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26 novembre 2024
Opinions
Par Félix NZALE
QUELS PROGRAMMES POUR QUEL SENEGAL ?
Il serait nécessaire et impératif de rappeler aux différents candidats à la présidentielle que les Sénégalais ont assez souffert de l’incurie et de l’ochlocratie dans lesquelles on les a sans cesse plongés
La campagne électorale est lancée sur fond de promesses tous azimuts. Au cas où ils l’ignoreraient ou feraient semblant de l’ignorer, il serait alors nécessaire et impératif de rappeler aux différents candidats à la présidentielle que les Sénégalais ont assez souffert de l’incurie et de l’ochlocratie dans lesquelles on les a sans cesse plongés. Parce qu’aux yeux des «élus» et d’après une certaine conception de la démocratie bien de chez nous, le peuple n’est rien moins qu’une fiction utile.
Le Sénégal, avec l’exploitation imminente de ses ressources gazières et pétrolières, s’engage dans une nouvelle ère. Ces richesses, assurément, vont susciter des convoitises et alimenter des crises. L’éducation, la santé, la bonne gouvernance, l’enseignement supérieur… les chantiers sont nombreux et vastes qui ont souvent été lassé en jachère par nos dirigeants successifs. Parce qu’une fois qu’ils sont installés, ils lambinent. Oubliées les promesses plus tôt paraphées ; les magouilles et la politique politicienne prennent le dessus et s’imposent comme mode de gouvernance. Nos chers élus ne se cassent alors même plus la tête à se poser des questions sur les choix stratégiques, sur la trajectoire que devrait prendre notre pays, sur les actes à poser. On n’est plus dans l’inquiétude éthique, mais dans une éthique inquiétante.
Ils nous disent tous qu’ils ont de bons programmes. En quatre jours de campagne, les populations en sont encore à entendre des promesses. Un programme, c’est tout autre chose. En l’occurrence, il tient à un ensemble de projets à gérer de façon groupée en vue de réaliser des économies d’échelle. Le cas échéant, à quoi sert un «bon programme» s’il est porté par des têtes pourries ? On attend des candidats des exposés clairs et détaillés des principes et des différents objectifs dans la perspective d’un Sénégal uni, libre, fier et prospère. Mais ils en sont encore à vendre du vent et à ergoter sur des vétilles. Sauf que maintenant les populations sont averties.
Par PAPA MOCTAR SARR
OPTIMISATION DE L’INFRASTRUCTURE ENERGETIQUE AU SENEGAL
Le bon sens commun conclut toujours que la diversité nourrit la possibilité du choix et que celui-ci n’est jamais neutre dans ses conséquences
La recherche de l’accès à une énergie optimale - au sens que ce prédicat prend quand appliqué à un facteur de production essentiel - demeure plus que jamais un thème central du programme politique des candidats à l’exercice du pouvoir dans les pays du monde où la sanction démocratique à cet égard résulte des choix faits par la population concernée. Le Sénégal propose un exemple de ce contexte institutionnel et - plus singulièrement - le Sénégal possède le privilège de connaitre un « embarras du choix » en matière d’approvisionnement énergétique par la diversité des sources d’énergie industriellement accessibles à l’économie nationale.
Le bon sens commun conclut toujours que la diversité nourrit la possibilité du choix et que celui-ci n’est jamais neutre dans ses conséquences.
Le privilège de pouvoir choisir implique le devoir de s’organiser pour faire le meilleur choix possible.
Avec l’objectif de susciter une réflexion et une action relativement aux voies et moyens d’une politique de l’optimum énergétique je pense opportun, en ma qualité d’investisseur industriel dans le secteur de l’énergie, de résumer dans cet article les attendus autant que les exigences d’une telle politique dont les bénéfices à notre portée sont de magnitude considérable propre à promouvoir la croissance économique et le pouvoir d’achat au Sénégal.
En premier lieu, la richesse du portefeuille énergétique du Sénégal demande à être mise en exergue pour constituer une spécificité majeure à plusieurs égards. Dans cette perspective le portefeuille en question est rappelé ci-après :
• Ressources pétrolières dans les eaux territoriales prévues d’entrer en exploitation prochainement dans un cadre contractuel dit de partage de production. La raffinerie de Dakar est en mesure de traiter le pétrole brut pour produire du gaz, des carburants, des combustibles et un résidu en vue d’alimenter le marché national et/ou de fournir à l’exportation.
• Ressources gazières importantes exploitables pareillement au gisement de pétrole brut et destinées à alimenter localement la filière dite « gas to power » ou de trouver un exutoire sur d’autres marchés. Cette dernière éventualité peut s’avérer un facteur critique de l’économie du gisement.
• Ressources voltaïques accessibles efficacement en conséquence de l’ensoleillement du territoire national et de la disponibilité de périmètres fonciers de premiers choix à savoir sans emploi alternatif pour des activités agricoles ou pour une viabilisation en terrains constructibles. Outre la limite en termes de sites éligibles -limite théorique au moins à cette étape - qui s’impose à la croissance de la ressource voltaïque doit aussi être fait mention de l’inconvénient inhérent à cette technologie de la nécessité économique du stockage de l’énergie électrique au moyen de batteries pour surmonter le chômage des installations en période d’obscurité.
• La ressource du turbinage éolien reste peu utilisée au Sénégal notamment dans sa version récente qui prend la forme d’un champ d’éoliennes marines en haute mer pour bénéficier de vents réguliers peu affectés par la séquence diurne-nocturne et pour faire un plein usage d’une implantation loin des côtes pour recourir à des moulins de grande taille capables d’entrainer des générateurs très puissants. La situation géographique du Sénégal laisse présager de conditions éoliennes favorables à la mise en œuvre du dispositif ici sommairement mentionné.
• La ressource hydraulique demeure celle dont la technicité a beaucoup évolué en termes de rendement et de flexibilité de fonctionnement. Par ailleurs la politique du « partage de l’eau » s’est généralisée particulièrement pour les cours d’eau assurant par ailleurs l’irrigation des cultures vivrières. La ressource hydraulique consacrée à un seul emploi énergétique tend à se raréfier.
• La ressource de la biomasse ne justifie d’être citée que par souci de complétude car ladite ressource ne s’inscrit pas significativement dans le cycle économique que connait le Sénégal. Des initiatives locales restent néanmoins possibles Le tableau ainsi dressé des ressources énergétiques du Sénégal se limite à faire mention de celles susceptibles « d’entrer en concurrence pour de bonnes raisons » en conséquence de priorités économiques légitimes et de la contribution nécessaire à la coopération internationale de préservation de l’environnement. Ainsi la ressource charbonnière est-elle exclue bien que disponible commercialement et extensivement sollicité dans des économies comparables à celle du Sénégal.
Il n’est certainement pas neutre de noter que ces sources primaires présentent une caractéristique commune à savoir celle d’impliquer un facteur énergétique initial -hydrocarbures géologiques, lumière solaire, mouvements atmosphériques -en libre accès tel un bien public dont le coût se résume aux dépenses engagées pour le capter et le distribuer. Il n’en reste pas moins vrai que ces sources d’énergie primaire affichent des coûts d’exploitation différents qui demandent à être établis en tenant compte de tous les facteurs de production et en excluant les subsides promotionnels sans contrepartie quantifiable. Par ailleurs une hypothèse doit être faite et justifiée sur le coût des facteurs énergétiques initiaux en particulier dans le cas des hydrocarbures géologiques et notamment pour ceux-ci en fonction de leur valeur intrinsèque à long terme.
Une telle comptabilité se doit d’avoir tous les mérites de la transparence. Cette condition semble « aller de soi » si l’ambition affichée est de se rapprocher d’un objectif permanent d’optimum énergétique. La transparence en question génère la crédibilité indispensable à la crédibilité même de l’optimisation entreprise dans la mesure où les conditions ci-après résumées sont réunies :
¥ Les comptes ne s’entendent pas comme des comptes d’entreprises mais comme des comptes typiques d’une filière énergétique telle que celle de « gas to power » ou celle de « sun to power or wind to power » ou bien celle également critique de « oil to products ».
¥ Ces comptes - comme les autres « données de contexte » -doivent être rigoureusement explicites sur toutes les dispositions particulières pertinentes au regard de l’exercice d’optimisation dont ceux qui suivent : subside et contrepartie, garantie gouvernementale sur les recettes ou les emprunts, régime d’amortissement favorable, dette auprès du Trésor, accès au foncier, politique de dividende, dépenses par sous-traitance de services, valeur du stock de matériel, montant des achats en devises étrangères. Dans le cadre d’une pratique régulière de l’exercice d’optimisation d’autres qualifications de nature comptable peuvent s’avérer utiles.
Secondement le sens commun nous enseigne la nécessité de se donner des critères objectifs dans toute entreprise multidisciplinaire qui aspire à identifier parmi les choix possibles celui qui mérite d’être qualifié d’optimal compte tenu des contraintes qui s’imposent aux décideurs. S’agissant de la recherche d’un optimum énergétique les matériels, équipements et modes opératoires impliqués ressortissent à une infrastructure dédiée et à ce titre plusieurs critères d’évaluation s’avèrent pertinents dont ceux qui suivent sans ordre hiérarchique.
¥ La prudence qui doit présider à toute démarche qui vise à choisir une technologie et une technique industrielles pour le long terme.
¥ La fiabilité des procédés techniques et gestionnaires impliqués inclusivement
¥ La sûreté de l’accès à l’assistance et aux pièces de rechange
¥ L’impact sur l’environnement à court et long terme
¥ Le coût économique réel hors fiscalité et/ou subsides Ces critères sont d’application courante et ils peuvent être complétés selon le besoin. Par ailleurs l’expérience acquise nationalement et internationalement renseigne sur les valeurs de référence à associer à de tels critères.
En possession des choix qui nous échoient et des principaux critères d’évaluation technique et gestionnaire des infrastructures énergétiques considérées il s’avère nécessaire, en troisième lieu, de s’assurer de la pertinence - ou son contraire-des paramètres de contexte déterminant à bien des égards de la structure technico-économique du secteur de l’énergie. Parmi ces paramètres sont à mentionner particulièrement - et selon les différentes sources -les prix publics hors taxes à la consommation, la fiscalité sous ses différentes formes, les prix de revient réels de chaque fluide, les modalités d’exploitation des gisement nationaux d’hydrocarbures et bien évidemment la prévision de la demande énergétique. Concernant la production de l’électricité une hypothèse de travail - par sources - doit être retenue relativement à la capacité de production de réserve gardée disponible. Pour permettre leur utilisation efficace ces données quantitatives du contexte énergétique ainsi brièvement précisées doivent bénéficier d’une garantie de sincérité et de transparence.
La quatrième étape de cette démarche se trouve naturellement consacrée aux enjeux qu’une politique de l’optimum énergétique permet de saisir dans leurs fondements et de trancher favorablement à l’intérêt général. Ces enjeux sont multiples et pour en illustrer la dimension socio-économique très significative plusieurs d’entre eux se voient rappelés ci-après dans les termes simplifiés de leurs tenants et aboutissants.
• Assurer la pleine exploitation des gisements nationaux d’hydrocarbures en accédant à des débouchés régionaux en synergie avec le Sénégal tel le Maroc ou en participant au marché mondial du gaz naturel liquéfié. Une alternative possible peut consister à rejoindre un réseau d’oléoducs existant ou bien à produire et exporter de l’électricité. Le choix de promouvoir la distribution du gaz naturel nationalement peut s’avérer un levier de croissance.
• Remembrer la production nationale d’électricité dans le but de bénéficier des économies d’échelle. Dans cette perspective la capacité de production d’électricité éventuellement en surplus momentanément doit alors trouver un débouché régional. La filière photovoltaïque demeure techniquement morcelée et donc inéligible à une fin de remembrement.
• Évaluer en détail suffisant les avantages et les inconvénients des sources renouvelables d’énergie ainsi que les contreparties bénéfiques éventuellement accessibles hors du secteur de l’énergie. Selon les circonstances le choix d’une source d’énergie renouvelable peut résulter en une moindre - ou beaucoup plus tardive -récupération du potentiel des gisements d’hydrocarbures donc en une perte majeure de revenus.
¥ Promouvoir la filière éolienne notamment sous la forme de parc maritime de moulins peu sensible à l’alternance diurne nocturne et permettant d’atteindre une capacité de production élevée.
¥ Dresser un nouveau périmètre de régionalisation des échanges de fluides énergétiques en exploitant les synergies latentes et/ou les complémentarités patentes. Dans cette perspective le rôle du site de raffinage de Dakar peut s’accroître significativement et justifier l’installation de nouveaux procédés à faible niveau de résidu lourd peu commerçable.
Les enjeux présentés ci-dessus sous le format d’une description sommaire ne constituent pas une liste complète mais ils mettent en évidence l’ambition que peut se donner une politique de l’optimum énergétique.
En dernier lieu il apparaitra à beaucoup que la question de la mise en œuvre d’une politique de l’optimum énergétique mérite d’être abordée avec beaucoup de sens pratique. L’organisation chargée de mener à bien les travaux devant « aider à prendre la bonne décision » doit satisfaire à plusieurs exigences dans son fonctionnement dont celles porteuses des qualités organisationnelles suivantes :
¥ Compétente de premier rang pour l’évaluation générale des dispositifs industriels d’infrastructure énergétique en rassemblant les spécialités d’ingénierie technico-économique nécessaire au sein d’une équipe sous une autorité dirigeante charismatique.
¥ Indépendante fonctionnellement pour proscrire toute forme de conflit d’intérêt ou de prévarication en prévoyant une tutelle administrative par une autorité non partie prenante à la décision ultime.
• Renouvelée fréquemment dans le but de prévenir une bureaucratisation sous différentes formes et promouvoir la modernité des savoirs et des méthodes.
Les ressources humaines de profils satisfaisant à ces exigences demeurent mobilisables au Sénégal et l’expérience internationale d’une telle initiative reste accessible.
L’optimisation de l’infrastructure énergétique trouve donc un champ d’application riche d’opportunités accessibles dans un délai le meilleur compte tenu de la nature des équipement et matériels impliqués autant que de la demande d’énergie dans le contexte régional. Les travaux de l’optimisation de l’infrastructure énergétique viennent en complément directe de ceux qui s’intéressent aux leviers de la croissance économique. Nous disposons d’un consensus sur ce qu’il faut faire au mieux avec tout ce dont on dispose. Tel est en effet le propos que je tiens dans cette courte contribution sous la rubrique de la politique de l’optimum énergétique. J’espère que le thème de la recherche de l’optimum énergétique s’inscrira parmi ceux de notre prochain débat et je me joins à tous ceux qui l’appellent de leurs vœux pour le bénéfice de nos concitoyens.
par Fary Ndao
NOTRE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE PASSERA PAR LA MAÎTRISE DES ENGRAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée
La souveraineté alimentaire est apparue, ces derniers jours, comme une préoccupation majeure chez la plupart des candidats qui sont sur la ligne de départ de la présidentielle du 24 mars 2024. En effet, qu'il s’agisse des programmes d’Idrissa Seck, de Thierno Alassane Sall, Bassirou Diomaye Faye, Amadou Ba, d’Aliou Mamadou Dia ou de Pape Djibril Fall, le terme revient, avec son lot d’orientations et de propositions fortes. Je tenterai dans cet article d’approfondir la question cruciale des engrais, intrants indispensables, aux côtés de l’eau et des semences, pour réussir à atteindre cette souveraineté qui est un impératif dans un monde incertain et qui se réchauffe.
Pourquoi les engrais ont-ils un rôle si important ?
Si notre pays a réalisé des progrès importants au cours de la dernière décennie dans la production locale de riz blanc (décortiqué), passant de 305 000 tonnes produites en 2012 à 910 000 tonnes en 2022, nous continuons encore à en importer, en moyenne, 900 000 tonnes par an depuis bientôt une décennie (source : ANSD). Cette dépendance aux importations pour la céréale la plus consommée du pays est encore plus marquée pour le blé, dont les quantités consommées sont en hausse constante alors que sa production locale demeure proche de zéro. Un effort de planification a récemment été mené à ce sujet par le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Emergent (BOS-PSE) pour définir une stratégie de substitution aux importations de blé.
Cette stratégie et notre volonté d’autosuffisance en riz nécessiteront l’utilisation d’engrais pour devenir réalité. Mais de quels engrais parle-t-on ? Les plantes ont principalement besoin de trois nutriments pour assurer leur croissance : l’azote (N), le phosphate (P) et le potassium (K). Ces éléments chimiques permettent d’enrichir le sol où la plante viendra les prélever pour se développer. Ils sont issus de la nature et d’autres êtres vivants, on parle alors d’engrais organiques ou ils peuvent être synthétisés, c’est-à-dire fabriqués par des processus industriels, on parle alors d’engrais synthétiques ou chimiques.
Le Sénégal exploite depuis des décennies du phosphate (P) minéral mais importe encore de l’urée, un engrais azoté (N) à raison de 75 000 tonnes par an et de la potasse, un engrais potassique (K). Cette dépendance vis-à-vis de l’étranger nous expose fatalement aux variations de prix de l’urée et de la potasse sur les marchés internationaux mais aussi aux soubresauts géopolitiques comme la guerre engagée en février 2022 entre la Russie et l’Ukraine. Celle-ci a particulièrement souligné le déficit de souveraineté de notre pays sur deux points : son approvisionnement régulier en engrais à des prix supportables pour les agriculteurs sénégalais et sa dépendance céréalière. En effet, la Russie est le principal exportateur d’urée au Sénégal (75% en 2020) et fournit également, avec l’Ukraine, la majorité du blé consommé au Sénégal. Malgré les démarches d’urgence engagées par le président de la République, Macky Sall, pour éviter l’arrêt des corridors d’exportation d’engrais et de céréales, il convient aujourd’hui de durablement remédier à cette double dépendance en diversifiant la production locale, initiée par les ICS, d’engrais synthétiques, qu’il s’agisse des engrais phosphatés ou des NPK.
Produire nous-mêmes nos engrais synthétiques
Fondée à la fin des années 1970, la société nationale des ICS a été en plein essor durant les années 1980 et 1990, ce qui lui a valu d’être considérée comme l’un des fleurons industriels du Sénégal. Après une période difficile durant la décennie 2000, l’entreprise a été cédée, en majorité, par l’Etat à la multinationale indonésienne, INDORAMA. Cette privatisation lui a permis de renouer avec ses activités phares : l’extraction de phosphate minéral, la transformation de ce phosphate en acide phosphorique avec des volumes atteignant 600 000 tonnes/an et la fabrication d’engrais NPK renfermant chacun des trois nutriments essentiels à la croissance des plantes. La relance réussie de l’outil industriel des ICS grâce à l’expertise et aux investissements importants d’INDORAMA, malgré les réserves légitimes que l’on peut avoir sur le plan environnemental, doit inspirer l’Etat à retrouver une ambition dans la production d’engrais synthétiques avec de nouveaux outils industriels. Cette ambition devra viser, en particulier, la production d’urée (N), engrais capital dans la production céréalière, et celle du DAP, un engrais riche en nutriments N et P.
Valoriser localement notre gaz naturel en urée…
Les récentes découvertes de gaz naturel au large du Sénégal, et notamment celle du gisement Yakaar-Teranga, placent le Sénégal à la croisée des chemins : outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée. Petrosen, la société pétrolière et gazière nationale, développe depuis bientôt deux ans, un projet de construction d’une usine ayant une capacité de production de 1,2 millions de tonnes d’urée par an. Cette production rendra notre pays autosuffisant en plus de lui ouvrir des perspectives d’exportation vers nos voisins d’Afrique de l’Ouest, le Brésil et les Etats-Unis. Ce projet, dont l’investissement global atteindra 900 milliards de FCFA, devra poursuivre et accélérer son développement au cours du mandat présidentiel 2024-2029, pour être opérationnel en 2028 ou 2029. Il pourrait générer 175 milliards de FCFA d’excédents commerciaux par an, jusqu’à 4000 emplois en phase de construction, 400 en phase d’opérations et plusieurs milliers d’emplois indirects dans le transport, l’agriculture et la fabrication d’engrais NPK de mélange.
…Et en ammoniac pour transformer localement notre acide phosphorique
L’Etat du Sénégal pourrait également affirmer la volonté de transformer localement l’acide phosphorique produit par ICS-INDORAMA et qui est, à l’heure actuelle, quasi exclusivement exporté vers l’Inde pour y être transformé en d’autres types d’engrais. Cette ambition retrouvée pourrait se matérialiser par la mise en place d’un projet de production d’ammoniac (N) qui servira, en étant combiné à l’acide phosphorique (P), à produire du DAP. Celui-ci peut être utilisé directement sur les plantes pour leur apporter les deux nutriments N et P, ou alors être utilisé, en étant associé à l’urée (N) et la potasse (K), pour la production d’engrais NPK. Un tel projet de synthèse d’ammoniac pourrait nécessiter des investissements de l’ordre de 600 à 700 milliards de FCFA.
Réduire l’impact environnemental des engrais synthétiques
Ces projets industriels de production d’urée et d’ammoniac devront être accompagnés, idéalement, d’unités de captation et de séquestration du CO2. Cela permettrait au Sénégal de respecter ses engagements en termes de rejets de gaz à effet de serre, suite à son adhésion à l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015. Nous produirions ainsi une urée et de l’ammoniac « bleus », à faible contenu carbone, ce qui ferait de notre pays un pionnier sur le continent.
Chez les agriculteurs, l’utilisation des engrais obéit, jusqu’à un certain dosage limite, à une logique simple qui peut se résumer dans l’expression suivante : « plus je mets d’engrais dans mon champ, plus je pourrais avoir des rendements importants ». Cependant, pour l’urée notamment, l’utilisation excessive peut entraîner une sursaturation des nappes phréatiques en azote, causant la prolifération des algues et menaçant la faune aquatique des cours d’eau proches des exploitations agricoles. Afin de limiter ces effets néfastes sur l’environnement, deux solutions complémentaires pourraient être adoptées : l’utilisation d’inhibiteurs de libération de l’urée et la sensibilisation des agriculteurs à une utilisation raisonnée des engrais.
Le Sénégal dispose en effet, sur son territoire, d’importantes quantités de l’un des meilleurs inhibiteurs de libération d’urée : le neem. Cette graine jaune à la chair pulpeuse est issue d’un arbre largement disséminé dans les terres intérieures de notre pays. L’enrobage avec du neem des billes d’urée permet une libération plus lente de cette dernière et donc une meilleure absorption par la plante, ce qui réduit les quantités d’urée nécessaire. Dans la même veine, une cartographie des sols, pour connaître leur état naturel d’enrichissement en nutriment, couplé à des opérations de sensibilisation menées par des ingénieurs agronomes ayant établi un lien de confiance avec les Agriculteurs, aidera ces derniers à utiliser la quantité d’engrais optimale pour concilier bons rendements agricoles et préservation de leurs sols et de leur environnement.
Réussir la cohabitation entre engrais organiques et synthétiques
Les engrais synthétiques, en particulier l’urée, seront indispensables à l'atteinte de l’autosuffisance céréalière (riz, blé, maïs). Leur production locale et leur utilisation raisonnée devront donc être encouragées par l’Etat du Sénégal qui devra, dans le même temps, poursuivre la promotion des engrais organiques. Cela nécessitera d’augmenter la part de la subvention qui leur est allouée au sein de l’enveloppe globale de 20 milliards de FCFA par an qui a été régulièrement dédiée aux engrais ces dernières années. Ces engrais organiques que sont le fumier, le compost ou les engrais verts sont issus de déchets ménagers, animaux ou végétaux, et permettent une assimilation lente des nutriments par les plantes. Ils favorisent également le développement des micro-organismes (bactéries, champignons, vers etc.) qui aèrent le sol et dégradent la matière organique qui s’y dépose. Faisant l’objet de travaux de recherche importants par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), ces engrais pourront être utilisés dans l’agriculture en zone urbaine, mais aussi dans l’horticulture et les périmètres agroécologiques afin de préserver la durabilité des sols.
Ainsi, la poursuite des efforts de production, notamment du riz local, la mise en œuvre de stratégies sectorielles comme celle sur le blé, le déploiement d’une réelle ambition industrielle et le renforcement de la délicate mais nécessaire cohabitation entre engrais synthétiques et organiques, nous permettront, je l’espère, d’atteindre un objectif de souveraineté alimentaire qui fait l’unanimité au sein de la classe politique sénégalaise.
par Annie Jouga
AU SECOURS, ON ASSASSINE DAKAR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le processus des « demolition men » s’accélère. L’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique. Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés
Dans ce dimanche paisible du Dakar-plateau, des coups de burin résonnent au loin !
Déjà, les échafaudages montés sur la façade de cette élégante bâtisse, m’interpellent depuis ce début de semaine ne faisant en fait que confirmer ce que je craignais au sujet de « l’hôtel Vichy », rue Félix Faure, immeuble des années 40, d’une architecture post moderne, dont le gabarit, bien inséré dans les façades de Dakar de cette période et laissé à l’abandon depuis une vingtaine d’années. Et de me dire, tantôt confiante lors des bons jours : « l’aurait-on oublié ? », et les jours de déprime : « quand vont-ils s’y attaquer ? »
Pour avoir vu depuis plus d’une dizaine d’années disparaître du paysage urbain dakarois plusieurs bâtiments dont l’architecture est indéniablement remarquable, au risque de voir son identité piétinée, je reste perplexe.
Qu’est donc l’identité d’une ville ? Et en l’occurrence l’identité de la ville de Dakar ? La question reste entière.
J’ai participé il y a quelques mois à une table-ronde dont le thème évocateur était ainsi libellé : « Métamorphose de Dakar, récits d’une ville de contrastes ».
Un interlocuteur, jeune architecte (français en l’occurrence), nous a fait un long commentaire sur l’absence d’identité de la ville de Dakar avec force argumentaire. Notre cher Sénégal est aujourd’hui envahi par ce genre de « bien-pensants » très connectés, proches des gens de pouvoir et de décision. Et pour cause, aujourd’hui en Europe et partout dans le monde, il s’agit de prioriser la réhabilitation de manière vertueuse plutôt que la construction neuve ! Entre autres engagements pris lors du Forum du bâtiment et du climat, tenu à Paris ce mois de mars 2024 et la déclaration de Chaillot a été signé par 70 pays dont … le Sénégal.
Alors, oui nos pays sont un excellent terrain de chasse, lorsque la commande s’amenuise de l’autre côté de l’océan ; ici il semble si facile de convaincre l’autorité, souvent sourde, ou bien inculte, ou bien avide, ou tout simplement n’ayant pas « le pays au cœur », dont les nombreuses signatures de déclarations n’engagent que très peu ! Il est donc facile pour elle de dire qu’après tout « ce ne sont pas des architectures de chez nous, ce n’est pas notre identité… ».
Et c’est pour cela que nous assistons meurtris, impassibles, à la démolition de bâtiments remarquables, d’une solidité indéniable, mais aussi dont l’histoire inscrite dans la pierre participe de l’identité de la ville.
Avec le projet de « modernisation des biens de l’État de Dakar-Plateau », mis en place dans l’urgence il y a deux ans par le ministère des Collectivités territoriales, le processus des « demolition men » s’accélère.
Comme dans une fin de règne ! Un peu à l’image de cette frénésie de 2012 lorsque la privatisation effrénée de la corniche Est, enfin pour ce qu’il en restait, où l’on a vu comme par magie les statuts fonciers danser au rythme d’un « sabar » endiablé, agrémentés de petits pagnes colorés et brodés au mode non aedificandi, domaine public maritime, pour finir en mode titre foncier ?
Aujourd’hui, la liste est longue, celle des biens de l’État à « valoriser » et déjà ces mêmes architectes, sûrement avec la complicité de nos architectes, travaillent dans leurs bureaux d’études hors Sénégal, à donner « une identité à Dakar », pensent-ils ! Et bientôt, comme il se susurre, allons-nous voir poindre des grands immeubles à la place du ministère des Affaires étrangères construit en 1905 et qui a été entre autres le premier Palais de Justice (dans les années 50).
Il en sera de même, pour la prochaine démolition de la Gouvernance et la Préfecture, sur la place de l’Indépendance, mais aussi des bâtiments militaires vestiges du Camp Lat Dior, situés sur l’avenue Peytavin et emportant je suppose les caïlcédrats centenaires bordant cette magnifique avenue. Appelée au début de la construction de Dakar, boulevard de la Nationale, elle ouvrait la ville sur la mer à l’est et à l’ouest.
On va donc continuer de démolir des bâtiments qui, s’ils étaient réhabilités « de manière vertueuse » comme dit dans la déclaration de Chaillot, devraient minimiser l’utilisation de ressources non-renouvelables et maximiser l’efficacité énergétique. Il s’agit aujourd’hui de « décarboner » la construction et notamment développer l’utilisation de matériaux s’appuyant sur les ressources du territoire.
On va donc continuer de démolir « au marteau et au burin » quand, dans le même temps, les mêmes gens parlent de constructions « intelligentes, de constructions de « dernière génération » (ne me demandez pas ce dont il s’agit !) et sans crainte des risques encourus sur l’environnement et notamment du fait des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.
Aujourd’hui, se fermant les yeux, élevant des grands murs de bâtiments le long de la mer, du port à l’aéroport, Dakar est devenue comme paranoïaque et surtout asphyxiée : malade, elle a tourné le dos à la mer.
Absence de vision, absence de goût, même si l’adage dit que tous les goûts sont dans la nature, je ne sais trop ; une chose est sûre c’est que l’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique ; il nous faut donc raconter notre propre histoire, celle qui est inscrite dans les bâtiments et faire en sorte que les siècles se succédant, se « bousculent » mais avec une grande tolérance …
Mais oui, Dakar doit être « modernisée » c’est-à-dire « redevenir » une ville où il fait bon vivre, bon marcher, parce que tout est à sa place.
Mais aussi, il nous faut avoir le courage de ne faire rentrer dans le centre-ville que les véhicules indispensables et donc créer des parkings non pas au centre-ville inaccessible dans le sens du matin pour y rentrer et dramatiquement vide dans le sens de la sortie. Il faut réduire le flux de personnes entrant dans Dakar et là, l’équation BRT questionne.
C’est aujourd’hui plus une question de santé publique.
Oui, il faut « moderniser » les grands immeubles des années 40, 50 et 60, propriétés privées comme publiques, sans leur faire perdre leurs âmes. Et également ces architectures des années 70 et 80 conçues autour du parallélisme asymétrique. Ces architectures sont l’identité de Dakar, du Sénégal.
Moderniser veut dire faire des recherches sur les matériaux du 21e siècle et c’est à cela que sert l’école spécialisée pour qu’enfin les matériaux permettent de construire des architectures qui nous ressemblent, pour qu’enfin nos écritures architecturales soient culturellement conçues.
Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés, avec humilité.
Aussi, il est impératif que dans notre pays les écoles foisonnent pour que nos jeunes générations se bousculent pour réinventer le futur…
Moderniser Dakar s’entend de façon globale et s’inscrit à l’échelle du territoire et non pas ponctuellement même s’il est important que chaque quartier trouve (ou retrouve) son identité.
Pour Dakar, d’aucuns diront que c’est trop tard !
Pour ma part, j’y crois toujours et encore, même si je sais que cela sera difficile mais pas impossible.
Et cela est l’affaire de tous !
Annie Jouga est architecte.
Par Amadou Gallo DIOP
CONSEILS RAMADAN 2024
Le Ramadan 2024 (1445 Hijri) démarre en ce début de semaine du mois de Mars. Beaucoup de musulmans vont jeuner en passant près de 14 heures sans boire, ni manger, de l’aube au crépuscule.
Le Ramadan 2024 (1445 Hijri) démarre en ce début de semaine du mois de Mars. Beaucoup de musulmans vont jeuner en passant près de 14 heures sans boire, ni manger, de l’aube au crépuscule. À côté de l’aspect spirituel et résilient, ce pilier, parmi les fondamentaux de l’Islam, met l’organisme humain à l’épreuve sur les plans physiologique, nutritionnel et hydrique.
Les effets d’un jeûne bien conduit sont sanitairement bénéfiques pour qui peut le supporter. Au cours des deux repas autorisés à l’aube et au crépuscule, il faut veiller à bien s’hydrater et s’alimenter raisonnablement. Le repas matinal ne doit pas être négligé, ni sauté, car il est très important pour s’approvisionner en eau et en énergies, via des nutriments et pouvoir affronter une journée d’abstinence. À la «coupure», buvez d’abord. Un liquide tiède de préférence. Privilégiez l’eau, une tisane, un chocolat chaud ou un café léger et bannissez les limonades du commerce, car elles sont excessivement sucrées. Il vaut mieux préparer ses propres jus naturels et les sucrer modérément. Puis nourrissez-vous progressivement et sainement, en variant les mets tout le long du Ramadan. Il ne faut pas bourrer en quelques minutes l’estomac resté vide toute la journée, d’une masse déraisonnable de nourritures. Éviter les excès de pâtisseries et autres multiples sucreries et petits salés. Il ne faut pas jeuner quand votre condition médicale ne le permet pas. Ainsi, quand on a un ulcère et autres problèmes gastriques, la vacuité de l’estomac favorise l’apparition de douleurs abdominales, voire de saignement ou de perforations de la muqueuse de l’estomac. Idem quand on souffre de problèmes hormonaux graves, ou qu’on a de la fièvre, avec des conséquences fâcheuses possibles. Éviter de jeuner aussi quand on doit prendre certains médicaments à des horaires diurnes précis ou ceux dont les effets secondaires sont à risque pour le jeuneur : aspirine, quinine, certains médicaments du cœur, anti-diabétiques. Ils favorisent les hypoglycémies dont les signes avant-coureurs sont : maux de têtes, tremblements, faim douloureuse, malaises. L’évolution pouvant se faire vers une chute et syncope.
Hygiène du sommeil
Coté hygiène du sommeil : un individu normal dort, selon le besoin éprouvé et l’âge, 6 à 8 heures. Au fil de l’âge, notre temps de sommeil se réduit. Durant le Ramadan, l’agenda classique est : réveil vers 5 heures du matin, préparations diverses, suivies d’activités quotidiennes et autres. Tout ceci est entrecoupé de prières obligatoires et de prières surérogatoires (nafila) plus ou moins prolongées. Donc pas beaucoup de place pour le sommeil réparateur classique. Conséquence inéluctable : accumulations de dettes de sommeil. La prise massive de boissons trop sucrées et excitants divers (caféine, thé trop fort, etc..) aggrave les facteurs perturbateurs du sommeil durant le Ramadan. En outre, le fait que la nourriture soit trop épicée (poivre, piment et autres) et trop grasse, consommée tard le soir en plus, entraine des lenteurs de digestion et des remontées gastriques, gênant l’endormissement ou provoquant des réveils nocturnes. Le fait de manger trop gras, trop salé et trop sucré, influe aussi négativement sur la qualité de la santé générale et du sommeil en particulier. Conséquence de ces dettes accumulées de sommeil : lourdeurs, maux de tête, irritabilité, douleurs diffuses, trous de mémoire et mauvaise concentration. Pour une meilleure gestion du besoin minimal de sommeil, il faut exploiter toutes les occasions, de nuit, comme de jour, pour dormir et se sentir reposé. Il n’y a pas de solutions miracles. Quelques ‘astuces’ : grasse matinée pour les uns, sieste pour certains, petits ‘sommes’ répétés pour les autres.
Pratique du sport
Durant ce mois de jeun, il faut quand même bouger. La pratique du sport en période de Ramadan, est possible, si elle est encadrée par de bonnes précautions. Faire du sport en pleine journée pour un jeûneur n’est pas recommandé. Que faire ? deux formules au choix : 1/ une activité physique modérée, durant une trentaine de minutes et la terminer à temps pour pouvoir prendre sa douche, se changer et couper le jeûne dans les minutes qui suivent ; 2/ ou bien rompre le jeun, manger léger, aller faire son sport, puis mieux manger après. Mais pas trop tard. En tous cas, veiller à toujours bien s’hydrater, surtout en cette période au climat instable. Vers la fin du Ramadan, surveiller d’éventuels et discrets signes de carences nutritionnelles qui peuvent se manifester chez certains jeûneurs : fatigabilités intenses, crampes, fourmillements aux pieds et mains ou autres gênes. Une alimentation variée lors des deux repas autorisés, riche en fruits, légumes, protéines et céréales diverses, produits laitiers, voire une supplémentation multivitaminée pharmaceutique, peuvent alors faire du bien.
Dans les mosquées et autres lieux de prières communes, respecter les règles de prudence et d’hygiène. En respectant ces conseils chaque année rappelés, et comme en attestent plusieurs données scientifiques, nous pouvons rendre bénéfique pour l’organisme et la santé, cette période de Ramadan, coïncidant bien heureusement, encore cette année, avec le Carême de nos parents Chrétiens.
Et que toutes nos prières soient agréées par Allah, Notre Miséricordieux Créateur.
Par Pape NDIAYE
MAKHTAR CISSE, UNE MISSION PERILLEUSE POUR UN SOLDAT AU SERVICE DE LA PATRIE
Jouant un rôle central dans l’organisation du commandement territorial, le maintien de la cohésion des institutions et de l’ordre public, Mouhamadou Makhtar Cissé, en tant que ministre de l’Intérieur, est aussi tenu d’assurer la sécurité
Mouhamadou Maktar Cissé nommé ministre de l’Intérieur. C’est la surprise du chef lors du remaniement ministériel de vendredi dernier ! La nouvelle est tombée comme un très lourd fardeau sur les épaules du tout nouveau ministre de l’Intérieur puisqu’il va devoir s’atteler à organiser des élections libres et transparentes le 24 mars prochain. C’est à dire dans deux semaines à peine. Des exigences démocratiques du peuple sénégalais d’abord, et de la communauté internationale regroupant les bailleurs et partenaires financiers pour étendre davantage — ou même maintenir — leur soutien au Sénégal en crise politique.
Jouant un rôle central dans l’organisation du commandement territorial, le maintien de la cohésion des institutions et de l’ordre public, Mouhamadou Makhtar Cissé, en tant que ministre de l’Intérieur, est aussi tenu dans le même temps d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Face à cette double mission à la fois noble et périlleuse, l’ancien enfant de troupe et l’ex-patron des douanes de notre pays a heureusement le profil de l’emploi. Il est vrai que le tout nouveau ministre de l’Intérieur est un Inspecteur général d’Etat (IGE) c’est à dire un grand commis qui a blanchi sous le harnais de l’Administration dont il connaît les méandres. Il a aussi la confiance du chef de l’Etat dont il était jusqu’à sa nomination vendredi dernier le directeur de cabinet c’est-à-dire le plus proche collaborateur. Le poste le plus sensible qui soit ! Autant dire qu’il est plus qu’outille pour conduire et mettre en œuvre le processus de la présidentielle dans un contexte politique très agité. Seulement, nombreux sont les observateurs qui s’interrogent sur les raisons qui ont conduit Makhtar Cissé à accepter un tel ministère à problèmes dans un régime finissant ?
Pourquoi a-t-il consenti que le président Macky Sall lui file une encombrante casquette voire une patate aussi chaude que l’organisation des élections les plus compliquées de l’histoire politique du Sénégal ? Et ce à deux semaines seulement de l’échéance ! Une véritable mission commando pour ne pas dire une véritable opération suicide voire casse-pipe ! Il est vrai que l’homme adore relever les défis apparemment insurmontables et est spécialiste des missions impossibles ! A preuve par sa mission de sauvetage d’une Senelec moribonde et dont nul ne voulait à l’époque.
Se considérant comme un soldat au service de la Patrie, Mouhamadou Makhtar Cissé avait à ce point réussi à redresser l’électricien national et à la rendre liquide que les prétendants se sont aussitôt bousculé au portillon pour le remplacer ! Car elle était redevenue attractive.
Pourquoi Makhtar Cissé est-il revenu aux commandes d’un navire troué par les faucons et qui risque de prendre eau au soir du 25 mars prochain ? Makhtar Cissé se souvient-il que le capitaine Macky l’avait éjecté du navire lors d’une belle traversée en eaux calmes ? Bref, ses détracteurs ont tant et si bien murmuré à l’oreille du chef pour le calomnier que Mouhamadou Makhtar Cissé avait fini par être limogé. Sans faire de bruit, il était retourné à l’Inspection générale d’Etat, le prestigieux corps auquel il appartient, et coordonné les travaux de construction de la grande mosquée de Tivaouane en tant que «talibé Cheikh ».
Stoïque, il a enduré sa traversée du désert avant de revenir comme directeur de cabinet du président de la République. Une chose est sûre : Mouhamadou Makhtar Cissé pouvait décliner un poste aussi problématique que celui que lui a offert le président vendredi. Sauf, encore une fois, que Mouhamadou Makhtar Cissé un grand commis de l’Etat, un brillant soldat de la République très rigoureux dans les principes.
Un technocrate apolitique rompu à la tâche et soucieux des intérêts du pays. Soldat, douanier, avocat, financier, économiste juriste, électricien et pétrolier, Makhtar Cissé est un technocrate aux multiples qualités professionnelles. Comme le disait le -président Macky Sall à l’endroit de l’actuel ministre de l’Intérieur alors qu’il était ministre de l’Energie et du Pétrole, est un homme qui apprend et comprend très vite au point d’en savoir presque autant que les ingénieurs !
Autre atout de l’homme en cette période d’élection présidentielle, c’est la confiance et la crédibilité des différents acteurs politiques. Car Makhtar Cissé a une grande capacité d’écoute et d’anticipation pour accomplir sa redoutable mission à la tête du ministère de l’intérieur.
LE REMANIEMENT QUI ACTE LA RUPTURE DÉFINITIVE ?
Déserté par les principaux ministres issus de l'APR, le directoire de campagne d'Amadou Ba tourne au fiasco. Dans un silence assourdissant, Macky Sall regarde son candidat se faire laminer par sa majorité
Les départs surprenants de ministres estampillés pro-Amadou Ba comme Doudou Ka, Cheikh Oumar Anne, Lat Diop ou Fatou Diané de l’attelage gouvernemental ce vendredi sont assimilés à un lâchage définitif de l’homme qui était Premier ministre jusqu’à mercredi dernier. L’autre acte significatif qui confirme ce lâchage, c’est l’absence de la quasi-totalité des ténors de BBY (Benno Bokk Yaakar) lors du lancement du directoire de campagne d’Amadou Ba ce samedi. Le candidat de la majorité présidentielle est désormais ouvertement contesté par son propre camp.
Deux jours après le début de la campagne électorale, la mobilisation et l’organisation attendues autour du candidat de la mouvance présidentielle, Amadou Ba, tardent à prendre forme. Cette absence des poids lourds de l’APR « Alliance Pour la République), un parti qui constitue la locomotive de la majorité, lors des déplacements de leur candidat officiel, n’a pas manqué de relancer les rumeurs faisant état de relations dégradées, voire exécrables, entre le président Macky Sall et son désormais ex-Premier ministre. En effet, depuis que le président de la République et chef de Benno Bokk Yaakar a porté sa confiance sur M. Ba pour être le candidat de la mouvance présidentielle, ce dernier est l’objet de violentes attaques venant de gens proches du chef de l’Etat. Ce sans que ce dernier ne réagisse ou ne tente de rappeler à l’ordre les auteurs de ces attaques. Les pourfendeurs de son cheval ne sont ni inquiétés encore moins sanctionnés. Au contraire, ils sont même promus ou voient leurs responsabilités accrues comme dans le gouvernement formé vendredi dernier où des ministres comme Mame Mbaye Niang et Thérèse Faye Diouf ont vu leurs prérogatives renforcées. Bref tout se passe comme si le président sortant avait fini parse rendre à l’évidence que son cheval n’est pas à même de lui assurerla victoire à l’élection présidentielle. Une conviction que partageraient avec lui d’éminents membres de son camp. Malgré tout, M. Amadou Ba, touché mais pas coulé et même affaibli par l’attitude hostile de la plupart de ses camarades de parti — qui ne le considèrent pas comme un des leurs! —, a décidé de descendre sur le terrain en s’appuyant sur son carré de fidèles. C’est-à-dire eux qui ont cru en lui dès que le choix du Président s’est porté sur sa personne.
Amadou Ba attaqué de partout
Et comme si les attaques de ses camarades de parti ne suffisaient pas, voilà que le PDS (Parti démocratique sénégalais) également entreprend de le descendre en flammes. En portant des accusations gravissimes contre lui. Il est en effet accusé d’avoir corrompu deux parmi les sept sages du Conseil constitutionnel pour qu’ils invalident la candidature de Karim Wade. C’est-à-dire de celui qui devait porter les couleurs du Pds à ce scrutin. Ces accusations et les péripéties qui ont suivi, notamment la création d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les faits allégués de corruption ont eu pour conséquence le report de l’élection présidentielle annoncé par le chef de l’État. Une élection qui aurait dû se tenir initialement le 25 février dernier et qui devrait finalement se tenir le 24 mars prochain. Sauf nouveau rebondissement. Alors qu’on s’attendait à la démission du Premier-ministre candidat suite à ces accusations très graves portées contre lui, ne serait-ce que le temps que lumière soit faite sur cette affaire, Amadou Ba s’est accroché bec et ongles à son poste et est allé réaffirmant sa loyauté au chef de l’État. Lequel a finalement fini par lui renouveler sa confiance. Le Président Macky Sall est soupçonné par l’entourage du candidat de BBY d’avoir voulu se saisir d’une affaire montée de toutes pièces avec le PDS pour renvoyer l’élection à une période suffisamment éloignée pour avoir le temps de choisir un autre candidat. Au cours du dialogue dit « national » initié par le chef de l’État afin, entre autres, de convenir d’une date « consensuelle » pour la tenue de la présidentielle, M. Amadou Ba soutient la nécessité de la tenue de l’élection avant le 2 avril prochain. Ce qui était considéré comme un chiffon rouge par Macky Sall. Finalement, le Conseil constitutionnel a semblé prendre fait et cause pour lui puisqu’il s’est opposé au souhait du chef de l’État de voir le scrutin se tenir le 02 juin. Les 7 sages n’ont pas donné non plus une suite favorable à son désir de reprise du processus électoral ou en tout cas d’apporter des « correctifs » allant dans le sens de repêcher des candidats éliminés par le Conseil constitutionnel. En lui imposant de fixer une date se situant avant l’expiration de son mandat le 02 avril et en réaffirmant sa détermination à maintenir la liste définitive des 19 candidats déjà publiée, le Conseil constitutionnel a presque humilié le président Macky Sall. Et si tant est qu’il aurait été dans une logique ou une volonté de trouver un autre candidat, il est contraint d’y renoncer faute du temps nécessaire pour le faire.
Départ du gouvernement, « libération » ou « limogeage » à suspect....
La dissolution du gouvernement annoncée mercredi dernier est intervenue au terme d’une journée particulièrement chargée d’actualités. C’est le même jour que se tenait en effet à l’Assemblée nationale le vote de la très controversée loi d’amnistie sur les événements politiques survenus entre février 2021 et février 2024. Cette décision du chef de l’État de mettre fin aux fonctions de son chef de gouvernement a été plus politique qu’administrative. En ce sens que M. Amadou Ba, candidat de BBY et Premier ministre, était déjà dans une situation inconfortable à la Primature au vu de la gravité des accusations portées contre lui. Une chose est sûre : la nouvelle équipe dirigée par Mr Sidiki Kaba est expurgée de presque tous les pro Amadou Ba à l’exception de Pape Malick Ndour et Abdoulaye Seydou Sow qui ont finalement lâché le candidat de Benno pour refaire de nouveau allégeance au président de la République. Les départs les plus marquants sont ceux de Lat Diop, Cheikhou Oumar Anne et Doudou Ka. D’ailleurs, les partisans de ce dernier, grand responsable à Ziguinchor, ont levé le ton pour réclamer la démission de leur responsable politique de l’APR. Ce tout en continuant à soutenir Amadou Ba ! A cette situation confuse s’ajoute le mutisme des responsables politiques de la région de Matam sur l’accueil à réserver au candidat de la coalition qui doit s’y rendre dans deux jours. Selon eux, le passage de Amadou Ba dans cette du Fouta, considérée comme le « titre foncier du président Macky Sall », risque d’être un échec. En tout cas au vu de la façon dont les choses se déroulent. Autre fait qui confirme le malaise qui secoue le camp présidentiel, c’est, on l’a dit, le boycott par la quasi-totalité des ministres de la rencontre du directoire de campagne élargi du candidat Amadou Ba convoquée ce week-end. Aucun responsable de premier plan de l’Apr, et aucune structure de ce parti à savoir la Cojer (jeunes), le Meer(élèves et étudiants) ou le mouvement des femmes n’y a été représentée. En outre il a été noté l’absence des ministres, DG de sociétés nationales et hauts responsables de l’Apr à cette rencontre d’une importance capitale à la veille du démarrage de la campagne électorale. Il est aussi annoncé que les fonds destinés aux responsables des fédérations, sections et autres ne seraient pas encore disponibles. Autant dire que le mal est profond entre, d’une part, le candidat Amadou Ba et, d’autre part, la plupart de ses camarades de parti. Pour le moment, il ne peut compter surtout que sur les partis alliés à savoir le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des Forces de Progrès (Afp). En plus de la poignée de ses fidèles. En tout cas, le chef de l’État sortant, et chef de la majorité présidentielle, semble laisser faire. Serait-il derrière cette cabale contre le candidat de son camp ? Les prochains jours nous édifieront.
Par Hamidou ANNE
PRENDRE TOUJOURS LE PARTI DU SENEGAL
Par leurs suffrages, les Sénégalais élisent leurs représentants légitimes et légaux. Mais cette élection laisse voir une immixtion inacceptable et assumée de certaines puissances étrangères dans nos affaires intérieures.
Par leurs suffrages, les Sénégalais élisent leurs représentants légitimes et légaux. Mais cette élection laisse voir une immixtion inacceptable et assumée de certaines puissances étrangères dans nos affaires intérieures. Si les découvertes en hydrocarbures aiguisent les appétits certes, il ne saurait y avoir la moindre tolérance vis-à-vis de manœuvres extérieures visant la déstabilisation du Sénégal ou une quelconque influence décisive sur le processus électoral en cours.
Il y a eu courant 2023, des manœuvres françaises à Dakar relayées par le journal Le Monde, qui avaient pour actrice principale une conseillère de l’Elysée et des agents du Bd Mortier. Depuis quelques semaines, il y a les prises de position quasi quotidiennes d’une porte-parole de l’Union européenne qui, de Bruxelles, émet des avis et donne des injonctions à nos autorités et à toute la classe politique. Dans la même veine, le Département d’Etat américain et les chancelleries occidentales s’immiscent trop dans les affaires intérieures sénégalaises et mélangent confusions, rodomontades, postures et attitudes douteuses.
Lors des crises de juin 2023 et de février 2024, le traitement par la presse, notamment française, de l’actualité sénégalaise relevait davantage de la manipulation voire de l’incompétence des reporters que de l’objectivité journalistique. Je passerai rapidement sur les saillies de Mélenchon qui vient prendre la parole dans une manifestation de Sénégalais en France pour sortir des énormités sur notre pays et ses dirigeants, et caresser ses nouveaux amis islamo-fachos sénégalais.
Quel est le but de ces agitations qui peignent une situation catastrophiste à l’inverse de ce qui se passe réellement sur le terrain ? J’avais fait remarquer à un journaliste du «quotidien de référence» que quand la presse évoquait un pays à feu et à sang, elle était dans le fantasme et non dans les faits. La manifestation du 4 février en l’occurrence, était circonscrite à un rayon de 2 km2 sur les 200 000 que compte le Sénégal.
Quand la presse internationale parlait d’un coup d’Etat inéluctable au Sénégal, elle était dans la prédiction sombre et non dans les faits. Quand la presse donne encore la parole à un personnage comme Alioune Tine et le présente en personnalité neutre, elle verse dans la désinformation. Un tour rapide sur son bureau -qui tient dans un compte sur Twitter- renseigne sur son affiliation politique.
Il faudrait que les élites sénégalaises de quelque bord que ce soit arrêtent de s’émouvoir dès lors qu’un article de presse français parle du Sénégal, qui leur soit favorable ou défavorable. Il ne s’agit que d’un journal parmi des centaines de journaux et d’un pays parmi deux cents autres. Rappelons en outre que cet article n’aura aucune résonance en France et ne touchera que ces mêmes élites sénégalaises qui en assurent le service après-vente. Il faut sortir de cette dépendance affective qui fait qu’on est plus touché par un article paru à Paris que par un autre sorti dans un média au Mali, pourtant pays voisin.
Malgré la peinture grossière d’un pays en feu, il ne faut jamais, après s’être désolé des violences aux conséquences parfois dramatiques à ne pas occulter ni minimiser, cesser de rappeler les faits. Le chef de l’Etat a abrogé le décret convoquant le corps électoral. L’Assemblée nationale a voté une loi reportant la Présidentielle. Les deux actes ont été jugés inconstitutionnels par des juges nommés par l’Exécutif, qui décide par surcroit de se soumettre à la décision de justice. Depuis, nous sommes dans une bataille de procédures, certes usante, dont les rebondissements potentiels sont inquiétants pour l’intégrité du pays et ouvrent un chapitre d’incertitudes. Mais dans ce qui précède, où est la dictature que des commentateurs légers invoquent ? Où est le coup d’Etat que d’autres imprudents et excessifs peignent quand le Président martèle sa volonté de ne pas rester une minute de plus au-delà de son mandat. Il y a des accusations dont le caractère ridicule n’honore guère leurs auteurs.
Les femmes sénégalaises ont voté bien avant les femmes françaises. Nous avions des Collin et des Peytavin au gouvernement bien avant les Ndiaye et les Belkacem en France. Quand le Sénégal comptait le Marquis d’Arboussier dans son gouvernement, les Etats-Unis appliquaient encore les lois racistes et ségrégationnistes dites Jim Crow. Notre Administration est capable d’organiser un scrutin en un mois – par exemple, le référendum de 2016. Notre pays, en matière électorale, n’a guère de leçons à recevoir de qui que ce soit. Un pays qui bientôt risque de compter plus de quotidiens que de lecteurs n’a pas de leçons à recevoir de l’Ue, ni de la France ni des Etats-Unis, en matière de liberté d’opinion.
Le Sénégal n’offre pas un «soutien inconditionnel» à un Etat qui bombarde de manière indistincte 2, 2 millions de personnes après les avoir enfermés dans une bande de terre de 360 km2 depuis 17 ans. Contrairement aux Etats-Unis, le Sénégal n’a pas encore vu des hordes fascistes envahir le Parlement pour pendre les députés au prétexte que l’élection présidentielle serait truquée. Chez nous, on ne gratifie pas d’une cagnotte un policier coupable d’homicide sur un jeune arabe. Nous avons certes nos insuffisances, et l’impasse actuelle dans laquelle nous sommes pour l’élection est indéniable, mais il serait opportun de nous laisser régler nos différends entre Sénégalais. Notre pays regorge de talents et de génie pour affronter les grands défis de notre temps. Pour rappel, ce pays a été forgé par un poète, donc doté d’une mystique qui nous préservera, je l’espère, de l’abîme.
Les attitudes vindicatives de nos partenaires traditionnels occidentaux sont inacceptables. Sur l’Ukraine, nous n’avons pas vocation à nous aligner. La décision de Dakar de prôner la paix face aux discours guerriers a été la bonne, et la situation actuelle conforte ce choix stratégique. Depuis Senghor, notre diplomatie poursuit un horizon universaliste dans une stratégie de non-alignement sans jamais renoncer aux principes du dialogue entre les peuples, de la recherche de la paix et du progrès social. Le Sénégal, de manière indéniable, est le pays africain le plus respecté sur la scène internationale.
Sur les questions sociétales, il faut avoir la finesse de reconnaître que le Sénégal est le fruit d’une histoire. Il a été façonné par des cultures endogènes et par la foi. Le jeu démocratique de la campagne électorale qui s’exerce dans un temps de ramadan pour les musulmans et de carême pour les chrétiens dit beaucoup du caractère spécial de notre grand pays. Ce pays est imbibé de Dieu mais assume son Adn laïc et républicain.
Hélas, il faut reconnaître que l’ingérence étrangère n’est possible que par l’attitude irresponsable de notre classe politique qui, ce n’est pas nouveau, aime patienter dans les salles d’attente des diplomates occidentaux et salir son pays auprès des ambassadeurs européens et américains. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le carnet de rendez-vous de Aminata Touré, qu’elle partage avec un ridicule ostentatoire sur les réseaux sociaux, pour désespérer définitivement du personnel politique. N’ayant pu rassembler 44 000 parrains pour soutenir sa candidature, elle s’est muée en poseuse à côté des diplomates étrangers pour tenter en vain de prouver un poids politique proche du néant et en être réduite à «superviser» la campagne de ceux qu’elle dépeignait à raison, il y a quelques petits mois, d’ennemis de la démocratie et de la République. Gouverner ou avoir gouverné devrait obliger à se fixer des limites de décence, d’honneur et de responsabilité. Ce sont ensuite les mêmes gens qui rivalisent d’ardeur dans la prononciation de discours patriotiques, souverainistes et panafricanistes. J’ai une fois déjeuné avec un ambassadeur français à Dakar qui m’avouait sa gêne de devenir le mur des lamentations des politiciens sénégalais. J’étais dans mes petits souliers…
A-t-on déjà vu l’opposition française aller se plaindre auprès des ambassades japonaise, marocaine ou chilienne ? A-t-on déjà vu l’opposition allemande venir huer son chancelier lors d’une visite d’Etat dans un pays tiers ? Malgré la féroce répression des gilets jaunes et des manifestants contre la réforme des retraites en France, ces derniers sont-ils partis se plaindre de Emmanuel Macron auprès des l’ambassadeur du Portugal, du Sénégal ou de la Russie ?
Enfin, pourquoi le personnel politique ne va jamais se plaindre auprès des ambassadeurs africains ? Ces gens comme ceux qui jubilent pour un tweet de l’ambassade des Etats-Unis montrent à suffisance leur complexe du Blanc, auréolés de leur mentalité de colonisé. Faudrait-il leur rappeler -certains se disent de gauche- que le temps du gouverneur Messmer est révolu.
Il y a un substrat raciste au sein des élites occidentales qui ne conçoivent les péripéties électorales en Afrique que sous le joug d’une dictature totalitaire qui manipule, emprisonne et tue. Ils sont appuyés dans cette logique par des politiciens, membres de la Société civile et intellectuels qui, s’agrippant à un patriotisme de pacotille, ont choisi la négation du Sénégal par une entreprise constante de salir notre pays à l’étranger. Ils vivent de la rente de l’indignité et du déshonneur.
Post-scriptum. Le fascisme ne peut s’exprimer que par la violence verbale, premier pas avant la violence physique. Le fascisme ne peut se soumettre à la dispute civilisée en politique, car il n’est ni démocrate ni républicain. Même amnistiées, ces hordes fascistes ne renonceront pas à la violence. C’est leur «projet», car ils n’ont ni la profondeur historique, ni la culture politique, encore moins la compétence technique pour soutenir un débat argumenté. C’est pour cette raison et pour d’autres que je m’oppose à tout ce qui intègre les militants du parti heureusement dissous dans le jeu démocratique. Ils se sont soustraits de la République ; celle-ci se devrait de les combattre jusqu’à leur extinction du champ politique. Pour eux et leurs soutiens : ni oubli ni pardon.
par Dialo Diop
SORTIR PROPREMENT LE PRÉSIDENT SORTANT PAR LE SUFFRAGE UNIVERSEL
Il ne reste plus au président sortant que le recours à la tactique ultime du chaos électoral, pour échapper au verdict des urnes : par la violence généralisée durant la campagne, ou la fraude massive le jour du scrutin ou une combinaison des deux
En entretenant l’année dernière un faux suspense durable autour de sa troisième candidature illégale, le président sortant a, de fait, suspendu la Constitution en vigueur. Ce que personne n’a le droit de faire, fût-ce le président de la République !
De même cette année, en interrompant unilatéralement, par un décret scélérat, le processus électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne présidentielle, il a délibérément violé la loi fondamentale et le Code électoral. Ce qui relève de la haute trahison pour un soi-disant « gardien de la Constitution » …
Courtoisement mais fermement rappelé à l’ordre par le Conseil constitutionnel, il refuse obstinément de se conformer aux décisions exécutoires du « juge des élections », en convoquant par diversion un faux « dialogue national », fort heureusement boycotté par la quasi-totalité des candidats en lice.
Loin de s’avouer vaincu, le voilà à présent qui sort de son chapeau, tel un prestidigitateur machiavélique, un projet de « loi d’amnistie » taillé sur mesure, mais sous le couvert d’un vœu de « réconciliation nationale ». En réalité, une loi de circonstance, votée en procédure d’urgence par sa chambre d’enregistrement, dont l’objet principal sinon exclusif est d’effacer « légalement » les innombrables crimes politiques, sanglants ou non, liés à sa volonté forcenée, mais vaine, de se maintenir au pouvoir par la violence d’Etat et/ou la tromperie.
Et par conséquent, irrecevable dans son principe comme dans ses modalités. Au même titre d’ailleurs qu’une autre loi scélérate, adoptée en catimini cette fois et qui supprime l’obligation de la déclaration de patrimoine pour le chef de l’Etat et le(a) patron(ne) de l’OFNAC, dont les pouvoirs de police judiciaire ont été opportunément étendus…
Aujourd’hui cependant, consulté pour « avis » sur les conclusions du prétendu « dialogue », la décision courageuse du Conseil constitutionnel de s’en tenir au strict respect de la norme légale aura eu pour effet immédiat de mettre fin au jeu dilatoire du président sortant. Un jeu funeste auquel se prête complaisamment le bloc factice du Parti-Etat reconstitué avec les débris de l’UPS-PS-PDS-APR-BBY, etc., qui a fini de détruire ce pays en un demi-siècle.
Ainsi mis au pied du mur, il ne reste plus au président sortant, qui refuse de sortir, que le recours à la tactique ultime du chaos électoral provoqué, pour échapper au verdict des urnes : par la violence généralisée durant la campagne, ou la fraude massive le jour du scrutin, ou bien une combinaison des deux !
Or, l’on sait que des milices de nervis stipendiés et parfois dotées d’armes de guerre sont toujours en liberté à travers le pays, prêtes à semer un chaos artificiel susceptible de fausser, sinon de saboter le processus électoral, voire de servir de prétexte à la proclamation de l’état de siège ou de la loi martiale, équivalant à un coup d’Etat militaire de facto ou de jure…
Quoi qu’il en soit, la peur et l’insécurité sont incompatibles avec la libre expression d’un suffrage universel authentique.
Aussi, est-il d’une importance vitale pour le camp de l’alternative véritable de marcher sereinement vers une élection présidentielle calme, paisible et sereine, en s’abstenant de céder à la provocation de troubles par les agents du parti-État. Ce dernier joue sa survie de minorité privilégiée usurpatrice du pouvoir, tandis que notre « Coalition Jomaay Président » est une force tranquille, porteuse d’un projet alternatif de refondation de l’Etat et de la société. C’est pourquoi elle jouit de la confiance de l’immense majorité de nos concitoyens et, au-delà, de l’attention soutenue de l’ensemble des patriotes et démocrates africains du continent et de la diaspora. Pour ne pas trahir pareille espérance, il nous faut nécessairement préserver la paix civile et la sécurité citoyenne, en faisant tous preuve de la maturité politique et de la discipline individuelle et collective indispensables pour sortir proprement le président sortant, par le suffrage universel libre, paisible, régulier et sincère, au premier tour et sans coup férir.
Dialo Diop est membre de la Coalition Jomaay Président.
L’OPERATION DE CHARME DES CANDIDATS
Cherté de la vie, lutte contre le chômage, réconciliation, rupture…Pour leur premier temps d’antenne à la télévision nationale, les candidats ont fait des déclarations
Pour leur premier temps d’antenne à la télévision nationale, les candidats ont fait des déclarations. Des passages pour donner un avant-goût de leur programme. Le candidat Idrissa Seck, qui a ouvert le bal, a annoncé une stratégie pour s’attaquer à la cherté de la vie, au chômage des jeunes, aux problèmes de sécurité au niveau des frontières.
Le candidat d’«Idy2024» a mis en avant, lors de sa déclaration, son expérience et son parcours. Idrissa Seck a profité de l’occasion pour lancer un appel à la paix à tous les leaders, «parce que le travail qui nous attend est colossal»
Le candidat de la majorité, Bby, Amadou Ba, qui se dit confiant, a, quant à lui, promis de faire de la jeunesse sa priorité, «pour lui donner des raisons d’espérer». M. Ba promet également d’augmenter les financements pour les femmes, des logements décents, des soins de santé de qualité, d’améliorer le pouvoir d’achat, de travailler pour instaurer un climat de paix et de concorde.
Le candidat Thierno Alassane Sall, lui, veut régler le problème des institutions, rendre la Justice indépendante, faire du Sénégal la vitrine démocratique de l’Afrique de l’Ouest.Il promet aussi de s’attaquer à la corruption, de faire du Sénégal un pays autosuffisant dans le domaine agricole, un pays industrialisé.
Le leader de la Coalition «Malick Gackou 2024» a fait de la réduction du coût de la vie son cheval de bataille. Pour la première séquence de son temps d’antenne, M. Gackou s’est présenté comme un homme très au fait de la situation des différentes couches de la société à qui il a toujours apporté son soutien.
Daouda Ndiaye, également candidat à cette Présidentielle, a annoncé un programme axé sur 19 propositions, qui seront déclinées durant cette campagne pour le développement du Sénégal.
Le candidat Mamadou Lamine Diallo, lui, veut mettre fin au désespoir des jeunes Sénégalais avec «un agenda de redressement national, qui ouvre les portes de la grandeur du Sénégal». Il s’agira, d’après lui, de «faire du Sénégal l’une des grandes économies du monde». M. Diallo soutient qu’il va apporter des solutions aux problèmes liés à l’éducation, à la santé, au sport
El Hadj Mamadou Diao annonce des réformes qui vont permettre d’améliorer les soins de santé. Le candidat qui veut construire «un Sénégal fort et prospère» mise sur une nouvelle manière de penser et d’agir basée sur la confiance, la transparence, une vision politique moderne.
La seule candidate à cette Présidentielle, Anta Babacar Ngom, opte pour «un nouveau visage pour le Sénégal». Elle veut amener à la retraite les politiciens professionnels et se battre contre la corruption afin de mettre le Sénégal sur le chemin du travail avec des usines, des industries transformatrices.
L’opérateur économique Serigne Mboup, candidat aussi à cette élection, appelle au changement pour rompre avec nos dirigeants qui, selon lui, se sont comportés jusqu’ici comme des rois. Le candidat se fait le devoir de servir et développer son pays.
L’ancien ministre Aly Ngouille Ndiaye veut rendre le Sénégal prospère en mettant les moyens nécessaires dans l’agriculture, l’élevage, développer l’industrie qui va permettre de garantir de l’emploi aux jeunes.
C’est aussi le vœu de Déthié Fall. Le candidat promet d’apporter des solutions aux préoccupations économiques et sociales, au chômage, à la santé, l’éducation
Le candidat du Pur, Aliou Mamadou Dia, souhaite lui réconcilier les Sénégalais à travers un pacte social fort pour le développement du pays. Pour cela, il promet un accès aux services sociaux de base. «C’est notre ambition politique basée sur la vérité, la transparence, la confiance, le retour aux valeurs qui ont fondé notre société, notre République», a-t-il dit.
A l’image des autres candidats, Papa Djibril Fall fait de l’éducation, de la sécurité, de la santé et du chômage des jeunes, ses priorités. M. Fall promet aussi une gestion transparente des ressources et de changer la vie des Sénégalais.
Le candidat Khalifa Ababacar Sall s’est présenté en homme de paix qui veut réconcilier la Nation, faire les réformes nécessaires, les ruptures et travailler pour le développement du Sénégal.
L’ancien Pm Mahammed Boun Abdallah Dionne veut, lui, être «le Président de la réconciliation, de l’unité et de la souveraineté économique appliquée». Concernant les institutions, le candidat s’est engagé à appliquer les conclusions de la Cnri et aussi de faire un mandat unique.
Pour le candidat Boubacar Camara, il est temps d’avoir des gouvernants compétents et vertueux. «Notre pays est mal gouverné. L’endettement est excessif, la corruption gangrène notre pays, l’image du Sénégal est écornée. Mais l’espoir est permis. Sans tâtonnement, je ferai en sorte que les Sénégalais aient l’esprit apaisé», a-t-il déclaré.
Habib Sy, qui a décidé de mener la campagne pour Bassirou Diomaye Faye, soutient qu’il connaît le système et ce qui est à détruire pour construire le projet du parti Pastef.
Quant à Cheikh Tidiane Dièye, il veut mettre fin à l’injustice, à la corruption, et donner les moyens aux jeunes pour le développement du Sénégal. Le tout, souligne-t-il, basé sur un projet axé sur le patriotisme, la souveraineté et la refondation.