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29 novembre 2024
Opinions
par Jean Pierre Corréa
TREMPER NOS PLUMES DANS NOS PLAIES
EXCLUSIF SENEPLUS - Tahirou Sarr n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter plateaux télé et sites d’infos en mal de programmes dignes du nom. Le milieu médiatique doit se faire violence pour réaliser son aggiornamento
« Le pouvoir n’est pas une chose simple. Il pénètre toujours le corps de celui qui en exerce la réalité avec son petit souffle de folie. ll transforme l’être, change son regard sur la société et peut aller jusqu’à bouleverser tout son référentiel axiologique au point que l’agneau le plus doux et le plus consciencieux peut devenir, au fil du temps, un monstre froid, de feu et de fer. » - Mamoudou Wane, Journaliste.
Ce mardi 2 avril, le Sénégal entre indubitablement dans une ère nouvelle. Bassirou Diomaye Faye est investi président de la République et à vrai dire, le fait qu’il prête serment, pour le coup est superflu, il n’a point besoin de jurer quoique ce soit sur quoi que ce soit, pour nous convaincre qu’il n’a plus le choix. Enfin, si, il a le choix entre réussir et… réussir. L’ampleur de sa victoire lui indique de façon limpide ce que les Sénégalais ont rejeté, puisqu’ils ont clairement envoyé à l’ensemble de la classe politique, ce qu’ils pensaient de leurs mœurs obscènes et de leurs comportements désobligeants, qui ont révulsé les populations, qui ont banni ce culte total que nos hommes politiques dans leur grande majorité avaient voué à l’opportunisme. Le président Diomaye Faye a la lourde responsabilité de conduire le pays vers de nouveaux et enchanteurs futurs. Comme le bon maçon, il ne sera jugé qu’au pied du mur. Tout le monde a intérêt à ce que notre nouveau chef d’état réussisse, car sa victoire a été claire, nette et sans bavure. Et pour tendre vers cette réussite, les Sénégalais se doivent de l’aider à réaliser ce qu’il a promis aux populations. Il a dit qu’il pouvait, répondons-lui : « Yes We Can ! ».
L’inévitable et implacable réforme médiatique
Le changement que demande le peuple sénégalais dans sa majorité, devra se faire paradoxalement à son corps défendant, et il est nécessaire que le milieu médiatique soit le premier à se faire violence pour réaliser son aggiornamento et à dresser un lucide état des lieux, où ont proliféré tous les faussaires et tous les aventuriers de l’information. Il ne saurait être reproché aux nouveaux hommes qui vont diriger le Sénégal, d’imposer à notre presse, qu’elle sera libre, si elle sait ce qu’est son énorme responsabilité dans l’accompagnement d’une nouvelle ère souhaitée par les Sénégalais. Pas de liberté sans responsabilité. Nous devons sans honte ni atermoiements futiles, plonger nos plumes dans les plaies ouvertes qui ont balafré notre démocratie, à cause de nos inconséquences, nos incompétences, nos mensonges et nos diffamations sans causes ni conséquences, que bien des mercenaires de la plume ont déversés sur les unes de tant de journaux et d’injustifiés « sites d’informations », gérés par des journalistes qui ne s’affublent même plus de guillemets, mais pire signent leurs méfaits avec des pseudonymes.
Le CORED est actuellement en première ligne, en ayant mis en garde contre les propos d’un soi-disant expert, Tahirou Sarr, pour ne point le nommer, qui éructe sans fards des inepties inconcevables devant des journalistes qui ont surtout eu le tort de l’inviter.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias a attiré l’attention des journalistes et techniciens des médias sur la nécessité de faire preuve de “responsabilité” en se gardant de donner de l’audience à la “parole xénophobe, raciste, stigmatisante et intolérante”, conformément à l’Article 18 du Code de la presse, et les a exhortés à censurer tout ce qui peut porter atteinte à notre vivre ensemble”.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias constate que Monsieur Tahirou Sarr du Mouvement nationaliste sénégalais, connu pour son discours public tendancieux sur les étrangers vivant au Sénégal et l’immigration, bénéficie d’une présence médiatique de plus en plus marquée. Mais il n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter nos plateaux télé et nos sites d’infos en mal de grille de programmes dignes de ce nom et les « chaînes YouTube », gérées sans aucune notion de déontologie journalistique.
Le ménage doit aussi être fait dans cette jungle de titres qui chaque matin inondent l’espace médiatique et qui émanaient non pas de groupes de presse, mais de « Groupes de Pression », appartenant à des tendances, adverses souvent, diffusées par des hommes du pouvoir sorti, qui y faisaient ignoblement leurs trafics d’influences.
Les 500.000 lecteurs de nos quotidiens n’ont pas besoin de 40 journaux. L’heure est aujourd’hui à la puissance de nos informations qui concernent toutes les problématiques de développement, autour desquelles le nouveau pouvoir doit savoir expliquer ses nouvelles exigences aux populations. C’est à nos journalistes formés et responsabilisés, qu’il revient de poser avec les compétences qui vont avec, toutes les questions relatives, par exemple à la monnaie, sujet qui ne peut plus être commenté par n’importe qui sur un plateau, avec toute la désinvolture qui accompagne souvent les ignorants. Pour aider ce nouveau pouvoir à réussir, nous devrons être déterminés à pointer ce qui doit être changé, mais aussi tout ce qui pourrait les éloigner des vertus nécessaires à l’accomplissement de tout ce qu’ils ont promis aux Sénégalais. Respecter l’intelligence de leurs lecteurs et de leurs auditeurs et téléspectateurs, en se mettant au niveau des enjeux qui bordent clairement nos voies de la rédemption, devra être le leitmotiv de notre milieu médiatique.
Notre nouvelle mission est de les rendre plus libres et plus intelligents, pour les préparer aux défis futurs qui conditionnent l’avenir de notre pays. Seule condition pour y parvenir : Faire un implacable ménage…sans ménagements évidemment. Pour qu’enfin les journalistes remplacent les pisse-copies…comme ils aiment d’ailleurs se nommer sans même savoir ce que ce terme a de dédaigneux…
C’est dire…
par Macky Sall
LETTRE AUX LEADERS ET MILITANTS DE BENNO BOKK YAAKAAR
C'est en restant unis, que nous serons dignes de la confiance que le peuple sénégalais nous a manifestée douze durant en dépit de la conclusion du 24 mars 2024. Et l'histoire, à nouveau, nous gratifiera de ses promesses heureuses pour notre cher pays
Mes chers alliés, leaders, responsables et militants,
Née de l'épreuve d'une mutation décisive dans notre histoire politique, la coalition Benno Bokk Yaakaar a marqué profondément l'évolution de notre pays ces douze dernières années à travers une longévité et une stabilité à nulles autres comparables. Je suis honoré d'avoir bénéficié de votre confiance, de votre soutien sans faille et de votre solidarité à toute épreuve.
Je vous témoigne de mes sentiments de profonde gratitude.
Notre diversité n'a jamais été un obstacle à notre unité. La différence de nos expériences a été une source féconde d'enrichissement mutuel, mais surtout le terreau de nos performances dans la transformation qualitative et quantitative de notre pays.
Notre unité a préservé notre nation des convulsions qui déstabilisent dans un monde difficile, en pleine mutation et de plus en plus complexe. Nous avons, défendu ensemble et en commun le socle du vivre-ensemble dans la longue tradition d'hospitalité du peuple sénégalais. Nous avons fait du sacerdoce dans l'exercice partagé du pouvoir, une éthique qui transcende les intérêts particuliers.
Nous avons hissé notre pays au rang d'une nation prête pour l'émergence à la faveur du Plan Sénégal Émergent et le développement d'une démocratie exemplaire, d'un État garant de l'intégrité des institutions. Nos acquis auraient été fragiles si nous n'avions pas donné la primauté à l'intérêt général de notre peuple. Nous sommes restés forts parce que nous avons veillé sur notre cohésion et les intérêts supérieurs de la Nation.
Mes chers alliés, je vous invite, après les changements à la tête de l'État, à poursuivre cette tradition de solidarité et d'unité, cette expérience de construction d'une vision commune du destin de notre pays.
Nous avons donné la preuve que la politique n'est pas uniquement un champ de confrontation. Elle est aussi, cela a toujours été ma conviction, une quête permanente de consensus pour entreprendre, dans un élan collectif, l'action de transformation pour le bien-être de notre peuple et la renommée de notre cher pays.
Je vous invite à porter, ensemble, cette expérience de performance attestée douze ans durant et d'en être fiers, parce que cette expérience des différences traversées et des divergences résolues nous a valu des acquis considérables sur le chemin de l'Emergence.
C'est en restant unis, que nous serons dignes de la confiance que le peuple sénégalais nous a manifestée douze durant en dépit de la conclusion du 24 mars 2024.
Mes chers alliés, je vous exhorte leaders, responsables et militants de notre grande coalition à rester attentifs à la voix des synergies nécessaires et des solidarités salutaires.
Et l'histoire, à nouveau, nous gratifiera de ses promesses heureuses pour notre cher pays ancré dans ses traditions démocratiques et républicaines.
Vive le Sénégal
Vive la République
Vive Benno Bokk Yaakaar
Vive la grande coalition de la majorité présidentielle
par Mohamed Lat Sack Diop
DES TESTS D'AUTORITÉ POUR DIOMAYE FAYE
À Paris, aucune urgence n'attend Macky Sall pour justifier que soit précipité son départ du pays alors qu'à Dakar des dossiers et "affaires" sont en traitement et que d'autres pourraient connaître des suites judiciaires
Le président Bassirou Diomaye Faye se prépare à prendre les reines du pouvoir ďEtat du Sénégal pour en exercer les pleins pouvoirs. Mais aucune euphorie ne peut nous faire oublier que ce pouvoir a été acquis dans des conditions harassantes, douloureuses et rendues tout aussi exceptionnelles par un massif plébiscite des citoyens sénégalais. Ce plébiscite donne une idée du degré d'angoisses, ďindignations et de lassitude d'un peuple dont les espoirs et attentes sont visiblement très hautes.
Mais au-delà de cette pluie de congratulations et de félicitations qui tombent des quatre coins du monde, l'attitude cavalière et vexante du président français Emmanuel Macron et de son poulain Macky Sall attire le plus notre attention.
Il est stupéfiant et suspicieux de voir la précipitation avec laquelle le président Emmanuel Macron requit en novembre dernier - alors que Macky Sall était son homologue encore en exercice - que ce dernier quitte le Sénégal pour rejoindre son nouveau poste à ľHexagone dès après sa passation de service sous prétexte de prendre fonction d'un ombrageux 4P (Pacte de Paris et machin).
Cette injonction péremptoire à rejoindre Paris, acceptée par Macky Sall a des relents de "convocation d'urgence" qui dénotent et confirment le nul respect d’Emmanuel Macron à l’endroit de ses "partenaires" africains.
Il s'agit, là, ďune attitude méprisante à ľégard du peuple Sénégalais qui vit, à travers de tumultueux événements électoraux et post-électoraux, de sérieux et solennels moments éminemment liés à son destin.
Un destin que des intrigues, traques, acharnements, cabales et conspirations iniques contre des opposants et d’innocents citoyens ont failli, depuis 2012, faire basculer vers un désastreux et regrettable chaos.
Dans de telles conditions et un tel contexte de changements de régime et de passations de pouvoirs tous azimuts, je trouve foncièrement discourtois voire irrespectueux d'organiser, pour un si controversé et clivant président sortant, une précipitée sortie du terroir qui a un parfum ďexfiltration.
Cette démarche est d'autant plus malveillante que les "dossiers sous mon coude" et bien d'autres de nature gravement sécuritaire (jihadhisme, terrorisme, forces spéciales...) ne sont pas encore compulsés et traités ne serait-ce que pour savoir s'ils comportaient des éléments susceptibles d'être qualifiés, ou non, de Haute Trahison.
Cette démarche de ľElysée est un insultant comportement diplomatique qui illustre encore l'incapacité de l’Etat français à comprendre le sens vers lequel tournent ces vents souverainistes irreversibles qui balayent ľAfrique notamment dans sa partie ouest.
Par ce comportement, Emmanuel Macron démontre son incapacité à faire évoluer ses préjugés et clichés condescendants quels que soient les circonstances, les contextes et les acteurs qu'elle a en face.
Une autre vérité est que, par respect pour la digne mémoire des citoyens tombés sous les balles de ses nervis qui ont infiltré nos forces de défense et de sécurité, il serait inconvenant que Macky Sall quitte le Sénégal après le 2 avril 2024 pour ce qui s'apparenterait forcément à une fuite organisée par ses maîtres.
Les cruelles atrocités et bévues perpétrées par des zélotes payés, sans doute, directement ou indirectement sur des fonds publics, les victimes de handicaps à vie par leur fait, les incarcérations injustes, les embastillements gratuits et les bâillonnements d'adversaires politiques sont, pour le président Bassirou Diomaye Faye, autant de raisons légitimes pour ne pas laisser Macky Sall quitter aussi allégrement le Sénégal sur la pointe des pieds.
Encore une fois, à Paris, aucune urgence n'attend Macky Sall pour justifier que soit précipité son départ du pays alors qu'à Dakar des dossiers et "affaires" sont en traitement et que d'autres pourraient connaître des suites judiciaires.
Soyons clairs, il est plus que faux de prétendre que ce qui attend Macky Sall à Paris a le moindre caractère urgent quand on sait que si son coup ďEtat constitutionnel avait prospéré, il serait resté au Sénégal au-delà du 15 décembre prévu pour organiser cette élection.
Macron qui tente ďexfiltrer son acolyte, ne peut avoir plus de droit et d'autorité sur un citoyen sénégalais que les autorités sénégalaises elles-mêmes.
Au moment où Nicolas Sarkozy, ancien président français, est sous le coup dinculpations et de jugements devant les tribunaux de son pays, voici Macron avoir l'outrecuidance de donner à un citoyen sénégalais le prétexte et un moyen de s'évader ou de le faire fuir pour ne pas rendre compte de ses actes et ďéchapper à la justice de son pays.
C'est dire que le Président Diomaye a davantage de raisons et d'autorité que lui pour empêcher son compatriote de bouger du Sénégal.
Et il serait dommage que le premier acte diplomatique posé par le président Diomaye Faye vis-à-vis d'une puissance étrangère soit de laisser Macron s'arroger plus de droit et d'autorité sur son propre concitoyen. Et sous quel que alibi que ce fut.
par Ousseynou Nar Gueye
LE DÉGAGISME
Notre pays, le Sénégal, est dirigé aujourd’hui par celui qui l'aura le plus voulu, c'est-à-dire le président Bassirou Diomaye Faye. Tous ces énarques, polytechniciens et anciens de Sciences Po, qui ont essayé de nous vendre leurs diplômes, ont été dégagés
(Avant-propos : un ''#texticule'' est un texte bref et puissant. Ce que je prétend humblement écrire ici).
En avril 2023, il y a un an, je suis ici avec le président du Parti Réewmi, Idrissa Seck, quand il m'a reçu en entrevue chez lui, vers Saly.
Comme me l'a dit hier un frère du Sénégal qui m'est cher : à l'instar de ce qu'a dit Emmanuel Macron en 2017, en affirmant que "la France sera gouvernée par celui qui la voudra le plus", Macron allant jusqu'à s'exploser les cordes vocales à force de vociférer dans les meetings politiques et les grands bains de foule au contact des Français, avec sueur et yeux exorbités?
Eh bien, c'est pareil au Sénégal : notre pays, le Sénégal, est dirigé aujourd’hui par celui qui l'aura le plus voulu, c'est-à-dire le président Bassirou Diomaye Faye (sans nier le mérite d'Ousmane Sonko dans cette victoire).
Tous ces énarques, polytechniciens et anciens de Sciences Po, qui ont essayé de nous vendre leurs diplômes, prétendus synonymes de leur compétence, en arborant un sourire avenant et présumé charmeur dans les meetings, se sont ramassés (pour rester polis) ou ont été dégagés (pour parler vrai).
Comme les technocrates froids et apparatchiks en France que furent les candidats à la présidentielle Raymond Barre, Balladur, Jospin, Juppé.
À propos de ce dernier, Alain Juppé : Jacques Chirac (qui fut deux fois président de la République, dont une fois pour n'en rien faire-en 1995, avec sa dissolution calamiteuse de l'Assemblée nationale- et une deuxième fois "par accident", en 2002 ; c'est dire !), le qualifiait de "le meilleur d'entre nous". On pourrait dire la même chose d'Idy pour les Libéraux et de Khalifa pour les Socialistes (Khalifa, qui pour sa défense, "n'est que" professeur de collège en histoire-géographie...).
Amadou Bâ, lui, était perçu comme étant le moins mauvais d'entre eux (i.e le plus consensuel). Mais ne nous y trompons pas : son score de 35,9% est une raclée pour le candidat présidentiel d'un régime sortant. 35%, c'est le score qu'a eu Wade en 2012, quand il se faisait déloger du palais présidentielle, pour son 3ème "faux pas forcé". Bref, Amadou Bâ (alias "moo jara woolu", sur ses affiches) n'aura jamais "fendu l'armure", pour s'offrir corps et âme aux électeurs et en sortant ses tripes.
Au total, ci-git le bûcher des illusions, en cette fin mars 2024. Mois qui tient son nom du Dieu de la Guerre. Dans la mythologie romaine, Mars est le dieu des guerriers, de la jeunesse et de la violence.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
IL NE FAUDRAIT PAS QUE TOUT CHANGE POUR QUE RIEN NE CHANGE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette participation électorale massive ne traduit pas comme de coutume, une volonté de punir un camp, mais bien un désir éperdu de retrouver de l’espoir
Le 2 avril 2024, une image forte se dessinera au bout de l’avenue de la République. A mesure qu’on avancera, l’image grossira, on découvrira un Macky triste, agrippé aux grilles du palais. Un agent préposé à la présidence, paternel le prendra par l’épaule et lui dira doucement de circuler*. Ce temps arrive et c’est demain.
Comme disait Saint Beuve « Il laissera moins de vide, qu’il n’aura occupé de place ». Oui, aujourd’hui c’est le 2 avril, Macky Sall n’est plus président de la République. Cela fait douze ans que nous luttons contre sa mauvaise gouvernance et ce jour est arrivé. Enfin il s’est ratatiné et rentrera bien vite dans le néant.
Que dire de ses hommes ?
Entrés pauvres comme job dans la politique, ils la quitteront riches comme Crésus. Leur société de jouissance vient de perdre leur guide. Ces arrivistes, hédonistes, profiteurs en tous genres en feront difficilement leur deuil.
Qui est celui qui a trempé dans toutes les infamies du président ? Qui est celui qui préparait le terrain pour les mensonges et en assurait le service après-vente ?
Il mentait avec l’autorité d’un licteur que même moi, pas juriste pour un sous, pouvait lui apporter la contradiction. Il a sombré dans sa vieille ville de Rufisque.
Il faudra qu’ils rendent gorge. Comme dit le proverbe africain, « il faut frapper le cadavre pour que le vivant se corrige ». Point d’impunité.
Tout cela est bien fini. Nous n’aurons plus des ministres et autres personnages haut en couleur venir nous seriner des salmigondis. Nous en avions assez d’entendre ceux qui ne faisaient rien, parler à longueur d’antenne. Qu’aura apporté un FN à la République ? Qu’aura apporté un MMN à la République ? La liste est longue ; Eux tous, aveuglés par le biais de normalité, ne voyaient pas la catastrophe à laquelle ils couraient. Ils avaient toujours cru que l’argent, les blindés arroseurs d’eau, les fermetures d’université achetaient le silence. Ils avaient oublié que les bulletins de vote sont encore plus forts que les canons et les grenades. Ne virent-ils pas que les chars de Tiananmen furent arrêtés par un bras ?
Macky n’a abdiqué que parce que sa réputation fut mise en cause à l’étranger. À partir de ce moment, il a épuisé son désir de rattraper ce pouvoir qui le fuyait, comme ce chasseur qui n’a d’yeux que pour ce lièvre qu’il poursuit, oubliant le gibier qu’il a déjà dans sa besace.
Macky Sall aura donc au final échoué car il n’aura pas atteint son objectif de "réduire son opposition à sa plus simple expression". Il a certes remporté des victoires d’étapes : Karim et Khalifa furent mis au tapis et même à l’ombre. Sonko sera son cadavre récalcitrant. Macky finit son mandat défait en rase campagne dans une pagaille indescriptible et une incompréhension totale. Lui qui était rentré sous les applaudissements ne sortira hélas pas sous les hourras.
La réception dans « son » palais, de Diomaye et de Sonko, acheva d’exhiber à la face du monde sa plus cuisante défaite : avoir passé ses magistères à chercher à mettre hors d’état de nuire un adversaire, y réussir en l’emprisonnant pour finalement être obligé, sans qu’il le demande, à le libérer dix jours avant le vote.
Pas plus que lui Macky Sall, à l’époque, soustrait à la vigilance de Wade qui n’avait alors d’yeux que pour ses supposés vrais adversaires, Bassirou Diomaye aura échappé à sa surveillance, tout occupé qu’il fut, à barrer la route à Sonko. L’histoire se répète. L’existence des grands hommes est tracée d’avance.
Voila cet épisode est maintenant tourné, sur son épitaphe on lira : « Ci-gît un monarque qui fit plus pitié que d’envie ».
Place au nouveau pouvoir
Il ne faudrait pas que cette bourrasque qui a soufflé ce 24 mars soit vaine. Cette participation électorale massive ne traduit pas comme de coutume, une volonté de punir un camp, mais bien un désir éperdu de retrouver de l’espoir et voir le Pastef dérouler son projet. Sonko a fait sa part en s’effaçant au nom du projet et en désignant Diomaye. A ses camarades de comprendre que l’échec n’est pas une option ! L’avenir du pays en dépend. Nous sommes condamnés à réussir sinon la malédiction qui frappe les autres pays du continent nous tombera dessus à notre tour.
Il faudra pour cela, une communauté nationale soudée. Elle ne saurait l’être si une majeure partie d’entre elle souffre de la faim et des difficultés de la vie quotidienne. Le projet exigera donc d’engager des luttes et des sacrifices, qui seuls, nous permettront de gagner les trophées que nous méritons. Nous devrons emprunter des chemins où nous ne sommes jamais allés, longer des chemins escarpés, où le moindre faux-pas mènera à l’abîme. S’y engouffreront des hommes et des femmes de valeur, pétris de courage et travailleurs, ayant un sens aigu de l’éthique et de respect de la chose publique. C’est cette exigence qu’appelle de reconstruire la grandeur du pays. C’est de ce leadership éclairé, capable de mobiliser les énergies dont le pays aura besoin. Voilà ce qu’on attendra du parti Pastef et de ses alliés. D’être une machine d’entrainement pour la transformation du Sénégal. Pour cela, il devra disposer de ses meilleurs cadres dans ses rangs et ne pas les migrer tous vers les dorures de l’exécutif. Il faudra se délester de ceux qui préfèrent la facilité au travail, la jouissance à l’effort.
Il faut que nous cessions d’être un peuple enjoignant ceux qui nous dirigent de faire notre bonheur. Nous serons d’éternels déçus car ils ne peuvent pas le faire. On leur demande d’organiser et de galvaniser notre société afin que nous puissions tous travailler pour sa postérité.
Qui d’autre que Sonko pour mener à bien ce Projet ?
Lui seul, pourra impliquer le peuple dans sa propre transformation et imposer dans le cadre de la rupture prônée, l’aggiornamento de la classe politique que beaucoup, au fil des législatures se refusent à entamer.
Président du parti ou Premier ministre et président du parti, il pourra mener cette révolution tant attendue.
Le Sénégal, comme le disait une vieille figure socialiste, n’a pas besoin de surhommes mais d’hommes sûrs dans ces moments de son histoire. Soyons prêts.
Dr C. Tidiane Sow est coach en communication politique.
par Oumou Wane
MACKY-SONKO, LE DINOSAURE CONTRE LE MOUSTIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’on se demande bien à la veille de l’investiture de Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui a finalement été le nain politique dans cette tragi-comédie. Qui a fait de l’autre une seule bouchée…
La paire Diomaye-Sonko, si jeune par l’âge et si mûre dans les actes qu'elle a posés ces années durant pour faire face à l’adversité, a fini par tourner en bourrique le dinosaure Macky Sall jusqu’à lui faire perdre la boule.
Au début, il s’agissait de se débarrasser d’un jeune petit inspecteur des impôts récalcitrant qui empêchait de tourner en rond, qu’il fallait radier de la fonction publique. Ce fut fait devant les yeux ébahis des Sénégalais, allergiques à tout excès de pouvoir, venant surtout de la part d’un président qui a lui-même été victime de brimades de son prédécesseur, sans commune mesure bien entendu avec ce à quoi nous avons assisté, les yeux écarquillés et la main collée à la bouche. Le président sortant ne voulut pas voir ce qui le guettait en s’acharnant sur le jeune Sonko. Toutes les fois que le jeune inspecteur endurait une disgrâce, les Sénégalais se hissaient comme un seul homme, à leur corps défendant, pour le gratifier d’une grâce afin de laver chaque crasse qu’il subissait.
Comme dans un théâtre tragique, le dinosaure et le moustique s’affrontèrent des années durant. À chaque fois que le dinosaure dégainait une arme non conventionnelle, le moustique lui infligeait une piqûre atroce qui lui faisait tellement mal qu’il finit par sortir toute son armada devant les yeux ébahis du monde entier.
Animé par l’énergie de l’émotion, il abandonna toute maîtrise et, fidèle à sa stratégie de réduire l’opposition à sa plus simple expression, il finit par se réduire lui-même à sa plus simple expression.
Le moustique finit en prison, entre quatre murs.
C’est cette promesse anti-démocratique faite en 2014 à Kaffrine qui lui a valu cette déroute aujourd’hui. Macky n’a pas seulement perdu le pouvoir parce qu'il n'avait pas droit à un troisième mandat. Pire, il a aussi compromis sa crédibilité personnelle en tant que chef d'État, censé être équidistant et garant des libertés et de la séparation des pouvoirs.
Cette guerre absurde contre Sonko, menée si loin sans qu'il ne veuille entendre raison avant qu'il ne soit trop tard, l'a déplumé et l'a laissé nu !.
Cet extrait du succulent éditorial de Fadel Dia, publié le 14 février 2024 dans Sud Quotidien et repris sur SenePlus.com, résume bien la situation :
« La littérature orale pulaar, riche en dictons et proverbes, évoque souvent la tragique histoire de la danse du Fou. Le Fou danse, le public admire d’abord ses pirouettes s’étonne qu’il les ait réussies, l’applaudit, s’amuse de ses chutes et les pardonne. Le public, bonne fille, se dit qu’après tout sa danse ne durera que quelques instants et qu’il finira par céder la place car d’autres danseurs, plus frais, s’impatientent au bord de la piste. Mais, voilà le Fou ne sait pas que le temps lui est compté pour cet exercice, il continue donc à tourner sans s’apercevoir qu’il n’amuse plus le public, que celui-ci a besoin de changement, alors que non seulement il ne se renouvelle pas, mais qu’il fait de plus en plus de faux pas. Il est victime de l’usure et sa glande de vanité est si grosse qu’il fait plus attention aux applaudissements qu’aux sifflets. On le chahute d’abord, puis on s’exaspère, on veut le forcer à quitter l’arène, mais inconscient du danger, il résiste et on finit par l’expulser en le trainant par les pieds ! »
Pendant ce temps, cloîtré derrière les quatre murs de sa prison au Cap Manuel, le moustique concocta le venin final. Convaincu qu'il serait empêché d’être candidat malgré deux décisions de justice, il envoya une nuée de candidats, persuadé que l’un de ses moustiques finirait bien par se glisser subrepticement dans la liste finale des candidats. Il en plaça 3. Ce qui devait arriver arriva. Son jumeau Bassirou Diomaye Diakhar Faye, fut élu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 Mars 2024 Président de la République du Sénégal.
Et maintenant ?
Le dinosaure, qui passera le témoin à son successeur ce 2 avril 2024, met les bouchées doubles sur des dossiers en instance, accroche des breloques pour services rendus par-ci par-là, fait des réformes de dernière minute qui sèment la confusion en attendant d’aller voguer ailleurs. Ici, les attentes sont incommensurables. Avec un âge médian de 19 ans, l’élu Diomaye et son mentor faiseur de roi ne seront pas seulement les têtes de l’exécutif mais seront comme des grands frères qui prennent la main de leurs jeunes frères et sœurs. Cet aspect psychologique de leur communication à leur égard sera l’une des clés de leur réussite et prolongera leur état de grâce. La durée de celui-ci dépendra de deux choses en réalité.
Que Sonko, le moustique en chef, soit nommé d’ores et déjà Premier ministre pour mettre en musique leur programme de rupture et surtout pour brider l’impatience et la soif des jeunes d’en découdre hic et nunc avec l’ancien régime. Bien sûr, certains esprits éculés pensent que Sonko ne doit pas déranger le président élu dans un premier temps, qu’il devrait se mettre en retrait. Idée saugrenue qui ne mérite même pas de commentaire.
En outre, l’initiative citoyenne et nationale des jeunes sénégalais, à travers l’opération Set Setal montre à suffisance la place qu’occupent dans leur cœur les grands frères ou jumeaux Ousseynou et Assane. Cela me rappelle les années 2000 lorsque Me Abdoulaye Wade accéda à la magistrature suprême, les jeunes d’alors, gonflés à bloc, étaient prêts à balayer la place de l’Indépendance sur une simple injonction du maître.
En un mot, Ousseynou moy Assane, Assane moy Ousseynou devrait-on dire ! À les observer, pendant que l’un sera appelé à gérer la destinée du pays, l’autre sera occupé à accomplir le destin du pays. La jeunesse sénégalaise est suspendue à leurs lèvres et prête à entrer en action. Un discours de vérité s’impose aux jeunes. Naturellement, tout le monde ne pourra être salarié mais l’essentiel d’entre eux devrait pouvoir entreprendre et s’armer de patience. Aux grands frères d’avoir la communication idoine à la hauteur des enjeux.
Évidemment, pour cela, quels que soient les impératifs, urgences ou autres, le lien ne devra jamais être rompu avec leurs petits frères et petites sœurs auto-désignés. Cette opération de nettoiement national est l’occasion finalement de réorganiser les quartiers en cellules citoyennes chargées d’abord d’expliquer leur programme aux résidents et d’élaborer par la suite avec eux les opportunités et doléances dans les domaines de l’environnement, de l’emploi et de la citoyenneté « un esprit sain dans un corps sain », lançant ainsi les nouvelles initiatives de quartier.
Pour conclure, avec le recul, l’on se demande bien à la veille de l’investiture du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye comme 5ème président de la République du Sénégal, qui a finalement été le nain politique dans cette tragi-comédie ! Qui a fait de l’autre une seule bouchée… L’histoire immédiate semble avoir décisivement tranché la question. Ainsi soit-il !
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group – africa 7tv.
Par Moustapha Foyré Sow
CE QUE JE CONNAIS DE LA PRESTATION DE SERMENT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Inséré pour la première fois dans la Constitution sénégalaise de 1963, le serment du président a depuis lors connu plusieurs révisions. Retour sur les étapes clés ayant transformé cet acte solennel
La prestation de serment du président de la République est une tradition républicaine ancienne pratiquée dans beaucoup de démocraties modernes. Il s’agit d’une séance solennelle au cours de laquelle le nouvel élu officialise son entrée en fonction en prononçant son serment. Celui-ci est généralement un petit texte d’une phrase ou de quelques mots dont le contenu s’apparente à une promesse faite à la Nation par le Président nouvellement élu et qui s’engage à remplir fidèlement sa mission confiée à lui par le Peuple.
Au Sénégal, la prestation de serment est instituée à la suite de l’adoption de la Constitution du 7 mars 1960. Absente dans la première Constitution de 1959 et de celle du 26 août 1960, elle fut introduite avec la Constitution approuvée par le Référendum du 7 mars 1963. Cette constitution est adoptée après la crise politique de décembre 1962 ayant opposé le président de la République, Léopold Sédar Senghor, au président du Conseil, Mamadou Dia. Le texte relatif au serment du président de la République est ainsi consacré par l’article 31 de ladite constitution libellé comme suit :
« Le président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant la Cour suprême. Il jure solennellement de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal et de consacrer toutes ses forces à défendre la Constitution. »
Ainsi, Léopold Sédar Senghor fut ainsi investi président de la République devant les membres de la Cour suprême disposant ainsi de tous les attributs lui permettant d’assumer pleinement la charge de président de la République du Sénégal.
En 1967, à la faveur de la première révision constitutionnelle, le président Léopold Sédar Senghor introduit quelques modifications dans le texte de la prestation de serment. L’article 31 de la Constitution est libellé comme suit :
« En présence de Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer et de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale et de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».
Les rédacteurs de la Constitution soulevèrent la lourdeur du passage consacré à la prestation. Il fut, en effet, constaté que la conjonction de coordination « et » est utilisée cinq fois dans la même phrase et qu’il convenait de la réécrire en vue de l’alléger et de permettre une lecture plus facile. Ce texte fut adopté et il connut de légères modifications en 1976 coïncidant avec la quatrième révision constitutionnelle du 19 mars 1976.
Une deuxième observation relative à la mention « En présence de Dieu et » fut tout simplement supprimée. Le deuxième alinéa de l’Article 31 de la Constitution de 1963 fut écrit dans les termes suivants :
« Devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observercomme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager, enfin, aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».
Le texte de la prestation serment du président de la République connut une deuxième modification relative au lieu de la prestation de serment. Si jusque-là ce rituel était accompli à huis clos devant les membres de la Cour Suprême, les rédacteurs jugèrent qu’en raison de l’importance que revêt cet acte dans l’agenda de la République de l’organiser en séance publique. Cette option me semble être une rupture majeure dans l’histoire de ce cérémonial républicain et dénote surtout une volonté des autorités de la République de donner à cet évènement un cachet populaire et démocratique. Ce choix était d’autant plus cohérent et opportun que le nouveau président de la République, Abdou Diouf, avait institué le multipartisme intégral. Il fut précisé, désormais, que la séance de prestation de serment du président de la République devant la Cour suprême est publique.
Le président Abdou Diouf est alors investi le 1er janvier 1981 au cours d’une séance solennelle de la Cour Suprême. Cette cérémonie fut surtout marquée par le discours du président de la Cour Suprême, Kéba Mbaye, lorsqu’il lança au nouvel élu la phrase suivante : « Les Sénégalais sont fatigués ».
Depuis cette date, le serment du président de la République est reçu devant les magistrats de la Cour Suprême en séance publique. La prestation de serment du président de la République, Me Abdoulaye Abdoulaye Wade fut jusque-là la seule cérémonie qui répondit au cachet populaire de cet événement organisé au stade Léopold Sédar Senghor. Mais à la faveur du Référendum de 2001, le texte de la prestation de serment fut encore légèrement revu en faisant réapparaître la mention « Devant Dieu et » et le mot « enfin » fut aussi supprimé. Le texte lu par le président de la République nouvellement élu est rédigé ainsi qu’il suit :
« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».
Tout compte fait, depuis cette date, l’article consacré à la prestation du président de la République nouvellement élu est resté le même. La séance de prestation du quatrième président de la République, Macky Sall, se déroula en 2012 au King Fadh Palace et en 2019 au Centre international Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD). C’est dans ce haut lieu, symbole du Sénégal moderne, que le cinquième et plus jeune président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye prononcera son serment devant les membres du Conseil constitutionnel, les corps constitués, les membres du corps diplomatique, les Autorités religieuses, civiles et militaires, etc.
par Fatoumata Sissi Ngom
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GEEJ GI — LE VIEIL HOMME ET LA MER
EXCLUSIF SENEPLUS - Dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Ces discours édifiants convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés (Échanges en Wolof, avec sous-titres)
Fatoumata Sissi Ngom dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Leurs discours sont édifiants. Ils convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés. Échanges en Wolof, avec sous-titres.
Je suis partie à la rencontre des pêcheurs de Mboro, avec mon ami Ndiaga Ndiaye, leader politique. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre du projet de co-création organique Une Proposition nommée Désir, que j’ai initié à Mboro et les villes environnantes comme Darou Khoudoss. Les discussions vont nourrir l’Observatoire de la plateforme du projet.
“Le vieil homme et la mer”, car ce jour-là, en écoutant le vieux doyen, les pêcheurs et les enfants, et en les imaginant en pleine mer, remplis d’espoirs, ou en train de se mesurer à plus grand qu’eux - le gros bateau européens ou les déchets chimiques - j’ai senti que l’esprit d’Hemingway, de Santiago et du petit Manolin était avec nous. C’est l’histoire de la dignité humaine et du courage. C’est aussi l’histoire de pêcheurs courageux, d’enfants qui apprennent des ainés, et de femmes qui partagent une même condition. La littérature universelle et la création organique peuvent se mettre au service des politiques publiques et de la condition humaine.
L’urgence pour le nouveau chef de l’Etat de mettre en place des politiques publiques tranchantes au service des populations
La situation de l’économie de l’Océan au Sénégal et particulièrement à Mboro est représentative des graves distorsions économiques et sociales au Sénégal, et qu’il faut urgemment réparer. Le nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye, et son gouvernement, doivent prioriser une transition juste et inclusive au service réel des populations.
Mboro-sur-mer est un important hub de pêche, dont le potentiel est noyé à cause de l’absence d’infrastructures de pêche adéquates, la pollution industrielle notamment par les Industries Chimiques du Sénégal, et les accords de coopération internationale qui sont défavorables voire dangereux à la survie des communautés locales. A Mboro-sur-mer, le “gros bateau” provenant d’Europe et pêchant à outrance est devenu une entité à part entière. Dans l’imaginaire de ce village de pêcheurs, ce gros bateau aux moyens et dimensions disproportionnés est un racketteur autorisé par l’État.
Considérer encore plus les femmes et les enfants
Lors de cette rencontre, j’ai pu observer en direct que les inégalités hommes-femmes et le modèle patriarcal sont profondément ancrés dans les imaginaires. Aucune femme n’était présente dans l’assemblée. Ni aucune petite fille et aucune jeune fille, alors que beaucoup de garçons étaient présents. Éternelles fourmis invisibles ? Cela a été un peu étrange d’être la seule femme entourée d’hommes et de petits garçons. À un moment, j’ai demandé pourquoi les femmes n’étaient pas là, et si je pouvais les entendre, elles aussi. Les dignitaires ont alors appelé une femme transformatrice qui a bien voulu se montrer et prendre part à la discussion.
Mais le plus émouvant, ce sont les enfants, ces petits bouts du divin. Déjà tout petits, ils se préoccupent de la rentabilité de la pêche, nourrissent un profond ressentiment envers le gros bateau et les ICS, et portent sur leurs frêles épaules les problèmes des adultes. Je suis un peu dépassée et submergée en les écoutant.
Il va être urgent pour le nouveau chef de l’État sénégalais de réviser en profondeur les accords de pêche avec les partenaires internationaux, et d’instaurer un vrai cadre d’application de normes environnementales pour les entreprises extractives. Cela passe par l’élaboration de politiques publiques conscientes et tranchantes qui mettent l’humain au centre.
Par Sidy GAYE
II RESTE BEAUCOUP, BEAUCOUP A FAIRE
Sud Quotidien remet au goût de ses lecteurs ce texte majeur de Sidy Gaye (mars 2000) qui garde lui aussi, toute son actualité en raison du contexte politique actuel marqué par cette sorte de troisième «alternance» au Sénégal
Au même que la lettre du doyen Mody Niang, parue en 2000 et republiée dans l’édition de Sud Quotidien d’hier, vendredi 29 mars, ce texte de Sidy Gaye (mars 2000) garde, lui aussi, toute son actualité. En raison du contexte politique actuel marqué par cette sorte de troisième «alternance» au Sénégal. Sud Quotidien remet au goût de ses lecteurs ce texte majeur.
Il n’y eut ni coup de fusil, ni tirs à l'arme lourde. Le seul crépitement de mitraillette signalé à Ndande à 140 kilomètres environ de la capitale, ces dimanche de premier ou deuxième tour, a été étouffe par le magnétisme du verbe rédempteur, banalement repris en écho sur les ondes des radios privées
I I n'y eut ni communiqué numéro un, ni de communiqué numéro deux. Aucun front de Rédemption ou comité de salut public. Pas une seule balle d'affreux mercenaires à la solde, ni même, aucun coup fourré pour affamer davantage des citoyens éprouvés, assécher les caisses du Trésor public, anémier les services de l'Etat, paralyser l'une ou l'autre de ses institutions et susciter enfin, une insurrection programmée.
Ni guerre civile, ni coup d’Etat, ni débarquement nocturne, ni mutinerie. Rien. Rien de tout cela.
Rien de ce qui gaspille bêtement la Vie, cette première richesse du Vivant, défi perpétuel à l’Homme de tous les temps, qu’aucune de ses civilisations ne réussira jamais à reconstituer, une fois dilapidée. Rien de tout ce qui touche à la force physique, ou à la violence mécanique n’a été prioritairement convié par le peuple sénégalais pour faire son choix et dicter ses ordres à sa classe politique.
L’intelligence et le verbe, la seule réflexion qui se prolonge dans la mobilisation citoyenne et l’action politique et cette matière grise, substance la mieux partagée qui ennoblit l’Espèce humaine et qui dompte l’Univers, ont naturellement suffi, largement suffi, pour donner des contours à un rêve. Formes et allure à des convictions, énergie, force et vitalité à un combat. Pour la justice sociale. Pour le progrès. Pour l’alternance Démocratique. Dans la paix
La seule conscience civique et la discipline d’acteurs politiques placés sous haute surveillance par l’opinion publique toute entière ont ainsi suffi pour réaliser, dans ce petit pays de l’ouest africain, ce qu’aucune des nombreuses guerres, ayant pour moteur la conquête du pouvoir, n’a jamais réussi à si moindres frais, aussi totalement, aussi rapidement et si durablement, nulle part ailleurs sur le continent
C’est comprendre, dès aujourd’hui, que ce serait appauvrir la palpitante séquence historique que vient de vivre le peuple sénégalais que de la réduire au simple remplacement de son personnel politique à la tête de l’Etat.
Même si l’arrivée au pouvoir du Président Abdoulaye Wade réjouit si intensément l’écrasante majorité de Sénégalais ayant placé tous ses espoirs sur sa modeste personne, chaque citoyenne et citoyen de ce pays, chaque Démocrate, chaque groupe communautaire où qu’il se trouve sur le continent, devrait y chercher davantage.
L’opportunité historique par exemple d’un nouvel examen critique de ses actes et comportements quotidiens, d’une révolution culturelle encore plus grande qui bannirait plus radicalement encore, l’épreuve de force stérile, pour ne sanctifier désormais, que les voies négociées de règlement des conflits d’intérêt ou politique dans le respect des idéaux d’égalité, des droits et devoirs de la Personne Humaine au sein de la Société.
Pas besoin de chercher ailleurs en Afrique, pour trouver ici même, dans cette Casamance défigurée de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor précisément, un champ d’application de cette première des urgences.
Le recours par des citoyens, à la force et à la violence aveugle ou sélective, pour faire triompher leurs idées, leur programme politique ou leurs intérêts personnels, ici en Casamance ou partout ailleurs dans le continent, est en effet la négation même de ces intenses journées de communion dans la lutte pacifique dont l’une des premières étapes vient d’être bouclée, avec succès, par le peuple sénégalais
Et même si un quart de siècle d’obstination et de patience, 25années d’engagement politique, d’efforts intellectuels, de négociations et de concessions mutuelles n’avaient finalement abouti à rien, personne, nulle part, n’en regrettait pour autant de n’avoir pas commencé par verser le sang sénégalais pour mieux se faire entendre, comprendre et respecter.
Sinon qu’est-ce que la guerre du Sud qui a duré autant avec tous ses crimes, ses familles disloquées et ses biens saccagés, a-t-elle offert qui soit à la mesure du seul éveil de conscience suscité aujourd’hui, chez le dernier des citoyens les plus attentifs ? Quels succès ou promesses futures de telles dérives ont-elles permis de récolter, ici au Sénégal, qui puisent se comparer aux acquis que la seule lutte politique de la province canadienne du Québec, par exemple, a pu engranger dans son combat singulier, au cœur du magma nord-américain pour la reconnaissance de ses spécificités culturelles et de ses intérêts économiques ?
De la reconnaissance des pouvoirs constitutionnels provinciaux (ressources, impôts directs, emprunts, droits civils, travaux publics, justice, fonciers, aménagements, hôpitaux, éducation…) jusqu’à la coopération internationale au sein de la francophonie notamment, en passant par la consécration depuis 1969, de leur langue maternelle dans cet univers radicalement anglo-saxon, qui n’ont pu imposer les élites politiques québécoises sans recours au maquis ou aux mines anti-personnel ? Sans ne guère renoncer d’un pouce, urbi ou orbi, à l’insigne honneur et aux avantages liés à leur citoyenneté canadienne ? Pleine et entière plus souvent assumée non sans fierté ?
En vérité, c’est ce message là, ce triomphe total de l'intelligence sur la force que ce siècle, le plus bête parce que le plus destructeur de l’histoire universelle, a finalement légué à l’humanité, que le succès des 25 années de lutte politique devrait permettre à tout citoyens sénégalais, à tout Africain, d’assimiler définitivement. Dans le nouveau millénaire que les Sénégalais ont librement choisi d’étrenner avec Me Wade, le prestige et la grandeur des civilisations ne se mesurent plus, bien heureusement, à ‘aune des richesses matérielles ou des richesses naturelles trop précaires pour laisser des messages de continuité.
Ils ne se jaugent non plus au potentiel offensif et à la puissance des marines de guerre, des chasseurs bombardiers, missiles intercontinentales, et autre engins de mort, de destruction rapide et massive.
Non ! Le degré d’évolution des peuples se mesure de plus en plus à leur capacité de se défendre pour survivre à l’adversité et aux agressions mais surtout à leur capacité d’anticipation et de régler leurs conflits, toutes leurs contradictions internes, par la réflexion, la négociation la concertation et la persuasion. En toute liberté, dans l’égalité et le respect mutuel.
C’est toute l’immensité des nouveaux défis qui se profilent à l’horizon de la société sénégalaise, aujourd’hui que le plus facile a été réalisé avec, une fois n’est pas coutume, les bienheureuses complicités des Présidents Diouf et Wade.
Une fois l’Alternance Démocratique réussie, le challenge, en effet, est de ne plus reproduire ce contre quoi le peuple sénégalais, particulièrement ses composantes les plus jeunes, se sont si intensément mobilisées ces dernières années.
Cette abjection que plus qu’aucun sénégalais ne peut souffrir compte tenu de sa prise de conscience citoyenne, a un nom connu de tous. C’est une propension à vouloir vivre sans travailler. C’est-à-dire à vouloir satisfaire la plénitude de ses besoins et caprices, de tous ses désirs avec l’effort et la sueur des autres, jamais la sienne
Cette perversion de l’intelligence humaine qui convertit en bête de somme l’écrasante majorité des masses laborieuses au service d’une minorité de privilégiés rassemblés par cooptation ne relève aucunement, chacun peut en convenir, ni de la responsabilité du président sortant Abdou Diouf, ni de celle de son prédécesseur Léopold Senghor. C’est leur faire un mauvais procès
Leur seule faute, c’est d’avoir cherché contre l’avis (hier comme aujourd’hui) du Président du conseil Mamadou Dia, à en tirer le plus largement profit, pour asseoir un pouvoir personnel.
Il s'agit en vérité, d'un trait culturel de la société Wolof, que toutes les administrations de ce pays, depuis Faidherbe, se sont appliqués intensément à promouvoir, à sponsoriser et à étendre à l'ensemble du pays, pour mieux asseoir ensuite leurs pouvoirs et y tirer impunément, toutes les lignes de permissivité des abus et nombreux excès de leur clientèle.
C'est le fruit d'une idéologie d'immobilisme et de défaite assumée, une idéologie de sujétion, de collaboration et de renoncement, fondée sur le mépris des siens, la sacralisation et l’abandon total à une puissance tutélaire, la croyance absolue que toute remise en cause de cette forme d’indigénat conduit inexorablement au chaos et au suicide collectif (« si le Président tombe… »), cette fameuse branche à ne pas scier sur laquelle tout repose.
Que les sceptiques relisent plus attentivement les premiers enjeux de pouvoir dès après l'annonce de la défaite de Diouf et de sa clientèle, fortement perturbée par l'idée de devoir travailler pour vivre. Le débat sur une Assemblée à vider et à pourvoir, les fuites (téléguidées) sur de supposés membres de gouvernement et futurs directeurs de sociétés nationales, l'angoisse des partants programmés et l'appétit des aspirants qui multiplient les coups de fil s’ils ne font nuitamment le siège du Point E (domicile de Me Wade), portent déjà dangereusement ombrage aux attentes concrètes des milliers de jeunes et femmes qui ont si résolument appelé Me Wade à leur secours.
Les idées généreuses, les projets à initier les investissements à drainer, par tous les contacts possibles, de tous les coins du monde aujourd’hui que la doctrine libérale des vainqueurs ouvre de sérieuses promesses de démantèlement de l'économie rentière, d'une compétition et d'une concurrence loyales entre tous les partenaires, depuis l'Áfrique du Sud jusqu'aux Etats Unis. devraient très, très rapidement, prendre le dessus si cette génération veut éviter le piège d'une nouvelle révolution politique dévoyée.
Il y a quarante ans, la première qui avait accouché des indépendances, a été bien vite trahie pour les mêmes facteurs. Pressé de prendre jusqu'au matelas de l'ancien gouverneur général des colonies, les ainés que l'histoire éclipse au pas de charge, et qui se sont entassés, toutes ces années durant loin du pays réel, dans le petit réduit du plateau administratif colonial, et ont même oublié pour ne guère troubler une jouissance méritée de construire un seul palais qui leur soit propre, au moment précisément ou villes et capitales nouvelles foisonnent sur le continent. Si ces réalités palpables ne suffisent toujours pas à éclairer, il serait alors intéressant aux témoins d'hier, d'aider les plus jeunes, à comparer le régime politique et social des damels cayoriens de l’après Derkheulé à l’occupation de l'espace républicain par l’establishment actuel.
Pour rappel, l'aristocratie des Garmis de la haute noblesse (les membres du parti dirigeant) qui entourait et tenait le Damel (président) en otage, inonopolisait tous les pouvoirs politiques et économiques dans la société cayorienne de la fin du 19 ème.
Bien que minoritaire, elle détenait seule, le droit de gouverner. Elle était assistée par des Dagues (gouvernement), de Sourgas (directeurs de sociétés publiques) pour fructifier prioritairement ses champs.
Afin d’assurer un plus grand maillage dans la société, elle confiait a des Lamanes (aux marabouts, affairistes et élus) choisis l'administration des terres intérieures cédées, contre redevances laissées à sa seule discrétion (fonds politiques, factures, taxes et impôts) à la grande masse des Badolos (travailleurs salariés et tous les producteurs)
Pour avoir toute la mesure de l’important travail qui attend encore les Démocrates soucieux de l'émergence d'une véritable citoyenneté dans ce pays, il suffit de préciser que la persistance de ces rapports féodaux, laissent malgré tout, une impression de très grande liberté, comparativement à l’archaïsme inouï dans lequel le Fonta reste volontairement maintenu, aujourd’hui encore, par l’aristocratie torodo.
Cela dure, malgré les progrès universels et la marche de la Nation, depuis que cette aristocratie en complicité avec les générations a fini de détourner, il y a trois siècles, les énormes promesses de la révolution théocratique de Thierno Souleymane Baal
Tous le savent, mais au nom de l'omerta des élites intellectuelles locales, personne n'ose s’identifier clairement et le combattre par le verbe et la persuasion, afin de libérer enfin, ce pauvre Macundo et les autres damnés de Fouta. De l'apprentissage du Coran, le message divin dans une société musulmane, le droit et les sciences religieuses, jusqu’à l’introduction de l'école publique qui se voulait démocratique en passant par le maillage téléguidé du parti au pouvoir et des formations de l’opposition y compris marxiste, tout, absolument tout, a été dévoyé pour la seule préservation des inégalités entre les hommes. Le discours identitaire autour d'une langue qu’on positionne davantage comme le cordon d’un ghetto culturel plutôt qu’un outil fonctionnel de réunification de toute la communauté hal pular, par-delà les frontières, semble davantage conçu pour enfermer encore plus les esprits et mentalités dans le repli afin de les maintenir, où qu’ils aillent, loin, bien loin de toute idée nouvelle, forcément subversive. Tous ces chantiers-là attendent d'être labourés. Par la seule puissance du verbe! C’est dire, que le combat pour la citoyenneté ne fait que commencer dans ce pays!
Par Fadel DIA
OÙ SONT DONC PASSÉS LES PARRAINEURS ?
La surprise, l’amère pilule pour au moins 13 des 17 candidats, c’est qu’au moment fatidique leurs « parraineurs » se sont fait porter pâle : ils sont allés voter pour un autre !
La divine surprise, ce n’est pas seulement qu’un homme qui était encore en prison une semaine après l’ouverture de la campagne électorale, dont la télévision nationale avait récusé le représentant à l’enregistrement des professions de foi des candidats, sans lui offrir la possibilité de se faire enregistrer à partir de sa cellule, soit devenu président de la République une semaine après sa libération, malgré le gros handicap que constituait pour lui le fait que ce n’était pas lui que les militants de son parti attendaient à ce poste !
La surprise, l’amère pilule pour au moins 13 des 17 candidats, c’est qu’au moment fatidique leurs « parraineurs » se sont fait porter pâle : ils sont allés voter pour un autre ! Alors que celui qui par sa signature vous permet de valider votre candidature est, en toute logique ,plutôt disposé à vous apporter sa voix, les candidats qui avaient déposé des listes de parrains, déclinant les noms et prénoms d’au moins 45000 hommes et femmes majeurs et vaccinés, sains de corps et d’esprit, et qui juraient par leurs grands dieux qu’ils en avaient encore des milliers en réserve, n’ont récolté dans le secret de l’isoloir, à deux exceptions près, qu’entre un huitième et moins de la moitié des promesses de soutien qu’ils avaient engrangées. Avec comme dégât collatéral qu’ils perdaient, par la même occasion, tout espoir de récupérer une caution qui pour beaucoup d’entre eux, représentait un important sacrifice financier !
Qui est responsable de cette débâcle ?
Les candidats eux-mêmes ? Auraient-ils fait preuve de naïveté, ou manqué de sérieux ou de rigueur, ont-ils été bernés par des cokseurs professionnels qui démarchent des signatures dans la rue, ont-ils acheté, en connaissance cause, des signatures qui n’engageaient pas leurs signataires ?
A moins que ce ne soient leurs « parraineurs » qui auraient signé leurs listes par intérêt, par sensiblerie ou sous pression, qui se seraient prêtés à un exercice qui n’était pour eux qu’une formalité sans conséquence, ou qui auraient, consciemment, décidé de se jouer d’eux, sans état d’âme, parce qu’ils les considèrent comme des marchands d’illusions ?
A moins que la faute n’incombe à l’Etat ! Celui-ci auraitil failli à ses responsabilités, manqué de pédagogie ou fait peu cas des ressources qu’offre l’informatique pour rendre l’opération plus saine? A-t-il mis en place des actions en vue de sensibiliser les électeurs sur le sens de leur engagement ou les risques qu’il courent en monnayant leur soutien à plusieurs candidats à la fois, et d’ailleurs a-t-il prévu des sanctions dans ce cas de figure ? La trahison des « parraineurs » n’est cependant pas la seule surprise de l’élection présidentielle du 24 mars dont on avait fini par croire qu’elle n’aurait jamais lieu. Il y a aussi cette déroute des politiciens professionnels, membres de notre gotha politique depuis des décennies, et chefs de partis qui ont pignon sur rue. Les trois premières places sont occupées par des « débutants », sans aucun mandat électoral, alors que deux anciens Premiers ministres dont l’atout principal était, contrairement au favori de la course, d’avoir exercé des responsabilités au plus haut niveau, se sont littéralement effondrés ! Si l’un d’eux n’a fait que de rares apparitions pendant la campagne, on attendait de l’autre, qui est sur le devant de notre scène politique depuis un quart de siècle et bat campagne depuis vingt ans, mieux qu’une modeste 5e place, avec moins de 1% des voix ! Un autre candidat, qui n’a pas porté le même titre mais est encore plus ancien dans notre paysage politique, a connu presque les mêmes déboires alors qu’il a occupé le poste le plus prestigieux de l’administration municipale dans notre pays. Il avait pour directeur de campagne l’homme qui occupe le même poste aujourd’hui et pourtant la conjugaison de leurs forces et de leurs obligés ne l’a pas empêché de se retrouver à une humiliante quatrième place, et qui plus est, à un point derrière un candidat que personne ne connaissait il y a quelques mois !Il est vrai que ce candidat ainsi que celui qui est arrivé en tête, avaient le privilège d’avoir derrière eux une ombre tutélaire dont l’autorité spirituelle ou l’aura politique leur a servi en quelque sorte de fanion. En tout cas l’échec de ces trois caciques ressemble terriblement à une sortie de piste.
La désertion des « parraineurs » a eu des conséquences dont certaines nous laissent perplexes. Ainsi un « non candidat », puisqu’il avait retiré sa candidature avant le scrutin, a bénéficié de voix qui le classent au 14e rang, sans qu’on sache si ceux qui ont voté pour lui l’ont fait parce qu’ils n’étaient pas informés de son retrait, ou volontairement pour signifier que c’est pour lui qu’ils votent et non pour la formation qui le soutient. Ce non candidat a, au passage, battu de « vrais » candidats dont trois avaient exercé des fonctions gouvernementales !L’un d’entre eux devrait d’ailleurs, logiquement, changer le nom de sa formation, car peut-on, sans friser le ridicule, continuer à s’appeler Grand Parti quand on pointe à la dernière place derrière 16 candidats« officiels », qu’on est incapable de fidéliser les 7/8 de ceux qui vous ont permis d’accéder à la candidature et surtout quand, au bout du compte, à peine plus d’un électeur sur mille a voté pour vous ?
On revient à la question posée au début : qu’est-ce qui a poussé la majorité des électeurs à faire fi de leurs engagements pour donner leurs voix à quelqu’un qui pourtant en avait moins besoin que le candidat qu’ils avaient investi ? On a vu que ce n’était pas l’expérience ou la maturité politiques du candidat qui ont orienté le vote des Sénégalais. Ce n’est même pas, me semble-t-il la qualité du programme, parce que d’une part, je doute fort que ceux qui ont voté pour le vainqueur aient parcouru le sien, qu’ils l’aient disséqué, qu’ils en aient évalué la pertinence et les risques, et d’autre part parce qu’il y en avait d’autres de programmes, si alléchants qu’ils promettaient, sinon la lune, du moins le plein emploi dans cinq ans, la fin de l’émigration des jeunes dans quelques mois et la gratuité universelle !
L’impression qui se dégage du bouleversement qui a secoué notre pays et qui est la première vraie alternance que le Sénégal ait connu depuis l’indépendance, c’est que la principale motivation des électeurs a été le vote utile, celui qui permet de forcer le destin et de renverser le cours de l’histoire. C’est en cela que le candidat élu a une très lourde charge : porter sur ses frêles épaules les espérances de toute une nation…