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23 novembre 2024
Opinions
Par Mohamed GUEYE
UN DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE
Le pays veut mobiliser plus de 12 800 milliards de FCFA de fonds publics et 5 675 milliards en PPP. Face à l'ampleur du défi et aux turbulences actuelles, l'horizon temporel de cette transformation reste la grande inconnue
Le gouvernement du Sénégal voudrait revoir son programme avec le Fonds monétaire international. Les médias prêtent au ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, d’avoir annoncé, en marge des Réunions annuelles conjointes Fmi-Banque mondiale, à Washington, que le pays souhaitait réviser l’accord actuel qui le lie à l’institution financière. Depuis les péripéties nées de la déclaration d’un audit des Finances publiques, qui aurait dévoilé des chiffres «falsifiés» et maquillés, dans le but de faire croire à une situation beaucoup plus reluisante qu’elle n’était, la situation des Finances publiques, déjà difficilement gérable à l’arrivée du duo Sonko-Diomaye au pouvoir, est devenue très fortement perturbée, à dire le moins.
Selon les médias, un nouveau programme avec le Fmi devrait intervenir en 2025, et celui actuellement poursuivi, qui implique le décaissement d’1,8 milliard de dollars, serait tout bonnement abandonné. Il faut dire que le Fonds monétaire international, si prompt à communiquer sur d’éventuels développements avec ses pays partenaires, est resté étonnamment muet sur la question. Ni sur le site ni dans ses communiqués concernant le Sénégal, il n’a été fait mention d’une volonté du Sénégal de remettre en cause les fameux accords. La seule chose évidente depuis le mois de septembre, est que la notation du Sénégal a été dégradée par les agences de notation, à savoir Moody’s qui a été la première, suite à l’annonce de fraude sur les chiffres par le Premier ministre Sonko. Standard & Poor’s a suivi, ce qui n’incite vraiment pas à l’optimisme.
Il s’en est suivi que le gouvernement ne donnait plus de signal clair à ses partenaires, au point que la dernière mission du Fonds a fait état d’une certaine dégradation des agrégats : «Le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, avec des signes de tensions accrues dans l’exécution du budget. Le manque à gagner en termes de recettes, identifié lors de la dernière visite des services, a été confirmé à fin septembre. Parallèlement, les dépenses sont restées élevées, principalement en raison d’une augmentation substantielle des dépenses d’investissement, comme le suggèrent les conclusions préliminaires du rapport de l’Igf». Ce fameux rapport de l’Igf n’a toujours pas encore été rendu public, bien qu’il soit la première preuve de l’accusation de l’ancien régime. Le Fonds monétaire a néanmoins ajouté dans son rapport : «Le déficit budgétaire devrait s’aggraver cette année, dépassant l’estimation précédente de 7,5 % du Pib.» Sur ce point, les accusations des nouveaux dirigeants font état d’un déficit budgétaire qui dépassera les 10% du Pib, le double des 5,5% annoncés par l’ancien ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba. Entretemps, est intervenue la dissolution de l’Assemblée nationale, empêchant le vote d’une Loi des finances rectificative, qui aurait pu permettre au gouvernement d’utiliser les près de 338 milliards que le Fonds devait débloquer, sans compter les près de 450 milliards de Cfa de son dernier eurobond, levé à plus de 7%.
Le ministre des Finances n’a jamais pu expliquer à ses partenaires les conditions de levée de cet eurobond, qui ne s’est pas fait dans la transparence. En conséquence, le Fonds monétaire a été obligé d’arrêter ses décaissements, plongeant encore plus l’économie dans le marasme. Aujourd’hui, le ministre nous informe de la volonté de son gouvernement de mettre fin à son programme avec le Fmi, sans nous annoncer à quoi nous attendre. Depuis quasiment l’arrivée de Abdoulaye Wade au pouvoir, le Sénégal s’est toujours arrangé pour reconduire ses accords avec le Fonds monétaire. Et cela n’a pas toujours été pour l’argent, parce qu’à un moment, le programme avec le Fonds était sans décaissement.
La question est que, tant qu’il reste une économie ouverte, le Sénégal a besoin de gagner la confiance de ses partenaires. Cette confiance est garantie par le contrôle du Fmi, pour un pays en développement. Mais pas que. Des pays aussi développés que la France, les Etats-Unis d’Amérique ou l’Inde, font aussi recours à l’expertise des services du Fonds. Cela leur permet de se bien faire voir des agences de notation, comme des emprunteurs. Aujourd’hui, si l’on se réfère à la Snd, le gouvernement semble se tourner, petit à petit, sur un repli sur soi sur le plan économique. Ce qui semble cohérent avec son actuel référentiel des politiques publiques : «Pour consacrer la Vision d’un «Sénégal souverain, juste et prospère», le pays s’efforcera, sur la période 2025-2029, à relever les défis relatifs à (i) la construction d’un modèle économique endogène, à partir des pôles territoriaux de développement.»
Le document ajoute un peu plus loin que «Le coût global du Pap 2025-2029 est estimé à 18 496,83 milliards de francs F Cfa. Il est composé de financement public «pur», entièrement pris en charge par l’Etat pour 12 821,4 milliards de F Cfa, et d’un apport du secteur privé dans le cadre des Partenariats Public-Privé (Ppp) pour un montant de 5675,38 milliards de F Cfa. Dès lors, la Snd instaure une innovation car il n’y a plus de financement à rechercher pour la prise en charge du développement». C’est dire que le pays est prêt à couper toutes les relations avec le Fonds monétaire. Il dit compter sur ses ressources extractives ainsi que sur son capital humain pour lever toutes les ressources financières dont il a besoin. On peut se demander combien de temps il lui faudra pour réaliser son ambition.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PASTEF : LA SIGNIFICATION DE L’ÉVÉNEMENT DU 19 OCTOBRE 2024
EXCLUSIF SENEPLUS - La levée de fonds du Dakar Arena redéfinit le rapport entre un parti et sa base. Une leçon de transparence qui tranche avec la "patrimonialisation" habituelle des partis politiques sénégalais par leurs fondateurs
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 28/10/2024
La salle omnisports du Dakar Arena de Diamniadio a été prise d’assaut par les militants de Pastef samedi 19 octobre 2024. Ils répondaient à l’appel du président Ousmane Sonko pour une levée de fonds en vue du financement de la campagne législative de Pastef.
Les militants « patriotes » sont venus de tous les coins du pays, certains ont quitté leurs localités à l’aube pour s’assurer d’avoir une place pourtant payée à 1000F CFA et de participer ainsi à l’événement.
L’opération de levée de fonds dénommée "Waajal campagne" a permisde collecter dès ce premier jour la somme de 500 millions Fcfa grâce à la vente des billets d’entrée au Dakar Aréna, à la cotisation des cadres du parti et aux contributions en ligne, provenant surtout de la diaspora.
Selon le président du Pastef, au vu de l’enthousiasme des militants, le fonds pourrait atteindre le milliard FCFA dans quelques jours.
Bis bunu nee nepp sol kopati bu week nu def ko, lu nu yooyu jot ko
« Le jour où tout le monde comme un seul homme portera un bonnet blanc pour obéir au même mot d’ordre alors nous pourrons atteindre tout objectif que nous nous serons fixés ».
Cheikh Anta Diop avait fait de cette sentence, qu’il répétait par souci didactique, la mesure du niveau de préparation du peuple sénégalais à l’accomplissement de la révolution nationale démocratique.
A l’aune de cette sentence du Pharaon du Savoir, on peut dire au vu de l’événement du 19 octobre, que les militants de Pastef, si ce n’est le peuple sénégalais dans son ensemble, sont bien « prêts pour la révolution », comme disait l’autre.
Il faut considérer que l’appel du président Sonko n’avait été lancé que quatre jours avant l’événement. Il faut avoir vu l’enthousiasme avec lequel les militants ont formé de longues files devant les guichets, dès 15 heures et comment nombre d’entre eux ont tenu à s’acquitter de 2 à 5 fois le montant requis à l’entrée.
Il faut avoir vu la joie qui irradiait les visages de ces milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont rempli l’enceinte, chantant et dansant pendant toute la cérémonie. Tout ceci dans la discipline la plus parfaite.
Cette mobilisation des militants montre combien ils sont impliqués individuellement pour défendre l’idéal de Pastef auquel ils croient pour leur pays : un Sénégal souverain, démocratique et prospère.
Une nouveauté dans le paysage politique sénégalais : un parti financé par les militants
Cet événement constitue aussi une rupture.
Tout le monde sait que les partis politiques sénégalais, sont financés généralement par des opérateurs politiques quelque peu fortunés soutenus par des puissances occultes tant que le parti est dans l’opposition puis par l’argent public quand il arrive au pouvoir par l’intermédiaire de “militants” placés dans les démembrements de l’Etat les plus « liquides ».
La “patrimonialisation” des partis politiques par leurs fondateurs n’est pas spécifique au PDS, elle s’observe dans tous les partis jusqu’à l’Alliance pour la République (APR) dont on peut se demander à qui appartient vraiment le siège sur la VDN et les centaines des fameux pick up L200.
C’est cette patrimonialisation des partis qui explique que les leaders sont quasiment irremplaçables à la tête de leurs partis qui de ce fait n’ont rien de démocratiques.
Le Pastef Les Patriotes propose une alternative : c’est ce qui a été démontré travers l'événement du Dakar Arena de Diamniadio samedi 19 octobre 2024 : le financement volontaire par les militants à tous les niveaux du parti, de l’intérieur du pays comme de la diaspora.
"Ce que nous avons réalisé aujourd'hui, c’est du patriotisme. Nous n'avons pas utilisé les moyens de l'État pour financer notre campagne, car nous avons la capacité de nous financer nous-mêmes. Ce modèle de financement innovant est ce qu'on appelle un « patriot bond »", indiquera Ousmane Sonko.
« Pas un seul centime ne sera prélevé dans les caisses de l'Etat pour financer notre campagne », ajoutera -t-il.
Ayib Daffé, le Secrétaire Général ajoutera "nous avons jugé nécessaire de rééditer cette tradition pour éviter le syndrome qui frappe de nombreux partis politiques au pouvoir en Afrique : la corruption et le détournement des deniers publics ".
Un démenti cinglant à l’ancien régime et à ses médias
On se souvient que c’est en décembre 2021 déjà, que ce mode de financement par les militants avait été initié. Il s’agissait alors de « chercher les moyens logistiques et humains pour faire les tournées politiques initiées dans le cadre de l’activité dénommée ‘’Nemmeeku tour’’ ».
Une « Journée internationale de levée de fonds de Pastef Les patriotes » avait été organisée le samedi 2 janvier à travers la chaîne YouTube Jotna Tv et avait permis la levée de 125 millions FCFA en cette seule journée.
Ceci avait provoqué la panique du régime de Macky Sall. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome avait cru devoir menacer le Pastef, prétextant que « tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution », conformément à la loi.
Malgré la proposition d’Ousmane Sonko de transmettre les comptes financiers de Pastef aux services du ministre de l’Intérieur et de dévoiler les noms des gens qui ont donné leur participation lors de la campagne « Néméku tour », la campagne pour l’interdiction de Pastef a continué.
C’est ainsi que le journaliste Madiambal Diagne se fendra d’un long éditorial au titre explicite : « Soutenir Antoine Diome pour l’ordre et la loi »! Il s’agissait d’encourager le ministre de l’Intérieur à …interdire le Pastef.
Et Maître El Hadj Diouf de pousser à la roue prétendant que la levée des fonds n’était qu’une façade pour recycler l’argent sale du Pastef.
Pour un fonctionnement et un financement transparent des partis politiques
Le Pastef a démontré par la levée de fonds du 19 octobre après celle de 2021 pour le Nemeko Tour, qu’il était possible à tout parti politique si tant est qu’il bénéficie d’une base populaire, de financer ses propres activités, en tout indépendance.
Ce qui ne veut pas dire, qu’il ne doit pas y avoir de financement public.
Il reste à présent au gouvernement du premier ministre Sonko de mettre en oeuvre la Loi N°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi N°89-36 du 12 octobre 1989 ainsi que les dispositions des articles 812 à 814 du Code des Obligations Civiles et Commerciales et notamment la disposition relative au dépôt “chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé.
Il s’agit à présent d’appliquer le loi pour qu’aucun parti politique ne soit plus une propriété privée et ne soit financé par des lobbies étrangers.
C’est une mesure de sauvegarde de la démocratie.
par Jean Pierre Corréa
FATTE XAJU FI : LES SOUVENIRS POUR CONJURER L’OUBLI
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment nos présidents perdent-ils leur ancrage populaire ? Le nouveau film de Ramaka, guidé par Mamadou Ndoye, analyse ce syndrome du pouvoir sénégalais. Pourquoi nos dirigeants finissent-ils par croire que le pays leur appartient ?
« Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres » - Alexis de Tocqueville
Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau. C’est à l’intention de cette nouvelle génération qu’un film sur la grande histoire de la démocratie sénégalaise a été réalisé par Joseph Ramaka GaÏ intitulé « FATTE XAJU FI », autrement dit, il est hors de question d’oublier, « Se souvenir pour ne point oublier ».
Avec comme fil rouge, à l’instar d’un sage conteur, le docteur Mamadou Ndoye, référence de notre histoire démocratique à la colonne vertébrale pas sujette à torsions, nous narre les combats et les hommes qui les ont menés durant…un siècle. Et nous dépeint les syndromes qui les ont souvent conduits au…reniement.
L’hubris de nos gouvernants fait du Sénégal un pays qui est un énorme et perpétuel malentendu
Ce film, que les Sénégalais, notamment les jeunes, vont découvrir sur nos télés et nos réseaux, expose à travers l’élégant et docte récit de Mamadou Ndoye, ce qui sous-tend l’exception sénégalaise en Afrique, à savoir notre perpétuelle capacité à refuser l’injustice et à toujours se dresser contre l’arbitraire. Nous avons toujours connu des rebelles et avons toujours su créer des espaces d’expressions multiples pour accueillir les agitations d’idées de nos forces vives, rompues aux affrontements élégants, à mille lieux de nos « réseaux de cas sociaux » d’aujourd’hui.
Comment de Senghor à Diouf, de Wade à Sall, les combats des Sénégalais ont abouti à des ruptures victorieuses avant d’être noyées dans l’hubris des vainqueurs aveuglés au point d’avoir cru que les victoires étaient les leurs, et pas celles des peuples en lutte contre des injustices. Aucun n’a vu le lien avec les Sénégalais se rompre. Pour Abdou Diouf, Mamadou Ndoye situe la césure en 1988, celle du régime d’Abdoulaye Wade en 2007, et celle de Macky Sall en 2017, et chacun d’entre eux a renforcé l’appareil pour pallier la perte de sa base sociale. Wade a pensé que c’est lui qu’on avait élu et pas les alliés qui étaient allés le sortir de sa torpeur politique à Paris. Il lui en a cuit. Macky a détruit son opposition en la coalisant dans un BBY sans âme qui a laissé le terrain à une nouvelle génération d’opposants, auxquels il n’aura su s’opposer selon Mamadou Ndoye qu’à travers une répression inédite au Sénégal, n’ayant tiré aucune leçon du recul de Wade face à une pression populaire inédite aussi, autour d’une jeunesse active et consciente, qui a refusé de céder.
Le film retrace le moment essentiel de notre histoire que constituent « Les Assises nationales », produit de réflexions de haute volée de tous les segments productifs et actifs de notre Nation. Sans suite. Le film interroge aussi l’actualité et questionne : Pourquoi nos leaders qui arrivent au pouvoir pensent que le Sénégal leur appartient ? Comment Macky Sall a judiciarisé le débat politique avant de passer outre la colère et la mobilisation des citoyens face aux outrances de sa politique, pourquoi aucune enquête n’a été menée pour résoudre les énigmes des 80 morts, et des prétendus complots terroristes, gommant à la hussarde, 60 années de progrès démocratiques.
Comment organiser le vivre-ensemble ?
L’urgence selon notre sage conteur Mamadou Ndoye qui nous exhorte à ne rien oublier, est la récupération des préoccupations des Assises nationales, et d’une nouvelle charte démocratique, proposée par le Pacte, qui prône un état de droit, une démocratie citoyenne, une gouvernance sacralisant nos biens et richesses, une citoyenneté active et consciente, où droits, responsabilités et devoirs se répondent dans un écho réjouissant et galvanisant.
Enfin ce film nous navre d’avoir à constater que nos présidents préfèreront toujours se vautrer dans des « petites histoires » que d’avoir à écrire « La Grande Histoire du Sénégal. »
Pour que le souvenir empêche d’oublier, le sage conteur termine ce film ainsi :
« 22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
Notre dernier combat est un combat de longue haleine ...
Nous devons tous être debout.
Nous devons agir pour avoir "une citoyenneté active et consciente" dans notre pays.
Tout ce que nous défendons ...doit être défendu par chaque citoyen, où qu'il puisse se trouver.
Tu dois savoir que c'est ton droit !
Tu dois le prendre radicalement !
Tu sais que c'est ta responsabilité et ton devoir ...
Tu dois l'assumer totalement !
Si chaque citoyen a cette "conscience", et agit tous les jours ... nous n'aurons plus un Pouvoir qui osera faire ce qu'il ne doit pas faire.
Parce que les citoyens ne l'accepteront pas.
Personne ne l'acceptera !
Non ! Comme le dit mon frère-grand …
Fàtte xaju fi…
Épilogue
Notre poète national Amadou Lamine Sall dans un texte poignant qui va de pair avec cette sagesse que nous espérons de nos élites dirigeantes, écrit : « La politique, après ses privilèges toujours éphémères, a la même finitude, subit la même chimie que celle qu’impose la mort, le même triste sort. On part toujours. Le pouvoir politique vous quitte toujours. Il a vocation de tourner le dos, un jour, à ceux qui avaient cru le conquérir pour toujours. On ne le dompte pas. C’est lui qui vous dompte ! C’est lui qui vous dévalue ! Ceux qui ne s’y préparent pas sont comme le berger qui sait laquelle de ses vaches boite et qui fait semblant de ne pas la voir, jusqu’à ce qui doit arriver, arrive. » Comme on dit « à bon entendeur Salut !!! »
Par Hamidou ANNE
MEÏSSA FALL, NDAR NDAR
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil
J’aime beaucoup Meïssa Fall, artiste singulier à Saint-Louis, qui recycle des pièces de vélos en œuvres d’art. En 2022, une exposition à la galerie Le Manège rappelait les influences de Picasso dans son œuvre. Un tour à son atelier est un passage obligé à chaque fois que je séjourne dans la belle ville de Saint-Louis dont le blues m’inspire et m’apaise. J’aime y admirer ses œuvres magnifiques dans ce beau repaire semblable aux cabinets de curiosités apparus notamment durant le siècle de la Renaissance.
La dernière fois que j’ai vu Meïssa Fall, maître des lieux, c’était pour lui témoigner ma solidarité après la disparition de son épouse. Je suis arrivé le soir, il avait sa théière posée sur un petit fourneau dont les braises sommeillaient et renseignaient à suffisance sur le temps qu’avait duré cette séance de rituel du thé qui orne nos conversations. Le temps était doux en ce début de soirée d’un week-end d’été ; quelques légers vents secouaient l’atmosphère et transportaient les secrets des résidences attenantes à nos oreilles.
Le soleil avait déjà pris congé des berges du fleuve et la lune pleine caressait le temps, le rendant propice aux douceurs de la ville tricentenaire. Je suis arrivé comme toujours sur la pointe des pieds dans cette antre du rêve et de l’évasion. On rentre dans le studio ou l’atelier d’un artiste avec gravité et prudence pour rester fidèle aux égards que l’on doit aux arts, surtout dans un pays qui a vibré au rythme de la créativité dans un passé flamboyant.
Meïssa était au fond de son atelier, comme toujours, au milieu des vestiges des vélos qui égaient les gamins de l’île. Il s’est levé avec la gentillesse habituelle, les yeux qui pétillent et le regard si profond qu’il pénètre les multiples sensibilités de l’âme humaine. Sa voix douce me touche tellement… S’en est suivie une étreinte longue et puissante, comme celles qui disent davantage que les mots et rappellent la préciosité de la relation, ainsi que la profondeur du lien. Les mots de compassion, les échanges de civilités diverses et tendres ornent ces moments. Chez nous, on dit à la personne éplorée de relever la tête, de savoir que l’on partage sa peine, qu’elle est nôtre… Il s’agit des symboles pudiques d’une commune humanité. A la fin de la conversation, nous avons échangé quelques brefs mots sur la volonté de la «dame» de reprendre ce qu’elle considérait être son dû… La niche fabuleuse de Meïssa risquait de disparaître, au profit d’un énième projet immobilier sur l’île merveilleuse. L’art devait à nouveau céder à «l’utile»…
Des mois plus tard, je reviens sur les lieux du crime capitaliste. Cette fois au milieu de l’après-midi, dans une chaleur suffocante qui embrase SaintLouis. Les enfants ne jouaient plus au football dans la rue. Elle était déserte et calme. Quelques passants qui ne s’arrêtaient guère, mais jetaient un regard sur le chantier avant de filer. L’atelier de Meïssa, lieu onirique dont j’ai toujours dit qu’il avait un souffle pasolinien, avait disparu de l’île. Les maçons s’affairaient, gilets jaunes sur le dos, pour composer le requiem de la vie et inscrire de nouvelles lettres au fronton ; ces lettres du béton armé qui désenchantent et défigurent, et effacent. Les marteaux croisent les truelles, l’odeur du ciment agressait l’air. Qu’allaient-ils sortir de terre sur les ruines de tant de souvenirs et de créations ? Les figures qui accouchaient de l’inspiration fondamentale de Meïssa avant de se disséminer partout dans le monde cédaient la place aux ingénieurs du chaos.
C’était attendu, mais j’espérais encore une résistance des arts face à la fatalité du monstre de béton et de fer dont la furie déshumanisait et réduisait les rêves des artistes au silence.
L’atelier de Meïssa est mort. Des années de fertilité et de multiples fantaisies aboutissent au silence brutal devant l’indifférence de tout le monde. Où sont les citoyens de la République des arts ?
Mais la vie est plus intelligente que nous, me disait-on. Ces mots, désormais appartiennent aux reliques d’un temps suspendu, mais dont l’évocation rappelle que le miracle est une possibilité de la vie. Le miracle est même souvent à la lisière des désastres. Quand tout s’est effondré, quand l’espoir s’est anéanti, un surgissement demeure possible. Les personnages de Meïssa Fall reprennent souffle… en face de l’ancien lieu outragé, martyrisé et finalement effacé. Comme pour narguer l’ancienne demeure, une nouvelle émerge sur les décombres d’un monde révolu. Les lieux meurent. Les hommes meurent, mais «la vie l’emportera, l’amour, la créativité, la réforme politique l’emporteront»
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil.
Par Magaye GAYE
ET SI UNE PARTIE DE LA SOLUTION PASSAIT PAR UNE SUR-TAXATION DES GRANDES ENTREPRISES INSTALLEES LOCALEMENT ?
Les niveaux mirobolants de chiffres d’affaires et de rentabilité annoncés par les grandes entreprises installées au Sénégal ne cessent de m’étonner, surtout au regard des énormes besoins sociaux et de lutte contre la pauvreté.
Le Sénégal fait face à une situation d’endettement critique, un problème qui touche de nombreux pays tant au niveau africain que mondial. Dans ce contexte, il est essentiel de réfléchir à des solutions économiques et sociales justes, capables de rétablir les équilibres macroéconomiques dans le cadre d’un sursaut national de solidarité.
Les niveaux mirobolants de chiffres d’affaires et de rentabilité annoncés par les grandes entreprises installées au Sénégal ne cessent de m’étonner, surtout au regard des énormes besoins sociaux et de lutte contre la pauvreté.
La question est de savoir s’il est admissible, voire tolérable, dans un contexte mondial et national de pauvreté absolue, d’assister à de telles super performances brandies avec ostentation.
Je demeure convaincu que ces gros profits annoncés révèlent des dysfonctionnements dans la manière dont l’économie nationale, sous-régionale et mondiale est dirigée par le capitalisme.
Contrairement à de nombreux économistes du 19ème siècle, nous considérons que l’économie fonctionne comme un système de vases communicants et un jeu à somme nulle.
Si de grosses entreprises, qu’elles soient installées au Sénégal ou ailleurs, parviennent à réaliser de tels super profits, c’est sans doute en raison d’imperfections observées dans le système. Parmi les explications probables, on peut supposer qu’elles ne rémunèrent pas suffisamment les facteurs de production situés en amont (achats de marchandises ou de matières, consommations intermédiaires, salaires, impôts et taxes). Cette anomalie peut également dissimuler des stratégies de facturation inadéquates concernant les prestations fournies aux consommateurs (par exemple, les conditions de crédit appliquées à la clientèle ou les marges réalisées sur le litre de carburant et sur les prix de vente facturés aux officines de pharmacie).
Dans la mesure où ces entreprises utilisent l’infrastructure locale de soutien à l’activité économique, construite grâce aux efforts de la collectivité nationale, il me semble normal qu’en période de difficultés économiques, elles contribuent au sursaut national.
Propositions
Dans le cadre de cette nouvelle dynamique de nos finances publiques axée sur une souveraineté budgétaire affirmée, il est crucial de lever des ressources supplémentaires auprès des grandes entreprises. Voici nos propositions :
1. Instituer un impôt de solidarité et de soutien aux Pme et au secteur informel.
2. Entreprises ciblées : Les grands groupes installés au Sénégal, évoluant dans des secteurs de rente tels que la banque, les télécommunications, l’industrie pharmaceutique, la minoterie, la cimenterie, l’assurance. Les entreprises détentrices de concessions au port et dans les aéroports, les mines et hydrocarbures, ainsi que les sociétés gestionnaires d’autoroutes, de dépôts d’hydrocarbures ; les entreprises actives dans la logistique, le tabac, les jeux, etc.
3. Taux : - Taxe supplémentaire d’1% sur le chiffre d’affaires. - Relèvement temporaire de l’impôt sur les bénéfices à 35, voire 40%, contre 30% actuellement.
4. Durée limitée de cette contribution exceptionnelle à 2 ans.
5. Conditions : - Etudier la faisabilité de la proposition, notamment par rapport au principe d’égalité devant l’impôt.
- Engager des concertations responsables avec les entreprises concernées, qui sont parfaitement conscientes des défis à relever et de leur devoir citoyen.
A moyen terme, il sera nécessaire de mener des réflexions opportunes en vue d’introduire une discrimination fiscale. L’objectif est d’établir au moins trois taux d’imposition, à savoir pour les grandes entreprises, les petites et moyennes entreprises, et pour le secteur informel.
Cette discrimination est justifiée en ce sens que c’est la fonction financière de l’impôt qui le prévoit. Les impôts à caractère discriminatoire servent à corriger les externalités négatives tout en générant des ressources.
Cette piste a déjà été expérimentée ailleurs
En septembre 2022, le gouvernement russe avait décidé de mettre fiscalement à contribution les entreprises pétrolières et gazières, avec pour objectif de récupérer 628 milliards de roubles dès 2023. Votée en août 2023, une taxe supplémentaire de 10% sur les profits a ainsi été instaurée pour les entreprises réalisant plus de 10 millions de dollars de chiffre d’affaires en Russie, y compris les entreprises étrangères.
En France, la Commission des finances a approuvé, le vendredi 18 octobre dernier, un effort de 8 milliards d’euros demandé aux grandes entreprises en 2025, suivi de 4 milliards en 2026. Dans le détail, la contribution temporaire –d’une durée de deux ans- correspond à 20, 6% de l’impôt sur les sociétés dû pour 2024 pour les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre un milliard et moins de trois milliards d’euros. Pour celles dont le chiffre d’affaires atteint ou dépasse trois milliards d’euros, la contribution s’élève à 41, 2% de cet impôt.
Risques de délocalisation et de frein aux investissements directs étrangers limités
La mesure étant temporaire et s’inscrivant dans une logique de solidarité nationale, elle ne devrait pas avoir de conséquences négatives à court terme pour le Sénégal, en termes de réduction des flux d’investissement. Par ailleurs, le pays présente des atouts certains en termes de stabilité géopolitique, dans un contexte préoccupant d’insécurité sous-régionale.
Sans oublier sa nouvelle posture de producteur de gaz et de pétrole, ainsi que sa gouvernance basée sur la souveraineté et la transparence. Ces considérations étant posées, l’idéal aurait été que la problématique de la participation des grandes entreprises soit traitée au niveau sous-régional de l’Uemoa
Autres compléments d’économie
Les revenus perçus de ces contributions de solidarité devraient être complétés par d’importantes économies potentielles à tirer des chantiers suivants :
- Audit des subventions versées par l’Etat, notamment celles liées à l’importation, afin d’obtenir une meilleure justification de leur bien-fondé économique et d’améliorer la lisibilité des bénéficiaires.
- Audit de la Senelec dans laquelle il existe certainement de nombreuses poches d’économies à réaliser.
- Restructuration de la dette du Sénégal auprès des partenaires financiers, en collaboration avec les autres pays de l’Uemoa, dans le cadre d’un plaidoyer communautaire. Cette demande est devenue un impératif.
Par Bachir FOFANA
CE CINEMA QUI NOUS A VALU TANT DE MORTS
«L’os de Mor Lam» est une pièce de théâtre, un conte à la fois tragique et comique de Birago Diop.. Cette tragicomédie s’est encore jouée, en 2023, au Sénégal avec cette fois Ousmane Sonko en acteur principal
«L’os de Mor Lam» est une pièce de théâtre, un conte à la fois tragique et comique de Birago Diop. Cette pièce met en scène l’histoire de Mor Lam, un homme qui fut enterré vivant à cause de son avarice. Un jour, le village de Mor Lam, alors en manque de viande, reçoit un bœuf en entier. Les villageois l’égorgent et se partagent la viande. Mor Lam reçoit sa part : un os. Pendant que sa femme Awa était en train de le cuisiner, son ami, son plus que frère, son Mbokki mbaar, Moussa lui rendit visite. Envahi par l’odeur de l’os, Moussa décida alors de rester. Il comptait sur l’honneur et l’hospitalité pour se faire inviter. Ne voulant pas partager son os avec son ami Moussa, Mor Lam demanda à sa femme d’annoncer sa mort. Il croyait ainsi que Moussa allait partir, sauf que Moussa décida de rester aux funérailles de son ami. Faisant le mort, Mor Lam fut enterré vivant. Son fidèle ami Moussa épousa la veuve et dégusta l’os. Cette tragicomédie s’est encore jouée, en 2023, au Sénégal avec cette fois Ousmane Sonko en acteur principal, les leaders de l’opposition de l’époque, de la société civile et des médias jouant les seconds rôles, et le peuple sénégalais en figurant abusé et berné.
Tout commence pourtant en mars 2021 quand une jeune fille de 20 ans accuse le leader de Pastef de viol répété et de menaces de mort. Les faits se sont déroulés dans un lupanar (Sweet Beauty) qu’on a voulu présenter comme un lieu de soins thérapeutiques. Après les péripéties de l’instruction (audition où il refuse le test Adn, muet comme une carpe devant la plaignante lors de la confrontation), place au procès. La date retenue, en effet le Mor Lam des temps présents qui s’est entre-temps essayé à tous les langages que ne doit pas tenir un homme politique respectable (Gatsa-Gatsa, trainer le président de la République comme Samuel Doe, Thiooky fin, …) se rend à Ziguinchor pour prendre la population dont il est le premier magistrat comme bouclier humain, après avoir distillé la rumeur d’une arrestation imminente. Tout ça, pour se débiner lâchement et ne pas faire face aux accusations de la jeune fille dans un procès.
La fabrique du mensonge avait tourné à plein régime
Le verdict rendu, le Sénégal connait une vague de violence aussi destructrice que son arrestation en mars 2021. Après avoir été arrêté pour d’autres faits (terrorisme, atteinte contre la sureté de l’Etat, Association de malfaiteurs en lien avec des organisations terroristes,…), Mor Lam qui est incarcéré à la prison de Sébikhotane, entame une grève de la faim. Dans une de nos chroniques sur la chaine «CnmAfrica7» le 25 octobre 2023, nous nous montrions très sceptique sur les informations diffusées sur le malade imaginaire. Nous disions en substance, pointant la responsabilité des médias dans la grande manipulation de Pastef : «Une bonne partie de la presse a repris l’information sur la grève de la faim de Sonko sans prendre le plus élémentaires des précautions de vérification auprès de l’administration pénitentiaire ou de l’hôpital».
En effet, la fabrique du mensonge avait tourné à plein régime. Ses avocats, Ciré Clédor Ly en tête, ameutent l’opinion quand le ministre Ismaila Madior Fall avait informé que Sonko avait été «admis à l’hôpital suite à sa demande». L’avocat s’était même permis d’annoncer le pire : «La déshydratation a provoqué un début d’insuffisance rénale et d’hypoglycémie, du fait de sa diète prolongée»
Les organisations des droits humains et les rentiers de la tension s’y mettent. Alioune Tine, dans un tweet, alerte sur la gravité de la situation d’Ousmane Sonko. «Les informations qui me parviennent de proches de Sonko, de ses avocats et même de médecins sur l’état de santé de Ousmane Sonko sont très préoccupantes et pourraient si des décisions urgentes ne sont pas prises, mettre en danger sa vie. Il faut libérer Sonko et les détenus politiques pendant qu’il est encore temps», faisait-il savoir. Et son acolyte Seydi Gassama de renchérir : «Les nouvelles que nous recevons des avocats et proches des détenus politiques en grève de la faim prolongée sont inquiétantes. Après les nombreux morts par balles lors des manifestations, le pays pourrait connaître des décès de détenus suite à des grèves de la faim», avait-il posté sur son réseau social X (ex-Twitter).
Ceux qui avaient entretenu ce mensonge doivent aujourd’hui des excuses au peuple
Les alliés politiques entrent en jeu, avec d’abord une lettre ouverte demandant l’arrêt de la grève de la faim imaginaire. Non sans entamer une tournée auprès des autorités religieuses pour les sensibiliser sur le cas Sonko. L’on se rappelle leur visite auprès du guide spirituel de la communauté Mouride, qui avait même remis des dattes à Sonko en lui intimant l’ordre d’arrêter sa diète. De retour de l’hôpital, Aida Mbodj, en larmes (de crocodile ?), alerte : «Nous aimerions être éconduits aujourd’hui comme nous le fûmes mardi que de le voir dans cet état. Ousmane Sonko ne peut rien, ne reconnait personne. Nous n’avons même pas pu lui donner les dattes du Khalife général des Mourides. Nous interpellons tout le monde. Si on m’annonce son décès, je ne serais pas surprise». Habib Sy de renchérir Habib Sy : «J’aurais aimé ne pas le voir»
Les épouses de Sonko, sous la houlette de Pape Alé Niang qui agissait plus comme un manipulateur qu’un journaliste, ont également joué leur partition dans ce cinéma. Le Directeur général de la Rts, dans une de ses publications cette semaine sur sa page Facebook, rapportant les propos de Kaccor Bi Le Témoin, s’est pris un malin plaisir à se présenter en professeur de vertu en politique, après avoir été agrégé en manipulation et propagande. Il appelle à la restauration de l’ordre public après avoir été un des grands artisans du chaos de 2021 à 2024. Pour Sonko, il a relayé des mensonges sans gêne et sans scrupule, insulté publiquement nos guides religieux en ces termes : «Les autorités religieuses, censés guider et protéger les valeurs morales, sont complices d’une dérive Avers l’autoritarisme.» Pape Alé peut être amnésique, nous pas !!
L’association «Wa Sanar» qui regroupe les anciens de l’Université Gaston Berger, s’est même fendu d’un «appel pour la préservation de la vie de Ousmane Sonko». Il se trouve malheureusement que tout relevait d’une sordide mascarade ; l’acteur principal ayant passé aux aveux. Sans gêne, il avoue avoir tout orchestré dans le seul but de se soustraire à la justice.
Ce cinéma de Sonko est la cause de la mort de plus de 80 personnes (selon le décompte de Pastef), de la mutilation d’énormément de personnes, de la destruction de la Bibliothèque universitaire, de la Faculté de Droit, du Cesti, d’une centaine d’édifices publics, de la destruction de nombreux biens privés, de la mise en chômage de beaucoup de travailleurs, de la dégradation de l’image du Sénégal à l’international… Acteurs politiques, membres de la société civile, universitaires, journalistes, chroniqueurs qui avaient entretenu ce mensonge, doivent aujourd’hui des excuses au peuple Sénégalais. Abdoulaye Wade a toujours dit qu’il ne marcherait pas «sur des cadavres pour accéder au pouvoir». Ousmane Sonko pourrait-il le dire ?
PS: Des citoyens Sénégalais ont mis en place une plate-forme dénommée Devoirs, Démocratie et Liberté (2DL). Votre serviteur en fait partie, de même que le chroniqueur Ameth Ndoye. Ce dernier a été interpellé à la fin de la conférence de presse de présentation de la plate-forme. Il a été immédiatement placé en garde à vue. C’est le lieu de lui apporter tout notre soutien face ce qui semble être une tentative de museler l’opposition et les acteurs de la presse.
Par Fadel DIA
LE MONDE A VAU-L’EAU, OU QUAND LA RAISON DU PLUS FORT…
Il y a dans le monde un bout de terre d’une demi-douzaine de kilomètres de large sur 40 de long, sans armée, sans ouverture sur l’extérieur et qui, depuis plus d’un an, reçoit sans arrêt des bombardements, de nuit comme de jour.
Il y a dans le monde un bout de terre d’une demi-douzaine de kilomètres de large sur 40 de long, sans armée, sans ouverture sur l’extérieur et qui, depuis plus d’un an, reçoit sans arrêt des bombardements, de nuit comme de jour. Ces bombardements y ont tué 1000 personnes en moyenne chaque semaine, fait dix fois plus de blessés, dont certains, souvent des enfants, handicapés à vie.
C’est un territoire sans eau, sans électricité, où les écoles et les hôpitaux ont été détruits, où les populations sont volontairement réduites à la famine et maintenues prisonnières à ciel ouvert. Ce qui se passe à Gaza depuis un an, car c’est bien de Gaza qu’il s’agit, est tout simplement indigne de notre humanité, c’est le plus grand massacre de populations civiles par une armée étrangère que le monde ait connu en temps de paix depuis la dernière guerre mondiale…
Dans toute autre région du monde, les voisins d’un territoire qui aurait subi un tel martyr, ses « proches parents » comme on dirait chez nous, se seraient mobilisés pour le défendre, au prix de leur vie, mais dans le cas de Gaza, ils se bouchent les yeux et les oreilles, aucun pays arabe n’a remis en cause les accords signés avec son agresseur et comme s’il ne se passait rien à leurs portes, ils festoient, car beaucoup d’entre eux sont devenus les lieux de débauche et les terrains de jeu des pays qui soutiennent et arment les responsables de ce massacre. Pendant que les Gazaouis agonisent, leur voisin le plus puissant, l’Arabie Saoudite, organise des réjouissances hors normes, comme le Six Kings Slam, tournoi d’exhibition de tennis auquel sont conviés de vieux chevaux de retour et doté de primes vertigineuses, bien au-delà de celles du Grand Chelem, dans un pays qui ne compte aucun joueur de classe internationale (4 milliards CFA pour le vainqueur,1 milliard minimum pour chaque participant) ou un autre gala aussi dispendieux ,un combat de MMA, une discipline non reconnue aux JO, critiquée par sa violence et qui sert de fanion à beaucoup de suprémacistes blancs !
Il y a dans le monde, un homme qui est candidat à l’élection présidentielle de la nation la plus puissante, la plus riche, la plus développée dans tous les domaines, la plus influente, et cet homme est considéré dans le monde entier comme une brute inculte, un homme grossier, outrancier et vulgaire, qui ment à toutes les occasions, qui est poursuivi pour fraude fiscale et dans des affaires de mœurs, un misogyne à la rhétorique raciste, un fasciste anti humaniste et anti démocrate puisqu’il annonce déjà qu’il ne reconnaitra les résultats des élections que s’ils lui sont favorables. Cet homme représente une menace pour la paix dans le monde et la sauvegarde de notre environnement.
Si un homme de cet acabit se présentait à une élection présidentielle en Afrique, dans ce que lui-même considère comme des pays de m…, car l’essentiel de son vocabulaire est composé de mots de ce genre, il y aurait partout une levée de boucliers et les « Grandes Puissances » n’hésiteraient pas à s’immiscer dans les affaires internes de ce pays et à le menacer de sanctions et de boycott, au cas où il accorderait sa confiance à cet horrible monstre.
Pourtant si Donald Trump, car il s’agit de lui, est élu, et il peut l’être, il sera accueilli avec tous les honneurs dans les pays qui se sont érigés en gardien de la démocratie et de l’humanisme dans le monde. On déroulerait le tapis rouge sous ses pieds tout en sachant qu’il les souillerait de ses chaussures maculées de boues et d’insultes !
Il y a dans le monde des nations dont la prospérité a longtemps reposé sur l’exploitation des richesses et de la main-d’œuvre d’autres pays qu’elles avaient autrefois conquis et occupés et dont elles avaient quelquefois exterminé les populations pour s’installer sur leurs terres. Elles ont, à une époque plus récente, fait appel aux forces vives de ces mêmes pays pour assurer la défense de leurs frontières ou préserver leur liberté, ou encore pour exercer des emplois pénibles dont leurs populations ne voulaient plus. Aujourd’hui l’Europe, car il s’agit d’elle, construit des murs pour arrêter le flot d’immigrés qui fuient leurs pays pour échapper à la misère ou à la guerre et la lutte contre ce qui est, aux yeux de ses dirigeants, le seul fléau qui menace leur bien-être, le seul thème sur lequel ceux-ci s’accordent. Alors ils votent à tour de bras des lois anti immigration de plus en plus coercitives (plus de 30 en France sous la Ve République !), ils interdisent à leurs navires de prêter secours aux naufragés, ils condamnent des gens pour délit d’assistance humanitaire, ils sous traitent les immigrés comme s’il s’agissait de vulgaires marchandises ! Et comme il est difficile de se défaire de ses mauvaises habitudes, ils continuent à nous faire des leçons de morale !
Il y a dans le monde, un pays qui tire sur tout ce qui bouge, et même sur ce qui ne bouge pas puisqu’il tire sur les mosquées, les hôpitaux et les écoles, les abris de réfugiés, les usines et les ateliers et jusqu’aux dépôts d’archives. Dans les douze mois qui viennent de s’écouler il a bombardé quatre capitales étrangères, un peu comme si le Sénégal, après avoir mitraillé Banjul puis Bissau, bombardait Monrovia et Niamey. Il a fait ce que peu de pays ont osé faire : il a mitraillé les Casques Bleus de l’ONU. En tirant sur la Finul, force d’interposition et de paix, Israël, a commis une forme de parricide car ce n’est pas la Bible qui l’a créé mais l’Assemblée Générale des NationsUnies, comme l’ont reconnu ses premiers dirigeants en proclamant son indépendance.
Je ne suis pas Mme Soleil, mais je crois bien que c’est parce que les hommes ont perdu le réflexe de l’indignation face à l’injustice et que leur règle c’est désormais le deux poids deux mesures, que la nature a piqué une sainte colère. Jamais de mémoire de météorologue elle ne s’était montrée aussi capricieuse et imprévisible puisque partout dans le monde se succèdent des catastrophes naturelles hors normes, typhons, inondations, raz de marée…
Pourtant quand la nature parle, il faut prendre les choses au sérieux, elle était déjà passée à l’acte en rayant les dinosaures de la surface de la terre !
par Thierno Alassane Sall
PAUVRE DIOMAYE
Après avoir été l'exécutant de son Premier ministre sur la dissolution de l’Assemblée, le président est maintenant sommé de se renier une nouvelle fois devant les Sénégalais, après la nomination de Samba Ndiaye
Après avoir été l'exécutant de son Premier ministre sur la dissolution de l’Assemblée nationale, le président Diomaye est maintenant sommé de se renier une nouvelle fois devant les Sénégalais, après la nomination de Samba Ndiaye, pourtant membre de la coalition Diomaye Président.
Qui pour croire à une vague d'indignation spontanée qui viendrait des militants de base outrés, et non à une cabale montée par des voix autorisées de la Pastefie. Ces mêmes voix étaient muettes devant des nominations autrement plus scandaleuses et d'autres ralliements bien plus honteux. Où étaient ces "indignés de la 25e heure" lors des nominations de présumés trafiquants de visa, des personnalités impliquées par des rapports de l’IGE ? Ou encore de ceux qui désertent les listes de l'opposition et appellent à voter pour le régime à trois jours de la campagne ?
Diomaye, en agissant enfin comme un président sans consulter son mentor, s’est attiré un rappel à l’ordre public. Une humiliation inutile, si tant est qu’il accepte de se plier.
Où va la République ?
Par Makkane
DANGER CLAIR ET PRÉSENT
Installé dans la logique d'intimidation des citoyens exerçant leur liberté d'expression, le gouvernement Sonko ne rassure pas sur le chapitre de la gouvernance transparente, inclusive
S'il ne dépendait que des politiciens sans doute, la flamme du patriotisme et la démocratie qui gêne leurs accointances accoutumées aux combinaisons de la compromission et de la trahison eût été bien vite éteinte.
Mais la vigilance citoyenne des organisations de la société civile, les femmes et les jeunes se dressent en rempart, ne cessant pas d'entretenir et d'aviver la vigilance collective par l'observation attentive, active et résolue d'une population facile à embobiner, également prompte à se ressaisir.
Triste, le populisme a de beaux jours devant lui.
Mais il y a plus grave que le populisme, c'est le séparatisme. La trahison éhontée du sieur Déthié Fall, surnommé "Gathié" Fall sur les réseaux sociaux est la forfaiture la plus récente qui interpelle sur la problématique de l'éthique dans l'action politique.
L'histoire du Sénégal est émaillée de ces revirements spectaculaires, les reniements outrageants, ôtant à l'art de la gestion de la cité toute sa noblesse.
En 1968, Doudou Ngom arrimait le mouvement syndical au char du gouvernement pour un strapontin ministériel au nom de la "participation responsable" concoctée par notre poète-président.
Il y avait naguère une formalité à l'action par la théorie. Mais aujourd'hui, c'est seulement du " mbeukk rideau". Rires !
La rue des illicitement nantis, adeptes du gain facile vers les nouveaux locataires du pouvoir n'étonnent guère les Sénégalais désabusés, habitués qu'ils sont aux turpitudes d'une classe frauduleuse et parasitaire de la société, obligée de prêter allégeance à tous les corrompus soucieux de se maintenir par un système huilé de la concussion et de la dépravation.
La richesse de notre société est avant tout constituée d'un ensemble de valeurs immatérielles, des codes de conduite, non écrits, intériorisés dans la conscience collective. Lorsque ces valeurs se déprécient, c'est comme si les vannes des barrages cédaient sous la poussée de la puissance des courants de l'opulence mal distribuée, du trop plein mal géré.
Ce n'est pas de gaieté de cœur qu'un ingénieur procède au lâchage des eaux qui devraient servir au développement.
La société sénégalaise oscille, proche d'un précipice car les partis politiques ont depuis longtemps atteint leurs limites. Notre loi fondamentale, la Constitution, doit être revue en ses termes de représentation nationale.
Le mode de fonctionnement des partis politiques est anti-démocratique, ils sont des facteurs de corruption, puisque leurs dirigeants ne peuvent pas respecter leurs engagements auprès des électeurs et ne peuvent justifier le financement de leurs activités. L'agitation est le seul fonds de commerce. Les situations d'urgence pour les secours sont sujettes aux discours démagogiques, les consensus durables sont impossibles du fait de la permanence des compétitions électorales.
Il s'en suit une dégringolade de la toiture humaine, l'éclatement des fondements de l'édifice. Le Sénégal en est arrivé là. Les sages maîtres sont défiés par leurs disciples immatures, les aînés pacifiques sont déshérités par les cadets extravagants, les employés de l'État décident des dates d'ouverture des classes et les insulteurs publics sont porteurs de voix.
Autour des situations concrètes, les démarches rationnelles et scientifiques sont rangées derrière les émotions et les potions distillées par les prédicateurs-chroniques.
Les actes de violence et la dissimulation ont porté le bonheur au sieur Ousmane Sonko devenu Premier ministre. Le culte de l'occulte et la fabulation agressive sont en train de devenir un mode opératoire accepté, ancré pour réussir en politique. L'ex-fonctionnaire radié, présomption violeur, reconnu coupable de corruption de la jeunesse est aux manettes.
Il n'est pas élu du peuple, mais il s'est approprié des prérogatives non conformes au régime présidentiel consacré par la Constitution de notre pays. Par le jeu de la manipulation et la mobilisation de ses inconditionnels chauffés à blanc, il est parvenu à isoler et réduire l'influence du chef de l'État, à son profit personnel.
Si ce n'était pas la nature des forces cachées derrière cette nébuleuse pastefienne victorieuse, acceptant son droit au peuple de se tromper, nous laisserions Sonko et compagnie se dérouler jusqu'au prochain scrutin.
Aujourd'hui rien n'indique que cette forme d'État unitaire et républicain que nous chérissons tant survivra jusqu'à cette date au regard de la tendance pernicieuse de déconstruction en cours.
Les attaques répétées à l'endroit de la presse libre et des leaders d'opinions, la banalisation des institutions religieuses et la répression de l'opposition, sont autant de signes d'intolérance annonciateurs du déclin progressif de la démocratie.
Tout ceci pouvait encore être rangé sur le registre d'un déficit de culture étatique lié au noviciat du début de la période d'apprentissage si les corps constitués que sont l'armée et la justice n'étaient pas mêlés à l'empressement destructeur.
Nos vaillantes et loyales forces de défense et de sécurité ont consenti des sacrifices énormes pour le maintien de l'intégrité territoriale de notre pays, au prix de nombreuses pertes humaines et matérielles.
N'est-ce pas une haute trahison à vouloir faire reculer ces acquis pour la pacification des zones de conflits ? Le silence des chacals depuis sept mois après qu'ils aient descendu les couleurs nationales dans certaines écoles du sud ne pouvait pas être ignoré par les citoyens consciencieux.
Est-ce un hasard de calendrier ou suivi d'agenda, la cérémonie avortée de dédicace au plein cœur de la capitale d’un ouvrage pro-MFDC ? Les démocrates sincères souhaitaient se tromper sur les allégations de connivence Pastef-rebellion, mais les actes posés commencent à éveiller les soupçons légitimes.
Installé dans la logique d'intimidation des citoyens exerçant leur liberté d'expression, le gouvernement Sonko ne rassure pas sur le chapitre de la gouvernance transparente, inclusive. S'il veut bâillonner les Sénégalais, ce sera alors au prix d'un sacrifice plus élevé que celui consenti pour l'accession au pouvoir.
Le danger est clair et présent, le président Diomaye Faye que nous pouvons créditer de bonne foi puisqu'il a prêté serment devant Dieu et la Nation pour la défense de l'intégrité territoriale et l'unité nationale est appelée à la rencontre avec son destin solitaire, solidaire des armées dont il est le chef.
Par El Hadji Moustapha DIOP
REGARDS D’UN ANCIEN SUR LA MARCHE DE L’AGRICULTURE ET SUGGESTIONS DIVERSES
Mon souhait unique est de partir de mon expérience de près d’un demi-siècle (48 ans exactement), passée dans deux instituts de recherches, notamment Irho (Institut de recherches pour les huiles et oléagineux) 1965-1974 et Isra 1974-2013
Mon souhait unique est de partir de mon expérience de près d’un demi-siècle (48 ans exactement), passée dans deux instituts de recherches, notamment Irho (Institut de recherches pour les huiles et oléagineux) 1965-1974 et Isra (Institut sénégalais de recherches agricoles) 1974-2013, pour proposer les nouvelles orientations qui me semblent plus à même d’apporter des avancées significatives au secteur agricole.
Durant ma carrière où j’ai dirigé pendant trente années une station de recherches, dès la création de l’Isra, j’ai particulièrement apporté au secteur semencier, auquel je me suis par la suite spécialisé des avancées telles :
• La production de l’essentiel des semences de pré-base d’arachide nécessaire pour la reconstitution de son capital semencier de 1997 à 2013 ;
• La production des semences de premiers niveaux de riz pour la région du fleuve ; ainsi que celles de la région sud durant toute la crise casamançaise, pour la même période ;
• L’introduction de 10 variétés de blé depuis le Royaume du Maroc, suivie de leurs tests d’adaptation agronomique, de 2001 à 2013 ;
• La mise sur pied et le fonctionnement, de 1983 à 1989, d’une ferme de 150 ha (Serpa), irriguée par pivomatic à Louga dont le promoteur était feu El Hadji Djily Mbaye ;
• La participation en qualité d’expert à l’opération Semir (Semences irriguées) initiée par la Sonagraines en 1996 pour la multiplication de semences d’arachide dans le delta et la moyenne vallée du fleuve Sénégal
• La conduite en qualité d’expert désigné par l’Isra du programme Suneor de multiplication de semences d’arachide d’origines américaine et chinoise au niveau des grands périmètres irrigués de la vallée du fleuve et de la zone de Keur Momar Sarr (2008) ;
• L’introduction directe des semences de pré-base dans les exploitations des gros producteurs, des khalifes généraux, grands marabouts agriculteurs pour sécuriser les semences de base et accélérer la reconstitution du capital semencier ;
• La production de semences de pré-base d’espèces diverses : oignon, piment, jaxatu, maïs, niébé fourrager et grain, sésame ;
• La coordination d’un groupe pluridisciplinaire chargé par le ministère de l’Agriculture de la valorisation des résultats de la recherche en milieu paysan, au niveau de 5 régions : Thiès, Diourbel, Kaolack Fatick et Louga ;
• L’élaboration de guides pratiques de production pour différentes espèces cultivées, à l’attention des grandes sociétés, des formateurs et des agriculteurs de pointe ;
• Formation d’agents de sociétés nationales de développement agricole, d’Ong, de privés et de contrôleurs semenciers, etc.
En guise de reconnaissance et de sanction positive, les autorités ont décidé d’ériger la station expérimentale de Ndiol (mon principal centre d’activités) comme vitrine de l’institut et en la baptisant : «Station Serigne Moustapha Bassirou Mbacké», grand marabout et entrepreneur agricole, frère aîné de l’actuel Khalife général des Mourides. (9 septembre 2008- Google).
DIAGNOSTIC DES GRANDES FILIERES AGRICOLES ET PISTES POSSIBLES D’AMELIORATION
L’arachide : une filière arachidière aux résultats mitigé
Malgré une longue présence au Sénégal, cette culture atteint rarement des performances satisfaisantes. Plusieurs explications pourraient être évoquées :
*Les besoins réels en eau des différentes variétés restent toujours insatisfaits sous pluie stricte (bassin arachidier) ;
*Les lots de semences sont le plus souvent des mélanges de variétés dégénérées, de cycles différents. Ils sont dans l’impossibilité d’atteindre les densités requises pouvant donner un rendement payant : celui-ci étant déterminé d’abord par le nombre de pieds (densité/ha) et leur rendement individuel ;
*L’absence réelle d’un capital semencier suffisant et organisé, suivant les législations en vigueur et les règlements techniques particuliers de l’arachide.
L’Isra, qui est l’unique obtenteur et détenteur de l’espèce, n’a pas tous les moyens de satisfaire la demande en pré-base, malgré l’existence de son service semencier. Il se contente de produire les deux premières générations qui sont toujours de faible quantité, en station, pour ensuite se tourner vers de grands exploitants privés, mieux équipés. Ceci, pour pouvoir produire la génération 3 qui est la semence de départ vers l’exécution du programme national semencier.
Les acteurs de ce programme, après l’Isra, sont les privés semenciers agréés et contrôlés par la Division des semences. Les activités de chacun de ces 2 groupes sont soumises à l’application stricte du règlement C/REG.4/05/2008, portant harmonisation des règles régissant le contrôle de qualité, la certification et la commercialisation des semences végétales et plants dans l’espace Cedeao.
Malheureusement, il y a à la fois à déplorer l’absence d’un encadrement technique rapproché et de contrôleurs au champ officiellement reconnus. Seule la région du fleuve compte une présence véritable de contrôleurs privés semenciers agréés. Ces derniers étaient destinés à la filière riz au départ, mais ont fini par élargir leur champ d’activité aux nouvelles cultures telles que l’arachide qui y prend place petit à petit, sous l’impulsion de l’Isra.
C’est d’ailleurs dans cette zone que les rendements de l’arachide ont atteint des niveaux de rendement de loin supérieurs à ceux prévus par les fiches techniques pour l’ensemble des variétés homologuées. Sur fleur 11 par exemple, le rendement a été même triplé : 6 t/ha, avec un poids aux 100 gousses augmenté de 11 grammes et un rendement au décorticage de l’ordre de 65%.
L’arachide a réellement changé de comportement dans les conditions irriguées du fleuve. Voilà pourquoi la région devrait jouer le rôle de zone de sécurité pour la multiplication de toutes les semences de base, en laissant au bassin arachidier dont le régime hydrique est aléatoire, les niveaux R1, R2 et suivants. Mon article du 31 mars 2018, sur Google (écrit en période de difficultés d’écoulement de la production), intitulé : «Pourquoi l’arachide du Sénégal ne se vend pas», donne plus d’éclairages sur le sujet.
La riziculture, futur levier de la souveraineté alimentaire ?
Il demeure depuis toujours le produit alimentaire le plus importé. Son autosuffisance ne sera possible qu’après une profonde réorganisation de l’ensemble du système de production.
• Amélioration de la qualité des aménagements, baisse de leur coût, ainsi que celui de l’irrigation. La pratique d’une irrigation par déversement devrait être étudiée partout où c’est possible. Les régions de Pavia et de Vercelli, en Italie, premiers producteurs de riz d’Europe, utilisent cette technique depuis l’aube des temps (Voir dans le net mon article intitulé «Autosuffisance en riz en 2017, par devoir d’éclairage : El-Hadji Moustapha Diop : novembre 2014»).
• Reprofilage des cours d’eau, accompagné de la suppression des adventices envahissantes pour en optimiser les débits, souvent insuffisants à des moments cruciaux (exemple récent de Diawel).
• Mettre le paquet pour renforcer les capacités de l’ensemble des producteurs de la moyenne et de la haute vallée, de loin moins performants que ceux du delta. L’île à Morphil, qui fait 1250 km2, sur une longueur de 200 km, pourrait en même temps sortir de son extrême pauvreté, inexplicable.
• Révision du nombre pléthorique de variétés homologuées en circulation. En décembre 2017, l’Isra homologuait 15 nouvelles variétés, alors qu’il en existait déjà trente disponibles. Ceci, loin d’aider à l’atteinte de l’autosuffisance en riz, comme d’aucuns pourraient le penser, ne fait que compliquer les choix et contrôles à tous les niveaux. Quel est le semencier qui peut faire la différence entre 45 variétés de riz, chacune avec ses propres caractéristiques déterminées par la génétique ?
Cette prolifération de variétés nécessite des arbitrages raisonnés pour des choix plus opérationnels.
L’oignon : un exemple de réforme à engager pour une agriculture sénégalaise compétitive
Cette culture dont l’écoulement et la conservation posent le plus de difficultés à l’Etat, aux commerçants et aux producteurs. La source du problème provient essentiellement de la qualité des semences utilisées.
L’oignon est une culture bisannuelle, qui comprend 2 phases.
An 1 : Une semence certifiée de pré-base (matériel de l’obtenteur) est plantée en vue d’obtenir des bulbes mères matures, qui sont ensuite triés suivant leur forme, taille, coloration et nature, après élimination totale de tous ceux qui sont montés en fleurs. Le lot obtenu (semence de base) est conservé en séchoir ou par d’autres moyens jusqu’à la saison suivante de production.
An 2 : Les bulbes mères sont plantés pour monter en fleurs et produire uniquement des semences de base. La poursuite du même processus mènera aux semences standards qui limitent le processus de certification légale. Les semences standards sont utilisées pour la grande production destinée à la consommation.
Seul ce processus peut permettre l’obtention d’un oignon de consommation identique à celui de l’importation
L’inaptitude à la conservation des oignons du Sénégal vient de la montée systématique de la culture en fleurs, alors que le phénomène ne doit pas dépasser les 15%. Ces fleurs sont portées par une hampe florale sortie du cœur des bulbes où elle laisse une galerie centrale. Cette «plaie» est la porte d’entrée de l’humidité et des bactéries. C’est ainsi qu’on remarque chaque année une aggravation des pertes par pourrissement dès la montée de l’hygrométrie de l’air (début d’hivernage).
Comprenons définitivement qu’un produit d’une telle mauvaise qualité ne peut être conservé par aucun moyen, même par les chambres froides qu’on évoque souvent. Les producteurs professionnels sont nombreux au Sénégal à mettre sur le marché des oignons répondant aux normes (Sénéguindia, Scl, Socas, projet de Diobass, qui a même exporté en Europe, etc.).
La solution passera nécessairement par une réorganisation profonde du secteur où on observe :
Un vide causé par le manque de moyens de l’Isra pour produire les pré-base de violet de Galmi, la principale variété cultivée au Sénégal. Par ricochet, son autoproduction a entraîné la dégénérescence de la variété, qui explique les difficultés actuelles.
La place laissée a créé une affluence d’importateurs semenciers privés qui introduisent de façon anarchique toutes sortes de matériel végétal, vendu à des prix exorbitants. L’introduction incontrôlée de ces variétés est souvent à l’origine de la venue de maladies et de divers parasites (mouche blanche, cochenille farineuse, pucerons sur le niébé, etc.).
A ce stade, le service semencier est officiellement mandaté pour faire appliquer le décret 97-602 instituant un catalogue des espèces et variétés de plantes cultivées au Sénégal, ainsi que le décret 97-616 portant réglementation de la production, de la certification et du commerce des semences et plants.
Cette réglementation a été renforcée par le règlement Cedeao cité plus haut. La résolution de ces difficultés pourra à terme arriver à l’émergence de producteurs professionnels, dans un circuit bien organisé.
En définitive, il y a une nécessité d’un meilleur éclairage des décideurs afin d’engager des réformes structurelles et basées sur des évidences scientifiques
Le Sénégal possède un Institut de recherches (Isra), qui est le prolongement direct des anciens instituts français depuis 1923 (Cnra de Bambey). Ces instituts (Irat, Irho, Irct) ont conçu l’essentiel des programmes de développement agricole de l’Afrique de l’Ouest à partir du Sénégal.
L’Isra lui-même est devenu cinquantenaire depuis cette année. C’est dire que le pays peut être fier de son organe de recherche, qui a mis au point de nombreuses technologies de pointe capables de booster le développement national de façon significative.
Malheureusement, ces connaissances sont insuffisamment valorisées, pour ne pas dire sont restées dans les tiroirs. Les sociétés de développement et autres acteurs qui devaient transférer les acquis n’en sont pas suffisamment informés, mais développent des stratégies purement maison dans un cadre d’appui-conseil, de renforcement de capacités, etc. Recommandés par les institutions de Bretton Woods… Si pour la campagne agricole 1965- 1966, le pays a obtenu une production contrôlée (et non surestimée comme actuellement) d’1 million de tonnes, c’est parce que derrière se trouvait une bonne organisation qui liait solidement la recherche, la vulgarisation et le producteur. Les sociétés de vulgarisation (Satec, puis Sodeva) étaient arrimées à la recherche et traduisaient en thèmes digestibles les acquis de la recherche. Si après toutes ces années de progrès scientifiques réalisés, le monde rural continue encore à chercher sa voie, le constat implique obligatoirement des réformes. Ces réformes s’avèrent nécessaires au vu de la conception ou de la réalisation de projets très coûteux, sans véritable maîtrise ou même vision prospective :
On peut citer les deux grands projets agricoles étatiques de Keur Momar installés non loin de l’ancienne ferme israélienne qui a fini par disparaître pour cause de salinité des sols.
Les mêmes causes y sont en train de produire les mêmes effets. L’eau du lac est chargée en chlorures provenant du drainage des parcelles de canne à sucre de la Css, cultivées sur des sols salés. Les concentrations suivent un gradient nord-sud et varient avec l’évaporation. «Gogels & Gac : 1986.» La Sepam (Société d’exportation de fruits et légumes), qui possédait deux grandes exploitations dans la zone, a fini à l’abandon.
Dans la même veine, on peut déjà s’inquiéter de la plantation de manguiers à Touba, alimentée par des forages dont la qualité de l’eau est affectée par un taux de salinité supérieur à 2000 mg/l. C’est seulement vers la partie est (Touba-bogo) qu’on trouve une meilleure qualité, avec des taux de 650 mg/l. (source : Ecole supérieure polytechnique/Dpt Génie civil «Projet de fin d’études : M. Ndiaye & S. Ngom-2006».
Le problème est posé si on sait que le manguier est sensible à l’accumulation de sel et qu’une teneur supérieure à 1200ppm entraîne des symptômes menant vers la mortalité. L’inexistence de plantation de manguiers dans la ville sainte, qui pourtant compte 42 forages et une gratuité de l’eau, devait être source de questionnements.
La plus grande difficulté des périmètres irrigués par les forages captés dans le maestrichtien est la gestion de l’irrigation à partir d’une eau chargée. Dans les régions de Kaolack, Fatick et Diourbel, cette nappe renferme de l’eau salée et/ou fluorée, avec une teneur en chlorure variant entre 750 et 3500mg/l.
C’est ainsi que même avec une concentration d’1g/l, si on apporte 2000 m3 dans l’année (soit 5 à 6 mm/jour), on provoque une accumulation de 2 tonnes de sel par hectare. Voilà la raison qui fait que beaucoup d’exploitations agricoles initiées par l’Etat (plus particulièrement celles irriguées par aspersion) ont périclité dès leurs premières années de fonctionnement. Il y a déjà une douzaine d’années, il m’avait été demandé d’installer des parcelles de production de semences de pré-base dans certains de ces périmètres. Mais une simple visite des lieux m’a immédiatement fait reculer et abandonner l’idée.
Des groupes différents : «Le Maroc, qui l’a réussi avec l’ensemble Inra/Sonacos, nous fournit des fruits et légumes frais au quotidien. De nombreux autres exemples d’approches inopérantes, toujours coûteuses, pourraient être évoqués. Voilà pourquoi une grande unité d’action susceptible de garantir la réussite de l’objectif final doit être pensée, car si l’on veut faire du concret, si l’on veut faire du vrai, il faut pouvoir faire travailler ensemble des groupes différents.»
El Hadji Moustapha DIOP
Spécialiste en semences et productions végétales