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26 avril 2025
Opinions
Par Maya LY
JUSQU’OU LE PEUPLE PEUT ETRE SOUVERAIN?
Aucune incrimination ne peut valoir condamnation au nom de l’exigence de transparence ou de justice, au mépris d’éléments à charge satisfaisants et d’enquêtes contradictoires sérieuses
Seule la justice est gardienne de l’Etat de droit. La contestation politique de la justice dans le monde, particulièrement aux Etats-unis, en Israël en France, dans les démocraties illibérales, est une atteinte à la séparation du pouvoir, laquelle est un pilier de la démocratie. Il ne revient pas au peuple de décider qui est innocent et qui est coupable. La justice populaire est fondamentalement partiale et partisane. Flatter le peuple est une très mauvaise chose pour la démocratie. Aucune incrimination ne peut valoir condamnation au nom de l’exigence de transparence ou de justice, au mépris d’éléments à charge satisfaisants et d’enquêtes contradictoires sérieuses.
La mission première de la justice est la recherche de la vérité. La primauté du droit est un élément structurant de la vie collective. C’est la première garantie contre l’arbitraire et la loi du plus fort. Et très souvent, le démantèlement de l’Etat de droit commence par une absence d’indépendance de la justice et un musellement de la liberté d’expression (qui ne vaut à mon sens que dans le respect de la dignité d’autrui). Un Etat de droit se différencie d’un Etat autoritariste par le respect de la séparation des pouvoirs, l’égalité des citoyens devant la loi, le respect de la hiérarchie des normes juridiques, la garantie d’un procès équitable. Même en situation exceptionnelle dérogatoire et de possibilités d’atteinte aux libertés publiques, le droit n’est pas congédié.
Dans notre pays, certaines affaires en cours, en raison du non-respect des règles de droit, nourrissent le soupçon d’une recherche de coupables à moindre frais. Est-ce un leurre pour masquer les espoirs déçus? L’orientation politique est inquiétante. Pour beaucoup de Sénégalais qui ont qualifié l’arrivée au pouvoir de l’exécutif, de tournant majeur qui consacre une nouvelle ère politique avec un vrai retour aux vraies valeurs, le renouveau attend toujours. Le sera-t-il encore longtemps? Les jeunes répondent en continuant à partir, convaincus qu’ils n’ont aucun héritage à attendre. Dans le monde rural, de lourds nuages s’accumulent. Les maigres dispositifs de sécurité sociale et d’aides aux plus démunis sont en sursis.
Le gouvernement poursuit la politique du discrédit sur ses prédécesseurs, avec des partisans qui se posent en nouveaux chevaliers blancs de l’inquisition, qui attaquent en meute sur les réseaux sociaux pour faire taire toutes les voix contradictoires et discordantes. L’insulte, la calomnie et le mensonge sont devenus une rente. Sert-il à quelque chose de refiler sans cesse “sa patate chaude” aux autres? L’ancien gouvernement est-il coupable de tous nos maux ? La communication gouvernementale qui va dans tous les sens est calamiteuse et est faite d’une banalité et d’affirmations sans fondements. Les problèmes de la gouvernance ne disparaissent pas par le simple fait de vouloir les exorciser, les ignorer, les manipuler.
L’avantage d’un narratif séduisant est qu’il favorise la paresse et l’indigence intellectuelle. Les politiques savent vendre du vent et des merveilles. Pour autant, les gens, mêmes ceux qui choisissent de tourner le regard, finissent toujours par voir ce qui se voit par un œil non malade. Un pays en surplace creuse une distance entre la société et ses gouvernants, et ouvre un chemin de rejet devant des promesses mystificatrices et une pratique politique politicienne. Le chemin de la dette à la banqueroute, de la banqueroute à la révolte n’est pas très long. Le gouvernement est-il en mesure de fournir des solutions durables aux problèmes majeurs du pays? L’alternance, très loin de l’alternative. Elle portait un espoir immense de changement. Elle semble esquisser les contours d’une immaturité politique, et d’un véritable manque de préparation. Est-ce le signe d’un naufrage qui s’annonce? L’excès d’assurance, l’illusion de se croire à l’abri de tout, la logique d’accaparement, relèvent de la politique de l’angle mort. L’éthique de conviction sans éthique de responsabilité est un malheur. Gouverner, c’est avoir le courage de la nuance, faire preuve d’intégrité, tenir ses promesses. On ne gouverne pas comme ça vous arrange. Avec une classe politique souvent à la dérive, enchaînée dans le calcul et les manœuvres, l’homme politique n’est plus celui qui fait comme il doit. Par son propos malheureux sur l’autorité judiciaire, le président est le premier acteur de la démonétisation de la justice.
Par Youssou DIALLO
DES COOPERATIVES COMMUNALES AUX COOPERATIVES COMMUNAUTAIRES ET PRODUCTIVES
Les coopératives sont des sociétés de personnes autonomes, gérées exclusivement par leurs membres-usagers dans une économie de marché. Si ce principe n’est pas respecté, il ne s’agit pas de coopératives
J’avais initialement prévu, en tant qu’expert en la matière, de publier un article de fond sur les coopératives au Sénégal et les orientations prises dans ce secteur par les nouvelles autorités du pays. Mais, j’ai finalement décidé de mettre ce projet en suspens, afin de ne pas contribuer davantage à leur fourvoiement. En effet, leur approche consiste à mettre en œuvre des initiatives mal comprises et mal maîtrisées, à grand renfort de slogans creux mais séduisants pour le commun des Sénégalais, généralement peu informés sur le sujet.
Dans un article précédent, j’avais déjà dénoncé l’hérésie que représentait la mise en place de «coopératives communales». Depuis lors, cette appellation semble avoir été mise en veilleuse, au profit d’un autre concept tout aussi erroné sur le plan coopératif : celui de «coopératives communautaires et productives».
Or, une coopérative regroupe des personnes ayant des intérêts communs à défendre et des objectifs similaires à atteindre ensemble. A l’inverse, une communauté est un conglomérat d’intérêts souvent divergents, voire contradictoires. Elle réunit différents corps de métiers et couches sociales : artisans, agriculteurs, éleveurs, commerçants, prestataires de services, mais aussi chômeurs, pauvres, classes moyennes, riches, hommes, femmes, jeunes, personnes âgées, etc.
Des coopératives structurées par corps de métier ou par catégorie sociale (femmes, jeunes, etc.) ont du sens et sont cohérentes. En revanche, l’expression «coopérative communautaire et productive» est une construction sans fondement, ni juridique, ni sociologique, ni économique.
Le qualificatif «productive» est par ailleurs superflu : une coopérative est, par définition, une unité économique soumise aux exigences de rentabilité et de profitabilité. Quelle que soit sa nature, elle doit être en mesure de produire de la valeur, de façon à répondre aux besoins de ses membres.
Ce concept de «coopérative communautaire et productive» ne repose donc sur rien d’autre qu’un slogan séduisant, mais vide de sens.
Les nouvelles autorités doivent faire preuve d’humilité et d’honnêteté intellectuelle. Elles gagneraient à se mettre à l’écoute de ceux qui maîtrisent réellement les enjeux dans chaque domaine.
Elles doivent, pour commencer, abroger ou adapter la législation en vigueur -notamment la loi 83-07 et ses décrets d’application- afin de la rendre conforme aux textes de l’Uemoa et de l’Ohada en matière coopérative. La législation communautaire parle désormais de sociétés coopératives, et non simplement de coopératives.
Pour conclure, rappelons une vérité fondamentale : les coopératives sont des sociétés de personnes autonomes, gérées exclusivement par leurs membres-usagers dans une économie de marché. Si ce principe n’est pas respecté, il ne s’agit pas de coopératives. Ce ne seront alors que des excroissances de l’Etat, de ses démembrements, ou d’intérêts politiques et clientélistes -des structures vouées à capter des financements publics pour des groupes de pression, et non à servir les populations.
Et comme par le passé -souvenons-nous des coopératives dites «socialistes» sous les présidences de Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf-, ces expériences finiront, inévitablement, en échec cuisant.
Nul besoin de grandes théories pour le démontrer !
Excellente semaine à toutes et à tous.
Par Bocar SAKHO
IL FAUT CONSTRUIRE PLUS DE PRISONS !
Celui qui régnera par l’épée périra par l’épée… Hier, Ousmane Sonko s’est montré passablement irrité, avec un discours menaçant, comme s’il ne portait pas ce grand boubou de Premier ministre. Manifestement, il n’est pas heureux. Pourquoi ? Allez savoir !
Celui qui régnera par l’épée périra par l’épée… Hier, Ousmane Sonko s’est montré passablement irrité, avec un discours menaçant, comme s’il ne portait pas ce grand boubou de Premier ministre. Voilà pourtant quelqu’un qui a tout pour être heureux, il a obtenu tout ce pourquoi il se battait. Ou presque ! Il a dégagé le «Système», gagné la Présidentielle en faisant largement élire son candidat, obtenu la majorité à l’Assemblée, ce qui lui permet de gouverner tranquillement. De plus, il est devenu super chef du gouvernement, avec des pouvoirs illimités. Manifestement, il n’est pas heureux. Pourquoi ? Allez savoir !
Car il est resté en 2021 et n’a pas réussi à mettre à jour son logiciel en étant au pouvoir, avec cette volonté de vouloir proroger ce «Mortal Kombat» ou ce «Gatsa Gatsa» qui l’a rendu si célèbre. Raboter les libertés ou mettre au pas les personnes critiques. En vérité, c’est un plan suffisamment planifié depuis le début de cette nouvelle alternance. Le 26 septembre dernier, il avait estimé que le débat sur les finances publiques devrait relever de la sécurité nationale.
Lors de sa rencontre avec les organisations syndicales, le Premier ministre avait avancé que les pays asiatiques, qui se sont développés, avaient à un moment donné mis entre parenthèses certaines libertés. Même s’il ne remettait pas en cause la liberté d’expression, tentait-il de relativiser. Bien sûr, il faut se rendre compte que sa sortie d’hier est dans le même ordre d’idées. Il lui faudra alors bâtir des prisons pour concrétiser cette tentation totalitaire et cette ambition de construire un rideau de fer dans les esprits, pour soumettre les critiques.
Chroniqueurs, voix indépendantes et journalistes, l’ombre de Pastef est sur vous ! Si Sarkozy avait parlé de passer les manifestants au Karcher, Sonko utilise le mot «effacer» ceux qui, selon lui, portent par procuration le combat des opposants, afin qu’ils sortent du bois. Ce champ lexical montre toute l’énergie qu’il entend déployer pour gagner ce pari.
C’est le temps de la chienlit qui s’annonce, pour un pays en ruines. Pour les médias, cela ne doit pas être une surprise. Le plan de liquidation assumé a été amorcé dès les premières heures du nouveau régime. On se souvient que les premières mesures «primatoriales» ont touché d’abord les entreprises de presse, avant même que l’Etat ne se penche sur les urgences des Sénégalais.
C’est le Premier ministre, himself, qui a annoncé la fin des conventions qui les liaient aux structures publiques. Jusqu’ici, les créances ont été gelées par l’Administration. Sans oublier les Atd et la subvention à la presse confisquée. Il ne leur reste que cette liberté que le régime voudrait remettre en cause, comme si le 2 avril 2024 était l’année zéro de la liberté d’expression au Sénégal. Or, Pastef, dans l’opposition, a parrainé des «chroniqueurs», des «journalistes», et fondé un média de propagande dont certains responsables assument désormais des positions stratégiques au cœur de l’appareil étatique.
Aujourd’hui, il reste aux médias et aux personnes épris de libertés, à s’ériger en boucliers contre les graves menaces sur les libertés publiques et individuelles judiciarisées et politisées, pour arrêter cette Opa hostile décrétée par le pouvoir de Pastef. Il s’agit de principes non négociables, exercés dans la responsabilité. Cela devrait relever même de l’atavisme, car ce pays n’est pas un avatar de la dictature, mais une Nation libre. Il est grand temps de se lever pour contenir les dérives dangereuses sur le présent et l’avenir du Sénégal.
De toute façon, ce pays est trop grand pour succomber à cette tentation. Sonko est un homme très puissant, mais il n’a pas façonné ce Sénégal pour qu’il soit son miroir, le reflet de ses propres désirs. Le Sénégal lui survivra, même si son horizon de 2050 semble trop loin pour accepter que cette menace chimérique de destruction, sous nos yeux, de nos acquis démocratiques se concrétise dans notre pays. C’est l’essence même de son existence.
Par Mohamed GUEYE
MABOUBA A HUE, SERIGNE GUEYE À DIA
La séance des Questions au gouvernement, hier à l’Assemblée nationale, a été une bonne occasion pour se rendre compte que jusqu’à présent, le gouvernement de Premier ministre Sonko ne donne pas d’indications claires sur ses objectifs de développement
La séance des Questions au gouvernement, hier à l’Assemblée nationale, a été une bonne occasion pour se rendre compte que jusqu’à présent, plus d’un an après sa formation, le gouvernement dirigé par le Premier ministre Sonko ne donne pas d’indications claires sur ses objectifs de développement. Il suffisait d’entendre le ministre de l’Agriculture débiter la liste des efforts que son département est en train de fournir pour assurer la sécurité et «la souveraineté alimentaire du pays» pour s’en rendre compte. Comme tous ses collègues et son Premier ministre, M. Diagne a rappelé, comme il l’avait déjà fait sur le plateau de la télévision nationale, que «le Sénégal importe 1070 milliards de denrées alimentaires». Même si ces chiffres sont contestés, il en est le seul responsable. M. Diagne les décline par produits pour affirmer que pour le riz, le Sénégal importe 1, 4 million de tonnes, 860 mille tonnes de blé, 450 mille tonnes de maïs, 347 mille tonnes de fruits et légumes, 200 mille tonnes d’huile, 210 mille tonnes de sucre et plus de 100 millions d’euros de lait.
Ces propos montrent à quel point la sécurité alimentaire est, à ce jour, toujours sous hypothèque. Les efforts entamés lors des coups de rappel des crises du Covid-19 en 2020-21, et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui lui a succédé, qui ont mis fortement en évidence la dépendance du Sénégal au marché extérieur pour se nourrir, n’ont pas encore produit de résultat. Il faut néanmoins louer les efforts du ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage pour casser les goulots d’étranglement qui ont longtemps bloqué le développement de certains secteurs de son département.
Il a ainsi cité, hier, le paiement d’une grande partie de la dette due aux opérateurs, l’augmentation du budget de l’agriculture de 25% et la fourniture des engrais et des semences à temps. Entre autres efforts.
Si l’on peut, sans ironie aucune, constater que «l’hivernage de Macky Sall» n’a pas vraiment récompensé leurs efforts lors de la campagne agricole écoulée, on doit reconnaître à Mabouba d’être persévérant dans l’effort. Son plus grand adversaire, dans la réalisation de ses ambitions, partage la table du Conseil des ministres.
En effet, autant Mabouba Diagne donne le sentiment de vouloir remporter la bataille de l’autosuffisance alimentaire dans ce pays, autant son collègue, le ministre chargé du Commerce, Serigne Guèye Diop, semble avoir reçu pour consigne de transformer le Sénégal en immense souk. Sa ligne politique semble être de vouloir réduire les prix des denrées alimentaires, quoi qu’il puisse en coûter. Son dernier exploit a été de s’allier avec des négociants pour importer du riz de qualité inférieure, que le ménage sénégalais moyen n’aime pas consommer, pour pouvoir claironner à grand renfort de publicité médiatique, que le gouvernement a réussi à baisser le prix du riz.
On peut bien se demander à qui aura servi ce coup de pub, si l’on sait, comme dit plus haut, que le riz ordinaire importé dans l’espoir de faire baisser les prix n’est pas celui préféré par les familles sénégalaises, qui ne vont donc pas prendre d’assaut les échoppes pour s’approvisionner. Or, ce déchet de riz, que les esprits chagrins qualifient d’aliment de volaille, est entré sur le marché national en toute exonération de droits de douanes et de Tva. Et l’on a entendu le commerçant qui a servi de chef de file des importateurs qui ont amené ce produit, promettre aux Sénégalais de nouvelles baisses sur des produits comme l’huile, le sucre, ou d’autres encore.
Juste pour rappel, ce commerçant est poursuivi pour des questions de détournements d’engrais. Il a dû payer une forte caution pour ne pas se retrouver derrière les barreaux, comme d’autres qui ont été interpellés pour des motifs bien moins graves. En plus de cela, l’individu a été longtemps soupçonné de collusion avec des dignitaires du régime précédent pour des questions relatives à des manœuvres frauduleuses sur les produits alimentaires. Ce passif n’a pas empêché le ministre du Commerce de faire du «business» avec lui.
Il a tout simplement négligé le fait que la levée des taxes sur les produits alimentaires importés a un impact certain sur la production nationale qui, elle, ne bénéficie pas de tant de faveurs. Même si le riz ordinaire importé n’est pas celui prisé par les ménages, on peut croire que la conjoncture difficile que connaît le pays pourrait pousser les Sénégalais les moins nantis à s’en contenter, au détriment de la production locale.
De même, quand Mabouba Diagne déclare que le Sénégal importe 210 mille tonnes de sucre par an, cela se fait au détriment de la production nationale. En ce moment, la Compagnie sucrière sénégalaise, la seule entreprise sénégalaise qui produit du sucre, a 80 000 tonnes de sucre stockées dans ses entrepôts, depuis la dernière campagne agricole. Cela représente environ la moitié de sa production. Si le Sénégal est déficitaire en sucre et qu’il ne parvient pas à vendre son produit, c’est parce que le ministre du Commerce et ses services distribuent des Déclarations d’importation de produits alimentaires (Dipa), en veux-tu en voilà, à des commerçants qui vont s’en servir pour inonder le marché au détriment du producteur national. L’ironie de l’histoire est que ces importations, malgré toutes les faveurs qui leur sont faites, ne bénéficient pas au consommateur sénégalais, qui paie toujours son sucre au prix fort. Et tout cela, le ministre le sait, qui connaît également la situation difficile des huiliers, auxquels la hausse de production déclarée sur l’arachide n’a pas bénéficié, parce que sur le marché, c’est toujours l’huile végétale qui règne en maître, et qui s’achète au prix fort.
Sans doute pour limiter les dérives de ses décisions, le ministre Serigne Guèye Diop a sorti de son chapeau, la trouvaille des «Volontaires de la consommation», à savoir 1000 jeunes gens, payés au lance-pierre, pour contrôler les prix des denrées dans les boutiques. Depuis l’annonce de cette décision à ce jour, les ménagères sénégalaises n’ont pas encore vu les boutiquiers des quartiers afficher des prix à la baisse pour les produits de consommation courante.
En plus de tous les efforts financiers que le gouvernement déclare avoir déployés pour non seulement combattre les pénuries, mais surtout lutter contre les hausses intempestives des produits alimentaires, on pourrait suggérer au Premier ministre, qui semble s’être pris de passion pour les vertus du dialogue, d’organiser un dialogue entre ses deux ministres Mabouba Diagne et Serigne Guèye Diop. Il est important que ces deux se comprennent pour qu’enfin, les efforts des paysans pour nourrir les Sénégalais puissent se remarquer d’abord dans les étals des marchés, ensuite dans les paniers des ménagères. Sans cela, le discours de ces deux se résumera à un dialogue de sourds.
par Amadou Thiourou Barry
FOSSOYEURS DE LA VERITE, QUAND L’AIGREUR SE FAIT PAMPHLET
EXCLUSIF SENEPLUS - Macky Sall n’est pas un héros. Mais il n’est pas non plus le bourreau qu’on veut faire croire. L’accuser d’avoir "enterré" la démocratie sénégalaise, c’est faire preuve d’une amnésie sélective
Il y a quelque chose de presque théâtral dans cette obsession qu’ont certains à vouloir constamment noyer la vérité, dans le ressentiment. Le récent article, intitulé « Macky Sall, fossoyeur de la démocratie sénégalaise et caution morale de la fondation Mo Ibrahim » s’inscrit dans cette veine. Présenté comme une analyse politique, il n’est en réalité qu’un acte d’accusation rageur, bâti sur une série de jugements à l’emporte-pièce et de conclusions expéditives. Un pamphlet dicté non par l’amour de la démocratie, mais par une frustration politique difficile à cacher. Un brûlot rédigé non pour éclairer, mais pour salir ; non pour débattre, mais pour détruire. Les auteurs de ce brûlot se présentent comme des vigies de la République, des défenseurs de la démocratie bafouée. Mais leur texte transpire davantage l’aigreur que la lucidité. Leur cible ? Macky Sall, un homme qu’ils détestent plus qu’ils ne comprennent, et dont ils caricaturent l’action pour mieux satisfaire leurs fantasmes de rupture.
Soyons clairs : critiquer un dirigeant est sain, nécessaire, démocratique. Mais encore faut-il que la critique repose sur des faits, une logique, un minimum d’honnêteté intellectuelle. Ici, rien de cela. Juste une colère froide, une frustration à peine dissimulée d’avoir perdu le monopole du discours politique. Les auteurs, sans nuance ni retenue, livrent un procès à charge contre un homme qu’ils n’ont jamais vraiment voulu comprendre, préférant caricaturer sa gouvernance plutôt que d’en analyser les effets.
À les lire, Macky Sall n’aurait eu pour seule ambition que de briser la démocratie sénégalaise. Rien que ça. L’accuser d’avoir "enterré" la démocratie sénégalaise, c’est faire preuve d’une amnésie sélective. En deux mandats, son gouvernement a assuré la tenue régulière d’élections pluralistes, dans un contexte régional marqué par les coups d’État à répétition (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger). Il a consolidé des institutions comme le Conseil constitutionnel, maintenu la liberté de la presse — malgré les critiques — et renforcé la digitalisation de l’administration publique pour plus de transparence. Mais tout cela est sans importance pour nos justiciers autoproclamés.
Dans leur vision, la démocratie ne se résume pas à des institutions fortes ou à un État de droit, mais à la capacité de l’opposition à faire ce qu’elle veut, quand elle veut, sans rendre de comptes. Le vrai scandale, pour eux, c’est que Macky Sall ait gouverné sans leur permission, sans leur validation idéologique. Leur démocratie est à géométrie variable : ils la défendent quand elle les sert, la dénoncent quand elle les expose.
Peut-on débattre de certaines dérives dans la gestion du pouvoir ? Bien sûr. Mais parler de “fossoyeur” de la démocratie, dans un pays où la passation de pouvoir est demeurée pacifique et l’armée fidèle à sa neutralité républicaine, relève d’une exagération outrancière. Il ne s’agit plus ici d’analyse, mais d’un règlement de comptes déguisé en manifeste.
L’un des passages les plus révélateurs du texte est sans doute celui qui attaque la Fondation Mo Ibrahim pour avoir salué le refus de Macky Sall de briguer un troisième mandat. Il faut croire que pour ses détracteurs, reconnaître un mérite, même symbolique, c’est déjà trahir leur croisade. Ce que leur prose ne digère pas, c’est que Macky Sall ait su — contre toutes les suspicions, les rumeurs, les pressions — se retirer sans crise majeure, là où tant d’autres se sont accrochés au pouvoir. Ils auraient voulu un scénario de chaos. Ils espéraient une rupture brutale, une confiscation du pouvoir, une tentative de passage en force pour pouvoir s’ériger en résistants. Le calme les a pris au dépourvu. Et dans ce silence politique qu’ils n’avaient pas anticipé, ils hurlent plus fort encore leur rage.
Les auteurs du texte adoptent une posture qui, sous couvert de défense des libertés, justifie l’impunité. Toute décision judiciaire qui n’est pas allée dans le sens de leur camp a été automatiquement qualifiée de “politique”. Toute sanction contre un leader de l’opposition est devenue “répression”. Et pourtant, ces mêmes auteurs n’ont jamais proposé de modèle alternatif crédible, ni de garanties institutionnelles supérieures à celles qu’ils dénoncent. On est ici dans une logique binaire : le pouvoir est par nature corrompu, l’opposition par nature pure. Cette vision manichéenne, loin de servir la démocratie, l’appauvrit. Car elle empêche tout débat sur le fond, toute critique honnête, toute reconnaissance des avancées.
Il est aussi frappant de constater que ces mêmes auteurs, si prompts à dénoncer la “répression” ou la “dictature”, sont restés muets face à l’appel à la violence de certains leaders politiques. Ils n’ont vu aucun problème à ce que des responsables politiques appellent à brûler des bâtiments publics, attaquent les forces de l’ordre, ou refusent de se présenter devant la justice. Leur indignation est sélective, leur conception de la justice profondément biaisée : tout verdict qui condamne leur camp est politique, toute relaxe de l’autre camp est une manipulation.
Ils veulent une justice à leur image : partisane, instrumentalisée, soumise. Et ils osent ensuite parler de démocratie ?
Ce pamphlet révèle aussi une autre crise : celle d’une partie de l’intelligentsia sénégalaise, qui a renoncé à l’exigence de complexité. Nombreux sont ceux qui, par calcul ou conformisme, se sont alignés sur le discours dominant d’une opposition radicalisée. Ils disent parler au nom du peuple, mais ne rendent jamais compte à ce peuple. Et lorsqu’ils se heurtent à la réalité – celle d’un président qui part volontairement, d’un processus électoral apaisé, d’une transmission républicaine du pouvoir – ils perdent pied. Alors, ils écrivent. Non pas pour comprendre, mais pour se venger. Les véritables fossoyeurs de la démocratie se cachent parfois dans les colonnes de tribunes enflammées, dans les invectives des réseaux sociaux, dans les ambitions mal dissimulées de ceux qui rêvent d’un pouvoir sans garde-fous. Ils manipulent, travestissent, exagèrent… et se font passer pour des résistants.
La politique n’est pas une scène de théâtre, et le peuple sénégalais n’est pas un public à manipuler. Les citoyens méritent mieux que des pamphlets aigris et des indignations de façade. Ils méritent une « intelligentsia » responsable, capable de critiquer sans haïr, de proposer sans détruire, d’analyser sans déformer. Macky Sall n’est pas un héros. Mais il n’est pas non plus le bourreau de la démocratie qu’on veut faire croire. Il a gouverné, parfois avec fermeté, parfois avec maladresse. Mais il a aussi refusé la tentation du pouvoir perpétuel, et c’est là une victoire que ses contempteurs ne lui pardonneront jamais. Macky Sall n’est pas exempt de critiques. Des erreurs ont été commises, des décisions ont parfois manqué de pédagogie, des tensions ont existé, parfois nourries par son propre camp. Mais cela ne justifie pas qu’on le réduise à une caricature. Son héritage est complexe, comme celui de tout chef d’État.
L’histoire jugera, avec sérénité. En attendant, qu’on cesse de faire passer la colère pour du courage, et le pamphlet pour de la pensée.
par Cheikh Thiam
LES SOPHISTES DE LA POSTCOLONIE
Macky Sall ne devrait pas siéger au conseil d’administration de Mo Ibrahim. Ce jugement peut déplaire. Mais il a le mérite d’être fondé sur des faits. Le texte de Hamidou Anne est certes beau, mais il ne dit absolument rien
Les sophistes ont toujours été les éléments les plus dangereux de l’époque moderne. La maîtrise de la belle phraséologie est un bel outil — mais tout ce qui brille n’est pas or. Voilà ce que montre et représente le texte d’Hamidou Anne : un mélange de tournures élégantes mais vides. Dans la postcolonie, la maîtrise du français est souvent confondue avec l’intelligence. Voilà ce que le texte de Anne donne à voir. Voyons pourquoi.
Le texte commence par une mention des 56 universitaires ayant signé une lettre ouverte, qualifiés d’“intellectuels” — entre guillemets. Ces guillemets en disent long. Pas besoin de commentaire. Juste après, Anne les présente comme rageux, haineux, aigris face à un président qui accumule les honneurs. L’attaque ad hominem est manifeste. C’est la première preuve d’un manque de rigueur dans la pensée. Les étudiants de première année de philo ou de math le savent déjà.
Les trois paragraphes suivants ne sont guère plus intéressants. Une avalanche de mots, tous plus méprisants les uns que les autres, dépeint ces universitaires comme engagés dans une guerre fangeuse, guidés par la jalousie envers la prestance et les succès de Macky Sall. Aucun argument. Des propos creux, sans retenue, qui pourraient être lancés à n’importe qui, à propos de n’importe quoi. À ce niveau, il ne s’agit plus d’un débat, mais d’un règlement de comptes de borne-fontaine. La réponse de Anne nous rappelle une tradition puérile : face à la critique, répliquer “tu es jaloux”.
Au quatrième paragraphe, enfin un changement… mais l’auteur change de sujet. Alors que les universitaires critiquent la nomination de Macky Sall au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim — en tant que symbole de la démocratie — le texte bifurque vers les réalisations du président et les promesses non tenues de Pastef. Soit. On pourrait avoir un débat sur cela aussi. Mais ici, ce n’est pas la question. Et comme un enfant surexcité, M. Anne perd le nord et s’égare dans un hors-sujet, enrobé de belles phrases. Il oublie que, contrairement à lui, ces intellectuels savent au moins rester sur le sujet.
S’ensuit une attaque tous azimuts, qui finit par présenter ces universitaires comme des calomniateurs méprisés par les Sénégalais. Encore un texte fait de beaux mots, qui sera célébré par certains… mais qui, au fond, ne dit rien. Aucune réflexion, aucun argument, rien sur la question soulevée par les universitaires. Juste du bruit. Et c’est ainsi que l’on confond l’éclat des coquilles avec la substance de la moelle. Quant à celle-ci, Hamidou Anne n’en donne aucune. Il ne dit absolument rien.
Mais waaye nag, comme on dit dans le Kajoor, "leketi kese naxuli bèy" te "fentarloo ajoo ju fajuwul doy na cay duma."
Quant à la question centrale, celle que ces universitaires posent — et à laquelle Anne ne répond jamais — elle est pourtant simple. La Fondation Mo Ibrahim est un symbole de démocratie. Ses administrateurs doivent incarner cette valeur.
Or, comment comprendre la nomination de celui qui, pour s’accrocher au pouvoir, a mené le pays dans une situation délétère ; qui a emprisonné plus de 1000 personnes pour avoir contesté ses dérives antidémocratiques ; qui a avoué avoir “mis le coude” sur des dossiers de corruption ; et qui, pour couronner le tout, a repoussé les élections, craignant une défaite annoncée ? Celui-là même qui, malgré ses déclarations de renoncement au troisième mandat, avait déjà discrètement consulté le Conseil constitutionnel, lequel — dans la plus grande discrétion — lui avait signifié qu’il n’était pas éligible. Ce président ne devrait pas siéger au conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim.
Ce jugement peut déplaire. Il peut même être interprété comme “rageux” ou “jaloux”. Mais il a au moins le mérite d’être fondé sur des faits précis. Le texte de M. Anne est certes beau. Il écrit vachement bien. Mais je lui aurais tout de même donné un zéro pointé, car il ne convaincra que ceux qui, comme lui, se contentent de la forme au détriment du fond.
Cela dit, si M. Anne souhaite que certains d’entre nous répondent aux questions qu'il évoque, je ne peux répondre qu’en mon nom.
Où étions-nous lorsque l’Université de Dakar a été brûlée ? Nous avions parlé. Mieux : nous avions organisé une conversation à ce sujet, où nous avions invité des critiques honnêtes de Pastef, comme le professeur Hady Ba. Il y avait aussi d'autres collègues comme le professeur Yankhoba Seydi, des étudiants, et moi-même. Certains, comme Ba et Seydi, y avaient vu un acte de barbarie. Pour ma part, je l’ai lu comme un moment crucial de notre histoire. Que se passe-t-il dans la tête d’un étudiant qui brûle sa propre fac ? Je le vois comme un acte suicidaire profondément fanonien.
Et sur la justice, notamment le cas Mansour Faye ? Voici ce que j’écrivais ce matin sur Facebook :
“Certaines choses doivent être sacrées dans un État de droit, quel que soit le bord politique. Au Sénégal, nous avons cependant tendance à nous focaliser sur les anecdotes, au lieu des principes. Quand nous nous indignions de l’arrestation arbitraire de journalistes il y a un an, ce n’était pas pour les beaux yeux d’un tel ou d’un autre. Quand nous nous indignions que Sonko soit assigné à résidence, c’était parce que cela n’était pas légal. Aujourd’hui, je m’indigne tout autant que des journalistes soient arrêtés. Je m’indigne que Mansour Faye (pour qui je n’ai aucun respect, soit dit en passant), ou tout autre Sénégalais, soit interdit de quitter le territoire sans décision d’un juge. Aujourd’hui c’est lui, demain ce sera nous. La jurisprudence est un principe de droit. Sénégal rekk moo nu wara ñor.”
Les autres questions que vous évoquez sont importantes. Elles méritent d’être débattues. Mais faisons-le avec honnêteté. Et cessons d’utiliser des mots creux pour dire des âneries fondées sur… absolument rien.
Stabilité. À l’échelle de la planète, d’un pays ou même d’un foyer, tout décideur fait de ce mot une priorité. Parce que rien ne peut se construire dans l’instabilité, répète-t-on...
Stabilité. À l’échelle de la planète, d’un pays ou même d’un foyer, tout décideur fait de ce mot une priorité. Parce que rien ne peut se construire dans l’instabilité, répète-t-on. Cette injonction s’accompagne, sur le plan politique, d’un mouvement de repli et de clôture, de retour aux nationalismes parce que l’autre (l’étranger) est toujours perçu comme un élément déstabilisateur.
S’il en est ainsi, c’est parce que beaucoup ont perdu foi en l’avenir. « Ils n’attendent plus rien, sinon la fin. Tout se passe comme si, en vérité, la courte histoire de l’humanité sur terre était d’ores et déjà consommée », constate l’historien camerounais Achille Mbembe (in « La communauté terrestre », La Découverte, 2023, 206 p.). L’humanité serait donc de plain-pied « dans l’âge de la combustion du monde […] et la tâche de la pensée ne consisterait plus qu’à en prendre acte, à anticiper la catastrophe et à en faire l’annonce ». D’où ce désir constant d’avoir de l’emprise sur le temps, les événements, la vie. Or, celle-ci est en constante mouvement. Ainsi, à l’heure de l’accélération et de l’enchevêtrement des temps, cette stabilité s’avère illusoire. C’est pourquoi un penseur comme Mohammed Iqbal, le père spirituel du Pakistan, a théorisé dans son ouvrage intitulé « Reconstruire la pensée religieuse de l’islam » (Editions Unesco, 1996, 205 p.) le concept de fidélité dans le mouvement.
C’est parce que la vie est spontanée et continue, nous dit Iqbal, que le monde de l’islam doit renouer avec son propre principe de mouvement. Pour lui, la pensée religieuse de l’islam, pour sa reconstruction et sa modernité, avait besoin de se donner une conception du temps qui ne soit pas un temps immobile, comme simple cadre à l’intérieur duquel les événements ont déjà eu lieu, sont écrits de toute éternité, mais au contraire un temps de l’évolution, un temps de l’action, un temps de la création. D’après Souleymane Bachir Diagne, qui a longuement commenté Iqbal dans ses écrits, parmi tous les philosophes modernistes, c’est celui qui reprend les choses radicalement à la base en disant que tout dépend de la manière dont nous reconstruirons notre relation au temps.
Plutôt que de considérer que le temps c’est l’ennemi, que la perfection a déjà eu lieu hier et que maintenant le temps c’est notre ennemi, parce qu’il va forcément introduire de la dégradation là où il y a eu la perfection, il voit dans le temps la condition de possibilité de notre action, le lieu de déploiement de notre capacité créatrice. Cette conception du temps qu’Iqbal puise chez Henri Bergson et son concept d’élan vital, nous renseigne que la vie est une constante innovation. Chaque jour Dieu recommence la création du monde d’une façon différente, dit-il. C’est une révolution silencieuse continue qui échappe totalement à l’humain. Pourtant, celui-ci agit comme s’il avait une emprise sur les événements. Comme s’il pouvait dicter le tempo à l’œuvre créatrice. À l’image du poète qui implore le temps de suspendre son vol, il veut que les choses restent en l’état.
Que la vieillesse, la maladie, les tempêtes, la mort… n’adviennent point. Ce désir de contrôle est si ancré en nous que nous avons du mal à « libérer » nos enfants, à les laisser voler de leurs propres ailes, à explorer le monde avec les yeux de leur temps. Il ne s’agit point d’un appel à l’irresponsabilité et à l’ensauvagement, mais d’une invite à la réflexion. Bien sûr, il est de la responsabilité de tout un chacun d’agir à la hauteur de ses responsabilités et de ce qu’on lui a confié. Mais après avoir fait ce qui dépend de nous, il est bon de lâcher prise, de laisser libre cours aux événements. Mentalement, cela peut alléger le poids des soucis. De toute façon, il y a une volonté supérieure qui doit s’accomplir. Encore une fois, il ne s’agit pas d’enfermer la volonté dans la « raison paresseuse », mais si l’on veut dans un « fatalisme actif ».
par Thierno Bocoum
LE PIÈGE DE L'ARROGANCE AU POUVOIR
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques
Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.
Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.
Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.
Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.
Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.
Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le "Coumba am ndéyisme" et le "Coumba amoul ndéyisme".
Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.
La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président AGIR.
Par Hamidou ANNE
NOUS VOUS APPELONS À UN MINIMUM DE DÉCENCE…
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais
Un groupe de 56 personnes désignées «universitaires» ou «intellectuels», mais en réalité quelques esprits chagrins de Pastef, ont fustigé l’entrée du président Macky Sall au Conseil de la Fondation Mo Ibrahim. Ils ont poussé le ridicule et l’indécence jusqu’à publier un texte dans la presse, disséminant rage, haine et aigreur, face à la multiplication des honneurs faits au président Macky Sall, ancien président de la République de tous les Sénégalais, et donc honneurs destinés au Sénégal, leur pays..
Dans ce texte, l’impudeur rejoint la perfidie, tant le propos est vaseux, la démarche inélégante et le fond contraire à la retenue et à la décence. Mais il ne s’agit que de la continuation de la petite guerre fangeuse menée par ces hommes et femmes depuis des années contre le président Macky Sall, son autorité, son bilan et ses succès retentissants tant nationaux qu’internationaux. Ces militants du chaos, déguisés en intellectuels pétitionnaires, ne daignent guère quitter l’estrade après la fin du meeting. Ils poursuivent leur prestation de très mauvais goût, pour se couvrir ainsi de ridicule.
Ils oublient que le temps des joutes électorales est derrière nous ; place désormais, pour le pouvoir en place qu’ils soutiennent, à la perpétuation de l’œuvre de Macky Sall. Le prolongement du Brt, du Ter ; la réalisation de milliers de kilomètres de routes et de centaines de kilomètres d’autoroutes ; la construction d’hôpitaux de dernière génération et d’universités répondant aux standards internationaux ; la promotion à des niveaux sans précédent de l’équité territoriale et de l’inclusion sociale, entre autres chantiers prioritaires, qui attendent le régime actuel.
Comme frappés d’une grande déception, car leur guide égaré, Ousmane Sonko, n’est pas au Palais, les pétitionnaires revanchards causent et ragent toujours… Ils sont devenus l’incarnation d’une parole creuse et vidée de son sens car avachie et banale
Tout le monde aura remarqué que le groupe des 222 universitaires, auteurs des pétitions intempestives dont celle de mars 2024 dénonçant la loi portant amnistie et appelant à son abrogation pure et simple en cas d’alternance, a fondu comme neige au soleil. Il ne reste qu’une nuée de fantassins téméraires, préposés aux basses besognes, pendant que l’autre partie de la troupe se terre dans le confort de l’arrièregarde, préférant faire le choix de la guerre par procuration.
Le parti Pastef a encore trahi sa parole et renoncé sans convaincre à l’abrogation de la loi d’amnistie. A la place, sa majorité à l’Assemblée nationale a voté une loi inique dite d’interprétation dont la seule volonté est d’absoudre les casseurs pour pointer du doigt les Forces de défense et de sécurité, armure républicaine face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko. Face à cette manœuvre, qui relève d’une ruse avec les principes et les engagements d’hier, résonne le silence gêné des pétitionnaires…
Les pétitionnaires portent une immense responsabilité dans les événements de ces dernières années, par leur lâcheté, leur attitude excessivement partisane visant à dégrader l’image de l’intellectuel dont l’honneur réside dans la sacralisation de la vérité scientifique, de la mesure et de la hauteur, loin de l’esprit de cour et de la soumission à la loi de la rue et aux dogmes des réseaux sociaux.
Où étaient ces intellectuels quand l’université Cheikh Anta Diop a été profanée par des hordes sauvages ? Ont-ils écrit la moindre ligne quand ce temple du savoir a été incendié par des groupes qui répondaient du parti Pastef et exécutaient ses appels permanents à l’insurrection ? Ceux qui n’ont pas osé sortir de leur réserve lorsque le lieu de fabrication et de dissémination du savoir était attaqué, caillassé et brûlé ne peuvent décemment se draper du manteau de l’intellectuel ou de la toge de l’universitaire, tant ils ont cédé à la compromission.
Face aux arrestations et emprisonnements tous azimuts d’activistes, de militants politiques, de journalistes, de chefs d’entreprise, ces intellectuels ont pris la tangente, préférant s’emmurer dans le refuge du silence coupable.
En ce moment, de nombreux Sénégalais sont victimes d’une interdiction illégale de sortie du territoire, qui n’est basée sur aucun acte légal ou réglementaire. Mansour Faye, maire de Saint-Louis, ancien ministre, fait à nouveau l’objet d’une interdiction de voyage par une administration foulant aux pieds une décision de Justice rendue en sa faveur par la plus suprême de notre institution judiciaire, sans que la plume des pétitionnaires ne soit trempée dans l’encre de l’indignation, de la défense de la liberté, pilier essentiel de la République. En effet, le jeudi 10 avril, alors qu’il était muni d’une décision du juge de la Cour suprême, la police lui a interdit à nouveau de voyager au mépris de l’Etat de Droit. Là encore, les promoteurs de ce même Etat de Droit, dans un texte du 23 février 2021, intitulé «La crise de l’Etat de Droit au Sénégal», sont subitement devenus aphones.
Le 4 avril, un propos d’une dangerosité extrême a été tenu, demandant que l’on exerce une pression populaire sur les magistrats. Motus et bouche cousue de nos pétitionnaires, en totale rupture avec leurs principes maintes fois proclamés en matière de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la Justice.
Ces pétitionnaires, durant les douze années du régime du Président Macky Sall, ont constamment milité pour la sortie du président de la République du Conseil supérieur de la Magistrature. Aujourd’hui que le régime qu’ils soutiennent revient sur cette promesse, les mêmes universitaires font semblant de ne rien entendre et de ne rien voir, trahissant leurs engagements d’hier au nom d’une invitation à la soupe du pouvoir.
Ces pétitionnaires déguisés en intellectuels sont en vérité des experts des vérités alternatives et de la duplicité. Sinon, Abdoul Aziz Diouf, Benoît Tine, Pape Samba Ndiaye, entre autres, auraient assumé leurs titres de militants du Pastef et de membres de la majorité actuelle, car nommés à divers postes de responsabilité étatique depuis le 2 avril 2024.
Mais que demander à des universitaires jadis encagoulés, désormais obligés de montrer leur mauvaise foi au grand jour et de persister pour plaire à leurs maîtres, dans la calomnie et la médisance ?
Les attaques indignes contre le Président Macky Sall, digne fils du Sénégal et parmi les leaders d’une Afrique moderne et conquérante, sont vaines et le resteront. Le symbole donne à penser, disait le philosophe Paul Ricœur. En effet, quand cette tribune d’une grossièreté inqualifiable était publiée, le président Macky Sall, au Sommet de la Fédération pour la paix universelle, à l’invitation du Sunhak Peace Prize, délivrait à Séoul, dans la lointaine Corée du Sud, une leçon inaugurale sur les enjeux de la réforme de la gouvernance économique mondiale. Il y réitérait ses combats sur une nécessaire réforme des mécanismes de la dette, pour permettre aux pays du Sud de relever le défi de la mobilisation des ressources en vue du financement de leurs économies.
Le président Sall promouvait la paix quand des esprits chétifs s’en prenaient à son honorabilité. Ils se déshonorent et menacent ainsi de déshonorer notre pays.
L’acharnement sans précédent de la dame désormais estampillée du sceau de la girouette nationale, puis d’une cohorte de plumitifs, révèle une nouvelle fois l’incurie de ce régime et de ses suppôts qui, incapables de répondre aux préoccupations les plus élémentaires des Sénégalais, s’emmurent dans le déni, le reniement, l’apitoiement et la vulgarité.
Un minimum de décence est requis, tant le spectacle qu’ils donnent de notre pays est regrettable.
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente le président Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais.
Par Fatou Warkha SAMBE
LE VIOL, UN CRIME TOUJOURS BANALISE
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est cette étrange tendance de la société à accorder plus d’empathie aux bourreaux qu’aux victimes
Le viol est un crime. Un crime violent, dévastateur, qui ne laisse aucune victime indemne. Il détruit le corps, bouleverse l’esprit, érode l’estime de soi, fracture les liens familiaux et sociaux. Il peut engendrer des troubles post-traumatiques, des dépressions chroniques, de l’isolement, voire des pensées suicidaires. Et pourtant, malgré cette gravité, le viol est aujourd’hui traité comme un sujet de débat banalisé. Un fait dont chacun peut se saisir sans en comprendre ni la portée ni la douleur.
La sensibilité du sujet n’impose plus, hélas, une quelconque retenue ou maîtrise avant de s’exprimer. Dès qu’un cas de viol émerge, c’est une course à l’opinion. Comme des vautours, beaucoup se précipitent sur l’affaire, non pas pour comprendre ou compatir, mais pour juger, spéculer, et surtout jeter l’opprobre sur celle qui a osé parler. Le réflexe est trop souvent de protéger l’agresseur présumé et de culpabiliser la victime, comme si son malheur était suspect, comme si sa souffrance devait être justifiée.
La loi n°2020-05 du 10 janvier 2020, qui a renforcé la législation existante en criminalisant explicitement les actes de pédophilie et de viol, a été adoptée dans un contexte d’urgence sociale. Cette avancée législative, bien que salutaire, ne résulte ni d’un éveil soudain des institutions ni d’un simple élan humanitaire. Elle est le fruit de longues luttes menées par les organisations féminines et féministes, mais aussi -et surtout- d’une série de faits divers dramatiques, notamment des cas de viols suivis de meurtres, qui ont profondément choqué l’opinion publique. Le meurtre de Bineta Camara en 2019, tout comme d’autres affaires similaires à Thiès ou Kaolack, a mis à nu l’inaction chronique de l’Etat face à ces violences sexuelles, forçant ainsi l’Exécutif à réagir sous la pression populaire.
Nous étions tous d’accord : le viol et la pédophilie sont des réalités au Sénégal. Cette loi, bien que tardive, était devenue inévitable face à l’horreur répétée de faits divers qui mettaient en lumière notre incapacité à protéger les femmes. Mais si l’on ne prête pas attention au discours qui émerge aujourd’- hui, nous risquons de perdre ces acquis fragiles. Une partie de la population sénégalaise semble frappée d’amnésie collective : on oublie si vite la situation dramatique qui a précédé cette loi, les cris des familles brisées, l’indignation populaire et les mobilisations sans relâche des militantes. Aujourd’hui, ce que nous constatons, c’est une banalisation inquiétante du viol dans les discours publics. La manière dont les gens s’expriment sur ces sujets témoigne soit d’une ignorance totale, soit d’un mépris qui ne dit pas son nom. Cela révèle à quel point une clarification est nécessaire.
Le viol, selon la loi sénégalaise, est défini à l’article 320 du Code pénal comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur une personne par la violence, la contrainte, la menace ou la surprise». Cependant, un flou persiste autour de cette notion, alimenté par des ambiguïtés juridiques, des résistances sociales et un traitement inadéquat des victimes.
Si l’on se base sur cette définition, il devient évident que la question de la virginité de la victime n’a aucune pertinence. Pourtant, dans les discussions publiques et même parfois dans les procédures, cette question revient comme un critère d’authenticité ou de gravité du viol, ce qui constitue une forme grave de stigmatisation. Cette logique perversement morale continue d’alimenter la stigmatisation des survivantes et empêche une prise en charge objective et juste des cas de violences sexuelles.
De plus, les gens semblent largement ignorer le rôle crucial du certificat médical dans la procédure. Ce document ne sert pas à juger de la moralité ou de l’historique sexuel de la victime, mais à établir des preuves médicales de violences subies : lésions, traumatismes, traces d’Adn, etc. Il est un outil juridique permettant d’appuyer la plainte et de protéger les droits de la victime.
La banalisation actuelle du viol dans l’espace public est aussi le fruit d’une histoire récente qui a profondément marqué le pays. En effet, le viol s’est invité au cœur du débat politique et médiatique national, exposé à travers une affaire très médiatisée impliquant une figure politique influente. Pendant des mois, cette affaire a polarisé l’opinion, éclipsant les enjeux de fond et réduisant les violences sexuelles à un terrain de querelles partisanes. Cette politisation du viol a contribué à brouiller les repères et à affaiblir la gravité perçue de ce crime. En lieu et place d’un débat sur la protection des femmes, nous avons assisté à une lutte d’influence où les paroles des victimes ont été minimisées. Cette séquence a laissé des séquelles durables : aujourd’hui, évoquer un cas de viol dans l’espace public suscite davantage de suspicion que de solidarité.
La culture patriarcale profondément ancrée dans la société sénégalaise joue un rôle-clé dans la persistance de ce flou. Les stéréotypes de genre, le manque de sensibilisation et le tabou entourant les violences sexuelles participent à la banalisation du viol. Souvent, la victime est perçue comme responsable, qu’elle ait provoqué l’agression par son comportement, sa tenue vestimentaire ou sa manière d’interagir. C’est une culture du silence qui protège l’agresseur et culpabilise la victime.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est cette étrange tendance de la société à accorder plus d’empathie aux bourreaux qu’aux victimes. On observe de plus en plus fréquemment des familles d’auteurs présumés de viol se présenter devant la presse, non pas pour exprimer leur compassion envers la victime, mais pour dénoncer des complots, accuser d’autres femmes ou chercher à discréditer la parole de celle qui accuse.
Il n’est pas rare de voir émerger des élans de solidarité en faveur de l’accusé : des campagnes de soutien, des collectes de fonds, des hashtags de réhabilitation. Cette inversion morale inquiète. Car, en réalité, il est extrêmement difficile d’inculper une personne de viol si elle n’a rien à se reprocher. Le système judiciaire, déjà lent et lourd, exige des preuves tangibles. Si la procédure aboutit, c’est que des éléments solides ont été retenus.
Par ailleurs, l’un des arguments les plus fréquemment brandis pour discréditer les victimes est celui des fausses accusations. Il faut pourtant rappeler que les fausses accusations de viol représentent une minorité infime des cas. Les études internationales sérieuses, notamment celles de l’Onu ou d’Amnesty International, estiment qu’elles représentent entre 2 et 8% des plaintes. En d’autres termes, plus de 90% des accusations sont fondés.
Les femmes victimes de viol, déjà souvent isolées par la violence qu’elles ont subie, doivent aussi faire face à la stigmatisation sociale. La peur du jugement, de la non-reconnaissance de leur souffrance et le manque de soutien font que de nombreuses victimes choisissent de ne pas porter plainte. Elles se retrouvent dans une situation de vulnérabilité encore plus grande, ce qui perpétue la culture de l’impunité et de la souffrance silencieuse.
Le flou persistant autour de la notion de viol au Sénégal appelle non seulement à une réforme juridique plus rigoureuse, mais surtout à un changement profond des mentalités. Il est urgent d’éduquer sur le consentement, de déconstruire les stéréotypes qui culpabilisent les victimes et de créer des espaces de parole et de protection.
La société tout entière doit se sentir concernée. Cela commence par écouter, croire, accompagner, mais surtout par refuser de banaliser.
Nous devons refuser collectivement ce glissement vers l’indifférence. Il est temps d’agir, chacun à son niveau, pour bâtir une société qui protège les corps, respecte les voix et rend justice aux silences trop longtemps ignorés. Le viol n’est pas une simple question de définition juridique : il est le reflet de résistances sociales, d’un manque de conscience collective et d’une justice souvent inadaptée aux réalités des victimes. Tant que ce flou persistera, les femmes continueront à être les premières victimes de la violence et du silence. Ce flou ne doit plus couvrir nos silences : il est temps de faire la lumière, ensemble.