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23 novembre 2024
Opinions
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
LA DANSE DES SALTIMBANQUES !
Vous les avez vus avec leurs mines patibulaires essayer de nous endormir avec leurs exégèses tirées par les cheveux. Plutôt que de la fermer et faire profil bas, ils reviennent nous conter des bobards.
Comme ils peuvent paraître pathétiques et niais. Vous les avez vus avec leurs mines patibulaires essayer de nous endormir avec leurs exégèses tirées par les cheveux. Plutôt que de la fermer et faire profil bas, ils reviennent nous conter des bobards.
Ce sont les mêmes qui occupent les médias, distillant des vacuités et dessinant la marche du pays selon leur propre vision. Les plus de 54 % de Sénégalais qui ont voté en mars dernier pour l’actuel pouvoir sont des idiots. Ils ont été manipulés, forcés et presque hypnotisés à mettre dans l’urne le bulletin des deux anciens bagnards.
Prenez le temps d’écouter ces acrobates des médias tout en étudiant leurs gestuels. Eux, et tous ces néo-opposants réunis en un cartel d’aigris, vous verrez que plutôt d’idées, ils font tous étaler leurs états d’âme. Ce qui donne une opposition colérique avec sa cour d’enragés. Et ils s’y mettent tous, appuyés par des personnes privées de prébendes.
Des positions perdues qui les rendent si malhonnêtes dans la réflexion intellectuelle. Ces rentiers de la politique se révèlent être plus nocifs que les acteurs de la politique eux-mêmes. Ils ne s’opposent pas sur des orientations idéologiques qu’ils n’ont d’ailleurs pas, mais plutôt pour des considérations épidermiques. Ils n’arrivent toujours pas à se faire à l’idée qu’ils sont aujourd’hui dirigés par des gens qu’ils n’espéraient pas voir à leur station actuelle. Tout cela fait enfler leur cœur. Et quand ils parlent, il leur est impossible de dissimuler leur accès de colère. Ils éructent de rage. Et c'est ça le vrai drame de l’opposition dans cette campagne électorale.
C’est indécent de les voir descendre aussi bas en exploitant la mort d’un grand commis de l’Etat pour en faire une affaire politique, cherchant à atteindre un homme qu’ils n’aiment pas et qui semble les ignorer. Une véritable danse macabre de vils saltimbanques ! Tout dans leurs propos se résume à une question d’ego. Ils ne digèrent toujours pas la belle victoire du duo en mars dernier. Tout cela leur fait pourrir le cœur qui pourrait lâcher.
Avec de tels opposants, on pourrait bien penser que Galsen est atteint d’une malédiction. Des acteurs politiques obtus et qui se meuvent dans l’art de l’hypocrisie tout en flottant dans le mensonge. Prêts à tout pour faire ombrage au pouvoir. Ils dénigrent, inventent et mentent, et rien ne les retient.
PAR MAMADOU GOMIS
L’ART AFRICAIN ENTRE COMPLEXITÉ ET NÉGATIONNISME
L’Afrique n’est-elle pas en train de perdre ses commissaires d’exposition, parfois indépendants, ses critiques d’art, ses conservateurs, ses chercheurs, ses directeurs de musée et autres collectionneurs ?
L’Afrique n’est-elle pas en train de perdre ses commissaires d’exposition, parfois indépendants, ses critiques d’art, ses conservateurs, ses chercheurs, ses directeurs de musée et autres collectionneurs ? Des acteurs piégés par leurs agendas complexes ou complexifiés qu’ils ne se préoccupent plus que de leurs voyages, leur confort, voire l’argent. Au détriment du développement de l’Afrique et de l’art africain. Souvent, comme des mercenaires dans un monde culturel et artistique, bandent-ils leurs muscles dans des galeries et des musées, des centres d’art ou autres espaces culturels privés ou publics. Ils sont organisés en collectifs surréalistes, en une armée d’influenceurs destructeurs de l’image de l’Afrique et des Africains. Certains d’entre eux déforment tout contexte et défient publiquement tout un continent à travers des ateliers à l’obéissance, des expositions à la soumission ou des réflexions audacieuses peu crédibles. Et c’est devenu comme un virus dangereux et fort contagieux qui se propage très vite.
Ces acteurs peuvent, a priori, sembler être des personnes positives. En réalité, leur façon d’être et d’interagir génère chez les autres une émotion désagréable en raison de leur pouvoir de manipulation. Des toxiques qui visent les jeunes et exploitent leur indignation face à l’injustice, le manque de respect et de considération. Ils déroulent un agenda et un discours qui parlent plus aux émotions qu’à la raison. Seulement, leur tout est formaté pour davantage soumettre à un ordre bien normé, continuer de préserver une domination occidentale, son contrôle continu du récit et de l’image. Un fait auquel il est temps que les artistes et autres acteurs culturels africains en prennent suffisamment conscience pour que cesse, enfin, cette transmission intergénérationnelle, cette inoculation volontaire d’un désordre mortel pour l’Afrique et les Africains dont il n’est pas toujours aisé d’en déceler les causes et les manifestations, leurs significations et leurs conséquences. D’où leur recours à une certaine complexité pour que leurs conduites soient acceptées comme une intériorité et non comme un fait systématique, une organisation factieuse, une oligarchie qui œuvre pour un néant culturel africain, et non un monde de l’art articulé à la reconnaissance de l’autre, au respect mutuel, au sacre de la dignité et de l’égalité.
Les acteurs de l’art africain ne doivent-ils pas arrêter de se résigner, se libérer de tout complexe ? L’art africain ne doit-il pas être traité autrement dans des médias, des écoles, des universités ? La résignation est grande, le complexe de beaucoup d’africains est si profond et si perceptible dans de grands festivals de photographie contemporaine, entre autres festivals d’art ou de rencontres culturelles et artistiques. De véritable promoteurs d’abus ! Des récits divers non contrôlés parfois à dessein. Qu’il s’agisse de la décolonisation, de l’identité, de la citoyenneté, de l’activisme, de l’immigration, de la santé, du panafricanisme… Sous des titres d’africanités et d’africanistes, entre autres thèmes poreux, des œuvres de visions négationnistes, des travaux de désinformation de la réalité africaine sont de l’automatisme psychique pur sur l’art contemporain de manière générale. Alors qu’il est, aujourd’hui, de civiliser les rapports á travers des récits appropriés à la dignité que l’on veut encore confiner à de la fiction. La photographie n’a-t-elle pas libéré les peintres du travail de leur représentation ? Le fond de tout métier, n’est-il pas, d’abord, les droits et les devoirs ? Le récit visuel du réel c’est l’être humain. Il est devant et derrière la pensée de « belles » notions. Seulement, les fiches à remplir par ces acteurs de l’art africain obéissants à d’autres maîtres à penser de la culture africaine, sont devenues leur « patrimoine net » à travers des fonds d’aide pour le « meilleur » centre d’art, la « meilleur » galerie d’art contemporaine ou la maison-galerie peu moderne, sans oublier les salons de photos, les festivals d’art, entre autres événements comme la biennale (d’origine italienne).
Il faut se guérir des clichés, des égoïsmes et des discours de soumission. Se libérer de cette autre forme d’esclavage. Il faut s’approprier le contrôle des récits visuels en Afrique et ailleurs. C’est l’ambition et la condition pour tout peuple qui aspire à vivre heureux, à être heureux dans la fraternité, dans l’élégance et dans le respect mutuel. C’est une invitation à découvrir, à apprendre, à aimer les sculptures et les masques, les musiques (tous genres confondus), sans oublier les modèles nobles comme leurs dignes héritiers. Ces nobles africains ne revendiquent rien de leur influence dans le monde culturel et artistique, mais examinent bien leur époque paralysée par des intérêts mercantiles qui minorent l’art africain avec des acteurs qui vivent à frimer aux grandes expositions et autres rendez-vous culturels sans plus. Il faut vivre pleinement et positivement le présent et non s’opposer au progrès. Et, dans ce combat, l’image photographique, par exemple, c’est d’abord le métier du photographe, non pas pour des acteurs « mercenaires », ces commissaires d’exposition indépendants sous dépendance financière, ces faux conservateurs ou critiques d’art sans expertise (qui reproduisent un discours colonial, voire néocolonial), ces chercheurs fictifs (qui ne cherchent point la « belle » notion de l’image photographique) ou encore ces collectionneurs frimeurs (connaissant plus leurs comptes bancaires et leurs biens matériels) qui fascinent certains artistes alors qu’ils sont en manquent de toute belle lecture narrative.
Le contrôle du récit visuel en Afrique et ailleurs, appelle à des actes d’insoumission positive et de cordialité. La beauté d’une image photographique ou d'une œuvre d’art est comme un état d’âme qui ne s’achète pas. Elle est cédée avec l’obligation de respect envers l’auteur et son peuple. Le récit visuel doit être contrôlé avec vigilance pour stopper l’évolution du verbatim maladroit. L’expansion du contrôle visuel nécessite une bonne expertise, une « belle » lecture, une grande compréhension de l’image photographique en Afrique et ailleurs, une « démocratisation » de l’intelligence artificielle. Cette démocratisation engendre une veille intelligente non pas pour surveiller la production de l’image mais pour rappeler le récit visuel, lutter contre les travers de l’intelligence artificielle, contre une « dictature » mensongère à travers des « rides aux visages de l’œuvre » par exemple. Le fond d’un récit est au choix de toute œuvre, c’est d’abord l’être humain derrière et devant le travail qui ne s'arrête pas aux limites de l'Occident mais s'étend jusque dans le plus petit village du monde.
par Mohamed Mbougar Sarr
À PROPOS DE L’AFFAIRE SÉVERINE AWENENGO
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est ironique que l’opposition et le pouvoir soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance
Sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Séverine Awenengo », je voudrais dire quelques mots. D’emblée, je confesse une honteuse faute : je vais commettre à l’égard de ce livre la même injustice que la plupart des commentateurs de son actualité : je ne l’ai pas encore lu, ce qui devrait pourtant être le préalable élémentaire à toute discussion sérieuse le concernant. Naturellement, je le lirai bientôt et en reparlerai peut-être ici même, après lecture. Foi candide dans le geste élémentaire de la bonne foi critique : lire d’abord, commenter et juger ensuite. Il n’est pas certain - j’ai déjà, en toute modestie, une solide expérience à ce propos - que cette bonne foi intéresse le plus, en matière de controverse intellectuelle et littéraire au Sénégal. Mais c’est un autre sujet. Je précise aussi que je ne connais pas personnellement Madame Awenengo.
Le malentendu, comme souvent, semble venir de la confusion, calculée ou involontaire, entre l’approche scientifique - mais cela peut aussi valoir pour l’approche fictionnelle - d’un sujet et l’apologie politique ou morale de ce sujet. En l’occurrence, tout indique qu’on suspecte (ou, pour certains, qu’on accuse franchement) la chercheure de « défendre » ou « encourager » ou « légitimer » l’idée d’une autonomie de la Casamance. Et la suspicion semble s’appuyer sur le seul fait (je souligne) qu’elle y consacre un essai, fruit d’années de labeur, de lectures, d’analyses, de terrain. Je ne suis pas naïf au point de croire encore qu’il existe une « neutralité » (au sens d’une innocence absolue, d’une « perspective de Sirius » objectivement détachée) de la recherche académique. Il va de soi que tout travail universitaire est plus ou moins « situé » ; que tout chercheur, toute chercheure a d’inévitables biais (théoriques ou personnels) ; que la démarche scientifique, aussi rigoureuse soit-elle, s’effectue toujours dans un contexte politique et social auquel elle n’échappe pas, et avec lequel elle doit composer, y compris dans la gestion des affects que ce contexte génère.
Je sais tout cela. Seulement, je sais aussi que : 1) le travail universitaire obéit à des protocoles, des contrôles, des relectures, des critiques externes qui font que n’importe quoi ne se publie pas n’importe comment ; 2) que la suspicion d’un agenda politique « caché » d’un universitaire peut être confirmée ou infirmée par l’examen patient et rigoureux de son historique de recherches et de publications ; 3) qu’au cas où, pour une raison ou une autre, une proposition universitaire « suspecte » ou « problématique » sur un sujet réussissait à être publiée malgré tous les sas de validation, les autres universitaires, spécialistes de cette question - et il y a, sur la question de ce livre, de nombreux spécialistes, et beaucoup sont Sénégalais - la liront, la critiqueront, la réfuteront, au besoin.
Pour toutes ces raisons, j’ai trouvé très triste la manière dont cette affaire a été politisée, ramenée à des considérations navrantes sur la nationalité de l’universitaire impliquée et sa légitimité, à cause de ses origines, à traiter de ce sujet. Ce procès ne me paraît pas juste, et pour tout dire, je le trouve inquiétant. Si la légitimité à s’occuper de certains objets d’étude était indexée à la nationalité ou l’origine des universitaires, toute une bibliothèque de la connaissance humaine n’aurait jamais vu le jour. Qu’on imagine un seul instant ce qui se serait passé si celui qui est peut-être le plus grand chercheur de ce pays, Cheikh Anta Diop, avait été cantonné dans ses recherches à sa nationalité ou à son origine.
Il est tout à fait ironique que l’opposition et le pouvoir, pour des raisons absolument inverses - et toutes mauvaises à mon sens -, soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. L’éditeur a fini par renoncer à le présenter à Dakar. Je ne vois pas de quoi se réjouir. Si, dans ce pays, la politisation systématique - ou même ponctuelle - de la production scientifique ou littéraire devait être le baromètre de la vie des livres, livres que, la plupart du temps, on ne lit pas, ou superficiellement, il y aurait de quoi être inquiet. Mais peut-être le conditionnel est-il superflu, et qu’il est déjà trop tard. Ce n’est pas la première fois, au Sénégal, que des politiques, pour de raisons bien faciles, accusent un livre et/ou son auteur de vouloir déstabiliser un pays ou pervertir sa culture.
La Casamance est un sujet « sensible », me dit-on. C’est vrai et je comprends, à la lumière de l’histoire récente, qu’on puisse craindre son instrumentalisation à des fins malintentionnées. Cependant, c’est presque au nom de cette « sensibilité » qu’il faut pouvoir accepter des travaux universitaires sur la question. Car ils éclairent, complexifient, donnent une profondeur historique, questionnent autrement et, in fine, je crois, produisent un savoir plus complet, débarrassé des mythes et des fantasmes, sur un sujet. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance. Celle-ci peut dissiper celle-là.
J’entends aussi que « ce ne serait pas le bon moment » pour parler de cette question. Prudence salutaire, peut-être. Mais elle entraîne une question dans sa foulée : quel serait le bon moment ? Je crois qu’il n’y a jamais de « bon » moment pour parler d’une question dite « sensible », pour la simple raison - et pardon pour la tautologie qui va suivre - que le propre de la « sensibilité », lorsqu’on l’entretient par la précaution du silence ou le report sine die, est de ne jamais être moins sensible. Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas (scientifiquement) d’un sujet qu’il devient moins sensible dans le temps. A n’importe quelle époque, par temps d’élection ou non, il demeurera sensible. Et ce qui est tout le temps sensible et impossible à aborder mue inévitablement en tabou. Il faut absolument l’éviter, à mon sens.
Khady Gadiaga
OUSMANE SONKO OU LE PORTRAIT D'UNE LEGENDE DEVENUE CONCEPT…
On ne comprendra probablement jamais rien au politique si on se sent incapable d’en cerner les grandes figures. Évidemment, elles ne peuvent apparaître que lorsque l’histoire génère de grandes circonstances...
On ne comprendra probablement jamais rien au politique si on se sent incapable d’en cerner les grandes figures. Évidemment, elles ne peuvent apparaître que lorsque l’histoire génère de grandes circonstances, lorsque les tensions fondamentales logées au cœur d’une cité ou d’une époque s’exacerbent.
Mais c’est justement parce qu’elles devinent ces tensions, qu'elles les saisissent et s’en emparent pour mettre de l’avant un projet qui les transcendent et permettent à la cité de se refonder.
Sans grands hommes pour porter de tels projets, il peut arriver qu’une cité finisse par se disloquer sous le poids de ces tensions.
Il peut arriver qu’elle se disloque sous la pression des factions seulement attentives à leurs intérêts privés, qu’elle perde le sens du politique en inoculant à ses institutions le poison du cynisme et en invitant chacun à se replier dans une intimité qui à notre époque, laisse libre cours à la marchandisation de l’existence.
Ousmane Sonko correspond bien à ce descriptif de figure emblématique. D'aucuns diraient que le PROS, c’est plus que ça". D'autres "Mu seell mi, c’est bien au-delà"...
Depuis l'avènement de sa participation à la vie politique du pays, la légende de l'énarque continue de s’écrire. Mais qu’est-ce que ce "plus que ça" et que ce "bien au-delà" ?
Une icône nationale autour de laquelle le pays se rassemble comme un seul corps. Ou encore le tribun des foules acquises ? Un mythe populaire sur lequel se projette une forme d’identité de la jeunesse entre résilience et audace?
Symbole social, réel ou mythique, le personnage d'Ousmane Sonko se partage entre la légende, cristallisée par le mythe, et l’histoire. C’est le héros dramatique que distingue Hegel dans ses leçons d’esthétique, celui dont la volonté s’accomplit au travers des circonstances douloureuses et sacrificielles.
Ousmane Sonko ou la politique autrement
On peut être souvent en désaccord avec ses postures politiques (c’est le cas de la marée des neutriotes, et de toute cette nouvelle opposition recomposée et en radicalisation ascendante), on peut être frustré par son analyse tranchante de l'écosystème, on peut être énervé par sa rigidité du ton, mais il faut se faire à l’idée qu'Ousmane Sonko a apporté quelque chose de fondamentalement positif dans le paysage morne de l'engagement politique et militant au Sénégal.
Quoi exactement ?
Un esprit réactif, offensif, malin, un coup de fraîcheur et beaucoup d’élan. Sorties en bras de chemise et sourire à tout-va : les masses sont pamées et conquises. Que dire d’autre d’Ousmane Sonko?
Il faut lui reconnaître outre son charme ravageur, un flair unique : il a respiré comme personne l'air du temps, identifié avant tous, la soif de changement, la lassitude de la population du libéralisme oligarchique.
Il a misé sur ces jeunes que l'on disait perdus pour la politique, conquis et surfé sur une planète internet qui a littéralement propulsé son action politique. Le résultat, on le connaît : des centaines de millions de francs CFA récoltés, des centaines de milliers de donateurs, une révolution dans le mode de financement du parti et le don de soi érigé en doctrine idéologique.
Le patriotisme 2.0 ? D’autres en ont parlé (et parlé et parlé…) ; Lui, il l’a fait. Le défi est lancé : que le meilleur devienne hégémonique !
Il est cet héros-là qui manifeste la rencontre d’un moment historique et d’un caractère, et cette convergence marque son inscription dans l’histoire, sa confrontation avec le réel.
Sa dimension fondatrice s’exprime par le pouvoir créateur dont il est doté et par la portée sociale de son invocation, qui pousse à l’initiative, à l’organisation, en constituant un moyen efficace de mobilisation.
Mais Sonko va même au-delà de son statut de héros national. La position particulière du héros vis-à-vis de ces autres figures (le chef, le roi, le grand homme, l’idole) permet de mieux situer sa dimension fondatrice dans l’espace social. La vie du héros, ses actions, par leur exemplarité, y introduisent la possibilité d’une postérité collective.
PROS, meneur d'un jeu politique polycentrique
Voilà un homme qui n'a pas hésité à renoncer à son rêve de présider aux destinées de ses concitoyens pour adouber son second et permettre au projet de survivre à la tempête de l'adversité.
Aux côtés de son leader, Bassirou Diomaye Faye, Ousmane SONKO qui se positionne avant tout comme un meneur du jeu politique, meneur d’un jeu polycentrique au cœur duquel il n'est certes plus le point de mire central de l'action politique, mais à l’initiative duquel, il peut se retrouver pour initier, dans tous les cas où elle a lieu d’être, la discussion politique et pour contribuer à sa structuration argumentative. Avec lui se dessine la notion de vainqueur moral. Il y a la ligne d’arrivée, le nombre de buts, et puis il a le beau jeu, celui qui méritait de gagner. Mais pas seulement.
L'appelation de "Mu Seell mi" va encore une fois "au-delà". Un tel homme politique se distingue moins par son pouvoir de décision, restitué dans les différents espaces de discussion de la communauté des citoyens, que par sa capacité à faire entendre des propositions ou à faire reconnaître ce qu’a d’incontournable le problème qu’il soulève : susciter, par sa propre force de proposition ou de problématisation, le besoin de ménager un espace de discussion sur ce qu’il propose ou sur les questions qu’il formule.
N’est-ce pas là désormais, pour l’homme politique, le rôle qui s’accorde le mieux avec les revitalisations contemporaines de l’idée démocratique ?
Un nom désormais ancré dans le langage commun
Voilà Pros, le tribun et messie, candidat originel du projet devenu par la force de circonstances aléatoires, mentor et héraut d'un candidat de substitution ! L'éternel premier est devenu second, incarnant un nouvel archétype héroïque.
Cette place de deuxième n’est pas celle d’un premier contrarié, c’est une place enviable, qui dépasse avec superbe, l’idée de victoire et qui transcende le principe de "résultats".
D’ailleurs dans l’imaginaire collectif, personne ne retient le premier, car plus qu'une légende, il est devenu un concept. Il a dépassé la notion de gagner ou de perdre. L’opposition binaire entre winner et loser, héros ou anti-héros. Bref, Ousmane Sonko est une résolution dialectique à lui tout seul. Son nom est entré dans le langage commun et c’est sa plus belle réussite.
Voilà donc croqué peut-être de manière idyllique un homme aux multiples dimensions et aux potentialités fédératrices.
Le seul bémol, c'est que le pouvoir rend absolument fou et a vite fait s'il n'y a pas de contre-pouvoir pour immuniser contre la super-puissance de se transformer en abus de pouvoir... Souhaitons donc que le charisme indéniable et le culte du bien commun chez cet homme seront pour ce Sénégal en quête de renouveau, grâce et miséricorde et engendreront une légende dorée qui perdurera encore après 200 ans…
Par Diagne Fodé Roland
LE PEUPLE DOIT DONNER LA VICTOIRE AUX LEGISLATIVES AUX PATRIOTES ET DEPARTAGER L’OPPOSITION
Donner la majorité à Pastef est la continuation du processus de parachèvement de la marche vers la rupture et la transformation systémique souverainiste dans une Afrique qui prend le chemin de « l’union libre des peuples libres d’Afrique »
La campagne des législatives est lancée. Pastef est visible partout et s’impose en déclinant les forfaitures économiques du pouvoir néocolonial. Les rapports des corps de contrôle de l’État (IGE, IGF, OFNAC, Cour des Comptes, etc) et les audits éclaboussent les listes des tenants libéraux divisés des pouvoirs néocoloniaux qui se sont succédé depuis 1960.
La malgouvernance néocoloniale est largement exposée par la dénonciation du népotisme, de la gabegie, des détournements des deniers publics, des enrichissements illicites, des surfacturations et exemptions monnayées en sous main d’impôts aux entreprises impérialistes, du bradage des richesses nationales. Le peuple voit comment détenir le pouvoir est sous le système néocolonial une machine à fabriquer des milliardaires locaux au service de la domination impérialiste sur notre pays.
Le peuple touche du doigt que le chemin le plus direct pour devenir un bourgeois national compradore est de devenir président ou ministre ou être à la tête des institutions législatives ou d’institutions budgétivores comme le Sénat hier et le HCTT ou le CESE ou encore des multiples agences qui font double emploi avec les ministères, etc.
Le peuple comprend que donner la majorité suffisante à Pastef est une étape vers l’abrogation et la dissolution des institutions budgétivores qui ne servent qu’à caser une clientèle politique.
Donner une large majorité à Pastef est une nécessité politique pour aller vers la reddition des comptes des voleurs des 1000 milliards du covid, des 700 milliards contre les inondations, des 29 milliards du Prodac, les milliards des scandales fonciers urbains et ruraux, les 6000 milliards du pétrole et gaz, etc.
La majorité confortable qui permet d’avoir les 3/5éme des députés pour réviser la Constitution pour dissoudre le HCTT et le CESE et mettre en branle la haute cour de justice qui, seule, peut légalement juger l’ex-président et ses ministres pour les crimes économiques et de sang pour rendre justice à nos martyrs. La majorité nette des députés ouvre la voie pour des réparations des colossaux passifs sociaux laissés en héritage par les ex-pouvoirs néocoloniaux libéraux du PS/PDS/APR/BBY par la reddition des comptes des pilleurs du patrimoine budgétaire de notre pays.
Rendre justice en respectant l’indépendance de l’institution judiciaire est un acte de salubrité publique et de moralisation de la vie publique que le vieux politicien libéral bourgeois fondateur du parti de contribution au PS d’alors, A. Wade, avait inauguré tout le long de son règne décennal en distribuant des millions à ses visiteurs de nuit et jour comme si l’argent public lui appartenait en lieu et place du contribuable Sénégalais.
Les coalitions et l’inter-coalition divisées du PS/PDS/APR/BBY ne sont en réalité candidats à la députation que pour leur survie existentielle pour sauver leurs milliards volés et qui ont régné en servilité totale à l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain vont être départagées par les électeurs. La recomposition politique en leur sein va être clarifiée par le vote dans l’urne. Si les soulèvements populaires contre la corruption, le népotisme, la gabegie, les détournements des deniers publics et le bradage vénal des richesses nationales et la duplicité des impérialistes dans la « guerre contre le djihado-terrorisme » ont été parachevés par l’intervention des fractions souverainistes des armées au Mali, au Burkina, au Niger faute d’offre politique souverainiste, au Sénégal, le soulèvement populaire a été parachevé dans les urnes par un vote majoritaire clair pour l’offre politique civil souverainiste.
Donner la majorité à Pastef est la continuation du processus de parachèvement de la marche vers la rupture et la transformation systémique souverainiste dans une Afrique qui prend le chemin de « l’union libre des peuples libres d’Afrique » selon la formule des communistes Lamine Arfan Senghor et Tiémokho Garang kouyaté.
Les expériences souverainistes au Sénégal et dans la Confédération des Etats du Sahel (AES) vont pouvoir ainsi converger en se consolidant et en se soutenant mutuellement dans la longue marche vers l’État fédéral d’Afrique. D’autres pays et peuples d’Afrique suivront.
Diagne Fodé Roland
Dakar Sénégal
Par Mamadou Diaw
NOUVELLE CONCEPTUALISATION DE L’EMIGRATION IRREGULIERE, ILLEGALE OU CLANDESTINE
Jusqu’à une date récente, l’actualité au Sénégal était dominée par les drames liés au chavirement de pirogues bondées de personnes, tentant de rallier les iles Canaries par pirogues.
Jusqu’à une date récente, l’actualité au Sénégal était dominée par les drames liés au chavirement de pirogues bondées de personnes, tentant de rallier les iles Canaries par pirogues. Moins médiatisés, d’autres drames frappent de nombreux Sénégalais qui tentent de rallier l’Europe, à partir des côtes maghrébines, en passant par le désert ; ou d’autres qui cherchent à se rendre aux Etats Unis d’Amérique (Usa) via le Nicaragua.
Ce phénomène est dénommé, au Sénégal, émigration illégale ou clandestine. Nous ignorons la généalogie de ces concepts dans le champ lexical des migrations, pour situer leurs sources qui peuvent être les sciences sociales, les sciences politiques, le langage courant, etc.
Dans tous les cas, ces deux termes ont acquis droit de cité et sont utilisés dans les documents de politique relatifs à l’émigration, ce qui pose problème, comme nous tenterons de le démontrer ci-dessous.
Albert Camus a enseigné que « mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde et ne pas les nommer, c’est nier l’humanité. » Dans le même sillage, Jacques Attali avance que nommer c’est reconnaître, c’est faire exister, c’est rendre éternel. Ainsi, il s’agit de montrer qu’il est important de bien nommer les choses ou bien énoncer les phénomènes. S’appuyant sur les travaux de Peirce, Ogden et Richards ont défini les trois facteurs qui jouent un rôle dans tout énoncé : les processus mentaux ; le symbole (ou signe, mot, signifiant, etc.) ; le référent (ou objet, réalité donnée, élément extérieur auquel il est fait référence). Les éléments qui constituent ce triumvirat entretiennent une relation dynamique Autrement dit, toute dénomination comporte une charge symbolique, une relation de référence et une relation implicite permettant de s’accorder sur une compréhension commune. Cette dernière renvoie à l’extension du concept ; plus il est large, moins il est précis et est sujet à interprétation.
Le concept d’émigration irrégulière, illégale, ou clandestine est loin de refléter la nature, l’ampleur et les enjeux des phénomènes auxquels nous assistons. Dénommer ce type d’émigration sur la seule base de la légalité est à la fois réducteur et globalisant. En effet, il existe plusieurs formes d’émigration illégale ou clandestine : l’artiste ou le sportif qui disparait après une tournée ou un tournoi en Europe, le détenteur d’un visa tourisme qui décide de rester dans le pays visité, l’étudiant qui reste dans le pays d’accueil après ses études, avec un titre de séjour expiré, pour chercher un emploi, etc.
Emigrer par l’émigration périlleuse…
Vous conviendrez avec nous que ces formes d’émigration illégale ou clandestine ne peuvent être classées dans la même catégorie que celle qui est en train d’endeuiller notre pays et de le vider de ses bras valides.
Il nous semble plus approprié de dénommer cette forme d’émigration par « émigration périlleuse », en ce qu’elle engage la vie des personnes concernées. En soi, cette dénomination a une charge symbolique beaucoup plus forte qui reflète davantage sa nature et les enjeux ; et une extension plus réduite, ce qui ne prête pas à équivoque.
Cette nouvelle conceptualisation de l’émigration irrégulière, illégale ou clandestine permet de mieux la théoriser et de la problématiser, en vue de trouver les stratégies appropriées pour y remédier. Vu la nature du problème, il est du ressort des sciences sociales d’entreprendre les recherches, afin d’aider les politiques dans la prise de décisions. Ce sera l’objet de nos prochains articles.
Par Mbagnick DIOP
LE DÉFI OUTRAGEANT LANCÉ À LA RÉPUBLIQUE
Dés lors que nos liens de sang demeurent invulnérables à la division, nous disons casse-cou à ceux qui prétendent détenir les armes secrètes pour décréter hic et nunc l’indépendance de la région de Casamance.
Dans l’édition du quotidien « Le Témoin » numéro 1656 en date du jeudi 24 mars 2022, nous écrivons ce qui suit : Entre des révoltés sans cause et des bandits de grand chemin, la Casamance veut garder son âme.
Depuis décembre 1982, cette région du Sénégal est en proie à l’irrédentisme d’une bande de scélérats autoproclamés branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Sous prétexte d’une histoire que le défunt Abbé Diamacoune Senghor (Paix à son âme) entendait réécrire à sa convenance, des extrémistes ont choisi de bouleverser la région pour décréter son indépendance. Toléré par le Président Léopold Sédar Senghor, le curé tribun a eu la latitude d’amplifier son discours ou son cours d’histoire, pour faire adhérer des naïfs à sa thèse indépendantiste. Le pacifisme du Président Senghor a pourtant été contesté au sein de l’État-Major de l’Armée nationale dont le service de renseignements surveillait de très près les agissements d’éléments suspects dans certaines localités de la région.
Il est certain qu’à cette époque, l’Armée nationale pouvait tuer le poussin dans l’œuf. Elle n’en avait pas reçu l’ordre du fait d’un choix politique inadéquat. Ainsi, cette option du Président Senghor a fini par donner aux irrédentistes un sentiment de vainqueur avant la lettre. L’embrasement de la région a pris une dimension étendue, préjudiciable à la République déjà secouée au plan économique par l’entame de la politique d’ajustement structurel.
Par respect pour nos compatriotes douloureusement éprouvés, nous faisons fi d’une rétrospective des affrontements entre l’Armée nationale et les maquisards qui se réclament d’un mouvement politique (Mfdc) sabordé de longue date par leurs créateurs, tous intégrés à l’Union progressiste sénégalaise, après la transition à la section sénégalaise du parti du rassemblement africain (Pra-Sénégal), du Bloc démocratique sénégalais (Bds) et du mouvement autonomiste de la Casamance (Mac).
C’est le lieu de saluer leur mémoire et la justesse de leur vision qui a sous-tendu le réalisme politique et battu en brèche toute idée de balkanisation du Sénégal, à partir d’une revendication indépendantiste mal fondée.
La Casamance n’est pas le legs de Diamacoune
Une faction autoproclamée héritière de l’abbé Diamacoune Senghor a vertement pris à partie le Premier ministre Ousmane Sonko dont le seul tort est d’avoir tenu un discours politique, politiquement courageux, sans ambiguïté, sur la situation en Casamance, lors d’un meeting organisé par son parti, Pastef, dans le cadre des législatives du 17 novembre 2024.
Au motif que leur honneur est atteint par le Premier Ministre, certaines gens se dressent comme des héritiers légitimes de l’histoire et cela en vertu des seuls enseignements de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor. Leur narcissisme est si fort qu’ils lancent, sans sourciller, un défi à la République et dénient à l’autorité toute parcelle de pouvoir pour engager un dialogue constructif avec nos compatriotes momentanément perdus par leur fougue.
L’option d’une guerre totale qu’ils prônent, ne leur est nullement autorisée par les populations de la région dont l’appartenance et l’identification à la nation sénégalaise sont indiscutablement établies depuis la nuit des temps.
Même si nous devons nous accorder sur le principe qu’au Sénégal comme ailleurs, la nation est un processus de construction permanent, il n’en demeure pas moins que la région naturelle de Casamance restera éternellement ancrée dans notre espace géographique où l’amélioration des conditions de vie constitue un chantier commun.
Dés lors que nos liens de sang demeurent invulnérables à la division, nous disons casse-cou à ceux qui prétendent détenir les armes secrètes pour décréter hic et nunc l’indépendance de la région de Casamance.
Un peuple un but une foi
La Nation debout, la République droite dans ses bottes !
Par Vieux SAVANÉ
AUX ÉTATS-uNIS, LA DÉMOCRATIE À L'ÉPREUVE
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances
Alors que plus de 75 millions d’Américains ont voté par correspondance et de manière anticipée, notamment dans les sept Etats-pivots (le Nevada, la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, la Georgie, la Caroline du Nord, l’Arizona), c’est aujourd’hui que les électeurs et grands électeurs américains vont décider qui sera le prochain ou la prochaine présidente des Etats-unis d’Amérique. Si l’on en croit les sondages, le scrutin sera très serré.
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances.
D’ores et déjà, Donald Trump affirme avec un étonnant aplomb que s’il perd l’élection, c’est tout simplement qu’il aura été battu par la triche. Rien d’étonnant du reste puisque, sans preuve aucune, il a refusé et refuse toujours de reconnaître sa défaite contre Joe Biden lors de leur confrontation en 2020 alors qu’il était président de la République. On est en face d’une posture noyée dans le complotisme et les «fake news» avec un candidat autoritaire qui donne l’impression d’être plutôt entouré par des groupies, en somme des gens tombés en fascination, installés dans une adhésion totale, bien loin du recul que nécessite l’usage de la raison.
En face, il y a Kamala Harris, une ancienne procureure habituée à se confronter aux faits, à les disséquer pour démêler le vrai du faux. Dans cette élection qui a lieu dans un pays dont on vante la force des institutions, il est surprenant de constater qu’il est rarement question de confrontations programmatiques mais de « fake news », de suspicions de fraudes non documentées.
Dans toute cette confusion où le souvenir de l’invasion du Capitole est encore vivace, ce jour d’élection est visité par la crainte de troubles voire de déferlement de violences incontrôlables. L’Amérique retient son souffle, tant l’issue de cette élection est incertaine et grosse de dangers. Redoutant le pire, la capitale Washington se barricade
PAR Fadel Dia
LE SYNDROME FAHRENHEIT 451
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 »; François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir
L ’annonce de la présentation dans une librairie de la place d’un ouvrage consacré à l’histoire coloniale de la Casamance a provoqué une bruyante levée de boucliers, suscitée principalement par des membres de l’ancien parti au pouvoir, et avait poussé deux éminents professeurs d’histoire à s’élever contre ce qu’ils avaient appelé la « mise à l’index » d’un travail qui est, selon eux, le fruit d’une investigation scientifique.
Ils avaient donc pris la défense de leur métier commun, le « métier d’historien. Ils avaient porté un témoignage élogieux sur les qualités et le professionnalisme de son auteure et tancé vertement les responsables de la cabale montée contre elle, en s’en prenant directement à l’ancien parti au pouvoir et à ses dirigeants. Ils avaient enfin interpellé directement le président de la République et son Premier ministre et, se fondant sans doute sur l’engagement qu’ils avaient pris, avant d’arriver au pouvoir, de ne pas céder aux « pratiques d’un autre temps », ils avaient exprimé leur conviction qu’ils ne se laisseront pas entraîner dans ce qui ressemble à un bâillonnement de la recherche historique.
La réponse n’a pas tardé, vite relayée par la presse. Elle vient du Premier ministre qui s’est prévalu du soutien du président de la République. Ce n’était certainement pas la réponse qu’ils attendaient. Loin d’être rassurante, elle est même, d’une certaine manière, plus inquiétante que les prises de position des parties qu’ils avaient mise en cause !
Passons sur le fait que le Premier ministre ait servi sa réponse, sur une question aussi sensible, au cours d’un meeting électoral, qui n’est pas précisément le lieu le mieux indiqué pour délivrer un message empreint de sérénité et de mesure. Sa prise de position publique est d’autant plus surprenante que c’était probablement la première fois qu’il s’exprimait aussi clairement sur ce sujet brûlant et qu’il prenait le risque de se mettre à dos un mouvement qui en avait fait son dogme et, qu’à tort ou à raison, certains supposaient plutôt favorable à sa cause. Passons sur le fait que même si l’histoire n’appartient pas qu’aux historiens, il n’est pas la personne la mieux placée pour juger du contenu d’un livre d’histoire, surtout s’il n’a pas pris la peine de le lire méticuleusement. Sa réaction est en tout cas un désaveu de la qualité et des compétences des historiens sénégalais qui, en la matière, auraient dû lui servir de référents et de caution. On aurait mieux compris que, tenant compte de ses limites sur ce sujet et surtout du pouvoir que lui confère la loi, qu’il choisisse de faire appel à la justice pour qu’une enquête préliminaire soit lancée , s’il juge que l’auteure de l’ouvrage s’est « drapée dans une dignité qui n’est pas la sienne, celle de la science historique », comme Robert Badinter l’avait reproché au négationniste Robert Faurisson, que son livre est plus polémique que scientifique, qu’il occulte ou travestit la vérité, qu’il propage des thèses complotistes ou qu’il met en danger la cohésion nationale. Interdire la diffusion et la commercialisation d’un livre, sur la seule base d’une impression personnelle, est un acte de censure qu’on n’attendait pas de quelqu’un qui s’était retrouvé lui-même, il n’y a guère longtemps, sous la menace d’une telle mesure.
Passons sur l’accusation, gratuite jusqu’à preuve du contraire, portée sur l’auteure du livre, dont pourtant la probité et l’expérience avaient été vantées par ses collègues sénégalais, mais qui, selon le Premier ministre, ne serait qu’un maillon du réseau de manipulateurs dont se servirait la France, qui aurait saisi l’occasion pour se venger de sa déconvenue après le travail d’investigation mené par un autre historien.
Attardons-nous en revanche sur une autre partie de la péroraison du Premier ministre, celle où il affirme que l’auteure de l’ouvrage, par le seul fait qu’elle est de nationalité française, n’a pas « à écrire sur le Sénégal » et devrait consacrer son métier d’historienne à parler de la Corse ou de la Nouvelle Calédonie ! C’est faire fi de cette règle qu’un historien, un bon historien, n’est lié sérieusement que par les lois de sa discipline et qu’il est un juge juste et étranger à tous. C’est aussi suggérer que la Grèce ou l’Allemagne auraient le droit d’interdire à Souleymane Bachir Diagne de parler de Platon ou de Kant !
L’Histoire a certes ses faussaires, mais elle n’a pas de patrie
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 » François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir. Leurs principaux vecteurs, les livres, ne sont pas seulement prohibés mais détruits systématiquement et le rôle des pompiers est de les brûler et non plus d’éteindre les incendies. On n’est pas dans la même situation et nous n’en sommes pas heureusement là, mais la décision prise par la deuxième personnalité de notre pays apparait, volontairement ou non, comme une manière d’empêcher les Sénégalais en général, et ceux d’entre eux qui ont accès à la lecture en particulier, de réfléchir, de juger par eux-mêmes sur un sujet qui est au cœur de notre vie politique et sécuritaire, et c’est sans précèdent dans notre histoire récente.
Les résistants de « Fahrenheit 451 » avaient trouvé comme solution pour sauver les livres de les apprendre par cœur, les Sénégalais que les propos du Premier Ministre ont mis en appétit se passent le livre dont il a interdit la vente par la toile, et gratuitement ! On peut dire que, par ses propos incendiaires, il n’a pas seulement fâché les défenseurs du droit à l’expression et les passionnés d’histoire locale, il a aussi fait à cet ouvrage qui, nous dit-on, a provoqué chez lui une colère noire, une énorme publicité dont on peut se demander si elle est méritée!
par Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle
LES PROJECTIONS IMPOSSIBLES DU FMI CONCERNANT L’INflATION AU SÉNÉGAL
Des taux impossibles sont avancés pour 2025 et 2026, sans aucun fondement logique ou historique. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le pays s'apprête à négocier un nouveau programme avec l'institution.
Financial Afrik |
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 05/11/2024
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment lancé en grande pompe ses Perspectives del’économie mondiale (World Economic Outlook en Anglais, WEO) à Washington. Compte tenu de l’influence majeure que cette institution exerce en matière de formulation des politiques publiques dans la plupart des pays du monde, il est important d’être vigilant quant à la qualité de ses analyses.
En effet, comme nous le savons tous, les vies de milliards de personnes sont affectées par les programmes du FMI et les conditionnalités et prescriptions politiques qui y sont attachées. Les erreurs d’analyse du FMI peuvent donc avoir des conséquences dévastatrices.
Au Sénégal, le FMI est revenu au devant de l’actualité à la faveur des débats en cours sur les finances publiques du pays. Un nouveau programme est en train d’être négocié avec les autorités sénégalaises.
Dans ce court article, nous souhaitons attirer l’attention sur les erreurs grossières dans les projections du FMI pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne l’inflation.
Comme le montre la base de données du WEO, le FMI prévoit un taux d’inflation moyen d’environ 2 % chaque année entre 2025 et 2029. Ces estimations sont globalement conformes à la version d’avril 2024 du WEO (voir figure 1), bien qu’elles puissent être considérées comme optimistes pour la période 2024-2026, compte tenu de la réduction attendue des subventions à l’énergie. Jusque-là, tout va bien.
Cependant, les récentes projections du FMI concernant l’inflation en fin de période sont tout simplement impossibles. Le WEO d’octobre 2024 prévoit une inflation en fin de période (ou sur 12 mois) de -13,4 % en 2025 et de 41,9 % en 2026 (voir figure 2).
Ces projections ne reposent sur aucune base logique ou factuelle. Elles contredisent même les propres projections du FMI concernant l’inflation annuelle moyenne pour les années 2025 et 2026. La seule fois où l’inflation en fin de période a atteint plus de 20 %, c’était en 1994, l’année où le franc CFA a été dévalué de 50 % par rapport au franc français. L’inflation de fin de période s’est élevée à 37,5 % au cours de cette année exceptionnelle (voir figure 3). Et même alors, le taux d’inflation de fin de période de l’année précédente, c’est à dire 1993, n’était certainement pas un nombre négatif au-delà de 10 %.
Des erreurs aussi flagrantes de la part du FMI pour le Sénégal, dans son analyse la plus récente et la plus en vue, sont très préoccupantes si, comme c’est souvent le cas, elles constituent la partie émergée de l’iceberg en termes d’erreurs ailleurs dans les projections du FMI dans lesquelles ces chiffres sont incorporés.
Dans ce cas, il existe un risque évident d’imposer au Sénégal des conditionnalités inappropriées. Et il ne s’agit pas d’un risque théorique. Des erreurs dans les conditionnalités résultant d’erreurs de calcul du FMI ont été constatées récemment dans d’autres programmes du FMI en Afrique, y compris dans la dernière revue du programme du FMI pour le Kenya. Là, non seulement les projections d’inflation du FMI en fin de période pour 2024 sont tout simplement impossibles, mais en plus, ses projections en ce qui concerne la dette publique ne parviennent pas à réconcilier les flux fiscaux (emprunts) avec les stocks fiscaux (dette).
Il est essentiel, ne serait-ce que par respect pour la souveraineté de ses pays membres, que le FMI s’assure que ses projections répondent aux normes professionnelles les plus élevées. Dans le cas des projections d’inflation au Sénégal, à l’heure actuelle, cette exigence n’est tout simplement – et manifestement – pas respectée.
Ndongo Samba Sylla est économiste sénégalais, Directeur de Recherche à l’International Development Economics Associates (IDEAs).
Peter Doyle est économiste américain, ancien cadre du FMI et de la Banque d’Angleterre.