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26 novembre 2024
Opinions
par Penda Mbow
DES FONDEMENTS D’UN DIALOGUE INTER-RELIGIEUX EN ISLAM
L'histoire islamique, de la Constitution de Médine aux empires omeyyade et abbasside, démontre la possibilité d'une coexistence fructueuse. Cette tradition de dialogue et d'échange constitue un héritage précieux pour notre époque
À partir de l’herméneutique du texte coranique, de faits historiques, nous allons proposer ce qu’on peut considérer comme les bases d’un dialogue inter-religieux.
La profession de foi comme certains versets définissent la vision de l’Islam sur les autres religions révélées. Par exemple dans le texte sacré, le Prophète Mu’sâ (MoÏse) est le plus cité. L’histoire de Isa’, Jésus et Maryam se trouve consacrée parmi les Sourates les plus importantes. L’Islam endosse pratiquement les récits de toutes les autres religions révélées.
Les fondements du dialogue inter-religieux à partir du Coran
La profession de foi est explicite sur les croyances profondes mais nous voudrions, avant toute chose, nous arrêter sur un verset extrêmement important à nos yeux pour déterminer les bases d’un dialogue inter-religieux ; il s’agit d’Amana Rasûl (Sourate 2, Al Baqara, V 285).
« Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi des croyants tous ont cru en Allah, en ses Anges, à Ses Livres et en Ses Messagers ; (en disant) : « Nous ne faisons aucune distinction entre ses Messagers ». Et ils ont dit : « Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est à toi que sera le retour ».
On peut saisir la quintessence de ce verset, fondement des religions d’essence abrahamique en analysant la présence de trois grands personnages du Coran : Mu’sâ Kalamullah, Isa’ Ibn Maryam, Maryam- elle-même.
Mu’sâ ou Moise, le plus cité dans le Coran
En Islam Moise est aimé et respecté à la fois comme Prophète et comme messager. Il appela les enfants d’Israël à n’adorer que Dieu et fixa pour eux les Lois prescrites dans la Torah.
En ce qui concerne le Judaïsme comme le Christianisme, Moise est un personnage central. C’est l’homme de l’Ancien Testament le plus souvent mentionné dans le nouveau te Nouveau Testament ; il a réussi à mener son peuple hors d’Égypte, a communiqué avec Dieu et reçu les Dix Commandements. Ainsi Mu’sâ est connu à la fois comme prophète et comme législateur.
« Certes, nous avons révélé la Torah, dans laquelle il y a guide et Lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Dieu ont jugé des affaires des Juifs sur la base de cette écriture de Dieu comme il leur avait commandé ; et ils en sont témoins (S 5, V44/ Al Mada’ia, la table servie).
En Islam, Moïse sous le nom de Mus’a est le Prophète le plus présent dans le Coran, cité à cent trente-six reprises. Il fait partie des « grands prophètes, comme l’un des messagers envoyés par Allah. Selon le Coran, Mu’sâ fut envoyé par Dieu pour affronter le Pharaon de l’Egypte antique et pour guider les Israélites qu’il avait asservis. L’histoire de Mus’â détaillée se trouve dans la Sourate 26, intitulé « Les Poètes » ou al Shu’ara.
La vie de Mu’sâ est remplie de leçons. Dieu lui fait vivre des expériences qui lui seront utiles dans sa mission future. Il avait été élevé dans maison du Pharaon, d’Egypte. Il était donc bien au fait des intrigues politiques du gouvernement égyptien. Il avait aussi une expérience bien personnelle de la corruption de Pharaon Sourate 49 (Hujurât) les Appartements, V 13
« O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous fassiez connaissance entre vous. »
Toujours est-il que là débute un désir ardent de liberté et l’autre, le rêve d’un roi tyrannique.
Les musulmans considèrent la Torah comme un livre divin. Le Coran ne fait que confirmer et corriger l’histoire de Mu’sâ. Allah a continué à bénir les Israélites en leur accordant de nombreuses faveurs et en leur infligeant des punitions pour leur désobéissance. Ces deux éléments sont largement détaillés dans la deuxième Sourate du Coran, Al Baqara, la Vache.
En fin de compte, les nombreuses similitudes entre les récits de Moise dans la Torah et dans le Coran signifient les liens ancestraux communs des deux religions-, car elles sont d’essence abrahamique
I’sa Ibn Maryam
Isa’ Ibn Maryam ou le Jésus du Coran est le Messager d’Allah. Jésus est un des grands Prophètes de l’Islam.Tout au long du Coran, Jésus est appelé Isa’ Ibn Mariama, Jésus fils de Marie. Le Coran insiste beaucoup sur l’humanité de Jésus qui s’y présente comme le message corrigé de la Torah et du Nouveau Testament, donc il cite de nombreux personnages bibliques, dont Marie à qui est dédiée la Sourate 19, Sourate Maryam. Déjà la Sourate 3 Ali Al Imran évoque la famille de Maryam.
Imran est supposé être le nom du père de Moise, bien qu’il ne soit jamais cité dans le Coran autrement que par l’expression « famille d’Imran » et « femme d’Imran ». Imran est considéré par les musulmans comme l’un des hommes vertueux de Jérusalem.
La femme d’Imran, la mère de Maryam, porte le nom de Hannah (l’équivalent arabe d’Anne), fille de Fanqudh. Elle est également honorée par les musulmans comme femme très vertueuse, à l’instar de sa fille.
Pour revenir à Is’â, il est parmi les Prophètes majeurs cités par le Coran ; Noé, Abraham, Moise. Certains versets lui accordent une place éminente, où il est présenté comme Le Verbe ou l’Esprit de Dieu. Il est le seul Prophète dont la naissance est contée, et qui parle et fait des miracles dès le berceau.
Le retour de Isâ’ évoqué dans le Coran (Sourate 43, Az Zukhruf ou l’ornement, verset 61), mais les éléments eschatologiques et apocalyptiques sont très présents dans les hadiths. Il faut interpréter de manière allégorique les passages où il évoque sa mort ; dans les passages où il est question de la crucifixion ; ce qui est nié ce n’est pas sa mort, c’est l’affirmation des Juifs qui disent avoir eu le contrôle des évènements ayant conduit à sa mort. La mort sur la croix correspond à la réalisation du plan divin, sur le modèle du discours de Pierre dans les actes des apôtres (Sourate Baqara 2, V 23).
Le Coran, les accuse aussi d’avoir revendiqué la responsabilité de sa crucifixion, comme le rappellent les versets 155-159 de la sourate 4 (An Nissa’, les femmes). Le Coran soutient le principe de la virginité de Marie, Isa’ apparait comme une figure de convergence.
Les éléments sur la naissance de Jésus, viennent de traditions chrétiennes palestiniennes. La sourate 19, Maryam qui raconte sa conception et sa naissance, est ainsi très liée à des traditions attachées à un lieu précis : l’Eglise de Katishma, mais aussi à l’Evangile de Luc et au Protévangile de Jacques. Le Coran mêle deux récits indépendants, celui du repos de Marie lors de la Nativité et le miracle du Palmier cité pendant la fuite en Égypte que combinaient déjà les traditions de l’Eglise du Kathisma.
La piété musulmane fondamentale est plus orientée vers le Prophète, sa famille et ses compagnons. Le prénom Is’â qui est le nom coranique de Jésus continue à être donné. Jésus est un modèle d’ascétisme très important dans le soufisme classique. Marie, objet d’une sourate est la seule figure féminine nommée dans le Coran ; son nom y est cité plus souvent que dans le Nouveau Testament dit-on.
Le Coran est né dans un espace politique, culturel et religieux où vivaient depuis des siècles, des Juifs mais également des Chrétiens. Ces derniers, syro-araméniens, coptes et aussi romano-byzantins, formaient des Églises structurées avec leurs hiérarchies et leurs théologiens.
Chrétien ; Nasara fait référence à deux termes grecs : Nazareens et Nazaréen qui figurent dans plusieurs passages du Nouveau Testament. Cependant malgré cette ambiguité terminologique, le Coran sait distinguer entre Chrétiens et Juifs, et entre Zoroastriens et Manichéens.
Isâ’ fils de Myriam (Al Masîh Isa Ibn Maryam). Marie est indissociable de Isa’ dans le texte coranique. Ils sont des modèles à suivre tant leurs vies sont exemplaires.Dès sa naissance, Isa’ ou le Jésus coranique fait objet d’un miracle voulu par la puissance divine, puisqu’il s’agit d’une naissance virginale. Il est un puissant thaumaturge qui accomplit miracles et guérisons.
Isa, déformation du nom arameen Esaü, le nom biblique le plus proche de la forme coranique de Isâ’.
Quels sont les signes et messages ?
Aya, signe, s’agissant de l’action de Dieu dans la nature ou dans l’histoire, concerne aussi Jésus et sa mère Maryam. Sans doute, faut-il penser à sa naissance miraculeuse. S’agit-il d’une réminiscence de l’Evangile selon Mathieu (Mt II, 5) où, répondant à la question que lui fait poser depuis sa prison Jean Le Baptiste (Yahya), Jésus répond par un résume de ses miracles ?
En définitive, les données coraniques relatives à Isâ’, au Christ sont nombreuses : les unes concernent son entourage proche ; les autres plus particulièrement, se rapportent à sa personne même. Dans plusieurs passages, il est présenté comme annonciateur de bayan (vérité). Ses disciples sont considérés comme des messagers (Al Hawâriyyûn), Jésus s’adresse à eux, dans le Coran, par deux fois comme une sorte de refrain., dans une situation critique où il est confronté à l’incrédulité de Sanhédrin. En tant que croyants, ils se révèlent ses auxiliaires (Ansar Allah).
D’autres passages coraniques se rapportent à des faits évangéliques ; l’un parle d’une Table Servie venant du ciel, alors que l’autre évoque le destin de Jésus. A la fin de la Sourate 5, la Table servie on raconte l’histoire qui correspond à ce titre comme une histoire des disciples..le lien est fort clair avec les Évangiles apocryphes; les disciples (ou les Apôtres ) demandent à Jésus de faire venir du ciel une Table servie, pour ainsi dire comme signe divin.
Ainsi certains grands Orientalistes ont donné à croire qu’il s’agit d’une reproduction coranique de l’Eucharistie. Pour le Coran, la croix et la résurrection de Jésus n’ont pas de signification…D’après la Sourate 19 (verset 33), il meurt de mort naturelle, et selon la sourate 5 (V 117), il a été rappelé. S’il doit revenir à la vie, cela se fera lors du jugement dernier, lorsque tous les morts seront ressuscités (Coran 19, 33). Devient-il ainsi le rôle d’un Imam caché qui peut réa-paraître à n’importe quel moment ?
Le Coran accepte de le considérer comme l’Esprit de Dieu (Rûh Allah).
Quelques faits historiques
Dans cette partie seront évoqués le Pacte de Hudaybiyya, la cohabition des différents croyants à Médine mais aussi le rôle des Juifs et Chrétiens dans le débat théologique et leur présence au sein de l’administration des grands empires ommeyyade et abbasside VIIIe-XIes.
La « Constitution » de Médine
Elle fut élaborée pour poser les bases d’un vivre-ensemble. Cette Constitution a eu pour objectif d’établir les lois d’une nouvelle société. Elle a fixé les liens entre les musulmans et les non-musulmans pour vivre en harmonie. Le document est un « kitâb » du Prophète (après l’hégire, une fois à Yathrib ou futur Médine); il s’agit de règles entre les croyants (mu’uminûn) et les musulmans de la tribu des Quraysh et de Yathrîb et ceux qui sont sous leur autorité,Ils sont liés par ce pacte pour se défendre si nécessaire. On parle d’établir une « communauté ou ummah »
On l’a longuement évoqué avec les textes. Les relations entre les musulmans et les « minorités protégées », juifs ou chrétiens avaient posé problème dès l’époque de l’hégire (à partir de 622). On vient de le voir, le Coran présente la révélation faite à Muhammad comme réitérant et confirmant les révélations précédentes, notamment la Torah des Juifs ou ancien Testament, ‘Injil’, évangile ou nouveau testament des chrétiens. Muhammed s’attendait par conséquent à ce que les Juifs et les Chrétiens reconnussent en lui, l’envoyé de Dieu. Il apparut bientôt que les Juifs de Médine n’étaient pas prêts à le faire. Quant aux chrétiens, Muhammad eut avec eux si peu de contacts pendant ses premières années à Médine.
Les juifs de Médire conclurent dès le début, un traité avec Muhammad.
Lorsqu’éclatèrent des affrontements avec des juifs extérieurs à Médine, ceux de Khaïbar, on accepta de les faire entrer dans la « pax islamica » après leur défaite et leur reddition, mais en échange de cette protection, ils devaient remettre aux musulmans, une partie de leurs récoltes de dattes. Sont également mentionnés des traités conclus avec les chrétiens d’Ayla (l’Elath biblique et Aqaba actuel), avec les juifs de Maqna non loin de là et avec d’autres petits groupes rencontrés lors de l’expédition de Tabruk en 630. On promettait en général à ces petits groupes, « la protection (jiwâr ; dhimma) de Dieu et de son envoyé ». Ils conservaient leur structure gouvernementale interne et en retour effectuaient un paiement, généralement en nature.
On a émis que le système islamique des minorités « des minorités » protégées sous sa forme évoluée s’inspirait des pratiques byzantines et sassanides. Le principe général s’apparente à la pratique des Arabes nomades.
Dans les grands empires musulmans (ommeyade et abbasside), il y avait les groupes qui se soumettaient de plein gré sans se battre et ceux qui le faisaient contraints par une défaite militaire. Tous les groupes non musulmans étaient soumis à l’empire islamique par un accord de ce type ; les trois éléments que l’on trouvait du temps de Muhammad demeurèrent en vigueur, à savoir la protection contre les ennemis de l’extérieur, l’autonomie interne et le paiement d’une certaine somme au Trésor ou bayt al mâl Plus tard, on fera la distinction entre impôt foncier (kharâj et taxe de capitation (jizya). Les minorités protégées étaient connues sous le nom collectif d’ahl al dhimma « les gens dont on assurait la sécurité » ou les « tributaires ». En général, ce sont des groupes homogènes d’un point de vue religieux. Cela faisait partie de la conception coranique, selon laquelle un messager était toujours envoyé par Dieu à une tribu ou une communauté. Il s’agit surtout des Ahl al Kitab, gens du livre ou gens de l’Écriture.
Le système de millet de l’Empire ottoman présentait beaucoup d’avantages bien qu’il se soit effondré aujourd’hui au proche Orient.
Le rôle des Ahl al Kitâb dans l’élaboration d’une nouvelle culture
La fondation d’un empire arabe-islamique s’est accompagnée comme le montre Claude Cahen de l’élaboration d’une culture nouvelle qui s’est révélée complexe au cours de l’histoire. La culture islamique a bénéficié de plusieurs héritages dont celui des Juifs et des Chrétiens. Même si les Chrétiens et les Juifs gardent leurs particularismes dans le domaine proprement confessionnel, c’est autour des musulmans que s’organise de plus en plus la culture commune autour de laquelle tous contribuent. Arabisation et islamisation ne vont pas de pair exactement, il y a eu arabisation linguistique assez rapide de populations syriennes ou égyptiennes restées chrétiennes et il y’ a eu islamisation de populations iraniennes dont les élites ont appris l’Arabe, mais dont les masses sont restées suffisamment fidèles à la langue des aïeux.
Un autre point intéressant est l’influence de la sagesse antique, surtout sous les Abbasides (VIIIe-XIe siècles). Le plus grand théologien byzantin du VIIIe siècle, St Jean de Damascène ne quitta jamais le territoire musulman (on peut dire la même chose de Maimonideen Egypte). Parmi les sources importantes de l’histoire du Moyen âge musulman, on peut citer la Geniza du Caire, un dépôt d’environ 200 000 manuscrits juifs datant de 870 à 1880. Il s’agit de Guenizah, dépôt d’archives sacrées de la synagogue ben Ezra. Les historiens ont identifié plus de 7000 documents dont la moitié ont été conservés dans leur intégralité. Leur importance dans l’enrichissement de l’histo<riographie est considérable. Dans le travail de traduction, les chrétiens se distinguent, surtout les Nestoriens.et les monophysites se joignent à eux.
Conclusion, Nous n’avons pas évoqué tous les aspects et les informations à notre disposition car cela dépasserait le cadre d’une communication de colloque. Pa exemple, on pouvait souligner le rôle des chrétiens et juifs dans l’administration des grands empires musulmans où ils étaient des ministres ; formaient des dynasties de premiers ministres. Ils ont hérité d’une certaine sophistication tirée des expériences byzantines et sassanides.
Les interpellations des juifs et chrétiens ont contribué à enrichir le débat théologique et l’élaboration religieuse, surtout sous les Abbassides.
PAR MAGAYE GAYE
FIN DES ACCORDS DE PÊCHE UE-SÉNÉGAL, UN OUF DE SOULAGEMENT
"Pour rappel après l'alternance au Sénégal, les autorités avaient reçu Monsieur Charles Michel Président du Conseil Européen dans un contexte où le nouveau Gouvernement agitait la question de l'audit du secteur et la renégociation des contrats."
L'Union européenne annonce la non-reconduction de l’accord de pêche avec le Sénégal qui arrive à expiration le 17 novembre 2024. Mais en réalité elle savait ce qui l'attendait avec des nouvelles autorités déterminées à mettre fin aux pillage des ressources halieutiques du pays en renégociant ou en rompant ses contrats.
Pour rappel après l'alternance au Sénégal, les autorités avaient reçu Monsieur Charles Michel Président du Conseil Européen dans un contexte où le nouveau Gouvernement agitait la question de l'audit du secteur et la renégociation des contrats.
L'on a noté aussi pendant cette période une sortie officielle de l'ambassadeur de l'Union européenne au Sénégal qui déclarait qu'au total, l’UE payait chaque année au Sénégal environ 1,7 million d’euros en raison de l’accord en précisant que les bateaux européens n'étaient autorisés à pêcher que les stocks excédentaires.
Il affirmait aussi que L’UE était disposée à renégocier avec le gouvernement cet accord de pêche".
Le fait de rompre le premier le contrat dans ce qui peut être considéré comme une course à la montre pourrait avoir comme objectif de monter à la face du monde que c'est l'Europe qui a décidé de ne pas renouveler.
Pour rappel depuis des décennies les eaux, sénégalaises font l'objet de pillage systématique par une partie de nos partenaires.
CE N'EST VRAIMENT PAS NORMAL!
Le protocole avec l'UE d'un montant de 1,7 million d'euro (environ 1.1 milliard de FCFA!) couvre un volume de référence de 10 000 tonnes de thons et 1750 tonnes de merlu noir. Soit en gros un prix d'achat au kg de 0,15 euro (95 FCFA). Le prix de vente en Europe peut osciller entre 10 à 20 euro le kilo soit entre 6560 et 13000 FCFA Sans prendre en compte les risques de dépassement des volumes autorisés et de prise d'autres espèces dans le cadre de pêche illégale.
Cette enveloppe annuelle est tellement dérisoire qu'elle représente à peine 2% du budget du ministère de la pêche du Sénégal. Elle ne peut même pas aussi construire une école ou un hôpital digne de ce nom.
Aussi pourquoi se référer dans cet accord au "stock excédentaire" dans un environnement sénégalais marqué par la rareté des ressources halieutiques et des menaces d'insécurité alimentaire ?
Je me demande toujours pourquoi les autorités sénégalaises sortantes ont-elles pu signer de tels accords objectivement défavorables au pays.
Mon interrogation porte aussi sur comment l'UE si prompte à rappeler les règles de bonne gouvernance a-t-elle pu accepter d'aller dans le sens d'un protocole aussi bancal.
Il est clair que le Sénégal recouvre sa pleine souveraineté sur des quotas de pêche vendus à vil prix.
Que représente cette dérisoire somme de 1,7 million d’euro pour un pays sérieux? Rien.
Plus de 45000 décès depuis 2014 selon l'OIM dus en partie au pillage de nos côtes.
Nous recommandons aux pays africains de s'inspirer de l'exemple sénégalais en dénonçant leurs accords.
PAR SEYDINA OUMAR SEYE
ZONE FRANC CFA : OPPORTUNITÉS OU FREIN AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES PAYS DE L'UEMOA ?
L'arrimage au franc CFA et, par extension, à l'euro, engendre une dépendance à l'économie française. Les politiques monétaires étant déterminées par la BCE, les pays de l'UEMOA sont vulnérables aux crises économiques européennes...
La Zone Franc CFA, initiée pour stabiliser les économies des ex-colonies françaises en Afrique, continue de susciter des débats passionnés. Les pays membres de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), regroupant huit nations, utilisent le franc CFA comme monnaie commune. À l'heure où la globalisation financière redéfinit le paysage économique mondial, il devient crucial d'évaluer si cette zone monétaire constitue un levier pour le développement économique ou, au contraire, un frein à l'autonomie économique de ses membres.
1. Contexte Historique et Économique de la Zone Franc CFA
La création de la Zone Franc CFA remonte à 1945, et elle a été conçue comme un moyen de garantir la stabilité monétaire à travers l'arrimage à l'euro. Aujourd'hui, bien que de nombreux pays émancipés de la tutelle coloniale aient adopté des monnaies nationales indépendantes, les pays de l'UEMOA demeurent liés à ce modèle. Cette situation présente à la fois des avantages et des inconvénients, accentuant les réflexions sur l'autonomie économique et la souveraineté monétaire: la marche vers l'"Eco".
2. Opportunités offertes par la Zone Franc CFA
2.1. Stabilité Monétaire
L'un des principaux avantages du franc CFA est la stabilité qu'il offre. Adossé à l'euro, le franc CFA assure une prévisibilité des taux de change, ce qui est crucial pour les investisseurs. Cette stabilité attire les investissements étrangers, stimulant ainsi le développement des infrastructures et de l'industrie.
2.2. Intégration Régionale
La Zone Franc CFA favorise l'intégration économique régionale. En facilitant le commerce intra-régional, elle permet aux pays de l'UEMOA de renforcer leurs échangent et de bénéficier d'économies d'échelle. Cela peut déboucher sur une amélioration des chaînes d'approvisionnement et une réduction des coûts.
2.3. Accès à des financements
Les pays de l'UEMOA bénéficient d'un accès facilité au financement international grâce à la solidité perçue de la monnaie. Les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale ou le FMI, sont souvent plus enclines à fournir des crédits aux pays faisant partie de la Zone Franc CFA.
3. Les limites et freins à l'autonomie économique
3.1. Dépendance à l'Économie Française
L'arrimage au franc CFA et, par extension, à l'euro, engendre une dépendance à l'économie française. Les politiques monétaires étant déterminées par la Banque centrale européenne, les pays de l'UEMOA sont vulnérables aux crises économiques européennes qui peuvent impacter directement leurs économies.
3.2. Problèmes d'inflation et de compétitivité
Bien que le franc CFA soit lié à l'euro, les pays de l'UEMOA souffrent de problèmes inflationnistes, parfois dus à l'importation de biens et services. De plus, la rigidité de la politique monétaire peut compliquer la réponse aux chocs économiques locaux, réduisant la compétitivité des industries locales face à des pays à devises flottantes.
3.3. Velléités de souveraineté monétaire
La question de la souveraineté monétaire reste centrale. Les mouvements politiques dans plusieurs pays de l'UEMOA plaident pour une décolonisation monétaire, estimant que la dépendance à un système eurocentré limite les capacités d'adaptation des pays à leur propre contexte économique et social.
4. Perspectives d'évolution : Vers une réforme nécessaire ?
Le débat sur la pertinence de la Zone Franc CFA est de plus en plus d’actualité. Dans un contexte de globalisation et de crise économique, des pays tels que le Mali et le Burkina Faso ont exprimé des velléités de sortir de cette zone monétaire. Les réformes monétaires sont-elles envisageables ? Une transition vers une monnaie nationale pourrait permettre une meilleure adaptabilité aux besoins locaux et une plus grande indépendance face aux fluctuations économiques mondiales.
En conclusion, la Zone Franc CFA présente à la fois des opportunités et des freins indéniables pour le développement économique des pays de l'UEMOA. Si la stabilité monétaire et l'intégration régionale sont des atouts non négligeables, la dépendance à l'économie française, les problèmes inflationnistes et les réflexions sur la souveraineté monétaire soulèvent des interrogations cruciales. Les pays de l'UEMOA doivent s'engager dans une réflexion collective pour envisager les réformes nécessaires qui leur permettraient de tirer pleinement parti de leurs ressources tout en garantissant leur indépendance économique. La dynamique de développement économique pour l'avenir repose ainsi sur leur capacité à naviguer entre les opportunités offertes par le franc CFA et les défis d'une autonomie économique mise à mal par une dépendance historique.
par Modou Dia
LA PROMESSE D’UNE RUPTURE SYSTÉMIQUE EST-ELLE TENABLE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Pastef, comme toute entité, n’est pas homogène. Il est traversé par un courant libéral et un courant de gauche avec des nuances. La lecture, les interprétations, les arrière-pensées par rapport au Projet varient
En mars 2024 au Sénégal, l’élection présidentielle a consacré la victoire de Bassirou Diomaye Faye, un candidat d’un parti d’opposition prônant une « rupture systémique ». Pour pouvoir opérer cette dernière, son parti doit gagner les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 pour disposer d’une majorité suffisante au Parlement pour faire voter ses réformes. Ce contexte offre l’opportunité d’analyser les tenants et les aboutissants de cette « rupture systémique ».
Une élection historique
L’élection présidentielle au Sénégal aurait dû se tenir constitutionnellement le troisième dimanche du mois de février, c’est-à-dire le 25 février pour celle de 2024. À la veille du début de la campagne électorale prévue le 4 février, le président Macky Sall a pris un décret de report-annulation de l’élection. Il a fallu une grande mobilisation populaire et une intervention du Conseil constitutionnel pour mettre fin à cette mesure inconstitutionnelle, abroger une loi anticonstitutionnelle de prolongation du mandat du président en exercice votée par un parlement-godillot et fixer une nouvelle date pour les élections. C’est ainsi que le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye est élu à 54% des voix exprimées président du Sénégal au premier tour. C’est la première fois qu’un candidat de l’opposition remporte l’élection présidentielle au premier tour. C’est une élection historique à plus d’un titre, eu égard au contexte et à la singularité du parti politique ou plutôt de la vague politique ayant porté Diomaye Faye au pouvoir. Il a nommé dès son investiture Ousmane Sonko au poste de Premier ministre.
Le contexte est on ne peut plus particulier, car 10 jours avant le premier tour du scrutin, Diomaye Faye était en prison avec son mentor politique Ousmane Sonko. En effet, Ousmane Sonko, président du parti Patriotes africains du Sénégal pour le Travail, l'Éthique et la Fraternité (Pastef), est arrêté et emprisonné en juillet 2023 pour différents chefs d’inculpation criminels, dont celui d’atteinte à la sûreté de l’État. Ainsi, il a rejoint en prison Diomaye Faye, secrétaire général de Pastef, déjà emprisonné plusieurs mois auparavant. Dans la même foulée en juillet 2023, le régime de Macky Sall prononce la dissolution pure et simple de Pastef.
Cette interdiction de Pastef est la suite d’une spirale de harcèlement, de persécution de l’opposition, en particulier des militant-e-s et des sympathisant-e-s de Pastef. Plus de 80 morts. Plusieurs milliers de membres de Pastef sont mis derrière les verrous. Cette vague répressive a été tous azimuts, s’abattant sur la direction centrale de Pastef jusqu’aux structures de base qui n’ont pas été épargnées dans les communes et dans les plus petites localités. Les libertés démocratiques sont bâillonnées avec l’interdiction de manifestations, de rassemblements, de réunions ou d’activités politiques de l’opposition, etc. Plusieurs journalistes sont arrêté-e-s, des signaux de télévision ou des connexions-Internet ont été souvent coupés. Ce fut une période infernale de plomb de 2021 à juste avant les élections de mars 2024 ponctuées par des insurrections populaires en mars 2021 et juin 2023 pour s’opposer à l’arrestation d’Ousmane Sonko et à un verdict prononcé contre lui dans le cadre d’un procès pour l’écarter des élections présidentielles, mais aussi pour obliger le président Macky Sall à finalement renoncer à ses ambitions de postuler à un troisième mandat inconstitutionnel. N’ayant pu trouver des prétextes sur le plan professionnel pour l’éliminer politiquement, le régime de Macky Sall n’a eu d’autre choix que de recourir à deux « affaires » : une « affaire de viol » et une « affaire de diffamation » envers un ministre épinglé par un rapport d’un corps de contrôle. Ousmane Sonko a été finalement empêché d’être candidat aux élections à la suite de différentes machinations du pouvoir basées sur la 2e affaire. Néanmoins, la longue résistance grâce à un soutien populaire massif a permis à Pastef de gagner du temps et de s’être ménagé des plans B, C, D en son sein et à l’extérieur, dont celui de Diomaye Faye avec la suite que l’on sait.
Derrière tout contexte singulier, en l’occurrence ce contexte pré-électoral, il y a un acteur singulier qui est le parti Pastef.
Pastef est né en 2014, à peine 10 ans, avec comme principaux dirigeants des inspecteurs des impôts et domaines dont le leader est Ousmane Sonko. Ce dernier n’a pas cessé de dénoncer des scandales fonciers, financiers, fiscaux commis par le régime avant d’être radié de la fonction publique en 2016.
Ses critiques argumentées et documentées contre le pouvoir à travers différents canaux et aussi sa réputation d’intégrité confèrent à Ousmane Sonko et à Pastef une rapide et croissante popularité. Dans un pays où, au niveau des présumées élites, le vol des deniers publics est un sport national bien avant la lutte et le football, être inspecteur principal d’impôts non suspect, de même pas un centime de corruption ou de détournements, a fait mouche, surtout parmi la jeunesse. Cette jeunesse que ces pratiques prédatrices poussent à l’exil dont le terminus est parfois les fonds de la Méditerranée et de l’Océan atlantique. Tandis qu’il est un secret de polichinelle que même les plantons ou les gardiens sont millionnaires aux Impôts et Domaine.
Une autre particularité du Pastef n’est pas seulement d’être créé après l’indépendance par des individus nés bien après l’indépendance politique en 1960, mais surtout de n’avoir jamais été mêlé de près ou de loin à la « mangerie » et à la Françafrique, au moins concernant son ossature originelle.
Or, depuis 1960, le Sénégal est dirigé par deux partis ainsi que leurs démembrements consécutifs à des scissions : grosso modo, le Parti socialiste (PS) de 1960 à 2000, le Parti démocratique sénégalais (PDS) et ses clones de 2000 à 2024. Il y eut deux alternances en 2000, puis en 2012, qui ne se sont pas traduites par un renouvellement radical du personnel politique. Dans un pays dit sous-développé où les positions de « survie économique » sont réduites à l’appareil d’État pour cette gent, une grande partie de la coalition battue opère une transhumance pour continuer à picorer à la « mangerie » dans le cadre d’un deal : soutien politique contre enterrement des dossiers du régime sortant.
Plus qu’une alternance, l’élection de Diomaye Faye est non seulement une alternative, mais se voudrait par ailleurs une rupture avec plus de 60 ans de règne de partis du système néocolonial depuis l’accession du pays à l’indépendance politique en 1960. C’est sans doute aussi un renouvellement générationnel qui envoie à la retraite de larges pans de la classe politique composée en partie de dinosaures en place depuis des décennies.
Un héritage cataclysmique et … des attentes abyssales
Après l’accession du Sénégal à l’indépendance en 1960, la corruption s’est installée progressivement dans les mœurs politiques. De 1960 à 2000, le régime PS y mettait les formes en faisant preuve de scrupules. A leur époque, un marché supérieur à 300 millions de Francs CFA[i] était passible d’un appel d’offres. Une grande partie des dignitaires du régime PS ont fini leur vie avec un train de vie modeste, dans la précarité ou même dans la pauvreté.
Le niveau de concussion, de gabegie et de népotisme a atteint un autre palier avec la première alternance de l’année 2000 avec l’accession au pouvoir du PDS dirigé par Abdoulaye Wade. Dans sa sagesse et son humour comme arme de résistance, la population a appelé ce changement non pas une alternance, mais une alterNoce, « Noce » signifiant « Bamboula » aussi en wolof, la langue majoritairement parlée dans le pays.
Mais c’est à partir de la deuxième alternance en 2012 que les phénomènes de prévarication ont atteint un niveau stratosphérique inégalé avec le régime de Macky Sall. Rappelons que ce dernier a eu le temps de faire ses classes sous le régime de son ex-mentor Abdoulaye Wade avant de tomber en disgrâce à la suite d’une brouille en 2008.
En 2012, le régime de Macky Sall prétendait avoir l’ambition d’un Sénégal émergent ou bien à la rigueur en voie d’émergence à la fin de son magistère. A son départ, loin de connaître l’émergence, le Sénégal « a reculé de la 154e à la 169e place (sur 193 pays) dans le classement IDH [Indice de Développement Humain du Programme des Nations Unies pour le Développement][iii] ». Par contre, il y a l’émergence de nombreux ou de nombreuses milliardaires. Dans son entourage, de nombreuses personnes se sont enrichies d’une manière ahurissante à une vitesse stupéfiante. Il ne manque pas de personnes simples locataires ou ayant emprunté uniquement les transports en commun de se retrouver, quelques années plus tard, propriétaires d’immeubles et/ou roulant avec des voitures 4*4 ou 8*8 rutilantes hors de prix. Les marchés de plusieurs milliards ont été négociés gré à gré et accordés à des copains, copines et coquin-e-s.
Sous réserve de validation par la cour des comptes, l’audit financier présenté par le gouvernement en septembre 2024 donne une idée de la nature vertigineuse du carnage financier à l’actif du régime de Macky Sall, sans compter le maquillage des indicateurs économiques, en particulier le taux d’endettement extérieur et le déficit budgétaire[iv] :
Entre 2019 et 2024, 5400 milliards de Francs CFA sur des contrats par entente directe[v] ;
605 milliards de Francs CFA de sur-financement ont été accordés par le FMI pour 2024 en prévision de l’année électorale, ils ont été totalement dépensés en 2023 dont la moitié sans traces jusqu’à présent ;
1892 milliards de Francs CFA de dettes ont été contractées à l’extérieur sans être comptabilisés par les organismes techniques habilités qui n’ont reçu aucune notification, l’Assemblée nationale non plus ;
Depuis 2019, plus de 2500 milliards de Francs CFA de dépenses ont été effectuées sous couvert du secret-défense, même par exemple pour des équipements scolaires ou du système hospitalier dans le domaine public civil ;
Un endettement passé de 2700 milliards de Francs CFA en 2011 CFA à 16200 milliards de Francs CFA en 2024 et maquillé à 14 400 milliards de Francs CFA [vi];
Une ribambelle de projets aussi inutiles que coûteux comme source de surfacturations, de commissions et de rétro-commissions ;
Etc.
Quant au cannibalisme foncier, il n’a pas épargné le bâti de l’État, le foncier urbain, le littoral et le domaine maritime protégés ainsi que les terres cultivables ou le foncier à l’intérieur après le pillage-partage entre la bourgeoisie bureaucratique, compradore et la féodalité maraboutique de la région de la capitale Dakar.
De nombreux scandales se chiffrant à des dizaines ou des centaines de milliards de Francs CFA ont émaillé la gouvernance du régime de Macky Sall entre 2012 et 2024 :
Petro-Tim : l’implication dans des transferts d’actifs pétroliers d’Aliou Sall, frère du président Macky Sall ;
CovidGate : gestion opaque des 1000 milliards destinés à contrer l’impact de l’épidémie ;
Arcelor Mittal : renégociation au rabais d’une indemnité pour rupture abusive de contrat que devait verser la multinationale ;
PRODAC : Environ 29 à 26 milliards de Francs CFA pour des domaines agricoles communautaires pour l’emploi des jeunes et pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire qui n’ont jamais vu le jour ;
Building Administratif : réfection ruineuse à fonds perdus de ce bâtiment ;
« Fondation Servir le Sénégal » : fondation de l’épouse de l’ex-président gérée une décennie sans bilan ni audit tout en brassant des milliards en violation de la règlementation en vigueur ;
Armement : contrat controversé d’achat d’armes de 45 milliards de Francs CFA par le ministère de l’environnement ;
Une multitude de surfacturations dans des confections à l’étranger de passeports, de cartes d’identité biométriques ;
Les éventuelles auteur-e-s de ces scandales n’ont eu rien à craindre, car l’impunité a été érigée en seconde nature de la gouvernance du régime de « Maquis très Sale ». Le président Macky Sall a avoué lui-même avoir mis son coude sur des dossiers de prédation des corps de contrôle qui devraient être transférés à la justice. Principalement, parmi cette sinistre horde, seuls deux individus ont été inculpés et condamnés, car ils ont été plutôt des obstacles politiques au président Macky Sall en s’évertuant à se présenter contre lui aux élections présidentielles de 2019. Après sa réélection, ils ont été libérés et graciés. En voilà une autre facette de ce régime : une instrumentalisation de la justice comme outil de chantage aux adversaires ou aux ennemis politiques !
Quant aux attentes du peuple sénégalais, en particulier sa jeunesse qui s’est mobilisée, voire qui s’est sacrifiée au prix du sang pour la victoire de Pastef, elles sont abyssales :
Le revers des milliardaires générés par la prédation est une pauvreté galopante impactant une majorité de la population. Dans la plupart des ménages, les « 3 repas quotidiens » furent depuis longtemps un vieux souvenir. Actuellement, avec le système dit « Gobar Diaci », c’est tout au plus un repas à midi dans lequel on prélève une partie pour les enfants le soir, chaque adulte devant se débrouiller pour le dîner et le petit-déjeuner.
Le désert du Sahara, l’océan Atlantique, la Méditerranée continuent à être le cimetière de centaines ou de milliers de jeunes à la recherche de moyens d’un bien-être, surtout pour leurs familles, quitte à prendre tous les risques possibles ;
Un système de santé et un système scolaire à plusieurs vitesses marginalisant ou excluant les couches populaires. Dans de nombreuses localités, des abris dits provisoires font office de salles de classe où les cours sont impossibles à la moindre intempérie.
Malgré plusieurs centaines de milliards de Francs CFA présumés investis dans l’assainissement et l’aménagement, des inondations provoquent toujours le calvaire dans les quartiers populaires urbains qui souffrent paradoxalement d’une pénurie d’eau potable. Il en est de même des crues des cours d’eau pour les populations riveraines.
Pour résumer, la situation est grave ou sinon catastrophique dans tous les autres secteurs pour l’immense majorité du peuple.
Avec un tel héritage et des attentes aux antipodes, il va de soi qu’il sera difficile quelles que soient les meilleures intentions du nouveau gouvernement de faire des miracles.
Les premiers actes posés
Le Pastef accède au pouvoir sans disposer de toutes les prérogatives constitutionnelles pour légiférer face à une Assemblée nationale toujours dominée par la coalition du pouvoir sortant. Et cette dernière ne peut être dissoute qu’au moins deux ans après son installation, c’est-à-dire au plus tôt en septembre 2024 suite au début d’une nouvelle législature en septembre 2022. Sur ce,le parlement a été dissout en septembre 2024 pour être renouvelé par des élections législatives le 17 novembre 2024 qui seront abordées ci-après. Par conséquent, durant cette période transitoire d’environ 6 mois, en dehors d’une entente hypothétique avec la majorité du pouvoir, le nouveau régime ne dispose que des décrets, des ordonnances de son président Diomaye Faye, dans l’impossibilité de voter une loi ordinaire, a fortiori une loi de nature organique ou constitutionnelle requérant plus que la majorité absolue.
En plus de ces handicaps, le pouvoir sortant a semé plusieurs pièges :
Des approvisionnements pour les raffinages et les centrales électriques n’ont pas été sécurisés dans l’intention de provoquer des coupures d’électricité ou un black out quelques semaines après l’avènement de Pastef à la tête de l’État ;
Des milliers de nominations, de recrutements à durée indéterminée, de décorations, d’augmentations de salaire, de signatures de contrats, de ventes d’actifs publics ont été décidés dans les derniers jours ou même les dernières avant la passation du pouvoir le 2 avril 2024 ;
Des ardoises de dettes ont été laissées presque dans tous les démembrements de l’État. Par exemple, pour le financement de la campagne agricole en mai-juin 2024, le gouvernement de Pastef a été obligé d’éponger un passif de 41 milliards de Francs CFA aux fournisseurs pour les années 2021, 2022, 2023.
Il ne faudrait pas oublier le défi toujours actuel face à une opposition riche de ses rapines et de ses razzias dans des caches ou dans des paradis fiscaux, avec une presse privée majoritairement à ses ordres. Sous le défunt régime, cette dernière a vécu grâce à un étrange modèle économique fondé sur des amnisties fiscales à répétition, sur des contrats avec l’État et/ou avec des sociétés publiques, mais aussi sur une escroquerie pure et simple par le vol de la TVA collectée et par le vol des cotisations sociales et des impôts prélevés sur le personnel.
Toutes ces mines posées ont eu comme dessein manifeste de planter le nouveau pouvoir, de créer le chaos pour « prouver » l’incompétence de nouvelles autorités de manière à rendre le pays ingouvernable et espérer revenir au pouvoir au plus tard aux échéances présidentielles de 2029, voire même imposer une cohabitation à l’occasion des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Cependant, Pastef a réussi à déjouer ces pièges, non sans avoir posé certains actes.
Dans la formation du gouvernement, pour éviter les suspicions ou les allégations de vengeance, des personnalités mises au banc par l’ancien régime pour leur « indépendance » ou autrement pour le refus de contribuer à l’embastillement de l’opposition (en particulier de Pastef) ont été nommées à des fonctions ministérielles régaliennes. Ainsi, un ex-magistrat a été nommé ministre de la Justice, un ancien officier de gendarmerie au poste de ministre de l’Intérieur, un ancien officier de l’armée au portefeuille de la Défense.
Pour donner des gages sur la priorité à la compétence, le ministère de l’Agriculture a été confié à un ex-banquier d’affaires enrichi à l’extérieur avant de rentrer et de créer des fermes agricoles performantes, tandis que le ministère de l’industrie a été confié à un ancien de Nestlé ayant déposé plusieurs brevets.
En termes de rupture, le gouvernement de Diomaye Faye–Ousmane Sonko a posé des actes indéniables :
Organisation d’états généraux de la justice à l’issue desquels les magistrats exécutants de basses œuvres du régime déchu ont été mis au placard, des juridictions ont été mises en place pour la reddition des comptes avec le début de l’arrestation et l’inculpation de dignitaires du régime de Macky Sall ;
La chasse et l’annulation de privilèges fiscaux indus, entre autres concernant une presse aux ordres de l’ancien pouvoir ;
Le retrait de toutes les voitures de fonction, de logements de fonction, de passeports diplomatiques indus après la fin de l’exercice des fonctions y relatif ;
Un audit et le cas échéant une renégociation de contrats dans le domaine des hydrocarbures, de la pêche, des ressources minérales et naturelles en général ;
Le gel de toutes les opérations foncières litigieuses ;
Le début de la suppression de tous les organismes superflus et budgétaires pour recaser une mafia de politiChiens ou de politiChiennes, d’affairistes et d’une féodalité maraboutique ;
Au niveau de la politique étrangère, le Sénégal n’est plus un pion de la Françafrique sur la vassalité de laquelle l’État français pourrait miser, en voici quelques séquences :
Dans son discours à la 79ème assemblée générale de l’ONU, le président Diomaye Faye a dénoncé toutes les puissances étrangères qui tirent les ficelles dans les conflits en Afrique, surtout au Sahel[viii] ;
Le Sénégal a explicitement condamné les « opérations » de l’armée israélienne à Gaza comme un génocide, a exigé un cessez-le-feu et réitéré sa position pour « la solution à deux États » par la création d’un État palestinien à côté de celui d’Israël conformément aux résolutions de l’ONU ;
L’absence pour la première fois d’un chef d’État sénégalais en 2024 en France au sommet de la francophonie et aux cérémonies d’une célébration du débarquement de Provence, en l’occurrence le 80ème anniversaire ;
Sans complicité et sans connivence avec l’État français, la prise en main de la célébration par l’État sénégalais du 80ème anniversaire du massacre de centaines de tirailleurs réclamant leurs soldes de captivité par l’armée française le 1er décembre 1944 ;
Etc.
La reddition des comptes est entravée dans une certaine mesure par une loi d’amnistie ou plutôt une loi d’autoamnistie votée à la 25e heure par le défunt régime pour la période mars 2021–mars 2024 où environ 85 personnes ont été tuées, des centaines de personnes blessées ou handicapées à vie, des milliers de personnes emprisonnées, avec des banqueroutes de nombreuses activités ou entreprises, des naufrages de plusieurs couples ou ménages, etc. Pour abroger cette loi, il faudra au gouvernement de Diomaye-Sonko une majorité parlementaire aux élections législatives du 17 novembre 2024. D’où, entre autres, un enjeu de ces élections.
Par ailleurs, la reddition des comptes pourrait être contrariée par ce qui semble être un reniement d’un engagement de Pastef à ne point favoriser la transhumance des membres de l’ancien pouvoir dont certains ont été reçus en personne par le premier Ousmane Sonko. Ces membres vont-ils bénéficier d’une impunité au cas où ils seraient soupçonnés dans des détournements de fonds publics. En tout cas, c’est une pratique réprouvée et rejetée fortement par la base de Pastef au point d’avoir engendré un début de crise ou de brouille au sein de la galaxie de Pastef, y compris au sein du « duo inséparable » entre le président et le premier ministre. C’est toute la crédibilité du crédo « Jub, Jubal, Jubbanti », traduisible en français par « Droiture, Probité, Exemplarité[ix] », qui est dès lors questionnable.
Leurres et lueurs de la « rupture systémique »
Après leur victoire électorale en 1970 au Chili, les forces de l’Unité populaire (UP) sous la direction de Salvador Allende se sont fixé de construire un socialisme tout en restant dans le cadre de la légalité constitutionnelle inscrite dans les gènes d’une démocratie au demeurant bourgeoise. L’UP a été tout sauf un ramassis de bolchéviks avec des couteaux entre les dents. Tout au contraire, ils ont fait preuve de modération, par exemple en nationalisant des secteurs de l’économie moyennant une indemnisation. Pour sa survie politique face à un parlement hostile, l’UP a essayé de faire preuve d’esprit de compromis avec le résultat que l’on sait : le 11 septembre 1973, le régime démocratiquement élu de l’UP fut renversé par un coup d’État sanglant dirigé par Augusto Pinochet (ancien commandant en chef de l’armée chilienne nommé par Allende !) qui a instauré durant environ deux décennies un régime de terreur au Chili, avec le soutien des USA et du capital national. C’est un autre « 11 septembre » que l’on claironne moins dans le « monde libre, civilisé et démocratique ».
En 2024 au Sénégal, Pastef fait la promesse d’une « rupture systémique » tout en respectant la légalité constitutionnelle. Par cette rupture, Pastef n’entend pas instaurer un socialisme comme l’UP au Chili : ah, on vit une autre époque, le socialisme est mort ou plutôt sa perversion ou dégénérescence politico-bureaucratique sous la forme d’un capitalisme d’État en ex-URSS ou en Chine, etc. ! Le mantra de Pastef est le souverainisme, le panafricanisme dans ses tendances dominantes et dans une certaine mesure l’anti-impérialisme. Car Pastef, comme toute entité, n’est pas homogène. Il est grosso modo traversé d’une part par un courant libéral, et d’autre part par un courant de gauche avec des nuances. Le courant libéral, largement dominant, sinon hégémonique, se subdivise en un sous-courant libéral sur les questions de société et en sous-courant conservateur, voire réactionnaire sur les questions de mœurs et de morale.
La lecture, les interprétations, les arrière-pensées par rapport au « Projet » du Pastef varient évidemment selon les tendances politiques en son sein. Avant la prise du pouvoir, ce « Projet » comme leitmotiv à la bouche de l’ensemble des militant-e-s de Pastef a été opérationnalisé après la prise du pouvoir et présenté comme un plan à long terme « Sénégal vision 2050 nouveau référentiel[x] ». Cette vision est tout d’abord échelonnée en plan d’action de cinq ans comparable à un plan quinquennal intitulé « Stratégie Nationale de Développement 2025-2029[xi] », ensuite découpée aussi en master plan comparable à un plan décennal. La vision 2050 appelée aussi « Sénégal 2050- Agenda National de Transformation » se décline en quatre axes :
« Axe 1 : Economie Compétitive ;
Axe 2 : Capital humain de qualité et Equité sociale ;
Axe 3 : Aménagement et Développement durables ;
Axe 4 : Bonne Gouvernance et Engagement africain ».
Concrètement pour la ligne libérale dominante au niveau de Pastef, cela consiste à moderniser et développer le secteur primaire (agriculture, pêche, élevage, minerais, etc.) pour viser non seulement une autosuffisance alimentaire, mais aussi en même temps fournir des inputs pour l’incubation ou l’éclosion d’une industrie de transformation pour créer les chaines de valeurs les plus complètes de la matière première à la consommation locale du produit ou son exportation. L’État va créer l’environnement en termes d’infrastructures et de réglementation pour inciter les capitalistes nationaux et les entreprises transnationales, oh pardon les « opérateurs économiques nationaux ou le secteur privé » et les « partenaires étrangers », à investir. A l’image de plusieurs pays asiatiques qui se sont économiquement développés comme la Corée du Sud, Singapour et des pays africains en phase de décollage économique comme le Botswana et le Rwanda, la vision 2050 s’assigne comme but l’édification d’un capitalisme national « assaini » des turpitudes et des aspects les plus odieux du capitalisme. Implicitement avec l’objectif d’une autosuffisance alimentaire et une amorce d’une industrialisation alimentée par des inputs ou surplus agricoles, le modèle envisagé est celui d’une substitution aux importations. Alors que la Corée du Sud s’est économiquement envolée sur la base des exportations en remontant progressivement les filières du textile au numérique et au nucléaire en passant par les industries mécaniques et les chantiers navals sous une dictature sanguinaire qui s’est muée beaucoup plus tard en régime démocratique libéral comme à Taïwan entre autres. Il serait important de rappeler qu’en 1960 que le PIB par tête de la Corée du Sud était inférieur à celui du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, avec le soutien populaire et surtout exigeant de la part de la jeunesse, tout porte à croire que Pastef aura le souci de créer une paix sociale à travers un consensus par des prestations d’un service public à travers un large réseau d’infrastructures éducatives, de formation, de santé, d’accès aux services de base (eau, électricité, connectivité, mobilité) couvrant l’ensemble du territoire et profitant à une grande partie de la population. Pour user d’une boutade pour résumer, le credo du courant libéral hégémonique dans Pastef pourrait être à l’endroit des capitalistes nationaux et étrangers "partenaires" : « enrichissez-vous en innovant, en créant des emplois, en générant des valeurs ajoutées, autrement dit enfin développez l’agriculture et industrialisez le pays ! ». Et ce à l’apposé des défunts régimes d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall où les milliardaires se fabriquaient sur la base d’octrois à la tribu de situations de rente par l’octroi de marchés parfois non ou partiellement exécutés, de monopoles d’importation ou d’exportation, si ce n’est de leur verser directement le pactole sans autre forme de procès !
Si, au niveau des rapports sociaux internes, on peut ne pas être préoccupé par la perspective de revirements ou de volte-face, en ce sens que Pastef n’a jamais brillé par un penchant transgressif sur les questions comme celles du patriarcat et de la féodalité maraboutique, comme on le verra plus tard, il n’en est pas de même quant à la volonté proclamée de rupture système avec l’impérialisme.
Mais sur le plan de la rupture vis-à-vis de l’extérieur, il y a un signe qui ne trompe pas, à savoir la sollicitude avec laquelle le gouvernement Pastef a tenu à informer le FMI du trucage de tous les comptes financiers par le régime de Macky Sall. Le gouvernement sénégalais a un devoir de transparence et de vérité par rapport au peuple sénégalais, mais nullement envers l’impérialisme international et ses institutions financières. C’est comme si Pastef voulait donner des gages en jouant le rôle de bon élève et/ou de balance. En outre, ce serait faire preuve de naïveté de penser que le FMI n’ait pas été au courant des subterfuges du régime défunt, au vu de tous les moyens de renseignement dont disposent les pays occidentaux principaux actionnaires du FMI. Ce serait oublier aussi que le régime de Macky Sall a entretenu des relations étroites avec les services secrets français et israéliens, pour ne pas dire qu’il a été même chapeauté par ces derniers. En général, les puissances impérialistes occidentales ou autres sont plus informées dans de nombreux domaines que les pays dits sous-développés sur leurs territoires de par leurs outils d’interception et d’observation satellitaire, sans compter leurs agents infiltrés.
Un autre signe qui ne trompe pas, ce sont les nuances ou les inflexions progressivement introduites dans les éléments de langage quant aux rapports avec les pays impérialistes. En vedette, les mots « partenaires » ou « partenariats » sont usités et prisés. Ainsi, le FMI, la Banque Mondiale, les puissances impérialistes sont affublées du nom de « partenaires ». A mille lieues d’être des poètes, enfants de chœur ou philanthropes, les puissances impérialistes ne connaissent pas le langage du « partenariat », mais celui des rapports de force, du profit, du froid calcul de l’intérêt au sens propre et au sens figuré.
Quid des autres chantiers présumés de « rupture systémique » ? En tout, il peut être noté un silence ou un amollissement vis-à-vis de certains axes de rupture :
La dénonciation et la divulgation des dits accords de coopération avec la France depuis 1960 comportant des clauses secrètes au moins dans ses aspects militaires pour rompre le cordon ombilical néocolonial ;
Le retrait total de la base militaire française au Sénégal (il parait que ce sera acté, mais avec un bémol qui serait le maintien d’une « coopération » militaire) ;
Le retrait de la Zone Franc ;
La nationalisation sans indemnisation de toutes les entreprises multinationales française comme compensation au vol et au pillage subis durant des siècles.
A la décharge de la ligne dominante de Pastef, ce serait problématique ou voire suicidaire ou « mission impossible » d’affronter frontalement l’impérialisme seul en tant que pays dominé. Mais le mérite aurait été de le poser et de travailler avec d’autres forces à la révolution dans un cadre sous-régional ou dans un cadre régional en Afrique. Or l’ambition de cette ligne dominante n’est pas de remettre en cause le califat, mais d’essayer de jouer une partition « gagnant-gagnant » sur toute la planète en s’émancipant du statut d’ex-larbin cloué dans un pré-carré français. Par ailleurs, il serait bien indiqué de nuancer le statut de valet vis-à-vis de l’impérialisme français. Depuis le régime d’Abdoulaye Wade (2000-2012), la France n’est plus hégémonique au niveau des échanges du Sénégal avec l’extérieur, sa position dominante a été bousculée et remise en cause avec l’ouverture envers la Chine, la Turquie, mais aussi grâce à un sursaut des échanges avec des pays comme les USA, l’Allemagne, etc. Cependant, sous le régime de Macky Sall (2012-2024), l’État français et les multinationales françaises sont parvenus à (re)contrôler un grand nombre de secteurs de l’économie (eau, autoroute, télécommunications, grande distribution, etc.) et à rafler les plus importants contrats étatiques (Train Express Régional, autoroutes, etc.). Il s’ensuit que le recul ou la marginalisation de l’impérialisme dans les échanges économiques avec le Sénégal n’est pas seulement le fait de puissances impérialistes dites émergentes, mais aussi celui de puissances impérialistes occidentales politiquement alliées avec la France.
Avec le sabotage, le boycott, l’embargo, le chantage et autres actions sordides dans l’arsenal de l’hégémonie des puissances impérialistes et des institutions financières internationales, il y a des leviers qui pourraient être actionnés. Bien avant ladite aide publique au développement, le premier poste de la balance des paiements du Sénégal est constitué par les plus de 1500 milliards de Francs CFA envoyés annuellement par la diaspora, soit plus de 10% du PIB[xii]. Cet argent est souvent consommé improductivement, par exemple pour acheter un poisson au lieu de contribuer à savoir pêcher. Imaginons un instant non seulement en termes de potentiel qu’une partie de ce montant soit investie, mais aussi que l’épargne de la diaspora soit mobilisée et que l’épargne locale soit boostée et rationalisée. Une grande partie de l’investissement de la diaspora est captée par l’immobilier et le foncier pour plus de sécurité, en partie à cause de structures étatiques mafieuses. Même dans ces sphères, la diaspora n’est pas à l’abri de nombreuses arnaques.
Sur la rubrique des rapports sociaux internes, une fois n’est pas coutume, il faut reconnaître le mérite de Pastef d’avoir porté la lutte contre la discrimination de certaines catégories comme les handicapés physiques, les aveugles. Ce sera probablement une première au Sénégal, il y aura des handicapé-e-s physiques au Parlement car figurant sur des places éligibles sur les listes de Pastef aux élections législatives. Une fois au Parlement, ils ou elles pourront amplifier le combat contre les préjugés, les stigmatisations, la mobilité par l’imposition de nouvelles normes inclusives de construction, l’aménagement des trottoirs et des édifices publics. Ce serait aussi le moment d’intégrer d’autres catégories comme les albinos dans cette dynamique de lutte contre les stéréotypes et les préjugés.
Quant au régime patriarcal sous lequel ploie une grande partie de la gent féminine, ce n’est pas dans un environnement où le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sont tous les deux polygames avec des références fréquentes à Dieu et à l’islam dans leurs discours qu’on peut s’attendre à une ardeur frénétique ou éruptive pour l’émancipation de la femme. Le Code de la famille et une idéologie dominante s’adossant à la religion et aux traditions rétrogrades font perdurer un lot d’oppression ou de discrimination sur les femmes :
Le régime de la polygamie ;
Le pouvoir de répudiation du mari ;
Une part d’héritage moitié moindre par rapport aux mâles ;
Des mariages précoces ou forcés des filles, avec une déscolarisation surtout en milieu rural ;
Un accès à la terre impossible ou restreint, surtout en milieu rural ;
Une lutte ferme et financée contre les pratiques d’excision.
L’aile libérale réactionnaire de Pastef a dans son agenda une criminalisation de l’homosexualité qui est toujours un délit au Sénégal depuis une loi héritée de la période coloniale. Par contre, la criminalisation de la corruption « ici et maintenant » ainsi que son imprescriptibilité ne feraient pas partie de ses chevaux de bataille.
Enfin, des rapports étroits ou de complaisance continuent à être entretenus avec la féodalité maraboutique. Le Premier ministre Ousmane Sonko a un marabout. Serait-ce pour des raisons tactiques dans un pays à 95% musulman avec un engouement religieux où il fut dépeint par le pouvoir déchu et une certaine opposition comme un salafiste. Cette féodalité maraboutique fut l’alliée de tous les régimes néocoloniaux depuis l’indépendance politique en 1960. Et elle n’a pas bougé le petit doigt quand Pastef subissait la répression cruelle du régime de Macky Sall. En outre, les confréries religieuses n’ont plus le pouvoir réel de « grands électeurs » qu’on leur attribuait. Les fidèles se sont autonomisés et ont appris à faire la part des choses entre le sacré et le profane, entre le spirituel et le temporel. En effet, Bassirou Diomaye Faye a remporté le scrutin présidentiel de mars 2024 quasiment dans tous les foyers confrériques sans y avoir mis les pieds (Touba, Tivaouane, Medina Baye, Yoff, etc.). Il a raflé 13 des 14 régions du Sénégal ainsi que la Diaspora. A cette aune, le peuple est en avance sur ses présumées élites. Et le principe de réalité recommanderait d’appliquer strictement la laïcité en tant que séparation totale entre la religion et l’État dans le cadre d’une liberté de conscience où on peut être agnostique, libre-penseur, athée, juif, musulman, hindouiste, chrétien, bouddhiste, etc.
Le défi des élections législatives du 17 novembre 2024
Ces élections anticipées mettent en compétition 41 coalitions électorales dont les plus grandes sont a priori :
Pastef sous sa propre bannière ;
Takku Wallu Sénégal (TWS) qui est une coalition de l’ex-parti au pouvoir Alliance Pour la République (APR) de Macky Sall avec alliés libéraux du PDS et de ses démembrements dans le temps ;
Jam Ak Jariñ (JAJ) qui est une coalition formée d’une scission de l’APR, fondée par l’ex-premier ministre et ex-candidat battu aux présidentielles de mars 2024 de l’ex-coalition au pouvoir, Amadou Bâ, avec d’autres partis de cette ex-coalition comme le PS et ses démembrements dans le temps ;
Samm Sa Kaadu (SSK) est une coalition composée de plusieurs partis ex-alliés de Pastef, de partis qui sont des scissions du PS ou du PDS et de partis n’ayant jamais été associés à un pouvoir.
165 sièges de député-e-s sont en jeu dont 53 sont disputés au scrutin proportionnel au niveau des listes nationales et 112 sièges au scrutin départemental majoritaire au niveau des 46 départements du Sénégal et des 8 circonscriptions de la diaspora sénégalaise dans le monde, soit un total de 54 circonscriptions.
La particularité de cette élection est l’union dans une inter-coalition de toutes les trois autres grandes coalitions (TWS, JAJ, SSK) contre Pastef dans tous les scrutins majoritaires départementaux. De facto, tous les partis du système néocolonial et leurs démembrements depuis 1960 se sont ligués contre Pastef, parmi lesquels plusieurs ex-alliés de Pastef ne sont pas les moins virulents. Deux facteurs pourraient expliquer une union subite contre-nature de partis en guerre dans un passé récent :
Le rouleau compresseur de Pastef durant les élections présidentielles remportées à 54% avec une victoire dans la diaspora et dans les 13 régions du Sénégal sur 14. Il y a environ seulement 7 mois. Après 7 mois de pouvoir limité, la dynamique devrait être préservée aux élections législatives, voire dopée avec l’effet amplificateur du scrutin majoritaire ;
Au vu de ce reflexe et la furie anti-Pastef de cette inter-coalition dans son ensemble, on pourrait subodorer qu’elle a quelque chose à se reprocher ou a bénéficié du système de prédation décrite comme « Tok, Teudd, Nélaw, Mouy dokh », autrement dit en français « assis, être couché-e, en sommeil, mais en tout cas, les sous tombent toujours ».
L’enjeu pour Pastef pour réaliser toutes ses réformes de « rupture » n’est pas de remporter une victoire absolue de 83 sièges, mais au moins une majorité de trois cinquièmes (3/5) avec 99 sièges pour pouvoir modifier la Constitution ou adopter des lois organiques. Selon des projections des résultats de l’élection présidentielle de mars 2024 sur ces législatives anticipées suivant une méthodologie statistique rigoureuse, le Pastef disposerait au moins de 105 à 115 sièges[xiii]. Malgré peut-être un éventuel effet d’usure et le fait que l’élection présidentielle a été plus mobilisatrice du fait de sa nature d’un référendum pour ou contre le régime de Macky Sall, il n’est pas exclu que Pastef rafle 120 à 130 sièges sur les 165 sièges pour les considérations que voici :
Les partis de la coalition sortante ont subi de nombreuses scissions, démissions et défections ;
Ces partis ne disposent plus des moyens de l’État au niveau financier, au niveau régalien pour influer négativement illégalement en amont ou en aval sur l’issue du scrutin ;
L’effet amplificateur du scrutin majoritaire départemental pour les 112 sièges sur un total de 165 sièges.
Pour les communistes internationalistes, l’enjeu est l’élection du maximum de députés de la gauche révolutionnaire au sein de Pastef en tant que semence d’une révolution socialiste pour l’émancipation sociale pour extirper toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme dans une génération sur la base des avancées ou de la réussite du projet de la « rupture systémique » ou d’un capitalisme national de Pastef.
[i] 1 Euro = 655,957 Francs CFA ou bien 1 Franc CFA = 0,00152449 Euro
C’est assurément au regard de tout ce que je dois à mon pays que je m’engage aujourd’hui en politique, après avoir mené une respectable carrière professionnelle comme fonctionnaire, journaliste et administrateur de sociétés.
Il existe deux manières de considérer un engagement en politique : celle qui sollicite l’ascenseur social redoutable par lequel il est possible de se réaliser à titre personnel, en s’appuyant sur les leviers du pouvoir. Et puis, l’autre, l’aboutissement d’une carrière honorable, un accomplissement personnel qui commande de payer à son pays le tribut que l’on estime lui devoir.
J’ai le privilège d’être un enfant de la Nation auquel l’Etat sénégalais, en complément de l’éducation familiale, a prodigué soins et instruction. Au final, la République m’a remis les outils qui m’ont permis de surmonter tout au long de mon itinéraire, les aléas de l’existence, tout en cultivant les principes qui fondent l’honnête homme, le chef de famille digne et le citoyen intègre.
C’est assurément au regard de tout ce que je dois à mon pays que je m’engage aujourd’hui en politique, après avoir mené une respectable carrière professionnelle comme fonctionnaire, journaliste et administrateur de sociétés.
Comme administrateur de sociétés, fonction moins exposée, en dépit des doutes et rumeurs, il n’a jamais été prouvé par mes détracteurs que j’ai commis des malversations ou en ai été le complice. Mieux, en dépit de ma proximité avec les plus hautes autorités de notre pays, depuis plusieurs décennies, je n’ai jamais bénéficié d’un quelconque privilège indu.
En illustration, les péripéties de mon dernier voyage : je fus bloqué à l’aéroport et sommé de restituer un prétendu passeport diplomatique. Peine perdue : jamais je n’ai accepté de détenir ce genre de document de voyage, considérant que ni mon statut ni l’idée que je me fais de la République ne me l’autorisaient.
Comme journaliste, de reporter à mes débuts, je suis devenu éditeur de presse, et fus le président de l’Union internationale de la presse francophone (Upf) durant plusieurs mandats. Le dernier, que je n’avais pas l’intention de briguer, m’ayant été imposé par mes pairs pour sauver une institution en péril, seulement une année après que j’en ai remis les clés à ma successeure.
J’ai pu remettre l’Upf dans le sens de la bonne marche avant de démissionner, pour répondre à l’appel de notre Patrie, parce que l’heure est grave.
Le feu gagne tous les étages de la République
J’ai décidé de m’engager en politique, en ce moment précis, non pas pour y briguer une respectabilité ainsi qu’une relative fortune que j’ai acquises à la sueur de mon front, et construites brique après brique, à force de travail acharné depuis plusieurs décennies.
Si j’ai enlevé ma casquette d’administrateur de sociétés et de journaliste, ce n’est pas pour me revêtir de l’élégant boubou du politicien en mal de reconnaissance, mais plutôt enfiler la tenue du pompier.
Celle qui sied à la situation, parce que le feu a gagné tous les étages de la République
La menace rampante du fascisme allié aux extrémismes rétrogrades que je dénonce depuis une décennie, est devenue une tragique réalité. L’ennemi est dans nos murs, en train de saper les fondements de l’Etat de Droit, les institutions de la République et même l’essence de notre commune volonté de vivre ensemble.
La violence psychologique, verbale et physique a envahi la vie publique, pollué l’espace politique et tient lieu de mode de gouvernance depuis sept interminables mois.
J’ai donc décidé de m’investir aux côtés du président Amadou Ba, tête de liste de la Coalition Jamm ak njariñ, principalement pour la similitude des valeurs que nous incarnons et défendons : celles qui fondent la Nation, respectent la République, consolident l’Etat de Droit, de même que la démocratie, et promeuvent la probité, la compétence, le travail et le mérite.
J’ai battu campagne en essayant de faire montre de pédagogie à l’endroit des électeurs et plus généralement, de mes compatriotes. Hormis les invitations des médias auxquelles je me suis fait un devoir de répondre, je suis allé à la rencontre du Sénégal profond, pour écouter sa respiration et entendre ses doléances, afin de traduire fidèlement ses aspirations en actes.
La Coalition Jamm ak njariñ, à l’image de son leader, est restée tout au long de cette campagne dans les limites de la bienséance bien sénégalaise. Nous regrettons qu’il n’en fût pas le cas pour toutes les listes de candidats dont l’une fait peser de sérieuses menaces sur le processus électoral et la transparence du scrutin.
Nous en appelons à la vigilance et la lucidité de chacun d’entre vous afin que l’ordre républicain soit restauré au terme de ces élections législatives anticipées du 17 novembre 2024.
Pour ce qui concerne la Coalition Jamm ak njariñ, notre mission est de bannir de l’espace public la médiocrité, la vulgarité et la fourberie pour que l’excellence puisse regagner sa place dans la vie publique et surtout dans l’architecture républicaine.
Nous n’y arriverons pas sans vous, chères compatriotes et chers compatriotes de tous âges, tous sexes, toutes cultures, toutes confessions, que nous appelons à voter massivement le 17 novembre 2024 pour que cesse enfin le cauchemar.
Vive la Nation !
Vive la République !
Vive le Sénégal !
lettre d'amérique, par rama yade
DONALD TRUMP ET L’AFRIQUE : QU’EN ATTENDRE ?
Face à un continent qui revendique sa souveraineté et multiplie les partenariats internationaux, la politique du 'America First' devra composer avec un nouveau paradigme
C’est officiel : Donald J. Trump est de retour à la Maison Blanche avec pour objectif clair de placer «l’Amérique d’abord» («America first !») au cœur de sa politique. Quel impact sur l’Afrique ?
Cela reste à voir, mais le mieux serait peut-être de ne rien attendre. De prendre les devants. Et privilégier «Africa first». De toutes les façons, l’Afrique a été complètement absente de la campagne présidentielle américaine, y compris côté démocrate.
On peut néanmoins anticiper quelques changements à partir des sources disponibles, à savoir le premier mandat de Donald Trump d’une part et, le projet 2025 d’autre part.
Le premier mandat de Trump
Si ‘on remonte à son premier mandat, la stratégie isolationniste du Président Trump l’avait conduit à plaider auprès du Congrès pour la réduction des programmes de développement dont beaucoup sont en Afrique. Seuls Mike Pompeo, son secrétaire d’Etat entre 2018 et 2021, s’est rendu au Sénégal et en Ethiopie, et son épouse Melania au Kenya. En quatre ans à la Maison Blanche, seuls deux chefs d’Etat africains ont été reçus : Muhammadu Buhari du Nigeria et Uhuru Kenyatta du Kenya. Washington n’avait pas non plus accueilli de Sommet Etats-Unis Afrique, quand Vladimir Poutine relançait spectaculairement les sommets Russie-Afrique à Sotchi en 2019.
Toutefois, on se souvient que le Président Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental en 2020, faisant de ce pays du Maghreb un acteur décisif des Accords d’Abraham.
L’Afrique vue sous l’angle de la compétition avec la Chine
Toutefois, l’influence croissante de la Chine en Afrique et le recul des positions américaines en Afrique avaient amené l’Administration Trump à s’inquiéter, expliquant la création d’une nouvelle agence de développement, Development Finance Corporation, mieux dotée financièrement que ses prédécesseurs. Prosper Africa a aussi été lancé avec pour objectif, selon John Bolton, alors conseiller à la Sécurité nationale, qui en avait fait l’annonce fin 2018, de «favoriser les investissements américains, stimuler la classe moyenne africaine et améliorer le climat des affaires dans la région». Que l’annonce ait été faite par le conseiller à la Sécurité nationale démontrait clairement que c’est la concurrence des Etats «prédateurs», Russie et Chine en tête, qui motivait la nouvelle initiative.
Depuis, la Russie a confirmé son statut de premier vendeur d’armes en Afrique et la Chine celui de premier partenaire commercial de l’Afrique, investissant cinq fois plus que les Etats-Unis sur le continent.
La survenue d’évènements majeurs depuis le départ de Trump de la Maison Blanche laisse également à penser que l’Afrique qu’il retrouvera n’est pas celle qu’il avait quittée en 2020. L’impact de la pandémie, la crise énergétique dans la foulée de la guerre en Ukraine, la série de coups d’Etat au Sahel et le retrait forcé de la France, la guerre civile au Soudan, la montée en puissance des pays du Golfe en Afrique, les initiatives sud-africaines dans la guerre à Gaza, comme le renforcement des Brics, ont profondément bouleversé le paysage africain.
Le Projet 2025
De fait, avec un tel contexte, il faut sans doute se tourner vers le Projet 2025 pour tenter d’imaginer comment une politique africaine sous un second mandat Trump pourrait évoluer. Conçu par Heritage, un cercle de réflexion très conservateur de Washington, le Projet 2025, document d’un millier de pages, prévoit de remplacer 4000 fonctionnaires dès l’entrée en fonction de Donald Trump, par des alliés susceptibles de mettre en œuvre rapidement une transformation conservatrice de la société américaine. Bien que, durant la campagne, Donald Trump s’en soit distancé, bon nombre des inspirateurs de ce plan sont des proches, notamment Tom Homan à qui il vient de confier la mise en œuvre de sa politique migratoire.
Dans la courte section du Projet 2025 consacrée à l’Afrique, on trouve l’affirmation de deux principes. D’abord, la volonté de privilégier le commerce plutôt que l’assistance ; ensuite, le refus d’intégrer les «valeurs culturelles», notamment les droits des Lgbtq+ (homosexuels, trans…) dans la politique étrangère américaine. Il est indéniable que ces deux principes resonneront positivement en Afrique.
Le business d’abord ?
Concernant le premier, il est de nature à favoriser une approche transactionnelle. S’il a lieu, le renouvellement de l’accord commercial Usa-Afrique (Agoa) et Dfc en 2025, puis d’Exim Bank en 2026, permettra de donner un aperçu de l’orientation que Donald Trump souhaite donner à sa stratégie commerciale vis-à-vis de l’Afrique. Le sort réservé à certains projets d’ampleur comme le Lobito Corridor - héritage majeur de Joe Biden en Afrique - devra aussi être surveillé, tout comme la réforme des institutions de Bretton Woods dont on ignore si elle va être confirmée par la nouvelle équipe. A cet égard, l’Afrique, qui paie pour un réchauffement climatique dont elle n’est pas responsable, a besoin de financements : il faudra voir comment cet impératif se conjugue avec l’approche climato-sceptique du nouveau pouvoir américain, que d’aucuns soupçonnent de vouloir sortir des engagements de Paris.
Aux côtés de Donald Trump, la présence de Elon Musk, désireux de conquérir les marchés africains, notamment avec Starlink, peut cependant offrir des perspectives nouvelles pour réduire la fracture énergétique. On l’avait aperçu à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre dernier, rencontrer le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le président namibien, Nangolo Mbumba, et le Premier ministre du Lesotho, Sam Matekane.
Des gagnants et des perdants ?
Concernant le second, des pays comme l’Ouganda -précédemment exclus de l’Agoa en raison de préoccupations concernant les droits des homosexuels- pourraient retrouver une oreille plus bienveillante de la part des Etats-Unis de Donald Trump.
A l’inverse, des pays comme l’Afrique du Sud, qui entretiennent des relations désormais complexes avec les Etats-Unis, pourraient perdre cet accès. Le Maroc devrait rester un partenaire-clé au regard du grand jeu moyen-oriental qui s’ouvre.
Enfin, ces dernières années, quelques républicains ont déployé des efforts pour la reconnaissance du Somaliland, afin de renforcer l’influence des Etats-Unis sur la très disputée Mer Rouge.
Africa first
Au-delà du président Trump, c’est du côté de son équipe - secrétaire d’Etat, secrétaire en charge du Commerce, secrétaire en charge de l’Afrique, directeur Afrique de la Maison Blanche, dirigeants des agences de développement, nouveaux ambassadeurs dont celui des Nations unies - qu’il faudra regarder : les profils choisis diront beaucoup des intentions du nouveau locataire de la Maison Blanche. De Marco Rubio à Elise Stefanik, les premières désignations laissent entrevoir une diplomatie offensive face à la Chine et l’Iran.
En attendant, de l’Egypte à l’Ethiopie, en passant par le Sénégal et la Côte d’Ivoire, de nombreux présidents africains l’ont félicité pour sa «victoire» et ont espéré, à l’instar de Bola Tinubu au Nigeria, de pouvoir renforcer leur «coopération économique» avec les Etats-Unis. Si les dirigeants du Moyen-Orient ont bien accueilli le retour de Donald Trump, à l’inverse des dirigeants européens inquiets des droits de douane et du sort réservé à l’Ukraine, l’Afrique pourrait se montrer plus attentiste, entre la méconnaissance du fonctionnement de Washington par ses dirigeants et la pression de son opinion de plus en plus afro-souverainiste et plus vocale que jamais. Les nations africaines ont un atout dans leur manche : une centralité retrouvée qui en fait des partenaires très courtisés par le monde entier. L’Afrique a désormais des options. La balle est donc du côté de Washington. Sinon, à l’Amérique d’abord, de nombreux Africains seraient tentés d’opposer «l’Afrique d’abord».
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
Par Biram Ndeck NDIAYE
UN VOLANT, DEUX CONDUCTEURS OPPOSÉS ?
Le volant symbolise le Sénégal. Si la majorité présidentielle obtient la majorité à l’Assemblée nationale, il y aura un seul conducteur à l’aise pour tenir le volant appelé Sénégal. Sinon, l’exécutif risque d’être bloqué dans son élan par le législatif
Le volant symbolise le Sénégal. Si la majorité présidentielle obtient la majorité à l’Assemblée nationale, il y aura un seul conducteur à l’aise pour tenir le volant appelé Sénégal. Autrement, l’exécutif risque d’être bloqué dans son élan par un pouvoir législatif (Assemblée) qui lui est opposé.
Nous allons vers des élections législatives capitales pour notre pays le Sénégal. Le sénégalais est-il cohérent, logique dans sa démarche ? C’est ce que nous allons vérifier le 17 novembre 2024. C’est à confirmer ou infirmer par ce vote après la présidentielle d’il y a près de neuf (09) mois. Confirmer le vote en donnant la majorité au camp du Président en place, c’est lui donner les moyens de gouverner, de mettre en œuvre la politique pour laquelle son chef est élu. En le faisant, le peuple aura assumé entièrement sa part de responsabilité et pourra ultérieurement être exigeant avec le nouveau pouvoir et lui demander des comptes sur sa gestion du pays. S’il ne le fait pas, il sera responsable d’un éventuel retard ou échec dans la marche du pays en élisant une opposition qui cherchera à ramer à contre-courant, en y trouvant parfois un malin plaisir.
C’est malheureusement cela la pratique de la politique au Sénégal. Fort de ce constat, il est important de garder à l’esprit qu’un véhicule automobile avec deux conducteurs, l’un préférant virer à droite et l’autre ayant un penchant pour la gauche, présente un risque certain pour les passagers et pour tous les autres. C’est cela le danger. Ce véhicule ne pourra pas arriver à bon port sans les conditions idéales de conduite. Imaginez le résultat si les deux (02) conducteurs sont des adversaires, farouchement opposés. Quel drame en perspective ! Est-ce que le passager (l’électeur, le peuple) qui a laissé faire en favorisant la pagaille serait sans reproche et sans remords ? Laissons chacun(e) apprécier les futures conséquences de son choix. A titre d’exemple, l’Italie a connu pendant longtemps une période d’instabilité politique avec un manque de majorité libre de gouverner avec sérénité. Au Sénégal, nous avons déjà eu un avant-goût, un aperçu de ce qui risque de se passer et qui fait peur. C’était entre la période de l’élection suivie de l’installation du nouveau Président de la République et la dissolution de l’Assemblée nationale. Les députés issus de la dernière législature ont reçu des instructions de l’ancien exécutif et cela a abouti à des blocages : une parcelle de pouvoir contre une autre. Ce n’est ni de la logique ni de la cohérence de donner d’une main et de reprendre aussitôt de l’autre, surtout en début de mandat d’un nouvel exécutif (sept mois seulement après l’investiture du Président). On pourrait comprendre un vote sanction qui servirait de contre-pouvoir en cours ou en fin de mandat d’une autorité décriée et rejetée par le peuple. Tel n’est pas encore le cas au Sénégal et il est permis de penser que la tradition sera respectée : donner la majorité au gouvernement pour qu’il ait les coudées franches afin de mener son programme et ses projets sans excuses possibles et justifiées par une attitude incompréhensible des électeurs. L’électeur sénégalais est réputé mûr, réfléchi, conséquent avec lui-même et assez responsable pour accomplir convenablement sa part de mission dans le développement de son pays. La stabilité du Sénégal tant vantée est aussi à ce prix.
Par Serigne Amadou MBENGUE
LA TRANSHUMANCE, C’EST MOCHE
Dans le domaine précis de la politique, la transhumance consiste pour des vaincus à quitter leur parti en ralliant le camp des nouveaux élus sitôt une alternative réussie
L’on évoque assez souvent l’image de bestiaux s’élançant vers des zones ou régions plus alléchantes, plus favorables à leur survie quand, dans leurs contrées, arrivent les périodes dures, arides.
Dans le domaine précis de la politique, la transhumance consiste pour des vaincus à quitter leur parti en ralliant le camp des nouveaux élus sitôt une alternative réussie.
Que n’a-t-on pas dit et écrit sur cette forme de métamorphose que certains acteurs politiques, toute honte bue, affectionnent si allégrement ?
Cette conception de la politique doit - elle être encouragée ?
Doit-elle être extirpée du champ politique ?
Est-ce même chose à offrir à notre jeunesse ?
Ne serait-on pas tenté de penser que ceux-là qui en sont acteurs ont deux âmes ?
Six mois à peine, après la mémorable débâcle de Benno Book Yakar, alors surtout que la campagne électorale pour les législatives bat son plein, de grosses vagues de transhumants déferlent vers les rives pastéfiens. Cela crève les yeux. Et ce n’est pas le menu fretin. Des personnages qui, naguère dans l’ancien régime, ont bénéficié de faveurs ou de positions pour le moins confortables sont sur la sellette.
Faut-il en rire ? Verser des larmes ? S’étriper la poitrine ?
Des raisons diverses sont avancées pour justifier cette odieuse attitude comportementale.
Séduisantes, farfelues, saugrenues, abjectes, éhontées et Dieu sait quoi encore !
Certains considèrent béatement qu’il sied de conférer une majorité confortable à la nouvelle équipe gouvernementale en sorte qu’elle puisse plus aisément dérouler son programme. Exécuter sa politique.
D’autres bonnes gens sans sourciller, avancent subitement un insupportable ostracisme dont ils sont victimes au sein de leur formation déchue et défaite.
Toutefois, pour nombre d’observateurs avertis, la transhumance, parce que dictée par une logique d’opportunisme, procède d’un souci de positionnement dans le futur sur l’échiquier politique quand elle ne participe pas d’un désir inavoué de se prémunir contre d’éventuelles poursuites judiciaires s’agissant de responsables conscients de leur gestion antérieure fort calamiteuse.
Cette pratique, quoi qu’on en puisse dire, doit être condamnée avec la dernière énergie. Elle ne doit point être encouragée si peu que ce soit.
C’est peu dire qu’elle est immorale procédant de reniement, participant d’une absence de conviction et de constance.
Dieu n’a-t-il pas dit dans le coran, Sourate 2, verset 153 Al -Baqara: << O vous qui croyez ! Cherchez secours dans l’endurance et dans la persévérance. En vérité, Allah est avec ceux qui sont constants>> ?
Elle ressortit en quelque sorte d’une boulimie.
Comme s’il n’était pas assez répu, notre acteur politique, dès la perte du pouvoir, ne se possède plus de désarroi. Il lui faut à tout prix se remplir encore le gosier en ingurgitant entre les mains de la nouvelle équipe.
Faut-il leur imputer l’entière responsabilité de cet état de fait ? Certainement pas.
Autant sont condamnables ceux-là qui, une fois la défaite advenue, accourent à grandes enjambées vers le nouveau pouvoir s’abreuvant à sa fontaine, autant les tenants du régime actuel ne sont pas exempts de reproches.
Ces derniers, dans les fourches caudines de l’opposition briguant le pouvoir, n’ont-ils pas brillé au travers de déclarations vouant aux gémonies la transhumance ?
Leurs propos d’antan bourdonnent encore dans nos oreilles :
<< Si le 24 mars vous trouve dans l’autre camp, restez-y
Nous, en ce qui nous concerne, la transhumance ne se fera pas chez nous...
Toute personne qui est maire dans l’opposition, Macky Sall la reçoit au Palais, lui donne quelque chose et l’invite à le rejoindre. Un pays doit avoir des lignes claires.
Il y’a des gens qui pensent que chaque fois qu’un régime arrive, ils peuvent faire des manigances et des entourloupettes jusqu’à intégrer ce régime.
Si Dieu nous confie le pouvoir, soyez sûr que nous n’accepterons aucun. Et je suis très catégorique dans ce que je dis… Il faut que chacun reste là où il est et qu’il continue à se battre là où il est >>
S’il est manifeste que le pouvoir tient à ces élections comme à la prunelle de ses yeux au point d’accueillir à bras ouverts, par contre la reddition des comptes si bruyamment claironnée ne devrait surtout point faire la part belle à ces vaillants transhumants.
La transhumance, quelle pratique abominable ! Ceux qui en font l’objet- c’est trivial de le dire- ne doivent sans doute pas être très fiers d’eux -mêmes.
Et, dans ce domaine, le plus insupportable, c’est de voir de grosses pointures de l’ancien régime, lesquels ont tout obtenu de l’alors Président vénéré, de les voir aujourd’hui le vitupérer ou, plus triste encore, réclamer son emprisonnement.
Ces personnes-là ne sauraient être des paradigmes, des références ou des modèles pour notre jeunesse. Demain, pour sûr, ils vont quitter encore les nouveaux décideurs dès que le navire commencera à tanguer ou que surviendra je ne sais quelle bérézina.
Non, la politique ne doit guère se résumer en des périodes séquentielles et récurrentes de trahison. Teyllarand ne disait-il pas que :<>
Il est à rappeler ici qu’au plus fort de la crise de Décembre 1962 , des députés , ayant juré fidélité au Président du conseil Mamadou Dia la veille se sont empressés le lendemain d’aller voter la motion de censure quand ils se sont aperçus que la tendance était favorable au Président Senghor.
Jean Collin, dans cette même période, n’a-t-il pas assené à Dia la phrase restée célèbre:<>
Aujourd’hui le phénomène de la transhumance prend de l’ampleur, s’amplifie et s’invétère.
Elle devient inquiétante. Un véritable sujet d’inquiétude!
A telles enseignes que certains et non des moindres, préconisent tout bonnement sa criminalisation.
Dans cette attente et à défaut de faire passer les braves transhumants à l’échafaud car la personne humaine est sacrée (c’est inscrit au fronticipe de notre Constitution) ne pourrait-on pas leur administrer de bonnes fessées dans des stades archi-combles ?
par Dethie Faye
L'APPEL À LA RAISON
Au vu de la tournure dangereuse de la campagne électorale, malgré les différentes alertes, les Sénégalais doivent prendre conscience que ceux qui font l'apologie de la violence ne méritent pas nos suffrages
Dans un post, en date du 31 octobre 2024, je declarais : "Je suis avec beaucoup d'attention la campagne pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Les actes de violence notés depuis quelques jours, entraînant des dégâts matériels et des blessures, n'honorent pas les acteurs politiques.
Je réitère ma condamnation de la violence sous toutes ses formes et invite la justice et les forces de défense et de sécurité à assumer leurs responsabilités pour mettre un terme à cette barbarie."
Aujourd’hui, mardi 12 novembre 2024, au vu de la tournure dangereuse de la campagne électorale, malgré les différentes alertes, les Sénégalais doivent prendre conscience que ceux qui font l'apologie de la violence ne méritent pas nos suffrages.
Dethie Faye est président de la CDR/Fonk Sa Kaddu.
PAR Oumou Wane
OÙ VOULONS-NOUS ALLER ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi cette brutalité de la campagne ? Pourquoi cette atmosphère de violence, cette remise en cause de l’ordre social ? Serait-ce par absence d’arguments ou de programmes ?
Mais de quoi l’opposition a-t-elle peur dans notre pays pour perpétrer des actes de violence aussi inqualifiables qu’inacceptables ? Peut-être de la rupture majeure qui s’annonce et a déjà imprégné les esprits depuis la dernière élection présidentielle.
Les attaques de la nuit dernière contre des militants du Pastef à Saint-Louis sont terribles et abîment notre démocratie. Le Premier ministre Ousmane Sonko qui est également tête de liste du parti Pastef, a fait état sur ses réseaux sociaux, dans la nuit de lundi à mardi, d’attaques ayant ciblé son camp à Dakar, Saint-Louis, et Koungueul, qu’il impute à des sympathisants de Barthélémy Dias, maire de Dakar et leader d’une coalition concurrente. Choqué visiblement par ces images d’une rare violence, Ousmane Sonko, hors de lui, réclame des sanctions fortes après ces attaques contre ses militants. D’ici-là, il se chargera lui-même de rétablir l’équilibre de la terreur en appelant ses partisans à se rendre devant chez Barthélémy Dias…
Déjà, le convoi du Premier ministre, en campagne pour les élections législatives, avait été attaqué la semaine dernière à Koungheul, dans le centre du pays. Cette agression sur un élu s’inscrit dans un climat de violence exacerbé qui réclame une condamnation unanime de la classe politique.
Alors pourquoi cette brutalité de la campagne ? Pourquoi cette atmosphère de violence, cette remise en cause de l’ordre social ? Serait-ce par absence d’arguments ou de programmes ? Comme le dit très justement Aminata Touré « La violence est l’arme des perdants qui n’ont aucun autre argument à faire valoir ».
Je veux citer aussi Mamadou Diop Decroix, qui dans son article « Pourquoi faut-il voter la liste Pastef ? », met le doigt sur le courage politique d’Ousmane Sonko, en nous rappelant que « pour la première fois depuis 1960, un parti au pouvoir va à une campagne électorale en s’interdisant l’utilisation des moyens de l’État ».
C’est cela aussi le prix de la rupture ou le piège de la rupture théorisé par Mame Birame Wathie ? Quoi qu’il en soit, depuis très longtemps les enjeux d'une élection n'avaient pas été aussi importants au Sénégal. Quasi historiques !
Et c’est bien cela qui souffle un vent d’espoir dans la population et un vent de panique dans l’opposition. On ne peut jamais prédire à l’avance les résultats d’une élection mais l’on devine bien ici que la victoire est déjà acquise pour le parti au pouvoir. La victoire et avec elle le changement de société et de gouvernance, la rupture tant attendue par la majorité et si redoutée par ses détracteurs.
Souvenons-nous, le 12 septembre dernier à 20 heures, dans une allocution à la télévision nationale, notre nouveau président Bassirou Diomaye Faye annonçait dans une allocution : « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise ».
Rien de bien surprenant donc à ce que le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, ait annoncé la tenue d’élections législatives anticipées le 17 novembre prochain. Le Parlement actuel restant jusqu’ici dominé par les fidèles de l’ancien président Macky Sall.
Les candidats de 41 listes de coalitions et partis politiques ont jusqu’à dimanche pour convaincre les électeurs : 165 sièges au Parlement sont en jeu pour des législatives cruciales pour le parti au pouvoir, le Pastef. Pour le camp présidentiel, après sa victoire haut la main à la présidentielle avec 54% des voix, le principal enjeu des législatives est de décrocher 99 députés sur les 165 pour pouvoir avoir la majorité qui permettrait la mise en place de la haute cour de justice. C’est peut-être là la source du désespoir et des angoisses qui provoque toute cette violence.
Aujourd’hui, le programme économique des nouvelles autorités, baptisé « Sénégal 2050 », multiplie les objectifs chiffrés, dont une croissance soutenue pour les prochaines années.
Alors, Macky Sall, depuis son bastion retranché, peut bien critiquer le duo Diomaye-Sonko en pointant du doigt son immaturité dans une missive au peuple sénégalais. Même si la rupture ne fait pas une politique ! C’est sans compter sur le renouveau et le brio de l’offre du Pastef et du programme de notre président et de son premier ministre, pour « faire du Sénégal, un pays souverain, prospère et juste ».
Oumou Wane est présidente de Citizen Média Group-africa7