l’eau. Aussi, c’est un processus riche en suspenses qui a été couronné avec la tenue, hier, du scrutin présidentiel. Des citoyens souffrant d’insuffisance cardiaque auraient pu y laisser leur souffle tant ce suspense était haletant. En définitive, la démocratie, l’Etat de droit et la solidité des institutions ont triomphé et en sont sortis renforcés. Mais, au prix d’une attente longue et riche en surprises avec les principaux acteurs, Macky Sall et Ousmane Sonko, qui d’acteurs principaux passent à intermittents du spectacle.
Par Mamadou Ndiaye
DIOMAYE A FADIDA
Diomaye Faye devient le cinquième président de la République du Sénégal. Il a été élu dimanche puis félicité lundi par son principal challenger Amadou BA, ancien Premier ministre. Le pays respire.
Diomaye Faye devient le cinquième président de la République du Sénégal. Il a été élu dimanche puis félicité lundi par son principal challenger Amadou BA, ancien Premier ministre. Le pays respire.
Les deux hommes se connaissent pour appartenir au même corps d’élite de l’Inspection des Impôts et Domaines. Les aléas et les circonstances de la vie politique les ont éloignés jusqu’à les opposer mais de réelles affinités constituent la trame d’un lien jamais rompu bien que défraîchi.
D’apparence frêle et détaché, le nouveau président a un singulier destin. Il est le plus jeune de tous ses devanciers qui ont occupé cette prestigieuse fonction élective. Par la grande porte, Diomaye entre ainsi dans l’histoire après avoir été élargi de prison par une amnistie en jetant ses forces dans la bataille présidentielle au terme d’une campagne menée au pas de charge avec son ami, camarade et mentor Ousmane Sonko, l’inoxydable opposant.
Le chemin fut sinueux, bosselé, raide, escarpé parfois, abrupte par moment, rarement rectiligne. Ensemble, ils ont lutté avec âpreté contre un adversaire autrement plus coriace, de surcroît très outillé pour les embrouiller à dessein.
Ils se sont forgés un mental conquérant dans les épreuves qui, non seulement les ont soudés, mais les ont fortifiés en démultipliant leur vaillance. A l’arrivée, l’un des deux s’installe au sommet de l’Etat, incarnation suprême du système qu’ils ont voué aux gémonies tout au long d’une décennie d’opposition sans quartier.
De facto leur ligne politique, combinaison de radicalité et de populisme, a fini par s’imposer comme la plus audible au sein d’une opposition presque aphone, en panne d’initiative et peuplée d’acteurs dont la tiédeur contraste étrangement avec la débordante énergie des deux jeunes hauts fonctionnaires aux dents longues.
Leur inflexibilité a été doublement payante. Ils gagnaient la sympathie de larges couches sociales conquises par leur incomparable culot politique. Cet avantage comparatif se transforme en un redoutable instrument de pression et revêt tout autant un caractère populiste qui leur a valu une impressionnante assise populaire et une formidable notoriété politique.
Celle-ci s’apprécie comme un dividende leur ayant permis malgré leur jeune âge de s’imposer en interlocuteurs incontournables dans les différentes sphères de pouvoir du pays. Dès lors, devant les équations, ils ont conscience d’être une partie de la solution.
Les démêlés judiciaires de Sonko qui le privent de ses droits civiques le poussent à scénariser la candidature de Diomaye, très vite acceptée pour son audace et sa cohérence tactique et défendue par des alliés de plus en plus nombreux à se convaincre de la pertinence de l’option de rechange.
Ils peaufinent la stratégie et passent, contre toute attente, l’obstacle du parrainage qui ouvre à Diomaye un large boulevard de redéploiement sur fond d’une équation politique étonnamment simple : Sonko égale Diomaye. La formule fait mouche.
Mieux, elle séduit et se répand, reprise par les relais de communication, les réseaux sociaux et un faisceau d’influenceurs au détour d’une habile stratégie digitale qui fait florès. Un moment dubitative, l’opinion valide le ticket qui n’en est pas un.
Dimanche dernier, le pays bascule. Des dix-neuf candidats, seuls deux se détachent, laissant loin derrière une kyrielle de candidats sans réelle épaisseur politique, sans densité sociale, sans envergure. D’un trait de plume, certains sont rayés de la carte.
La vie publique s’organise autour de personnalités éminentes. Beaucoup aspirent à cette élévation mais très peu l’atteignent. Du filtre au tamis, de la sélection à l’élection, le choix devrait au finish être de qualité pour jeter le dévolu sur des hommes et des femmes à l’honorabilité irréprochable nous épargnant ces « jamais-gagnants » qui polluent les lambris et jalonnent le parcours électorale.
Toutefois, le scrutin révèle une poussée générationnelle en même temps qu’il démontre la maturité de la démocratie sénégalaise. Qui ne s’en réjouirait ? En masse, les Sénégalais sont donc allés voter dans le calme et la sérénité.
Ce même calme a prévalu le lendemain de l’élection dans l’attente de la proclamation des résultats qui plébiscitent, sans contestation, le nouvel élu, Bassirou Diomaye Faye.
Désormais, il sait ce qui l’attend. Les priorités se chevauchent. Tout paraît urgent. L’économie ne s’accommode pas de l’incertitude. Les impatiences ne manqueront pas de se manifester, notamment chez les jeunes qui espèrent être mieux compris par Diomaye, un des leurs. Il a quarante-quatre ans. Il cultive la modestie et la sobriété, traits dominants de ses origines rurales qu’il brandit fièrement.
De la gestion de la parole, il doit passer maintenant à l’action pour dénouer des crises multiples et variées. Un autre chantier non moins immense se dresse : la corruption et la reddition des comptes. Depuis des lustres, les rapports s’empilent sur l’aggravation des facteurs de corruption.
La société sénégalaise est gangrenée par ce phénomène qui prend des proportions beaucoup plus qu’inquiétantes sur fond d’impunité qui accroît les frustrations et étouffe des colères. Jusqu’à quand ? L’incursion de la jeunesse dans le vote de dimanche a été perçue comme un fait politique notable, traduisant une exaspération aux contours mal définis.
En outre, ce surgissement juvénile a été interprété comme le rejet des « aînés », ce qui a eu pour effet immédiat de provoquer une déchirure sociale entre tranches d’âge que rien n’oppose en vérité. Certes le vote jeune a pesé dans l’issue de l’élection présidentielle. En revanche, leur seule proportion n’a pas constitué l’élément déclencheur du renversement.
L’usure du pouvoir et les tergiversations au sommet ont hypothéqué la candidature de l’ancien Premier ministre et expliquent la dispersion des voix de son camp, miné par des querelles byzantines et des disputes sans fin à mesure que l’échéance du scrutin approchait.
En lieu et place d’une lutte pour la conservation du pouvoir, les ténors de l’APR se neutralisaient pour une perte de pouvoir. Hara-kiri au Sahel ! Ce que personne ne comprenait.
La preuve, nombre d’entre eux n’ont pas « mouillé le maillot » alors que d’autres n’ont assuré que le « service minimum », sans grand enthousiasme, ni panache. Il serait intéressant de savoir comment la défaite a été accueillie dans les rangs marrons-beiges.
Elle est si cuisante que très peu s’en remettront au lendemain de la gueule de bois. Déjà que le chef quitte le navire sans la gloire dont il jouit pourtant du fait de ses réalisations structurantes.
L’opacité de cette séquence est à imputer entièrement au Président sortant. Etait-il en train de créer le vide autour de lui ? Les derniers actes qu’il a posés recouvrent quelle finalité ? Vont-ils dans le sens de l’histoire politique du Sénégal ? Toujours est-il qu’il reste ambigu dans ses intentions ? Aura-t-il l’occasion de s’en expliquer pour lever les équivoques au moment où une nouvelle majorité s’installe ?
Paradoxalement, celui qui lui succède à la tête de l’Etat dirigeait le Pastef dissout du fait du prince. On devine aisément la suite. Car à défaut d’une recomposition politique, on va assister à une reconfiguration de l’échiquier avec un Pastef réhabilité et requinqué, prêt à aligner les planètes…
QUEL PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SORTIRA DU VOTE DE CE DIMANCHE 24 MARS 2024 ?
Le monde entier était venu à notre chevet, nous suppliant de rester nous-mêmes comme depuis l’enfant de Djilor et de Joal ! Macky Sall nous quitte.
Bés Bi le Jour |
Amadou Lamine SALL |
Publication 26/03/2024
Je suis allé voter ce dimanche 24 mars 2024 ! J’ai admiré des Sénégalaises et Sénégalais de tous âges, des handicapés aux chancelants, venus accomplir leur acte citoyen ! Rien d’autre que paix, sérénité, citoyenneté, sourire et fraternité !Comme nous sommes loin du monde politique ! Comme nous sommes loin d’un Sénégal troublé, apeuré, déconstruit, menacé. En regardant mes compatriotes aller voter, je me suis dit que ce pays était invincible, si grand et si beau !
Le monde entier était venu à notre chevet, nous suppliant de rester nous-mêmes comme depuis l’enfant de Djilor et de Joal ! Macky Sall nous quitte. Le prochain président de la République qui sortira des urnes de ce dimanche 24 mars 2024, au regard des candidats en lice, sera finalement l’élu de Dieu ! Certes, c’est le peuple sénégalais qui élit au suffrage universel ! Mais à voir ces nombreux aspirants au pouvoir, à découvrir leur formation de base au-delà de la politique sur les bulletins de vote, on se remet au Seigneur !
On vote, certes, mais celui qui sortira de là avec la majorité des Sénégalais au 1er ou au second tour, aura eu forcément un coup de pouce du destin, c’est à dire de Dieu ! Le premier dieu avant l’Unique, estle peuple sénégalais ! Son vote décidera de notre avenir pour les cinq ans à venir. Cela va aller vite, très vite. 2029, c’est déjà demain. L’attente des Sénégalais n’est pas immense. Elle est presque insurmontable. Elle équivaut à la détresse, la déception, le désespoir du plus grand nombre parmi nous. Et cela ne veut nullement dire que le Chef de l’État n’a pas travaillé pour nous rendre heureux. Mettre tout sur le compte de l’échec ne serait pas juste ! Le temps à venir nous le démontrera !
La vérité, celle qu’affrontera le prochain élu à la tête du Sénégal, est qu’il ne résoudra pas en un mandat, l’innommable attente des Sénégalais et de sa jeunesse. Cette dernière aura d’ailleurs très fortement marqué cette élection présidentielle de mars 2024. Nous le verrons bientôt, en mal ou en bien, selon le camp de chacun. Tous ont un mot à la bouche : il faut changer le système ! Mais personne ne définit ce qu’est le système, sinon montrer du doigt le règne du copinage, de la médiocrité, de l’inculture, de la corruption, de la fonction allouée et dont on n’a pas la compétence, de l’enrichissement illicite, de l’incommensurable pouvoir du prince, des serviteurs et des hyènes rôdant autour du palais ettoujours bien servis. Voilà ce que le plus grand nombre des Sénégalais appellent le «système !»
Mais comment tuer ce système ! Comment en réinventer un autre au lieu de le cloner encore et encore ? À regarder de près les coalitions qui se lient, se forment, s’allient et conduisent au pouvoir suprême, comment en extraire ceux qui ont déjà régné et qui sont à l’image du système décrié et honni avec lequel ils ont soupé et dormi ? Les hommes politiques renaissent toujours ailleurs et sous d’autres habits ! Nous le constatons tous ! Comment vouloir réformer le monstre décrié en intégrant encore et encore ceux qui, hier, en ont fait leur lit ? Voilà l’enjeu !
Le prochain hôte du Palais de l’Avenue L.S. Senghor ne ressemblera pas ni à l’érudit et éclairé Sédar, ni au serein et tranquille Diouf, ni au possédé et généreux Wade qui ne croit qu’à Abdoulaye, ni au robuste et forcené bâtisseur Macky ! Le futur Président étonnera ! Puisse -t’il étonner comme son peuple rêve qu’il étonne !
Les Sénégalais ont voté. À voir ce peuple devant les urnes avec tant de paix, de sérénité, de fraternité, on ne peut qu’être fier d’y appartenir. Le Sénégal étonnera toujours le monde ! Qu’ils rebroussent vite chemin ceux qui cherchent à pousser vers l’abîme ce peuple de sourates et de psaumes ! L’abîme sera plutôt et toujours pour eux !
Nous attendons le visage du choix fait par les Sénégalais ! Le temps lui sera compté d’ici 2029 ! Mais, qui qu’il soit, il est sénégalais donc des nôtres, choisi par nous pour nous conduire vers le savoir et la prospérité ! Notre première mission, tous ensemble, désormais unis autour du choix du plus grand d’entre nous, est de soutenir le Président élu, de lui laisser un confortable temps de grâce ! Il s’agit de notre avenir et de notre nouvelle foi en l’avenir. Nous devons gouverner avec lui, c’est à dire prier pour lui et avant lui, déjouer les embûches sur sa route. Tout ce qui le touche nous touchera ! Le Sénégal est notre paupière !
Que Dieu garde chaque Sénégalaise, chaque Sénégalais ! Que chaque Sénégalaise, chaque Sénégalais, garde le Sénégal ! Ensemble, nous gagnerons ! Il semble désormais difficile, à partir de ce 24 mars 2024, de voir rempiler pour un second mandat un président de la République ! Il ne faudra pas seulement avoir beaucoup travaillé. Il faudra y avoir ajouté autre chose que le travail! Quelque chose de nouveau s’est levé sur ce pays et cette «âme», cette sentinelle insaisissable veille. Elle n’a pas de nom.
En un mot, il s’agit de servir si fort et non de se servir pour que le mirage d’un second mandat apparaisse aux yeux du peuple sénégalais ! Cela est possible si l’équité, la justice, l’humilité, le partage, dominent les prébendes et le mode de vie publique des hommes qui nous gouvernent ! Le peuple Sénégalais ne demande rien d’autre que d’être entendu, respecté. Quant à sa jeunesse, la voilà désormais imam, prêtre et prince. Elle ne demande pas à être entendue. Elle est déjà entendue ! Mais, nous la supplions d’aller à la rencontre des livres et de l’esprit ! C’est là que le Sénégal commence. C’est là qu’il sera le plus grand !
Amadou Lamine SALL
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française